Revue du CEP numéro 41

Le point faible de la bioéthique Dominique Tassot

Résumé : Une nation européenne, l’Angleterre, vient de suivre l’exemple chinois en autorisant la création artificielle d’embryons hybrides hommeanimal. Aussitôt une réaction s’est fait entendre de la part de l’Académie

Pontificale pour la Vie. Son Président, Mgr Sgreccia, a dénoncé une « offense » à la dignité humaine et « une grave violation des lois de la nature ». Mais cette réponse verbale souffre d’une profonde lacune : elle ne dénonce pas d’abord le mythe évolutionniste selon lequel il y a continuité génétique entre l’animal et l’homme. Dans cette perspective, l’espèce n’a pas de réalité ontologique, et la « barrière de l’espèce », que Mgr Sgreccia voudrait voir respectée, n’a pas d’existence réelle. Sa protestation n’aura donc aucun effet sur les scientifiques auxquels elle voudrait s’adresser.

Le jeudi 17 mai dernier, le gouvernement britannique approuvait une proposition de loi autorisant la création d’embryons hybrides, humains et animaux « en vue de la recherche ». Et le 5 septembre, la HFEA (Autorité pour la Fécondation et l’Embryologie Humaines) acceptait que des laboratoires de recherche créent des embryons « humains » par clonage, en injectant le noyau d’une cellule humaine dans un ovule énucléé prélevé chez un animal, un ovocyte de vache par exemple, à condition de détruire cet embryon, au plus tard quatorze jours après. La Grande-Bretagne devient ainsi le premier pays à suivre l’exemple de la Chine, avec cette nuance que là-bas les embryons hybrides sont maintenus en vie jusqu’à un stade « assez avancé ».

Que les serviteurs conscients ou inconscients de Lucifer approuvent tout ce qui peut offenser Dieu en défigurant Son image et Sa ressemblance, n’est que trop logique : mis à part un bref épisode il y a 2000 ans, ils ne peuvent L’atteindre qu’en frappant Ses créatures. Mais ce qui retiendra notre attention ici sera plutôt la faiblesse de la réplique officielle.

Notons tout d’abord que ce qui est en cause – au fond – n’est pas la « recherche » mais la « société » dans son ensemble. Une telle proposition de loi a peu d’effets directs sur les laboratoires (qui se livrent depuis longtemps sans le dire à ce genre de manipulations).

Elle va simplement leur permettre de publier leurs résultats dans les revues scientifiques (ce qui n’est pas toujours un objectif, que l’on souhaite garder secret le savoir-faire ou que l’on veuille le protéger : en effet aucune publication ne doit précéder un brevet).

Le but est ici d’agir en profondeur sur les esprits : non plus seulement sur les comportements (comme par la publicité) mais sur l’image que l’homme a de lui-même, sur son identité. Il s’agit d’induire un changement d’identité en abattant la barrière qui, dans l’image de soi, sépare encore l’homme de l’animal.

Le terrain est déjà bien préparé pour cette offensive : la barrière (ou ce qu’il en reste) a été ébréchée par les directives européennes sur le confort animal comme par les actions juridiques en vue de faire reconnaître les « droits » des animaux, en particulier ceux des grands singes.

En 1999, la législation de la Nouvelle-Zélande a doté les primates d’un droit à la protection de leur liberté individuelle. En 2006, à Madrid, le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol a déposé une proposition de loi visant à intégrer les singes dans l’espèce humaine afin de leur assurer une « protection morale et légale ». De là l’écho disproportionné donné dans la presse mondiale aux thèses de Peter Singer, ce philosophe australien, fondateur de la chaire de bioéthique à Princeton, et auteur de La Libération animale, qui a reçu en 2003 le prix d’éthique décerné par le World Technology Network, un influent réseau de financiers, chefs d’entreprise et hommes politiques de 50 pays.

Devant cette offensive concertée, l’Académie Pontificale pour la Vie a réagi. Selon son Président, Mgr Elio Sgreccia, la décision britannique est une « offense » à la dignité humaine : « La création d’un hybride homme-animal est une frontière que tout le monde – et pas seulement les associations religieuses – avait jusqu’ici bannie du domaine des biotechnologies. Et cela, justement parce que la dignité humaine est compromise, offensée, et qu’on peut ensuite créer des monstruosités à travers ces fécondations », a dit Mgr Sgreccia.

« Il est vrai que ces embryons sont ensuite supprimés, que les cellules sont prélevées, mais dans tous les cas, la création d’un être homme-animal, représente une grave violation, la plus grave, des lois de la nature », a-t-il expliqué au micro de Radio Vatican.

« La condamnation morale doit donc être totale, au nom de la raison et au nom même de la justice et de la science qui doivent rester au service de l’homme et respecter la nature humaine », a-til ajouté.

Mgr Sgreccia souhaite que la Communauté scientifique internationale confirme sa ligne de défense en faveur de « la conservation » et du « respect des espèces ». « Jusqu’à présent, l’individu humain n’a pas été respecté, dans la mesure où les embryons sont immolés et sacrifiés de plusieurs manières et dans ces fécondations artificielles elles-mêmes – a-t-il relevé. Mais la frontière entre une espèce et l’autre était respectée. Or aujourd’hui, même cette barrière-là est abattue et les conséquences n’ont pas été calculées ».

Pour Mgr Sgreccia il n’y avait, par ailleurs, aucun besoin de prendre cette décision. « Si l’on cherche des cellules souches capables de soigner des maladies comme la maladie d’Alzheimer ou de Parkinson, il est absolument inutile de créer un hybride homme-animal, car il existe des cellules souches adultes, celles du cordon ombilical, celles de l’homme adulte, pour pouvoir faire face – en toute confiance – à ces frontières », a-t-il précisé.

Le président de l’Académie pontificale pour la vie regrette que « les scientifiques ne considèrent que l’avancée de leurs recherches » au détriment « d’éléments anthropologiques et philosophiques tels que le respect de la nature et le respect de l’ordre naturel.(…)La soif du savoir a ses limites – a poursuivi Mgr Sgreccia – Si elle n’est pas contrôlé par un sens de l’équilibre et par la raison humaine, toute cette soif d’expériences risque de bouleverser le sens moral du chercheur[1]».

Cette protestation purement verbale n’est-elle qu’un baroud d’honneur avant l’acceptation ?

On pourrait le craindre puisque l’UCL, l’Université Catholique de Louvain, qui se restructure, envisage déjà de confier ses recherches sur le génome humain à un institut juridiquement distinct de l’Université, ce qui faciliterait le financement et atténuerait l’emprise des injonctions romaines[2].

Surtout, la déclaration de Mgr Sgreccia est comme vidée de toute sa force par une ambiguïté qu’il ne relève pas concernant la notion d’espèce. En effet, si les évolutionnistes ont raison, l’espèce n’a aucune réalité ontologique et ce qu’il dénonce comme une transgression n’est qu’un moyen analogue à ceux que la nature utilise chaque jour pour transformer les êtres vivants.

Reprenons une à une les assertions de Mgr Sgreccia.

1 – La création d’un hybride homme-animal est une frontière que tout le monde – et pas seulement les associations religieuses – avait jusqu’ici bannie du domaine des biotechnologies.

Si l’homme a évolué de l’animal, un hybride homme-animal ne se distingue en rien d’un autre hybride. Le théologien pourrait ici suivre la Bible et condamner tous les hybrides, et notamment l’hybridation des espèces cultivées (qui, vu la stérilité des variétés hybrides, met les paysans du monde entier dans la dépendance d’un tout petit nombre de semenciers et ouvre la voie à une famine généralisée si un parasite ou un accident de végétation détruisait un jour les rares variétés utilisées3). Il est écrit en effet : « Tu n’accoupleras pas ta bête avec des bêtes d’espèces différentes » (Lv 19,19).

Mais les théologiens sont restés muets devant les hybrides

4) car ils auraient trop peur de

(comme aujourd’hui devant les OGM

passer pour « fondamentalistes » s’ils appliquaient un verset biblique hors du domaine psychologique ou littéraire et prétendaient statuer sur des réalités matérielles ou historiques ! De fait, la création d’un hybride homme-animal n’a jamais été bannie : c’est le rêve discret de tout spécialiste des biotechnologies, comme la découverte d’un « ancêtre » de l’homme est le rêve avoué de tout paléontologiste : la voie assurée vers la célébrité et la richesse.

Danneels, Chancelier de l’UCL (comme de la KUL flamande), devra être remplacé puisqu’il atteindra ses 75 ans.

  1. Sont aujourd’hui entièrement hybrides : le maïs, le tournesol, la betterave. Sont en passe de le devenir : le riz, le blé, le colza.
  2. cf. Cruzador, Bible et OGM, Le Cep n° 33, p.67

On a même déjà prévu le rôle de ces hybrides : assumer mieux que des robots les basses besognes de la société, tout en leur créant une impossibilité génétique ou physiologique à la révolte, afin d’éviter les Spartacus parmi ces nouveaux esclaves…

    1. – « Et cela justement parce que la dignité humaine est compromise, offensée, et qu’on peut ensuite créer des monstruosités à travers ces fécondations ».

La dignité humaine (ou plutôt ce qu’il en reste) n’est nullement compromise par la création de monstres, puisque le manipulateur de gènes ne fait que copier à sa manière les mutations et les croisements dont la nature se serait servie, selon l’évolutionnisme, pour produire les premiers hominidés. D’ailleurs la fabrication de « chimères » (êtres artificiels) a cours depuis longtemps dans les laboratoires.

    1. – « La création d’un être homme-animal représente une grave violation des lois de la nature » (…) « Jusqu’à présent, … la frontière entre une espèce et l’autre était respectée ».

Pour les évolutionnistes, ce sont précisément les « lois » de la nature qui démentent la réalité ontologique des espèces, et donc la spécificité ou l’unicité humaine.

Certes Darwin eut du mal à faire accepter des naturalistes l’évanescence du concept d’espèce. Mais il sut contourner l’obstacle. Il écrivait au biologiste américain Asa Gray, peu après la publication de son maître-ouvrage : « Il est très important que mes idées soient lues par des hommes intelligents accoutumés aux arguments scientifiques, tout en n’étant pas naturalistes. Cela peut paraître absurde, mais je m’imagine que de pareils hommes entraîneront après eux les naturalistes qui s’entêtent à croire

5» qu’une espèce est une entité.

  1. La Vie et la Correspondance de Charles Darwin, avec un chapitre autobiographique, publiés par son fils M. Francis Darwin (1887). Trad. Henry C. de Variguay, Paris, Reinwald, 1888, t.II. p.83. Dès cette remarque capitale de Darwin, l’évolutionnisme se montre bien comme une idéologie (violemment matérialiste) de combat. La longue préface donnée à la première traduction de L’Origine des Espèces (Ed. Reinwald, Paris, 1862) par la traductrice, Clémence Royer, philosophe suissesse, est d’une si grande clarté

Ce n’est donc pas d’aujourd’hui que la barrière est abattue ; la confusion provient du fait que les naturalistes continuent d’utiliser le mot espèce (et comment pourraient-ils s’en passer !) mais sans lui associer cette idée d’une réalité permanente qui lui était attachée dans la vision biblique du monde.

Selon la Genèse, en effet, Dieu a créé chaque être vivant « selon son espèce » (Gn 1, 4-10-12-18-25-31) et cette formule répétée tant de fois sur une page si concise suffit à établir la valeur ontologique de l’espèce, même si l’on peut discuter, cas par cas, surtout pour les végétaux, si ce que nous avons baptisé espèce ou genre correspond bien à ce que la Bible a en vue sous le nom hébreu de min. Manifestement, Mgr Sgreccia continue de considérer l’espèce comme une réalité permanente, et l’espèce humaine en particulier, tandis que les écologistes qui effectivement plaident pour la « conservation » et le « respect » des espèces animales ou végétales6, ne voient en l’espèce qu’une collection d’individus similaires et n’attribuent de réalité qu’à ces individus.

    1. – « Si l’on cherche des cellules souches capables de soigner des maladies…., il est absolument inutile de créer un hybride homme-animal, car il existe des cellules souches adultes … »

On reste ici confondu devant la naïveté de Mgr Sgreccia. Les cellules souches tirées de la moelle osseuse, de l’épithélium olfactif ou du cordon ombilical donnent déjà des résultats prometteurs alors que personne n’a encore démontré que les cellules souches embryonnaires étaient totipotentes.7 Et selon le philosophe Michel Ghins (Libre Belgique du 19 septembre), « la présence de l’ADN cytoplasmique augmente les risques de rejet et rend peu probable l’utilisation thérapeutique des cellules provenant des clones hybrides ».

à ce sujet que Darwin demanda un autre traducteur pour la réédition faite sur la sixième édition anglaise.

  1. Les écologistes sont étrangement muets concernant l’espèce humaine. S’ils étaient cohérents, ils devraient s’opposer à l’avortement et aux musiques psychédéliques. Mais pour eux, c’est l’excès de population qui menace les équilibres naturels et l’homme, au fond, serait de trop sur la terre.
  2. Fons Vitæ n° 297, Janvier 2007, p.13

Si donc les recherches sur embryons se poursuivent, c’est que l’objectif n’est pas thérapeutique. Il s’agit bien de manipuler à volonté le génome humain, non plus dans un but simplement « eugénique » comme celui des années 1930, mais afin que l’humanité prenne en charge et dirige sa propre évolution. Tel est d’ailleurs l’objectif que lui fixent trois universitaires chrétiens, dont au moins deux prêtres, dans un ouvrage tout récemment remanié[3]:

« C’est désormais au cœur de l’évolution technologique, culturelle et sociale que se situe l’essentiel du processus sélectif favorisant les hommes les plus aptes…Face à une telle émancipation vis-à-vis du milieu ambiant, des contraintes matérielles, et même de sa propre nature biologique, la nouvelle quête de l’homme ne peut être qu’en direction d’une plus grande responsabilité, une plus grande liberté pour le meilleur choix de ses projets. »

Nous sommes ici dans la droite ligne de Teilhard de Chardin dont le rêve était de voir un jour l’humanité prendre en main son évolution, grâce à la recherche.

    1. – « Les scientifiques – dit encore Mgr Sgreccia – ne considèrent que l’avancée de leurs recherches » au détriment « d’éléments anthropologiques et philosophiques tels que le respect de la nature et le respect de l’ordre naturel (…). Si (le savoir) n’est pas contrôlé par un sens de l’équilibre et par la raison humaine, toute cette soif d’expériences risque de bouleverser le sens moral du chercheur. »

Mais comment se manifestera le respect d’un ordre naturel si la loi première de la Nature est l’évolution ? Pour l’homme, pointe extrême de cette évolution, petit groupe animal au sein duquel la conscience de soi a mystérieusement émergé, le contrôle et l’accompagnement de sa propre évolution sont à l’évidence la manière rationnelle de respecter sa nature. Les chercheurs sont ainsi en parfaite harmonie avec la « morale de situation » adaptée à leur état.

On le voit, l’Académie Pontificale pour la Vie ne veut ou ne peut opposer aucun argument de fond aux apprentis-sorciers de la génétique. Comment résister à un changement d’identité sans réaffirmer les fondamentaux de l’identité à préserver ? La présentation de Mgr Sgreccia ne restera que parole volante tant qu’elle ne s’accompagnera pas du refus scientifique de l’évolutionnisme et d’une définition absolue de la nature humaine, définition donc fondée sur l’Ecriture bien interprétée.

Car les manipulateurs sauront s’accommoder de toutes les considérations simplement philosophiques ou psychosociologiques sur l’homme: il leur suffira de les relativiser et de les réinterpréter à la lumière des nécessaires et opportunes évolutions appelées par les « Temps Nouveaux ».

La « raison humaine » à laquelle Mgr Sgreccia veut amarrer sa barque est précisément ce radeau à la dérive sur lequel se sont embarqués, à partir du 16ème, et surtout du 18ème siècle, tous ceux qui ont prétendu que leur science pouvait se passer des lumières de la Parole de Dieu et du guide de la métaphysique pérenne héritée de la Grèce et remaniée par les grands Docteurs chrétiens. Les questions de bioéthique traversent le champ d’action de la science. Reprendre ancrage dans la Bible en matière scientifique consiste à prendre de nouveau au sérieux le sens obvie de

8bis, le seul dont on puisse tester la compatibilité avec une l’Ecriture

assertion des sciences, le seul donc qu’on puisse opposer aux ambitions des généticiens. Mais est-on prêt à s’opposer vraiment ?

L’Église catholique, dans la personne de Mgr Sgreccia, est ainsi punie par où elle a péché. L’Académie Pontificale pour la Vie n’aurait pas dû exister. Elle doit sa naissance à la règle aberrante qui préside au recrutement de l’Académie Pontificale des Sciences : choisir les plus titrés dans leur domaine, sans tenir compte de leur religion (ou de leur athéisme).

8bis On devrait dire sens « littéral », celui qui a présidé au choix des lettres (et des mots). Mais on assimile souvent aujourd’hui le sens littéral au sens matériel, ce qui est absurde : quand la Bible dit que « Juda est un jeune lion » (Gn 69,9), que « Dan est un jeune lion » (Dt 33,20-22), ou que Jésus-Christ est « le lion de la tribu de Juda » (Ap 5,5), ce n’est pas pour les doter d’une queue et d’une crinière, mais ce sont les qualités morales associées au lion qui constituent ici le sens « littéral » !

C’est ainsi qu’un jour l’Académie Pontificale des Sciences vota à une forte majorité en faveur de la pilule contraceptive. Pour la première fois dans l’histoire de cet auguste corps, l’Osservatore Romano ne publia pas le compte-rendu de la session. Situation inextricable ! Se soumettre eut été tourner casaque sur un point vital de la doctrine défendue jusque là[4]. Censurer eut provoqué une nouvelle « affaire Galilée » : risque impensable ! La solution fut de créer une autre académie, propre à étudier les questions bioéthiques, de manière à dispenser l’Académie Pontificale des Sciences d’avoir à conseiller le Pape dans ce domaine trop délicat. La Présidence en fut confiée au Pr Jérôme Lejeune et l’on imagine que les premiers membres furent choisis cette fois avec circonspection….

Ainsi le refus du conflit avec la science est aujourd’hui à Rome un impératif catégorique qui l’emporte sur toute autre considération. Et remettre à l’honneur le sens littéral de l’Ecriture, celui qui fonde tous les autres, serait faire affront non seulement à l’impérieuse « communauté scientifique » (qui rejette toute idée d’une création surnaturelle des espèces) mais aussi aux nombreux théologiens qui récusent l’historicité de la Genèse pour accommoder leurs démonstrations à la théorie de l’Evolution. Si les derniers îlots de chrétienté ne reprennent pas l’initiative dans le combat intellectuel et spirituel engagé par les Lumières (de la raison humaine), ils seront balayés comme les autres. Il y a donc ici une nécessité vitale.

Commander, dit le proverbe, c’est « rendre possible les choses nécessaires ». Or l’Eglise a un chef, y compris lorsqu’il feint de dormir en pleine tempête. Même si nous ne voyons pas comment cela pourra se faire, nul doute que les années à venir montreront que le Chef des chrétiens est bien toujours avec eux, selon Sa promesse.

SCIENCE ET TECHNIQUE

« Les rationalistes fuient le mystère pour se précipiter dans l’incohérence »

(Bossuet)

Et pourtant si, Dieu joue aux dés !Une approche de la physique atomique par la logique (A propos du livre de Jean

François Froger et de Robert Lutz[5]Les fondements logiques de la physique[6])

Pr Raymond Trémolières

Présentation : Jean-François Froger et Robert Lutz viennent de nous donner un livre ardu mais stimulant qui réjouira ceux qui ont toujours pensé qu’il y avait dans la microphysique plus que des chocs ou des combinaisons arbitraires entre ces atomes plus ou moins crochus auxquels Lucrèce réduisait la réalité ultime des corps. Il s’agit ici, tout à l’inverse, d’explorer l’harmonie préétablie qui règne entre l’univers et notre pensée, entre les lois et les composants du cosmos, et les lois et les modes de nos énoncés logiques. Ici, les auteurs se situent dans une lignée qui apparaît au Moyen Age avec la logique ternaire de Raymond Lulle (affirmation, négation, doute) et, passant par les travaux de Reichenbach, Zadeh ou Kaufmann, mène désormais à une logique quaternaire permettant de pronostiquer de nouvelles interactions au sein de la matière.

C’est un livre assez intriguant dont nous voulons dire quelques mots ici bien qu’il y faudrait une présentation beaucoup plus étoffée. Le livre propose une explicitation de la structure dynamique des particules atomiques en se référant à une nouvelle logique englobant la logique binaire aristotélicienne du ‘oui’‘non’, ou celle du ‘existe’– ‘n’existe pas’.

Les auteurs s’appuient sur une logique ternaire pour traduire les transformations internes à la structure de ces particules, et sur une logique quaternaire pour en établir la structure.

La logique ternaire a été entrevue au Moyen Age par Raymond LULLE (1235-1316), avec les 3 possibilités :

‘affirmation’, ‘négation’, ‘doute’. Mais il s’agit cette fois d’une conception tout à fait nouvelle ; en effet les auteurs ne proposent pas seulement d’élargir le nombre de valeurs de vérité à trois, quatre ou n, mais de reconsidérer ce qu’est l’opérateur « négation ». Il en résulte des logiques n-aires possibles formellement mais dont seules quatre sont effectivement conformes à la réalité physique.

Ce livre soulève de nombreuses questions dues à une certaine inintelligibilité des conceptions de la physique standard pour en arriver à y voir un discours ‘mythique’ dont l’attribut est utilisé dans un sens assez surprenant.

On doit ici apporter à ce livre quelques compléments historiographiques. D’abord que l’idée d’une logique différente de la logique habituelle a été antérieurement proposée dans le cadre de la physique des particules par REICHENBACH (1944) avec sa logique à 3 valeurs dont il dit : ‘Three-value logic is the philosophical foundation of Quantum Physics’. Ensuite quelques auteurs jalonnent l’évolution de la logique mathématique, y ayant apporté des conceptions nouvelles visant à mieux se rapprocher des raisonnements et du langage. Il faut parler ici de BELNAP (1975) trop souvent ignoré avec ses logiques quaternaires dont il en proposa deux. On doit aussi citer ici le fondateur de la théorie des ensembles flous, ZADEH (1965) cité justement dans le présent livre, mais aussi KAUFMANN (1973) parfaitement laissé de côté en France, chercheurs auxquels on doit une généralisation des logiques binaires en introduisant une fonction d’appartenance ‘floue’, d’une variable ‘floue’ dans l’intervalle [0,1] laissant entendre par là qu’une variable ou une réponse peut être par exemple plus proche de oui que de non ou ‘hésitante’ s’il s’agit d’une fonction d’appartenance horizontale, donc constante entre 0 (non) et 1 (oui).

Ces essais n’ont pas eu de postérité ou d’application à la physique des particules puisqu’ils ne remettaient pas en cause la négation unique qui correspond à la symétrie binaire.

L’univers des interactions implique le recours à des logiques plus élaborées que la logique classique. Si ces deux auteurs ont eu plusieurs prédécesseurs, il faut reconnaître qu’ils systématisent un univers atomique et subatomique (les neutrinos, les neutrons, les protons et les électrons) et leurs éléments structurels (les syntagmons détaillant la structure des quarks…). Cela permet aux auteurs de pronostiquer d’autres découvertes qui donneraient du système atomique une sorte de description logique pouvant expliquer la structure atomique de l’univers.

Nous n’insisterons pas ici sur la réplique d’EINSTEIN disant que ‘Dieu ne joue pas aux dés’, ce qui à notre avis ne veut nullement dire qu’il n’existe pas d’incertitude dans la nature mais que tout a été pensé selon des lois. Il semble cependant que le déterminisme confine les choses dans un ‘oui-non’ abusif. D’ailleurs une loi probabiliste reflétant une part indéterminée du réel n’est en fait qu’une limite commode traduisant des états possibles d’objets.

Les auteurs postulent que parler de dynamique présuppose que chaque particule ait une structure différenciée ; et cela pose la question d’une structure ‘d’autosubsistance’ pouvant induire une dynamique sur une structure quaternaire qui, elle, ne peut être autosubsistante. Les auteurs énoncent alors un postulat :

‘L’autosubsistance exige que ce qui fait agir la transition,‘le décideur’, fasse partie de l’entité elle-même. Ici ce n’est pas possible car aucun des pôles de la quaternité ou de la ternarité ne peut jouer ce rôle sans agir sur lui-même, ce qui serait absurde.’

Les auteurs en déduisent que la structure autosubsistante se doit de posséder au moins trois pôles et qu’elle ne peut appartenir aux structures physiques : chaque pôle devenant le décideur entre les deux autres pôles… C’est ce qui justifie la double figure triangulaire en forme de trèfle qui orne la couverture du livre.

C’est là que les auteurs montrent, en s’appuyant sur un principe de différenciation, que l’idée de ‘création’ (p. 133) devient intelligible et qu’il y a une métaphysique implicite à la physique, ce dont ils faisaient l’hypothèse en tout état de cause.

La logique quaternaire proposée pour comprendre la réalité physique différenciée comporte quatre valeurs de vérité, assorties de trois négations ; elle permet de construire la notion de tétra catégorie, que les auteurs représentent dans le langage ensembliste assorti d’un nouvel axiome pour pouvoir former des n-ensembles, dont les 4-ensembles si utiles pour exprimer la réalité différenciée. Celle-ci se présente, entre autres, selon quatre aspects concomitants : un aspect d’‘ordre’, un aspect de ‘nonordre’, un aspect de mélange ‘ordre et non-ordre’ et un autre plus mystérieux mais logiquement nécessaire, un aspect de ‘ni ordre ni non-ordre’.

En distinguant les diverses propriétés du modèle quaternaire, ils proposent 216 types de tétrades obtenues par diverses permutations des 4 éléments de base. C’est ainsi que les auteurs en viennent à distinguer les particules fondamentales constituées de ‘syntagmons’ et dont la dynamique s’explique par des‘projections ergoniques’… (p.146).

Les chercheurs en arrivent aussi à privilégier l’aspect relationnel constituant les particules dans leurs divers états plutôt que leur ‘substance matérielle’. Pour eux tout est relation et les relations créent leurs termes. Quoiqu’il en soit, les auteurs entendent ainsi laisser de côté la classification des catégories d’Aristote, avec sa logique bivalente, pour proposer une approche essentiellement ‘relationnelle’. Pour eux les interactions sont constitutives de la ‘subsistance’ des choses et aucune particule ne saurait subsister sans une autre. (p.151) On découvre plus loin l’introduction d’autres concepts comme celui d’‘hydrons’ pouvant se dissocier en électrons et en protons et produisant ainsi le champ électromagnétique. Ils sont ainsi amenés à considérer 36 espèces de protons et 36 espèces d’électrons. (p.156)

De très nombreuses conjectures sont faites par les auteurs, que nous ne pouvons qu’évoquer.

Le rayonnement fossile à 3° Kelvin des astrophysiciens serait constitué de photons détectables, alors que l’essentiel des photons ne l’est pas (p.177)…Les photons pourraient ‘vieillir’ et devenir indétectables, ce qui viendrait contredire la loi de Hubble concernant l’éloignement progressif des galaxies. On en arrive aussi à postuler une structuration des électrons en sous-structures syntagmiques, bien que ceci ne soit qu’une conclusion logique du modèle ; il est de fait impossible a priori de ‘sonder’ expérimentalement les leptons. On pourrait alors étendre l’hypothèse d’interaction syntagmique à ces électrons vus comme autant de ‘néo-quarks’.

La fin de l’ouvrage (chapitre 8, et surtout après la section 8.2) offre une cascade de sujets de recherche : sur la refondation de la relativité restreinte, de nouvelles approches de la gravitation toujours en question… Dans l’ouvrage, est annoncé que la gravitation serait due à la dissymétrie fondamentale entre les ‘états’ de ‘contingence’ et de ‘potentiel’ (lire p. 265)…

La porte serait alors ouverte pour une unification entre relativité générale et mécanique quantique (p.266).

Les auteurs s’interrogent alors sur une remise en question du ‘Big-bang’ du fait de la ‘matière noire’ qui ne serait détectable que par un effet de gravitation (p.266). Une possibilité aussi serait d’affecter une faible masse aux neutrinos. Ou alors d‘introduire des particules massives appelées ‘wimps’, (‘weakly interactive massive particles’) qui n’inter réagiraient que trop faiblement avec la matière, pour être facilement détectées.

Des questions fondamentales de la physique sont alors abordées comme celle de la fusion des noyaux légers qui offrirait la possibilité d’énergies sans limite (p. 199).

Cela viendrait avaliser les découvertes de Doug CLOWE, dans le cadre d’une collaboration entre la NASA et Harvard, qu’il existerait bien une matière ‘noire’. Cette matière noire compenserait l’insuffisance de matière visible d’où résulterait l’hypothèse de l’éloignement des galaxies. D’autres approches sont aussi à creuser pour l’avenir :-une création continue de la

matière, un univers sans début, ni fin ( ?) ;

  • le vieillissement de la lumière (p.271) ;

  • le rayonnement cosmologique à 3° Kelvin, de fréquence 7,3 cm que PENZIAS et WILSON (1965) découvrirent en 1965, ce qui leur valut le prix Nobel en 1978 (voir .astrosurf.com).

Bien que l’aléatoire imprègne toute la physique atomique d’aujourd’hui, nous nous permettrons de douter que ‘Dieu serait un lanceur de dés’, sauf à comprendre la chose comme l’affirmation, conforme à la doctrine de saint Thomas, que même le hasard est une création de Dieu (cf. Summa contra Gentiles).

Tout cela est d’un abord assez ardu pour le commun des mortels. Si l’on veut cependant rentrer dans ces problématiques passionnantes, nous conseillons au lecteur de se reporter d’abord sur deux sites extraordinaires qui sont :

1.-http://molaire1.club.fr/index.html (version française et anglaise dont le titre est ‘Matière’ à réflexion : voyage vers l’infiniment petit’, un site exceptionnel, -à part quelques hypothèses comme celles d’un big-bang controversé ou d’autres-, de ‘Cybéric WOLLBRETT’, pour donner ou redonner le goût à des jeunes et des moins jeunes à comprendre l’énergie nucléaire et les avancées de la science atomique : une pédagogie hors du commun qu’on aimerait retrouver dans l’enseignement.

2.-http://perso.orange.fr/yoda.guillaume/index.htm, extraordinaire site sur les nombres de Gérard VILLEMIN ; aller à la rubrique Sciences->Atomes, et là se laisser guider à son gré, par exemple en allant vers la chromodynamique quantique (les 3 ‘couleurs’ des quarks), ou vers les 4 forces de l’univers…

Sur le sujet des avancées en physique nucléaire, on doit aussi signaler que ce mois de novembre 2007, ce sera la fin du chantier de construction du plus gros accélérateur circulaire de particules du monde, le LHC du CERN à Genève, d’un coût de 2 milliards d’euros (QUIRET, 2007), constitué de 1624 gros aimants et de quatre détecteurs de particules. On pense pouvoir y détecter le boson de Higgs, si possible avant son annonce imminente par le concurrent américain[7], le FermiLab.

Ce boson fut découvert, semble-t-il, dans le ILC de

Chicago. Aux dires de Roy Aleskan, Directeur du Centre de physique des particules de Marseille, ce sera le dernier accélérateur circulaire, les prochains devenant probablement linéaires.

Contrairement au précédent accélérateur du CERN qui accélérait des électrons, le LHC accélérera des protons et des ions plus lourds en deux faisceaux qui se croiseront en 4 endroits du tunnel où les particules entreront en collision, explosant en 20 000 particules plus petites. C’est sur 4 récepteurs que les particules doivent laisser des traces. La découverte du boson de Higgs devrait fermer le modèle standard des particules (les gluons, les leptons, les quarks up et down, etc.…). Il sera cependant loin d’expliquer bien d’autres questions comme l’origine de la masse et le pourquoi de masses différentes. Le modèle standard n’expliquant guère, dit-on, que 5% de la masse estimée de l’Univers. Le problème de la gravitation reste ouvert…

Il est certain que le monde atomique réserve encore bien des surprises et il est probable que l’infiniment petit pourra de moins en moins se dissocier d’explications relatives à l’infiniment grand.

NOTES

  1. Dans ses ouvrages Raimundus Lullus (Ramón Llull) avance que dans chaque domaine de la science il existe quelques ‘postulats’ fondamentaux à partir desquels tout peut se construire. Par exemple, en théologie : Dieu et ses attributs ; en psychologie : l’âme et ses caractéristiques…. Il proposait de combiner toutes les sciences humaines à partir de ces données élémentaires. Il fit reposer sa théorie sur neuf principes disposés autour d’un cercle ; un deuxième cercle, plus petit, porte les mêmes principes, ou d’autres ; les deux cercles peuvent se mouvoir l’un par rapport à l’autre. La simple rotation relative des « cercles conceptuels » de Lulle permet ainsi de créer de nouvelles combinaisons qu’il suffit de compléter en fonction du domaine d’application. Les « vérités » conceptuelles naissent ainsi mécaniquement. On peut naturellement raffiner le système en multipliant les cercles concentriques —on l’a fait jusqu’à quatorze — pour « découvrir » des rapports de plus en plus précis et complexes.
  2. Le système de Lulle suggère donc quelque chose qui ressemble au début de la logique formelle moderne ; dans l’Ars Magna, la logique assume la fonction d’une science universelle, fondement de toutes les autres sciences (Ars Magna et Ultima).

Ce système combinatoire sera rénové par Giordano Bruno (1548-1600) dans son De lampade combinatoria lulliana.. Dans la continuité on doit citer Guillaume Postel avec son Livre de la formation (1560) (prolongeant le Livre de la création du monde (‘Sepher Yetsirah’, qui daterait du IIIè siècle, où tout reposerait sur ‘231’ portes s’expliquant par tous les arrangements distincts (AB, AC, BD,..) des 22 lettres hébraïques. Dans cette même ligne, on peut citer Leibniz (1666) avec l’Ars combinatoria, et le jésuite Kircher (1669), avec son Ars magna sciendi.

(voir : http://www.colorsystem.com/projekte/fr/61arsf.htm , http://kabbale.hermesia.org/)

  1. On peut avoir une idée des travaux de Reichenbach en allant sur le site : http://www.iep.utm.edu/r/reichenb.htm#SH2e

On trouvera aussi un état des recherches sur les logiques tétravalentes classiques, et en particulier sur les futurs ordinateurs quantiques sur le site UMMO-Sciences :

http://www.ummo-sciences.org/activ/science/tetra/tetra1.htm où les savants russes sont mieux que bien placés, surtout en physique nucléaire.

  1. Il existe aussi des logiques ‘temporelles’ qui sont aussi apparues à propos des particules atomiques. ( http://www.iep.utm.edu/t/time.htm) A propos de la matière noire il faut signaler la date du 21 août 2006 à marquer d’une pierre…’noire’, date où Maxim Markevitch et d’autres savants ont pu établir par des observations de la galaxie et en utilisant la théorie de la relativité restreinte (les rayons lumineux ont leur trajectoires incurvées au passage de gros ensembles de matière) que ces rayons étaient plus incurvées encore dans cette galaxie ce qui conduit à penser qu’elle contient des amas de matière plus importants que l’on aurait pu le penser. Cette matière serait environ 6 fois plus importante que la matière normale.

(.futura-sciences.com/news-bientot-matiere-noire-fabriqueelaboratoire_9415.php)

Actuellement on nous annonce que des savants allemands seraient sur le point de créer de la matière ‘noire’ en laboratoire ce qui permettrait de mettre en évidence l’existence de la particule ‘axion’ que nombre de scientifiques attendent. Pour d’aucuns ceci remettrait en cause la relativité restreinte d’Einstein, d’où de nouvelles théories comme celle appelée MOND (MOdified Newtonian Dynamics). …La logique des auteurs du présent livre pourrait s’en trouver justifiée….

L’expérience PVLAS en Italie établirait que les rayons lasers sont déviés dans le vide par des champs magnétiques. D’autre part Yang Wang et son équipe du Boston College (Massachusetts, USA), ont réussi à concevoir une antenne à lumière, surmontant de fait la contrainte d’échelle grâce à un assemblage de « nano-antennes » en

carbone de 50nm… une solution à l’énergie… Enfin dans ce même registre on est en train, à titre expérimental, de réaliser des batteries avec cathode et anode, de type ‘standard’ mais fonctionnant avec de l’air auquel on rajouterait 4% d’hydrogène sans risque réel… Pour ceux qui s’intéressent à la science on peut trouver de nombreuses informations réactualisées sur le site ‘.futura-sciences.com’ (en général nous gardons le point et retirons les 3 w du début ; pour les autres sites nous gardons le // qui les précède). Ce site montre des clips vidéo superbes sur la matière noire, la machine des italiens, et bien d’autres sujets. … Plutôt que de perdre son temps devant des télés de plus en plus dévoyées, là on trouve des raisons de s’émerveiller des avancées de la science et de l’inépuisable objet de savoir qu’est l’univers dont nous nous étonnons toujours qu’on puisse le considérer sans auteur ! Et cette hypothèse ne retire rien à toujours mieux le comprendre, comme cela est dit dans la Bible dans le ‘dominez…’ sur les animaux. et sur la matière.

  1. Du fait des polémiques actuelles sur la théorie de la relativité, il n’est pas inutile de renvoyer aux travaux à peu près inaperçus de NAHON (1980) que nous possédons depuis longtemps et qui remettent en question la théorie de la relativité. En parallèle, on peut consulter BROENS (2000) pour une première incursion dans ces travaux. Quant à LEVEUGLE (2006), qui tente de replacer les choses dans l’ordre, sa mise en cause récente ramène à d’autres temps. Ses accusateurs feraient bien de lire LEBOIS (1979) dont nous parlons ci-après: à la page 82 de son livre, et qui dit: « L’esprit de l’homme moderne est obnubilé par les archétypes imposés par la société…. Il aspire à une vision plus large, à une évasion dans un espace naturel non encore marqué de sentiers battus…. »

  1. Dans le domaine des conjectures nous citerons ici le livre inconnu de

LEBOIS (1979). Il faut dire que le titre de ce livre (Le théorème de Pythagore) ne peut qu’induire en erreur sur son contenu et semble ne concerner que des choses élémentaires. Mais il n’en est rien.

Ce livre avance une théorie ‘mathématique’ des particules atomiques en introduisant des séquences spéciales de nombres dont il démontre qu’ils se déduisent des nombres de Diophante (en fait l’auteur les appelle les nombres de Pythagore) à savoir les nombres entiers z tels qu’il existe deux autres nombres entiers x et y tels que z2 = x2+ y2 . Il introduit pour ce faire des nombres qu’il appelle de Menechme et qui viennent en complément dans la théorie atomique. Pour LEBOIS l’équation de Pythagore définit une ‘structure‘ dans l’espace euclidien à 3 dimensions. Partant des couches atomiques d’électrons il leur attache des ellipses à 45° dans le plan (0x, 0y) associées aux nombres théoriques

a=2, 8, 18, 32… correspondant à leur intersection avec les axes x et y, qui correspondent aux nombres maximum d’électrons que peuvent contenir les 7 couches théoriques. Quant à la longueur des grands axes, ils sont successivement de 2a, et l’origine 0 des axes correspondant à l’un des centres des ellipses (p.239-241). A chacune des zones ellipsoïdales successives incluses les unes dans les autres, l’auteur associe les nombres de Pythagore qui s’y trouvent et leur nombre apparaît comme correspondant au nombre maximum d’électrons de chacune des couches quantiques. On peut se reporter à l’un de nos travaux sur les nombres atomiques pour une étude détaillée sur les nombres de Pythagore et des algorithmes et programmes permettant de les obtenir avec leurs multiplicités.

A ce sujet nous rappelons que pour les couches

-J, la première, de nombre quantique n=0, on a 2n²=0 électrons, sauf pour d’éventuels électrons de passage, et aucun nombre de Pythagore

-K, où n=1, on a 2n² = 2 électrons, en 1 couche: s = {5, 10} avec 2 nombres de Pythagore

-L, où n=2, on a 2n² = 8 électrons, en 2 sous-couches: s = {5, 10}, p = {13, 15, 17, 20, 25, 29}

-M, où n=3, on a 2n² = 18 électrons, en 3 sous-couches: avec 18 nombres de Pythagore: s = {5, 10}, p = {13, 15, 17, 20, 25, 29}, d = {25, 26, 30, 34, 35, 37, 39, 40, 45, 50}

-N, où n=4, on a 2n² = 38 électrons (en fait 32), en 4 sous-couches: s, p, d, f= {51, 52, 53, 55, 58, 60, 61, 65, 68, 70, 73, 74, 75, 78, 80, 82, 85, 87, 89, 90}

-O, où n=5, on a 2n² = 50 électrons (en fait 32), en 5 sous-couches: s, p, d, f, g

-P, où n=6, on a 2n² = 64 électrons (en fait 18), en 6 sous-couches: s, p, d, f, g, h

-Q, où n=7, on a 2n² = 98 électrons (en fait 8, ‘gaz rares’), en 7 souscouches: s, p, d, f, g, h, i, où les sous couches s(2), p(6), d(10), f(14), g(18), h(22), i(etc.), obéissent à la règle 4(n-1)+2 pour ce qui est de leur nombre d’éléments maximum.

Les couches et sous-couches les plus ‘éloignées’ correspondent à des énergies croissantes. En fait, c’est un peu plus complexe, et pas forcément vérifiés pour les gros atomes. De plus le principe de Pauli interdit à deux électrons d’une couche d’avoir leurs nombres quantiques identiques, et impose aussi un maximum de 2 électrons de spin opposés sur une sous-couche.

Pour les personnes intéressées, signalons que nous avons écrit un algorithme et un programme informatique (voir références) pour le calcul automatiques des nombres de Pythagore-Diophante avec leurs multiplicités. De 0 jusqu’à 99 on compte 50 nombres de Pythagore avec répétition et 41 sans répétition (LEBOIS (p.110) contient des inexactitudes mais il faut dire que sans l’ordinateur c’était un calcul titanesque).

Plus loin LEBOIS introduit un terme supplémentaire E à la théorie de la réflexion totale PTC (P=réflexion d’espace, T = réflexion de temps, C = réflexion de charge électrique, dite aussi conjugaison de charge) où il appelle E= réflexion d’existence avec 3 valeurs possibles:

-E = 0 inexistence, i.e. défaut d’existence

-E = 1 correspondant à deux valeurs,

1P (existence réelle dans notre monde matériel)

1T (existence fictive dans notre monde, mais effective dans la dimension temps)

Grâce à son diagramme d’ellipses de Pythagore (qu’il appelle l’œuf de Pythagore, et dont seule une moitié est réelle), l’auteur montre que la réflexion PTCE est toujours parfaite si elle est considérée dans la totalité du diagramme (p.314):

-P: électron ↔ positron (ponctuel)

-T: tempélectron ↔ tempositron (ponctuel)

-C: électron ↔ positron (par leur tension ‘géométrique’)

-E1: tous les éléments du diagramme de Pythagore (excepté pour les particules impossibles)

-E0 [réflexion d’inexistence]: les particules impossibles, qui n’ont pas de parité fictive…

Nous renvoyons à des travaux ultérieurs où nous expliciterons et étendrons les résultats complexes du marseillais NAHON et du parisien LEBOIS…

Ce dernier termine son livre par des conclusions surprenantes aboutissant à une sorte de justification de l’âme et d’une surnature propre à l’homme. On se limitera à lui emprunter ce qui suit:

<<Alors se pose la question: l’homme est-il entièrement inclus dans la nature ? N’est-il que le résultat d’une longue suite de phénomènes naturels ? Physiquement, c’est acceptable. Mais en ce cas que faire de

la pensée, et en particulier de la pensée abstraite ? … Et certes, Descartes avait raison de dire:

« Je pense, donc je suis ».

Mais il aurait pu dire aussi bien:

« Je pense abstrait, donc je suis surnaturel. ».

Cela dit sans préjuger aucunement des aboutissements eschatologiques auxquels a conduit cette croyance ancestrale de l’humanité.(p. 386).>>

REFERENCES

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BIZOUARD, C. (2005) Le Cosmos: Chaos ou Harmonie ? Conférence du CEP, Angers. (voir SANCHEZ)

BROENS, Etienne (2000) Tout l’édifice relativiste repose sur l’interprétation frauduleuse par Lorentz des expériences de Michelson et Morley. Science et Foi, n.55, 1er trimestre. Aussi à http://perso.orange.fr/thomiste/broensrl.htm.

EINSTEIN, A. (1905) Sur l’électrodynamique des corps en mouvement

(1ère publication de la théorie de la relativité restreinte)

FROGER, Jean-François, LUTZ, Robert (2007) Fondements logiques de la physique : et pourtant si, Dieu joue aux dés… Ed. DésIris.

FROGER, Jean-François, LUTZ, Robert (2003) Structure de la connaissance. DésIris,

KAUFMANN, A. (1973) Introduction à la théorie des sous-ensembles flous. Masson, Paris.

LEBOIS, Raymond (1979) Le théorème de Pythagore et ses implications. Editions PIM Montrouge, réalisé par l’Imprimerie Jouve, 17 rue du Louvre 75001 Paris, dépôt légal 3è trimestre 1979.

LEVEUGLE, Jules (2004) La Relativité et Einstein, Planck, Hilbert – Histoire véridique de la Théorie de la Relativité. L’Harmattan, Paris.

LUKASIEWICZ, J. (1920) (1970) . Selected Works. North-Holland, Amsterdam and PWN, Warsaw. (Many-valued Mogic)

LULLE, Raymond (1235,1316) Ses trois grands ouvrages : Ars Magna. Ars Brevis. Ultima.

NAHON, Charles (1980) L’imposture de la relativité (restreinte et générale): confirmée par 6 expériences spectaculaires antirelativistes ‘inédites’. Revue ‘Gravitation’, n.14, 2 août 1979.

PENZIAS, A.A., WILSON, R.W. (1965) Measurement of Excess Antenna Temperature at 4080, Mc/s. Astrophysical Journal, v.

142, p.419-421 (voir .astrosurf.com).

QUIRET, Mathieu (2007) CERN: la chasse aux particules bientôt ouverte. Les Echos, mercredi 4 avril 2007, p.13) REICHENBACH, H (1944) The Philosophical Foundations of Quantum Mechanics. The Philosophical Review, v. 54, n. 5 (Sep., 1945, pp. 513-516)

SANCHEZ (2005 ) Le Cosmos: Chaos ou Harmonie. Conférence du CEP, Angers.

TREMOLIERE (1990) Four valued fuzzy logic. CEROM, et Congrès VOLCAN-IA, Univ. Clermont-Ferrand.

TREMOLIERE (2007-2008) Nouvelles théories atomiques

(explicitations des travaux de Lebois et de Nahon et programmes informatiques). A paraître, revue ECLIPSE n.3, fin 2007.

ZADEH, L.A. (1965) Fuzzy sets. Information and Control, p.338-353.

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http://www.web-sciences.com/index.php : introduction à l’atome

(première à terminales) http://www.led-fr.net/notions_de_physiques.htm : remplissage des couches électroniques

http://www.led-fr.net/constantes_physiques.htm : constantes de la physique, le Principe d’exclusion de Pauli, Règle de

Klechkowski, Règle de Hund, saturation de couches http://www.futurasciences.com/fr/comprendre/dossiers/doc/t/physique/d/relativiterestreinte-et-naissance-de-lespace-temps_509/c3/221/p1/ :

relativité restreinte et générale de Villain

http://fr.wikipedia.org/wiki/Configuration_%C3%A9lectronique : site Wikipedia sur les couches et sous couches electroniques, on peut y trouver bien d’autres notions.

file:///C:/Windows/Temporary%20Internet%20Files/Content.IE5/6Z61G RQX/290,21,Exercice n°6 : très bon site animé de M. Chalvet pour les jeunes, sur les couches H, L, M

http://fr.wikibooks.org/wiki/Structure_atomique_(Chimie_g%C3%A9n% C3%A9rale): constante de Planck, théorie ondulatoire de l’électron, principe d’incertitude

http://villemin.gerard.free.fr/Science/PaElectr.htm#couche : site sur les nombres de Gérard Villemin, l’atome, la gravité, la relativité, les constantes de l’univers, la Bible, etc

http://licencera.free.fr/atomes_molecules.html : Mendeleïev et l’atome, pour débutants http://humans.be/chimie%20structure%20de%20l%20atome.html :

excellent site sur les couches et sous couches

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Avis aux acheteurs du DVD « L’Evolution, science ou croyance ? »

Rappel de produits défectueux

A la vidéo naguère diffusée par le CEP : L’Evolution, science ou croyance ? s’est substitué un DVD comportant un « bonus » : une entrevue avec le Pr Joseph Seifert, Doyen de l’Académie du Liechtenstein.

La réalisation de ce DVD s’avère malheureusement défectueuse : l’image s’arrête par moments. Nous rembourserons donc leur achat à ceux qui retourneront le DVD au secrétariat.

Le film reste cependant disponible en permanence sur le

site : noevolution.org.

Pourquoi les catholiques ne doivent pas transiger sur la prétendue nature

scientifique de la théorie de Darwin[8].

Richard von Sternberg Ph.D, Ph.D2

Présentation : Les théoriciens du darwinisme focalisent leurs études sur la manière dont les variations observées deviennent héréditaires. Mais ils éludent une question plus fondamentale : l’origine de la nouveauté. Ou plutôt, le mot « hasard » ou la référence vague à « l’aléatoire » sont tenus par eux comme la seule réponse acceptable. Le darwinisme se révèle ainsi comme l’anti-dessein, le refus de toute forme préexistante ou de toute intention intelligente. C’est pourquoi il est impossible de séparer la « science » darwinienne de son présupposé matérialiste. Le refus du Créateur est le fondement même de la théorie telle que la développent tous ses grands avocats. Plutôt que d’espérer une réconciliation impossible (et de plus non souhaitée), l’Eglise devrait s’intéresser aux scientifiques qui ont pris position contre l’évolutionnisme.

Toute théorie vraiment complète de l’évolution doit expliquer trois choses: l’origine des nouvelles spécifications génétiques, le développement de l’organisme, et comment les nouveaux gènes deviennent permanents dans la lignée. La théorie évolutionniste darwinienne postule formellement que seul ce dernier point est important, c’est-à-dire la variation aléatoire et le tri des gènes dans les populations par sélection ou par dérive génétique. Ceci peut être vérifié par l’étude détaillée de n’importe quelle œuvre universitaire sur les fondements mathématiques de la théorie.

Il n’y a pas « d’équations de forme », ni « d’algorithmes de développement », ni de « formules de mutation-génération » dans la génétique évolutionniste classique. L’organisme est réduit à un ensemble de gènes. Une des raisons de cette omission est que la théorie s’est « solidifiée » longtemps avant l’âge de la biologie moléculaire. Une autre raison est que la théorie fut délibérément construite pour évincer les autres modes d’évolution, tels que les mutations dirigées non aléatoires, les « propensions au développement », l’orthogenèse, le néo-lamarckisme, ou la reconnaissance « d’espèces naturelles » ou types. De nombreux essais ont été faits pour « élargir la synthèse » – la biologie du développement évolutionniste en est un exemple – et bien que ces essais soient louables, l’examen attentif montre que les expansions reviennent toujours finalement à la variation aléatoire et à la sélection naturelle ou à la dérive génétique.

C’est pourquoi, toute donnée qui ne cadre pas avec la théorie, comme les mutations non aléatoires ou les règles de forme qui transcendent l’ADN et même la cellule, est soit ignorée soit « retaillée » pour s’adapter au cadre. Je dis cela seulement parce que j’ai étudié la théorie darwinienne avec quelque précision. Cependant l’écart entre ce que la théorie peut expliquer et ce qu’elle doit expliquer devient de plus en plus grand. Aussi, lorsque Gerd Müller et Stuart Newman présentèrent en 2003 une liste de « questions ouvertes » en biologie évolutionniste, plusieurs d’entre nous comprirent ce que cela voulait dire : presque tous les aspects de l’évolution restent des « questions ouvertes ». Se rendre compte des limites de la théorie moderne de l’évolution pour expliquer bien des phénomènes provoqua mon étonnement et mon inquiétude devant les appels presque incessants pour que le darwinisme soit reconnu comme la seule théorie prouvée des origines de la vie.

L’étroitesse conceptuelle de la théorie évolutionniste contemporaine n’est pas due au hasard. Ce qui me conduit au soubassement philosophique et théologique bien connu du darwinisme, dont la génétique évolutionniste est l’extension statistique. Le cœur de la théorie de l’évolution est le contraire du dessein; c’est-à-dire l’anti-dessein.

Le préfixe « anti » est utilisé ici dans ses deux sens: 1) la théorie nie le dessein et 2) la théorie fut conçue pour remplacer le dessein. Pour éviter toute confusion, laissez-moi dire que le mot « dessein » comme je l’emploie ici vient de sa définition tirée de la Philocalie:

« Logos….l’Intelligence, la Sagesse et la Providence de Dieu en Qui et par Qui toutes choses furent créées. En tant que principe cosmique unitaire, le Logos contient en Lui-même les multiples logoï (principes intrinsèques ou essences intrinsèques, pensées de Dieu) selon lesquels toutes choses viennent à l’existence aux moments et aux lieux et dans les formes choisis pour elles, chaque chose contenant ainsi en elle-même le principe de son propre développement…Ces logoï sont contenus principalement dans le Logos et se manifestent dans les formes de l’univers créé »…[Volume 1, page363; soulignements de moi] Ceci est, comme vous le savez, la signification patristique de l’Intelligent Design.

Mais c’est justement cette notion du dessein – sous son aspect « vertical » comme essences créées ou archétypes, et son mode « horizontal » comme téléologie – que le darwinisme défiait. De nombreux auteurs ont étudié en profondeur ce sujet. Par exemple, Adrian Desmond dans Archetypes and Ancestors et dans The Politics of Evolution. Ce que la théorie a réalisé se trouve brièvement décrit dans The New Encyclopedia Britannica (1979) sous l’entrée « évolution »:

« Darwin fit deux choses; il montra que l’évolution contredisait en fait les légendes de l’Écriture sur la création et que sa cause, la sélection naturelle, était automatique, ne laissant pas de place à une gouverne ou un dessein divin. » (C’est moi qui souligne).

Les grands adeptes de la théorie, les Darwin, Huxley, Haeckel, Haldane, Fisher, Mayr, Maynard-Smith, Simpson, Stebbins, Gould, Dawkins, Williams, Provine et autres, ceux qui décrivirent le cadre scientifique et le codifièrent en formules et modèles mathématiques, tous soulignèrent que la théorie niait délibérément à la fois les logoï dans la Pensée de Dieu et tout principe de création.

Ceci m’amène à la tentative que certains font de fabriquer un darwinisme « métaphysiquement neutre », c’est-à-dire une théorie que l’on pourrait considérer comme scientifiquement valide une fois dépouillée de son attirail idéologique. Ce genre de discours me rappelle le langage utilisé par les théologiens de la libération et les marxistes à la fin des années 1970 et au début des années 1980. J’ai lu et entendu beaucoup à propos du marxisme « métaphysiquement neutre » en tant que théorie économique et anthropologie / sociologie. Ils disaient que c’étaient simplement les « interprétations idéologiques » de la théorie qui avaient causé tant de résultats mortels. Inutile de préciser que personne ne pouvait montrer comment dissocier l’idéologie et la philosophie matérialiste de la théorie marxiste. Parce que les deux aspects sont inextricablement liés, l’un est l’envers de l’autre. La même chose est vraie du darwinisme. Si la théorie évolutionniste était vraiment « métaphysiquement neutre » elle ne se serait pas montrée aussi réfractaire aux efforts pour élargir ou modifier son cadre. On peut le voir en suivant simplement les réponses théoriques aux critiques scientifiques constructives de Baer, Driesch, Goldschmidt, McClintock, Mendel, Naef, Owen, Portmann, Schindewolf, Thom, Troll, et Vavilov, pour en nommer quelques uns.

Je ne dis pas que « l’équation de Hardy-Weinberg », « le ratio dN/dS », le « modèle d’équilibre mouvant » ou n’importe laquelle des formules techniques de la théorie sont en elles-mêmes anti-Logos. Mais je dis, par exemple, que même si chaque mutation était et est commandée par une cause formelle, les instruments de mesure de la théorie traiteraient quand même ces changements génétiques comme s’ils étaient ou sont aléatoires. Entre parenthèses : en fait on connaît beaucoup de telles mutations organisées. On peut voir cela même par un examen superficiel du cadre darwinien. Ainsi, ceux qui plaident pour un darwinisme scientifique qui serait opposé au darwinisme soulignant le hasard et l’absence de finalité, ne sont pas seulement en désaccord avec 2000 ans d’enseignement de l’Église, mais ils ignorent aussi la théorie. C’est juste du bavardage. Ce n’est pas viable. C’est une vaine tentative pour échapper à l’inéluctable.

Ceci m’amène à la question de savoir pourquoi tant de maîtres non théistes de la théorie évolutionniste désirent soudain que l’Église prenne une position favorable au darwinisme, ou tout au moins une attitude manifeste de neutralité. La raison de cette stratégie est claire. Ils veulent que l’Église abandonne toute prétention à la « réalité cosmique » et, en outre, qu’elle dirige le troupeau vers ceux qui détiennent les clés de la vérité empirique, disons un Francisco Ayala[9] ou un P. George Coyne[10]. Alors, lorsqu’un jeune catholique demande si Dieu pouvait, en un sens quelconque, avoir été l’auteur des êtres vivants, une question venant peut-être de sa récitation du Credo de Nicée-

Constantinople, on lui répondra:

 » Le « dessein » des organismes n’est pas « intelligent », il est même tout à fait incompatible avec le dessein que nous attendrions d’un créateur intelligent ou même d’un ingénieur humain, il est si rempli de dysfonctionnements, de gâchis et de cruautés qu’il est injustifié de l’attribuer à un être doué d’une intelligence supérieure, de sagesse et de bonté. » (Ayala, 2004)

Étant observateur, le jeune verra immédiatement que la « position scientifique » de l’anti-dessein infirme la doctrine chrétienne du Logos. Mais dans quel camp se rangera-t-il alors ? Avec ceux qui prétendent avoir les preuves tangibles de leur côté, ou avec les théologiens qui n’ont que les transcendantaux à offrir ? Peut-être réconciliera-t-il les deux « vérités » avec une vague théologie du « Christ Évoluteur », Qui est tout aussi surpris du résultat de l’évolution qu’un Dawkins ou un Haeckel !

D’un point de vue tactique, donc, je ne pense pas que l’Église puisse se contenter d’attaquer les conséquences démoralisantes du darwinisme appliqué, tout en concédant qu’il existe « une façon » ou « un sens » dans lesquels l’évolution darwinienne « pourrait » être vraie. La réalité est que les ecclésiastiques essayant de bâtir un tel compromis ignorent les affirmations évidentes des avocats scientifiques du darwinisme les plus convaincus et les plus prestigieux, qui tous sont de fieffés matérialistes et dont beaucoup sont ouvertement hostiles au théisme. Tout ce qu’un essai de compromis obtiendrait, serait que la position actuelle de l’Église – celle qui a été nettement vue ces dernières années comme une reddition tacite à la théorie de Darwin – serait confirmée et renforcée dans les médias. La position de l’Église serait donc neutralisée et rendue inopérante dans la discussion faisant rage actuellement dans la science, juste au moment où les arguments scientifiques contre la théorie de Darwin deviennent chaque année plus forts! Il serait bien préférable de dire qu’il n’existe aucun moyen de conformer l’enseignement de l’Église aux interprétations les plus communes et autorisées de la théorie de Darwin, même si quelque évolution limitée (e.g. la microévolution) peut être reconnue.

Je ne pense pas non plus que saint Thomas d’Aquin puisse être cité comme opposé au dessein et favorable au darwinisme. En fait, son point de vue était à l’opposé. Saint Thomas contestait explicitement l’idée que Dieu permettait aux causes secondes de concevoir des organismes. Faire cela, disait-il, reviendrait à attribuer au hasard et aux processus naturels des pouvoirs qui n’appartiennent qu’à Dieu seul. De plus, il réfuta l’idée que des essences créées puissent de quelque façon résider dans des causes secondes; il affirmait que les logoï existent dans l’Esprit de Dieu. L’analogie qu’il utilisait était celle de l’architecte et de la maison, comme vous le savez certainement. L’architecte conçoit tous les aspects de la maison, jusqu’au plus petit détail (y compris la matière première). Pour atteindre ce but, l’architecte réalise son projet par sa volonté, en utilisant évidemment les causes secondes.

L’erreur serait de confondre l’opération des causes secondes avec le projet et le concepteur lui-même. En considérant simplement l’enseignement du seul saint Thomas sur la création, sans parler de celui de saint Bonaventure et de tous les Pères orientaux, il m’est impossible d’échapper à la conclusion que l’Église doit faire un choix entre la création uniquement par des causes secondes (théorie darwinienne et ses sous-théories telle que l’auto-organisation), et quelque forme d’Intelligence intentionnelle. Si vous pardonnez mon audace, l’Église ne peut pas se permettre de succomber à la vaine tentation de séparer cette question comme philosophique ou théologique – abandonnant ainsi le terrain scientifique – en espérant tout de même gagner un jour le débat contre le matérialisme, lorsque le monde s’intéressera de nouveau à la philosophie.

Certains peuvent protester qu’une fausse dichotomie est ici présente. Et c’est vrai, mais ce n’est pas la distinction darwinisme / dessein. Non, la fausse dichotomie est l’idée souvent affirmée que l’anti-dessein est de la science, alors que son revers conceptuel, le dessein, ne l’est pas. Des recherches ont cours actuellement pour falsifier expérimentalement un ou plusieurs aspects de la théorie de l’Intelligent Design. Il ne se passe guère de mois sans qu’apparaisse une publication scientifique, relue par des censeurs, contenant l’affirmation que le Dessein a été réfuté (sur la base d’un pseudo-gène, d’une protéine mutée ou d’une simulation sur ordinateur). Et la littérature technique est pleine de déclarations affirmant que toutes les données anatomiques, embryologiques et moléculaires démentent l’existence ou un rôle quelconque d’un créateur. La recherche anti-dessein est clairement dans le domaine étudié par les laboratoires; les investigations prodessein ne le sont pas. La question non posée, cependant, est celle-ci: comment peut-on tester scientifiquement un concept purement philosophique ou théologique, le Dessein ? Pour cette raison (contre le grand nombre), je pense que l’Intelligent Design (au sens large) est fondamentalement une question scientifique. C’est la suite logique de la théorie évolutionniste formellement anti-dessein.

A mon avis de scientifique, l’Église devrait au moins montrer de l’intérêt pour l’Intelligent Design en tant que proposition scientifique et elle devrait au moins demander la liberté intellectuelle pour que cette théorie soit explorée et discutée. Ce point de vue devrait être communiqué tout spécialement aux institutions éducatives liées à l’Église. Sinon, l’Église abandonnera effectivement non seulement la science, mais beaucoup de catholiques comme moi qui sont des scientifiques, ainsi que d’autres chrétiens qui sont des scientifiques (et quelques juifs et musulmans), des scientifiques qui ont bien voulu prendre position contre le darwinisme malgré des pressions sur leur carrière. Beaucoup de croyants que je connais accueilleraient aussi la bénédiction de l’Église de toute position darwinienne sur la création comme comparable à la recommandation du marxisme en guise de théologie de la libération. Cela compromettrait aussi les perspectives d’union avec les orthodoxes.

(Traduction Claude Eon)

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In memoriam : Geneviève Rivoire (1923-2007)

Depuis 2 ans la maladie envahissante qui devait l’emporter le 23 février ne permettait plus à Mademoiselle Geneviève Rivoire de participer à nos réunions. Seconde d’une famille de 8 enfants, infirmière diplômée, elle avait en fait exercé le métier d’assistante

sociale militaire à la caserne Vaillant puis à la base aérienne 102 à

Dijon.

Mais elle était de ces assistantes sociales qui vont bien audelà de leurs obligations de service. En témoigne, outre la

médaille du Mérite militaire, la reconnaissance exprimée par les

familles qu’elle avait aidées. Nul doute qu’elle ne se soit acquis ainsi un bataillon d’intercesseurs prêts à l’accueillir de l’autre côté du grand Passage. Nous aussi, ne l’oublions pas dans nos prières.

LES DESSOUS DE LA PREHISTOIRE

La marche

humaine ou le pas de trop pour les évolutionnistes

Dr Jean-Maurice Clercq

Résumé : Il semble intéressant de bien réfléchir sur la subtilité des mécanismes musculaires qui régissent et relient le fonctionnement des mâchoires et la posture verticale de l’homme. Ces mécanismes sont uniques parmi les mammifères. Ils interéagissent entre eux d’une manière complexe. Leur compréhension fine permet d’affirmer que la position verticale et la marche bipèdique ne peuvent pas être interprétées comme une amélioration adaptative. Elle impose la conception que l’homme a été créé d’emblée pour marcher debout sur ses deux jambes : il y a une impossibilité « mécanique » absolue de passer de la marche quadripédique à la marche bipédique, et inversement. En effet c’est l’ensemble du squelette, des mandibules jusqu’aux phalanges, en passant par la colonne vertébrale et le bassin, qui présente une disposition originale permettant à l’homme de marcher debout, ce qui s’avère rigoureusement impossible aux autres vertébrés. Il en va de même pour la mastication humaine, qui requiert une articulation de la mâchoire et une forme des dents que ne présentent ni les carnivores ni les ruminants.

L’homme n’a ni crocs ni griffes pour se défendre,

mais il se tient debout. Sa course n’est ni rapide ni longue, même au regard d’autres mammifères plus petits que lui. On pourrait préciser en disant que c’est un des mammifères les plus fragiles et les plus vulnérables.

Son instinct ne lui permet pas de trouver les réponses

à ses problèmes de survie et il ne peut subsister qu’en s’organisant en une société dont il doit impérativement élaborer des règles. Son intelligence lui permet de suppléer à ses besoins et sa position bipédique lui libère les mains dont il va se servir avec habileté, après un apprentissage spécifique, pour se fabriquer des outils qui vont compenser ce que la nature ne lui a pas donné pour survivre dans un monde qui lui est devenu hostile, à la différence des animaux qui, eux, sont parfaitement adaptés au milieu dans lequel ils se reproduisent. Si l’homme était au sommet de l’échelle de l’évolution, où le plus fort élimine le plus faible, comment se ferait-il que l’homme se trouvât être la plus vulnérable des créatures ? Comment se fait-il aussi que les sociétés primitives ont toujours respecté la nature et prélevé pour leur besoin alimentaire ce qu’il leur était strictement nécessaire, sans chercher à éliminer les espèces concurrentes ? On ne peut donc pas parler d’une espèce plus adaptée qui supplante celle dont elle serait issue, ici un hypothétique ancêtre du singe.

Les paléontologues évolutionnistes ont classé l’homme dans le groupe des homo erectus avec un supposé ancêtre commun entre lui et les grands singes qui eux aussi arrivent à « marcher debout »[11].

Et de définir à grand renfort d’arguments sans cesse assénés (comme si ce matraquage faisait force de vérité) un hypothétique arbre généalogique dont ils n’ont jamais pu fournir la moindre preuve valable. Et d’avancer parfois comme « preuve » de simples fragments de squelettes fossiles.

Au squelette retrouvé, toujours incomplet, à la

reconstitution hasardeuse et orientée, parfois trafiquée, les dents restent souvent les derniers éléments en bon état que l’on cherche à faire parler. Les dents humaines sont scrutées à la loupe ; leur taille, la profondeur de leur relief, leur usure, leur densité sont mesurées… puis des conclusions[12] en sont tirées, immédiatement replacées dans le phylum évolutionniste.

Mais les dents sont têtues ! Elles sont restées inchangées depuis l’homme de Neandertal (le plus vieil homme fossile reconnu). Alors examinons-les, non pas dans leurs seules caractéristiques anatomiques, mais replacées dans une bouche elle-même dans la tête d’un corps qui se déplace sur ses deux pieds, en position verticale.

Le relief des dents

Les mammifères carnivores possèdent des reliefs

dentaires accusés alors que chez les ruminants ils se trouvent peu accentués. L’homme présente un relief dentaire moyen se situant entre le carnivores et l’herbivore et moins accentué que chez le singe.

Le carnivore :

Il possède un relief très accentué du modelé des

surfaces de mastication des molaires.

Comme caractéristiques : des canines extrêmement

longues et un angle goniaque[13] très fermé, proche de 90°. Tout ceci lui donne une puissance de mastication inégalable ; il peut déchirer la chair avec facilité et broyer les morceaux coupés sans difficulté aucune.

Le carnivore se déplace à quatre pattes et sa mâchoire inférieure reste pendante, tenue par les muscles masticateurs. Lorsqu’il ferme la gueule, il est donc nécessaire que la mandibule trouve son chemin précis de fermeture pour que les dents puissent s’engrener immédiatement. Les canines serviront de premier guide, puis le relief accentué des molaires de fin de guide pour permettre un engrènement complet. Aucun mouvement latéral de sa mandibule n’est possible. Le carnivore ne peut qu’ouvrir ou fermer la gueule. D’ailleurs la structure anatomique de sa mandibule avec son articulation va dans le même sens.

Le singe se trouve dans une situation voisine.

L’herbivore (équidés, bovins, ovins, etc.) :

Sa mandibule fonctionne différemment car elle doit écraser des végétaux. La seule pression de fermeture des mâchoires est inefficace : les végétaux doivent être broyés ; il faut alors que la mandibule effectue de larges mouvements latéraux. L’herbivore ne possède pas de canines, qui lui seraient inutiles et nuisibles. Il n’a pas besoin d’un guide pour la fermeture de ses mâchoires. Ainsi libérée, sa mandibule peut se mouvoir dans tous les sens, s’ouvrir et se fermer mais surtout se déplacer latéralement. En un mot : il peut brouter. Son angle goniaque se trouve très ouvert, ce qui va lui limiter son ouverture de mâchoire. L’angle formé par les incisives est plus fermé car ses dents antérieures se sont inclinées encore plus vers l’avant pour mieux couper l’herbe qui sera saisie par les lèvres. Les mâchoires s’allongent avec, en corollaire, une diminution de l’ouverture des mâchoires.

L’homme :

Il occupe une place à part. Il est omnivore et se meut

en situation bipèdique.

Cela impose les caractéristiques suivantes : pour

pouvoir mastiquer, il a besoin d’un guide de fermeture de la mandibule[14] car sa mandibule est un os totalement pendu (incluant alors une cinétique bien particulière[15]). Mais son guide de fermeture (qui aurait dû être plus strict de par sa situation verticale) se trouve plus lâche car, étant omnivore[16], il doit aussi satisfaire à des mouvements de latéralité pour pouvoir mastiquer les aliments les plus divers. Son mode de broyage des aliments est différent de celui des carnivores. Avec une puissance de mastication moindre que les carnivores, il est contraint d’effectuer des « mouvement balançants dits de latéralité » pour écraser ses aliments. Le début du broyage du bol alimentaire se fait par un léger décalage mandibulaire droite ou gauche qui amène les dents « pointe contre pointe »[17] puis, au fur et à mesure de son ramollissement, la mandibule va se recentrer et se fermer et les dents s’engrener alors à fond.

Les canines jouent un rôle essentiel de guide de

glissement dans ces mouvements de mastication car ce sont elles, en glissant l’une sur l’autre, qui permettent le retour nécessaire à l’occlusion centrée.

Ces mouvements peuvent subir quelques contrariétés,

en particulier occasionnées par l’alimentation moderne trop molle.

En effet, les alignements dentaires sur les arcades ne se trouvent qu’exceptionnellement dans une harmonie parfaite (angulation des dents, taille, forme, hauteur de croisement des dents, taille et forme des mâchoires, angulation de la mandibule, laxité de l’articulation, recul plus ou moins prononcé de la mandibule, position de la tête, etc.). C’est la mastication des aliments, lorsqu’il sont suffisamment consistants depuis l’enfance, qui va permettre de corriger ou plutôt d’harmoniser entre eux les défauts résiduels en permettant aux canines d’assurer correctement la fermeture des mâchoires par une cinétique balançante de la mandibule, sans accrochage ni interférence avec d’autres dents.

La non exécution correcte de tout ces mouvements de

latéralité (par des malpositions dentaires, par des déplacements dentaires consécutifs à des extractions, par exemple) va créer des dysfonctionnements masticatoires. Ils vont, dans un premier temps, se manifester par un léger décrochement unilatéral de la mandibule lors de l’ouverture et de la fermeture de la bouche, accompagnés d’une latéro-déviation des mouvements selon l’importance plus ou moins prononcé du trouble. Aux craquements ressentis par le patient peuvent se rajouter des douleurs fréquentes dans le conduit auditif. Des douleurs et des contractures musculaires au niveau de l’articulation temporomandibulaire (ou ATM) vont se développer. Les douleurs freineront les mouvements de mastication et l’ouverture buccale va s’en trouver limitée.

Ce tableau clinique se retrouve souvent chez des sujets relativement prédisposés (musculation faible, stress mettant souvent les muscles en tension, grincement des dents lors du sommeil, etc.).

Précisons aussi que chez un sujet à la musculature puissante, une certaine correction par usure des « points d’accrochage » se réalisera, assurant une bonne réalisation des mouvements latéraux de la mastication.

Il appartient donc au dentiste de rechercher la cause

exacte et de la corriger, si l’on veut assister à une réduction de ces phénomènes douloureux et invalidants.

Notons au passage que nous assistons à une

augmentation de plus en plus fréquente des ces troubles de

9.

l’ATM

La Faculté apporte des solutions parfois longues (6 à 12 mois), sophistiquées et coûteuses avec des résultats aléatoires, alors que, intégrés dans une thérapie de posturologie, les résultats en sont rapides et moins onéreux.

La position de repos des mâchoires et leur hauteur d’occlusion en bipèdie

L’être humain est un bipède, ce qui, pour être une

originalité, n’en entraîne pas moins des contraintes spécifiques. Par rapport aux quadrupèdes dont la colonne vertébrale se trouve presque rectiligne, l’homme possède une colonne vertébrale en forme de « S » ; son bassin va s’ouvrir et l’angulation du col du fémur se former différemment.

Ainsi positionnée à la verticale, sa mandibule subit

encore plus l’attraction terrestre mais son abaissement se trouve contrarié par l’action de muscles masticateurs puissants qui le limitent, de sorte qu’elle ne s’entrouvre que de 1 à 3 mm en position dite « de repos », point d’équilibre entre tous les muscles permettant la fonction de mastication.

Il appartient au dentiste de retrouver cette position (programmée en fonction du tonus musculaire) et à partir de là, la hauteur d’occlusion (dimension qui séparent les deux mâchoires quand les dents sont serrées entre elles) lorsqu’il faut réhabiliter une bouche partiellement ou totalement édentée par un appareillage (quand cette dimension verticale est perdue par l’édentation).

Toute erreur minime (même de 1mm) de la part du

praticien va enclencher une perte de puissance de la mastication, des fatigues, puis des contractures musculaires ainsi que des douleurs de l’ATM qui nécessiteront impérativement une correction de la dimension verticale défectueuse.

9 Ainsi, dans les années 1970, je découvrais environ un cas par mois, douloureux ou non, alors qu’en 2006, il s’en découvre au moins une fois par semaine.

Lorsque la dentition s’use avec l’âge et une bonne

puissance de mastication, il y a une certaine perte de la dimension verticale par affaissement de la hauteur d’occlusion. La mastication s’effectue avec une position de fermeture plus forcée, ce qui peut provoquer, dans les cas importants, des contractures et des fatigues des muscles masticateurs (masséters).

La posture va alors changer : cette perte de dimension

verticale amène l’individu à se voûter. La tête se penche en avant. Le fait de réhabiliter la bouche par une prothèse rétablissant sa hauteur d’occlusion va redresser et faciliter la marche de la personne âgée, tout en diminuant certaines tensions musculaires au niveau du visage, de la tête et du haut du dos.

Chez un sujet jeune, la succion du pouce, en

particulier, mais aussi l’interposition d’une langue et sa succion, vont provoquer le recul de la mandibule en freinant sa croissance vers l’avant. La hauteur d’occlusion va se trouver affaissée et la tête va alors s’incliner, ce qui induira des cervicalgies à l’âge adulte lorsque les troubles seront fixés à l’issue de la croissance. La correction par orthopédie de ces troubles, en repositionnant la mandibule, va immédiatement redresser le port de la tête et parfois libérer l’enfant de certains troubles secondaires comme une nervosité mal contrôlée, une énurésie, des tics. Il s’épanouit et les études graphologiques sur ce sujet le prouvent[18].

Fig. 2 :Avant traitement Après traitement orthopédique

(trouble de posture lié à la succion du pouce, ayant entraîné le recul de la mandibule)

Fig. 3 :L’équilibre postural

41

Tel un mât vertical sans assise, l’être humain ne tient

en équilibre que grâce à une série de capteurs qui agissent sur deux séries de chaînes musculaires, l’une arrière, extrêmement puissante, l’autre avant, plus faible et régulatrice.

On a pu s’apercevoir que cette composante se trouve

souvent présente dans les événements dentaires que nous évoquons. Il devient intéressant de s’y attarder un peu.

La mandibule se trouve pendue au crâne, telle une

balançoire à un portique. Ses mouvements d’ouverture et de fermeture peuvent être assimilés aux balancements de la balançoire avec toutes les perturbations qu’un défaut de sustentation du portique peut déclencher. Si le portique n’est pas d’aplomb, la balance oscille de travers. Il en est de même si le port de la tête est légèrement perturbé, la mandibule peut fermer de travers et trouver ainsi des contacts prématurés lors de son chemin de fermeture, ce qui engendre un déséquilibre temporomandibulaire.

On comprend ainsi que l’architecture crânio-faciale et

un port correct de la tête se trouve influencé par tout disfonctionnement de la langue, de l’occlusion des dents, de l’architecture osseuse et aussi de la posture.

Figure 4 : Schéma de l’équilibre

musculaire selon Brodie, 1941

Il existe une liaison d’équilibre entre la mandibule et

l’ensemble musculaire du corps.

La chaîne linguale ou antéro-médiane

La chaîne faciale ou

postéro

médiane

Les chaines musculaires

La chaîne pharyngo-révertébrale ou postéroantérieure et antéro-postérieure

La chaîne antéro-latérale

masticatrice

La chaîne postéro-latérale

masticatrice

Il existe aussi une liaison d’équilibre entre la

mandibule et le crâne influencée par le rôle de la langue.

Anomalie du compartiment lingual au cours de la déglutition,

d’après Chaput A. , 1967. Dans la déglutition pathologique, la langue exerce une pulsion antérieure créant une force de direction horizontale.

Syndrome de Cauhepe et Fieux, d’après Gudin R.G., 1979. Balancement mandibulaire et action pneumatique dominante au niveau du massif supérieur. La mandibule se dégage de ces contraintes musculaires. Elle reste relativement normale dans sa forme. La succion-déglutition est latérale.

Examen stabilométrique sans gouttière : le centre de gravité

se trouve décalé par dysfonctionnement de la mandibule

Les recherches cliniques ont établi que lorsqu’un

patient souffre de son ATM, le centre du polygone de sustentation de l’organisme se décale, prouvant par là l’interdépendance de l’ATM avec le système postural. Une correction des causes permet de rétablir un équilibre correct. Les techniques thérapeutiques se développent de plus en plus avec des résultats cliniques évidents. Même si l’enseignement universitaire n’a pas encore tout à fait intégré cette composante, les formations professionnelles sur ce sujet se font de plus en plus nombreuses.

Examen stabilométrique avec gouttière entre les dents :

le centre de gravité se trouve recalé

Ces dernières années, on a découvert l’influence de plus en plus certaine du développement harmonieux de la sphère maxillo-faciale sur le psychisme[19].

On commence donc à parler de « l’organisation

spatiale de la bouche » dont le « repositionnement des mâchoires jusqu’à l’équilibre buccal permet de récupérer les fonctions cérébrales les plus raffinées.

L’être humain peut alors exprimer toutes les capacités

qui sont en lui et qui en font un être unique[20]».

Cette harmonie peut se trouver entravée dans son épanouissement par un mauvais développement des mâchoires et un mauvais positionnement des dents.

Les développements que nous venons d’exposer ont pour but de montrer l’étroite dépendance qui existe entre l’équilibre de la mandibule, son articulation temporomandibulaire qui la lie au crâne et tout le système postural de l’individu.

Ainsi, tout trouble et toute modification de la posture (due à une vieille entorse, une fracture ancienne, une déviation du bassin, un déséquilibre vertébral, etc.) peut induire une pathologie de l’ATM, pathologie qui dans le monde des mammifères ne touche que l’homme. Cette interdépendance se retrouve entre la tête et la colonne vertébrale, les épaules, le bassin, les genoux, les chevilles et les pieds. On comprend ainsi que le système de la posture verticale de l’homme est original, unique et fragile[21], que la charpente osseuse et musculaire se trouve complètement orientée, et dans sa forme, et dans sa fonction mécanique, vers ce type de posture.

Cette posture bipédique ne peut pas être issue de la posture quadripédique à partir d’une surrection progressive du supposé ancêtre de l’homme sur ses deux pattes, comme l’affirment les évolutionnistes. Cette surrection chez les quadrupèdes se fait déjà douloureuse lorsqu’elle dure quelques instants, car tout leur système tonique postural, qui n’est pas du tout adapté pour cette position, va se mettre en tension pour maintenir ce nouvel équilibre.

On ne peut pas modifier le système tonique postural en répétant de nombreuses fois cette surrection, même si, par exemple, on élève un bébé gorille (expériences des années 1950).

On a aussi essayé de ne le faire marcher qu’à deux

pattes.

Toutes les expériences de ce type ont échoué car la morphogénèse des os du singe est toute orientée vers la marche quadripédique et cette programmation ne se modifie pas. Alors invoquer qu’à force de prendre cette position douloureuse, au fil de centaines de millénaires, une nouvelle morphogenèse de la croissance osseuse se trouverait induite vers une marche bipédique est une absurdité, d’autant plus grande qu’il faudrait que plusieurs centaines de couples de singes de la même espèce[22] aient en même temps la même idée et la même obstination sur des millénaires pour créer une nouvelle race « plus adaptée » !… D’ailleurs, on ne trouve aucune espèce de singe marchant à deux pattes comme l’homme.

Comme on peut le constater, comprendre comment marche l’Homme est un grand pas à l’encontre de la théorie évolutionniste.

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Une date à retenir : les 18 et 19 octobre 2008 sur Paris

Colloque du CEP à Orsay (La Clarté-Dieu)

(Le thème et le programme seront précisés ultérieurement)

SOCIETE

« Il a plu à Dieu qu’on ne pût faire aucun bien aux hommes qu’en les aimant. »

(P. Le Prévost)

Le Rapport de la Montagne de Fer(Commentaire philosophique) (1ère partie)

Pr Claude Rousseau

Introduction : Le Rapport, une radiographie de la pensée politique moderne.

Présentation : Le Rapport de la Montagne de Fer (cf. Le Cep n° 39 et 40) établissait la nécessité de la guerre (ou du moins de la possibilité de la guerre) pour le maintien et la cohésion de l’Etat américain. En déclarant la paix « indésirable », il choquait les esprits, ce qui explique sa faible diffusion. Comme l’histoire récente montre cependant que ses conclusions ont été entérinées, il importait qu’un regard chrétien en fasse une critique de fond, afin de déterminer ce que vaut cette conception foncièrement pessimiste de la nature humaine. C. Rousseau commence ici par montrer comment l’Etat libéral a changé. On pensait en effet que le commerce rendrait la guerre obsolète ; or le Rapport établit le contraire. C’est, on le sait depuis les Grecs, qu’une forme de conflit est nécessaire pour entretenir les vertus militantes dont toute société a besoin. On verra dans une seconde partie comment la Cité chrétienne permet de dénouer le paradoxe et d’établir une paix durable, la « tranquillité de l’ordre ».

Le rapport qui vient d’être analysé n’intéresse pas seulement les géopoliticiens. Il intéresse aussi le philosophe, en raison de la vision du monde implicite qui le sous-tend. Des présupposés généraux, dont il n’est manifestement pas conscient, commandent en effet ses grandes lignes, voire, souvent, sa teneur de détail. Il va donc s’agir ici de dégager les idées qui inspirent, même à leur insu, les auteurs du Rapport.

En tant que subversives de l’ordre politique naturel, elles permettent, par un effet de repoussoir, d’en bien pénétrer la nature et incitent peut-être, par là, à y mieux revenir.

La « paix indésirable », c’est le retournement radical de la célèbre formule augustinienne qui voyait en elle la tranquillité de l’ordre, « tranquilitas ordinis ». De cette définition positive de la paix, qui aurait pu être grecque avant d’être chrétienne, le Rapport propose le rejet total. Ce rejet n’a pas le caractère provocant qu’on serait, au premier abord, tenté de lui attribuer. Les auteurs n’ont évidemment jamais lu saint Augustin, à supposer qu’ils en aient entendu parler ; ils éprouvent une répulsion moins culturelle qu’instinctive pour une vision des choses qui leur paraît périmée, obsolète, voire -et c’est hélas le plus probable- intrinsèquement dépourvue de signification.

D’où vient donc ce réflexe ? Le Rapport nous l’apprend tout de suite. Son grand intérêt est de nous montrer que l’Etat libéral parvenu (comme on va le voir) à son dernier stade évolutif, ne peut percevoir la paix que négativement, puisque la paix – il le sent bien– le détruirait. C’est aussi brutalement simple que cela. Mais un Etat détruit par la paix, donc réduit pour subsister à être bellogène, qu’est-ce d’autre à son tour, à moins que les mots n’aient plus de sens, qu’un Etat immoral, qu’un Etat anti-naturel, que l’Etat anti-chrétien par excellence ? Les auteur du Rapport, profondément imprégnés par l’idéologie libérale qui les a nourris dès le berceau, ne s’en rendent même pas compte, ce qui permet, entre parenthèses, de mesurer la gravité de la situation dans laquelle nous sommes.

En accomplissant leur travail, les auteurs du rapport n’en rendent pas moins un grand service aux amis de l’ordre. Ils leur montrent en effet de façon très concrète ce dont il s’agit précisément de prendre aujourd’hui le contre-pied, si l’on veut retrouver les vrais fondements de la vie dans la Cité et revenir ainsi à l’équilibre politique. En décrivant à leur manière les contours inquiétants de ce que Marcel de Corte n’aurait pas manqué d’appeler la « dissociété » américano-mondialiste, ils nous ramènent bien malgré eux à la bonne Cité dont l’autre représente évidemment la caricature inversée.

Après avoir examiné les soubassements conceptuels de la thèse soutenue par le Rapport, nous évoquerons donc, au moins dans ses principes de base, la politique naturelle qu’on combat ainsi sans la nommer ni même sans doute la connaître, et à laquelle il est urgent de revenir. Nous soulèverons enfin, en conclusion, la question cruciale : à quoi est due l’éclipse de l’idée même qu’il puisse y avoir un ordre naturel en matière politique ? Où, si l’on préfère, sur quelles forces le Mondialisme s’appuie-t-il, de quels ressorts joue-t-il pour parvenir aussi efficacement à neutraliser cette idée?

I. Considération sur l’Etat et la guerre

a) L’Etat libéral

L’Etat au service duquel le Rapport travaille, c’est l’Etat américain contemporain ; c’est l’Etat libéral qui, parvenu historiquement à terme, va enfin accoucher du gouvernement mondial dont il était porteur. Bien que sa description ne soit pas faite dans le Rapport (qui s’intéresse exclusivement à la guerre), on en devine la nature. Son principal caractère transparaît en filigrane sous la lettre du texte. Quel est-il ? Ce n’est plus celui de l’Etat libéral originaire, de l’Etat libéral première version qui, théorisé par les Locke, les Kant, les Smith, les Constant, etc… a occupé la scène politique et idéologique du 19ème siècle à la seconde guerre mondiale. C’est celui d’un autre Etat, dans l’intelligence duquel il faut savoir entrer si on veut bien entendre la suite.

b) Le libéralisme classique

Le caractère essentiel de l’Etat libéral classique, aux yeux de tous ceux qui en ont défendu l’idée et dressé le mythe flatteur, c’est son caractère pacifique. Il le doit d’abord à l’industrie et au commerce sur lesquels il repose, et qui en sont intrinsèquement porteurs. L’Etat libéral originaire est en effet avant tout une entité se percevant elle-même comme le produit historique d’un progrès matériel, d’un « développement », résumé à peu près dans les mêmes termes par Condorcet, Saint-Simon ou Comte.

Au début, l’ignorance des hommes et leur impotence technique les vouent à une pénurie à laquelle n’échappent que très relativement, grâce à la guerre, les plus brutaux ou les plus chanceux d’entre eux ; ensuite, la connaissance se constituant et des arts efficaces venant à naître, les producteurs et les commerçants montent en puissance tandis que les militaires déclinent ; enfin, l’échange économique, suffisant à nourrir les hommes, fait tomber la seule cause réelle de leur affrontement, à savoir la rareté de la ressource, qu’ils étaient, au début, contraints de se disputer les armes à la main. Si la pénurie c’est la guerre assurée, la croissance est plus qu’une « chance pour la paix », c’est la certitude de sa production, au moins asymptotique, par la mécanique économique enfin libérée, qui nous y conduit inexorablement.

Cette conviction était celle du positivisme, elle sera celle de l’Eglise moderne (cf. Paul VI, « Populorum progressio » !), elle est, bien sûr, au cœur du libéralisme « première mouture », celui qui a bercé notre jeunesse.

A cet argument en faveur d’un irénisme qui lui serait constitutionnel, le libéralisme classique en ajoutait un autre, auquel le kantisme (dont on sait l’extraordinaire rayonnement dans toute l’Europe) a donné ses lettres de noblesse philosophique. L’industrie, expliquait-il, et le grand commerce qui en découle, sont fils des Lumières. On le voit au fait que ces activités assagissent les individus qui s’y adonnent, en même temps qu’elles les enrichissent. Elles les forcent en effet, dans leur intérêt même, à réfréner peu à peu une excessive « insociabilité » naturelle qui ne leur valait primitivement rien de bon. En devenant producteurs et échangistes, les hommes voient tout à la fois leur niveau de vie s’élever et leur civilité grandir. Le monde libéral vers lequel on s’achemine ainsi aussi heureusement qu’involontairement, sous l’effet d’une mécanique providentielle fonctionnant au profit de l’humanité, tend vers l’ordre et la paix.

Aux yeux de ce même kantisme – dont on sait, encore une fois, l’impact prodigieux sur l’occidental moyen – les Lumières consignifiaient la paix sur un autre plan encore, moins visible mais plus profond.

Expressives en effet de la reconnaissance historique, tardive mais cruciale, de ce qu’on appellerait aujourd’hui la « scientificité » comme dimension fondamentale de toute connaissance digne de ce nom, elles étaient synonymes, pour cet humanisme, de la réconciliation avec elle-même d’une intelligence humaine trop longtemps déchirée par des conflits dogmatiques insolubles. Grâce aux Lumières, non seulement des estomacs de mieux en mieux satisfaits se disputent de moins en moins, mais les esprits se rapprochent, désormais placés sous la tutelle d’une Raison qui, pour la première fois, leur permet de s’entendre. Ces « intelligences galiléennes réunies » qui tombent dans les bras les unes des autres, ces égoïsmes qui, dans la pratique de l’échange marchand généralisé, finissent par s’entendre à défaut de s’harmoniser, c’est tout le libéralisme dans sa version classique – gros d’une « paix perpétuelle » sur laquelle, un jour, il ne pourra que déboucher !

Plus sensible à l’harmonie économique qu’à l’harmonie intellectuelle du monde à venir, Benjamin Constant exprimait en termes saisissants la conception fondamentalement pacifiste que ce monde a conservé de lui-même jusqu’au milieu du siècle dernier.

Citons « De l’esprit de conquête et de l’usurpation » (1814) : « Nous sommes, écrit Constant, arrivés à l’époque du commerce, époque qui doit nécessairement remplacer celle de la guerre, comme celle de la guerre a dû nécessairement la précéderLa guerre est antérieure au commerce. L’une est l’impulsion sauvage, l’autre le calcul civilisé. Il est clair que plus la tendance commerciale domine, plus la tendance guerrière doit s’affaiblir… Le but unique des nations modernes, c’est le repos, avec le repos l’aisance, et comme source de l’aisance, l’industrie. La guerre est chaque jour un moyen plus inefficace d’atteindre ce but. Ses chances n’offrent plus ni aux individus ni aux nations des bénéfices qui égalent les résultats du travail paisible, et des échanges réguliers. Chez les anciens, une guerre heureuse ajoutait, en esclaves, en tributs, en terres partagées, à la richesse publique et particulière. Chez les modernes, une guerre heureuse coûte infailliblement plus qu’elle ne rapporte ».

On ne saurait être plus clair. Ouvrir un commerce, c’est fermer une caserne. La rationalité moderne a fait ses comptes ; les peuples voient enfin que leur intérêt est d’en finir avec les violents et les despotes, dont les passions leur coûtent trop cher. La négociation va définitivement remplacer les armes. Ce sera tout bénéfice pour l’humanité, qui a fini par le comprendre…

c) Vers l’Etat libéral avancé

Le moins qu’on puisse dire est que le libéralisme, en mûrissant, a gagné en lucidité. Revenu de son irénisme de jeunesse, il ne croit plus aujourd’hui – le rapport en témoigne – que le progrès de la civilisation entraînera la disparition progressive des conflits armés. Mieux, il affirme, dans un retournement à 180°, exactement l’inverse : l’Etat de fin d’histoire, l’Etat mondialiste liquidateur du « pluriversum » schmittien sera, car il doit l’être, radicalement guerrier. Cela, il faut que ses futurs dirigeants le comprennent ; c’est tout l’objet du Rapport que de les en convaincre. Mais il faut aussi qu’ils soient les seuls à le comprendre. L’homme de la rue, en restant l’adepte de l’idéologie libérale « classique » doit, lui, continuer à l’ignorer eu égard au traumatisme moral fâcheux que cette révélation pourrait lui infliger.

d) Les vertus sociales du conflit

Avant d’aller plus loin, dissipons un malentendu possible concernant l’idée – la société politique intrinsèquement guerrière – qui est au cœur du Rapport. Une idée dont les auteurs, on vient de le voir, sont les premiers à mesurer le caractère explosif. Rejeter cette idée, comme elle mérite de l’être, n’implique nullement, bien sûr, le refus de considérer que la guerre soit dépourvue de toute fonction politique et même morale. Je voudrais évoquer un instant ici le thème de la positivité du conflit dans la perspective, traditionnelle, qui lui en reconnaît bel et bien une, pour mieux faire apparaître ensuite, précisément, ce que la doctrine du Rapport a d’insupportable à ce sujet.

Que la guerre soit utile aux Etats en suscitant l’apparition, difficile sans elle, de vertus qui leur sont éminemment nécessaires, est une considération aussi vieille que la philosophie politique elle-même. Autant dire qu’elle nous ramène aux Romains et d’abord aux Grecs, aux yeux desquels la deuxième vertu cardinale, le courage, minimalement exigible de tout citoyen, ne s’acquiert et ne s’actualise pleinement que dans la lutte armée. L’ andreia, comme disaient les Hellènes, suppose concrètement la guerre, qui lui a toujours servi d’humus : on se souvient des développements, justement célèbres, que les Platon, Xénophon, Aristote et consorts consacrent à ce topos. Le chevalier médiéval, qui s’inscrit dans le sillage du miles christianus, lui-même héritier historique du légionnaire et de l’hoplite, doit en avoir les qualités, simplement ordonnées à une fin plus haute. Que serait le Roi trèschrétien lui-même si, cessant de se vouloir soldat, il se dérobait, par là, à sa fonction de défenseur du peuple, fonction plus importante encore que celle de juge et de bienfaiteur de ses sujets ? Le vieux réflexe (« il leur faudrait une bonne guerre ! »), qu’avive toujours le spectacle des parasites sur-gâtés, à la fois immoraux et associaux, proliférant dans les rues de nos cités, ne fait qu’exprimer crûment la conviction, tout à fait fondée, que l’homme risque fort de dégénérer s’il n’est soumis à l’obligation de se transcender, dont l’affrontement militaire constitue sinon la seule, du moins la plus palpable occasion.

J’irai plus loin, incité à le faire par la théologie elle-même, loin d’être muette sur la question. Saint Augustin déclare quelque part que Dieu, dans sa Sagesse, a « préféré tirer le bien du mal que de faire en sorte qu’il n’y ait aucun mal ». En disant, dans le même sens, que « l’Eden n’est que l’ombre d’une vie meilleure » (donc une préfiguration imparfaite du Royaume), il ré-attire notre attention sur le caractère finalement « heureux » d’une Faute sans laquelle l’homme et, j’oserai le dire, Dieu lui-même seraient demeurés « indéveloppés », seraient restés, en quelque sorte, en deçà de leurs possibilités respectives.

Pour que l’Infini le soit vraiment, pour qu’il ne trouve pas dans le fini une limite annulant, comme telle, son infinité, il faut qu’il descende en ce dernier, l’épuise, en boive la coupe, s’il le faut, jusqu’à la lie ; ce qui n’est possible que si le péché lui en donne l’occasion, péché par lequel l’homme lui-même a commencé par descendre plus bas que terre, initiant en quelque sorte le mouvement rédemptif. Pour le Christianisme, l’Incarnation est l’Evénement absolu – plus important que la Création du monde elle-même. Sa cause, c’est le Mal, qu’il Lui faut assumer jusqu’à la moelle, sous peine de ne pas l’assumer du tout. Ce qui veut dire que la guerre est, en effet, « divine » : c’est elle qui, en tant que manifestation maximale du péché, donne à l’Infini l’occasion de se réaliser, en se contraignant sublimement, par elle, à aller jusqu’au bout de Lui-même. Loin donc que la théologie ait à se boucher les oreilles au son du canon, ou à faire mine de ne pas l’entendre, elle est la seule au contraire, à pouvoir en justifier radicalement les tumultes.

e) La guerre est-elle « nécessaire » ?

Mais affirmer qu’il y a dans la guerre – cette « retombée » majeure de la Faute – quelque chose de positif, ce n’est nullement dire, comme le Rapport le voudrait, qu’elle est nécessaire à la société politique, en tant qu’impliquée dans son existence même et sa « stabilité ». Prétendre la guerre nécessaire à l’Etat, comme la respiration l’est à la vie de l’homme ou l’essence à la marche de la voiture, ce n’est pas retrouver le thème, profondément traditionnel, qui vient d’être évoqué : c’est, au contraire, en produire une caricature signifiant son rejet total. Car enfin, si la paix est « indésirable », que devient l’alternative classique guerre juste/guerre injuste ? Si la première, parce que licite, est praticable, voire exigible, c’est bien que parce que l’autre, contraire au Droit, doit être évitée ! Autre chose de trouver dans la guerre (jamais « bonne », à raison des souffrances et des malheurs qu’elle entraîne pour les innocents) l’occasion de « compenser », mystérieusement, le péché dont elle est le fruit ; autre chose de la déclarer, froidement, inhérente à la politique, quitte à ce que celleci, dans son propre intérêt, ait à en rationaliser l’usage.

Ce sont bien ici deux visions du monde qui s’affrontent. La seconde, qui inspire le Rapport, est devenue aujourd’hui si envahissante qu’elle ne se rend même plus compte qu’il en existe une autre. Elle s’universalise naïvement, de façon typiquement américaine, sans s’aviser un instant que le point de vue dont elle procède n’est que celui de l’ « Ėtat moderne », dont le gouvernement mondial à venir est le dernier avatar.

Si l’erreur du Rapport consiste à confondre cet Ėtat – indûment absolutisé – avec l’Ėtat tout court, sa force n’en est pas moins de comprendre que la vraie logique de l’Ėtat moderne étant la guerre, la philosophie du premier libéralisme était superficielle et fausse. En réalité, dans le Rapport, c’est l’Ėtat moderne qui, sans le savoir, fait son auto-portrait. Le discours polémologique de ses auteurs n’est que le corollaire d’un concept global qu’il faut maintenant, puisqu’ils sont incapables de le faire, dégager à leur place.

(Suite au prochain numéro)

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Colloque de Bonnelles (20-21 octobre)

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Guerre des civilisations en Europe (2ème partie) Pr Maciej Giertych

Résumé : Après avoir distingué leur civilisation des autres traits qui différencient les hommes (langue, race, religion, cf. Le Cep n° 40), M. Giertych en vient maintenant à décrire les civilisations présentes en Europe.

La Pologne appartient à la civilisation latine où le droit civil joue un rôle majeur ce qui permet de multiples niveaux d’initiative entre l’individu et l’Etat.

Ainsi s’explique la grande différence avec la Russie, de même ethnie slave, mais qui relève de la civilisation « touranienne », celle des steppes, où la volonté du chef tient seule le rôle de loi. Ainsi les rapports entre éthique et politique seront-ils fort différents de l’une à l’autre de ces deux civilisations distinctes.

Exemples de civilisations

Lorsqu’on étudie les civilisations, il faut trouver ce qui est permanent en elles au travers des générations. Les dispositions temporaires ne peuvent être considérées que comme des essais et, si elles ne se maintiennent pas pendant plusieurs générations, elles ne définissent pas la civilisation.

Souvent des civilisations adoptent des mesures venant d’autres civilisations, mais généralement elles s’avèrent incompatibles avec les normes régissant la société. Les mélanges de civilisations échouent invariablement.

Lorsque des civilisations vivent côte à côte, elles sont séparées soit par des frontières politiques, soit par quelque forme d’apartheid empêchant le mélange. A défaut d’apartheid, la question clé est : »qui élève les enfants de qui ? » La plupart des civilisations (mais pas toutes) veulent civiliser les autres, c’est-àdire que nous essayons de faire adopter par les autres peuples les normes que nous considérons les meilleures.

Les normes adoptées par la génération suivante décident du succès ou de l’échec de la défense et de l’expansion de notre propre civilisation. Il est arrivé dans le passé que les vainqueurs d’un conflit militaire adoptent la civilisation du peuple conquis. Ceci se produisait généralement lorsqu’ ils se mariaient avec les femmes du pays en leur permettant d’éduquer les enfants.

Comment fonctionnent ces relations entre civilisations est bien démontré par l’exemple de la Pologne qui, il y a mille ans, adopta la civilisation latine, mais qui, pendant toute son histoire, a subi la pression d’autres civilisations : byzantine et touranienne de l’extérieur, juive de l’intérieur. Permettez-moi de commencer par la description de la civilisation latine que Koneczny, comme moi-même aujourd’hui, pensons être la nôtre. Puisque nous la considérons comme la meilleure, nous aimerions que tout le monde l’adopte.

La civilisation latine

La Pologne fait partie de la civilisation latine depuis plus de mille ans. Cette civilisation s’est développée sur le socle de la Rome antique, mais sous l’influence de la morale de l’Église catholique. L’Église catholique opère dans de nombreuses civilisations et partout elle élève les sociétés vers certaines notions civilisatrices. L’adoption du catholicisme n’entraîne pas nécessairement l’adoption de la civilisation latine. C’est seulement dans le cas des sociétés sacrales (e.g. brahmane ou juive) que la conversion au catholicisme signifie automatiquement que le converti doit abandonner non seulement sa précédente religion, mais aussi la civilisation qui l’accompagne ; c’est pourquoi la chose est si difficile. Dans les autres civilisations, l’acculturation se réalise, c’est-à-dire l’adoption par la foi catholique de tout ce qui, dans la civilisation, est acceptable et le rejet seulement de ce qui ne l’est pas. L’adoption de la civilisation latine n’était pas nécessaire, mais la Pologne, en rejetant le paganisme en 966, se jeta dans les bras de la civilisation latine. Elle devint rapidement partie de l’Occident, héritière des deux Rome, l’antique et la chrétienne.

Chaque civilisation a sa propre méthode de développement spirituel, matériel et intellectuel. Dans la civilisation latine, cela se fait sur le fondement de la morale chrétienne. Le Décalogue est obligatoire, toujours et partout, dans tous les domaines de la vie privée et publique, de même que dans les relations internationales. Ainsi ni la politique ni la guerre ne sont affranchies des contraintes morales. C’est ce qui nous distingue des civilisations byzantine et touranienne (de l’Allemagne et de la Russie respectivement).

Dans la civilisation latine, l’éthique est source des lois, entraînant un essor de la moralité. Le Décalogue imposait des interdits, définissait le péché et menaçait de la colère de Dieu. Le Sermon sur la Montagne donnait des conseils, définissait les vertus, appelait à aimer Dieu et le prochain. Ceci correspondait à une augmentation des exigences et à une élévation de la motivation à être bon. Le Décalogue n’était pas aboli, mais on s’éloignait de la lettre de la loi et on se tournait vers l’intention du Législateur. Dans l’histoire de la civilisation latine, nous avons une augmentation constante des exigences éthiques et une perfection continue des lois fondées sur ces exigences croissantes. Autrefois les duels étaient la norme, ils étaient considérés comme une sorte de jugement de Dieu. Maintenant ce sont des péchés. L’esclavage fut, un temps, tenu pour acceptable; aujourd’hui nous frissonnons rien que d’y penser.

Il y avait autrefois obligation morale de venger le tort fait à un parent (vendetta). Aujourd’hui il est immoral de se faire justice soi-même. La vie apporte sans cesse de nouveaux problèmes, demandant de nouvelles définitions des normes basées sur la morale : grèves, bébés-éprouvette, impôt progressif, ceintures de sécurité dans les voitures… Il n’est pas nécessaire d’inscrire dans la loi tout ce qui est défini par l’éthique, mais toute nouvelle loi doit tenir compte des considérations morales. Chaque génération transfère quelque chose de l’éthique dans la loi. Cependant, lorsque une chose contraire à l’éthique, auparavant interdite par la loi, est décriminalisée (avortement, divorce, homosexualité) nous la considérons comme une régression de la loi, comme un recul de la civilisation. Seul un progrès des exigences légales est acceptable.

Le niveau est constamment relevé par les saints; ce qui est vertu héroïque pour une génération devient norme morale pour une autre et finalement passe en loi.

Dans la civilisation latine le système légal comprend simultanément des lois privées et des lois publiques. Les premières se sont formées dans les familles, les secondes dans les cités, c’est-à-dire dans des sociétés sans liens de parenté. Aucune ne domine l’autre. La loi privée règne dans les traditions familiales, dans les divers clubs et organisations, dans les coopératives, les partis politiques, les syndicats, les associations professionnelles, etc. L’État n’intervient pas (ou ne devrait pas intervenir) dans ces normes, statuts et règlements institués et adoptés par les partenaires privés. D’un autre côté, les lois étatiques règlent les relations entre les peuples, assurant la sécurité interne et externe.

Dans cette civilisation la relation entre les droits et les libertés dépend du principe selon lequel la liberté de l’un s’arrête là où commence le droit d’un autre. La doctrine de Paweł

3 sur les droits des païens est venue de là; elle est Włodkowic

venue du principe de l’amour du prochain. C’est sur ce principe que l’union de la Pologne et de la Lituanie fut bâtie.

3 Paweł Włodkowic, recteur de l’Université Jagiellon à Cracovie, fut un des délégués polonais au Concile de Constance (1414-18). La Pologne et les Chevaliers Teutoniques avaient alors un différend sur la manière de traiter les païens. Les Chevaliers faisaient la guerre aux païens lituaniens, y compris aux Lettons et aux Prussiens (groupe ethnique maintenant disparu, relié aux Lettons et aux Lituaniens) avec le soutien de l’Empereur germanique et de chevaliers de toute l’Europe. Lorsque la Pologne et la Lituanie fusionnèrent (le prince Jagiello épousa la reine de Pologne et devint roi des deux pays réunis) et que les Lituaniens adoptèrent le christianisme, la raison d’être des Chevaliers disparut. Mais ils continuèrent à guerroyer contre les Lituaniens et les Polonais qui les soutenaient, prétendant que leur christianisme était déficient. Au Concile, Włodkowic défendit au nom de la Pologne l’idée que les païens aussi ont des droits et qu’ils doivent être respectés; que le baptême doit être libre et non imposé par conquête militaire. Cette conception fut adoptée par le Concile et devint la norme du monde catholique, mettant un terme à l’idée de combattre les païens afin de promouvoir le christianisme. Ceci montre bien comment se développe la moralité dans la civilisation latine.

Toute union au sein de la civilisation latine n’a de chance de durer que si elle respecte ce principe.

Dans la civilisation latine, la tolérance religieuse est obligatoire, de même que la séparation entre les autorités civiles et religieuses. Il n’y a cependant pas de tolérance pour le mal. L’indifférence morale, dans l’éducation ou les services de santé par exemple, n’est pas acceptable.

La monogamie est obligatoire; c’est seulement avec elle que la propriété privée est possible. Chaque union conjugale est la création d’une nouvelle entité économique. Les jeunes mariés cessent de faire partie de l’entité économique de leurs parents pour en former une nouvelle. Avec la polygamie, ce changement ne se produit pas : la propriété appartient au clan, à la communauté, au patriarche. Le Christ, en élevant le mariage au rang d’un sacrement, en insistant pour qu’il soit monogame et indissoluble, donne par là même sa liberté économique à chaque nouvelle famille.

La force de la civilisation latine tient à sa capacité de s’organiser et de se corriger elle-même, d’agir à partir d’en bas et de fonctionner de façon organique. C’est pourquoi la vie locale est très importante : les conseils, les élections, les coopératives, les comités d’initiative, les unions de crédit et autres. Lorsque la vie locale est riche, il est possible de réduire au minimum le rôle du gouvernement.

Dans l’armée, dans les infrastructures de communication, dans les affaires étrangères, une direction centrale du sommet jusqu’en bas est essentielle ; mais dans les autres domaines c’est un obstacle.

Lorsque la vie politique se construit à partir d’en bas, des inégalités se produisent. Elles sont la conséquence des différentes solutions apportées par les communautés pour traiter leurs affaires, des différents efforts faits pour résoudre les problèmes. Devant ces inégalités la tendance est à essayer de rattraper ceux qui ont le mieux réussi, qui sont plus riches, plus instruits et meilleurs. Cette inclination à égaler les meilleurs, élève matériellement, intellectuellement et spirituellement. Inversement, l’égalitarisme, l’égalité imposée d’en haut par le gouvernement, réduit les gens à un dénominateur commun, à un niveau inférieur.

Il gaspille l’effort humain et son ingéniosité; il affaiblit la volonté de s’améliorer. Personne n’aime trimer pour les autres, pour ceux qui ne veulent pas travailler. Ainsi l’acceptation des inégalités est un trait majeur de la civilisation latine et un moteur de son progrès.

La maîtrise du temps est très développée dans la civilisation latine. Le temps est quelque chose de précieux ; on doit en prendre grand soin ; il doit être utilisé efficacement et économisé. Il existe un lien entre les générations, une conscience historique et une responsabilité commune envers le passé et l’avenir. C’est seulement dans la civilisation latine que les nations, telles qu’on les comprend en Pologne, se développent, c’est-à-dire comme une union naturelle et spirituelle fondée sur la libre volonté. Cette union crée des responsabilités et des droits communs; elle est intemporelle.

La conception polonaise de la nation

En polonais le mot « nation » a un sens très particulier, inconnu des autres langues. Dans les langues de l’Europe de l’Ouest « nation » est équivalent à citoyenneté, au passeport détenu. Elle est aussi comprise dans le sens ethnique d’un peuple utilisant une certaine langue. Mais pour nous, Polonais, le mot « nation » a un contenu à la fois intellectuel et sentimental. Il va au-delà du langage et de la citoyenneté. Pendant plusieurs générations[23] nous n’avons pas eu d’État, nous n’avions pas de citoyenneté polonaise, mais nous demeurâmes la nation polonaise. Une citoyenneté étrangère nous fut imposée, mais nous n’avons pas accepté de nationalité étrangère.

Ce qui nous lie est une conscience légale commune, une structure sociale commune, une morale commune, une civilisation commune. Nous constituons une culture séparée au sein de la civilisation latine.

On pourrait demander: est-ce que les Tziganes appartiennent à la nation polonaise ?

Nous utilisons la même langue, nous avons la même religion et nous sommes citoyens du même pays. Et pourtant je suis sûr que la plupart des Polonais comme des Tziganes polonais répondront par la négative. Nous dirigeons nos vies selon des lois différentes, nous avons une structure sociale différente et nous avons une attitude différente envers la morale. Pour ces raisons nous considérons les Tziganes, et ils se considèrent ainsi euxmêmes, comme une minorité ethnique ou culturelle.

Lorsque Roman Dmowski[24] envoya à l’imprimeur son

Myśli nowoczesnego Polaka (Pensées d’un Polonais moderne), en 1904, il demanda que le mot Żyd (juif) soit écrit avec une majuscule. Pour cela il fut accusé d’antisémitisme. A cette époque les juifs étaient considérés comme un groupe religieux et pour cette raison żyd était écrit en bas de casse comme pour toutes les dénominations religieuses en polonais. Mais pour Dmowski, les juifs représentaient une nation séparée. Aujourd’hui les juifs euxmêmes veulent qu’en polonais on écrive leur nom avec une majuscule (Żyd) car ils se sentent plus comme une nation que comme une religion.

Par contre personne ne penserait à considérer les évangéliques polonais comme une nation séparée. Mais à propos des Ruthéniens nous parlons de gente Ruthenus natione Polonus (d’origine ruthénienne mais de nation polonaise). Ceci s’applique à tous ceux qui acceptent les mêmes principes légaux, la structure sociale et la civilisation.

Un des facteurs importants liant une nation ensemble est la conscience historique commune ou « l’historicisme » comme l’appelait Koneczny. Ceci fait appel à une tradition de vie publique commune (distincte de la mémoire dynastique ou familiale), au culte envers un passé commun, et à la responsabilité collective à l’égard du passé et de l’avenir.

Selon Koneczny, la conscience nationale apparut en

6. C’est à ce Pologne durant le règne de Władysław Łokietek moment que se manifesta le désir général de rassembler les principautés ayant une histoire et une langue communes en un État unique. En France, cette prise de conscience apparut avec Jeanne d’Arc. En Angleterre, elle eut lieu au 16ème siècle devant le danger de l’Armada espagnole. Les Allemands commencèrent à se sentir une nation lorsqu’ils se défendirent contre Napoléon. En Italie, il fallut attendre la seconde partie du 19ème siècle. Cette conscience nationale ne s’éveille pas contre n’importe qui, mais elle peut apparaître par réaction contre un ennemi. Elle doit naître du sentiment d’avoir quelque chose en commun méritant d’être défendu.

Dans la formation d’une nation un grand rôle est joué par la littérature. Les Anglais se rassemblèrent autour de Shakespeare et les Italiens autour de Dante, curieusement 500 ans après sa mort. L’amour de la langue est un trait constant d’une nation. On peut connaître beaucoup de langues, mais chaque homme n’a qu’une langue qui est la sienne propre, sa langue maternelle. Il arrive que l’on ait une médiocre connaissance de sa propre langue, par exemple chez divers émigrés, spécialement dans les générations ultérieures, mais le seul fait d’avoir une langue que l’on chérit comme la sienne, non en un sens utilitaire mais émotionnellement, indique que l’on appartient à une nation particulière.

La notion de nation est aussi liée à l’amour d’un lieu particulier sur terre, d’une région traitée comme la sienne propre, comme sa « patrie ».

Une nation est une grande famille, une patrie, un patrimoine commun. Toutefois une nation ne se formera pas tant que persiste un système de clan. La famille nucléaire doit être libre, émancipée du clan. Il doit y avoir respect de la propriété privée.

6 Władysław Łokietek (1260-1333). La Pologne était alors divisée entre de nombreux fiefs gouvernés par les membres de la dynastie Piast. Łokietek les rassembla pour combattre ensemble contre les Chevaliers Teutoniques, établis dans ce qui est maintenant le nord de la Pologne.

Les gens doivent se sentir libres. Ils doivent agir de façon organique, à partir d’en bas et non selon une mécanique entièrement réglée d’en haut. C’est ainsi seulement qu’une nation se forme comme le fruit d’une volonté et d’une conscience communes qui soient libres, et sans aucune contrainte de s’unir.

Une nation n’est donc pas la conséquence anthropologique ou biologique de l’usage d’une certaine langue ou de l’occupation d’un certain endroit. C’est un produit de la volonté humaine ; c’est l’œuvre de bien des générations. Elle est une fusion véritable parce que ses membres veulent fusionner. C’est la nation qui fait l’État ; un État ne fait jamais une nation. Ainsi tous les pays post-coloniaux, les Nigeria, Tanzanie, Rwanda[25] ou Angola ne donneront jamais une nation. Jamais une entité comme la Yougoslavie ou l’Union soviétique n’est devenue nation. Il n’existera jamais de nation européenne.

De nouvelles nations se forment pourtant, comme par exemple les États-Unis, composés surtout d’immigrants venus d’Europe. Ces immigrants, arrivant en Amérique du Nord, se considèrent généralement comme des membres de leur nation d’origine, parfois pendant plusieurs générations. Mais la reconnaissance des libertés, de la tolérance, de l’autorité de la loi, du mode de vie comme quelque chose de précieux, digne d’être défendu et exporté, conduit à la conscience nationale.

Ceci n’arrive qu’après acceptation de la langue, de l’histoire et des lois comme les siennes propres. Un tel processus est fréquent dans la civilisation latine : les immigrants s’intègrent et acceptent la nationalité de l’État adopté comme la leur.

Il n’est pas possible de former une nation artificiellement. Une nation se forme à partir de la conscience d’une liberté civique, d’une volonté commune venue d’en bas vers une organisation commune conforme à une tradition spécifique. Koneczny définit la nation comme une association civilisatrice personnaliste, ayant une patrie et une langue communes.

Chacun naît dans une civilisation avec une situation sociale, ethnique et religieuse particulière. On hérite de certaines valeurs.

Si l’on doit hériter d’une nation, d’une conscience nationale, alors il y aura une impulsion pour l’enrichir, pour augmenter sa valeur. On essaiera de laisser derrière soi plus que ce que l’on a reçu. Ceci parce que la conscience nationale déborde les générations. Il n’y a pas de nation sans histoire, sans le besoin de préserver et d’enrichir l’héritage pour les générations futures. Ce besoin, c’est le patriotisme.

Le patriotisme est la tendance à enrichir la nation par son travail et ses efforts intellectuels et à être prêt à faire des sacrifices pour défendre l’héritage national. Ainsi défini, le patriotisme n’est jamais un danger pour les nations voisines. Les patriotismes voisins impliquent la paix éternelle. Lorsque l’on essaie de s’enrichir au détriment d’autrui, au prix de l’assujettissement et de la soumission des peuples voisins, ce n’est pas le patriotisme mais sa pathologie. C’est une compréhension pathologique de la conscience nationale. De façon similaire, l’amour de sa famille et le souci de ses besoins ne créent pas de problème pour les voisins. Mais le népotisme, l’égoïsme familial, le vol des voisins sont en contradiction avec les vertus familiales.

Notre patriotisme polonais n’a jamais été un danger pour nos voisins. Nous reconnaissons leurs droits malgré le fait qu’ils ont souvent violé les nôtres. Ils ont violé nos droits parce qu’ils n’ont pas de conscience nationale ou parce qu’elle est immature. La façon polonaise de comprendre la nation est une valeur qui mérite d’être préservée. C’est quelque chose de très concret, très positif et très noble que nous aimerions proposer à tous les peuples du monde, une idée digne d’être exportée.

C’est très, très différent du nationalisme compris comme la haine de ce qui est étranger. Notre glorification des vertus nationales est souvent assimilée à tort à l’Ouest, à cause de traductions fautives, au nationalisme. Ce n’est rien de cela.

Koneczny considérait que la civilisation latine était la plus haute parce qu’elle était la plus exigeante envers ses membres. Si elle n’est pas défendue, s’il n’y a pas d’effort pour la faire avancer, les civilisations inférieures prendront le dessus, inférieures signifiant moins exigeantes. Les essais de mélange de civilisations, de syncrétisme, aboutissent à un état de non civilisation et en fait à la victoire de la plus médiocre. Pour qu’une civilisation exigeante survive il faut qu’elle soit consciemment défendue et soutenue. On doit faire effort pour que les autres acceptent ses valeurs; cela demande un zèle évangélique.

Koneczny pensait aussi que l’idée de nation était très fortement implantée dans le peuple polonais, et il souhaitait que nous autres, Polonais, en diffusions la compréhension.

La civilisation touranienne

La civilisation touranienne fut créée par les Mongols de Gengis Khan. Sa caractéristique première est d’être une organisation militaire adaptée à la guerre de mouvement. Les mots qui la décrivent le mieux sont : camp, mouvement, espace. Pour cette raison les liens familiaux sont très lâches dans cette civilisation.

Cette civilisation n’a pas de droit public. Il n’y a qu’un droit privé provenant des ordres du chef. L’État est la chose du chef et sa volonté la loi du pays; la société n’a aucun droit en propre. Elle ne peut pas s’organiser elle-même car c’est la responsabilité de l’État de le faire.

Ainsi toutes les organisations sont dirigées d’en haut et toute initiative d’en bas est brisée. Le pouvoir est absolu et le chef idéal un despote impitoyable. Chacun est vis-à-vis de son supérieur un esclave ou un serviteur ; il n’existe pas de citoyen. En Occident le citoyen vit éventuellement dans son État, un touranien ne vit que dans son État.

Tout est affaire d’État et il n’y a aucun domaine que le touranien puisse appeler le sien. Toute la propriété appartient au chef et on ne peut être que locataire d’une propriété quelconque. D’ailleurs la location peut être révoquée à tout moment, au bon plaisir du chef, qui a le droit de déposséder n’importe qui[26]bis.

Toute l’organisation de la vie est de nature militaire, basée sur les ordres reçus d’en haut et donc centralisée au maximum. L’administration sert le chef et non le peuple ; elle agit au nom du chef et c’est devant lui qu’elle est responsable, jamais envers le peuple dont elle s’occupe[27]ter. Ainsi toute la vie est très mécanique, comme dans une armée, sans éléments organiques.

Puisque l’organisation sociale est adaptée à la guerre, elle ne se développe que lorsque l’État est vainqueur, qu’il a le pouvoir militaire et le succès. Sans succès militaire, pas de nouvelles acquisitions, l’État périclite ou même se désintègre. Ainsi le principal effort social est dirigé vers l’édification d’une capacité militaire.

Dans la civilisation touranienne, des nations au sens européen ne se forment pas. Il n’existe que des conglomérats de peuples, de clans et de races. Tous sont liés par l’étoile d’un chef victorieux. Témoudjin, le premier khan universel ou « Gengis » Khan des Mongols, rassembla des peuples de races, ethnies et croyances différentes en une armée victorieuse qu’il conduisit à la conquête du monde. Où qu’il mit le pied, il organisait la vie sur le mode militaire, laissant ses lieutenants comme chefs locaux. Beaucoup de ceux-ci s’émancipèrent de la tutelle mongole et restèrent comme chefs absolus agissant de la même manière. Fréquemment, les peuples ainsi organisés prirent leur nom de leur chef militaire : les Seldjoukides, les Nogais, les Osmans et d’autres.

Dans cette civilisation un rôle significatif est joué par le romantisme et les légendes entourant la mémoire d’un chef victorieux.

En l’absence de chef fort, le temps des troubles arrive; c’est la désorientation et l’amollissement, personne ne sait quoi faire. L’émergence d’un nouveau dictateur met fin au temps des troubles et indique le retour à la normalité.

Dans la civilisation touranienne, l’attitude envers la religion est pratiquement inexistante. Ce à quoi les gens croient est totalement indifférent au chef, aussi longtemps que le clergé n’intervient pas dans le gouvernement, que la religion ne se mêle pas des affaires de l’État et qu’il n’y a aucune critique du chef sur aucun sujet. Le chef n’étant lié par aucune éthique, il ne doit pas être jugé d’un point de vue moral.

Aujourd’hui c’est en Russie que l’on voit le plus clairement la civilisation touranienne[28]. Là bas, le gouvernement par un seul est la norme, que ce soit un khan, un tsar, un premier secrétaire ou un président. Il est aimé et accepté surtout si son gouvernement est libre de toute contrainte. Ce doit être un gagnant, car le peuple touranien n’accepte pas d’avoir un perdant comme chef. Il doit donc prouver l’expansion constante de son empire et de son influence. Il n’est jamais critiqué ni contesté. Nous ne devons pas attendre que la Russie accepte soudain un régime démocratique, car le peuple ne l’espère pas. Si on leur demande de voter, ils le feront comme le chef leur dira de le faire. Et, bien entendu toute opposition sera écrasée. Un bon exemple de la façon russe de penser est la fameuse déclaration du tsar Nicolas II après que la flotte de la Baltique eut été entièrement coulée dans la célèbre bataille de Tsoushima en 1904, durant la guerre avec le Japon. Face au tollé de la presse occidentale disant que c’était une faute d’envoyer la flotte de la Baltique à l’autre bout du monde dans les eaux japonaises, le tsar déclara:  » Que veulent ces imbéciles et de quoi se mêlent-ils? C’était ma flotte! »

Treize ans plus tard le tsar abdiquait et était ensuite tué par les bolcheviques, mais aujourd’hui il est considéré comme un saint et un martyr en Russie. Il est aimé en dépit de toutes ses insuffisances. Les bolcheviques revinrent vite au même mode de gouvernement despotique et même Staline est évoqué avec nostalgie par beaucoup. Les règnes de Mikhaïl Gorbatchev et de Boris Ieltsine furent des « temps de troubles. » La propriété de l’État devint la propriété privée des oligarques.

Mais maintenant nous avons Poutine. Le tsar est revenu, il a dépouillé les oligarques et la Russie est rentrée dans l’ordre, l’ordre touranien. Pour rester sur le trône, le chef doit obtenir des succès ; aujourd’hui ce peut être une influence sur les pays qui achètent le gaz et le pétrole russes. Il y aura de plus en plus de tentatives pour regagner la domination sur les pays perdus par la Russie sous Gorbatchev et Ieltsine.

La Pologne a déjà été confrontée à la civilisation touranienne sous sa forme primaire mongole au 13ème siècle. Mais ceci ne fut qu’un contact transitoire: ils sont venus, nous ont conquis et vite quittés. Ils n’ont laissé que quelques souvenirs folkloriques tels que la sonnerie de clairon interrompue à la tour de l’église mariale de Cracovie et le Lajkonik.[29] Plus tard, cependant, nous avons eu un contact plus sérieux avec la civilisation touranienne et, en fait, avec quatre de ses cultures, la Tatare, la Turque, la Cosaque et la Moscovite. Chacune d’elles nous a influencés d’une manière différente et parfois de façon très heureuse. Tout à fait en dehors des contacts militaires qui, en général, protègent contre de telles influences, il y eut une période en Pologne pendant laquelle nous fûmes très attirés par le modèle turc. La Turquie, par sa puissance, était impressionnante de même que par la richesse de la cour ottomane. En particulier, au 19ème siècle, alors que nous n’existions pas comme État, la Turquie ne reconnut pas le partage de la Pologne et accueillit nombre de nos émigrés.

Des Polonais trouvèrent des situations lucratives en Turquie et atteignirent des situations élevées. C’est alors que la Turquie fut à la mode: il était chic de s’habiller à la turque et d’imputer notre mort politique à l’absence d’une forte organisation militaire dans la Pologne d’avant le partage. L’influence cosaque fut un moment aussi très forte, spécialement pendant le 17ème siècle.

L’amour des steppes, du mouvement continuel, de l’affranchissement de la vie commune, s’avéra prometteur à plus d’un aventurier voulant organiser son propre groupe militaire, son propre mini-État, toujours assis sur la selle de son cheval. Ceci restait possible dans les plaines orientales largement inhabitées de ce qui est maintenant l’Ukraine. Il y avait une grande part de romantisme dans ce genre de vie de brigand, sans souci, mais qui finalement n’était rien d’autre que du banditisme. Pourtant, les confrontations militaires occasionnelles avec des bandes similaires de Tatars, de Cosaques ou de Turcs ajoutèrent un parfum de patriotisme à cette activité.

L’influence de la culture moscovite fut beaucoup plus sérieuse. Elle donna naissance à ce que l’on appelle en Pologne le « sarmatisme » ou attitude de quelques magnats de la frontière orientale se conduisant en potentats absolus sur leurs domaines avec une irresponsabilité totale envers l’État. Ces magnats, selon la taille et la richesse de leurs domaines, se comportaient souvent en princes indépendants: ils avaient leurs propres forces militaires, leurs propres lois et même, souvent, leur politique étrangère indépendante, comme ce fut le cas de certains magnats des familles Radziwiłł ou Pac. Ces magnats, s’ils le voulaient, s’avéraient une bénédiction pour leur entourage, et ils l’étaient souvent; mais ils pouvaient devenir un fléau parce qu’ils se sentaient, et étaient vraiment, au-dessus de la loi. Tout ceci à cause de la puissance de leurs domaines et de la faiblesse de l’État. A une époque plus récente, dans la première moitié du 20ème siècle, le camp politique du maréchal Piłsudski fut très influencé par le point de vue touranien.

Nous parlons de son camp politique plutôt que d’un parti:

les autres mouvements politiques se distinguaient par leur idéologie, socialistes, nationaux démocrates, démocrates chrétiens, etc. Les partisans du maréchal Piłsudski s’appelaient eux-mêmes les Piłsudskites.

Ils étaient liés par une organisation militaire, fonctionnant selon les ordres donnés par le maréchal ou en son nom. La pensée individuelle était découragée : le chef en savait davantage. Les Piłsudskites se considéraient comme au-dessus de la loi. Ils montèrent un coup d’état en mai 1926, et gouvernèrent jusqu’en 1939 en ignorant toutes les lois. Ils malmenèrent, tuèrent ou emprisonnèrent les opposants politiques. En même temps, ils chérissaient une sorte de romantisme militaire, la grande mobilité, l’abnégation, le patriotisme et montraient de l’indifférence religieuse.

Durant l’époque soviétique (1944-1989) nous résistâmes fortement aux influences de l’Est. Presque instinctivement nous rejetions tout ce qui en provenait. Cependant la légende du maréchal Piłsudski se développa et l’admiration pour son style de gouvernement. Beaucoup de gens aujourd’hui rêvent d’un bras fort, fatigués qu’ils sont de l’incertitude politique de la démocratie, des élections et de la politique des partis. Ceci constitue un grand danger pour notre identité, pour plusieurs raisons. D’abord c’est une philosophie politique qui décourage la pensée (qu’elle abandonne aux dirigeants). Une telle attitude est nécessaire dans l’armée, où la responsabilité est clairement hiérarchique et où on n’a pas de temps pour philosopher. Dans la vie courante nous avons normalement besoin d’utiliser notre raison pour juger; tout ce qui tue la pensée diminue en nous la civilisation.

Ensuite, l’adoption de la façon de penser touranienne aboutit à la recherche perpétuelle d’un chef fort, au sacre vain du premier venu comme sauveur envoyé par Dieu, à qui on donne la responsabilité pour tout. Bientôt vient la déception, parce qu’il n’a pas été à la hauteur et qu’il n’a pas su quoi faire. Dans notre civilisation latine, le dirigeant doit avoir le soutien de citoyens pensants, inventifs, et pas seulement d’exécutants disciplinés de sa volonté.

Les bons chefs sont difficiles à trouver. Beaucoup plus fréquemment nous devons compter sur une équipe et nous devons être capables de travailler ensemble, la créativité de chaque membre faisant avancer la cause commune.

Finalement, la pensée touranienne tue tout effort organique venant d’en bas. Beaucoup pensent que ce qui est utile ne peut venir que d’en haut, du gouvernement central. Ils luttent alors pour le privilège de gouverner. Pourtant c’est une caractéristique de notre civilisation que la capacité à se corriger elle-même à partir d’en bas. Elle encourage un chacun à faire tout ce qui est possible pour améliorer la vie autour de lui. Les bonnes idées devenues des améliorations effectives se répandront d’ellesmêmes en étant copiées. Ceci ne se produit jamais dans la civilisation touranienne. Tout progrès doit avoir été approuvé d’en haut avant de pouvoir être appliqué. Les chefs touraniens dont on garde en mémoire la grandeur sont ceux qui introduisirent de tels progrès et ceux qui agrandirent le royaume, peu importe la brutalité ou l’inhumanité qu’ils apportèrent à l’obtention de ces succès.

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Réservez déjà cette date : 1er mars 2008

Journée du CEP à Paris

Les Fondamentaux de la Survie

Conférences prévues :

Michel Georget

La vaccination : assurance ou déchéance ?

Henri de Roissart

Résister par l’alimentation, de la conception à la mort

Douchenka Karac

Les clés de l’équilibre psychique

Frère Maximilien-Marie

L’homme ne vit pas seulement de pain

A la Maison Nicolas Barré, 83 rue de Sèvres (6°)

Programme détaillé et feuille d’inscription avec le

prochain numéro

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BIBLE

Le temps des « présents » corrupteurs Yves Germain

Présentation : Il n’est ni interdit ni inutile de lire les temps que nous traversons à la lumière de l’Apocalypse, car bien des versets semblent s’y appliquer. Savoir que Babylone tombera, cette « Babylone la grande qui a abreuvé toutes les nations du vin de son iniquité », nous incite en effet à résister aux suggestions toutes païennes d’une société qui uniformise les nations en une cité de l’Homme oublieuse de la cité de Dieu.

La multiplication des « présents », sous diverses formes et à tous propos, en est un signe remarquable : nombreux sont les versets bibliques à nous mettre en garde contre ces présents corrupteurs dont les colonnes des journaux, comme nos boîtes-à-lettres, sont quotidiennement remplies. Mais la croissance de l’iniquité connaîtra un terme et « toute chair verra le salut de Dieu ».

Ne soyons pas trop surpris, quand nous apprenons qu’une religieuse a eu la vision d’un « krach financier » mondial …Même des incroyants ayant des postes importants s’inquiètent… La Télévision nous avait montré, en octobre 1994 (Arte), combien Monsieur Ergas, alors numéro 2 de la société Péchiney, craignait pour l’avenir de l’Europe face au chômage. L’Ecriture va plus loin, dans un langage symbolique, il est vrai. Nous pouvons cependant y lire qu’il y aura un jour : « sur la terre, une angoisse des nations, inquiètes du fracas de la mer et de son agitation, les hommes expirant de frayeur dans l’attente de ce qui doit arriver à l’univers » (Lc 21, 25-26).

Le « fracas de la mer » se comprend dès que l’on sait que les « eaux » représentent, comme le dit saint Jean, « des peuples, des foules, des nations et des langues » (Ap 17,15) qui seront alors « agités ».

L’Apocalypse de saint Jean nous montre qu’un jour cette agitation touchera « toutes les nations », « le monde entier » (Ap 3,10), la « terre entière ». Elle ne peut donc concerner que notre époque ou un temps à venir…

C’est pourquoi « Babylone égare toutes les nations » (Ap 18,23). Puis disparaît :

« Elle est tombée Babylone la grande qui a abreuvé toutes les nations du vin de son impudicité » (Ap 14,8).

L’impudicité, car « la prostitution » indique un temps où les hommes, abandonnant Dieu, se donnent aux idoles et aux idéologies, après avoir refusé « le vin doux » de l’Evangile, suivant l’expression des Pères de l’Eglise.

Mais tout d’abord qu’est-ce-que Babylone ? La Bible Crampon nous dit :

« La grande prostituée (Babylone) c’est la société antichrétienne, la cité des hommes, opposée à la cité de Dieu, à la société chrétienne » (p.322).

Le Concile Vatican II rappellera que par la prédication « l’Eglise triomphe de la dispersion de Babel » (Ad Gentes 4).

Dans le catéchisme romain on peut lire que Babel est le signe

« d’une humanité déchue qui, unanime dans sa perversité, voudrait faire par elle-même son unité, à la manière de Babel », et que c’est une « perversion païenne » (p.27).

Désormais tout est clair : Babel ou Babylone représente un monde qui veut régler ses problèmes devenus mondiaux sans faire appel à la loi de Dieu, uniquement avec des principes païens.

La première Babel fut construite avec des briques (Gn 11) et non avec des pierres, ce qui indiquait déjà la volonté de ces hommes de ne construire qu’avec des matériaux strictement humains.

L’Eglise, elle, ne sera pas construite sur une brique mais sur le

Roc, en référence au fameux rocher de Moïse qui donna de l’eau aux Hébreux assoiffés (Deut 8.15 – Ps 77,20). Et la nouvelle eau qui jaillira de l’Eglise, c’est la Parole du Christ. Celui qui en boit n’a « plus jamais soif » (Jn 4, 14).

L’Apocalypse annonce un temps où « les habitants de la terre se réjouissent » (Ap 11, 10) à la vue des deux témoins spirituellement « morts » (les juifs et les chrétiens), ce qui indique un temps où le paganisme régnera sur le monde.

Et alors, nous dit saint Jean : (Ap 11, 10), « les habitants de la terre se livreront à l’allégresse et s’enverront des présents ».

Mais quel est le sens des « présents » dans l’Ecriture ?

-Ex 23,8 : « Tu n’accepteras pas de présent, car le présent aveugle les clairvoyants et ruine les causes des justes »

-Prov 17, 23 : « Le méchant accepte un présent (tiré) de sous le manteau »

-Eccl.7, 7 : « Car l’oppression rend le sage dément, et le présent perd le cœur »

-Sir 20, 20 : « Présents et dons aveuglent les yeux des sages »

-Is 33, 15 : « Le juste secoue les mains pour ne pas recevoir de présent »

Saint Jean annonce donc un temps mondial où le cadeau, « le présent », régnera. En clair, il prévoit un temps de corruption. Puis il nous en décrit le dénouement, la chute de Babylone :

« Et les marchands de la terre pleurent et sont dans le deuil à son sujet, parce que personne n’achète plus leur cargaison : cargaison d’or, d’argent…de lin fin….et de toutes sortes d’objets….d’airain, de fer….et des corps et des âmes d’hommes» (Ap 18,11)

A travers cette symbolique, nous devons comprendre que le commerce international est touché, y compris « les corps et les âmes » qui s’achètent aussi, dans un monde devenu profondément matérialiste. Quelle vision ! Saint Jean ajoute que « les marchands pleureront et se désoleront » (Ap 18,15) ainsi que tous ceux qui « exploitent la mer » (les peuples).

Alors curieusement saint Jean écrit :

Ap 18,20 : «Réjouis-toi sur elle, ô ciel, et vous aussi, les saints, les apôtres et les prophètes, car en la jugeant, Dieu a fait justice. » Et encore :

Ap 18,21 : « Babylone la grande cité, on ne la trouvera plus ! » Le monde païen des idoles et des idéologies s’est effondré… Un monde nouveau apparaît alors (Ap 19,6) : « Alléluia ! (Vive Dieu) car il règne le Seigneur notre Dieu ».

C’est ce temps qu’annonce également Jean-Paul II, qui, après avoir cité le prophète : « Toute chair verra le salut de Dieu » (Is 40,5) écrit :

« Voilà une possibilité et une espérance que l’Eglise confie aux hommes d’aujourd’hui » (Dominum et vivificantem –§ 55).

L’Evangile sera donc annoncé à « toutes les nations » (Mt 24,14) après un temps sombre « d’iniquité croissante » (Mt 24,12), le temps des païens…

Le Pape nous explique plus loin que cela se fera par le « seul Esprit Saint » dans « le but de rétablir le bien dans l’homme et dans le monde humain, pour « renouveler la face de la terre ». (G 7)

Cette dernière phrase tirée d’Isaïe 65,17 – voir aussi Ps 103,30 – Is 66,22 – 2 Pi 3,13 – Ap 21,1 – nous croyons trop souvent qu’elle se réalisera dans « l’Autre monde ». Mais il est bien dit : « la terre ».

Par la « corruption » nous entrons dans un monde qui va confondre le Bien et le Mal. Nous entrons progressivement dans « Babylone » qui veut dire « confusion ». Notre monde subira le même sort et Jérusalem (l’Eglise), progressivement, renaîtra !

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Évolution: positions scientifiques inspirées par la foi[30]

Mgr Robert F. Vasa[31]

Présentation : Le principe fondamental de la géologie depuis 1830, l’uniformitarianisme (ou actualisme) revient à dire que les processus qui ont formé nos paysages sont les mêmes que ceux qui opèrent aujourd’hui : érosion, gel, surrection lente de certains fonds marins, dérive paisible des plaques continentales, etc. Mais en arpentant les massifs de l’Oregon avec une équipe de géologues, l’auteur a pu voir des blocs de granite et des paysages qui s’expliquent bien mieux par une hypothèse catastrophiste.

Il s’y ajoute un argument théologique : en quelques mois, les habitants d’Hermiston ont su agrandir et rénover leur église. N’est-ce pas sous-estimer le pouvoir créatif de Dieu que de lui croire nécessaires des millions d’années pour accomplir Son œuvre ?

Il y a de ma part et, je le soupçonne, de la part de beaucoup de gens de notre culture occidentale, une certaine répulsion à prendre au sérieux la possibilité que la terre soit beaucoup plus jeune que ce que la communauté scientifique voudrait nous faire croire.

Le rejet catégorique dans la plupart des milieux de tout ce qui ressemble, même de loin, à une mise en doute de la doctrine de l’évolution, est accueilli par rien moins que le ridicule et le mépris. On oublie presque que l’évolution devrait toujours être considérée comme une théorie et non comme une doctrine assurée. La semaine dernière j’ai passé une journée avec un groupe de scientifiques discutant de la possibilité que les choses ne soient pas aussi infrangibles que les évolutionnistes voudraient nous le faire croire. Et je dois dire que la preuve d’une terre beaucoup plus jeune est incontestable.

Il dépasserait de beaucoup le cadre de cet article d’exposer les différentes évaluations de données scientifiques donnant crédit à la théorie d’une jeune terre, mais il existe quelques faits que nous, habitants de l’est et du centre de l’Oregon, pourrions volontiers considérer.

Je suis allé avec les scientifiques au lac Billy Chinook, à Smith Rock et aux gorges de la rivière Crooked. Le savoir commun nous dit que les volumineuses masses de basalte ont été déposées là il y a des millions d’années et que l’eau des rivières n’a cessé de creuser graduellement les lits que nous voyons maintenant sous les noms de Crooked River Gorge, Deschutes River Canyon, Hells Canyon et les autres.

Cette théorie est basée sur une notion appelée l’uniformitarianisme (ou encore actualisme). C’est un des principes les plus fondamentaux de la géologie moderne: la théorie que les mêmes processus géologiques lents mais réguliers qui agissent aujourd’hui, agissaient aussi dans le passé lointain. Avec cette hypothèse la terre doit être très vieille parce que cela prendrait beaucoup de centaines de millions d’années pour que les lents processus d’érosion, de dépôt, de mouvement de plaques et de surrection forment les structures géologiques que nous voyons maintenant.

Par contraste, on n’a qu’à considérer l’impact dévastateur et soudain sur les structures géologiques locales des déluges du lac Missoula. Ces inondations ont recouvert la plus grande partie de l’est de l’État de Washington, la Columbia River Gorge, remontant même jusqu’à l’actuelle Willamette River et elles sont responsables du sol profond et riche de la Willamette Valley. Avec le principe de l’uniformitarianisme, il faudrait trouver d’autres explications pour la présence d’énormes blocs de granite du Montana dans la Willamette Valley et au sud de Boardman. Debout sur le bas-côté de la route au lac Billy Chinook, il est facile de voir de nombreuses et diverses couches de lave, de cendres, de sable fin, etc. indiquant clairement de multiples évènements successifs.

D’après la théorie de l’uniformitarianisme il faudrait, avec le débit actuel de la Crooked River, des dizaines de millions d’années pour éroder et transporter le volume massif de sédiments qui sont évidemment absents des gorges de la Crooked River.

Comme par hasard il semble que la raison majeure de s’appuyer sur l’uniformitarianisme est que l’évolution demande des dizaines de millions d’années ; et une fois la théorie de l’évolution acceptée, des éternités de relative tranquillité géologique sont également nécessaires pour fournir un environnement convenable aux processus longs et affreusement lents de l’évolution.

On peut facilement se demander, comme je suis enclin à le faire, si l’on a observé objectivement les données géologiques avant d’en tirer les conclusions, ou bien si la supposition des millions d’années d’érosion précède les observations géologiques et force les données à s’accorder avec la conclusion préétablie.

Pour étayer l’hypothèse d’une terre jeune, on m’a présenté un livre montrant d’anciennes pierres sculptées du Pérou. Sur ces pierres, qui ont vingt mille ans ou moins, on trouve des dessins remarquablement précis de plusieurs dinosaures que la science actuelle déclare être disparus il y a environ 65 millions d’années. La précision des dessins laisse supposer que les graveurs humains ont réellement vécu avec les dinosaures. Si les dinosaures existaient il y a seulement 20.000 ans alors la couche géologique contenant ces fossiles n’a pas 65 millions d’années mais plutôt environ 20.000 ans et, si cela est vrai, toute datation de couche antérieure ou postérieure à celle dans laquelle les dinosaures fossiles ont été trouvés devrait être remise en question.

Il est déconcertant de penser qu’à cause du préjugé de préserver les prétentions de moins en moins défendables de l’évolution, la recherche scientifique légitime et objective puisse être entravée. Ce fut une discussion intéressante et stimulante.

Le week-end me conduisit à Hermiston, où j’eus

l’honneur de faire la dédicace de l’église catholique Notre- Damedes-Anges, largement agrandie et remodelée.

Le parcours vers Hermiston me donna une autre occasion de voir la gorge de la rivière Columbia, les hautes plaines désertiques de l’Oregon, le terrain accidenté, et de réfléchir une fois encore à la beauté de ce qui est sorti de la main de Dieu.

Je n’ai aucune peine à croire que Dieu créa tout cela à partir de rien et qu’Il continue à en guider le changement et le développement. Je trouve cependant de plus en plus difficile de croire qu’il Lui fallut 50 ou 75 ou 114 millions d’années pour réaliser ce que nous voyons.

Quand je vois ce que le peuple de Dieu a pu faire à Hermiston en quelques brèves années, je soupçonne que nous sous-estimons sérieusement le pouvoir créatif de Dieu.

(Traduction Claude Eon)

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Un dossier « L’Evolution en question » dans la revue Tu es Petrus.

Le dernier numéro de Tu es Petrus, la revue des Amis de la Fraternité Saint-Pierre, comporte un dossier critique de 50 pages sur l’Evolution. Les lecteurs du Cep reconnaîtront aisément les 6 auteurs ici réunis :

Guy Berthault (Les principes de la datation géologique) expose comment il fut poussé à examiner les fondements de la stratigraphie, donne la traduction française de l’article publié en 2002 par la revue de géologie de l’Académie des Sciences de Russie, et signale les chantiers en cours (étude paléohydraulique des bords de la Kama, un affluent de la Volga, etc.). Le Pr Maciej Giertych (Pour une approche critique de la théorie de l’évolution) rappelle que la génétique ne fournit pas les preuves requises par l’Evolution et dénonce son utilisation sans critique dans l’enseignement. Le Pr Pierre Rabischong (Vers une biologie programmiste post-darwinienne) après une brève histoire de l’évolutionnisme, récuse à l’aide d’exemples la valeur causale du hasard lorsque sont réunies intentionnalité, complexité, réussite technique et reproductibilité, ce qui est le cas pour tous les êtres vivants.

Claude Eon (Création, évolution… Confusions et illusions) montre le présupposé athée constamment à l’œuvre derrière la démarche évolutionniste. La question des preuves est négligée car l’athéisme a besoin de cette explication des origines pour se justifier. Benoît Neiss (Pour que demeurent les choses inébranlables) dénonce l’application du mythe du progrès au domaine de la liturgie. Dominique Tassot (Une science déviée, une foi brisée) montre comment l’évolutionnisme rompt avec la saine démarche scientifique et oblige ceux qui l’acceptent à renoncer aux fondements même de la foi chrétienne.

Le reste du numéro (33 pages) comporte l’actualité pour les catholiques attachés à la messe en latin (le Motu proprio Summorum Pontificum), le récit d’un pèlerinage à pied jusqu’à

Jérusalem, et diverses nouvelle internes à la Fraternité SaintPierre.

Une revue bien présentée, en couleurs, facile à lire et qui pourra ainsi dégriser bien des lecteurs encore assommés par la propagande incessante de l’évolutionnisme.

(Tu es Petrus n° 113, disponible auprès du Secrétariat du CEP au prix de 5 € franco, étranger 5,5 €)

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Tous à vos plumes ! Une question à poser à l’hôte de Castel Gandolfo

Le 24 juillet, devant 400 prêtres italiens des diocèses de Belluno-Feltre et Trévise, Benoît XVI répondit à une question sur le sens de l’existence par une longue digression touchant la création divine de chacun d’entre nous.

« La vie n’est plus rien d’autre qu’un simple morceau

d’évolution. Elle n’a plus de sens en soi. »

Et d’ajouter : « Cette opposition (entre créationnisme et évolutionnisme) est absurde, notamment parce qu’il existe de nombreuses preuves scientifiques en faveur d’une évolution qui apparaît comme une réalité que nous devons voir. » Puis de conclure : « Nous sommes pensés et voulus. Il y a donc une idée qui nous précède, un sens qui nous précède et que nous devons découvrir, suivre et donner en définitive à notre vie. »

Dès le lendemain la presse internationale s’est jetée sur la seule petite phrase soulignée ci-dessus, en jubilant que le Pape reconnaissait l’Evolution. Or les faits scientifiques présentés comme des preuves de l’évolution, les phénomènes de dérive génétique, d’adaptation au milieu ou de mutation (parfois regroupés sous le nom fallacieux de « microévolution »), ne font jamais apparaître l’apport d’information génétique requis pour le passage trans-spécifique qui constituerait l’évolution proprement dite. Dans « Foi, Vérité, Tolérance » (traduction française publiée en 2005), celui qui était alors le cardinal Ratzinger, citait deux biologistes de Harvard, Eors Szathmáry et John Maynard Smith, spécialistes mondialement connus de la macroévolution, avouant dans le revue Nature (n° 374) : « Il n’y a aucune base théorique pour croire que les lignées évolutives deviennent plus complexes avec le temps ; et il n’y a pas non plus de preuves empiriques que ceci se produise. »

Sur une telle question (qui au demeurant sort clairement du domaine de l’infaillibilité pontificale), les fidèles ont besoin de savoir s’il y a des preuves ou s’il n’y en a pas.

Afin de sortir de l’ambiguïté, nous suggérons à tous lecteurs du Cep d’écrire au Pape (00120 Cité du Vatican) une très brève lettre demandant simplement quelles sont ces « nombreuses preuves scientifiques en faveur de l’évolution » auxquelles le Saint Père a fait allusion le 24 juillet à Castel Gandolfo.

Il ne faut pas s’attendre à une réponse personnelle, mais on peut cependant penser que l’arrivée de quelques centaines de lettres sur ce point sera signalée à leur destinataire.

REGARD SUR LA CREATION

« Car, depuis la création du monde, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’œil nu quand on Le considère dans ses ouvrages. » (Romains, 1 : 20)

La Girafe : l’animal qui domine la foule Claude Eon

Résumé : La girafe est connue pour son long cou, et les évolutionnistes ont considéré qu’un ruminant commun aurait un jour vu son cou s’allonger, lui permettant ainsi de mieux atteindre les feuilles d’arbres dans la savane (jusqu’à 6 mètres de haut !). Or c’est tout l’organisme de la girafe qui est préordonné à sa hauteur. Pour que la pression sanguine au cerveau soit suffisante, donc à 2m 50 audessus des épaules, il faut un cœur très musclé développant une pression triple de la nôtre. Mais quand la girafe se penche pour boire ou brouter, l’inverse doit se produire. La girafe dispose pour cela de toute une série de capteurs et de valves de régulation le long des artères du cou. Par ailleurs, pour la respiration, la trachée longue de 3 m 60 oblige à une respiration lente et incomplète. Enfin, l’expulsion et la chute du girafeau lui seraient mortelles si la tête n’allait pas s’insérer sur les hanches pour le passage lors duquel les pattes arrière se présentent les premières pour amortir la chute. Comment nier que tout cet agencement a dû être intelligemment conçu ?

La girafe est vraiment au-dessus de la foule des autres animaux, que ce soit dans un zoo ou dans son habitat naturel de l’Afrique centrale. Elle est, après l’éléphant d’Afrique, le plus haut animal vivant actuellement. La longueur de son cou a toujours intrigué les observateurs et embarrassé les évolutionnistes. Darwin lui-même écrivit : »…il me semble presque certain qu’un quadrupède à sabot ordinaire pourrait être converti en girafe. » Il imaginait que des quadrupèdes avec des cous de plus en plus longs seraient capables d’atteindre les feuilles de plus en plus hautes. Ainsi, pendant les périodes de sécheresse ils auraient plus de chances de survivre et de transmettre cet avantage à leurs descendants que les animaux à cous plus courts.

Avec le temps, une créature qui n’était pas une girafe évoluerait en une girafe avec un cou extraordinairement long.

Les faits scientifiques ne confirment nullement cette hypothèse séduisante. Les évidences fossiles, génétiques et physiologiques, logiques enfin, penchent nettement en faveur de la création, pas de l’évolution.

Les fossiles de girafe montrent qu’elles ont toujours eu un long cou. En outre, des empreintes de pattes de girafe ont été trouvées en Tanzanie à côté de traces de pieds humains, datées, selon la chronologie évolutionniste, de 3,5 millions d’années. La forme et la profondeur de ces empreintes conduisent à penser que ces girafes avaient les mêmes hauteur, poids et enjambée que les girafes contemporaines.

Du point de vue de la simple logique, il faut admettre qu’en période de sécheresse l’eau est beaucoup plus importante que la nourriture. Les animaux peuvent survivre pendant de longues périodes sans nourriture mais pas sans eau. Et une plus grande girafe aurait besoin de plus d’eau qu’une plus petite, augmentant ses chances de mort par déshydratation.

Dotée de très longues pattes, la girafe a besoin d’un long cou pour brouter l’herbe et pour boire, car les feuilles des arbres ne sont pas son unique nourriture. Avec une longueur de cou atteignant environ 2,50 mètres lorsque la girafe se dresse, la pression sanguine dans les artères est la plus élevée à la base du cou et la plus faible dans la tête. Pour pouvoir alimenter la tête, la pression fournie par le cœur doit être extrêmement élevée. « Pour pousser le sang sur 2,50 mètres jusqu’à la tête, le cœur est exceptionnellement gros et musclé, et la pression sanguine – de 2 à 3 fois celle de l’homme – est sans doute la plus élevée de tous les animaux. » (Bristol Foster: National Geographic, 1977, p. 409). Mais lorsque la girafe se penche pour boire, cette forte pression et le poids du sang dans le cou devraient faire éclater les vaisseaux sanguins! Il n’en est rien parce que la girafe est dotée d’un merveilleux système de régulation. Des détecteurs le long des artères du cou surveillent la pression sanguine et peuvent alerter d’autres mécanismes de défense.

La fibre musculaire renforcée des parois des artères dans la tête permet une plus forte contraction de l’artère et des valves contrôlent dans les artères et les veines le flux sanguin.

En approchant du cerveau quelques artères se ramifient en un rete mirabile, ou « merveilleux réseau » de petits vaisseaux sanguins alors que d’autres le contournent. Ce système cardiovasculaire d’adaptation aux hautes pressions sanguines est unique.

Il est également remarquable que le sang n’afflue pas dans les pattes et qu’une coupure à la jambe ne saigne pas abondamment. Le secret tient à une peau très dure et à un fascia interne qui empêche la formation d’un œdème. Cette caractéristique de la peau de girafe a fait l’objet d’études intensives par les gens de la NASA pour la conception des vêtements d’astronaute. Le fait que les artères et les veines des pattes de la girafe sont très à l’intérieur contribue également à empêcher des saignements abondants. Les capillaires qui atteignent la surface sont extrêmement petits et les cellules rouges du sang ont à peu près le tiers de la taille des globules humains, permettant le passage dans les capillaires. A leur tour ces globules rouges plus petits signifient une surface plus grande et une plus rapide et plus forte absorption d’oxygène dans le sang. Ce qui permet de maintenir une bonne oxygénation dans toutes les extrémités, y compris la tête.

Les poumons travaillent en conjonction avec le cœur pour fournir à la girafe l’oxygène nécessaire, mais cela d’une façon sans équivalent. Les poumons de la girafe sont huit fois plus gros que les poumons humains, mais leur taux de respiration est d’environ un tiers de celui des hommes. Une respiration plus lente est nécessaire pour échanger les grands volumes d’air sans causer de brûlures dans les 3,60 mètres de trachée de la girafe. Lorsque l’animal prend une inspiration, la précédente, pauvre en oxygène, n’est pas encore totalement expulsée. Le problème est rendu plus compliqué du fait que la trachée va conserver davantage d’air mort que l’homme ne peut inhaler en une seule respiration. Il faut donc que le volume des poumons soit suffisant pour que ce « mauvais air » demeure un faible pourcentage du total. C’est un problème de physique que Dieu a résolu, comme le prouve la girafe.

La naissance du girafeau nous est une autre source d’émerveillement. Le bébé girafe tombe d’une hauteur de 1,50 mètre car sa mère est incapable de s’accroupir, et si elle s’allongeait pour accoucher, elle deviendrait une proie trop facile pour les prédateurs. Comme pour tous les mammifères, la tête est disproportionnée par rapport au reste du corps et c’est un défi que de la faire passer par l’étroit passage. Le girafeau a, en outre, l’inconvénient d’avoir un cou très long et fragile attaché aux 70 kilos du reste de son corps. Si la tête sortait la première, le cou serait certainement rompu quand le reste du corps lui tomberait dessus. Si la tête sortait en dernier, le cou se romprait certainement car le poids du corps arracherait la tête hors du corps de la mère.

Cette impasse apparente est résolue par des hanches arrière beaucoup plus petites que les épaules avant ; et le cou est juste assez long pour permettre à la tête de franchir le passage de sortie reposée sur les hanches arrière. Les pattes de derrière sortent les premières pour amortir la chute du reste de l’animal, la tête est soutenue par les hanches arrière et le cou pliable entoure les épaules avant. En quelques minutes le girafeau se tient debout entre les pattes de sa mère. De sa naissance à son âge adulte, en quatre ans, le cou passe de un sixième à un tiers de la taille totale de la girafe. Cette croissance est indispensable pour s’adapter à la taille de ses pattes et lui permettre de se pencher. Pendant sa première année sa nourriture est presque entièrement constituée du lait maternel qu’il peut facilement atteindre.

D’un point de vue écologique, la girafe est parfaitement adaptée à son environnement. Il y a besoin d’un émondeur pour empêcher les arbres de faire trop d’ombre à la végétation basse dont la croissance est très nécessaire aux autres animaux de la savane. On a aussi besoin d’une sentinelle capable de voir audessus des hautes herbes pour observer les mouvements des félins. Après avoir averti les autres animaux par le sifflement de sa queue, elle s’éloigne à grandes enjambées du danger. Sa grande taille, sa peau dure, ses coups de sabot arrière mortels et ses enjambées rapides font de la girafe adulte une proie dissuasive pour les carnivores.

La théorie de l’évolution est totalement incapable de rendre compte de l’apparition de la girafe et de la merveilleuse coordination des mécanismes et des organes que son anatomie demande. Le cœur, les poumons, la peau, le système sanguin très particulier, sans parler de la méthode de délivrance du nouveauné, tout cela doit exister simultanément pour être viable. Exemple parfait « d’intelligent design, » la girafe ne doit absolument rien à une prétendue évolution et tout à son Créateur.

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COURRIER DES LECTEURS

De M. et Mme M. (Hérault)

Veuillez trouver ci-joint un chèque barré de 45 euros pour abonnement et soutien de votre revue, plus que jamais nécessaire, face à « l’homme artificiel » et à son « monde virtuel », négateurs de l’harmonie de la Création.

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Du P. B. (Poitou)

Je vois un lien entre les considérations du dernier Cep sur la science et la question du sens obvie de la Bible.

Je me souviens du Physicien (Prix Nobel 1970) Hannes

Alfven, qui avait osé écrire (il y a une bonne quinzaine d’années) dans La Recherche – je crois, à moins que ce soit Pour la Science – un article remarquable et virulent contre la Relativité et sa mythologie du « temps x √-1 »,où il affirmait, entre autres, que cette théorie n’était pas pertinente en matière de cosmologie.

Pendant des mois, les gardiens du Temple einsteinien ont écrit articles et notes incendiaires contre le profanateur, le blasphémateur de la « Vérité scientifique » et des immortelles formules de notre célèbre plagiaire. Même son Prix Nobel ne lui a pas servi d’abri !

(…) On parle souvent de symbolisme, de mythologie, à ce sujet épineux des premiers chapitres de la Genèse. Certes, ils sont si limpides, si clairs, qu’il n’y a plus qu’une acception purement symbolique qui puisse leur faire dire autre chose que leur sens obvie.

(…) De telles considérations laissent entendre qu’on peut formuler de nouvelles hypothèses sur la compréhension des données de la Science actuelle, des hypothèses vraiment révolutionnaires… ou si l’on veut, révolutionnantes ! On bouleverse le pseudo-acquis de nos ouvrages de science ; il s’agit, reconnaissons-le, d’une remise en cause cataclysmique, où -en particulier- l’actualisme de Lyell s’effondre.

L’échelle des temps géologiques est à revoir de fond en comble, c’est évident ; mais que dire des dimensions cosmiques et de la signification des évènements du firmament ? A ce sujet, il y a sans doute beaucoup d’objections à réfuter, de clarifications à apporter : l’interprétation des données astronomiques doit être entièrement revue et corrigée : les magnifiques photos de nos grands télescopes ne sont certes pas des illusions d’optique ! Seulement le calcul des distances est loin d’être une simple « triangulation » comme pour les objets astronomiques proches, et ce calcul doit donc faire l’objet d’une analyse et d’une discussion méticuleuses. Mais voilà : le simple fait de dire : révisons ces données, distinguons faits et interprétations, mesures brutes et hypothèses, expériences et conjectures…. fait rentrer la plupart des personnes dans un état de colère passionnel qui leur fait perdre tout bon sens.

Sans les secours de la Vérité -qui est également Voie et Vie- et de sa Révélation, comment acquérir une connaissance objective ?

Et comment faire confiance davantage au lumignon vacillant de la science humaine, quand on a la chance et le bonheur de pouvoir examiner toute chose à la lumière de la Révélation, de pouvoir se réchauffer au grand Soleil de la divine Révélation ? Entre la bougie et le Soleil, choisissons la bougie parce qu’elle est nôtre ! disent les scientifiques du commun… Entre la bougie et le Soleil, choisissons le Soleil, dirons-nous, car seul le Créateur peut apporter aux hommes des lumières authentiques sur la Création, sur ce que les autres appellent la Nature…

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De Monsieur C.E. (Bretagne)

Le 18 juin, dans un entretien avec le « Groupe d’Etude sur sciences et religion dans les médias » (SRM), le chancelier de l’Académie Pontificale des sciences a formulé plusieurs considérations qui intéresseront les lecteurs du Cep :

La nécessaire union de la science, de la philosophie et de la théologie

Dans l’optique de l’enseignement de Benoît XVI, Mgr Marcelo Sanchez Sorondo, chancelier de l’Académie pontificale des sciences et de l’Académie pontificale des sciences sociales, affirme la complémentarité de ces trois regards et leur incontournable et nécessaire réconciliation :

« Je crois qu’il revient à chaque génération de proposer une vision humaniste du monde, mais cet humanisme doit être ouvert aux conquêtes des autres contenus du savoir et, surtout, il doit être ouvert à Dieu.

Mais chercher à réduire ou à ramener l’homme à sa seule chair, à son seul cerveau et donc, à sa matérialité pure, ou vouloir affirmer que tout est une question d’évolution, et que tout s’explique par la complexité ou le chaos, est vouloir donner une vision humaniste sans débouché, qui ne correspond même pas à la vision des grands scientifiques (…)

Je pense donc que les conditions et les possibilités d’une nouvelle réconciliation sont là. Mais il faut que cette réconciliation ne soit pas subjective, autrement dit adaptée par chacun à sa façon, en résumant comme on peut les différents aspects du savoir. Non, ce qu’il faut c’est pouvoir offrir, disons, une vision objective du monde, qui sache intégrer ces différents contenus du savoir, mais en tenant compte de leurs différences, et non comme si tout cela ne formait qu’un tout (…)

Aujourd’hui, si nous voulons comprendre ce qu’est l’être humain, nous avons besoin de la science, mais nous avons aussi besoin de la philosophie. Un petit exemple : pour un biologiste la cellule embryonnaire est une cellule, pour un philosophe, cette cellule a une âme spirituelle (elle a un code génétique, elle est un projet humain), pour un théologien, elle est un enfant de Dieu. Donc comment pouvons-nous comprendre la réalité sans passer en revue toutes ces dimensions et toutes ces perspectives ? Elles sont différentes mais elles doivent en même temps être réconciliables et réconciliées (…)

Les médias doivent bien entendu être attachés au souci de vérité. Ils ne doivent donc pas diffuser de fausses informations ou parler de réalités qui n’existent pas, sous prétexte de se rendre plus visibles ou de susciter plus d’intérêt. Plus que jamais, dans des domaines aussi délicats que ceux de la science et de la religion, ils doivent être attentifs à ce que les scientifiques affirment réellement, et ne pas présenter une prétendue idéologie

‘scientiste’, comme s’il s’agissait d’une nouvelle religion fondée sur l’évolution et le chaos, d’ailleurs totalement étrangère au vrai comportement des grands scientifiques ».

Voilà une saine méthode pour réfléchir sur les problèmes rencontrés dans notre société (bioéthique, origine de l’homme, etc.) et surtout, cheminant ainsi vers et dans la vérité, y apporter les bonnes réponses.

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L’Accord

Carl Christaki

Comment être d’accord à plusieurs sur un mot ? Une phrase, c’est pis ; que dire d’un discours,

D’un livre, d’un parti, monarchiste ou démo ?

Le discours, aussitôt que l’on s’exprime, accourt.

Tu crois en Dieu quand moi j’admire Béhémoth,

Baal, ou bien Mammon dont j’ai rejoint la cour. Chacun se dit que l’autre est digne de tous maux, Et pour le faire taire, il appelle au secours.

La parole, l’écrit, le bon sens, la raison ;

Les meilleurs arguments déferlent à foison,

Et si l’on est plus fort, l’on vous le fait bien voir.

Or, même tes amis, ô Christ ! les malheureux, Au nom de Ton Amour se déchirent entre eux, Sans de leur ridicule en rien s’apercevoir.

La prière seule aide à se comprendre mieux.

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  1. Correspondance européenne, 31 juillet 2007, n° 169, p.3

  2. La question de maintenir le « C » de « Catholique » est régulièrement soulevée et va se poser plus ardemment en 2008, lorsque le cardinal

  3. C.Montenat, L.Plateau, P.Roux, Pour lire la Création, pour lire l’Evolution, Cerf, Paris, 2007, pp.175-177

  4. Défendue en théorie, mais souvent reniée dans la pratique, si bien que Montenat, Plateau et Roux appellent sur ce point aussi une évolution qu’ils jugent inévitable : pour eux, l’Eglise doit s’adapter à l’état présent de la science et de la société (op. cit., p.204)

  5. Les auteurs sont respectivement : chercheur en anthropologie et exégète, et mathématicien. On relira avec intérêt l’article Le Requin donné par J.-F. Froger dans Le Cep n° 38.

  6. Ed. Dés Iris, 04 340 Méolans-Revel (www.adverbum.fr). Cet ouvrage fait suite à Structure de la Connaissance, des mêmes auteurs, dont il présuppose parfois la lecture.

  7. Ndlr. Il n’existe pas de « concurrent » américain : le HLC est seul à pouvoir atteindre l’énergie nécessaire à la « détection » de la particule supposée manquante dans le modèle. Le projet américain comportant un accélérateur équivalent au LHC fut abandonné dans les années 1990.

  8. Ce texte, joint à deux autres que nous publierons dans les prochains numéros, a été adressé au pape Benoît XVI par le Pr Maciej Giertych. 2 Spécialiste réputé, docteur en génétique et en paléontologie, R. von

    Sternberg a été longtemps attaché à la prestigieuse Smithsonian Institution de

    Washington. Mais lorsqu’il rendit public son refus de la théorie évolutionniste, la direction des musées et ses collègues lui rendirent la vie intenable et le poussèrent à la démission. Ce cas de « harassement moral » fut reconnu par le Sénat américain. Cf. www.discovery.org/csc/ R. von Sternberg collabore aujourd’hui au Discovery Institute, centre nerveux de l’Intelligent Design Movement.

  9. Elève de Dobzhansky, E.Ayala a enseigné la biologie puis la philosophie des sciences à l’université de Californie. Ancien Président de l’Association

    Américaine pour l’Avancement de la Science, il a pris position contre toutes les restrictions à la recherche sur les cellules embryonnaires.

  10. Le P. George Coyne fut longtemps Directeur de l’Observatoire du Vatican. Il s’était signalé le 31 janvier 2006 par une conférence à l’Université de Palm Beach où il déclarait que Dieu n’intervenait pas dans l’évolution du cosmos et que le Dessein Intelligent n’était pas de la science. Quand il fur mis à la retraite, six mois plus tard, la presse a considéré qu’il s’agissait d’une sanction pour avoir attaqué la position anti-darwinienne prise par le cardinal Schönborn dans le New York Times du 7 juillet 2005.

  11. En fait, il y a une grande différence entre la marche humaine et celle des singes. L’homme marche debout, en appui sur ses pieds : c’est une marche bipédique. Le singe, lui se déplace dans une marche prenant appui sur ses membres supérieurs : il se déplace généralement à 4 pattes, en appuis sur ses chevilles et sur ses poignets. Lorsqu’il se met debout, uniquement en appuis sur ses deux chevilles (et non pas sur les talons comme chez l’homme), cette position lui est inconfortable et douloureuse si elle dure. Ce n’est que par dressage qu’on le force à se maintenir ainsi plus longtemps debout, au cirque par exemple, mais il va reprendre son attitude ordinaire, en appuis sur ses 4 membres, dès qu’il le pourra (à défaut d’être assis sur son postérieur).

  12. Que penserait-on d’un archéologue qui, retrouvant dans quelques millénaires un morceau de carcasse rouillée de voiture, bien après que l’usage des automobiles eut disparu,aurait la prétention d’affirmer, à partir de ce morceau, quelle était la forme du véhicule, sa performance, son équipement intérieur et son électronique ? C’est pourtant la prétention où tombent tant de paléontologistes.

  13. Angle que forme l’arrière de la mandibule pour aller s’articuler sur la base du crâne.

  14. Les enfants-loups, parce qu’ils marchent à 4 pattes, ont des déformations de croissance du visage liées à ce mode de déplacement, comme les yeux plus enfoncés. Notons aussi que le bassin et le col du fémur n’avaient pas pris les angulations nécessaires pour permettre une marche bipèdique, de sorte que celle-ci devenait presque impossible passé l’âge de 24 mois. On n’a jamais réussi à faire marcher correctement debout, sur quelques dizaines de mètres seulement, les enfants-loups qui ont été recueillis, malgré une longue rééducation.

  15. Il en est de même pour le bras qui est lui aussi « pendu », ce qui lui occasionnera des pathologies de l’épaule bien particulières qui ne se retrouvent pas chez les autres mammifères.

  16. Ses intestins sont plus longs que ceux des carnivores (une plus grande longueur intestinale leur serait inutile) et plus courts que ceux des herbivores (nécessairement longs).

  17. Ces pointes des reliefs de prémolaires et molaires se nomment « cuspides » ; on parle donc de mouvements intercuspidiens maximums. Ce premier mouvement de mastication permet un écrasement plus puissant du bol alimentaire.

  18. La méthode de correction est primordiale : il y a la méthode classique de

    « l’activateur » réalisé avec un appareillage en résine qui contraint la mandibule à se replacer dans une position déterminée « hyper » avancée. Avec la technique multi-attaches, des élastiques attachés sur les côtés des deux arcades tirent en avant la mandibule pour la forcer à se positionner plus en avant d’une manière contraignante. Puis il y a la manière orthopédique dont nous avons parlé dans un article précédent (cf. Le Cep n°1), qui avec l’aide d’un «activateur » en caoutchouc que l’on « mastique » permet de stimuler la croissance de la mandibule dans un sens harmonieux, sans effet secondaire, en corrigeant d’une manière douce toutes les mauvaises orientations musculaires qui maintiennent le recul de la mandibule tout en tenant compte de la posture cervicale de l’enfant. C’est avec cette dernière technique que nous obtenons de petits « plus » psychologiques.

  19. Dans notre pratique, où nous utilisons une méthode thérapeutique orthopédique de correction des dents depuis plus de 15 ans ; nous avons pu constater que les apports de la technique dépassaient le cadre purement dentaire pour agir favorablement sur le psychisme d’une manière subtile mais certaine : les parents constataient que l’enfant s’épanouissait ; des tics et des énurésies nocturnes disparaissaient ; des améliorations de résultats scolaires se faisaient ressentir et des analyses graphologiques sont venues confirmer ces faits.

  20. « Paroles », Lettre d’information de l’Ecole de Formation à l’organisation spatiale de la bouche, Octobre 2006.

  21. Ainsi, un enfant qui ne marche pas avant l’âge de 18-24 mois aura toutes les difficultés pour marcher par la suite, car la morphogenèse des os (fémurs et bassin en particulier) va se retrouver perturbée et ne permettra plus une marche normale (sans compter la perte du réflexe de la marche debout).

  22. Un couple unique ne peut assurer une descendance pour créer une nouvelle race dans le milieu naturel. On considère que lorsque qu’il y a moins de 200 couples chez des mammifères sauvages, l’espèce se trouve en voie de disparition. Dans le cas hypothétique d’une modification génétique importante changeant en profondeur les caractères de l’espèce, il faut nécessairement que cette modification touche aussi plusieurs centaines de couples qui puissent se reproduire entre eux pour garder le nouveau caractère acquis ; sinon il disparaîtrait obligatoirement au cours des croisements, à force d’atténuation.

  23. Pendant la période 1795 – 1918 nous étions partagés entre la Russie, la Prusse et l’Autriche-Hongrie, et les occupants essayèrent de nous russifier ou de nous germaniser.

  24. Roman Dmowski (1864-1939), important homme politique polonais, fondateur et dirigeant du mouvement démocratique national, principal représentant politique des intérêts polonais pendant la Première Guerre Mondiale et à la Conférence de la Paix, à Paris, après la guerre.

  25. Ndlr. Le Rwanda-Burundi était une nation tutsi-hutu depuis le XVème siècle. Le mythe onusien du gouvernement par la « majorité » est à l’origine du génocide de 1994, inconcevable dans le cadre traditionnel de la nation, chaque composant étant nécessaire à l’existence de cette monarchie de droit divin. Les Tutsi-hutus furent ainsi les seuls Noirs à se défendre vigoureusement contre les trafiquants d’esclaves venus de la péninsule arabique car, en tant que nation constituée, ils disposaient d’un roi et d’une armée opérationnelle (cf. Paul del Pérugia, Les derniers rois-mages,Phébus, 1978).

  26. bis Ndlr. La manière dont le gouvernement russe a confisqué les actions du magnat Khodorkhovski dans la compagnie pétrolière Rossneft est caractéristique, même si un certain habillage juridique a été déployé, à l’usage de l’étranger.

  27. ter Ndlr. Une anecdote récente caractéristique. Un jeune Ingouche, Apti Dalakov, fut « refroidi » par le FSB (ex-KGB) en pleine rue le 2 septembre dernier à Karaboulak. La police locale, alertée par les passants, sut arrêter les tueurs et trouva sur eux leur carte de service. Situation gênante….C’est le chef de la police de Karaboulak qui fut sanctionné !

  28. Ndlr. Comme en Pologne, la christianisation a profondément marqué la « Sainte Russie ». Mais ces traits se sont estompés avec le pouvoir bolchévique, les Khazars étant eux-mêmes d’origine turco-mongole.

  29. Lajkonik, figure de guerrier asiatique avec une image de cheval attachée à son ventre qui, une fois par an (le dimanche suivant la Fête-Dieu) parcourt les rues de Cracovie en frappant les enfants sur la tête avec une fausse matraque.

  30. Traduction autorisée du Catholic Sentinel de Portland (USA)

  31. Mgr Robert Francis Vasa est l’évêque catholique de Baker (Oregon).