La menace créationniste Dominique Tassot
Résumé : Depuis l’été dernier une alerte générale a été donnée contre l’hydre créationniste. Le Conseil de l’Europe vient d’adopter un rapport recommandant que le créationnisme ne puisse pas être proposé dans les cours de sciences, et diverses associations d’enseignants ont planché sur les mesures à prendre face à une situation jugée préoccupante. L’épiscopat français s’est associé à ces actions en publiant un document sur le créationnisme qui ressemble fort à une prise de position en faveur de Darwin. Il semble que le site islamique Harun Yahya, avec l’opération de communication qu’il a lancée en février en direction des lycées de France, Belgique, Espagne et Suisse, ait été le facteur déclenchant de cette alerte. L’enjeu serait de taille : la laïcité de l’enseignement (et de la société). En introduisant dans la science un concept religieux, celui de « création », on attenterait en effet à la séparation stricte de la religion et de la science, conçue comme une des valeurs fondamentales de l’Europe !..
À lire la presse il semblerait qu’un grave danger menace nos sociétés : le créationnisme.
Le 4 octobre dernier en effet, le Comité pour la Culture, la
Science et l’Ėducation du Conseil de l’Europe adopta, après quelques amendements, un rapport sur Les dangers du
Créationnisme dans l’Education par 48 voix pour, 25 contre et 3 abstentions (avec 449 absents, il est vrai). Et ce document (Rapport n° 11375 compilé par une Luxembourgeoise, Anne Brasseur), sur lequel nous allons revenir, n’est qu’un épisode dans une longue théorie d’articles et de déclarations sur le sujet.
Presque tous les grands périodiques en ont parlé, et toujours dans les mêmes termes. On commence par évoquer la situation aux Etats-Unis : selon un sondage du Pew Research Center en juillet 2005, 38 % des Américains étaient « favorables à l’abandon total de l’enseignement de l’évolution dans les écoles publiques » et 64% demandaient que l’Intelligent Design soit enseigné en parallèle avec l’Evolution. Puis on signale l’opération Harun Yahya.
Depuis une vingtaine d’années un Turc (de son vrai nom Adnan Oktar) avait rassemblé puis mis sur le site harunyahya.com un grand nombre de faits scientifiques contraires à l’évolution. Au début de l’an 2007, il envoyait aux lycées et universités de France, Belgique, Espagne et Suisse le premier tome (la série en comportera sept) d’un Atlas de la Création : 770 pages de grand format, richement illustrées sur papier glacé.[1] L’argument principal d’Harun Yahya est simple et facile à exposer : les fossiles n’ont pas évolué ; d’ailleurs, bien des plantes ou animaux contemporains sont identiques à leurs fossiles ; donc il n’y a pas évolution.[2] Au passage, bien entendu, ce musulman cite des versets du Coran exaltant la puissance et la sagesse du Créateur.
La réaction du ministre français de l’Education fut de désigner le Pr Hervé Le Guyader, pour élaborer la réponse officielle : le créationnisme est de la religion ; l’école publique doit enseigner la science, c’est-à-dire l’évolution. Les 19 et 20 octobre, le principal syndicat d’enseignants dans les lycées français, le SNES, tenait un colloque à Saint-Denis sur « la contestation de la théorie de l’évolution demain et après-demain ». Il s’agit donc surtout de prévention : comment aider les enseignants « confrontés à des discours extrémistes religieux ».[3]
Mais les témoignages présentés à ce colloque inquiètent déjà : « Deux jeunes filles musulmanes ont posé leur stylo, croisé les bras et nargué leur enseignante » lorsque Sonia, leur professeur de biologie, abordait l’évolution de l’homme, l’an dernier.
Un autre, enseignant d’histoire celui-là, s’est retrouvé à corriger un TPE (travail personnel encadré) composé « pour moitié » de théories créationnistes piochées sur Internet que ses élèves ont soutenues mordicus. Ce type d’attitude touche de jeunes musulmans, des enfants proches de certaines Eglises protestantes, adventistes notamment, de jeunes témoins de Jéhovah, mais aussi des catholiques et de jeunes juifs : quelques témoignages de professeurs enseignant dans des quartiers parisiens traditionnellement juifs disent ainsi sentir « une résistance de plus en plus marquée à la théorie de l’évolution ». Tiphaine, professeur de français dans un collège de banlieue dans l’Essonne, observe que ses élèves, plus qu’agressifs, semblent « interrogatifs et troublés » de voir que le savoir dispensé par l’école est différent de celui qu’on leur a appris par ailleurs. Les plus virulents ont tendance à se taire en regardant d’un air réprobateur.[4] Une élève protestante lui a déjà dit que ce serait trop dur pour elle de renoncer à ses convictions, mais « ça reste une exception. En général on arrive à les convaincre en leur montrant la différence entre foi et faits scientifiques.[5]»
Une semaine plus tard, les 27 et 28 octobre, se tenaient à Paris les journées d’études de l’ACIREPH (Association pour la Création des Instituts de Recherches sur l’Enseignement de la Philosophie) sous le titre : Comment parler en classe de la religion et des croyances religieuses. Deux des quatre thèmes abordés étaient les suivants : Les diverses formes de croyance sont-elles compatibles avec la science ? et La laïcité du professeur de philosophie consiste-t-elle à gagner ses élèves à l’esprit des lumières ?
La conférence principale (si l’on en juge par le temps attribué : 2h 30) fut celle du Pr Guillaume Lecointre, bien connu pour ses positions de rationaliste athée : La théorie de l’évolution face aux croyances religieuses contemporaines. Le darwinisme face au créationnisme et au « dessein intelligent ».
Le CEP n’a certes pas attendu la publication d’Harun Yahya pour s’intéresser à la question, mais il importe aujourd’hui d’examiner cette vaste contre-offensive du scientisme scolaire pour en décrypter les mobiles et en comprendre l’esprit.
Plutôt que sur les ragots journalistiques, nous nous appuierons pour cela sur le rapport primitif (donc non édulcoré par les amendements en session plénière) élaboré par la commission du Conseil de l’Europe, le premier rapporteur étant un socialiste français, professeur de mathématiques à l’Université d’Amiens, Guy Lengagne (Doc. 11297 du 8 juin 2007).
D’une part, il s’agit d’un texte officiel, diffusé par le plus important corps politique ayant jamais vu le jour – plus puissant que ne fut le Sénat romain à l’apogée de l’Empire – et prétendant régir le destin de centaines de millions d’hommes. D’autre part, constituant une synthèse collective, il donne une meilleure idée de l’état des esprits, qu’un texte individuel.
Le titre et le contenu de ce rapport montrent qu’il s’agissait de réagir à l’audition que le Pr Maciej Giertych avait organisée le 11 octobre 2006 au Parlement européen (cf. Le Cep n° 38) sur L’enseignement de l’évolution dans les écoles européennes, le débat y faisant suite à un bref exposé par trois experts : le Dr Hans
Zillmer (paléontologiste allemand), Guy Berthault (sédimentologiste français), le Pr Joseph Mastropaolo (physiologiste américain), les faits exposés par ces experts allant clairement à l’encontre de la thèse évolutionniste[6].
Parmi les projets de résolutions rédigés en vue du vote par les
députés européens, nous retiendrons comme les plus
caractéristiques les suivants, en soulignant les mots et locutions les plus significatives :
- Si nous n’y prenons garde, le créationnisme pourrait devenir une menace pour les droits humains, (qui préoccupent
particulièrement le Conseil de l’Europe) (§ 1)
- Nous assistons à la croissance de modes de pensée qui, pour mieux imposer des dogmes religieux, attaquent le noyau même des connaissances que nous avons patiemment élaborées sur la nature, l’évolution, nos origines et notre place dans l’univers (§ 5)
–Le créationnisme [né de la négation de l’évolution des espèces par le moyen de la sélection naturelle (§ 2)] présente nombre d’aspects contradictoires [introduisant la confusion dans l’esprit des enfants entre ce qui relève des convictions, croyances et idéaux, et ce qui relève de la science (§ 6)]. La théorie de l’ « Intelligent design », qui est la dernière version – plus affinée – du créationnisme, ne nie pas un certain degré d’évolution, mais prétend y voir l’œuvre d’une intelligence supérieure et non de la sélection naturelle. Quoique plus subtile dans sa présentation, la doctrine du dessein intelligent n’est pas moins dangereuse (§ 7)
- Les progrès de la recherche médicale en vue de combattre efficacement les maladies infectieuses telles que le SIDA deviennent impossibles si le principe même de l’évolution est nié (§ 10)
- La guerre faite à la théorie de l’évolution et à ses partisans a le plus souvent comme source des formes d’extrémisme religieux qui sont étroitement liées aux mouvements politiques d’extrêmedroite[7]. (…) Les avocats du créationnisme strict se proposent de remplacer la démocratie par la théocratie (§ 12)
- L’examen de l’influence croissante des créationnistes montre que le débat entre créationnisme et évolution va bien au-delà des questions intellectuelles. Si nous n’y prêtons garde, les valeurs qui font l’essence même du Conseil de l’Europe, seront sous la menace directe des fondamentalistes créationnistes. C’est en partie le rôle des parlementaires européens que de réagir avant qu’il ne soit trop tard (§ 17)
Face à cette menace, encore potentielle mais jugée terrifiante, le rapport demande aux Etats membres de rendre la science plus accessible, de réserver la présentation du créationnisme aux seuls cours de religion et de « promouvoir l’enseignement de l’évolution par la sélection naturelle comme une théorie scientifique fondamentale dans les programmes scolaires » (§ 18.5).
L’usage est la règle supérieure définissant le sens des mots. Le rapport Lengagne (comme le rapport Brasseur qui en a pris la suite) permettent ainsi de cerner le sens réel du mot « créationnisme », c’est-à-dire le sens qui lui est donné par les institutions, la presse et les autres médias.
Lengagne pose le principe d’une séparation rigoureuse entre la science (tentant d’expliquer comment les choses arrivent) et la religion (prétendant expliquer pourquoi les choses sont) (§ 89). Il en résulte que le mot de « création », relié à un dogme religieux, doit être exclu des énoncés scientifiques. Une théorie de la création, enseignée dans un cours d’histoire du phénomène religieux, ne constituerait donc pas une offense contre cette « valeur essentielle » qu’est la laïcité.
Lengagne ne se pose pas en adversaire de la religion : la « liberté de pensée », cette autre valeur essentielle (corrélée à la précédente) le lui impose. Libre à quiconque de croire qu’il provient du chou-fleur, du singe ou de l’étoile Sirius ! Mais dès lors que nous quittons le psychisme individuel pour entrer dans le temple de la science, donc avec la volonté de comprendre comment les choses se passent réellement, tout apriori biblique ou dogmatique supprimerait l’objectivité du chercheur.
Selon les termes de Guillaume Lecointre, professeur au
Muséum d’Histoire Naturelle de Paris, « la vérification objective (d’un énoncé) dépend de trois facteurs : scepticisme, rationalité et logique, et finalement matérialisme méthodologique. » (§ 24). Ainsi par le jeu d’une définition tendancieuse de l’objectivité (scepticisme[8] au lieu de doute cartésien), Lecointre parvient à introduire son matérialisme dans la méthode scientifique.
L’important n’est pas ici de réfuter ce tour de passe-passe, mais d’en mesurer les conséquences : le récent « Document Episcopat » (n° 7/2007) sur Le Créationnisme énonce cette formule surprenante sous la caution ecclésiastique: « toute démarche scientifique est matérialiste » (p.10) !
Même Einstein a dû s’en retourner dans sa tombe !…
Ce matérialisme méthodologique une fois érigé en apriori, il s’ensuit que l’Intelligent Design, dont nombre de représentants acceptent pourtant l’évolution, est bien une fausse barbe du créationnisme : l’ID recourt à l’idée d’une intelligence supérieure pour expliquer comment les choses marchent ; il introduit donc dans la science un concept d’origine religieuse !
C’est ainsi que l’UIP (Université Interdisciplinaire de Paris) animée par Jean Staune (évolutionniste déclaré), conseillée par Anne Dambricourt-Malassé (chercheur au CNRS et naguère Secrétaire des Amis de Teilhard de Chardin), est classée sans états d’âme comme relevant du créationnisme tant par le rapport Lengagne que par le Document Episcopat. Et si l’approche spiritualiste de l’UIP n’y avait pas suffi, il resterait une seconde approche pour y parvenir : la sélection naturelle. Pour les deux documents cités, le darwinisme est la seule explication scientifique du « fait » de l’évolution : c’est la sélection naturelle qui doit expliquer comment les êtres vivants sont apparus. La lutte pour la survie, en effet, est aujourd’hui la seule explication matérialiste de la disparition des espèces « moins favorisées ».
« L’enseignement de l’évolution par la sélection naturelle en tant que théorie scientifique fondamentale est donc crucial pour le futur de nos sociétés et de nos démocraties » (§ 94).
Un tel énoncé est digne d’être encadré. On y trouve en effet une ingérence du politique dans le scientifique : c’est le Conseil de l’Europe qui prétend y décider, au vu des conséquences « cruciales » pour la société, que le darwinisme (la sélection naturelle comme mécanisme évolutif) est scientifiquement valide.[9] On y lie le sort d’une forme de gouvernement (la démocratie) à une théorie particulière ; le but est bien sûr d’écarter toute idée d’une finalité dans la nature.
On mesure ici l’erreur de ces chrétiens qui croient amadouer l’establishment scientifique en affirmant que Dieu est derrière l’évolution. Il en est de ce « darwinisme méthodologique » comme de l’économie marxiste que certains voulaient épurer de l’idéologie révolutionnaire : en réalité le présupposé matérialiste présent chez Darwin est indissociable de sa théorie. Accorder que la réalité est effectivement régie par « le hasard et la nécessité » (selon la formule de J. Monod), c’est ôter à Dieu sa « seigneurie » (Newton) sur les choses et réduire la religion à un outil d’accompagnement psychologique. Pour navrant que ce soit, que l’épiscopat français accepte cette mutilation n’est guère surprenant, puisqu’il a désormais fait sienne la définition de la laïcité qu’avaient posée les rationalistes anticléricaux d’il y a un siècle.
Mais l’arrivée de l’islam dans le paysage est venue renverser ce consensus contre-nature : il n’est pas question pour les musulmans de séparer ce que les chrétiens avaient su distinguer[10]. Si c’est bien Dieu qui a créé les espèces vivantes, il serait absurde que les manuels de biologie fassent comme s’Il n’existait pas !
Dans l’état actuel des choses, il est donc inévitable que l’affirmation sociale de l’Islam vienne perturber les programmes scolaires, et sur plus d’un point. Là est la véritable « menace » créationniste, et ce n’est pas un hasard si l’opération Harun Yahya a déclenché un tel tir de barrage.
Reste à savoir si la laïcité républicaine saura proposer aux esprits en quête de vérité une authentique vision des origines capable de s’imposer par de véritables arguments, sans le secours de programmes obligatoires ou sans la répression légale des penseurs dissidents.
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Une réunion de créationnistes est interdite à des élèves de première en Angleterre, au nom de
l’homosexualité.[11]
Présentation : Sans avoir à attendre les effets de la récente prise de position du Conseil de l’Europe (cf. éditorial), une discrimination contre les chrétiens s’exerce déjà : le fait divers ici rapporté montre bien que, sous prétexte de contenir le créationnisme, ce sont tous les aspects de l’anthropologie chrétienne qui pourront peu à peu se voir interdits. En attachant de l’importance au sens littéral de la Bible, les créationnistes britanniques ne peuvent en effet que dénoncer la complaisance des textes législatifs envers l’homosexualité. On sait par ailleurs qu’un pasteur scandinave a été récemment condamné à la prison, et il va devenir de plus en plus difficile de concilier le respect des lois votées et les exigences de l’Evangile.
Le mardi 19 novembre, le groupement Creation Research UK fut informé par Mademoiselle Natalie Clifford (animatrice d’étudiants) de l’Union Chrétienne au collège de Cheadle & Marple sur le campus de Cheadle, que la réunion facultative à l’heure du déjeuner de la classe de première avec John Mackay comme conférencier était vigoureusement contestée par les membres du département des sciences, sous prétexte que John Mackay prenait position contre l’homosexualité. Le sujet annoncé que John devait traiter était « Dénoncer l’évolution, prouver la création. »
Le mercredi 20 novembre, Mademoiselle Clifford informa que la réunion était formellement annulée par « l’Enrichment Officer », en l’absence du Principal, et qu’aucune réunion dans un autre lieu extérieur au campus n’était autorisée, bien qu’une salle ait été offerte par une église locale.
Tout ceci en dépit du fait que (a) le Ministre britannique de l’éducation ait récemment statué que les professeurs de science des écoles publiques ont le droit de discuter du créationnisme en classe, mais doivent mentionner qu’il n’a pas de preuve scientifique, et (b) la réunion facultative en question était en fait destinée à une association chrétienne et n’était même pas destinée à une classe de science.
Le fait que les professeurs de science s’opposent à une réunion facultative de la Christian Union sur les preuves scientifiques contre l’évolution et en faveur de la création, en se référant à une question morale, tendrait à prouver que l’acceptation de l’aspect scientifique de l’évolution est liée à l’acceptation de la morale de l’homosexualité et à une intolérance pour toute autre alternative.
Il est également très évident que ces professeurs de science font une discrimination ouverte contre les chrétiens aussi bien que contre quiconque prenant position sur la création et la morale judéo-chrétienne. Leur position est donc théophobe et non pas homophobe; c’est-à-dire qu’elle craint Dieu, non pas l’homme.
Cette situation devrait inquiéter chaque famille sérieuse du Royaume Uni et toute personne craignant Dieu et tout dirigeant d’église chrétienne qui voit cette attaque pour ce qu’elle est: la destruction complète de la famille et de la liberté de religion.
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L’article suivant, écrit par John Mackey, fera mieux comprendre les tenants et aboutissants de cette question.
Pouvez-vous hériter d’un comportement homosexuel; êtesvous né comme cela ? demanda un jeune homme. La réponse facile est que, puisque les homosexuels ne s’accouplent qu’avec des personnes du même sexe, ils ne transmettent pas leurs gènes et l’homosexualité ne peut donc pas être héritée.
Évidemment, s’ils s’accouplent avec une femme et ont un enfant, ils prouvent alors qu’ils ne sont pas homosexuels, sauf quand ils le veulent. Là encore vous ne pouvez pas hériter de gènes homosexuels, même si vous pouvez hériter de la possibilité de faire un choix pour votre vie sexuelle. Si l’évolutionniste se prend au sérieux il doit alors admettre que la sélection joue contre l’homosexualité puisqu’elle n’offre aucun avantage de survie et que les homosexuels sont naturellement éliminés de la société.
Dieu, le Créateur, appelle l’homosexualité péché et révolte contre Son projet d’un homme uni à une femme pour la vie.
Dieu est en fait plus sévère que cela. Il révèle aux Romains que l’homosexualité est la conséquence lointaine d’une société qui commence par nier Dieu, puis cesse de Le remercier. Il la juge alors en l’abandonnant à l’irrationnel, si bien que les hommes pensent qu’il est bien d’user sexuellement d’un autre homme et les femmes commencent à vouloir des relations sexuelles avec d’autres femmes ; ils se détruisent ainsi eux-mêmes car la loi de Dieu a toujours été que le salaire du péché était la mort.
Lisez-le vous-même dans tout le premier chapitre de l’Épître aux Romains et dans la Première Lettre aux Corinthiens où Paul écrit: « Ne savez-vous pas que les injustes ne posséderont point le royaume de Dieu ? Ne vous y trompez point: ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs, ni les avares, ni les ivrognes, ni les calomniateurs, ni les rapaces ne posséderont le royaume de Dieu. Voilà pourtant ce que vous étiez, du moins quelques uns d’entre vous; mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus-Christ et par l’Esprit de notre Dieu » (1 Co 6, 9-11).
Si vous êtes un chrétien qui vous souciez vraiment des homosexuels, des voleurs, des ivrognes, etc., alors les aimez-vous suffisamment pour les avertir qu’ils sont sur le chemin de l’enfer et qu’ils doivent se repentir et croire ? Le Seigneur Jésus n’y va pas par quatre chemins à propos de questions aussi sérieuses que le lieu où nous passerons l’éternité. Priez beaucoup avec nous à propos de cette situation, car c’est de plus en plus se placer du côté du manche que de bannir le travail chrétien dans les écoles, publiques et privées, et dans l’Église, dans le monde entier.
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SCIENCE ET TECHNIQUE
« Les rationalistes fuient le mystère pour se précipiter dans l’incohérence »
(Bossuet)
Le contrôle moteur[12] Pr Pierre Rabischong
Présentation : Lorsque nous déplaçons un membre, nous n’avons aucune idée de l’appareil complexe que nous actionnons et dont les fonctions sont multiples : contraction de fibres musculaires, contrôle de l’effort, contrôle de la position et, surtout, coordination des ordres donnés aux très nombreux muscles concernés par l’acte visé. La mise au point de robots et les mesures d’influx nerveux nous ont permis de mieux comprendre toute cette « machinerie » étonnante que nous guidons inconsciemment. En particulier la peau, avec ses multiples capteurs sensoriels, joue un rôle décisif pour le contrôle spatial des gestes.
La commande des muscles est une opération complexe nécessitant une commande simple, eu égard à la possible totale ignorance du pilote. Techniquement, le problème peut être saisi à deux niveaux : celui de la façon dont les actionneurs musculaires sont activés, et celui de la façon dont la décision d’action est exécutée.
Pour le premier point, le muscle strié est formé de fibres musculaires, qui obéissent à la loi du tout ou rien, c’est-à-dire qui n’ont que deux états possibles : ou contracté ou relâché. Pour expliquer la nécessaire proportionnalité des efforts musculaires en fonction des tâches à accomplir, il faut donc que celle-ci soit en rapport avec le nombre de neurones moteurs mis en jeu. En effet, les motoneurones sont reliés aux fibres musculaires par une jonction de type synaptique à transmission chimique. La plaque motrice est une structure complexe, avec des membranes plasmiques pré et post synaptiques, assurant la biosynthèse de protéines intervenant soit directement soit indirectement dans la transmission de la commande neuronale.
Le microscope électronique a permis d’avoir une connaissance précise de tous ces éléments. On parle donc d’unité motrice pour désigner le nombre de fibres musculaires placées sous la commande d’un motoneurone. Cette unité motrice obéit également à la loi du tout ou rien et, de ce fait, la commande globale d’un muscle nécessite l’activation du pool de motoneurones correspondant au muscle.
Ce qui cependant est extraordinaire et correspond bien à une forme d’intelligence technique, est que la valeur de l’unité motrice n’est pas la même pour tous les muscles. En d’autres termes, le nombre de fibres musculaires placées sous la commande d’un motoneurone n’est pas le même pour tous les muscles. Par exemple, les muscles extra-oculaires, qui mobilisent les globes oculaires dans les deux directions principales verticale et horizontale du regard, ont besoin d’un incrément de force très faible pour exécuter leur tâche, qui n’a rien à voir avec ce que doit faire un des plus gros muscles de l’organisme, le grand fessier. En conséquence, l’unité motrice pour les mouvements de l’œil correspond à environ 25 fibres musculaires et pour les mouvements puissants d’extension de la cuisse à environ 6000 fibres musculaires. Il y a donc une proportionnalité de la commande musculaire, exactement adaptée à la qualité du travail à exécuter.
Le second point est le mode de contrôle de l’appareil moteur. On doit d’emblée accepter l’idée de deux niveaux de contrôle dans le système nerveux central, correspondant, d’une part, à la décision d’action, et, d’autre part, à son exécution. La décision s’opère dans un langage global simple et fonctionnel : marcher, prendre un objet, sauter, manger… ; on parle donc de mouvements et jamais de muscles, puisqu’il est prévu de pouvoir fonctionner sans même savoir qu’on a des muscles. Et, bien entendu, celui qui connaît l’anatomie ou la physiologie ne fonctionne pas mieux que celui qui ne la connaît pas. Ceci veut dire qu’il y a obligatoirement une zone dans le cerveau où s’opère la décision, dans ce codage simple, amélioré par l’apprentissage, mais restant de formulation fonctionnelle.
A titre d’exemple, la fixation du regard sur un objet déterminé est une opération que nous pouvons exécuter avec simplicité et nous pouvons même, tout en gardant le regard fixé sur l’objet, déplacer notre tête ou même notre corps, ce qui implique une coordination visuo-motrice complexe.
La commande de la fixation du regard se situe dans l’aire dite prémotorique et on a décrit, chez les patients présentant un accident vasculaire cérébral, une déviation conjuguée de la tête et des yeux, qui objective ce principe. On dit que le malade regarde sa lésion. En d’autres termes, tout est fait dans le cerveau de la mobilité, pour permettre de décider simplement de faire des tâches complexes.
Le second niveau d’exécution est infiniment plus complexe. Le langage n’est plus global et fonctionnel, mais analytique, tenant compte d’impératifs techniques, liés au mode d’activation des actionneurs appropriés pour un programme spécifique. Il y a, au moins, trois problèmes techniques à résoudre : le choix des actionneurs, l’ajustement des agonistes et des antagonistes, et la correction d’erreurs en temps réel. Le choix des actionneurs peut se faire en choisissant sur un clavier moteur, les bons muscles. Wiler Penfield, neurochirurgien canadien, a, en 1920 sur plus de 1000 patients, effectué des stimulations électriques du cortex moteur de l’aire 4, ou gyrus précentral. Il a pu établir une cartographie précise des zones d’activation de tous les muscles du corps, qui a donné lieu à ce qu’on a appelé l’homunculus moteur. La zone de la face, correspondant au langage, ainsi que la main, ont une très large surface, alors que le membre inférieur, qui se projette au niveau du lobule paracentral, dans la scissure inter hémisphérique, a une très faible surface de projection. Ceci correspond au fait que le membre inférieur, pour la locomotion, agit plus dans un domaine semi-automatique, que la main qui nécessite un contrôle cortical, quasi permanent.
Le clavier moteur n’est donc pas attaqué directement par la zone prémotorique de décision. Une longue boucle corticocorticale va du cortex prémoteur vers le cervelet latéral et son noyau dentelé via les noyaux du pont, avec un retour sur le thalamus ventro-médian, puis sur le clavier moteur de l’aire 4.
Une activation des bons muscles peut se faire par le faisceau cortico-spinal, qui s’articule directement sur la corne antérieure motrice, à chaque étage métamérique.
Cette boucle est aussi une boucle de programmation motrice, car elle se projette à partir du thalamus moteur sur les ganglions de la base ou noyaux gris centraux, avec un retour vers le cortex. Ce système sous-cortical est une véritable bibliothèque motrice, qui stocke des programmes moteurs, quelquefois complexes, comme la pratique du piano.
L’ajustement agoniste-antagoniste est un des problèmes techniques les plus complexes, qui met en jeu de nombreuses structures. En effet, les muscles sont des actionneurs non réversibles, travaillant dans une seule direction, ce qui implique de toujours les coupler pour contrôler le mouvement d’une articulation. L’un doit être activé, pendant que l’autre est relâché et leur contraction simultanée permet de bloquer l’articulation en position. Pour organiser ce mécanisme, il faut que le système nerveux central connaisse l’état des actionneurs. Nous avons, en
1992, créé le terme de robionique, pour désigner l’association de la robotique, de la biologie et de l’électronique, en complément du terme de bionique, introduit par les américains en 1960. On parle maintenant de mécatronique. L’idée était de favoriser un double transfert de connaissance : d’une part, du vivant vers l’artificiel et, d’autre part, de l’artificiel au vivant.
Le premier transfert a été utilisé pour trouver, dans la nature, des exemples de dispositifs techniquement avancés et susceptibles d’être copiés dans des systèmes artificiels. Un exemple est celui de l’œil de la mouche, avec ses 3200 ommatidies, qui sont des micro-unités visuelles, avec un système optique et un système nerveux d’analyse de l’image. La mouche, dotée de ces deux yeux composés, a une capacité énorme d’analyse de l’espace et du mouvement, et certaines de ses ommatidies sont spécialisées dans l’identification d’une direction particulière de mouvement. Elle a, toutefois, malgré ses possibilités réflexes de réaction plus rapides que l’homme, un angle mort arrière d’environ 7°, qui permet de l’attraper exclusivement a posteriori.
Ce système visuel exceptionnel a été copié par l’équipe de robotique de Marseille du Pr Franceschini, pour faire un capteur visuel artificiel multidirectionnel. D’autres exemples peuvent être trouvés dans les créations biomimétiques de pattes, avec ou sans un système spécial d’adhérence comme chez le reptile gecko.
L’autre transfert peut se faire de l’artificiel vers le vivant. En effet, si l’homme n’a pas construit l’homme, il est néanmoins capable de construire des machines qui peuvent prendre des objets. Ces manipulateurs entrent dans le domaine de la robotique.
Le terme robot, qui veut dire travail en tchèque, a été introduit par Karel Tchapek en 1921 dans une pièce intitulée Les robots universels de Rossum. Il a, depuis, été repris et il n’est pas de jeunes, de nos jours, qui ne connaissent les exploits d’anthropoïdes métalliques, ayant inspiré de nombreux films. La robotique industrielle s’est fortement développée dans les années 1970, et la France, par les efforts de ses constructeurs automobiles, a favorisé le développement de manipulateurs programmables, équipés dans leurs versions les plus avancées, de capteurs d’environnement visuels ou tactiles, leur permettant de s’adapter « intelligemment » aux variations de leurs programmes. Or, permettre le déplacement dans un espace tridimensionnel de la pince d’un robot manipulateur ayant 5 à 6 degrés de liberté nécessite d’écrire des équations complexes pour définir les algorithmes de commande appropriés. Il faut connaître deux informations spécifiques pour assurer la coordination : l’état des moteurs et les angles des segments. L’état des moteurs peut être mesuré par l’énergie électrique ou hydraulique alimentant les moteurs. Les angles des segments peuvent être mesurés à l’aide de potentiomètres, soit linéaires, soit angulaires, placés sur les joints du manipulateur. On peut donc penser que le problème technique du contrôle d’un manipulateur dans l’espace est le même que celui de la coordination des différentes articulations des membres humains.
Pour ce qui est des valeurs angulaires de segments corporels, on peut démontrer que les muscles, malgré le diagramme tension/longueur décrit par les physiologistes, ne peuvent pas les fournir.
D’une part parce qu’ils sont viscoélastiques et redondants ; d’autre part parce que le cerveau n’a pas une bibliothèque des insertions de tous les muscles exprimées en coordonnées géométriques, par rapport aux axes articulaires. Ceci permettrait un calcul géométrique des angles articulaires, avec toutefois la condition obligatoire de définir les muscles sous forme de vecteurs.
Il est clair que le cerveau n’entend pas le langage vectoriel qui est réellement une invention humaine. On pourrait penser que les ligaments très riches en mécanorécepteurs pourraient servir de potentiomètres, par leur fixation multidirectionnelle au niveau des articulations.
Mais si on considère une articulation comme le poignet, avec la fragmentation du carpe, on voit mal comment tous ces ligaments, placés dans toutes les directions, pourraient donner une valeur angulaire globale de l’extension ou de la flexion du poignet. Les ligaments doivent plutôt être considérés comme des indicateurs de fin de course, l’entorse douloureuse étant précisément le dépassement de la valeur extrême de positionnement de l’articulation. La solution de la mesure des angles articulaires, qui n’est pas d’emblée évidente, est à rechercher dans la peau. La peau est, en effet, un vêtementcapteur, comportant une quantité impressionnante de capteurs multiples, tels les Pacini, Meissner, Krause, Merkel…, parmi lesquels se trouvent les seuls récepteurs sensibles à l’étirement, les capteurs décrits par Ruffini en 1894. Ils ont beaucoup de ressemblance avec les organes de Golgi. Ils sont formés par une capsule fibreuse entourant des faisceaux conjonctifs contenant des fibres nerveuses. Chaque déplacement d’un segment corporel entraîne une déformation cutanée, avec traction d’un côté et détraction de l’autre.
Le goniomètre cutané n’est pas étalonné en degrés, mais il peut être affiné à l’aide de la vision, qui peut, par éducation, aider la peau à fournir des valeurs goniométriques précises. On peut dire, que, même ignorant tout l’en-soi biologique, nous existons dans notre espace tridimensionnel, grâce à la peau et à la vision. Les danseurs et les kinésithérapeutes connaissent bien le bénéfice fonctionnel qu’ils peuvent tirer de l’utilisation du miroir.
De nombreux arguments cliniques permettent d’affirmer le rôle goniométrique de la peau. Depuis Moberg, chirurgien de la main suédois, nous savons qu’un doigt insensible, qui n’est pas paralysé, puisque le patient peut le mouvoir, n’est plus intégré dans le contrôle moteur, quand il est associé aux autres doigts, pour boutonner une veste, par exemple.
Ceci justifie l’existence, au niveau du cortex cérébral, d’une boucle stato-kinesthésique reliant le clavier moteur de l’aire 4 du gyrus précentral du lobe frontal avec le clavier sensitif des aires 1, 2, 3 du gyrus postcentral du lobe pariétal. Cette boucle nous permet de savoir en permanence où nous sommes et où nous allons, quel que soit le segment déplacé.
Une tumeur du lobe pariétal peut entraîner une asomatognosie, c’est-à-dire la perte du sens positionnel. Le patient, qui en est atteint, peut remuer les membres, car il n’est pas paralysé, mais en l’absence de vision, il ne sait pas localiser ses membres en position et déplacement. Normalement, les yeux fermés, nous sommes capables de localiser tous nos segments corporels par la peau, qui, cependant, passe mal le continu, ce qui explique, en cas d’immobilité prolongée, la perte relative du sens positionnel. Nous avons démontré que l’anesthésie cutanée de la peau de la cheville perturbe les réactions d’équilibration posturale, ce qui confirme également ce rôle primordial de la peau comme goniomètre. La proprioception consciente, qui est précisément ce sens positionnel d’origine cutanée, se double d’une proprioception inconsciente, qui permet au niveau du cervelet, par un contingent spécial émanant des faisceaux spinocérébelleux, de « peaufiner » l’ajustement agoniste-antagoniste.
Le troisième problème technique est la correction d’erreurs en temps réel. En effet, la programmation et l’exécution d’un mouvement décidé par le pilote, mettent en jeu un nombre important de circuits, parmi lesquels le cortex sensori-moteur fronto pariétal, les noyaux gris centraux, le thalamus moteur ventro-médian, le cervelet latéral pour le choix des actionneurs et le cervelet intermédiaire pour l’ajustement agoniste-antagoniste. La mise en jeu finale des actionneurs est donc une convergence de circuits multiples, pouvant engendrer des erreurs.
Or, nous savons maintenant que l’olive inférieure, vaste complexe neuronal placé dans la partie haute du myélencéphale, joue ce rôle en recevant des informations de la moelle, lieu final d’exécution et du thalamus et du noyau rouge pour la programmation, et en envoyant des informations par les fibres grimpantes vers les noyaux gris centraux du cervelet pour une correction en temps réel.
On voit, donc, une fois de plus, que le pilote, dans son ignorance acceptée, est capable de réaliser des tâches complexes, affinées par l’apprentissage et stockées dans la bibliothèque motrice, sans avoir besoin de connaître le détail d’une machinerie neuronale motrice impressionnante qui mobilise inconsciemment 80 % de la circuiterie nerveuse de la mobilité.
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Nos membres publient :
Le Handicap, par Pierre Rabischong
Après son Programme Homme (P.U.F., 2003), le Pr Pierre Rabischong vient de donner à la collection Que sais-je ? un petit livre (c’est la règle de la collection), mais dense et finement articulé (c’est encore la règle) sur le handicap. On compte pour la seule France 13 millions de personnes souffrant d’un handicap : chaque fois que se dérègle l’une des myriades de fonctions qui se déploient dans le corps. Mais l’ouvrage intéressera aussi bien tous ceux qui, sans le subir eux-mêmes, veulent comprendre ce qu’il en est, connaître la manière dont les handicaps sont classés et mesurés, comment les déficiences sont évaluées et, surtout, ce que la société propose aux handicapés et quelles sont les techniques compensatoires. Car c’est ici un domaine où la micromécanique, l’électricité et la télécommande apportent une aide remarquable.
On notera aussi que ce livre est écrit par un médecin (Doyen honoraire de la Faculté de Médecine de Montpellier) : transparaît à chaque page le souci du patient et de son entourage, ce qui donne à ce petit ouvrage un charme personnel bien éloigné du style didactique parfois un peu sec qui « handicape » souvent la collection des Que sais-je ? (Paris, P.U.F. 2008, vendu en toutes librairies)
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Pour une approche critique de la théorie de l’Évolution
Pr Maciej Giertych[13]
Résumé : Avec les articles de Dean H. Kenyon et Richard von Sternberg reproduits dans les numéros 40 et 41, cet article constitue le dernier volet d’un triptyque adressé par l’auteur au Pape Benoît XVI pour l’alerter sur l’imprudence qu’il y aurait, de la part de l’Eglise catholique, à prendre parti en faveur de l’évolutionnisme. M. Giertych y narre son propre cheminement, sa surprise à découvrir que la génétique des populations, la spécialité qu’il enseignait, avait remplacé les fossiles comme « preuve » de l’Evolution, alors que les mutations génétiques sont des perturbations qui généralement détruisent ou atrophient la fonction concernée, et que la formation des races (présentée comme un « petit pas dans l’évolution») appauvrit en réalité le pool génétique.
La théorie de l’évolution est soutenue pour des raisons idéologiques et non par ses preuves scientifiques. Si ce n’était par manque d’une autre explication athée de l’origine de la vie et de toutes ses formes, cette théorie aurait été écartée par les scientifiques depuis longtemps. En fait, la plupart des scientifiques préfèrent ne pas se mêler de la controverse sur l’évolution à cause de dommageables conséquences sur leur carrière. On peut voir dans un article de la National Review un exemple récent de telles conséquences pour le Dr Richard von Sternberg du Smithsonian Institution.[14] La plupart des biologistes peuvent travailler dans leur domaine et progresser dans leur carrière sans jamais mentionner l’évolution, ce que la plupart d’entre eux choisissent de faire.
Macroévolution contre microévolution
La plus grande tromperie dans la promotion de la théorie de l’évolution se trouve dans l’affirmation que l’adaptation, ou microévolution comme on l’appelle souvent, est un petit pas dans la macroévolution. Cela n’est tout simplement pas vrai.
« Macroévolution » désigne l’apparition et la permanence de nouvelles formes biologiques telles que des organes qui n’existaient pas auparavant, ou des fonctions ou au moins la formation de nouvelles catégories taxonomiques plus élevées, incapables de se reproduire dans la population dont elles émanent. Ceci n’a jamais été démontré. J’ai rencontré pour la première fois la controverse sur la théorie de l’évolution lorsque j’enseignais la génétique des populations aux étudiants en biologie. Ma réflexion provint non pas de textes universitaires mais des manuels scolaires de mes enfants. Lorsque j’étais moi-même à l’école, l’évolution était enseignée comme un fait que l’on disait prouvé par des preuves paléontologiques, par toutes ces formes intermédiaires sophistiquées que les paléontologues déterraient peu à peu. Puis j’étudiai la foresterie, me spécialisant dans la physiologie et la génétique des plantes, pour finir par enseigner la génétique des populations. Pendant toutes ces années je n’ai jamais été tracassé par la validité de la théorie de l’évolution. Mais lorsque mes enfants furent dans le secondaire, je découvris dans leurs manuels que la théorie était toujours enseignée comme un fait biologique, mais que la preuve principale ne venait plus désormais de la paléontologie mais de la génétique des populations. Or j’enseignais cette discipline et je ne savais pas que ma spécialité fournissait le principal soutien à la théorie de l’évolution !
Formation des races
Je vérifiai dans les manuels utilisés dans les autres pays et découvris que la situation était la même. Les manuels prétendent que la formation des races est un exemple et un petit pas dans l’évolution. Pourtant je sais, et tout généticien des populations sait, que les races, qu’elles soient produites dans la nature ou par élevage, sont dues à :
a) la sélection naturelle ou artificielle, b) la dérive génétique et c) l’isolement.
La sélection dépend du rejet de certains et de la préservation des élus. Aucune information génétique nouvelle n’est produite, mais beaucoup est abandonnée. La dérive génétique est une perte accidentelle d’information génétique due à la petite taille de la population choisie. L’isolement conserve la race ; sans lui la spécificité de la race se perd. Si, à la suite de la sélection des races, la population originelle a disparu, la totalité du pool génétique de l’espèce est épuisé. Or pour l’évolution (toujours présentée comme progressive), nous avons besoin d’une augmentation de l’information génétique. La formation des races est donc un processus dans la direction opposée. Une race est génétiquement plus pauvre que la population dont elle provient. Elle possède moins d’allèles de ses gènes. Tout ceci est bien documenté. La macroévolution requiert une nouvelle information génétique et la formation des races n’est donc pas un exemple de ce processus.
Dans les manuels scolaires règne l’histoire de Bistona betularia [la phalène ou « géomètre » du bouleau] ce papillon qui est blanchâtre sur l’écorce propre du bouleau et foncé sur l’écorce couverte de suie. Les oiseaux sont les agents de la sélection: ils attrapent plus facilement les papillons visibles, les noirs sur l’écorce blanche et les blancs sur l’écorce noire. Alors la population s’adapte. Avec le contrôle de la pollution, l’écorce du bouleau redevint blanche et les papillons aussi reprirent leur couleur blanchâtre. Il en fut ainsi parce que la population dans son ensemble, au-delà de la zone polluée, conservait les deux types de papillons dans les limites de sa variabilité, le blanc dominant. Il n’y avait pas d’isolement et l’avantage sélectif des papillons noirs n’était que temporaire. Aucune nouvelle fonction ni aucun organe ne fut créé ; aucun nouveau taxon, aucune indication d’un pas dans l’évolution. Voilà pourtant le principal argument en faveur de l’évolution que les scientifiques fournissent aux écoliers ! (Pour davantage de détails sur ce débat de la relation entre micro et macro évolution, je renvoie les lecteurs intéressés au Dr Lee Spetner discutant ce sujet avec le Dr Edward E. Max[15] )
Mutations
D’après la théorie de l’évolution, la nouvelle information génétique provient des mutations. Nous avons étudié les mutations pendant plus d’un demi-siècle et jusqu’à présent aucune mutation positive n’a été trouvée. Elles sont soit négatives soit neutres. Nous craignons les mutations, nous essayons d’en réduire le nombre (en évitant les expositions à la radioactivité, aux rayons X, aux produits chimiques mutagènes, etc.). La plupart de ceux qui tentèrent l’élevage par la mutagenèse ont abandonné cette approche car elle ne mène nulle part. J’ai souvent demandé à mes étudiants et aux auditeurs de mes conférences de fournir une preuve documentée d’apparition d’une mutation positive. On ne m’en a jamais montré une seule qui puisse être utilisée comme argument en faveur de l’évolution. Ce qui est le plus généralement présenté comme preuve d’une mutation positive vient des quelques cas où on a montré qu’une mutation fut utile en apportant une résistance aux produits chimiques artificiels (antibiotiques, herbicides, etc.). Cependant il s’agit seulement d’une défense des fonctions existantes, non de la création de nouvelles fonctions.
Ceci est comparable aux divers mécanismes de protection ou de réparation des tissus tels que la cicatrisation, l’adaptation immunologique aux protéines hostiles, les kystes autour des corps étrangers, etc. Lorsque l’application du produit chimique nocif cesse, la mutation est éliminée par sélection naturelle. Ainsi ces mutations sont inutiles du point de vue de l’évolution. Les mutations utiles seulement pour l’homme (oranges sans pépins, formes naines, fleurs sans certains pigments, etc.) ne méritent pas la qualification de positives. La sélection naturelle existe dans la nature et elle favorise les formes les mieux adaptées. Il est cependant important de faire la distinction cruciale entre la sélection après une recombinaison de gènes et la sélection après mutation. Cette dernière n’a jamais été démontrée positivement sélectionnée. La recombinaison de gènes, due aux processus reproductifs naturels ou guidés par l’homme (choix du conjoint, méiose) ou due à l’ingénierie génétique naturelle ou humaine, est un fait scientifique établi.
C’est le remaniement d’une information génétique
existante, qui permet toute la diversité de la nature sur laquelle la sélection opère. Ceci cependant n’a pas d’incidence sur la macroévolution. La macroévolution requiert un mécanisme pour créer une nouvelle information génétique, de l’amibe jusqu’à l’homme.
Il y a aussi des problèmes théoriques pour expliquer comment une mutation positive présumée unique va remplacer les gènes non mutés dans la population. Le coût pour la population apparaît insurmontable. C’est ce qu’on appelle le « dilemme de Haldane ».[16]
Dans le monde entier, leurs manuels inculquent aux enfants des idées fausses sur la formation des races et sur les mutations expliquant la théorie de l’évolution. Pourtant elles ne font qu’embrouiller le problème. L’extrapolation indue des maigres faits disponibles aux conclusions évolutionnistes ne respecte pas la rigueur normalement exigée dans le travail scientifique.
Autres sciences
Voyant comment mon propre domaine, la génétique des populations, est abusé par la promotion de la théorie de l’évolution, je commençai à vérifier ce que les autres domaines de la science en disaient. Je découvris que dans beaucoup de domaines il y avait de sérieux doutes à avoir sur ce qui était présenté comme « preuve » de l’évolution.
La paléontologie n’est plus au premier rang car le trait dominant y est la stabilité, l’immutabilité des formes dans toutes les strates dans lesquelles on les trouve, jusqu’à celles qui existent toujours (fossiles vivants). En outre il est désormais évident que les « chaînons manquants » sont tout simplement inexistants. On n’en trouve pas ; et ceux qui ont été trouvés précédemment sont progressivement disqualifiés par une analyse plus approfondie. Pire, nous ne pouvons même pas imaginer à quoi ces formes transitoires pourraient bien ressembler.
A quoi ressemblerait une structure intermédiaire entre une jambe et une aile (dans le cas d’une chauve-souris), et pourquoi devrait-elle être sélectionnée comme une amélioration ? D’autre part, de grands sauts (passant directement d’une patte à une aile) demanderaient des changements simultanés dans beaucoup de gènes ; mais ceci est contraire à l’idée que ce sont les mutations aléatoires qui procurent les changements. Même si quelques mutations positives pouvaient être trouvées, elles seraient noyées dans la multitude des mutations négatives que nous observons tout le temps.
Les paléontologues continuent de trouver des fossiles « mal placés » (dans l’échelle stratigraphique). On trouve aussi des fossiles polystrates (arbres ou récifs coralliens enterrés sur plusieurs strates). Le principe de dater les strates par leurs fossiles et les fossiles par leurs strates (raisonnement circulaire) est de plus en plus mis en question.
Ceci m’amène à la datation des strates. Les méthodes isotopiques de datation des roches sont sans utilité pour les roches sédimentaires, car les composants des strates ont leur propre histoire, antérieure à la sédimentation. De toute façon la validité de ces méthodes est sérieusement contestée.
Il existe de nouvelles preuves très convaincantes que les
strates se forment latéralement et non pas par superposition. Entre l’érosion et la sédimentation il y a le transport durant lequel les particules se séparent en « laminées » ou strates, selon la pesanteur spécifique, la forme et la taille des particules, de même que selon la nature de l’agent de transport, son débit et ses fluctuations. La sédimentologie expérimentale met en question toute la colonne géologique et les longues durées qui lui sont attachées.[17] Sans ces longues durées, l’évolution n’est plus crédible.
Les études sur les mammouths enterrés dans le permafrost au nord de la Sibérie et de l’Alaska, de même que sur les colonies humaines sous la Mer Noire et à des niveaux similaires à l’est de la mer Caspienne, suggèrent l’intervention d’une catastrophe globale majeure à une époque peu éloignée. Elle pourrait avoir causé toute la colonne stratigraphique présentée par le Grand Canyon.
Il y a beaucoup de raisons scientifiques pour que la théorie de l’évolution soit rejetée, ou du moins examinée très attentivement, sans colère ni passion. Nous ne devrions pas permettre son utilisation sans critique dans l’enseignement, simplement parce qu’elle fournit une vue athée du monde.
L’Église orthodoxe en Russie a déjà admis avec Alexis II,
le Patriarche de Moscou et de toutes les Russies, parlant lors d’une conférence sur l’éducation au Kremlin le 29 janvier 2007, que « d’enseigner la théorie biblique de la création du monde ne fera pas de mal aux étudiants. Si les gens choisissent de croire qu’ils descendent du singe, très bien, mais sans qu’ils imposent leur opinion aux autres. »[18] Il est temps que l’Église catholique confirme à nouveau son enseignement traditionnel sur l’origine des êtres vivants.
(Traduit par Claude Eon)
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HISTOIRE « Si l’homme est libre de choisir ses idées, il n’est pas libre d’échapper aux conséquences des idées qu’il a choisies. » (Marcel François)
Le mystère de la race des géants Laurent Glauzy
Présentation : Les ogres et les géants font partie de notre imaginaire collectif, comme les Titans dans la mythologie grecque. Mais ils figurent aussi dans bien des récits historiques et dans la Bible elle-même, avec Goliath par exemple. L. Glauzy donne ici une liste impressionnante de témoignages accompagnant les explorations maritimes depuis cinq siècles, corroborée par les restes archéologiques et les fossiles. Tout récemment, le Dr Carl Baugh a montré que des conditions environnementales particulières (pression, champ magnétique, oxygène, etc.) lui avaient permis de doubler la taille de piranhas. Nous ne devons donc pas rejeter a priori l’idée que des races d’hommes aient pu atteindre 3 m 50 et peut-être plus.
A travers toutes les époques, sous l’Empire romain, au Moyen-âge, au XIXème siècle, jusqu’à aujourd’hui, dans le monde entier, des scientifiques, des archéologues, des hommes d’Eglise, des voyageurs, des historiens témoignent, cherchent, compilent dans des documentations très denses les traces et les preuves des géants, d’hommes ayant mesuré jusqu’à plus de 4 mètres.
Voici quelques témoignages sur ces hommes d’une stature extraordinaire. Au XVIème siècle, le physicien, linguiste et médecin de Philippe II d’Espagne, Goropius Becanus, affirme avoir vu un homme et une femme mesurant dix pieds (soit 3,50 m). Dans Descripcion y poblacion de las Indias, le dominicain Reginaldo de Lizzaraga, qui vécut au Pérou de 1555 à 1599, retranscrit un mythe concernant des êtres d’une taille incroyable. L’historiographe Pedro Cieza de Leon (1518 – 1560) raconte l’histoire d’une invasion de géants, recueillie auprès des indigènes de Santa Elena.
A partir de recherches archéologiques et documentaires, le fameux Père jésuite Athanase Kircher (1600 – 1681) publie en 1665 une étude et une classification précise de géants dans son Mundus Subterranus. En Amérique, le manuscrit mexicain de Pedro de los Rios écrit : « Avant le Déluge que l’on estime à 4.008 ans après la création du monde, la Terra d’Anahuac était habitée par des êtres gigantesques, les Tzocuillixeo. » Quand les Espagnols d’Hernan Cortès débarquent en Amérique, ils apprennent des sages des tribus indigènes qu’à l’origine des temps, des femmes et des hommes de grandes tailles existaient. Des ossements leur sont montrés. Cortès envoie même un fémur de géant à son Roi. Nous retrouvons pareilles légendes autour du lac Titicaca et jusqu’en Patagonie. Le marin et chroniqueur italien Antonio Pigafetta (v. 1491 – 1534) dans Magellan, le premier tour du monde, y décrit un peuple gigantesque : « Un jour où nous nous y attendions le moins, un homme d’une stature gigantesque se présenta à nous. Il était si grand que nos têtes arrivaient à peine à sa ceinture ». Des récits analogues ont été écrits par des navigateurs très connus comme Drake, Hernandez, Knyvet et de Weert. Près de Vichy, à Glozel, on relève des empreintes de mains gigantesques ayant appartenu à un homme il y a plusieurs milliers d’années.
De vieux poèmes anglo-saxons racontent qu’en GrandeBretagne habitaient des civilisations disparues, des hommes de grandes tailles. Jennifer Westwood, écrivain et expert en légendes anglaises, écrit qu’à l’origine, la Grande-Bretagne était peuplée de géants. On l’appellait alors Albion. On raconte qu’après la chute de Troie, le héros Brutus décida d’envahir Albion avec son armée. Les géants furent défiés et vaincus ; un seul fut épargné : il s’agit de Gogmagog, mesurant 4 mètres (source : Albion : A Guide to Legendary Britain ; 1985).
Notre siècle compte aussi ses découvertes sur les géants.
Dans Le monde de l’inconnu de novembre 1999, JeanPhilippe Camus, doctorant en histoire médiévale, écrit qu’en 1936 l’anthropologiste allemand Larson Kohl déterra sur la rive du lac Elyasi, en Afrique du Sud, des ossements ayant appartenu à un géant. Entre 1937 et 1941, des paléontologistes et anthropologistes allemands, le Pr Gustav von Königswald et le Pr Frank Weidenreich, trouvent dans des pharmacies chinoises du continent et de Hong-Kong, plusieurs ossements humains d’une taille impressionnante. En 1944, le Pr Weidenreich fait un exposé sur ces restes de géants devant l’American Ethnological Society. Le Dr Rex Gilroy, un archéologue australien, directeur du Mount York Natural History Museum, découvre à Mount Victoria des empreintes fossilisées de pied de géants. Le Dr Burkhalter de la société française de préhistoire, écrit en 1950 dans la revue du musée de Beyrouth que l’existence des géants à la période acheuléenne, est un fait scientifique établi. Lors de fouilles dans le Caucase, en 1964, on trouva dans une grotte d’Alguetca, près de
Mangliss, des squelettes d’hommes mesurant de 2,80 mètres à 3 mètres. Le journaliste allemand Ernst Probst écrivit sur le thème des géants. Il mentionne l’existence d’un tableau peint par un certain Bartholmäus Sarburgh, exposé au Musée d’Histoire de Bern. La peinture reproduit un fémur de géant trouvé sur les bords du Rhin, à Oppenheim sur Mainz. En 1895, un géant fossilisé de plus de 3,70 mètres est découvert par un orpailleur dans le comté d’Antrim. Il est exposé et photographié dans le dépôt de marchandises de la London and North-Western Railway
Company’s dans Broad Street, puis à Liverpool et à Manchester.
L’archéologie argumente sur l’existence d’une civilisation de géants qui construisit des cités mégalithiques sur les cinq continents. Les indiens qui habitent dans la région de Tiahuanaco, dans les Andes (à 20 km du lac Titicaca), disent que les pierres colossales dont est bâtie cette cité mégalithique ont été acheminées par des géants. Ils sont décrits comme des hommes très intelligents, à la peau claire. Des fouilles ont permis de trouver des restes d’ossements, des crânes et des squelettes d’hommes mesurant plus de 3 mètres.
La plus prestigieuse et la plus fascinante découverte est celle de tunnels souterrains s’étirant sur des kilomètres et menant à de majestueuses salles aussi grandes que des hangars d’avion. Les indiens expliquent que ces souterrains parcourent une grande partie de l’Amérique du Sud. Au XVème siècle, le capitaine espagnol Francisco Pizzaro fut le premier à découvrir ces galeries souterraines dans la montagne des Incas. Toujours au Pérou, des découvertes inattendues comme à Ollantaytambo ou Sacsayhuaman, posent la question de civilisation de géants disparus ayant certainement eu des connaissances scientifiques oubliées et particulièrement élaborées. Bizarrement, en certain de ces lieux nous trouvons des représentations de dinosaures. Les cites mégalithiques renvoient en permanence à une civilisation de géants. C’est le cas de Carnac, de Stonehenge dont le nom celte Chior gaur signifie « la danse des géants », ou de son équivalent dans le nord d’Israël, à Gilgal Refaïm. Une étude de la Bible laisse penser que les Réfaïm forment une race de géants qui auraient pu se mélanger avec les Philistins et à laquelle appartenait Goliath (cf. Samuel 17,4). Gilgal Refaïm serait-il l’œuvre de géants ?
En 1874, l’historien assyriologue et archéologue François Lenormant écrit dans son encyclopédie Histoire d’après la Bible et les traditions des peuples orientaux que « Les Hébreux connaissaient, parmi les plus anciennes populations de la Palestine, quelques géants ». Il y a deux ans, en Bosnie, des pyramides ont été découvertes sous des forêts et de la végétation. Les légendes parlent encore dans ce cas précis de géantsconstructeurs. Nous trouvons ailleurs dans le monde d’énigmatiques pyramides qui font l’objet du plus grand silence scientifique, comme en Chine centrale, dans les plaines du Qin Chuan. L’une d’entre elle surnommée la « grande Pyramide Blanche », pointe à environ 300 mètres de hauteur, soit deux fois la taille des plus imposantes pyramides d’Egypte. D’après des manuscrits appartenant à la tradition copte l’une d’elles, celle de Khéops, aurait été construite par une race de géants.
Saint Augustin, suivant ici la Septante, qualifie Nemrod de géant (gigans). A propos des fils de Cham, il écrit : « Après cette énumération, l’Ecriture remonte à la souche et dit : « Chus engendra Nebroth, le premier géant sur la terre ; géant et chasseur violent contre le Seigneur. Aussi dit-on : chasseur contre le Seigneur comme le géant Nebroth. Sa domination s’éleva dans Babylone, Orech, Archad et Chalanne, dans la contrée de Senaar.. .» Or ce Chus, père du géant Nebroth (pater gigantis Nebroth), est nommé le premier entre les fils de Cham, à qui l’Ecriture a déjà donné cinq fils et deux petits-fils. Mais, ou Cham engendra ce géant après la naissance de ses petits-fils, ou, ce qui est plus probable, l’Ecriture le nomme séparément à cause de sa puissance, car elle parle de son royaume, qui prit naissance dans la célèbre Babylone, et dans les autres contrées précitées. (…) Or
Assur, père des Assyriens, n’est pas l’un des fils de Cham, le second des fils de Noé, mais de Sem, l’aîné des fils de Noé ; d’où il paraît que, dans la suite, des descendants de Sem s’emparèrent de l’empire du géant Nébroth, et allant au-delà, fondèrent d’autres villes, dont la première fut appelée Ninive, du nom de Ninus. » [19]
L’étude des géants bouleverse notre compréhension du monde. Car il est possible que ces géants aient existé à une époque où tout était gigantesque. Effectivement, nous pouvons aborder de manière scientifique toutes les formes de gigantisme : dans la flore, avec les dinosaures, et aussi chez les singes avec le Gigantopithecus et le Meganthropus. Pourquoi avons nous alors oublié les géants de la race humaine ? Nous pourrions donc logiquement supposer que des hommes gigantesques ont pu vivre à une époque où tout était gigantesque et connaître les dinosaures.
Cela est d’autant plus troublant que dans son ouvrage Buried Alive, le Dr Jack Cuozzo va dans ce sens. Il montre la photographie dans la Grotte de Bernifal (France) d’un combat opposant un mammouth à un dinosaure.
De même, Fran Barnes, spécialiste en art pariétal écrit qu’à San Rafael Swell (Utah), on trouve des dessins préhistoriques ressemblant à un reptile ailé, un ptérosaurien.
L’ancien peuple de Sumatra a également produit de nombreuses pièces d’art avec des créatures ayant de longues queues, de longs cous et des crêtes, assez ressemblants à des Hadrosaures. Une de ces pièces est d’ailleurs exposée au Musée Ethnographique de Budapest. Des mosaïques de l’Empire romain datant de 200 ans avant J.C. reproduisent des dinosaures marins, des Tanystropheus. En 1571, les conquistadors rapportèrent que sur des pierres de sépulture Inca figuraient d’étranges créatures. Le Dr Javier Cabrera en a authentifié plus de mille. En 1496, l’évêque Richard Bell fut enterré à la cathédrale de Carlisle, en Angleterre. Des dinosaures sont dessinés sur les pièces en cuivre qui recouvrent la tombe. Autre cas très intéressant : dans le Queensland, plusieurs récits de tribus aborigènes décrivent des créatures ressemblant à des plésiosaures. Dans le nord de cette région australienne, les Yarru (ou Yarrba) parlent d’une créature semblable vivant dans des cavernes d’une forêt luxuriante. Une fresque murale y est très intéressante car elle montre des Indiens ou des hommes autour d’un plésiosaure et représente tout
l’appareil digestif, gastro-intestinal de l’animal. Cela nous permetil de penser que les chasseurs aborigènes auraient tué et dépecé ce plésiosaure ? Comme le Dr Mary Schweitzer en 1993 à Hell Creek dans l’Etat du Montana, certains scientifiques prétendent avoir trouvé des restes de chair de dinosaures.
Ces grands animaux se sont-ils alors vraiment éteints il y a 70 millions d’années ? Le Dr Clifford Burdick, géologue, répond par la négative. Il relève en 1935 sur les bords de Paluxy River, à Glen Rose (Texas), des empreintes de géants jouxtant celles de dinosaures[20]. Au XVIème siècle, le naturaliste Ulysse Aldrovandus évoque l’histoire d’un berger appelé Battista qui aurait tué près de Bologne en 1572 un grand lézard ressemblant à un Tanystropheus.
D’anciens livres comme l’Historia Animalium au XVème siècle signalent que ces créatures préhistoriques existaient encore, mais étaient extrêmement rares.
Il est pertinent d’envisager une époque où les hommes et les dinosaures auraient cohabité, d’autant plus que le Livre de Job (40,10) décrit sous le nom de Béhémoth un animal ressemblant à un dinosaure. Mais pour que notre argumentation soit plausible, il faut pouvoir en expliquer l’apparition et la disparition. Parmi plusieurs théories, nous pouvons retenir celle du Dr Carl Baugh, directeur du Creation Evidence Museum à Glen Rose. Selon lui, l’existence de la race des géants naît de l’influence des radiations antédiluviennes. Il tient compte également de l’observation des fossiles. Toutes les plantes, tous les organismes étaient alors très grands. Il pense que des animaux mesurant aujourd’hui 3 mètres pouvaient alors atteindre 5 à 6 mètres. La pesanteur devait être moins prononcée. Il prend l’exemple d’une libellule qui mesure 10 centimètres. Son équivalent préhistorique, le Meganeuropsis, mesurait 1,50 mètre ! Il en déduit qu’avec de meilleures conditions atmosphériques, l’homme peut non seulement vivre plus longtemps, mais atteindre une plus grande taille. Le Dr Baugh ajoute qu’après le Déluge, à cause d’une modification de la pesanteur, les géants et les dinosaures disparurent définitivement. Il suppose qu’avant le Déluge, la couche d’ozone était plus épaisse. Par conséquent, il a recréé en laboratoire une biosphère avec une haute pression atmosphérique, une plus grande énergie électromagnétique, une plus haute teneur en oxygène et moins de rayonnements ultraviolets. Il déclare : « Nos expériences sont concluantes. Nous avons mesuré les conséquences d’un fort champ électromagnétique sur le système biologique. Nous avons vu doubler la taille d’un piranha ».
(www.dinoos.nl/nephilim.htm)
Enfin, dans L’homme, cet inconnu, Alexis Carrel écrit : « Si le volume du milieu intérieur était plus considérable, l’élimination des produits de la nutrition plus complète, il est permis de croire que la vie humaine serait plus longue. Mais notre corps serait beaucoup plus grand, plus mou, moins compact. Il ressemblerait peut-être aux gigantesques animaux préhistoriques. »[21]
Nous le voyons, la question des géants mériterait des études approfondies et remet en cause le darwinisme et l’évolutionnisme, des piliers (bien fragiles, il est vrai) de la science contemporaine…
Le Mystère de la Race des géants (168 pages, prix 16 €) A commander chez l’auteur : Laurent Glauzy – BP 25
– 91151 Etampes Cedex ( Prix : 18 € franco de port)
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Une date à retenir : les 18 et 19 octobre 2008 sur Paris
Colloque du CEP à Orsay (La Clarté-Dieu)
Thème : Pour un véritable développement durable
Le Drakkar [22]
Bernard Mengal
Présentation : Le drakkar est une merveille d’architecture navale, mais aussi le symbole d’une civilisation. Navire rapide (20 km/h), léger (20 tonnes pour 32 rameurs), capable de repartir sans virer de bord (par une simple marchearrière). Il fallait en permanence écoper l’eau provenant des vagues ou traversant une coque souple mais mal calfatée. Nul lieu pour dormir à bord de ce navire fait pour la guerre-éclair : quand l’alerte est donnée, les Vikings sont déjà dans la place, tuant et pillant sans vergogne, puis repartant aussi vite qu’ils étaient venus. Et nulle flotte latine, byzantine ou musulmane ne sera capable d’arrêter les guerriers endurcis capables de naviguer dans de telles conditions. Le courage, le mépris de la souffrance, l’intelligence et l’habileté des Scandinaves sont lisibles dans cet objet technique qui les manifeste autant qu’il leur a permis de se réaliser.
Les Normands ! Quels barbares !
Barbares ? Pas tellement.
Ils possédaient une culture tout à fait originale. Ainsi les premières inscriptions nordiques, les runes, sont attestées dès le IIesiècle après J.-C. Et pendant un millénaire une littérature complexe et variée s’est développée dans toute la Scandinavie. En architecture, les maisons longues des forts de Trelleborg et Aggersborg (Danemark) peuvent allégrement supporter la comparaison avec les constructions médiévales du reste de l’Europe. Quant aux œuvres exécutées par les orfèvres, les armuriers, les graveurs et les sculpteurs, elles sont caractérisées par un souci de perfection et de rigueur implacable.
Mais si d’un coup les redoutables Vikings ont attiré sur eux l’attention du monde entier, c’est grâce à ce chef-d’œuvre de la marine qu’est le drakkar. Celui-ci va leur permettre de ravager les côtes de grands états richement peuplés, et de combattre avec succès rois, empereurs, califes et papes.
Par quelles transformations successives les Vikings sontils parvenus à construire une embarcation aussi efficace ? Nous l’ignorons.
Nous ne pouvons qu’admirer le résultat final : des lignes sveltes, un bateau fin comme du carton et merveilleusement poli, capable d’essuyer les tempêtes de l’océan et de remonter aisément les rivières…
Trois exemplaires ont résisté aux outrages du temps et sont parvenus jusqu’à nous en assez bon état. Excepté quelques différences sans grande importance, leur construction et leur forme sont en principe identiques.
Examinons brièvement le plus typique d’entre eux, le navire de Gokstad (Norvège, Xe siècle).
Ce coursier des mers est un « seize bancs », ce qui signifie qu’il offre place à 32 rameurs… mais pas nécessairement à 32 passagers. Suivant les circonstances, le drakkar se chargeait et se surchargeait de lest humain, d’armes et de marchandises. A chaque expédition, il devait être terriblement encombré par la réserve de nourriture, la boisson, le brasero (pour faire la cuisine), l’ancre de fer, les deux petites embarcations d’appoint, les planches de débarquement, les coffres à vêtements… Parfois, rarement il est vrai, une chaise, un lit et un chariot complétaient l’équipement.
Tout cela était rangé soit dans le tendelet-abri monté au centre du drakkar, soit aux deux extrémités libres de bancs de nage. Souvent des chevaux et du bétail trouvaient place à côté du butin habituel. Et n’oublions pas les femmes qui accompagnaient parfois leur époux dans leurs équipées sauvages… On peut penser qu’une embarcation à peine plus grande qu’une chaloupe de paquebot moderne n’est pas capable d’accomplir de grandes performances lorsqu’elle regorge de bagages. Eh bien non ! Si le drakkar fait route à vide, il risque de danser comme un bouchon. Quant à la cargaison, elle n’influe guère sur la vitesse. Les Vikings savaient déjà que plus une coque est longue, plus elle permet une bonne vitesse de pointe. En effet celle-ci varie surtout en fonction de la longueur du bateau (suivant la formule : la vitesse critique en mètres/seconde égale 1,2 fois la racine carrée de la longueur du navire en mètres : Vc = 1,2√ L).
Au-dessus de cette vitesse « critique », l’énergie dissipée par la formation de vagues s’accroît d’une façon tellement rapide que le moindre gain de vitesse demande un supplément de puissance considérable. C’est-à-dire qu’à longueur égale, contrairement à ce qu’on pourrait croire, un voilier ne possède aucune infériorité par rapport aux navires à moteur du XXe siècle. Par vent favorable, le navire de Gokstad, long de 23,3 m, parvient à filer 11 nœuds soit un peu plus de 20 km/h.
Pour assurer une bonne stabilité latérale à un navire aussi élancé, les charpentiers l’on construit assez large : 5,25 mètres en son milieu. Sauf tempête, le drakkar ne chavire pas. Un gain en stabilité s’obtient encore en abaissant le centre de gravité de l’ensemble. C’est pourquoi la coque de ce navire est remarquablement basse. Au centre, la différence de hauteur depuis le bas de la quille jusqu’au plat bord n’est que de 1,95 m dont 1,10 m sous la flottaison et 0,85 m au-dessus ! L’ennui, c’est que les vagues sautent sans difficulté une protection aussi précaire. Par conséquent les occupants sont obligés d’écoper régulièrement. En revanche le bois économisé sur les bordages permet d’alléger la coque. Le drakkar est encore relativement léger : entre 20 et 25 tonnes. Un poids convenable n’a pas une véritable importance pour la navigation elle-même ; mais lorsqu’il s’agit de traverser une région dépourvue de rivières navigables, la légèreté est un atout certain. En effet, transporter un navire à terre n’est pas une mince affaire. Imaginez la scène…
Ce bateau est non seulement pointu des deux bouts, mais aussi strictement symétrique par rapport à son centre. Il peut donc avancer dans les deux sens lorsque cela s’avère nécessaire. Après une attaque, par exemple, faire demi-tour prendrait du temps et permettrait à l’ennemi de se ressaisir pour contre-attaquer. Eh bien, pour remédier à cela, le coursier des flots part en marchearrière, tout simplement.
Parmi ses nombreuses qualités, le drakkar possède celle de pouvoir utiliser deux énergies différentes pour se mouvoir : le vent et les rames. Lorsque les conditions atmosphériques l’autorisent, les Vikings hissent la voile.
Cette voilure est assez lourde car le tissu est renforcé de bandes de cuir. La forme carrée est la plus commune, mais il en existe aussi des triangulaires, la pointe en bas. Ces voiles permettent de serrer le vent, mais pas de louvoyer: le drakkar en est incapable. Quant aux avirons, longs de 4 à 5 mètres, ils servent de moteur d’appoint. Dans la plupart des cas, ils sont utilisés en même temps que la voile pour obtenir une vitesse optimale.
Un simple tronc de bouleau non dégrossi constitue le mât de 13 m. Un mât aussi grossier, planté sur une coque aussi nette? Cet accessoire particulièrement indispensable est-il donc laissé au hasard? Bien sûr que non ! Les artisans nordiques ne sont jamais pris en défaut. A la suite d’une longue expérience de la navigation, les charpentiers-marins ont remarqué qu’un mât dégrossi est beaucoup moins résistant qu’un tronc brut. Et à la fin, ils préfèrent sacrifier l’élégance à la solidité et au fonctionnel. Une courte barre franche et horizontale commande le gouvernail latéral, sorte de grand aviron retenu par des courroies. Simple et fonctionnel, c’est une trouvaille pour l’époque. Grâce à lui un homme peut barrer par tous les temps.
Et la coque ? Une véritable merveille pour les spécialistes. Les bordages de chêne sont très solidement rivés entre eux, chaque rangée chevauchant la précédente comme les tuiles d’un toit. Les six rangées supérieures sont reliées aux membrures (aux « côtes ») par des chevilles de bois. Les neuf rangées de la carène sous-marine ne sont jointes aux membrures que par des liens souples, faits de racines de pins ou de bande d’écorce de tilleul (imaginez la fragilité !). Le dixième bordage, celui de la ligne de flottaison, est beaucoup plus épais et forme une ceinture tout autour du navire. Le plus bas des bordés est cloué sur la quille. Mais, fait étonnant, les membrures n’y sont pas jointes, mais simplement posées sur elle. Les Scandinaves calfataient cette coque profilée avec des poils de ruminants tressés et, parfois, des algues sèches, certes peu durables.
Cette construction très particulière n’offre pas que des avantages. En effet cette grande barque (non pontée, rappelons le…) prend l’eau et exige un entretien permanent sous peine d’une vétusté rapide. Par contre, cette coque toute en souplesse possède un atout certain face aux coques rigides.
Elle se « prête » un peu aux mouvements des lames, échappant pour partie à leur choc ; elle s’infléchit, se distord dans une certaine mesure, ondule…Le « grand serpent » peut ainsi filer à des vitesses surprenantes. (L’explication scientifique est maintenant connue. Les savants ont découvert que le secret de la rapidité du dauphin réside également dans le mouvement ondulatoire de sa peau).
Selon l’usage auquel ils les destinaient, les Vikings concevaient différents types de vaisseaux : des espèces de caboteurs, des bâtiments de charge assez pansus, des navires de haute mer à la puissante étrave… Bien entendu, le plus connu et le plus rapide était le bateau long, le navire de guerre semblable à celui de Gokstad.
En sus d’une technique parfaitement élaborée, les Vikings possédaient un sens artistique très sûr. Poncé et taillé avec amour, le drakkar a fière allure. Il symbolise à la perfection cette civilisation tout entière basée sur l’action. Ce qui frappe surtout lorsqu’on regarde le « coursier des flots », c’est cette proue dressée comme un défi lancé vers le ciel…
Les performances techniques et artistiques mises à part, le trait de génie réside dans l’utilisation bien spécifique de ces embarcations. Quels merveilleux outils ils font entre les mains de ceux qui les ont conçus et réalisés !
Les expéditions se déroulent toujours de la façon suivante. Le navire équipé quitte son fjord natal. Si le vent est favorable, il avance à la voile. Dans le cas contraire, les rameurs entrent en jeu. Ceux qui ne souquent pas aux avirons écopent l’eau envahissante. Le capitaine tient le gouvernail avec une adresse et une audace consommée. Pour guider le navire, il use de ses très vastes et très précises connaissances de la navigation hauturière. Connaissances par ailleurs purement empiriques, transmises de génération en génération et enrichies par la pratique quotidienne.
Parfois même, il navigue au hasard. La brume, la pluie, les tempêtes et les icebergs sont alors des ennemis terriblement redoutables. Quant à l’assaut guerrier, il représente la scène classique de la Blitzkrieg. Si le voyage peut être qualifié de foudroyant, l’attaque, elle, tombe comme une bombe. Une guerre éclair basée sur la marine, voilà qui n’est pas commun !
Les monastères regorgeant d’or et de vin sont dévastés le temps d’une stupeur. Accoster, écraser toute résistance, piller, incendier, reprendre le large, c’est tout !
L’expédition viking n’est pas une croisière de plaisance, mais bien une lutte permanente où les seules vraies valeurs sont la bravoure, le mépris de la souffrance et de la mort. Un immense courage est particulièrement requis pour fournir des efforts physiques aussi éprouvants : propulser le navire à l’aide de rames, carguer la voile, calfater les brèches de la coque, ramasser à l’aide d’un seau l’eau dans laquelle on patauge pour la jeter par-dessus le bordé, deux mètres plus haut… Et cela, malgré le roulis et par tous les temps. Il faut aussi supporter l’humidité permanente qui engourdit les muscles. De même, affronter la nuit sans espoir de repos fait partie des épreuves à vaincre. N’oublions pas, qu’à part les bancs de nage, aucun endroit n’est prévu pour y dormir. On comprend aisément que des guerriers aussi durs envers euxmêmes, ne peuvent agir qu’avec une rudesse au moins égale, donc terrible, envers leurs ennemis et victimes.
Fait caractéristique : au moment où les Scandinaves connaissent cette révolution navale, l’Europe continentale et chrétienne s’englue dans le servage des masses et dans les lourds liens de vassalités. Bien qu’ils se gaussent de leur soi-disant supériorité intellectuelle, ni les chrétiens, ni les byzantins, ni les musulmans ne sont capables de fabriquer un navire pouvant rivaliser avec les embarcations nordiques. Les quelques unités qu’ils mettent en chantier se révèlent impropres à tout. Ces caricatures pansues font surtout figure de panier à crabe et en sont réduites au cabotage. Pendant ce temps, les flottes scandinaves sillonnent à une vitesse vertigineuse les mers les plus dangereuses du globe.
Et lorsque le drakkar devient vétuste et inutilisable ? Pour les Vikings, il s’impose comme sépulture. L’esquif où repose le défunt est recouvert de pierres et de terre pour former un tumulus (Tune, Oseberg, Gokstad…), honneur suprême. Mais la vie du drakkar se termine rarement de cette manière. Le plus souvent, il s’engloutit dans les flots, foudroyé par un de ces orages fréquents sur la mer du Nord.
Enfin le couronnement de son aventureuse existence coïncide avec la consécration des guerriers tombés glorieusement sur le champ de bataille, l’épée à la main. Cette cérémonie culmine par l’incendie du navire funéraire lancé vers le large. Et, tout en vomissant des flammes, le coursier des flots s’enfonce dans les profondeurs insondables d’un océan de brume…
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SOCIETE
« Il a plu à Dieu qu’on ne pût faire aucun bien aux hommes qu’en les aimant. »
(P. Le Prévost)
Le Rapport de la Montagne de Fer(Commentaire philosophique) (2ème partie) Pr Claude Rousseau
Présentation : Après avoir étudié le rapport sur la « paix indésirable », élaboré dans le cadre de l’Administration américaine vers 1965 (cf. Le Cep, n° 39 et 40), l’auteur poursuit son analyse philosophique en montrant qu’il existe une alternative chrétienne au pessimisme anthropologique, foncièrement matérialiste, des auteurs du rapport. Face à leur anthropologie réductrice (mécaniste, hédoniste, égoïste et anarchique), C. Rousseau évoque la conception classique de l’homme et de la société. La nature spirituelle de l’homme lui fait désirer le bien avant l’utile, et les biens supérieurs (vérité, beauté, etc.) sont communs à tous : leur quête, jamais achevée, n’ôte rien à autrui. Mais ces biens appellent une société en ordre. Ainsi l’exercice de l’autorité répond à la vraie nature humaine et l’on peut concevoir une société où la paix soit effectivement désirable.
II. L’Anthropologie sous-jacente du Rapport
Le Rapport, dont l’inculture philosophique fait, en un sens, tout l’intérêt, se borne pour l’essentiel à rajeunir le machiavélisme et le hobbisme, qui sont au cœur de la conception moderne de l’Etat. C’est en eux que le libéralisme plonge ses racines profondes. Le Rapport nous le rappelle, pour le cas où nous l’aurions oublié, en réveillant ingénument l’anthropologie qui les sous-tend.
Rappelons les grandes lignes de cette anthropologie que réexhument, en fait, les auteurs du Rapport. Elle prête aux individus trois caractères majeurs, dont l’ « indésirabilité » de la paix n’est jamais que la conséquence. Quels sont-ils ? On les trouve, régulièrement associés, dans un discours sur l’homme dont la constance est bien remarquable de la Renaissance au 19ème siècle.
a) Le matérialisme
D’abord – le reste va en découler – les individus
(statistiquement considérés) sont mus non par des « idéaux », mais par leurs « désirs » : ce qu’ils recherchent, sinon exclusivement, du moins avant tout, c’est l’utile, à savoir la satisfaction de leurs intérêts surtout sensibles.
Leur matérialisme pratique a trois corollaires. Le premier, c’est la passivité, l’ « inertie » intellectuelle : s’intéressant aux choses non pour elles-mêmes, mais pour les services qu’elles peuvent leur rendre, ils ont un horizon culturel dicté par la seule nécessité, c’est-à-dire tendant à s’arrêter aux limites de ce qu’on nomme aujourd’hui la techno-science. Ce que nous confirme le déclin spectaculaire, dans l’occident galiléen, des spéculations gratuites, et de l’art. Ensuite les individus, allant où leurs « passions » les poussent, c’est-à-dire se déplaçant en tous sens, sont anomiques – ce qui implique immédiatement le contrôle social des plus déviants d’entre eux, dans l’intérêt des autres. Enfin, ne sachant pas la veille ce qu’ils feront le lendemain, imprévisibles pour eux-mêmes à raison de la labilité de leurs inclinations, ils ont pour dimension d’existence normale l’instabilité chronique.
Comment la société correspondant au « règne des appétits » (historiquement parlant, la « société contractuelle ») n’aurait-t-elle pas, dans ces conditions, besoin de la guerre ? Les auteurs du rapport se bornent, en l’affirmant, à retrouver sur le tard une vérité profonde que le premier libéralisme, on l’a vu, avait éludée, mais que les fondateurs de l’anthropologie moderne ont perçue tout de suite, et exprimée maintes fois dans le langage de leur époque. Culturellement la guerre est bonne, qui empêche les eaux du lac de croupir (Hegel !) ; elle est utile à des hommes qui, naturellement allergiques à la « méditation » (Rousseau !), ne pensent que sous la contrainte d’une nécessité impérative. Sociologiquement, elle permet l’intégration, au bénéfice de l’ordre public (cf. Machiavel, les Jacobins…) des anomiques les plus inassimilables.
Economiquement, en détournant dans sa propre direction des capitaux soustraits à l’emprise du privé, elle pondère et discipline un marché essentiellement capriciel, donc potentiellement menacé par des aléas – les futurs cycles – dévastateurs (c’est probablement une intuition du mercantilisme). Bref, pour des individus régis par le « principe de plaisir », la guerre est un garde-fou souhaitable ; elle protège avec une certaine efficacité leur société contre ellemême.
- L’égoïsme
Son utilité paraît plus grande encore si l’on s’attache au second caractère que l’anthropologie moderne attribue aux individus. C’est, comme on le sait, l’égoïsme , revers moral du matérialisme qui vient d’être évoqué. Il fait d’eux, comme disait le Grand siècle, des « méchants », ou encore des « loups » les uns pour les autres : en effet, là où les intérêts divergent, la préférence que chacun se donne convertit d’emblée la société en foire d’empoigne. Qui ne voit dès lors que seul le surgissement d’un ennemi commun peut créer la condition d’une entente minimum ? Si, comme l’affirme Rousseau après beaucoup d’autres, on n’est vraiment uni que contre un tiers, la guerre devient la base politique cette fois, de la formation et de la conservation des agrégats sociaux. Son avantage décisif sur la pollution et sur les
Martiens pour fonder « l’union sacrée », c’est qu’on peut toujours compter sur elle ! Le Rapport, qui le voit bien, ne fait, là encore, que renouer avec une philosophie sociale ignorée de lui, mais dont il se trouve épouser fort logiquement la conclusion.
- Le refus d’une hiérarchie naturelle
Il est un second corollaire du matérialisme pratique qui, selon la pensée moderne, définit fondamentalement l’individu. C’est sa réticence spontanée à reconnaître une autorité et à lui obéir – comme si l’autorité était mauvaise dans son principe même. Rien de plus compréhensible qu’une telle répulsion à son égard, de la part de « l’hédoniste de base » auquel l’homme est supposé, par les Modernes, s’identifier. Quoi de plus insupportable en effet à une jouissance qui, pour être parfaite, doit être totale, et toute à soi, que de se trouver arrêtée, limitée par un obstacle ?
C’est ce que dit en fait le Libéralisme dans une formule tardive où s’exprime sa nature profonde, essentiellement anarchique : « le meilleur gouvernement est celui qui gouverne le moins ». En conséquence, le chef, que personne ne désire, que, chez l’individu, rien n’appelle, ne sera toléré que si les circonstances l’exigent absolument : seule l’urgence extrême (Hobbes, Rousseau, etc…) pourra contraindre à se faire hiérarchique une société dont les membres répugnent naturellement à toute souveraineté. C’est cette conviction, au fond, qui inspire derechef au Rapport l’idée de l’extrême utilité politique de la guerre, sans laquelle il n’y aurait décidément pas de commandement, pas d’obéissance, pas d’ordre qui tiennent.
Bref, ce qui suggère au Rapport son thème central, ce n’est pas – comme il le prétend – l’observation neutre, froide, réaliste des comportements humains dans leur factualité immémoriale, dont il conviendrait seulement de tirer les conséquences à l’usage de ce temps ; c’est au contraire un individualisme matérialiste latent, qui l’imprègne et qui en commande d’avance les conclusions.
Celles-ci valent ce que vaut l’anthropologie qui leur sert de soubassement. Le moins qu’on puisse en dire est qu’elle s’oppose frontalement à la philosophie politique traditionnelle, aux yeux de laquelle l’ordre social, s’il fait place à la guerre (ratione peccati !), ne saurait reposer sur elle.
III. Rappel sur l’ordre naturel
Cet « ordre naturel », auquel le Rapport, bien involontairement, nous ramène en en prenant le contre-pied agressif, en quoi consiste-t-il ? La tradition gréco-chrétienne permet de s’en faire une idée. Il est possible ici, en s’en inspirant, de dégager trois vérités, dont le rejet implicite par le Rapport pourrait bien avoir des conséquences suicidaires, au moins à long terme.
- L’homme est par nature un être spirituel
En premier lieu – observerait la philosophia perennis (dont la « pensée traditionnelle » n’est jamais que l’extra-position historique approximative), l’homme ne recherche pas fondamentalement l’utile.
Ce qu’il recherche prioritairement, c’est le bien, qui coïncide avec la satisfaction des plus naturels de ses besoins naturels : ses besoins naturels « supérieurs ». Loin de se réduire à sa nature sensible, l’individu normalement constitué la transcende spontanément en visant d’emblée, et de manière irrépressible, des biens dont la nature est telle qu’elle exclut, précisément, qu’ils puissent être jamais détenus par personne au sens utilitaire, c’està-dire économique du terme. La beauté, la bonté, la vérité, etc… sont de tels biens : le fait qu’on ne peut pas les posséder ne décourage pas de les poursuivre, sauf à consentir à se mutiler soimême.
Si une des caractéristiques de l’homme était la torpeur intellectuelle, la guerre serait assurément la matrice ultime de la culture ; mais comme c’est la curiosité qui est la dimension fondamentale de l’esprit, point n’est besoin d’elle pour la produire. Les nécessités de l’arpentage, dit fort bien Aristote, pour incitatrices qu’elles soient à faire travailler ses neurones, sont seulement la cause occasionnelle de l’apparition de la géométrie, qui serait née de toute façon, en raison de l’appétit de savoir inhérent aux êtres humains. Que l’homme soit par nature un être « spirituel », c’est-à-dire immédiatement motivé par des valeurs qui transcendent l’utile, voilà bien la première conviction de l’anthropologie classique.
- Les biens supérieurs sont communs à tous
Le propre des biens spirituels en question (dont la vérité n’est qu’un exemple), c’est – affirme la même tradition – d’être
« communs », autrement dit d’être incompatibles avec une appropriation particulière ou « privée ». C’est le signe même de leur valeur éminente que d’être, pour ainsi dire, incaptables par la subjectivité, contrainte à leur contact de reconnaître ses limites, son insuffisance, sa finitude essentielle.
Le propre d’une langue, d’un monument, d’une monnaie, etc…, bref d’une institution quelconque, qui sont là avant l’individu et ne lui doivent rien, c’est de lui faire éprouver sa dépendance à l’égard d’un donné auquel il doit l’essentiel de son humanité, alors précisément que ce donné le déborde infiniment.
Ce qui fait de la route nationale, par opposition à la voie privée, un bien commun, ce n’est pas la facilité accrue de circulation qu’elle autorise en s’ouvrant également à tous, c’est l’effort, le travail collectifs auxquels elle renvoie, c’est le paysage historique dans lequel elle s’inscrit, etc… toutes choses qui
- débordent largement l’ophélimité économique supposée en avoir inspiré seule la construction. Le bien commun est ce qui, inappropriable par l’individu et cependant reconnu comme bien par tous, nous fait, en quelque sorte, remonter vers notre essence, voire, ultimement, vers l’origine première de cette essence ; ce n’est pas, ou du moins ce n’est pas d’abord (pour reprendre l’immortelle formule d’un moderne !) « la condition formelle de la jouissance des biens particuliers » – sous-entendu les seuls qui comptent – c’est bien plutôt ce qui transcende le bien particulier de si haut, par l’universalité dont il est porteur, que nous le respectons immédiatement comme quelque chose de théïque (« divin », dit saint Thomas), alors même que la jouissance dont il est l’occasion peut être fort médiocre, comparée à celle que nous procure la satisfaction du moindre de nos désirs sensibles.
Le corollaire de cette conception du bien commun est évident : c’est la « socialité » de l’homme. Si les biens fondamentaux (les biens moraux et culturels) ne nous sont accessibles que dans le partage participatif auquel ils donnent lieu, l’homme doit être un « animal politique » : il faut en effet la cité pour que de tels biens – suprêmement unitifs – puissent voir le jour.
- Désidérabilité. Terme créé par Vilfredo Pareto pour désigner ce qu’on appelle parfois la « valeur d’usage » d’un bien économique. L’ophélimité s’oppose à « l’utilité », qui suppose un jugement de valeur objectif, en ce qu’elle répond au seul désir d’un individu donné (que ce désir soit sain ou pathologique, juste ou injuste, etc.).
La socialité de l’homme n’est pas un donné purement factuel, comme la rougeur de la crête du coq ou la rapidité du guépard à la course ; c’est la condition pour que passent à l’acte des potentialités supérieures qui seraient là en vain si le cadre civique ne surgissait pas pour leur permettre de se réaliser.
Des Socratiques aux médiévaux, en passant par les
Stoïciens de Rome, c’est la seconde vérité que croit devoir dégager la philosophie sociale classique.
Ce, en opposition formelle avec la Modernité qui, de Hobbes à …. René Girard encore tout récemment, fondent la cité sur la haine : le premier sans s’en émouvoir (comme les auteurs du Rapport !), le dernier en se désolant d’avoir à le faire mais convaincu comme son grand prédécesseur historique que la « philia », que l’amitié sociale n’est qu’un mythe, le fond de l’homme naturel étant en réalité l’égoïsme ravageur. Du point de vue de l’anthropologie classique, c’est le contraire ; la concorde, comme le disait déjà saint Augustin prime sur la discorde ; celle-ci n’est due qu’à des vices qu’on peut et donc qu’on doit combattre, à défaut de pouvoir les vaincre, au lieu de les encourager et de les conforter en les réputant « naturels ».
Pour la tradition, la voie a toujours été claire. Il est déraisonnable de confier à la guerre – remède pire que le mal qu’il entend traiter – la mission de protéger la société contre des méchants supposés l’être encore plus que les autres. C’est à la pédagogie, c’est à la morale, c’est à la religion (le Dieu d’amour n’exclut pas le Dieu-gendarme !) de faire des citoyens honnêtes : tâche difficile sans doute, mais la seule réaliste si le règlement technocratico-militaire des « problèmes sociaux » relève, lui, de l’illusion.
c) Toute société appelle un ordre naturel
Si la socialité est chose naturelle, le respect de l’autorité l’est aussi, que la communauté organisée implique nécessairement. L’ordre ne se met pas en place tout seul ; le besoin qu’on en a ne suffit pas à le faire naître.
Le gouvernement (l’ « arkê », comme disaient les Grecs), qui l’incarne, qui lui donne corps et donc effectivité, ne peut conséquemment qu’être reconnu comme chose positive par l’animal politique qui, consciemment ou pas, l’appelle de toutes ses fibres. Des siècles l’ont répété, jusqu’à ce que la monarchie chrétienne rende enfin aimable un pouvoir avant elle simplement subi, comme relevant de la force ou plutôt de la sourde nécessité politique dont elle est la manifestation.
Quoi qu’il en soit concernant ce point, le pouvoir ne naît qu’accidentellement (comme la culture) de la guerre.
Le pouvoir n’est pas le fils de Mars, mais le produit d’une nécessité ontologique élémentaire, qui veut le père, si la famille doit être, et le chef, d’une manière ou d’une autre, si l’Etat doit succéder à celle-ci.
d) De la guerre à la société de consommation
Ce qui était clair pour nos prédécesseurs a cessé de l’être aujourd’hui. A quoi peut être due cette occultation de l’ordre politique naturel, dont les auteurs du Rapport semblent avoir perdu jusqu’à l’idée – représentatifs en cela du plus gros de leurs lecteurs pour lesquels aussi le concept est obsolète, à supposer qu’il ait jamais eu pour eux le moindre sens ? Le rapport suggère lui-même une réponse possible à cette question, en insistant sur le fait que la plus catastrophique conséquence d’un désarmement général serait la perturbation, probablement définitive, de « la production et de la distribution dans le monde ». Si la paix est « indésirable », c’est avant tout parce qu’elle empêcherait l’installation définitive, sous l’égide U.S., d’une économie mondialiste qu’il faut à tout prix protéger, parce que la « survie » de l’humanité est à son prix : entendons parce que, cette économie compromise, la vie ne vaudrait plus la peine d’être vécue pour les abonnés à la consommation de masse que nous sommes tous, plus ou moins, devenus.
CONCLUSION :
Comment l’appétit économique se détruit lui-même.
Ce qui m’amène à la réflexion suivante, sur laquelle je voudrais conclure.
L’ordre naturel a trois ennemis. Ce sont trois « démons », repérés d’emblée par les Grecs, bien cernés ensuite par la théologie morale du Christianisme. On les dirait préposés au détournement pervers des trois inclinations fondamentales de l’humaine nature.
Le premier d’entre eux serait bien incarné par le gnosticisme, auquel est intolérable le fait que, Dieu restant maître des essences, l’omniscience est interdite à l’homme.
Le gnostique dévie par rapport au vrai spéculatif, dont la « libido sciendi » sait garder le sens de la mesure.
Toutefois, les aspirants au « savoir absolu » n’étant pas légion, et leurs constructions intellectuelles se révélant bien fragiles, il est exclu qu’ils puissent, même en faisant converger leurs efforts, entraîner jamais une significative remise en cause de l’ordre naturel.
Le second démon, typiquement incarné par le tyran, à la recherche non du sur-savoir mais de la sur-puissance, peut causer lui aussi bien des ravages ; mais, outre qu’ils sont limités, sectoriels, n’est pas non plus tyran qui veut ; il faut pour cela une énergie vitale, une virilité endurante qui n’est pas le lot de n’importe qui. Bref, on voit mal l’ordre naturel gravement affecté par les Caligula ou par les docteurs Faust.
Ce qu’on voit très bien en revanche, c’est qu’il puisse être profondément subverti par un troisième démon, celui qui fait l’avide, le « pléonexique », le « cupide » : l’homme livré à l’appétit matériel, à l’appétit économique. Ce dernier a pour triste caractéristique de pouvoir être, contrairement aux deux autres, le fait de Monsieur tout le monde. Tout le monde ne peut pas être le docteur Mabuse ou Napoléon ; mais n’importe qui peut devenir le sectateur zélé du « Monoprix » du coin, accédant au statut d’univers référentiel, de milieu de vie absolu pour l’homme moyen qui peuple le globe.
La passion économique, devenue dominante depuis le siècle dernier, a entraîné à la fois la remise en cause générale de la notion d’ordre naturel et, au niveau des faits, l’extrême affaiblissement de ceux-ci.
L’ « homo œconomicus » (pour lui donner le nom qu’il a lui-même inventé pour se désigner) peut être considéré comme le fossoyeur de la nature humaine, dans l’acceptation traditionnelle de celle-ci.
- la modernité, obsédée de croissance économique, a mis en chômage technique la métaphysique, la religion, voire la science elle-même dans sa dimension spéculative : autrement dit toutes les activités proprement théorétiques qui font l’éminence de notre nature. Qu’un utilitarisme forcené, en vigueur depuis Descartes, ait érodé la spiritualité de l’homme est devenu aujourd’hui évident.
- Cette même modernité économique, en suscitant un développement hypertrophique des égoïsmes individuels, a entraîné une dysharmonie sociale générale. Là où tous ne songent plus qu’à améliorer sans cesse leur situation, leurs gains, leur standing, leur confort, etc…, la tension sociale devient la norme, le succès de X ayant évidemment pour corollaire l’échec de Y. L’économisme, après avoir détruit l’animal logique, comme disait Aristote, détruit l’animal social, en le mettant, partout où il se répand, en guerre contre lui-même.
- Enfin, l’économisme travaille sourdement contre l’autorité, perçue comme une gêne par les hédonistes, qui y voient la policière marginale d’un monde de l’échange ayant pour but de pouvoir s’en passer : c’est la fin (au sens technique du terme cette fois) de l’animal politique, après celle des deux autres.
Bref, il pourrait bien se faire que le refus collectif de la frugalité, signe de l’emprise sur l’occident du « troisième démon » évoqué à l’instant, conduise à une impasse généralisée, dont on ne pourrait dès lors sortir, ou plutôt essayer de sortir, que par des moyens froidement perçus comme artificiels. Le plus efficace d’entre eux ne serait-il pas la guerre rationnellement planifiée, permettant à un ordre social en déroute, voire proche de la consomption, de se refaire une apparence de santé ? En le suggérant à travers les lignes, le Rapport apporterait, à sa façon, sa pierre bien involontaire au soutien métaphysique de l’ordre qu’il détruit …
Ainsi, sans doute, le thomisme n’avait-il pas tort d’affirmer que l’ « amor habendi », en apparence la plus anodine des trois concupiscences, est en réalité la plus dangereuse. Moins peccamineuse que l’orgueil, elle fait finalement plus de mal que lui. A raison de la participation massive que sa médiocrité même autorise, elle est peut-être l’agent destructeur numéro un d’une civilisation.
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Guerre des civilisations en Europe (3ème partie) Pr Maciej Giertych
Résumé : Quant à l’Allemagne, hormis la Rhénanie, elle subit la marque de la civilisation byzantine, caractérisée par l’influence et l’efficacité de l’administration et par l’ingérence du pouvoir politique dans la vie de l’Eglise. La civilisation juive a pour fondement la conscience d’être le peuple élu, ce qui amène chaque communauté à se séparer de la population environnante, même si les nombreux mariages mixtes ont fait qu’il n’existe pas de race juive. La civilisation arabe n’est pas définie par l’Islam (il existe un Islam touranien, ou un Islam brahmane) ; toutefois les lois positives du Coran s’imposent au despote gouvernant la vie publique. Conclusion générale : puisque les civilisations s’excluent mutuellement, il convient à chacune de se défendre et de se protéger, en particulier en permettant à la mère de famille de jouer son rôle transmetteur.
La civilisation byzantine
La civilisation byzantine s’est développée par opposition à la Rome occidentale. La différence essentielle tenait à l’attitude envers la religion. Dans la civilisation latine, l’Église catholique a réalisé une indépendance doctrinale totale par rapport à l’État. En outre, elle a obtenu le droit de critiquer l’État ou le souverain s’ils agissent de façon immorale. En Pologne cela fut très évident dans le conflit de 1174 entre saint Stanislas, alors évêque de Cracovie, et le roi Bolesław Krzywousty. L’évêque critiqua le roi; le roi tua l’évêque. A la suite de quoi le roi perdit sa couronne, non parce qu’il avait perdu une élection ou une bataille, mais parce qu’il avait perdu moralement. Il dut s’exiler. Cet incident fixa les normes des relations entre l’Église polonaise et l’État. En Pologne il ne convient pas à l’État de critiquer l’Église; et l’Église a non seulement le droit, mais le devoir de critiquer l’État lorsque des questions de portée morale le demandent.
A Byzance la situation était bien différente. L’empereur disposait du pouvoir exécutif même envers l’Église. Il traitait l’Église comme l’un des éléments de son pouvoir, comme il traitait la justice ou l’armée. L’empereur imposait la religion à ses sujets.
Constantin le Grand fit du christianisme la religion d’État, il le décréta depuis son trône. L’empereur convoquait synodes et conciles et en fixait l’ordre du jour.
En conséquence l’État se situa au-dessus de la morale. Son souci premier était d’être efficace et pas nécessairement moral. Dans la civilisation byzantine la politique n’est pas limitée par l’éthique, elle en est affranchie et se fait ainsi souvent barbare. Par exemple on peut citer l’empereur Basil Bulgaroktonos (le Tueur de Bulgares) qui rendit aveugles en 1018 les soldats bulgares vaincus et les envoya à pied chez eux avec seulement un soldat borgne sur cent, pour montrer le chemin.
Le Saint Empire Romain Germanique adopta avec le nom impérial ce même mode d’organisation de la vie sociale.[23] Ainsi, lorsqu’en Pologne le roi qui tuait un évêque devait perdre son trône, au même moment, l’empereur germanique luttait contre le pape pour la suprématie (Césaropapisme). Un jour il va à Canossa en pénitence ; un autre jour il impose sa volonté au pape. Depuis ce moment jusqu’à aujourd’hui il y a en Allemagne une lutte entre les civilisations latine et byzantine. Dans l’Est de l’Allemagne l’influence byzantine a toujours dominé; à l’Ouest, particulièrement en Rhénanie, l’influence latine est plus sensible. Le retour de la capitale de Bonn à Berlin est, du point de vue de la civilisation, un changement probablement fâcheux.
Lorsque les Chevaliers Teutoniques christianisaient à coups de sabre, notre Paweł Włodkowic défendait les droits des païens (cf. Le Cep n°41, p.61, note 3).
Lorsque les guerres de religion ravageaient l’Allemagne, en Pologne nous avions un État sans chasse aux sorcières ni bûchers. Alors qu’ils suivaient le principe barbare cujus regio ejus religio (telle la religion du prince, telle celle du pays) et que les citoyens devaient changer fréquemment de dénomination, la tolérance religieuse régnait chez nous et beaucoup d’exilés des guerres de religion en Allemagne trouvèrent refuge en Pologne. Même la catholique Autriche n’était catholique que par la volonté du prince. L’empereur avait l’habitude de se mêler de questions religieuses, y compris sur des sujets de liturgie. Il avait un droit de veto sur l’élection d’un pape (la dernière fois en 1903)[24].
Cette habitude est souvent qualifiée de joséphisme, du nom de l’empereur Joseph II toujours prompt à imposer sa volonté à l’Église. Le catholicisme n’empêcha pas Marie-Thérèse de s’associer au partage manifestement immoral de la Pologne avec la Russie et la Prusse en 1772.
Les Allemands ont l’habitude de qualifier de « grands » leurs princes qui ont réussi, comme Frédéric le Grand ou Bismarck, en dépit du fait que leurs actes politiques fussent immoraux. Hitler fut considéré comme grand tant qu’il fut vainqueur, mais plus maintenant puisqu’il a perdu. Ses méthodes immorales n’ont pas payé, elles se sont avérées infructueuses.
Le byzantinisme n’aime pas la variabilité, l’inconstance ou l’irrégularité. Alors qu’à Rome et maintenant dans la civilisation latine l’unité se fait par le but, les méthodes et les formes pouvant être très différentes, à Byzance et maintenant en Allemagne, l’uniformité imposée par l’État est la règle. Désormais, la propreté et le fonctionnalisme généralement appréciés en Allemagne sont établis. Ceci vient de l’empressement général à suivre les ordres de l’État. Befehl ist Befehl! Un ordre est un ordre! Et ceci est généralement accepté par tous. D’un autre côté, dans la civilisation latine nous sommes individualistes, nous préférons faire les choses à notre manière.
L’entraînement et l’obéissance ont aussi leur mauvais côté. Ils mécanisent la vie commune, étouffent la base et l’activité organique et introduisent d’en haut une uniformité bureaucratique et centralisée: voyez le mode de fonctionnement de l’Union Européenne hyper réglementée, essentiellement gérée par les Allemands[25]. Ceci transfère la responsabilité des actes sur ceux qui donnent les ordres. Cela peut même justifier le crime. Il est bien connu que les criminels de guerre Allemands se sont défendus selon le principe qu’ils n’ont fait qu’obéir aux ordres et qu’on leur a dit d’agir comme ils l’ont fait.
Pour eux, la responsabilité n’était pas la leur mais celle du gouvernement. A la limite, seul Hitler était coupable. Dans l’Allemagne d’après guerre une loi fut votée interdisant l’extradition des Allemands. En conséquence, la plupart des crimes de guerre furent jugés en Allemagne, d’après leurs normes et non dans les pays où ils furent commis.
D’un autre côté, il est remarquable que même dans la Pologne communiste, il restait impensable pour les assassins du Père Jerzy Popiełuszko de se défendre en alléguant qu’ils ne faisaient qu’exécuter les ordres des services secrets auxquels ils appartenaient. Devant une cour de justice chacun est personnellement responsable. On ne doit pas obéir aux ordres criminels, c’est aussi simple que cela.
Liée à cette question, il y a la supériorité, typique de la pensée byzantine, de la forme sur le contenu. Puisque ce n’est pas le but qui est commun mais la forme sous laquelle quelque chose est faite, la forme tend à dominer alors même qu’elle se vide de contenu.
Dans la civilisation latine le but est de première importance et la forme de moindre signification. Nous l’adaptons à notre propre compréhension de ce qui, à ce moment donné, est le plus approprié. Par conséquent nous cherchons constamment des améliorations, commettant fréquemment des erreurs en chemin. Les Allemands byzantins ont perfectionné la méthode de décréter les formes d’en haut. Il était facile de voir qu’en Allemagne, à la fois le capitalisme (Allemagne de l’Ouest) et le communisme (Allemagne de l’Est) fonctionnaient efficacement. Le nazisme aussi fonctionnait efficacement.
Nous avons tendance à être impressionnés par l’efficacité allemande, souvent nous l’envions. Nous rêvons d’avoir leur ordre public, leur fonctionnalité et leur richesse. Cependant le prix à payer est l’acceptation byzantine de se soumettre à l’État pour toute question. Notre force gît dans la diversité, dans notre inclination à critiquer le gouvernement, et nous devrions défendre ces valeurs contre l’intention germanique de tout régler d’en haut, aujourd’hui de Bruxelles plutôt que de Berlin. L’excès de réglementation, si répandu dans l’Union Européenne, est manifestement d’origine byzantine et non latine.
Il y a une tendance croissante dans l’Union Européenne ainsi que dans beaucoup de pays traditionnellement de civilisation latine, à accepter le penchant byzantin de conduire la politique sans éthique. A la différence de la civilisation touranienne, le politicien ou dirigeant doit lui-même avoir une conduite morale dans sa vie privée et il est jugé selon ce critère. Cependant il est libre de mener une politique affranchie des contraintes éthiques. Ceci concerne non seulement ceux qui pratiquent la politique de façon immorale mais aussi ceux qui pensent que la politique est un domaine immoral et s’en tiennent à l’écart, ne s’occupant donc que de leurs propres affaires. Une telle attitude équivaut à laisser la politique dans les seules mains de ceux que la morale indiffère. C’est encore une attitude byzantine. L’attitude propre à la civilisation latine est de s’impliquer, d’agir selon la morale et d’exiger des autres qu’ils se conduisent moralement, en politique nationale comme internationale.
Ici, le fait que les opposants ne respectent pas eux-mêmes l’éthique, n’a pas d’importance. La police aussi doit respecter la morale lorsqu’elle s’occupe des criminels.
Nous sommes tous pécheurs mais chacun devrait désirer agir moralement, de façon responsable et en conformité avec ce qu’il croit être convenable. L’abandon de ce désir en politique est le principal danger pour la civilisation latine dans son contact avec la civilisation byzantine.
La civilisation juive
La civilisation juive est une des plus anciennes sur terre. Sa durée n’est pas liée à la possession de quelque État ni à une langue spécifique. Dans un sens, la mémoire et maintenant la solidarité avec la terre d’Israël joue quelque rôle, de même que la langue hébraïque, généralement inconnue de la majorité des juifs (bien qu’ils sachent tous lire et écrire au moins depuis le 1er siècle). Jusqu’à très récemment c’était une langue morte et ce n’est que depuis la création d’Israël qu’elle a été ressuscitée comme langue vivante dans cet État. Cependant ni la langue ni l’État ne sont de grande importance pour définir cette civilisation. Les juifs passent souvent d’un pays à un autre et, en même temps changent, d’habitude très facilement, la langue utilisée à la maison pour s’adapter à la communauté.
En polonais nous parlons de « la nation juive », mais c’est quelque chose de complètement différent d’une nation dans la civilisation latine. Pour nous une nation signifie le passé commun d’un État florissant ou opprimé, une langue commune et une littérature dans cette langue, ainsi qu’un endroit spécifique sur terre considéré comme la patrie. Dans les autres langues européennes, le phénomène de l’unité juive est appelée d’un autre nom que « nation », généralement celui de peuple (le peuple juif, the Jewish people, Judentum) et c’est bien justifié. Ils sont vraiment un peuple, mais leur ciment n’a rien de commun avec la solidarité nationale des nations européennes.
Le ciment provient du caractère sacral de la civilisation et d’une conscience sacrale de la mission spéciale que Dieu leur a donnée. Ils ont conscience d’être le « peuple élu. »
Leur mission, évidemment, était de préparer le monde à la venue du Messie qui devait naître chez eux, et de conserver la vérité révélée jusqu’à son avènement. Ils ont rempli ce rôle.
Beaucoup d’entre eux L’ont reconnu lorsqu’Il est venu et ont apporté la Bonne Nouvelle, l’Évangile, aux autres peuples. Ce qui était la mission d’un peuple est devenu la mission de l’Église.
Les juifs d’aujourd’hui constituent une communauté tragique, un peuple qui n’a pas reconnu le temps de sa visitation: ceux qui n’ont pas reconnu dans Jésus-Christ le Messie attendu. Les juifs qui ont suivi le Christ se sont fondus dans l’universalité chrétienne; ceux qui l’ont rejeté sont devenus errants de par le monde, parmi les croyants des autres religions, ressassant jalousement leur élection, cette conscience messianique qui donne sa marque distinctive à leur civilisation.
C’est une civilisation d’isolement programmé, de distinction voulue des communautés environnantes. Dans le judaïsme il n’y a pas de théologie spéciale que l’on pourrait apprendre et adopter comme converti. On peut seulement se marier dans le judaïsme, en devenir membre biologique. Les juifs ne cherchent pas à convertir. Par volonté propre ils préfèrent vivre à part, en apartheid des communautés voisines. Ils forment leurs propres communes (kahals), se gouvernent eux-mêmes selon leurs propres lois et ils prennent soin de maintenir aussi une séparation spatiale. Ils forment eux-mêmes leurs ghettos ou quartiers dans lesquels ils vivent ensemble, analogues aux Chinatowns américains. C’est seulement l’Allemagne d’Hitler qui a créé l’idée de séparation forcée, d’un ghetto fermé que les juifs n’avaient pas le droit de quitter.
Les juifs ne sont pas des pionniers; ils ne vont pas à la conquête du vaste monde ni ne défient les risques de la nature. Ils s’installent parmi d’autres civilisations, riches de préférence. Ils ont tendance à émigrer des pays pauvres vers les pays riches. Et ils le font toujours en groupe, formant immédiatement leur propre communauté séparée.
Les juifs ne constituent pas une race spécifique. C’est un grand malentendu de prendre l’anti-sémitisme pour du racisme.
Les juifs de Pologne sont racialement impossibles à différencier des Polonais. Les juifs d’Afrique du Nord sont racialement proches des arabes. Les juifs éthiopiens sont proches des éthiopiens, et ainsi dans le monde entier.
Cependant, le fait que les juifs s’accrochent à leur propre communauté, leur propre civilisation, leur propre mise à part, entraîne le développement de différences biologiques. Ce n’est jamais une séparation totale parce que des mariages mixtes sont fréquents, mais là où des communautés juives vivent pendant plusieurs générations, cela est suffisant pour créer quelques différences avec la société environnante. Tout ceci est la conséquence de la conscience commune d’être le peuple élu.
La conviction d’être choisi par Dieu, d’avoir avec Lui une relation spéciale, d’avoir une promesse directe de Lui au seul bénéfice des descendants biologiques d’un peuple, a fait dégénérer le monothéisme en monolâtrie. La foi en un Dieu unique se transforme en foi en un Dieu, en son propre Dieu, un Dieu tribal. Les prophètes ont éradiqué avec succès les tendances polythéistes des juifs de l’Ancien Testament. Cependant, la monolâtrie ne fut résolue que par Jésus Christ qui adressa son message à tous les peuples et pas seulement au peuple choisi. En réalité, la monolâtrie est une forme de polythéisme car elle accepte la possibilité que d’autres peuples aient d’autres dieux.
L’idée du messianisme a surgi chez d’autres peuples, réalisant soudain que Dieu leur avait donné un rôle spécial à jouer[26]. Mais ceci dura rarement pendant plusieurs générations. Les juifs, en cultivant leur élection, ont créé toute une civilisation basée sur la fidélité à la Loi que Dieu leur avait révélée. Par Loi ils entendent la Torah, le Pentateuque de Moïse, qui pour nous aussi est évidemment un livre saint.
Cependant nous le lisons différemment. Les juifs voient en lui la Loi, immuable et à laquelle il faut obéir.Chaque lettre s’impose pour tous les temps. Jésus Christ nous a enseigné que ce n’est pas la lettre qui est importante mais la volonté du Législateur. Il n’a pas changé la loi, mais lui a donné un contenu. Il accusa les Pharisiens de servir le Seigneur avec leurs lèvres mais non avec leur cœur. Il demanda que l’on sauve l’agneau ou le bœuf tombé dans un puits un jour de sabbat (Mt 12, 11; Lc 14, 5) parce que le sabbat est pour l’homme et non l’homme pour le sabbat (Mc 2:27). Nous nous moquons souvent des coutumes juives et nous les dénigrons. Cependant, lorsqu’un juif pieux voyage en train un samedi assis sur une bouteille d’eau en caoutchouc, il fait cela pour rester fidèle à sa religion, car il n’a pas le droit de voyager le jour du sabbat, sauf sur l’eau. Pour lui, ceci montre son obéissance à la lettre de la loi, un impératif moral. Pour nous, ce n’est qu’hypocrisie, désobéissance à l’intention du Législateur. Avec la croissance de la complexité de la vie et une meilleure compréhension des intentions du Législateur, nous adaptons les règles à ce que nous considérons comme moral. Pour nous, la loi dérive de l’éthique. Pour les juifs, c’est le contraire, l’éthique vient de la loi.
Pour eux, bien sûr, la vie exige aussi des changements dans leurs habitudes. Pour leur commodité, ils introduisent des interprétations de la loi, des explications pour diverses circonstances, afin de respecter la lettre de la loi, mais, en réalité, pour trouver un moyen de vivre raisonnablement. Toute l’érudition du judaïsme (Talmud, Kabbale, écrits rabbiniques) consiste en ces interprétations de la loi, commentaires sur les interprétations, commentaires des commentaires, etc., une casuistique permanente multipliant les exceptions à des règles immuables. Tout ce déploiement est inspiré par la commodité. Hors du judaïsme, toute cette érudition est sans valeur. Toutefois son style est souvent copié, constituant une menace spirituelle. Nous devons changer les règles lorsque ceci est exigé par notre compréhension de ce qui est ou n’est pas moral et non pas parce que nous trouvons qu’elles sont difficiles à suivre. Dans la civilisation latine, chaque génération transforme en lois écrites des normes éthiques. La multiplication des lois restreint sans cesse notre liberté.
Les juifs ne sont contraints que par la Torah et toutes les interprétations ultérieures réduisent la portée obligatoire de ses prescriptions.
Malheureusement aussi chez nous, en désaccord avec notre propre civilisation, des lois apparaissent qui autorisent ce qui n’est pas moral et qui était déjà interdit par des lois écrites: avortement, divorce, homosexualité, cultes sataniques, etc. Ainsi, le lien entre la morale et la loi est perdu; c’est la commodité plutôt que la morale qui devient la source des lois.
Dans notre civilisation, une personne droite, vivant honnêtement, n’entrera pas en conflit avec la loi, même si elle l’ignore. Par contre, vivre en accord avec la lettre de la loi mais malhonnêtement, provient de l’attachement pharisaïque aux règles et non à la morale. L’exploitation des règles, de l’imprécision des lois, de leurs failles, de leur multiplicité et leurs incohérences, les activités à la limite de la légalité, les techniques d’évasion fiscale, tout cela formellement en accord avec la loi, mais immoral, vient de la casuistique rabbinique, de l’habitude de faire dériver la morale de la loi écrite. Pourtant, un tel escroc, agissant selon la loi, n’a, en fait, aucun respect pour aucune loi. On ne peut pas le comparer au voyageur du sabbat assis sur sa bouteille d’eau, qui lui aussi fait une interprétation commode de la loi, mais qui le fait afin d’accomplir la loi et donc en la respectant pleinement.
Puisque de nombreuses lois de Moïse ne pouvaient pas être respectées dans la diaspora (comme l’interdiction d’apprendre le grec), on introduisit des interprétations selon lesquelles la totalité de la loi mosaïque n’est obligatoire que dans la Terre Promise, mais pas en dehors. La diaspora devint une forme d’évasion de la loi. Puisque la morale dérive des règles, il y eut deux morales, l’une pour la Palestine et l’autre en dehors d’elle. D’autres divisions de la morale suivirent, selon les occasions, selon les jours, envers les juifs et les non juifs (les gentils). Il se développa ainsi une éthique de situation qui nous est tout à fait étrangère. Nous ne connaissons qu’une seule éthique, la même dans toutes les circonstances. Mais sommes-nous toujours fidèles à cette conception?
Par exemple, ne traitons- nous pas parfois différemment le vol du voisin et le vol de l’État ou les mensonges aux amis et ceux que nous adressons aux ennemis? De telles morales de situation proviennent de la civilisation juive et nous devons les éviter.
A l’intérieur de la civilisation juive, bâtie sur la Torah, cinq religions se sont développées, selon les livres reconnus pour l’interprétation de la loi. Koneczny résume ces religions de la manière suivante:
Table 2
| Exemples | ||
Avec Torah | Sans Talmud | sans Kabbale | Sadducéens, Karaïtes |
avec Kabbale | Sabbatites, Frankistes | ||
Avec Talmud |
|
| |
sans Kabbale | Juifs lituaniens | ||
avec ancienne Kabbale | Sépharades | ||
avec Kabbale + pilpoul | Hassidim, Ashkénazes |
Cinq religions, mais sans aucune différence théologique conduisant à des divisions. Sans égard pour la tradition relevant des livres d’interprétation de la Torah, tous les juifs forment une seule famille unie par la conscience messianique d’être le peuple élu. Un juif peut devenir athée, il peut se convertir à une autre religion, même devenir cardinal, il sera toujours considéré par les autres juifs comme un membre de la communauté juive.
Nous sommes souvent impressionnés par la solidarité juive, par la façon dont ils se soutiennent toujours, par leur fidélité à la communauté juive. Nous constatons qu’ils participent à de nombreuses batailles, présents des deux côtés. Mais, après la défaite d’un camp, les juifs du camp vainqueur s’assurent que les juifs perdants ne souffrent pas. Après le conflit suivant, le résultat pourra être l’inverse et la même solidarité s’exercera.
C’est une méthode de survie qu’ils ont développée en vivant parmi les gentils. Nous n’avons pas une pareille solidarité. En fait nous nous accusons d’esprit de querelle et de jalousie. Nous envions les juifs pour leur fidélité les uns envers les autres par delà tous les conflits.
Cependant, cette différence comporte un autre aspect. Nous pensons devoir soutenir la vérité, la bonté, la justice et pas un concitoyen simplement parce qu’il est notre concitoyen. Nous devons combattre le mal, les mensonges, tout ce que nous considérons, même à tort, comme inconvenant.
Telle est notre idée de la droiture. Nous devons rester nous-mêmes plutôt que de défendre ce qui ne mérite pas de l’être. Tant notre position que celle des juifs ont du sens, mais seulement dans le contexte de nos civilisations respectives. Ceci montre clairement qu’aucun compromis n’est possible sur les questions différenciant les civilisations.
La civilisation arabe
On croit souvent que les Arabes sont des nomades par nature. Beaucoup d’entre eux l’étaient et il semble qu’ils descendent de gardiens de troupeaux plutôt que de laboureurs, chassant ou suivant leurs animaux en quête de pâturages. Cependant, depuis des millénaires ils se sont tournés vers l’agriculture et la création de villes, si bien que le style de vie nomade n’est guère un trait caractéristique de cette civilisation. Considérer l’islam comme définissant cette civilisation est également une erreur. Les mosquées ne sont pas des maisons de Dieu, elles n’ont pas d’autel de sacrifice; ce ne sont que des salles de prière. Il n’y a pas non plus de clergé, les imams ne sont que des chefs de prières. Mahomet lui-même était un imam, comme le furent tous les califes. Un imam est quelqu’un qui peut lire et interpréter le coran. Puisque le coran ne peut pas être traduit, l’imam doit connaître l’arabe, au moins suffisamment pour le lire sinon pour le comprendre. Dans chaque mosquée, près de la chaire, il y a une niche décorative indiquant la direction de La Mecque vers laquelle doivent s’orienter tous ceux qui prient.
Les sources de la foi sont le Coran et la tradition appelée sunna. Celle-ci est composée de commentaires et de notes sur le coran par les plus vieux commentateurs. Les sunnites sont orthodoxes alors que les chiites rejettent la tradition et ne reconnaissent pas les trois premiers califes. Les chiites vivent en Iran, au Pakistan, au Bangladesh, en Mongolie et dans les oasis d’Algérie. Le monde arabe est sunnite, comme l’est la Turquie. Les deux branches prêchent cinq obligations: prière, aumône, pèlerinage, jeûne et participation aux guerres saintes.
Quelques coutumes viennent du judaïsme, comme l’interdiction du porc et l’abattage rituel des animaux. Jésus est considéré comme un prophète et Marie une Vierge, mais ils pensent que traiter Jésus de Fils de Dieu est une idée polythéiste. Ce fut Mahomet qui imposa le monothéisme aux Arabes; c’est lui aussi qui interdit les boissons enivrantes et les jeux de hasard, mais n’imposa pas de restriction à la polygamie ni à l’esclavage. L’islam est une religion simple avec peu de compréhension populaire. Peu de musulmans connaissent le Coran, qui est plein de règlements sur l’hygiène et contient une loi précise sur la famille et la propriété, entrant dans les moindres détails. Il comprend aussi un code moral. La femme n’est pas l’égale de l’homme, elle ne prie pas avec lui dans la mosquée. Seul le mari peut divorcer d’avec sa femme. Le voile et la robe sac ne sont pas exigés par le Coran, ils sont pratiqués dans certaines communautés islamiques et pas dans d’autres. L’attitude envers les beaux arts est fixée avec précision, mais généralement de façon négative. Puisque la représentation d’êtres vivants est interdite, l’art arabe est orienté vers de magnifiques ornementations (arabesques).
Le Coran concerne ainsi les domaines de la santé, de la prospérité, de la beauté et de la bonté. Dans le domaine de la vérité, il s’intéresse peu au surnaturel (il n’y a pratiquement pas de théologie) et pas du tout à la nature. La loi sur la famille et la propriété constitue la totalité de la jurisprudence. Cependant les défauts du Coran, du point de vue de la civilisation, vont plus loin. Toutes ses injonctions ne concernent que la seule vie familiale, au mieux le clan, et il ne connaît que le droit privé.
Il n’existe pas de règles de gouvernement dans le Coran. Comment donc un gouvernement pourrait-il être fondé sur le Coran? Le gouvernement est laissé à la volonté et au plaisir de l’autorité, si bien que la volonté arbitraire du dirigeant devient partie indispensable de la loi, ce qui conduit inévitablement à l’arbitraire. En fait le Coran est fait pour satisfaire les besoins de l’État. Le service militaire est au nom de la guerre sainte ; l’impôt tombe sous le devoir de l’aumône, si bien que le soin des nécessiteux devient l’entière responsabilité de l’État. On dit du gouvernement islamique qu’il est parsemé de Coran et doublé de volonté inflexible, donc incapable d’agir sans terreur.
Gouverner consiste à appliquer une loi privée élargie aux affaires publiques. Un droit public séparé ne saurait naître tant que ne sera pas abandonné le principe du Coran comme source du droit. Deux écoles se sont formées, l’une pour laquelle n’a de valeur que ce qui est contenu dans le Coran et la sunna, l’autre affirmant que tout ce qui n’est pas condamné par le Coran est autorisé. A partir de ces deux tendances diverses sectes ont vu le jour, jusqu’à des sectes polythéistes (au Pakistan). Quelques unes, comme les Assassins chiites, fanatiquement cruels, opéraient dans le monde touranien et furent finalement traités par les Mongols d’une manière typiquement touranienne: ils furent physiquement liquidés avec leurs familles par une exécution de masse accomplie par une force militaire obéissante. Partout, l’islam s’est adapté aux particularités de la société locale. Il est présent dans de nombreuses civilisations. Tout ce qui est arabe n’appartient pas à l’islam ni tout ce qui est musulman à la civilisation arabe. Il faut distinguer entre ceux qui ont reçu le Coran des Arabes et ceux qui l’ont reçu des Touraniens, des Turcs ou des Iraniens. Du point de vue de la civilisation ce sont des mondes complètement différents. Les lettrés arabes considèrent les Turcs comme pires que les giaours (païens), comme les barbares de l’Islam. L’islam existe dans d’autres civilisations, chez les brahmanes (avec maintien du système des castes), chez les Chinois (en Dzoungarie, avec la polygamie modifiée en femme plus concubines) et ailleurs.
L’islam ne définit pas la civilisation arabe.
L’Islam n’a pas créé de civilisation sacrale, comme le judaïsme et le brahmanisme l’ont fait.
La civilisation arabe est seulement à moitié sacrale. Ne sont pleinement sacrales que les plus extrêmes des sectes chiites, chez les Mozabites des oasis du Sahara algérien. Ethniquement ce ne sont pas des arabes mais des berbères. Ils sont attachés à leurs cités saintes, auxquelles ils doivent revenir car leurs femmes n’ont pas le droit de les quitter. Les figures des femmes sont très étroitement voilées. Il est interdit non seulement de boire, mais aussi de fumer. L’autorité de dernier recours est un collège d’hommes versés dans le Coran, existant dans chaque ville. En dehors de cette exception, nulle part l’islam n’a créé sa propre civilisation.
En terre d’islam, une civilisation séparée n’a éclos que là où était adoptée l’interprétation selon laquelle tout ce qui n’est pas interdit par le Coran est autorisé. Dans ces régions, l’islam stimula une civilisation luxuriante, pour ainsi dire au-dessus, ou à côté du Coran. C’est ainsi qu’est née la civilisation arabe, nommée d’après la langue dans laquelle le Coran est écrit, mais non d’après l’élément ethnique auquel elle n’était liée en rien. Ce ne sont pas les Arabes qui ont répandu l’islam. Mais leur langue, grâce au Coran, est devenue la langue d’une civilisation brillante de splendeur intellectuelle s’étendant bien au-delà du cadre du Coran. Ainsi, déjà au 8ème siècle, une philosophie distincte du droit émergea (Abu-Hanif, mort en 772). Toute la civilisation arabe apprécie les lois laïques aussi bien que l’autorité du Coran; la loi peut exister en dehors du Coran, pourvu qu’elle n’entre pas en conflit avec lui. La source du droit est le savoir.
La culture est très appréciée et des écoles de grande qualité ont toujours fait partie de cette civilisation. Elle a sauvé Aristote pour la postérité (repris ensuite par les philosophes latins). Les mathématiques arabes sont particulièrement célèbres, basées sur les chiffres indiens transmis comme « arabes » dans le monde entier (imaginez de longues divisions ou multiplications avec des chiffres romains!). Le droit public est tiré du droit privé avec la complication qu’il doit tout de même être déduit du Coran qui ne contient que du droit privé. A partir de ce droit privé un système social s’est développé. La plus grande partie de la vie publique est despotique, l’État intervenant tout le temps dans n’importe quelle affaire sociale.
Dans les communautés plus petites le cheikh décide de tout, et la même autorité servit le gouvernement des grands États arabes historiques. Cependant, le gouvernant demeure toujours assujetti à l’autorité suprême du Coran (sauf dans les parties islamiques de la civilisation touranienne, où la loi est dérivée du coran mais son interprétation reste une prérogative du seul gouvernant). A l’égard du temps, la civilisation arabe connaît l’époque, mais n’a pas de conscience historique.
Le contact avec le monde latin après l’invasion de l’Espagne et d’une partie de la France par les Maures (Mauritaniens) fit naître la culture la plus avancée de la civilisation arabe (cordouane). Les trésors architecturaux de Cordoue, Séville et Grenade témoignent de la grandeur de cette culture. Dans la culture cordouane, émergeant du clan, se produisit une émancipation de la famille due à l’adoption de la monogamie. Aussi les forces spirituelles commencèrent-elles à s’organiser à part, en dehors de l’organisation étatique. Partout où ceci se produit, naît une nouvelle chance pour la vie publique, pour le développement d’une opposition, d’une opposition légale, moralement permise, ne constituant rien de déplacé mais étant une manifestation de l’émancipation des forces spirituelles par rapport aux forces physiques. La culture cordouane prouve qu’une telle émancipation est possible dans la civilisation arabe.
Aujourd’hui, à propos du terrorisme islamique, il est important de distinguer entre le fanatisme islamique né dans la civilisation touranienne et analogue à celui des Assassins, et la fidélité religieuse au Coran présente dans la civilisation arabe.
Remarques pour conclure
Les questions qui différencient les civilisations s’excluent mutuellement. L’intégration, le terrain d’entente et le « melting pot » ne sont pas possibles. Les civilisations rivalisent entre elles et, dans une société donnée, une seule l’emportera éventuellement.
La guerre entre civilisations a lieu principalement dans les écoles. Qui aura la plus grande influence sur la mentalité de la génération suivante? Qui éduquera les enfants de qui?On pourrait ajouter que le problème avec les immigrants se ramène à la réponse à ces questions fondamentales.
Qui apportera la civilisation aux enfants? Les parents, ou quelqu’un d’autre? Depuis la Révolution française, on observe un accaparement progressif de l’éducation par l’État en Europe. Nous sommes sans cesse témoins de la diminution de l’influence parentale sur l’éducation et de sa laïcisation progressive. L’importance de l’éducation augmente mais l’influence de l’Église et des parents diminue.
Ceci n’est pas une évolution négligeable. Nous risquons de voir des politiciens étrangers à notre civilisation décider de l’éducation de nos enfants alors que les parents remarqueront à peine que leurs enfants s’éloignent de leur civilisation.
Nous devrions nous poser les questions suivantes: notre système éducatif contient-il une ou plusieurs civilisations? Qui décide des programmes éducatifs? Qui décide des tendances éducatives encouragées à l’école, à la télévision, sur internet? Qui possède la plus grande influence sur l’éducation des enfants: les parents, l’école, l’Église, la télévision ou internet? Le système éducatif doit être cohérent; il doit s’accrocher aux principes d’une civilisation. Dans la plus grande partie de l’Europe, ce devrait être la civilisation latine. L’éducation à l’école devrait être un prolongement de celle du foyer et les deux devraient être complémentaires et compatibles.
En 1925, mon grand-père interdit à ma mère la lecture d’un livre donné comme un texte ordinaire dans son école (Chłopi,
-les Paysans- de Władysław Reymont, lauréat du Prix Nobel) parce qu’il estimait que ce livre avait un contenu indécent. L’école respecta sa décision. Toute la classe lut le livre, mais non pas ma mère. En fait, elle ne le lut jamais, même lorsqu’elle fut plus grande, parce que son père le jugeait indécent. Quelle école européenne aujourd’hui respecterait semblable requête d’un parent? Nous devrions demander le retour de ces bonnes habitudes.
Les auteurs des programmes éducatifs sont souvent guidés par des options idéologiques. Malheureusement, de plus en plus souvent elles sont laïques et délibérément contre la morale.
On entend constamment parler du besoin de donner une « éducation sexuelle » en classe. Les enfants sont endoctrinés en faveur des contraceptifs et des gymnastiques sexuelles. Les choix de lectures donnent souvent la préférence aux auteurs socialistes et athées, tandis que sont éliminés les auteurs catholiques. Dans l’enseignement de l’histoire, il y a beaucoup de mensonges ; on minimise le rôle du christianisme et du patriotisme dans la construction de l’Europe et on glorifie les révolutions et l’internationalisme. En biologie on promeut la théorie non prouvée de l’évolution, afin de diminuer le rôle du Créateur.
Il est vrai qu’il existe des professeurs qui, même dans les circonstances les plus difficiles, laissent de côté les manuels officiels et tentent de transmettre la vérité aux enfants, du mieux qu’ils peuvent. La majorité des professeurs, cependant, répètent simplement ce qui se trouve dans les manuels sans aucun commentaire critique. Ils ne veulent pas risquer d’être réprimandés, ou simplement ne voient pas le biais laïciste de l’endoctrinement dispensé.
Une influence encore plus forte est exercée sur les enfants par la télévision, regardée depuis le plus jeune âge, plusieurs heures par jour. Et quels genres de modèles trouve-t-on dans les programmes? Le normal est morne ; alors, la plupart du temps des situations anormales sont représentées. Malheureusement, la télévision est beaucoup regardée lorsque les parents ne sont pas à la maison.
Une mauvaise influence similaire est exercée par la musique populaire. Elle est enregistrée pour des baladeurs et personne ne sait ce que les enfants écoutent. La musique moderne a souvent un contenu érotique ou satanique.
Lorsque les enfants ont des problèmes, à qui vont-ils se confier? Les parents ont-ils le temps de les écouter et de les conseiller en temps utile?
Il n’y a qu’une seule solution. Pour que le foyer soit le principal éducateur, il faut que la mère soit là. Je sais que je risque la colère de beaucoup de femmes qui liront ceci. Mais ne nous y trompons pas. Lorsque le mode de vie familiale est organisé pour que les mères soient toujours à la maison, la civilisation se perpétue.
Lorsque la mère est absente la plupart de la journée, les enfants risquent d’être éduqués selon un jeu de valeurs étranger aux parents. Un foyer sans la mère est un foyer vide. Les enfants s’enfuient de tels foyers et ils cherchent conseil ailleurs.
Il est absurde qu’il y ait maintenant nécessité économique de cumuler deux revenus dans la famille. Ce n’est pas un choix, c’est une nécessité. Le système social doit être réorganisé pour qu’il soit possible de vivre avec un seul revenu et que les mères soient à la maison. Dans ce cas, l’influence de l’école sur les enfants est minimale. Elle est contrebalancée par l’influence du foyer.
L’interdiction des foulards ne résoudra pas le problème. Les enfants de civilisations différentes agissent les uns sur les autres à l’école et ils s’influencent mutuellement. Avec la diminution d’influence du foyer dans la société occidentale et avec les programmes d’enseignement hors du contrôle parental, nous courons le risque de changements de civilisation à la prochaine génération.
Notre civilisation doit être activement défendue. Même au risque de la pauvreté, nous devons insister pour garder le contrôle de nos enfants. Nous devons aussi insister pour garder le contrôle des programmes éducatifs; nous devons demander que les programmes de télévision proposent des causes nobles et des modèles honnêtes. Nous devons aussi demander qu’un comportement conforme à notre civilisation soit loué et l’inconvenant méprisé. Nous devons insister pour que la musique immorale soit bannie. Nous devons insister pour que la tenue de la société en général soit convenable et, lorsqu’elle ne l’est pas, qu’elle soit pénalisée. Nous devons essayer d’influer sur l’éducation de ceux qui vivent parmi nous mais ne reçoivent pas un soutien suffisant de leur famille. Nous devons aussi essayer d’influer sur ceux d’entre nous qui relèvent d’autres civilisations.
Nous devrions passer à l’offensive pour l’éducation.
Sinon, notre civilisation perdra.
A un niveau différent la situation est plus optimiste. Tout à fait en dehors de tous les maux que le colonialisme comportait, il est de fait que les colons européens tentèrent de greffer leur propre civilisation sur les peuples soumis.
L’un des principaux moyens pour y parvenir fut d’inviter les individus les plus brillants à venir étudier en Europe. Des élites furent formées à penser à la manière européenne. Lorsque vint la décolonisation, ce furent principalement les indigènes éduqués à l’européenne qui assumèrent la responsabilité de gérer les pays fraîchement émancipés. Beaucoup de cette forme d’influence se poursuit avec les étudiants des anciennes colonies bénéficiant des privilèges d’une éducation européenne. Les Etats-Unis font la même chose en invitant beaucoup d’étudiants du tiers monde à étudier chez eux.
L’éducation est un des moyens pour promouvoir sa propre civilisation; il y en a d’autres. Les colons ont souvent laissé un système légal et un type d’organisation sociale, un système de représentation politique, une méthode d’organisation de la police, de l’armée, du service médical, du service des forêts, etc. Ils ont aussi laissé une morale chrétienne et une structure de l’Église chrétienne, devenant progressivement ethniquement locale. Tout ne marche pas aussi bien qu’il le devrait, mais la norme européenne est généralement ce qu’il faut viser.
Actuellement, tout à fait en dehors de l’héritage colonial, en traitant avec les pays du tiers monde, les européens (comprenant ceux des Etats-Unis, du Canada, d’Australie, etc.) exigent certaines normes de comportement comme conditions des relations. D’habitude il est demandé un certain degré de démocratie, de respect des droits de l’homme, de lutte contre la corruption, de responsabilité économique. En formulant ces exigences nous éduquons les autres à notre façon de penser.
Évidemment, tout ce qui a été accompli dans le tiers monde par l’Ouest n’est pas louable. Malheureusement, nous avons tendance à exporter nos maux: la guerre ou les armes, le socialisme et autres idéologies matérialistes, le contrôle des naissances, la promiscuité sexuelle, l’instabilité de la famille, le genre de vie hédoniste. Les membres des autres civilisations, voulant se protéger contre ces maux, résistent aussi aux influences positives de l’occident. Nous serions beaucoup plus efficaces à promouvoir la civilisation latine si nous prenions soin de la protéger chez nous.
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L’école victime de la confusion des ordres[27] Pr Laurent Lafforgue[28]
Présentation : On avait pu lire dans Le Cep n° 38 un article de Laurent Lafforgue sur le rôle de la langue française dans les sciences. Avec la présente allocution, cet intellectuel courageux montre qu’il sait replacer sa défense de l’école au sein d’une vision d’ensemble de l’homme et de la société. Se référant aux trois ordres de Pascal, il assigne à l’école un rôle formateur des intelligences (ordre de l’esprit), nécessitant une claire distinction entre la véritable culture (désintéressée) et la réussite matérielle et sociale. De même l’égalité entre les hommes relève de l’ordre supérieur de la charité, et c’est un objectif suicidaire qu’on a fixé à l’école en la chargeant de réaliser cette égalité, au détriment des exigences d’aptitudes, de niveau atteint et d’effort indispensables pour « élever » les esprits. Outre l’inefficacité scolaire qui en résulte, cette triple confusion ôte aux classes populaires l’accès à la culture, et fait négliger la valeur supérieure de la littérature comme véritable outil de connaissance du cœur humain.
Je vous remercie de m’avoir invité à prendre la parole devant vous. Cela ne m’est pas si facile, car vous attendez peutêtre que je parle des difficultés actuelles de l’école et de son délabrement.
En vérité, vous tous qui êtes professeurs connaissez beaucoup mieux que moi une situation que vous appréciez tous les jours de manière concrète. Les centaines de témoignages que m’envoient des professeurs de tous niveaux et de toutes disciplines ne remplacent pas la fréquentation quotidienne des établissements scolaires et des élèves.
Malgré tout, je voudrais tenter d’éclairer les difficultés de l’école à la lumière de la distinction opérée par Pascal entre ce qu’il nomme l’ordre des corps, l’ordre des esprits et l’ordre de la charité ou ordre de la sagesse. Trois ordres qu’il situe dans une hiérarchie et à une distance infinie les uns des autres.
L’école appartient évidemment à l’ordre des esprits, qui est celui de la pensée. La faculté de penser fait partie du propre de l’homme et elle est donnée à chacun, mais la pensée elle-même, en ses diverses manifestations qui composent la culture, n’est pas innée. Elle est une lente construction humaine, une tradition, un héritage que chaque génération reçoit de la précédente, qu’elle retravaille, enrichit, transforme et approfondit. L’école est par définition le lieu où les nouvelles générations sont introduites dans les traditions culturelles de l’humanité qui portent la pensée.
Ces réalités spirituelles que l’école a pour charge de transmettre obéissent à des lois entièrement différentes de celles qui régissent les objets matériels et gouvernent les grandeurs d’établissement qui composent l’ordre des corps. Elles peuvent être partagées indéfiniment sans que les personnes qui les possèdent n’y perdent rien, au contraire. Alors qu’un objet matériel ne peut appartenir à plusieurs, et qu’il est logiquement impossible que tous les individus occupent dans une société une position dominante, la culture ou les connaissances acquises par les uns non seulement n’empêchent aucun autre de les acquérir à son tour, mais en multiplient pour lui la possibilité.
D’un autre côté, les biens intellectuels n’ont pas de stabilité propre et ne peuvent se maintenir par eux-mêmes. Ils n’existent pas en dehors des esprits qu’ils habitent, et quand une tradition de pensée se perd, sa flamme pourra fort bien ne plus briller pendant des siècles, voire s’éteindre à jamais.
La substance de la pensée se distingue plus encore –
“d’une distance infiniment plus infinie”, dit Pascal – des réalités qui appartiennent à l’ordre de la sagesse. Celles-ci sont invisibles non seulement pour les yeux mais même pour les intelligences et ne se transmettent pas comme telles. Seules sont susceptibles d’être vues et transmises les empreintes qu’elles laissent dans l’ordre des corps et dans celui des esprits, sous forme de textes et d’œuvres d’art.
Il existe aujourd’hui une grande confusion entre l’ordre des esprits et l’ordre des corps. On la perçoit évidemment dans la tentation de l’utilitarisme vers lequel beaucoup voudraient pousser l’école, et la poussent effectivement. L’école paie de cette façon la rançon de la puissance que les esprits exercent sur les corps et qui, avec le développement inouï des sciences et des techniques, s’est manifestée d’une manière prodigieuse depuis le XVIIe siècle. Beaucoup, écrit Pascal, “ne peuvent admirer que les grandeurs charnelles, comme s’il n’y en avait pas de spirituelles” : mais ceux-là pourtant s’intéressent à l’école, et n’ont de cesse de l’orienter vers ce qui seul compte à leurs yeux, – pour la rendre servante de l’ordre des corps et pour dénier à l’ordre des esprits la distance infinie qui par nature l’en distingue et qui leur demeure incompréhensible et insupportable.
Cet utilitarisme jaloux est d’ailleurs à très courte vue. La pensée ne trouve à déployer toute sa puissance sur les corps que si l’on respecte la distance qui la met plus haut, et qu’on la laisse libre de suivre sa propre logique. Il est donc probable qu’en refusant cette distance, l’utilitarisme ne cherche pas tant à développer les richesses matérielles, comme il le prétend, qu’à nier qu’il existe rien au-dessus de ces richesses.
Il faut au contraire que notre société comprenne et reconnaisse la distance infinie qui met l’ordre de l’esprit au-dessus des biens matériels. Cela signifie évidemment que, par l’entremise de ses instances politiques, elle établisse comme par le passé l’école en tant que lieu séparé et voué à la transmission des formes de la pensée aux nouvelles générations, qu’elle y envoie tous ses enfants pendant un certain nombre d’années où ils sont exempts de tout travail productif.
La société doit encore y consacrer une part importante de ses ressources sans en attendre de contrepartie immédiate. Elle doit veiller à ce que ces années soient réellement dédiées à l’étude, et donc attendre des maîtres qu’ils donnent aux élèves de solides nourritures intellectuelles et soient exigeants envers eux. Elle ne doit pas accepter que le contenu des enseignements soit dicté par des impératifs économiques à courte vue.
L’ordre des esprits auquel introduit l’école ne comprend pas seulement l’intelligence. Il englobe aussi la volonté et le caractère, et j’attends donc de l’école que, sans craindre de prodiguer des récompenses ni d’infliger des sanctions, elle entraîne les élèves à goûter le travail bien fait et la rigueur, à accepter et même à désirer que l’on soit exigeant envers eux, et à devenir de plus en plus responsables d’eux-mêmes. Dans la perspective de la vie active, le bagage sans doute le plus indispensable est l’habitude du travail, de la rigueur, de l’attention prêtée aux personnes et du soin accordé aux tâches et aux choses. Cela signifie que l’école ne doit jamais se transformer en une sympathique garderie qui amollirait la personnalité des élèves au lieu de l’affermir, mais qu’elle doit leur demander des efforts quotidiens. Cette accoutumance à l’effort, cet exercice de la volonté et du caractère sont plus précieux qu’aucune formation spécifique prétendument adaptée aux besoins, et rapidement caduque.
L’utilitarisme n’est pas seulement matériel. Il peut aussi être social, car les relations et les hiérarchies sociales appartiennent également à l’ordre des corps. Il s’appelle alors, pour les enfants et leurs familles, soif de “réussite” et, du point de vue social, “méritocratie”. Toute société a ses élites et ses classes dominantes, qui peuvent se recruter de bien des façons : hérédité, mariage, voie électorale, accumulation d’une fortune, habileté commerciale, art du spectacle, – et aussi par la sélection des talents dans le système éducatif. Ce dernier mode de recrutement des élites peut paraître très préférable, et nous autres intellectuels et professeurs sommes parfois tentés de le considérer comme le seul légitime.
Mais il faut prendre conscience d’un fait : s’il repose sur la valeur qu’une société accorde à la culture et au savoir, il tend à saper le fondement de cette valeur par la confusion qu’il opère entre l’ordre des esprits et celui des corps, auquel appartiennent les “grandeurs d’établissement”, et par la vassalisation implicite qu’il demande au premier vis-à-vis du second. Ce triomphe apparent de l’esprit porte le risque de sa perte par la subtile dénaturation de l’école qui est sa contrepartie.
C’est ainsi sans doute que l’école du savoir mise en place par la IIIe République a suscité, par son éclatant succès social, des attentes trop fortes qui ont puissamment contribué dans les dernières décennies à la transformer en une “école de la réussite” dont les principes n’appartiennent plus à l’ordre intellectuel et qui a donc perdu son sens.
Je crois indispensable au bien de la société et des institutions comme l’école qui ont en charge la perpétuation de la pensée et son approfondissement, qu’il existe d’autres voies que le succès scolaire pour s’élever socialement et se voir confier des responsabilités, et d’autres élites que celles qui se recrutent par les examens et les concours. Ainsi la pression exercée sur l’école serait-elle moins forte si la haute fonction publique et les états-majors des grandes entreprises ne se recrutaient pas seulement parmi les jeunes diplômés des grandes écoles d’ingénieurs, de l’ENA et des écoles de commerce, et s’il était possible d’y accéder en gravissant tous les échelons depuis la base ; ou encore, si notre pays comptait bien davantage de sagas industrielles réalisées par des entrepreneurs partis de rien.
Cela n’empêche pas que toutes les élites honorent la culture et le savoir, aient le souci de contribuer à leur transmission et à leur développement et ne négligent pas d’y initier leurs enfants. Mais les élites intellectuelles appartiennent à un ordre différent, et elles doivent selon moi se distinguer très nettement des élites sociales.
La confusion des élites intellectuelles et sociales a d’ailleurs brouillé les yeux de plus d’un, en particulier parmi les sociologues, et les a persuadés de mettre la culture en accusation, comme si elle n’était qu’un vernis justificatif des hiérarchies sociales qui seules comptent à leurs yeux. Comme si n’existait pas la “distance infinie” qui, selon Pascal, met les esprits au-dessus des corps ! Cette identification des grandeurs intellectuelles et des grandeurs d’établissement a si bien pénétré l’opinion que les nouvelles classes dominantes affichent désormais leur inculture, leur vulgarité et leur mépris de la pensée. Elles dissimulent derrière cet étrange rideau de fumée le pouvoir, l’influence et la richesse qu’elles détiennent.
Elles veulent faire croire qu’elles n’ont rien de commun avec les anciennes classes dominantes qui honoraient la grande culture et le savoir, et considéraient qu’elles avaient des devoirs, dont celui de transmettre. Le plus étonnant est que cela fonctionne. C’est grâce à la puissance des médias qui, entre les mains de ces nouveaux maîtres, prétendent qu’ils n’en sont pas puisque, disent-ils, la domination se reconnaît à la culture et qu’eux en sont dépourvus. Il est temps d’ouvrir les yeux.
Pour moi qui ai la chance de fréquenter des personnes appartenant à toutes les classes sociales, et qui me souviens très bien de mes propres grand-parents ouvriers et artisanscommerçants, il est clair que les classes populaires n’ont aujourd’hui plus personne pour faire entendre leur voix. Ceux qui s’expriment dans les médias et qui prétendent être représentatifs du peuple parce qu’ils méprisent la culture qu’honorait la bourgeoisie à l’ancienne, montrent par là quelle basse idée ils ont du peuple. Les classes populaires pensent en vérité d’une manière fort différente, mais qui n’a voix nulle part. Il serait pourtant bien nécessaire qu’elles se fassent entendre. Elles ont perdu au cours de ces dernières décennies une grande partie de ce qui leur était le plus précieux et le plus nécessaire : la garantie d’un travail, d’un logement et de conditions de vie décentes, l’assurance d’une instruction de qualité pour leurs enfants, la solidité des structures familiales, la liberté enfin, rongée par l’assistanat indéfini et la logorrhée des médias.
L’école doit donc permettre aux enfants des déshérités de se rendre maîtres de toutes les ressources du langage, de la culture et du savoir. Elle doit permettre que les plus brillants de ces enfants ne soient pas automatiquement aspirés par les classes dirigeantes de la société, qu’ils continuent de se considérer comme liés aux classes populaires, et qu’ils disent ce qu’elles pensent mais ne savent pas expliquer. Et même ce qu’elles ne peuvent pas penser, par manque de mots et de culture, mais qui exprimerait leurs aspirations profondes.
Dans notre monde très incertain, et après la faillite des idéologies qui avaient longtemps nourri l’espérance des peuples, nous avons plus que jamais besoin de penser, et de penser à frais complètement nouveaux. Besoin de rappeler à nous l’héritage intellectuel et l’expérience humaine des siècles passés. Les classes populaires doivent participer à cette réflexion. Pour cela, une école redevenue école de l’instruction, de la culture et du savoir, doit élever dans l’ordre de l’esprit beaucoup des enfants des pauvres. Comme Camus, certains deviendront alors de grands intellectuels qui se souviendront de leurs origines, choisiront de ne pas se fondre dans les classes dominantes et pourront parler au nom du peuple, avec le raffinement d’une pensée élevée, sans populisme ni idéologie empruntée.
Ne serait-ce que dans le but de permettre l’émergence de telles personnalités, et plus fondamentalement parce que l’ordre intellectuel est d’une nature différente de celui de la société, l’école doit ignorer la distinction entre les classes sociales, dispenser à tous les enfants rigoureusement les mêmes enseignements solides et approfondis – indépendamment des conditions économiques dans lesquelles ils vivent –, et leur présenter les mêmes hautes exigences.
L’aveuglement de la sociologie quand elle confond culture et pouvoir est peut-être inhérent à la nature des soidisant “sciences humaines et sociales”. Elles se sont appelées “sciences” pour revendiquer leur filiation avec les sciences exactes constituées depuis le XVIIe siècle, et bénéficier du prestige et de l’autorité que celles-ci avaient conquis.
Mais par ce fait même, elles ont méconnu la différence de genre entre l’ordre des esprits et l’ordre des corps. En effet, toute science exacte est un regard que des sujets pensants portent sur des objets inertes ou des processus mécaniques, alors que les sciences humaines et sociales prétendent porter le même type de regard sur des sujets pensants, comme s’ils étaient inertes, ignorant leur liberté et occultant le fait que ces regards sont ceux d’autres sujets pensants qui participent de la même humanité que leurs “objets”.
Reconnaître la distance infinie qui met l’ordre des esprits au-dessus de l’ordre des corps demande aussi de rendre à la littérature et à la philosophie le rang et l’autorité que lui ont ravis les sciences humaines et sociales. Je tiens à dire que pour moi, mathématicien, la littérature est la véritable exploration rationnelle de l’homme. Par sa nature même, elle ne prétend pas le réduire à un objet, elle le peint dans la liberté et la singularité irréductibles de chaque personne. Elle l’étudie par des méthodes qui lui sont adaptées, ce qui est la marque d’une attitude rationnelle authentique: de même que les méthodes mathématiques de la physique sont adaptées à leur objet, qui est le monde naturel inerte et ses lois régulières, de même la littérature et la philosophie sont adaptées à leur objet qui est l’homme. Par l’importance qu’elles accordent à la notion d’auteur, et à l’originalité de chaque écrivain, elles intègrent pleinement dans leur réflexion l’évidence qu’à travers elles c’est l’homme qui se regarde lui-même. Enfin, elles utilisent et explorent toutes les possibilités du langage qui est constitutif de la nature humaine.
De ce que la littérature est la véritable ouverture à la connaissance de l’homme, il conviendrait d’ailleurs que les entreprises et les institutions de notre pays se souviennent davantage quand elles recrutent, ainsi que les familles, quand elles influencent leurs enfants dans leurs orientations. Encore faudrait-il que l’institution scolaire propose des voies littéraires attractives, c’est-à-dire très riches, exigeantes et difficiles. Il va de soi que le mathématicien que je suis voudrait aussi voir se reconstituer des filières scientifiques tout autant riches de contenus, exigeantes et rigoureuses, conditions que l’actuelle “filière S” ne satisfait plus du tout.
Il est impossible de parler des sciences humaines et sociales, puis des formes culturelles plus hautes que sont la philosophie et la littérature, sans songer à la relation de l’ordre des esprits et donc de l’école, des universités et des intellectuels, avec la politique et la société dans son ensemble.
Ces dernières appartiennent à l’ordre des corps : la supériorité de nature de l’ordre des esprits signifie qu’il doit être reconnu comme absolument légitime que les professeurs et les universitaires exercent sur la société et sur son ordre politique, social et économique un constant droit de critique. Il existe évidemment des états politiques et sociaux meilleurs que d’autres, mais il ne faut pas imaginer qu’il pourrait en exister aucun qui ne mériterait pas d’être soumis à la critique. Du point de vue supérieur de l’ordre des esprits, tout état politique et social apparaît infiniment critiquable, et en vérité il l’est.
Le contenu des enseignements ne doit jamais être dicté par des considérations politiques, ni par les conformismes du moment, aussi justifiés qu’ils nous semblent. Par exemple, les auteurs qui n’ont pas connu la démocratie, ou ceux qui l’ont connue mais ont écrit contre elle, n’ont pas moins leur place à l’école aujourd’hui que les auteurs qui ont pensé comme l’opinion commune de notre temps. Ils sont même particulièrement intéressants, dans la mesure où ils nous aident à nous défaire des fausses évidences, et nous emmènent dans des paysages mentaux où nous n’aurions pas pu imaginer par nousmêmes qu’il fût possible de vivre. Bref, je dis de la manière la plus ferme que le rôle de l’école n’est pas de faire adhérer aux valeurs du temps, fussent-elles “citoyennes”.
D’un autre côté, cette révérence, cette indépendance et cette liberté qu’il me paraît naturel de demander à la cité au bénéfice de l’ordre des esprits ne doit pas inspirer aux classes intellectuelles l’envie de se soumettre l’ordre des corps. C’est un point délicat, car cette retenue nécessaire ne peut être garantie par des institutions. C’est plutôt aux membres des classes intellectuelles de toujours se souvenir de la puissance de l’ordre des esprits dont ils sont les serviteurs, puissance à laquelle l’ordre des corps ne résiste jamais sur le long terme.
On le voit avec le développement des techniques issues des sciences, qui soumettent toujours davantage les objets matériels à la pensée. Mais c’est tout aussi vrai des pouvoirs économiques et politiques et des formes d’organisation sociales qui, à la longue, ne tiennent pas contre les idées.
Ceci confère aux intellectuels une responsabilité effrayante: il n’est pas inutile que nous nous rappelions par exemple que les totalitarismes du XXe siècle sont en partie la conséquence d’erreurs philosophiques commises au XIXe siècle – ou avant. Nous autres, professeurs et intellectuels, devons garder conscience de notre puissance de destruction, qui se manifeste immanquablement chaque fois que nous succombons à la tentation d’abolir la distance des esprits aux corps.
Nous ne pouvons nous désintéresser de la politique ni de tout ce qui concerne la société, – ni renoncer à exercer une action sur les choses. Nous avons le droit et le devoir de penser le monde. Mais nous devons toujours nous rappeler que le pouvoir des idées abstraites est irrésistible. L’ordre des esprits est audessus de celui des corps, mais il ne doit pas souhaiter s’en approcher trop et régner sur lui.
Nous vivons également un temps de grande confusion entre l’ordre des esprits et celui que Pascal appelle ordre de la charité ou ordre de la sagesse. Je le dis en ayant conscience d’avancer un paradoxe, puisque notre société est très sécularisée et que l’école publique et laïque en particulier se veut à l’écart et à l’abri de tout principe religieux.
Qui ne voit pourtant que le principe d’égalité, qui a tellement bouleversé l’école au cours de ces dernières décennies, appartient en fait à l’ordre pascalien de la charité ? Il n’appartient pas à l’ordre des corps, puisque physiquement les êtres humains sont manifestement inégaux, par la taille, par la force, par la beauté,… sans compter la distinction des sexes. Il n’appartient pas davantage à l’ordre des esprits, comme suffirait à le prouver l’existence d’hommes et de femmes handicapés dont certains n’ont même pas l’usage de la parole, que nous considérons néanmoins comme nos égaux, et qui le sont.
Le principe de l’égalité de tous qui figure dans la déclaration des Droits de l’Homme n’est en rien un constat matériel ou intellectuel. Il est posé contre les réalités matérielles et contre l’expérience du partage inégal de la pensée entre les hommes. Il appartient à un ordre infiniment supérieur à celui des esprits et à infiniment plus fortes raisons à celui des corps.
Cela ne signifie certainement pas que le principe d’égalité n’ait pas sa place à l’école. Il y a sa place, puisque justement il appartient à un ordre supérieur ; mais la méconnaissance de la distance qui sépare l’école de l’ordre supérieur dont ce principe tire son origine et son sens s’appelle l’égalitarisme scolaire.
La confusion des trois ordres auxquels appartiennent respectivement l’envie de “réussite” sociale, la valeur accordée au savoir et le principe d’égalité se manifeste d’une façon particulièrement crue dans l’exigence qu’exprime le titre stupéfiant du rapport Thélot : “ Pour la réussite de tous les élèves”.
Elle se manifeste aussi dans les annonces récentes que les classes préparatoires aux grandes écoles devraient désormais recruter non plus seulement sur critères de niveau scolaire, mais aussi sur critères sociaux. Les classes préparatoires étaient le dernier bastion de l’école du savoir et de la transmission, la seule partie de l’institution scolaire où jusqu’à aujourd’hui on continuait à apprendre beaucoup, malgré l’état d’ignorance et de mauvaise formation intellectuelle des élèves qu’elles recrutaient. Je crains que l’obsession de l’égalité sociale qu’on prétend maintenant leur imposer ne les ruine, comme elle a dénaturé le reste de notre système éducatif.
Enfin, c’est toujours le principe d’égalité appliqué sans discernement qui conduit à refuser toute forme de jugement de valeur sur les écrivains, sur leurs œuvres et sur les idées, à promouvoir l’opinion en lieu et place de l’expression critique, et donc à rabattre les élèves sur leur être et leur état plutôt que de les faire sortir d’eux-mêmes et d’élever leur esprit.
L’école doit à mon avis obéir à la logique de son ordre, et cette logique rend possible des inégalités, les uns étudiant mieux que les autres – soit parce que leurs familles sont plus instruites, soit parce que ces familles accordent de la valeur au savoir, ce qui influe sur les études des enfants de façon plus décisive encore. Soit parce que les enfants ont de meilleures conditions pour étudier à la maison – absence de télévision et de jeux électroniques, voire d’ordinateur.
Soit, il faut le dire bien qu’on en comprenne fort peu les raisons, parce que les enfants montrent des dispositions différentes pour étudier ou que certains sont prêts à faire plus d’efforts que d’autres. L’école ne peut pas accepter sans se détruire elle-même qu’à n’importe quel stade des études on autorise à passer dans la classe supérieure des élèves qui n’ont pas suffisamment assimilé les enseignements des années précédentes. Elle ne peut pas accepter sans se détruire elle-même de continuer à prendre en charge des élèves qui ne voudraient plus étudier. Elle doit veiller en priorité à ce que les maîtres puissent enseigner dans de bonnes conditions, et que les élèves qui veulent étudier ne soient pas perturbés par certains de leurs camarades – ou par aucune cause extérieure.
Le reproche qui a souvent été fait à l’école de n’être pas humaine et de s’opposer à “la vie” procède d’une semblable confusion entre l’ordre des esprits et celui de la charité : on sent que la vie humaine évoque un mystère supérieur à l’intelligence et l’on voudrait que l’école prenne en compte ce mystère. C’est pourquoi on cherche à la transformer en “lieu de vie”, la détournant de son ordre et l’obligeant à lâcher la proie pour l’ombre. On imagine pour elle une nouvelle mission, préparer les nouvelles générations à vivre pacifiquement au sein d’une cité qui, pour la première fois dans l’histoire des hommes, serait une cité harmonieuse. Autrement dit, on lui demande d’établir le royaume de Dieu sur terre – je le dis avec le plus grand sérieux qui soit, je crois vraiment que c’est cela dont il s’agit, ce n’est pas un hasard à mon avis si nombre de promoteurs de “l’école de la paix et de l’harmonie” sont issus de milieux chrétiens, même si la plupart étaient en train de quitter le christianisme, ce qui n’est pas un hasard non plus.
Quant à savoir si cette “école de la paix et de l’harmonie” amène effectivement la paix et l’harmonie… Vous, les professeurs, et nous tous qui nous tenons au courant des nouvelles du monde, savons ce qu’il en est, et nous savons aussi que cette transformation de l’école a largement ruiné la transmission des savoirs et de la culture. Telle est la rançon de la confusion des ordres.
Il ne faut pas faire passer les études des élèves derrière d’autres impératifs humains plus élevés comme le désir de paix et d’harmonie ou, plus spécifiquement, l’accueil des enfants handicapés. Autant il est important que les handicapés soient bien accueillis dans les familles et dans la société, qui prouvera son humanité en leur consacrant des ressources importantes, autant il n’est pas dans la nature de l’école d’accueillir ceux des handicapés mentaux qui ne peuvent étudier et qui, par leur présence et surtout s’ils ne sont pas accompagnés, gêneraient l’étude des autres. Demander aux classes et aux filières destinées à l’ensemble des élèves, de prendre en charge ces handicapés et de les socialiser, c’est détourner l’école de ce pour quoi elle existe.
Il est vrai cependant que le principe d’égalité des personnes et celui de la dignité absolue de toute vie humaine sont au-dessus de l’ordre de la pensée. Et une autre façon contemporaine de confondre cet ordre avec celui de la sagesse consiste à croire qu’il n’y a rien au-dessus de lui. Alors, les résultats scolaires deviennent des jugements sur les personnes, ils ne peuvent plus être supportés, avec pour conséquence que les élèves et leurs parents se dressent contre les professeurs et leur demandent de mentir, de donner à tout prix des bonnes notes, car des mauvaises notes vaudraient condamnation des âmes. L’institution scolaire d’aujourd’hui participe de cette dérive quand elle remplace les notations des devoirs par de complexes évaluations qui, dès l’école maternelle, ne tendent en vérité à rien moins qu’à jauger les personnalités. Elle pousse même la cruauté jusqu’à demander aux enfants de s’associer à leur propre évaluation, abolissant ainsi toutes les distances, celle qui séparait un enfant de ses résultats scolaires, et celle qui le séparait de l’adulte qui notait ses devoirs et vis-à-vis duquel il gardait son for intérieur.
L’école doit garder révérence vis-à-vis de certains principes qui sont au-dessus d’elle, ce qu’elle fait par exemple quand elle reconnaît l’égalité des droits de tous les enfants à recevoir une instruction de qualité.
Il est difficile pour nous autres professeurs et intellectuels d’admettre qu’il existe au-dessus de l’ordre des esprits que nous servons un ordre supérieur qui est au-delà des mots.
Je crois cependant que cela est très nécessaire et bénéfique : d’une part pour nous retenir d’exercer toute la puissance irrésistible des idées sur les corps, et d’autre part pour que nous nous souvenions toujours que les inégalités qui se dessinent à l’école ne préjugent pas de la valeur des personnes. C’est à cette condition seulement qu’un monde intellectuel et une école entièrement fidèles à leur ordre peuvent sur le long terme être acceptés, compris, et aimés.
Mais point n’est besoin bien sûr que l’école républicaine affirme rien de la nature de cet ordre au-dessus d’elle. Cela serait contraire au principe de la laïcité au sens où je l’entends moimême, qui est justement le respect de la distance sans mesure de l’esprit à la charité.
L’école républicaine ne peut et ne doit parler que de la distance infinie qui met son ordre au-dessus de celui des corps. Mais souvenons-nous que, selon les mots de Pascal, “la distance infinie des corps aux esprits figure la distance infiniment plus infinie des esprits à la charité…” Une école qui se consacre à transmettre des connaissances établies et objectives, et qui fait sentir tout ce qu’elles ont d’infiniment supérieur à toute richesse matérielle, à toute grandeur d’établissement et à toute forme de réussite, construit en vérité l’homme en toutes ses dimensions. Elle lui donne le langage, la culture et le savoir, qui sont les conditions de la pensée. Elle le rend capable de liberté, de responsabilité et d’action, autrement dit elle le rend maître des corps. Et enfin elle lui donne le pressentiment de l’appel plus haut qu’il porte en lui.
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REGARD SUR LA CREATION
« Car, depuis la création du monde, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’œil nu quand on Le considère dans ses ouvrages. » (Romains, 1 : 20)
Une si jolie petite planète !
Dr Ross Campbell[29]
Présentation : Anticipant sur le moderne « principe anthropique », Lord Kelvin avait qualifié la Terre « d’habitacle conçu pour l’homme ». Ici, c’est par l’intuition du psychiatre, agrémentée d’un humour limpide, que le Dr Campbell rejoint les conclusions des physiciens. Mais cette « chance » qui nous est donnée d’habiter la Terre, ne peut être l’effet du hasard.
Le sentiment le plus fort que m’ait inspiré l’atterrissage sur la Lune a été une explosion inattendue de chauvinisme terrien. La Terre a ses défauts, mais elle supporte fort bien la comparaison avec la surface morne et grêlée de la Lune telle qu’on a pu la voir à la télévision. D’après ce que l’on sait de Vénus, perpétuellement enveloppée de gaz brûlants, et de Mars, avec sa couche glacée d’oxyde de carbone, ces planètes ne sont guère plus attrayantes. La Terre, en revanche, est fort bien adaptée à nous. On peut vanter non seulement son agréable éventail de températures, mais encore la qualité de son atmosphère. L’oxygène n’y est pas assez dense pour nous surexciter et nous consumer, mais sa présence est suffisante pour nous tonifier. C’est, à coup sûr, la meilleure atmosphère de tout le système solaire. Même dans les villes, où elle est épaissie par les fumées des usines et les gaz d’échappement, une petite brise vient parfois nous rappeler que l’air, lorsqu’il est pur, est un facteur de santé.
Une des caractéristiques intrinsèques les plus remarquables de la Terre est l’inclinaison appropriée de son axe.
En provoquant les changements annuels de saison, il nous délivre ainsi de la monotonie et nous apporte l’agréable alternance du tennis et du football, des lainages et des costumes de bain, des arbres verts et es feuillages roux.
Nous avons également la chance que la Terre tourne sur elle-même à une vitesse satisfaisante. J’ai toujours été un chaud partisan de la journée de vingt-quatre heures qui convient admirablement à nos habitudes de travail et de sommeil. Pensez à ce qui arriverait si la Terre tournait aussi vite que Saturne, dont le temps de révolution est de dix heures ! Nous passerions notre temps à nous mettre au lit et à en sortir !
On élève quelques critiques contre la force d’attraction terrestre, certains affirmant qu’elle est trop importante et faisant remarquer qu’on peut se casser une jambe en tombant d’un mètre de haut. Mais il faut considérer, en regard de cet inconvénient, que les maisons, au moins, ne s’envolent pas facilement. Je crois que, dans une très large mesure, l’attraction terrestre est un facteur de stabilité non négligeable.
On se plaint parfois du temps, mais, même lorsqu’il est exécrable, cela vaut mieux que pas de temps du tout. Les gens qui viendraient à se rencontrer sur la Lune auraient bien du mal à engager la conversation. Quelqu’un pourrait peut-être dire : « Il y a beaucoup de météorites pour la saison », mais, après cela, le silence deviendrait très vite embarrassant.
La solidité de notre planète n’est pas l’un de ses moindres mérites. Si on l’entretient convenablement, elle devrait marcher de nombreuses années encore de manière satisfaisante, malgré quelques petits inconvénients inévitables. A ce sujet, j’ai été frappé par une remarque du colonel William Anders, un des astronautes qui tournèrent autour de la Lune à bord d’Apollo VIII, alors qu’on l’interviewait pour la télévision. Comme on lui demandait ce qu’il avait ressenti en voyant la Terre de très loin dans l’espace, il répondit qu’il avait été saisi par ses couleurs et sa petitesse. Et il ajouta : – J’ai pensé que nous devrions tous nous unir pour préserver cette si jolie petite planète.
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COURRIER DES LECTEURS
De Monsieur P. M (Paris)
Veuillez trouver ci-joint un chèque correspondant à mon réabonnement. Désolé de ne pas pouvoir vous soutenir financièrement, mais c’est justement parce que je n’ai pas de travail et peu d’argent, et donc de possibilités de sorties, que j’ai le temps nécessaire à la lecture du CEP et, par là, celui de l’apprécier. En tout cas bravo pour votre travail!
_______________________________
De Miss P.H. (USA)
Je voudrais commenter brièvement l’article de Maciej Giertych sur les civilisations, à la lumière du livre de Paul Schrecker Travail et Histoire (Work and History, Princeton Univ.Press, 1948). Chaque civilisation est caractérisée ou définie par une « idée génératrice » qui lui est propre. Quand elle perd cette force créatrice, elle décline et une autre civilisation la remplace. Il existe et il n’y a jamais eu dans l’Histoire que trois civilisations ainsi structurées (ordonnées hiérarchiquement).
Ce sont :
- Le paganisme ancien, régi par une famille de dieux : le polythéisme étant une corruption de la Révélation Primordiale donnée dès l’origine à Adam mais préservée par le seul peuple élu, Israël.
- La chrétienté, régie par le Christ-Roi, vrai Dieu et vrai homme, et accomplissement de la vraie religion transmise par Adam à Seth.
- La civilisation moderne fondée sur la science évolutionniste et technologique, dans laquelle l’homme se fait Dieu, à la fois origine et fin de son autocréation et de son histoire, avec une théologie de l’histoire marquée par la mentalité hégélienne des hauts dirigeants.
- Je suggère que toutes les données particulières évoquées par le Pr Giertych prendraient tout leur sens si on les étudiait à la lumière de ces trois idées génératrices. On verrait alors comment le courant issu de Galilée et Descartes, puis Kant et Hegel, a remarié les sciences de la nature avec une philosophie divorcée de l’Ecriture Sainte et de la théologie, aboutissant ainsi aux hérésies monstrueuses qui nous gouvernent aujourd’hui grâce à la propagande déversée chaque jour par l’Etat et même les églises.
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De Monsieur M.H. (Alsace)
Je suis lecteur de la revue Le Cep qui m’a véritablement ouvert les yeux sur bien des aspects devenus pour moi essentiels. Je me permets de vous adresser des articles récents qui prouvent par leur actualité que Le Cep est au cœur du débat.
J’adresse à vous-même ainsi qu’à toute l’équipe rédactionnelle tous mes encouragements pour poursuivre le travail de Vérité – quelle belle motivation – !
*
* *
La Rumeur Dr Yves Dutheil
La rumeur ouvre ses ailes, Elle s’envole à travers nous,
C’est une fausse nouvelle, Mais si belle après tout.
Elle se propage à voix basse, A la messe et à midi Entre l’église et les glaces, Entre confesse et confit.
La rumeur a des antennes,
Elle se nourrit de cancans,
Elle est bavarde et hautaine
Et grandit avec le temps,
C’est un arbre sans racine, A la sève de venin, Avec des feuilles d’épines Et des pommes à pépins.
Ça occupe, ça converse,
Ça nourrit la controverse, Ça pimente les passions, Le sel des conversations.
La rumeur est un microbe
Qui se transmet par la voix,
Se déguise sous la robe
De la vertu d’autrefois ;
La parole était d’argent
Mais la rumeur est de plomb
Elle s’écoute, elle s’étend,
Elle s’étale, elle se répand,
C’est du miel, c’est du fiel,
On la croît tombée du ciel,
Jamais nul ne saura
Qui la lance et qui la croit
C’est bien plus fort qu’un mensonge, Ça grossit comme une éponge,
Plus c’est faux, plus c’est vrai, Plus c’est gros et plus ça plaît.
Calomnie, plus on nie, Puis elle enfle et s’en réjouit. Démentir, protester,
C’est encore la propager.
Elle peut tuer sans raison,
Sans coupable et sans prison, Sans procès ni procession, Sans fusil ni munitions.
C’est une arme redoutable,
Implacable, impalpable
Adversaire invulnérable,
C’est du vent, c’est du sable,
Elle rôde autour de la table,
Nous amuse ou nous accable,
C’est selon qu’il s’agit
De quiconque ou d’un ami.
Un jour elle a disparu,
Tout d’un coup, dans les rues, Comme elle était apparue
A tous ceux qui l’avaient crue.
La rumeur qui s’est tue Ne reviendra jamais plus.
Dans un cœur la rancœur Ne s’en ira pas non plus.
INDEX PAR THÈMES
AGRICULTURE
006 : 048 | Regard biblique sur l’alimentation | DESAINT Alain BOUCHER Jean BOUCHER Jean |
007 : 015 | L’agriculture biologique, santé du corps et de l’esprit | |
008 : 006 | L’agriculture eubiotique et la santé (II) | |
009 : 023 | L’agriculture eubiotique et la santé (III) | BOUCHER Jean |
012 : 005 | Guerre du naturel dans les arômes alimentaires | TERROIR Christian |
012 : 016 | La vie et l’œuvre du Dr Berczeller et le soja alimentaire (I) | ARNOULD Francis |
013 : 033 | La vie et l’œuvre du Dr Berczeller (II) | ARNOULD Francis |
013 : 042 | La mort du Dr Berczeller | BARUK Henri, Pr. |
018 : 026 | Un insecticide cause la maladie de la vache folle | DUNNE Fintan |
019 : 017 | Le bois raméal pour la régénération des sols agricoles et forestiers (I) | CARON Céline & LEMIEUX Gilles |
020 : 010 | Le bois raméal pour la régénération des sols agricoles et forestiers (II) | CARON Céline & LEMIEUX Gilles |
022 : 031 | L’agriculture transgénique est inutile | BERLAN Jean-Pierre |
024 : 051 | De la bonne utilisation de la terre | SCHUMACHER Ernest Friedrich |
025 : 005 | Faut-il traiter chimiquement les cultures ? | BOUCHER Jean |
032 : 060 | La logique infernale des rendements agricoles | BERLAN Jean-Pierre |
ART |
| |
013 : 010 | Conseil aux mélomanes débutants | BOULET André sm |
014 : 020 | Tissages, tapis, tapisseries | ARCHAWSKI Irène |
014 : 027 | La présence dominatrice de l’artiste | FURTWÄNGLER Wilhelm |
014 : 028 | A quoi et à qui sert « l’art cubiste » ? | QUEENBOROUGH Lady |
014 : 029 | L’art et la transfiguration à venir | CHARLIER Henri |
ASTRONOMIE
008 : 010 | Le système terre-lune et les forces de marée | BALLAUX ERIC Dr. |
010 : 077 | Et la force des marées ? | Le CEP |
015 / 007 | Une étude critique de la relativité | BIZOUARD Christian |
031 : 001 | Orage sur le Big-bang | TASSOT Dominique |
033 : 018 | La faillite du Big-bang | HARRUB Brad |
BIBLE
002 : 049 | L’historicité du Livre de Daniel | MONLEON Dom Jean de |
003 : 051 | Mise en garde de savants israéliens au sujet d’un livre sur les codes de la Bible | RIPS Eliahu |
005 : 055 | A propos de l’âne et du bœuf | GERMAIN YVES |
006 : 055 | La Genèse et les méthodes littéraires anciennes | FOLEY Donald A |
007 : 064 | L’authenticité du Pentateuque (I) | HABRA Georges |
008 : 064 | Authenticité du Pentateuque (II) | HABRA Georges |
008 : 071 | La méthode scientifique est-elle applicable à la Bible ? | BERTHOUD Jean-Marc |
009 : 058 | Le symbolisme, une clé pour comprendre l’Ecriture | GERMAIN Yves |
009 : 070 | Authenticité du Livre d’Isaïe | HABRA Georges |
010 : 053 | « Et voici que tu concevras en ton sein » L’ange annonce à Marie… | POTTERIE Ignace de la sj |
010 : 059 | La Paix et la Sécurité | GERMAIN Yves |
011 : 071 | L’immortalité des justes dans le Royaume eschatologique selon St Irénée | CONAT Maurice |
012 : 074 | Job sur son fumier | VIGOUROUX François |
012 : 076 | A propos du « Royaume eschatologique » | GERMAIN Yves |
013 : 072 | Le parallélisme dans la poésie biblique | VIGOUROUX François |
013 : 082 | Alliance et chiffre 8 | GERMAIN Yves |
013 : 085 | A propos du Royaume eschatologique | XXX |
014 : 076 | Le Livre de Jonas a-t-il été écrit par Jonas ? (I) | MONLEON Dom Jean de |
015 : 057 | La conversion de Ninive est-elle une fiction ? (II) | MONLEON Dom Jean de |
015 : 068 | Pénurie au milieu de l’abondance ! | GERMAIN Yves |
015 : 071 | La « contradiction » entre St Marc et St Jean sur l’heure de la Passion | CERUTI Marie-Christine |
016 : 076 | L’histoire de Jonas est-elle historique ? | MONLEON Dom Jean de |
017 : 065 | La fin des temps | GRUMEL Joseph, Abbé |
017 : 073 | Le signe du prophète Jonas et ses confirmations modernes | WILSON Ambrose John |
018 : 071 | Les critères internes | MONLEON Dom Jean de |
019 : 070 | Un nouveau regard sur la théologie | LEONARD Mgr André Mutien |
019 : 077 | La fin du monde n’est pas pour demain | GERMAIN Yves |
020 : 065 | Les signes lumineux de l’Apocalypse | GERMAIN Yves |
020 : 071 | L’ivraie et les moissonneurs | GERMAIN Yves |
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Les participants au dernier Colloque du CEP ont pu feuilleter cet ouvrage magnifiquement présenté. ↑
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Un point faible de cet Atlas de la Création est son insistance sur les longues durées des ères géologiques : puisque les êtres vivants sont restés identiques durant tant de millions d’années, dit-il, en comparant par exemple un requin et son « ancêtre » fossile, c’est bien la preuve qu’il n’y a pas d’évolution. Si la conclusion est juste, la prémisse n’en est nullement une condition nécessaire. ↑
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« La contestation du darwinisme gagne du terrain en France », Le Figaro du jeudi 18 octobre 2007. ↑
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Notons au passage le charme surréaliste de cette phrase : quand on sait de quelle manière se déroulent bien des cours dans ces collèges, comment qualifier de « virulents » ceux dont l’hostilité se résume à rester en silence à leur place ! ↑
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Le Figaro du 18 octobre 2007. ↑
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Même si le CEP a toujours refusé l’étiquette « créationniste » (car les associations principalement anglo-saxonnes qui se désignent ainsi ont une approche assez différente de la science, de l’Ecriture et des rapports entre les deux), il est clair que le simple fait d’être anti-évolutionniste suffirait à être qualifié de « créationnistes » par Lengagne et ses épigones. Il s’agit désormais d’un mot piégé, réducteur, qui ne fait pas droit à la réalité multiforme de ceux que vise le rapport du Conseil de l’Europe. Lors de l’audition organisée par le Pr Giertych à Bruxelles, le 11 octobre 2006, n’ont été abordées que des questions strictement scientifiques. Cela n’a pas empêché la presse internationale (dont Nature !) de poser que Maciej Giertych était « créationniste » et que le créationnisme était de la religion. Nous sommes manifestement ici dans un combat purement idéologique dans lequel les mots sont truqués et le souci de vérité totalement absent.
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Outre quelques déclarations faites par l’actuel président des États-Unis G.W. Bush, on peut voir ici une allusion au Pr Maciej Giertych, député européen issu de la Ligue des Familles Polonaises : la défense effective de la structure familiale, symbole de stabilité et de transmission d’identité, est à l’évidence une forme « d’extrémisme » dans la résistance aux évolutions de la société ! ↑
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En réalité, un scepticisme universel détruirait la motivation du chercheur. C’est tout au contraire l’enthousiasme qui transparaît derrière les écrits de Kepler, Newton, Linné, Ampère ou Maury. ↑
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Notons au passage que nombre d’évolutionnistes ont reconnu depuis longtemps que la sélection naturelle a plutôt un effet conservateur du type moyen de l’espèce : elle élimine les déviants et les tarés. Elle est sans action transformiste, puisque la sélection naturelle ne peut s’exercer que sur des organes déjà formés et fonctionnels. ↑
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Et cette distinction des deux glaives, clairement exposée dès le pape Gélase au 4ème siècle, fit la supériorité de la chrétienté sur le paganisme, notamment sur l’empire romain. ↑
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Communiqué du Creation Science Movement (créé en 1932) (csm.org.uk) ↑
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Repris du Programme Homme (Paris, PUF, 2003, pp.151-160). ↑
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Généticien, Professeur émérite à l’Académie Polonaise des Sciences, Institut de Dendrologie. Membre du Parlement Européen.
maciejmarian.giertych@europarl.euro.eu ↑
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http://www.nationalreview.com/comment/klinghoffer200508160826.asp On lira aussi avec profit l’article publié par R. von Sternberg dans Le Cep n°41. Après que la situation qui lui était faite au Musée National d’Histoire Naturelle du Smithsonian fut reconnue par le Sénat américain comme un cas de « harassement moral », R. von Sternberg a choisi de poursuivre ses travaux au Discovery Institute, centre nerveux et financier de l’Intelligent Design aux Etats-Unis. ↑
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W.J. ReMine 1993 The Biotic Message St. Paul, Minn. St. Paul Science, p.539 ↑
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Cf. l’article de Guy Berthault dans Le Cep n°4. Une information actualisée et complétée par des animations et par des publications russes (en anglais) est consultable sur www.sedimentology.fr ↑
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http://directionstoorthodoxy.org/mod/news/view.php?article_id=278 ↑
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Saint Augustin, La Cité de Dieu, XVI, 3 (et aussi 4). ↑
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Cf. Le Cep n°28, comportant la photo en couleur de telles empreintes. ↑
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Alexis Carrel, L’homme, cet inconnu (1935), Paris, Plon (p. 164). ↑
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Altaïr n° 133 (septembre 2007) ↑
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L’empereur Otton II (967-983) épousa Theophano (972), nièce de l’empereur byzantin Jean Ier Tzimiskès (969-976) et sœur de l’empereur Basil Bulgaroktonos (le Tueur de Bulgares) (976-1025). Alors que son père Otton I vivait encore, Otton II fut couronné empereur du Saint Empire par le pape Jean XIII qui présida aussi le mariage avec Theophano. Ceci établit un lien avec le titre impérial byzantin et stimula les ambitions impériales des souverains germaniques. A cette époque, Byzance était très riche et objet d’envie pour les princes occidentaux, plus frustes. Theophano apporta avec elle en Allemagne une cour splendide qui constitua un certain modèle pour les empereurs du Saint Empire. Telle est l’origine de l’influence de Byzance sur l’Allemagne, qui dure encore aujourd’hui. ↑
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Ndlr. Ce veto de la Maison de Habsbourg contre le cardinal Rampolla, Secrétaire d’Etat de Léon XIII, qui avait soutenu les nationalismes en Europe centrale et poussait au démembrement de l’Empire, permit l’élection de Joseph Sarto, seul pape canonisé depuis saint Pie V (1565/1572, le pape de Lépante). ↑
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Ndlr. Il faudrait ici introduire la vaste question de la normalisation européenne, démarche typiquement « byzantine ». On a voulu confondre normalisation et réglementation, ce qui a pour effet (en imposant la norme à toutes les installations) de hausser les coûts et de freiner l’innovation : tout ce qui est astucieux est inévitablement « hors normes » !
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Ndlr. Soloviev distingue le messianisme, unique et propre aux juifs, et le « missianisme », qui fait que nombre de nations ont un rôle universel à jouer, une mission qui leur est propre : « L’idée d’une nation n’est pas ce qu’elle pense d’elle-même dans le temps, mais ce que Dieu pense sur elle dans l’éternité » (L’idée russe, Paris, Perrin et Cie 1888, p.45). Dans cette perspective on pourrait dire que le testament de saint Remy fixe la mission des Francs. Soloviev parlait de la France comme le « Verbe de l’humanité.» ↑
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Allocution prononcée le 12 janvier 2006 devant le congrès national de la CSEN (Confédération syndicale de professeurs et d’instituteurs), publiée dans la revue semestrielle Conférence et reproduite ici avec l’autorisation expresse de l’auteur. Certaines locutions ont été soulignées par nous.
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Agrégé de mathématiques et professeur permanent à l’Institut des Hautes Études Scientifiques, Laurent Lafforgue reçut à 35 ans, en 2002, la Médaille Fields (équivalent, pour les mathématiques, du Prix Nobel). Membre de l’Académie des Sciences de Paris depuis 2003. Nommé parmi les 9 membres du Haut Conseil de l’Éducation début novembre 2005 et contraint de démissionner dès le lundi 21 novembre: les syndicats d’enseignants ne supportèrent pas les remarques de bon sens qu’il avait faites sur les moyens de régénérer l’école française : il avait qualifié de « cinglés » (en précisant : je pèse mes mots) ceux qui avaient supprimé l’analyse logique (des mots et des phrases) des cours de français à l’école élémentaire.
Laurent Lafforgue a récemment publié, avec une douzaine de professeurs et d’instituteurs, un ouvrage collectif intitulé « La débâcle de l’école : une tragédie incomprise » (248 pages, 22 euros, F.-X. de Guibert éditeur, septembre 2007). ↑
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Psychiatre et pédiatre très connu (traduit en 16 langues), le Dr Campbell a enseigné à l’Université du Tennessee. ↑