Revue du CEP numéro 44

 

Évolution: l’Église entre diplomatie et théologie

Dominique Tassot

 

 

Résumé : La méthode expérimentale appliquée par Guy Berthault aux phénomènes de sédimentation continue de progresser parmi les géologues russes, et il n‟est plus besoin d‟être devin pour dire que les chronologies longues de la terre sont en crise, et, avec elles, par ricochet, la théorie évolutionniste qui les présuppose. C‟est pourtant le moment que choisit l‟Église catholique pour manger son chapeau, renier les quelques critiques de l‟évolutionnisme que le cardinal Schönborn avait commises dans le New York Times le 7 juillet 2005, et lancer une vaste offensive diplomatique envers la « communauté scientifique » pour proclamer une fois de plus que l‟Église n‟a rien contre « la » science et s‟accorde d‟avance avec toute les théories qui se laisseront réinterpréter dans une perspective théiste. En témoigne la réunion de l‟Académie Pontificale des Sciences prévue du 30 octobre au 3 novembre sur le thème de l‟Évolution (où ne parleront que des évolutionnistes), et surtout le Symposium inter-universitaire qui se tiendra à l‟Université Grégorienne de Rome en mars 2009 pour célébrer le 150ème anniversaires de L’Origine des Espèces de Darwin : même l‟Intelligent Design y est présenté comme un « extrémisme » suspect de sous-entendus idéologiques !..On pourrait donc s‟attendre, dans la foulée, à une déclaration doctrinale officialisant le ralliement du catholicisme à l‟évolutionnisme. Heureusement cet ultime reniement s‟avère impossible : les théologiens sont tenus par leur méthode de définir ce dont ils parlent ; et il est impossible de définir avec précision la seule Évolution qui soit pertinente pour la théologie – le transformisme entre une espèce animale et l‟espèce humaine – sans reculer devant l‟énormité et l‟irrationalité du saut.

 

On se souvient de la salubre déclaration du patriarche de

Moscou, Alexis II lors d‟une conférence sur l‟éducation, au Kremlin le 29 janvier 2007 : « Si les gens choisissent de croire qu’ils descendent du singe, très bien, mais sans qu’ils imposent leur opinion aux autres ![1] ». Cette réaction témoigne d‟une liberté de ton chez les intellectuels russes, qui n‟est peut-être qu‟un juste retour des mérites acquis par l‟intelligentsia sous le lourd et long carcan soviétique.

On le constate aussi bien dans divers domaines du savoir, notamment avec la percée de datations contestataires en sédimentologie et en géologie. C‟est ainsi que le Vice-président du CEP, Guy Berthault, interviendra de nouveau en Russie cet automne, dans la foulée du 33ème Congrès international de géologie, en août à Oslo, où, avec l‟équipe d‟Alexandre Lalomov, il doit rendre compte des récents travaux effectués sur les formations sédimentaires de la région de Kazan.

Pour mesurer le chemin parcouru en quelques années, il suffit

2 dans la de citer la conclusion de l‟article publié par A. Lalomov revue de l‟Académie des Sciences de Russie, Lithology and Mineral Resource (vol.42, n°3, 2007), sur la sédimentation des grès du Cambrien-Ordovicien de Crimée : « la durée du dépôt de la formation étudiée n’aurait pas excédé 3000 ans, soit 0,01 % des 25 millions d’années donnés par l’échelle stratigraphique. »

D‟une science qualitative, dotée d‟une simple chronologie relative, la géologie devient ainsi science quantitative, avec la possibilité de calculer les temps de dépôt des différents bancs sédimentaires. On pourrait objecter que ces temps nécessaires au transport et au dépôt des sédiments ne sont pas des âges, et que de longues périodes calmes peuvent séparer les épisodes sédimentaires. Mais c‟est précisément en additionnant les temps de dépôts supposés des différents étages de la colonne stratigraphique que s‟est élaborée l‟actuelle « chronologie » géologique, laquelle a d‟ailleurs servi à étalonner les datations obtenues par la radioactivité. Le Pr Gohau écrit dans son Histoire de la Géologie : « Ce qui mesure le temps, ce sont les durées de sédimentation, sur lesquelles tout le monde est plus ou moins d’accord, et non celles des orogenèses et des « révolutions » biologiques puisque les catastrophistes les placent entre les phases sédimentaires tandis que les uniformitariens les mettent pendant ces épisodes » (p. 192)

Au moment donc où les datations qui forment le soubassement de l‟évolutionnisme sont remises en cause, au moment où les arguments biologiques pour l‟apparition graduelle d‟organes

 

2 Directeur du département des minerais marins à l‟Académie des Sciences de Moscou, Alexandre Lalomov était intervenu au colloque du CEP à Angers, en 2005. L‟enregistrement de sa conférence est toujours disponible (CD 0511, 8€ franco). Ce travail a fait l‟objet d‟une communication au congrès de l‟Union européenne des Géosciences, à Vienne (Autriche), le 16 avril 2007.

On en trouvera le texte sur le site sedimentology.fr

fonctionnels nouveaux sont battus en brèche au sein même de

3, au moment où l‟Université par les tenants de l’Intelligent Design

le Cardinal Schönborn dit de l‟Évolution à Castel Gandolfo le 3 septembre 2006 : « qu’il n’existe pas aujourd’hui de théorie scientifique contre laquelle il y ait autant d’objections sérieuses et qui, pourtant, est défendue par beaucoup comme si elle était sacro-sainte », on serait enclin à penser que l‟Église catholique va enfin se libérer de décennies de compromission avec le mythe moderne et mandater ses théologiens pour statuer sur la question. Or c‟est l‟exact contraire qui se déroule sous nos yeux. Lorsque Pie XII avait entr‟ouvert la porte en 1950, dans Humani generis, il avait du moins pris soin de condamner le polygénisme (ce que la génétique a amplement confirmé depuis) et de rappeler la création directe de l‟âme par Dieu (ce qui écartait le matérialisme, et donc le darwinisme).4

 

  1. Cf. Claude Eon, Le Cep n° 35 et 37, 2006.
  2. Rappelons la “petite phrase” si souvent citée (et tronquée) en la situant dans son contexte : « Questions de biologie et d’histoire

« Hypothèse » n’est pas science – Il nous reste à dire quelques mots de questions qui se rapportent aux sciences positives, mais sont en rapport plus ou moins étroit avec les vérités de la foi. Plusieurs, en effet, réclament, avec insistance, que la religion catholique tienne le plus grand compte de ces disciplines. Ce qui, sans aucun doute, est chose louable lorsqu’il s’agit de faits véritablement établis, mais lorsqu’il s’agit plutôt d’hypothèses qui touchent à l’enseignement de l’Écriture ou de la Tradition, même si elles ont quelque fondement scientifique, il faut les accueillir avec prudence. Si de telles hypothèses s’opposaient directement ou indirectement à la doctrine révélée par Dieu, elles seraient un postulat tout à fait inacceptable. – L’évolutionnisme – En conséquence, l’Église n’interdit pas que la doctrine de l’évolution, pour autant qu’elle recherche si le corps humain fut tiré d’une matière déjà existante et vivante –car la foi catholique nous oblige à maintenir l’immédiate création des âmes par Dieu – dans l’état actuel des sciences et de la théologie, soit l’objet de recherches et de discussions, de la part des savants de l’un et l’autre parti, de telle sorte que les raisons qui favorisent ou combattent l’une ou l’autre opinion soient examinées et jugées avec le sérieux nécessaire, modération et mesure ; à la condition toutefois, que tous soient prêts à se soumettre au jugement de l’Église, à qui le Christ a confié le mandat d’interpréter avec autorité les Écritures et de protéger la foi. Certains outrepassent cette liberté de discussion en faisant comme si on avait déjà établi, de façon absolument certaine, avec les indices que l’on a trouvés et ce que le raisonnement en a déduit, l’origine du corps

L‟Évolution était présentée comme une « hypothèse », mais respectable et digne d‟étude, et le Zeitgeist, le tyrannique esprit du temps, n‟en réclamait alors pas plus.

L‟étape suivante fut franchie par Jean-Paul II dans sa « Lettre à l‟Académie Pontificale des Sciences » du 22 octobre 1996. L‟Évolution devenait « plus qu’une hypothèse » (formule surprenante, les concepts de la philosophie n‟étant guère susceptibles de « plus » et de « moins »). 5

La lettre évoquait une « convergence non recherchée entre différentes disciplines » et ne conservait qu‟une seule réserve : qu‟on acceptât un strapontin pour Dieu dans le train de l‟Evolution.

Comme Rodrigue s‟écriant : « J‟étais leur chef, il fallait bien que je les suive ! », le deus ex machina missionné pour dire qu‟il y a un sens à cette Évolution reposant pourtant sur des mécanismes aléatoires, aura bien du mal à se reconnaître dans le Créateur directif et tout puissant de la Genèse.

 

humain à partir d’une matière déjà existante et vivante ; et cela, comme s’il n’y avait rien dans les sources de la révélation divine qui, en ce domaine, impose la plus grande modération et la plus grande prudence.

Le polygénisme – Quand il s’agit de l’autre hypothèse qu’on appelle le polygénisme, les fils de l’Église n’ont plus du tout pareille liberté. En effet les fidèles ne peuvent embrasser une doctrine dont les tenants soutiennent, ou bien qu’il y a eu sur terre, après Adam, de vrais hommes qui ne descendent pas de lui par génération naturelle comme du premier père de tous, ou bien qu’Adam désigne l’ensemble de ces multiples premiers pères. On ne voit, en effet, aucune façon d’accorder pareille doctrine avec ce qu’enseignent les sources de la vérité révélée et ce que proposent les Actes du magistère ecclésiastique sur le péché originel commis par Adam, et qui, répandu en tous par la génération, se trouve en chacun et lui appartient.

Si l‟on veut bien lire attentivement tout ce passage (en y ajoutant ceux que commente de son côté Jean de Pamplona dans son article ci-après), on voit aussitôt que la concession faite à l‟évolutionnisme se borne à admettre que cette « hypothèse » soit examinée dans un débat contradictoire entre partisans et opposants. Le moins qu‟on puisse dire est que ce débat n‟a toujours pas eu lieu, les partisans de l‟hypothèse ayant bel et bien « confisqué le micro ». 5 Cette formule fut considérée comme une suite à Humani generis. Mais aucune allusion n‟y est faite à un débat entre spécialistes qui aurait permis de trancher l‟alternative évoquée par Pie XII.

Du moins – même si la presse internationale, le lendemain, titrait « l‟Église reconnaît Darwin » – on pouvait lire ce texte comme réticent à l‟égard du matérialisme darwinien et cautionnant plutôt un « évolutionnisme théiste » : l‟Évolution est un fait historique ; elle est régie par des causes secondes, celles-là mêmes que les scientifiques étudient ; mais à un niveau supérieur, un Dieu discret donne un sens au spectacle et un coup de pouce à un hasard trop manifestement insuffisant pour expliquer cette merveille d‟ingénierie que constitue le moindre des êtres vivants.

On le voit, la lettre de Jean-Paul II représentait un excellent compromis. On donnait à la « communauté scientifique » satisfaction sur le point essentiel : la reconnaissance du « fait » de l‟Évolution. Mais on signalait au passage l‟existence de plusieurs théories de l‟Évolution, ce qui dispensait d‟avoir à préciser de quelle « Évolution » on parlait, flou bien commode lorsqu‟on se propose d‟affirmer sans se compromettre. Enfin on réaffirmait verbalement le grand principe justifiant la survie de la religion même dans une société matérialiste : la présence lointaine d‟un Dieu donneur de sens, bien utile pour calmer les angoisses métaphysiques résiduelles des derniers sentimentaux, mais n‟imposant aucune contrainte à la vision scientifique du monde.

Un véritable « sauveur » donc, comblant les vides psychologiques dans un monde qui pourrait sembler absurde, mais n‟exigeant rien en retour.

On ne sera pas surpris d‟apprendre que le rédacteur principal de cette lettre aurait été un jésuite, proche collaborateur du cardinal Poupard au Conseil Pontifical pour la Culture.

Cette belle opération diplomatique fut menacée le 7 juillet 2005 avec l‟article donné par le cardinal Schönborn, archevêque de Vienne, dans le New York Times. Le bref écrit pouvait en effet passer pour une provocation, puisqu‟il affirmait, et sans circonlocutions :

  1. – Que le darwinisme était faux (au nom des certitudes de la philosophie qui l‟emportent sur celles de la science) ;
  2. – Que la lettre de Jean-Paul II à l‟Académie Pontificale des Sciences n‟était qu‟un texte « vague et peu important » ;
  3. – Qu‟on pouvait lire une finalité prédéterminée dans la nature (Le titre Finding Design in Nature – « Découvrir un dessein dans la Nature » – fut interprété comme une caution apportée au courant de l‟Intelligent Design).

Aucune de ces trois affirmations ne pouvait laisser indifférent et les protestations fusèrent dès les jours suivants, en particulier de la part de scientifiques « catholiques », mais aussi athées.

À la même époque, 70 académies des sciences (fédérées dans une association internationale) cosignèrent une déclaration en faveur de l‟Évolution. Mais la cardinal Ratzinger, devenu pape en 2005, avait assisté en 1983 en Allemagne à un séminaire de deux jours sur la macroévolution, à l‟issue duquel il déclara à l‟organisatrice, le Dr von Stockhausen : « Ce fut une des expériences les plus importantes de ma vie. Maintenant je sais que l’évolution est impossible ![2] » Et dans le dernier ouvrage publié avant son élection, Foi, Vérité, Tolérance, il consacrait trois pages à la question, citant au passage deux spécialistes de Harvard, Eörs Szathmary et John-Maynard Smith : « Il n’existe aucun fondement théorique pour croire que les lignées évolutives deviennent plus complexes avec le temps, ni aucune donnée empirique pour établir que ceci se produit.[3] »

Avec à la tête de l‟Église deux théologiens conscients des problèmes de l‟Évolution et connaissant par ailleurs personnellement des scientifiques antiévolutionnistes ou acquis à l‟Intelligent Design, on aurait pu espérer qu‟une bataille fût livrée, à tout le moins pour remettre à leur place ces savants qui prétendent trancher avec autorité des questions générales sortant manifestement de leur domaine de compétence.

Le Ratzinger Schülerkreis de septembre 2006 allait en offrir l‟occasion rêvée.

Chaque année, en effet, une quarantaine de théologiens qui ont fait leur thèse sous la direction de Joseph Ratzinger se réunissent pour étudier un sujet deux jours durant. En 2005 le thème avait été l‟Islam.

En 2006 ce devait être « Évolution et Création » et le cardinal Schönborn, chargé de préparer les séances, avait sollicité un antiévolutionniste américain connu, généticien et paléontologiste, le Dr Richard von Sternberg, pour préparer un argumentaire scientifique à l‟intention des participants.

Mais de bataille il n‟y eut point ; pas même de vrai débat. L‟étude de R. von Sternberg ne fut pas remise aux participants et le seul scientifique invité à Castel Gandolfo pour le Ratzinger Schhülerkreis de 2006 fut un biochimiste darwinien agnostique, le Pr Peter Shuster, président de l‟Académie des Sciences de Vienne.[4]

Puis le 24 juillet 2007, devant 400 prêtres italiens des diocèses de Belluro-Feltre et de Trévise, Benoît XVI, après avoir rappelé l‟importance de la création divine de chacun d‟entre nous « (sans laquelle) la vie n’est plus rien d’autre qu’un simple morceau d’évolution. Elle n’a plus de sens en soi », ajoutait : « L’opposition (entre créationnistes et évolutionnistes) est absurde, notamment parce qu’il existe de nombreuses preuves scientifiques en faveur d’une évolution qui apparaît comme une réalité que nous devons voir. » Puis, de conclure : « Nous sommes pensés et voulus. Il y a donc une idée qui nous précède, un sens qui nous précède et que nous devons découvrir, suivre et donner en définitive à notre vie. »

Quand on sait que le point faible, reconnu par les évolutionnistes eux-mêmes, est justement l‟absence de preuves flagrantes, on peut se demander ce qui a motivé l‟affirmation péremptoire de Benoît XVI ; et l‟hypothèse qui vient à l‟esprit est de se référer à la communication du Pr Schüster à Castel Gandolfo. Il y évoque les expériences de Richard Lenski sur les bactéries. 40 000 générations successives ont pu être soumises à divers essais de mutations, en étudiant les effets sur le génome et les traits morphologiques de ces bactéries, notamment l‟épaisseur de la membrane cellulaire.

Mais la véritable conclusion à tirer de ces expériences nous semble plutôt la suivante : si au terme de 40 000 générations soumises à toutes sortes de substances, rayonnements et conditions mutagènes, on n‟a pas même obtenu un être pluricellulaire, c‟est bien l‟impossibilité d‟une évolution progressive qui vient d‟être démontrée ! Imaginons les durées nécessaires à 40 000 générations d‟éléphants ! C‟est ce que disait déjà le Pr Pierre-Paul Grassé à propos des expériences menées dans le monde entier durant cinquante ans sur la mouche drosophile, pour provoquer les mutations les plus étranges, le plus souvent létales (comme la mutation « antenna-podiæ » qui fait pousser les pieds à la place des antennes, et réciproquement) : puisqu‟après tant d‟efforts dirigés ce sont toujours des drosophiles, voilà bien la preuve que la barrière de l‟espèce est le trait dominant de la Nature : elle y empêche le chaos (comme le dit souvent le Pr Pierre Rabischong) ; elle nous permet de décrire et de connaître le monde vivant.

Tout se passe donc comme si, une fois de plus, la question de fond était écartée pour ne retenir qu‟un objectif prioritaire : faire la paix avec la « communauté scientifique », éviter tout risque d‟une nouvelle « affaire Galilée », bien montrer que l‟Église n‟est pas l‟ennemie de la science… D‟où une vaste opération de « relations publiques » dont deux des prochaines étapes sont désormais connues : une session de l‟Académie Pontificale des Sciences sur l‟Évolution du 30 octobre au 3 novembre prochains ; puis un Symposium pour célébrer le bicentenaire de la naissance de

Darwin et le 150ème anniversaire de son livre L’Origine des Espèces, du 3 au 7 mars 2009, qui se tiendra à l‟Université pontificale grégorienne (jésuite) de Rome en collaboration avec l‟Université Notre-Dame (Indiana) et quatre autres universités sous le patronage du Conseil Pontifical pour la Culture. La session de l‟Académie Pontificale fait intervenir principalement ses membres. Ne parleront donc, outre le cardinal Schönborn, que des évolutionnistes.

 

 

 

 

 

Quant au Symposium de 2009, il se présente d‟emblée comme désireux de trouver une voie moyenne entre « un évolutionnisme métaphysique antireligieux et les conceptions fondamentalistes qui mettent en lumière un « créationnisme » mal interprété ou encore le mouvement appelé Intelligent Design »[5]. Le Pr Gennaro Auletta, directeur de la Faculté de Science et de Philosophie de l‟Université grégorienne et principal organisateur du symposium, a déclaré à Edward Pentin, de Newsweek : « Nous espérons que ces journées montreront l’exemple de la vraie manière de tenir une discussion ouverte et sans sous-entendu. Nous voulons tout simplement dialoguer entre gens dont la mission est de comprendre toujours un peu mieux les choses.»10

Nul doute qu‟en excluant d‟office à l‟aide d‟une étiquette infamante ceux qui posent des questions de fond, le dialogue ne soit facilité ; mais cette démarche, s‟il faut la considérer comme une position officielle, constitue aussi une reddition en rase campagne devant le Moloch de la pensée moderne.

Le Pr Pierre-Paul Grassé, s‟adressant aux biologistes, avait déclaré : « Aujourd’hui, nous avons le devoir de détruire le mythe de l’évolution, phénomène simple, compris et expliqué, qui continue à se dérouler rapidement sous nos yeux. Il faut amener les biologistes à réfléchir sur la légèreté des interprétations et des extrapolations que les doctrinaires présentent ou imposent comme des vérités démontrées. La supercherie est parfois inconsciente, mais non toujours, car il en est qui, par sectarisme, ignorent volontairement le vrai et refusent de reconnaître les insuffisances et la fausseté de leur croyance.»[6]

En revanche, pour les responsables catholiques, ces faits ne compteraient pas : seul importerait l‟impérieuse urgence diplomatique de faire taire, si cela était possible, toute suspicion de créationnisme, même refoulé. Devant une telle situation, on pourrait désespérer de voir un jour reconnue la nature proprement mythique de cette théorie que le biologiste Jean Rostand qualifiait si justement de « conte de fée pour grandes personnes ».

On pourrait même craindre une déclaration incorporant officiellement l‟évolutionnisme dans la théologie catholique, comme on l‟a déjà fait dans l‟enseignement du catéchisme.

Heureusement, un obstacle infranchissable se dresse, qui tient à la nature de la théologie : on ne peut statuer que sur un point préalablement défini. Comme tout le monde, les théologiens peuvent parler pour ne rien dire ; mais ils ne peuvent parler sur ‘rien’.

Les scientifiques savent, eux, évoquer l‟Évolution en restant dans la confusion ; les phénomènes étudiés (adaptations ou mutations) relèvent de la microévolution, puis on les porte au crédit de la macroévolution. Mais le théologien qui veut se prononcer sur le sujet ne peut viser que la macroévolution, le saut transpécifique entre le singe (ou assimilé) et l‟homme[7]. Le martyre de la drosophile irradiée qui perd ses ailes n‟est pas un thème théologique, tout au plus une question bioéthique concernant la vivisection. Mais si l‟on se met à définir la macroévolution, le simple énoncé suffit à manifester l‟absence de tout ‘argument théorique’ comme de tout ‘constat empirique’ (pour reprendre les mots de Szathmary et Smith) et la plume recule devant le saut irrationnel.

Aujourd‟hui, c‟est donc la science qu‟il faut démythiser, et les scientifiques sont mal placés pour entrevoir la tâche. Ne serait-ce pas alors aux théologiens, une fois dégrisés de leurs entrechats diplomatiques, qu‟il reviendra de réaliser cette œuvre salutaire ? Il leur suffirait d‟appliquer leur propre méthode, par ailleurs, assez facile à justifier aux yeux de la raison : celle qui impose de définir ce dont on traite.

 

 

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SCIENCE ET TECHNIQUE

« Les rationalistes fuient le mystère pour se précipiter dans l’incohérence »

(Bossuet)

 

La peste du scientisme (IIème partie)*

Wolfgang Smith**

 

Résumé : Impressionnés par les succès de la technologie, nous avons tendance à prendre pour vraie la représentation du monde que véhicule la science moderne. Or les scientifiques se contentent souvent d‟idées philosophiques très sommaires, donc faciles à manier, mais dont ils font des principes absolus : comme si la réalité dépendait des idées que nous nous formons sur elle. Ce préjugé « idéaliste » nous a valu par exemple le

« mécanisme universel », décrivant l‟univers comme une horloge où le tout résulte de la seule interaction de ses parties.

Ainsi la croyance scientiste confond les faits physiques avec leur interprétation. On observe depuis Descartes une « bifurcation » entre l‟objet

 

* Traduit de The plague of scientistic belief (Homiletic and Pastoral Review, Avril 2000) par Claude Éon.

 

** Wolfgang Smith obtint à l’âge de 18 ans son B.A. en mathématiques, physique et philosophie de l’Université Cornell (Ithaca, N.Y.). Deux ans plus tard il obtenait son M.S. en physique à Purdue University (Indiana). Il poursuivit ses recherches en aérodynamique et ses travaux permirent la solution du problème de la rentrée dans l’atmosphère des vaisseaux spatiaux. Après avoir obtenu son Ph.D. de mathématiques à Columbia University (N.Y.) le Dr Smith enseigna à M.I.T., U.C.L.A. et Oregon State University jusqu’à sa retraite en 1992. Il a publié de nombreux articles de mathématiques sur la topologie algébrique et différentielle. Depuis toujours W. Smith manifeste un intérêt soutenu pour la philosophie et la théologie. Tôt dans sa vie il éprouva un attrait pour Platon et les néoplatoniciens, puis il séjourna en Inde pour se familiariser avec la tradition védique. Il se consacra ensuite à la théologie et à la métaphysique catholiques. Outre ses nombreux articles, W.

Smith est l’auteur de quatre livres: Cosmos and Transcendence (1984),

Teilhardism and the New Religion (1988); The Quantum Enigma (1995,rev.ed. 2005) et The Wisdom of Ancient Cosmology (2003). Son souci principal est de démasquer les conceptions scientistes prises de nos jours pour des vérités scientifiques.

 

corporel sensible (celui que nous percevons) et l‟objet physique réduit à l‟étendue et à la quantité. W. Smith, scientifique respecté et philosophe, montre qu‟il s‟agit d‟un « réductionnisme » injustifié, largement responsable de l‟effacement des religions dans un monde trop influencé par le scientisme. Réciproquement, il estime que « ce que nous pensons de l‟univers a de l‟importance pour notre vie religieuse et spirituelle », un fait que l‟Église, actuellement, a tendance à mettre de côté : autre « bifurcationnisme ».

 

On pourrait prétendre que la bifurcation, ou son équivalent le réductionnisme physique, constitue en fait la croyance scientiste contemporaine la plus fondamentale, le principe que toutes les autres croyances scientistes présupposent implicitement. Prenez par exemple l’idée du mécanisme universel:

ne dépend-t-il pas de la bifurcation ? Descartes lui-même l’admet: « Nous pouvons facilement concevoir comment le mouvement d’un corps peut être causé par celui d’un autre, et diversifié par la taille, la figure et la situation de ses parties, mais nous sommes totalement incapables de concevoir comment ces mêmes choses peuvent produire quelque chose d’une nature entièrement différente d’ellesmêmes, comme par exemple ces formes substantielles et qualités réelles que beaucoup de philosophes supposent être dans les corps. »[8]

 

Les philosophes en question sont naturellement les scolastiques, auxquels Descartes s’oppose radicalement.

Ce que le savant français nous dit – avec une admirable clarté ! – est que tant que l’univers n’a pas été réduit au statut de « matière quantifiée », l’idée de mécanisme universel n’est pas concevable.

Et n’est-ce pas finalement la raison pour laquelle Galilée puis Descartes jugèrent bon de bannir « ces formes substantielles et qualités réelles » du monde extérieur ?

Le postulat de la bifurcation n’a-t-il pas été introduit précisément pour rendre pensable une physique « totale » fondée sur des principes mécaniques ?

Les deux exemples peuvent suffire à présenter le phénomène général que j’ai appelé la croyance scientiste. Il est à peine nécessaire de souligner que si la physique, la plus exacte des sciences naturelles, est ainsi associée aux idées scientistes – et vraiment, d’un point de vue traditionnel, illusoires!– que peut-on attendre de disciplines moins rigoureuses, telles que la biologie évolutionniste, l’anthropologie physique et la psychologie, sans parler des prétendues sciences sociales.[9]

Le fait n’est pas assez reconnu que la science offre à la fois la vérité et l’erreur : pas seulement l’illumination, mais l’obscurantisme également. On pourrait même dire qu’en ce qui concerne le grand public c’est le second de ces effets qui prédomine; les vérités des sciences dures, après tout, sont principalement accessibles à l’expert, c‟est-à-dire à celui qui est scientifiquement compétent.

Cela est vrai spécialement de la physique fondamentale; au moment où un fait de théorie quantique, par exemple, a été vulgarisé, ce qui reste est principalement une idée scientiste. On pourrait le dire ainsi: comme la science évolue, ses aperçus deviennent de plus en plus abstraits, de plus en plus mathématiques et ainsi dépouillés d’imagerie sensible; ses aperçus deviennent une sorte de connaissance ésotérique à laquelle seuls les « initiés » ont accès. En outre, ce qui est validé par les constatations empiriques, et aussi d’une certaine manière par les miracles de la technologie, est justement ce noyau d’aperçu ésotérique et non pas la coquille extérieure des croyances scientistes, que le grand public prend à tort pour une illumination.

Je voudrais maintenant considérer les conséquences de ces faits, de ce phénomène culturel, sur la religion et la vie spirituelle.

Comme je l’ai déjà dit, je considère l’impact du scientisme sur le domaine religieux comme extrêmement nuisible. Je devrais ajouter que le problème a été grandement exacerbé par le fait que les théologiens et les pasteurs en général sont mal préparés pour traiter des questions de ce genre et que, trop souvent, ils ont été eux-mêmes influencés par les allégations scientistes.

Qu’importe, diront certains, si nous nous trompons sur la nature de la causalité, ou sur le terme de la connaissance sensible, ou même sur la question très débattue de l’Évolution, du moment que l’on se situe du côté de la vérité en matière religieuse.

Mais la question n’est pas si simple. Nous ne devons pas oublier que la religion – tant qu’elle n’a pas dégénéré en convention sociale ou en pure sentimentalité – fait appel à l’homme tout entier; sainteté et totalité sont inséparables. Le « premier et plus grand » commandement ne prescrit-il pas « d’aimer le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit » ? Ce que nous pensons du monde, notre

Weltanschauung, ne peut pas être légitimement exclu du domaine de la religion. Comme saint Thomas l’écrit dans La Somme contre les Gentils (L II, ch.3):

« La considération des créatures est nécessaire non seulement à l’édification de la vérité mais aussi à la réfutation des erreurs sur Dieu.

Il arrive, en effet, que les erreurs ayant pour objet les créatures éloignent de la vérité de la foi, parce qu’elles sont en contradiction avec la connaissance vraie de Dieu. »

J’ajouterai que je vois dans la propension contemporaine d’accommoder les enseignements du christianisme aux prétendues vérités de la science, une confirmation frappante de ce principe thomiste: presque invariablement un cas d’erreur scientifique engendre des idées théologiques erronées.[10]

En un mot, ce que nous pensons de l’univers importe pour notre vie religieuse et spirituelle. En outre, avec le respect dû à ce qu’on pourrait appeler « l’ignorance invincible », nous sommes responsables des opinions que nous avons en ce domaine apparemment profane. « Avec tout ton esprit »: ces quatre mots devraient suffire pour nous informer de ce fait. J’irai jusqu’à affirmer que la religion s’égare dès qu’elle abandonne ses droits légitimes sur ce qu’on appelle le domaine naturel aujourd’hui occupé par la science.

Je crois que la crise contemporaine de la foi et l’actuelle déchristianisation de la société occidentale ont beaucoup à voir avec le fait que pendant des siècles le monde matériel a été livré à la merci des scientifiques. Ceci a certes déjà été dit de nombreuses fois (mais pas encore assez!). Theodore Roszak, par exemple, l’a exceptionnellement bien exprimé : « La science est notre religion parce que, pour la plupart d’entre nous, nous ne pouvons pas voir autour d’elle avec une conviction vivante. »[11] Et on pourrait ajouter que, peut-être, seuls ceux qui ont au moins une touche de religion authentique ont, en fait, une chance de « voir autour d’elle avec une conviction vivante. »

Me vient aussi à l’esprit le nom d‟Oskar Milosz (18771939), écrivain européen qui tenait à dire ceci: « À moins que l’idée qu’un homme se fait de l’univers physique ne coïncide avec la réalité, sa vie spirituelle sera handicapée à sa racine, entraînant des conséquences désastreuses pour tous les autres aspects de sa vie. »[12] On ne saurait mieux dire !

En ce qui concerne les implications du scientisme pour la vie de l’Église, laissez-moi citer un livre récent du philosophe français Jean Borella:

 

« La vérité est que l’Église catholique a été confrontée au plus redoutable problème qu’une religion puisse rencontrer: la disparition scientifique de l’univers des formes symboliques qui lui permettent de s’exprimer et de se manifester, c’est-à-dire lui permettent d’exister. »

Et il poursuit: « Cette destruction a été effectuée par la physique de Galilée, non pas, comme on le dit généralement, parce qu’elle a privé l’homme de sa position centrale – laquelle, pour saint Thomas d’Aquin, est cosmologiquement la moins noble et la plus basse – mais parce qu’elle réduit les corps, la substance matérielle, au purement géométrique, rendant ainsi d’un seul coup scientifiquement impossible (ou privé de signification) que le monde puisse servir de medium pour la manifestation de Dieu.

La capacité théophanique du monde est déniée. »[13] Soyons clair: Borella montre du doigt sans ambages ce que j’ai appelé le réductionnisme physique: « le problème le plus redoutable qu’une religion puisse rencontrer, » dit-il. Ce qu’il appelle « une réduction au purement géométrique » correspond précisément à ce que j’appelle la réduction du corporel au physique: c’est cette prétention scientiste qui oblitère « la capacité théophanique du monde. »

Quant à ces « formes symboliques » dont parle Borella, il faut évidemment comprendre qu’elles ne sont pas, comme certains pourraient le croire, des idées ou des images subjectives que dans le passé les hommes ont projetées sur l’univers, jusqu’à ce que la science vînt pour nous apprendre enfin la vérité.

C’est tout le contraire qui est la réalité: les « formes » en question sont objectivement réelles et vraiment essentielles pour l’univers. Nous pouvons les concevoir comme les « formes » au sens aristotélicien et scolastique, ou comme Platon, des archétypes éternels reflétés sur le plan de l’existence corporelle. Dans tous les cas elles constituent l’essence même de l’être corporel. Otez ces « formes symboliques » et l’univers cesse d’exister, car ce sont justement ces « formes » qui amarrent le cosmos à Dieu.

Il est inutile de dire que la science n’a pas, en réalité, détruit ces formes ou causé leur disparition; cependant, la négation scientiste de l’être corporel entraîne un rejet des formes substantielles ou essences qui constituent ce genre d’être, ainsi que des qualités sensibles par lesquelles ces formes ou essences se manifestent à l’homme.

L’esprit formé au scientisme est ainsi devenu progressivement insensible à ce que Borella appelle « l’univers des formes symboliques, » au point que l’univers lui est devenu complètement invisible. C’est en ce sens que la « capacité théophanique du monde » est tombée à un degré sans précédent.

Les conséquences de ce déclin ne peuvent être qu’extrêmement tragiques. Par ce rejet des essences, le scientisme a détruit la base même de la vie spirituelle.

Comme le souligne Borella, il a détruit le domaine « qui permet à l’Église de s’exprimer et de se manifester », lui « permettant donc d’exister. » Par conséquent la réfutation de la croyance scientiste n’est pas une affaire facultative pour l’Église, quelque chose qu’elle aurait la possibilité d’éviter; non, c’est plutôt une nécessité urgente, une question de survie.

Il peut être bon, finalement, de réfléchir de nouveau à ce que saint Paul a pu dire sur la « capacité théophanique du monde » dans sa Lettre aux Romains:

« En effet ses perfections invisibles, son éternelle puissance et sa divinité sont, depuis la création du monde, rendues visibles à l’intelligence par le moyen de ses œuvres. Ils sont donc inexcusables, puisque, ayant connu Dieu, ils ne l’ont pas glorifié comme Dieu et ne lui ont pas rendu grâces; mais ils sont devenus vains dans leurs pensées, et leur cœur sans intelligence s’est enveloppé de ténèbres. Se vantant d’être sages, ils sont devenus fous. » (Rm 1, 20-22)

J’ai à peine besoin de souligner la pertinence frappante de ces mots à l’égard de toute notre discussion. Ses « œuvres » sont sans aucun doute les natures corporelles, les objets que l’homme peut percevoir; quant aux choses invisibles, ne sont-elles pas précisément les essences, les idées ou archétypes éternels ?

Aussi longtemps que le cœur de l’homme n’a pas été « obscurci » la perception sensible des « œuvres » éveillera en lui une perception intellectuelle – un ‘souvenir’, comme dit Platon – des choses éternelles que ces œuvres reflètent ou incarnent. Saint Paul fait allusion à un temps ou à un état dans lequel l’homme « connaissait Dieu », référence d’abord à la condition d’Adam avant la chute, lorsque la nature humaine n‟était pas encore souillée par le péché originel.

Il faut réaliser, cependant, que la chute d’Adam a été répétée à une moindre échelle au long des âges, dans une série ininterrompue de « trahisons » petites et grandes. Même aujourd’hui, en cet âge avancé de l’Histoire, nous sommes chacun de nous dotés d’une certaine « connaissance de Dieu » à laquelle nous pouvons librement répondre de diverses manières.

Et c’est justement pourquoi nous sommes nous aussi « sans excuse » et pourquoi, à un certain degré du moins, nous sommes responsables des opinions que nous avons sur le cosmos. Chacun perçoit l’univers selon son état spirituel: le « cœur pur » le perçoit immanquablement comme une théophanie; mais pour ceux d’entre nous, dont « les cœurs fous sont obscurcis, » la capacité théophanique de l’univers est proportionnée à cet obscurcissement.

Je voudrais cependant souligner que cette correspondance entre notre état spirituel et notre Weltanschauung (vision du monde) joue dans les deux sens: non seulement notre état spirituel affecte notre façon de voir le monde extérieur, mais inversement, nos vues concernant l’univers réagissent invariablement sur cet état.

C‟est là en fait mon argument central: la cosmologie est importante, elle a un impact décisif sur notre condition spirituelle. Même ce que nous pensons du monde purement physique s’avère crucial; car « à moins que l’idée qu’un homme a de l’univers physique ne coïncide avec la réalité, sa vie spirituelle sera handicapée à sa racine… »

Ce qui nous amène à la dernière question, pastorale: que peut-on faire pour s’opposer à l’influence scientiste dans l‟Église ? Le problème majeur, manifestement, est d’informer les pasteurs eux-mêmes.

Il faut attirer leur attention d’abord sur la distinction cruciale à faire entre la science et le scientisme et ensuite sur le fait que la croyance scientiste est opposée à notre bien-être spirituel. Ce ne sera pas facile à faire admettre car cela choque la tendance dominante, tant dans la société civile que dans l’Église. Ce n’est que par grâce, je présume, que n’importe lequel d’entre nous est capable d‟obtenir le discernement et la véritable audace de se libérer de la Weltanschauung scientiste pour retrouver une conception chrétienne du monde.

Et cette tâche impérative, dis-je, est fondamentalement spirituelle. Elle ne sera donc pas accomplie simplement en lisant des livres, ni par un raisonnement, mais avant tout par la foi et la prière. La maxime credo ut intelligam s’applique toujours à nous, et peut-être de façon plus urgente encore qu’à l’époque comparativement innocente d’Augustin ou d’Anselme. Il est nécessaire que nous soyons touchés et animés par le Saint Esprit, l’Esprit de vérité, qui nous « guidera dans la vérité tout entière » (Jn 16,13).

Dans notre combat pour dépasser le scientisme, nous n’avons pas seulement affaire à un système de croyance de fabrication humaine, mais à quelque chose de beaucoup plus redoutable; car ici non plus, finalement « nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les princes, contre les puissances, contre les dominateurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits mauvais répandus dans l’air. » (Éph 6,12) Comment pourrait-il en être autrement quand c’est « la capacité théophanique du monde » qui est en question: la chose même « qui permet à l’Église de s’exprimer et de se manifester, lui permettant donc d’exister. » Si le cosmos était vraiment ce que le scientisme affirme qu’il est, notre foi catholique serait un objet de risée et notre liturgie sacrée – la source de l’Église elle-même[14] – une comédie vide. Ce fait ne peut pas être ignoré impunément.

L’Académie Pontificale des Sciences

Jean de Pamplona

 

 

Résumé : S‟il y a une Institution qui devrait être au service de l‟Église et du Magistère, c‟est bien la prestigieuse Académie Pontificale des Sciences. Ce court article veut montrer qu‟il n‟en est rien, en raison du mode de recrutement de ses membres et de la prééminence accordée à la connaissance scientifique d‟origine matérialiste sur la philosophie et la théologie. Par opposition, le cas de l‟Académie Pontificale pour la Vie sera évoqué. La nonorthodoxie des prises de position de l‟Académie Pontificale des Sciences obligea Jean-Paul II à la dessaisir des questions touchant à l‟enseignement moral de l‟Église en matière de mariage, de contraception et de défense de la vie humaine.

 

Introduction

 

Le pape Pie XII, dans les encycliques Divino Afflante Spiritu (30 septembre 1943) et Humani generis (12 août 1950), avait fixé avec précision les règles devant régir la recherche scientifique face aux dogmes catholiques, en particulier l‟inerrance biblique, en reprenant l‟enseignement de Vatican I, de Léon XIII dans l‟encyclique Providentissimus Deus (18 novembre 1893), et de Benoit XV dans Spiritus Paraclitus (15 septembre 1920). Nous citons en annexe un des passages d‟ Humani generis qui concerne les théories de l‟Évolution. On aurait pu attendre de l‟Académie Pontificale des Sciences un souci de se conformer à ces sages directives.

Il serait prétentieux de croire que, depuis 1893, les progrès scientifiques incontestables ont pu mettre en difficulté les enseignements de l‟Église en la matière. C‟est le contraire qui est vrai : les découvertes actuelles éclairent crûment les erreurs évolutionnistes, erreurs qui constituent une des bases du modernisme.

 

Cette constatation garde toute sa valeur au XXIe siècle, comme de nombreux articles du Cep nous l‟ont montré, malgré les déclarations ultérieures malheureuses de Jean-Paul II en1996 et de Benoît XVI en 2007. L‟influence de l‟Académie dans ces déclarations papales est palpable, nous verrons pourquoi.

 

Historique

 

Origine de l’Académie :

L’Accademia dei Lincei (des lynx) (1603-1630) érigée sous Clément VIII ne survit pas à son fondateur, le botaniste et prince romain Federico Cesi. Elle eut Galilée pour premier président. Ressuscitée par Pie IX en 1847 (Pontificia Accademia dei Nuovi Lincei), restaurée en 1887 par Léon XIII, puis par Pie XI en 1936, elle prit un essor considérable après la guerre.

L‟Académie dispose, de par ses statuts « modernisés » en 1976 sous Paul VI et en 1986 sous Jean-Paul II, d‟une autonomie complète dans les choix des sujets de recherche et axes de travail. Ses membres sont cooptés parmi des scientifiques éminents « sans discrimination ethnique ni religieuse, signe de l’harmonie profonde qui existe entre les vérités scientifiques et les vérités de foi » (Jean-Paul II, 10 novembre 1979).

Le pape régnant est membre de droit.

 

Devise : « Deus, scientiarum dominus », Dieu maître des sciences.

 

Composition actuelle

•83 membres ordinaires, dont 31 prix Nobel (37 %)

•5 membres honoraires (le cardinal Georges Cottier, suisse ;

Stanley L. Jaki, bénédictin américain d‟origine hongroise ; Jean Michel Maldamé, dominicain français ; le cardinal Carlo Maria Martini, Italien ; Robert J. White, un chirurgien américain)

•4 membres permanents (chancelier : Marcelo Sanchez Sorondo, Argentin ; le directeur de l‟Observatoire du Vatican : José Funès, jésuite argentin ; le préfet de la Bibliothèque apostolique : Cesare Pasini, Italien ; le préfet des Archives secrètes : Sergio Pagano,

Italien)

 

Tableau 1 : Médaille commémorative des 50 ans (1986)

« Sapientiae cupidi », avides de connaissance

 

 

 

 

 

 

 

La répartition en 2008 des membres par spécialité scientifique montre une prépondérance très forte des sciences « dures » (79 contre 13) qui se maintient depuis 1936 : Physique, mécanique, astronomie : 39

Chimie, biochimie : 19

Mathématiques : 21

Médecine, biologie : 4

Économie, démographie : 2

Philosophie : 5

Théologie : 2

 

L’Académie et l’Évolution.

 

Le médecin brésilien Carlos Chagas (fils), Président de 1973 à 1990 donnera une orientation très « scientifiquement correcte » aux travaux des académiciens en matière d‟origine de la vie. Il favorisera la campagne pour une révision du procès de Galilée, dont une statue en marbre grandeur nature sera bientôt dressée dans les jardins du Vatican, à la demande de l‟Académie. Les discours lus par le pape lors de commémorations ou conférences sont rédigés par un ou plusieurs académiciens spécialistes du sujet traité. En résulte le principal grief qui puisse être fait aux membres de l‟Académie : ils sont tous sans exception évolutionnistes. La diversité d‟opinion sur la question de l‟Évolution n‟y est pas plus respectée que dans les académies laïques du monde entier.

Pour preuve nous donnons quelques commentaires sur la conférence « Aperçus scientifiques sur l‟évolution de l‟univers et de la vie » prévue du 31 octobre au 3 novembre 2008 au Vatican. L‟actuel président de l‟APS, le physicien italien Nicola Cabibbo, signe conjointement avec le microbiologiste suisse Werner Arber une introduction (texte en anglais, allemand et italien) à cette conférence qui dit : « Le Conseil de l’APS invite les académiciens à présenter dans la prochaine session plénière toute contribution scientifique qui puisse valider ou infirmer les théories de l’évolution et fournir un aperçu plus avancé des processus évolutionnistes du monde vivant et du monde inerte ».

Remarquons la structure de la phrase en deux parties : la première semble ouvrir les portes à un débat « valider/infirmer », la seconde ne parle plus que de « processus d’évolution », le débat n‟aura pas lieu, les portes se sont refermées. Cela n‟est pas étonnant, tous les membres de l‟Académie sont évolutionnistes, la seule classification possible se réduisant à théistes ou nonthéistes (matérialistes athées, agnostiques, sceptiques[15]…).

L‟introduction poursuit : « Des contributions sur l’influence spécifique que des activités humaines pourraient avoir sur les processus évolutionnistes seront aussi les bienvenues »[16].

C‟est typiquement teilhardien. Le progrès et la culture accélèrent l‟évolution vers des lendemains qui chantent. L‟homme vient d‟un lointain chaos et se dirige vers le paradis (terrestre).

Quelques déclarations publiques d‟académiciens sur ce

sujet :

Manfred Eigen (né le 9/05/1927, Allemand, nommé à l‟APS le 12/05/1981), prix Nobel de chimie 1967, écrivait dans sa préface au livre de J. Monod, prix Nobel de médecine 1965, Le Hasard et la Nécessité (Paris, Le Seuil, 1970):

«La biologie moléculaire a mis fin au mysticisme de la création maintenu à travers les siècles: elle a achevé ce que Galilée avait commencé».

Il y a donc un fil conducteur évident qui mène de Galilée à la théorie de l‟Évolution, excluant le « mythe » de la Création. Le nœud du problème est là. Il est savoureux de constater que c‟est un pur chimiste qui parle ainsi de biologie, science du vivant et non de l‟inerte. La démonstration expérimentale que des éléments chimiques inertes auraient pu donner naissance à des molécules puis des cellules vivantes est l‟espoir insensé qui s‟évapore de l‟imaginaire du plus fanatique des bio-généticiens évolutionnistes actuels.

Le mythe Miller (soupe primordiale) s‟est effondré au fur et à mesure de l‟avancée des connaissances sur la synthèse des protéines et de la structure cellulaire. Pourtant le professeur suisse en chimie organique Albert Eschenmoser (né le 5/8/1925, nommé le 9/6/1986) nous fera, au colloque annoncé, un exposé sur les écoles en compétition pour « expliquer » le passage de l‟inerte au vivant : soit métabolisme auto-catalytique (chimie pure), ou génétique primordiale (darwinisme moléculaire), ou encore compartimentalisme (la vie apparaît au niveau cellulaire). Ces trois spéculations sont évolutionnistes, mais incompatibles entre elles.

On relève des perles du genre : « un système chimique est vivant quand, dans un environnement donné, il est auto-suffisant et capable d’initier une évolution darwinienne »9.

Peter Schuster, biologiste autrichien, président de l‟Académie des sciences de Vienne, agnostique, ami de Benoît XVI, a travaillé avec Manfred Eigen. Il est souvent consulté comme expert en Évolution et a participé au Schülerkreis de 2006 ès-qualités, comme témoin du « fait » évolutif.

Le néo-teilhardien et généticien italien Luigi Luca Cavalli-Sforza (25/1/1922, nommé le 2/8/1994) parlera de l‟évolution de la culture : une accélération horizontale (d‟hommes à hommes) remplaçant l‟évolution verticale (parents à descendants) grâce au langage qui nous distingue des primates.

Le microbiologiste suisse Werner Arber (3/6/1929, nommé le 12/5/1981, prix Nobel 1978) évoquera le darwinisme moléculaire présumé à l‟origine de la vie.

Le directeur de l‟Observatoire du Vatican, José G. Funès (né le 31/1/1963, Argentin nommé le 5/8/2006, membre permanent) nous parlera des 2 mécanismes d‟évolution des

10 galaxies depuis les 13 derniers milliards d‟années , l‟un rapide dans le passé, mais lent actuellement.

 

 

Le physicien théorique polonais Michael Heller (né le 12/3/1936, nommé le 4/10/1990) va nous faire paniquer dans l‟imbroglio des « modèles » physiques de l‟univers, tout en ayant l‟espoir qu‟une future structure mathématique assez compliquée pourra tout unifier. Le tout en 20 mn d‟exposé.

 

  1. NdA : vous avez compris ? Non ? Ce n‟est pas grave, Eschenmoser non plus…
  2. NdA : ou 10, ou bien 18 voire 25 milliards, selon la dernière valeur à la mode de la « variable » de Hubble.

Le cardinal Martini[17] (né le 15/2/1927, nommé le 13/11/2000, membre honoraire), bibliste moderniste, va proposer une lecture biblique de l‟Évolution, tout comme le philosophe dominicain Jean-Michel Maldamé (né le 31/8/1939, nommé le 29/1/1997, membre honoraire) annonce, avec « Création par évolution », le mariage de l‟Évolution avec la foi moderniste, ce qui donne un évolutionnisme théiste adaptable à tout « progrès » ultérieur des sciences matérialistes, réputées inerrantes.

Le biologiste grec Fotis C. Kafatos (né le 16/4/1940, nommé le 23/1/2003) nous parlera d‟ADN et accessoirement du danger mortel du créationnisme sous le titre : « Modern life sciences and evolution ».

Madame Maxine F. Singer, biochimiste américaine (née le 15/2/1931, nommée le 9/6/1986), nous réchauffera le plat principal de la propagande avec la forme et la taille du bec des pinsons des Galapagos. La complexité irréductible est parfaitement comprise par les évolutionnistes, affirme-t-elle, éreintant au passage l‟Intelligent Design. Elle lui reproche ce qu‟on peut aussi reprocher à l‟évolutionnisme matérialiste.

Le neurologue américain Robert J. White (né le 21/1/1926, nommé le 29/3/1994, membre honoraire) ne craindra pas d‟affirmer que « l’origine de l’espèce humaine (cerveau) nécessite une intervention divine ».

Voilà qui est clair et fera de la peine aux évolutionnistes athées.

Il faut espérer que le Congrès annoncé pour 2009 par Mgr Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical de la Culture fera bien « se rencontrer science, théologie et philosophie, à propos des différentes théories de l’évolution ».

Il faudrait cependant une rencontre ouverte, attachée non seulement à confronter ces théories, mais aussi à en examiner le présupposé.

 

L’Académie, la contraception et l’avortement.

 

L‟affaire « Humanæ Vitæ » montra l‟incompétence notoire de l‟Académie. Sans surprise, quand on constate la prédominance totale des sciences dures face aux sciences du vivant (cf. tableau 1). Mais on ne peut pas demander l‟impossible à des scientifiques, de plus non catholiques pour la plupart. C’està-dire leur demander d‟être plus orthodoxes que l‟écrasante majorité de cardinaux et des experts qui se déclarèrent en faveur de la contraception dès 1966, au grand dam de Paul VI, confronté à une réalité qu‟il ne voulait pas voir. Paul VI passa courageusement outre et promulgua l‟encyclique le 25 juillet 1968. Le sabotage épiscopal quasi-général qui s‟en suivit, montra combien le mal avait progressé dans le monde occidental, via les élites cléricales et scientifiques. Cette culture de mort prenait cependant racine dans les erreurs évolutionnistes enseignées dans les séminaires dès 1920.

Les déboires de Paul VI dans ses consultations « d‟experts » avant la rédaction de l‟encyclique « Humanæ Vitæ » amenèrent Jean-Paul II à fonder des Académies pontificales spécifiques[18]. L‟APS fut ainsi dessaisie sans scandale public des questions de défense de la vie.

L’Académie et le Linceul de Turin.

 

Aucun des membres de l‟APS n‟a pris une position publique favorable à l‟authenticité du Linceul de Turin. Le médecin brésilien Carlos Chagas (fils), président de 1973 à 1990, laissa l‟initiative à des laboratoires extérieurs et au British Museum dans l‟affaire de la datation au carbone 14 de 1988. Le dominicain Jean-Michel Maldamé, pour des raisons philosophiques et « pastorales » (ne pas tolérer de « triomphalisme » catholique), écrivit plusieurs articles hostiles à l‟authenticité de cette relique et fut interrogé par la télévision.

 

L’Académie et le Tiers Monde.

 

Le docteur Chagas impulsa une orientation très généreuse envers les plus démunis. Cela n‟empêcha pas nos spécialistes de tomber plus tard dans quelques pièges dont les derniers ne sont pas les moindres : Organismes Génétiquement Modifiés, lutte contre le SIDA et réchauffement climatique.

Pour le premier, l‟action musclée de l‟ambassadeur américain auprès du Saint-Siège (2001-2005), James Nicholson[19](« sans OGM la planète mourra de faim »), les opinions favorables de l‟Académie pour la Vie (1999) et des Sciences (2000) et les convictions du botaniste allemand Ingo Potrikus (1933, nommé le 10/3/2005), risquent de mener le Vatican à la caution de visées mondialistes bien peu catholiques.

Ingo Potrikus nous persuadera lors du colloque que la culture des plantes est un exemple d‟Évolution « dirigée ». Évolution rime bien avec manipulation (génétique).

 

Conclusion

 

L‟Académie Pontificale des Sciences était un exemple de ce qu‟il fallait faire, mais des conceptions fausses de l‟objectivité et de la neutralité scientifiques, issues de l‟affaire Galilée, ont fait admettre en son sein des académiciens catholiques, noncatholiques, athées, agnostiques qui ont complètement gauchi les objectifs originaux qui étaient : informer le Saint-Siège des avancées scientifiques, mais en gardant la prééminence de la théologie basée sur les deux sources de la Révélation[20] .

L‟absence de véritable controverse lors des récents colloques organisés par l‟Académie est un très mauvais signe. Il semblerait que les académiciens aient emboîté le pas des scientistes matérialistes agitant le danger fondamentaliste chrétien ou musulman. L‟envoi de « l‟Atlas de la Création », tomes 1 et 2, par le collectif turc Harun Yahya à des personnalités et institutions françaises a agi comme détonateur d‟une campagne massive et bien orchestrée voyant l‟alliance du libre-penseur et du prêtre face à l‟ennemi commun. La question de la vérité des arguments et des preuves ne semble pas les intéresser outre mesure.

L‟absence d‟une véritable théologie de la Création laisse la place à un évolutionnisme théiste obligé de concéder aux matérialistes le soin de mener leurs idées jusqu‟à leurs conséquences extrêmes. Benoît XVI a vu le danger mais n‟arrive pas à trancher dans le vif cette contradiction.

Nous terminerons de manière abrupte par deux égalités mathématiques, s‟excluant l‟une, l‟autre : Évolution= culture de mort.

Création=culture de Vie.

 

ANNEXE

 

Extraits de l’encyclique Humani Generis du pape Pie XII (12 août 1950). [titres ajoutés et phrases soulignées en gras par nos soins]

Commentaires préliminaires

 

  1. L’extrait A souligne qu‟en 1950 les ‘preuves’ de l‟Évolution n‟étaient pas irréfutables. En 2008, on peut affirmer que les objections létales à cette théorie se sont multipliées. Le nombre de scientifiques de tous horizons, de tous pays, croyants et non croyants, mais adversaires de l‟Évolution, ne cesse de croître. Cette tendance est totalement ignorée ou niée par les évolutionnistes, ou attribuée à des groupuscules « intégristes » et « fondamentalistes » ultra-minoritaires. Une telle position deviendrait rapidement intenable si un débat loyal était accepté et mis en place. La « théorie » ne résiste que par la désinformation et le mensonge, dans un véritable terrorisme intellectuel qui s‟étale principalement dans les publications de vulgarisation scientifique.

L‟exemple le plus frappant est le recours systématique que font les évolutionnistes à des exemples de sélection au sein d‟une même espèce (quelquefois appelée improprement micro-évolution) pour ensuite extrapoler et prétendre que les mêmes mécanismes expliquent le passage d‟une espèce à une autre (improprement appelé macro-évolution). Le becs des pinsons des Galapagos, les phalènes du bouleau, les drosophiles irradiées, les bactéries de toutes sortes, etc., ne sont nullement des preuves de l‟Évolution.

Notons que Pie XII, grand spécialiste du communisme, fit le lien entre cette idéologie et la théorie de l‟Évolution. Les liens sont aussi évidents avec la « culture de mort » prônant la perversion des mœurs, l‟eugénisme, les manipulations génétiques, l‟avortement et l‟euthanasie (voir dans Le Cep n°6 : Haeckel démasqué).

 

  1. L’extrait B, traite de l‟inerrance biblique et donne un démenti cinglant à ceux qui prétendent qu‟elle ne s‟applique qu‟en matière de foi et de mœurs, proposition déjà condamnée par Léon XIII et saint Pie X. D‟ailleurs les propos du pape sont très logiques : cette restriction avait été inventée et enseignée par des clercs paralysés par le respect humain et soucieux d‟éviter tout conflit avec la « science » (ce que l‟on peut nommer « le syndrome Galilée »).

Mais faisons preuve de bon sens et posons-nous la question : quelle activité humaine peut prétendre se situer dans une sphère inaccessible et neutre en matière de foi et de mœurs ?

 

  1. L’extrait C traite plus particulièrement des sciences positives. C‟est dans ce passage que les évolutionnistes extraient une seule phrase pour asseoir leur prétention que l‟Eglise ne nous interdit pas de croire à l‟Évolution et laisser entendre que Pie XII aurait admis l‟Évolution. Les garde-fous et conditions posés par Pie XII sont passés sous silence.

 

EXTRAIT A : Les théories de l’Évolution ne sont pas prouvées.

 

« Quiconque observe attentivement ceux qui sont hors du bercail du Christ découvre sans peine les principales voies sur lesquelles se sont engagés un grand nombre de savants. En effet, c’est bien eux qui prétendent que le système dit de l’Évolution s’applique à l’origine de toutes les choses; or, les preuves de ce système ne sont pas irréfutables même dans le champ limité des sciences naturelles. Ils l’admettent pourtant sans prudence aucune, sans discernement et on les entend qui professent, avec complaisance et non sans audace, le postulat moniste et panthéiste d’un unique tout fatalement soumis à l’Évolution continue. Or, très précisément, c’est de ce postulat que se servent les partisans du communisme pour faire triompher et propager leur matérialisme dialectique dans le but d’arracher des âmes toute idée de Dieu. » (fin de citation de l’extrait A).

 

EXTRAIT B : Inerrance biblique intégrale

 

« Mais pour en revenir aux systèmes nouveaux auxquels nous avons touché plus haut, il y a certains points que quelquesuns proposent ou qu’ils distillent, pour ainsi dire, dans les esprits, qui tournent au détriment de l’autorité divine de la Sainte Écriture.

 

 

Ainsi on a audacieusement perverti le sens de la définition du Concile du Vatican sur Dieu, auteur de la Sainte Écriture; et la théorie qui n’admet l’inerrance des Lettres sacrées que là où elles enseignent Dieu, la morale et la religion, on la professe en la renouvelant, bien qu’elle ait été plusieurs fois condamnée. Bien plus, de la façon la plus incorrecte, on nous parle d’un sens humain des Livres Saints, sous lequel se cacherait le sens divin, le seul, nous dit-on, qui serait infaillible. Dans l’interprétation de la Sainte Écriture, on s’interdit de tenir compte de l’analogie de la foi et de la Tradition ecclésiastique. En conséquence, c’est la doctrine des Saints Pères et du magistère sacré qui devrait être ramenée, pour ainsi dire, à la juste balance de l’Écriture et de l’Écriture telle qu’elle est expliquée par des exégètes qui ne font appel qu’à la lumière de la raison; et, partant, ce n’est plus la Sainte Écriture qu’il faudrait expliquer selon la pensée de l’Église que le Christ institua gardienne et interprète de tout le dépôt de la Vérité divinement révélée.

En outre, le sens littéral de la Sainte Écriture et son explication faite laborieusement, sous le contrôle de l’Église, par tant d’exégètes de si grande valeur doivent céder, d’après les inventions qui plaisent aux novateurs, à une exégèse nouvelle, dite symbolique et spirituelle; et ainsi seulement, les Livres Saints de l’Ancien Testament, qui seraient aujourd’hui encore ignorés dans l’Église, comme une source qu’on aurait enclose, seraient enfin ouverts à tous. Ils assurent que toutes les difficultés, par ce moyen, s’évanouiront, qui ne paralysent que ceux-là qui se tiennent attachés au sens littéral de la

Bible. » (fin de citation de l’extrait B)

 

Commentaire : Dans ces quelques lignes Pie XII cerne parfaitement l’erreur des exégètes modernistes.

Les modernistes, pour enlever toute portée à ces déclarations papales, ont présenté Pie XII comme un conservateur en retard sur son temps. Cette calomnie a été largement propagée en France dans les milieux cléricaux et les séminaires diocésains, passablement influencés par la dialectique marxiste.

 

EXTRAIT C : Recherches et débats permis, mais soumission au jugement de l’Église.

 

«Il nous reste à dire un mot des sciences qu’on dit positives, mais qui sont plus ou moins connexes avec les vérités de la foi chrétienne. Nombreux sont ceux qui demandent avec instance que la religion catholique tienne le plus grand compte de ces disciplines. Et cela est assurément louable lorsqu’il s’agit de faits réellement démontrés; mais cela ne doit être accepté qu’avec précaution, dès qu’il s’agit bien plutôt d’  » hypothèses  » qui, même si elles trouvent quelque appui dans la science humaine, touchent à la doctrine contenue dans la Sainte Écriture et la Tradition. Dans le cas où de telles vues conjecturales s’opposeraient directement ou indirectement à la doctrine révélée par Dieu, une requête de ce genre ne pourrait absolument pas être admise.

C’est pourquoi le magistère de l’Église n’interdit pas que la doctrine de l’  » évolution « , dans la mesure où elle recherche l’origine du corps humain à partir d’une matière déjà existante et vivante – car la foi catholique nous ordonne de maintenir la création immédiate des âmes par Dieu – soit l’objet, dans l’état actuel des sciences et de la théologie d’enquêtes et de débats entre les savants de l’un et de l’autre partis : il faut pourtant que les raisons de chaque opinion, celle des partisans comme celle des adversaires, soient pesées et jugées avec le sérieux, la modération et la retenue qui s’imposent; à cette condition que tous soient prêts à se soumettre au jugement de l’Église à qui le mandat a été confié par le Christ d’interpréter avec autorité les Saintes Ecritures et de protéger les dogmes de la foi (11). Cette liberté de discussion, certains cependant la violent trop témérairement : ne se comportent-ils pas comme si l’origine du corps humain à partir d’une matière déjà existante et vivante était à cette heure absolument certaine et pleinement démontrée par les indices jusqu’ici découverts et par ce que le raisonnement en a déduit; et comme si rien dans les sources de la révélation divine n’imposait sur ce point la plus grande prudence et la plus grande modération. »

(11) Cf. Allocut. Pont. ad membra Academiæ Scientiarum, 30 nov. 1941 ; A. S. S., vol. XXXIII, p. 506.

(fin de citation de l’extrait C).

Bibliographie

 

Texte complet de l’encyclique en français :

http://www.vatican.va/holy_father/pius_xii/encyclicals/documents /hf_p-xii_enc_12081950_humani-generis_fr.html En anglais :

http://www.vatican.va/holy_father/pius_xii/encyclicals/documents

/hf_p-xii_enc_12081950_humani-generis_en.html

 

Voir aussi du bienheureux Pie IX Qui pluribus (9 nov 1846) condamnant le progrès s‟érigeant en ennemi de la Tradition.

Et Divino afflante Spiritu de Pie XII (30 septembre 1943) au paragraphe 4 :

« Plus récemment cependant, en dépit de cette solennelle définition de la doctrine catholique, qui revendique pour ces  » livres entiers, avec toutes leurs parties « , une autorité divine les préservant de toute erreur, quelques écrivains catholiques n’ont pas craint de restreindre la vérité de l’Écriture Sainte aux seules matières de la foi et des mœurs, regardant le reste, au domaine de la physique ou de l’histoire, comme  » choses dites en passant  » et n’ayant – ainsi qu’ils le prétendirent – aucune connexion avec la foi. Mais Notre Prédécesseur Léon XIII, d’immortelle mémoire, dans son Encyclique Providentissimus Deus du 18 novembre 1893, a confondu à bon droit ces erreurs et réglé l’étude des Livres divins par des instructions et des directives très sages. »

http://www.vatican.va/holy_father/pius_xii/encyclicals/documents/hf_ p-xii_enc_30091943_divino-afflante-spiritu_fr.html

Adresse au cardinal Schönborn[21]

Benoît XVI

 

Présentation : Lors de la seconde journéedu Ratzinger Schülerkreis de septembre 2006, le Pape Benoît XVI s‟est fait résumer les propos qui avaient été tenus la veille, a assisté personnellement aux conférences du jour et prononcé quelques mots à l‟adresse de l‟organisateur de cette réunion, mots qui constituent d‟une certaine façon l‟état actuel de sa pensée personnelle sur le thème de l‟Évolution. Tout en soulevant plusieurs objections de fond à une théorie qu‟il considère comme sans vérification expérimentale, Benoît XVI semble admettre ici la réalité d‟une évolution par de brusques et improbables mutations, ouvrant ainsi la porte à une rationalité supérieure, à une « raison créatrice » dépassant la portée de la méthode scientifique. Ainsi seulement s‟explique la capacité de notre raison à lire les lois que découvre la science dans la nature. Il faut aussi dénoncer l‟inconsistance de discours scientifiques dans lesquels la « Nature » ou « l‟Évolution » sont présentées comme de véritables sujets capables d‟agir.

 

 

Je te remercie chaleureusement, Éminence ; tu n’as pas

seulement éclairé notre intelligence, mais aussi touché notre cœur. Les quatre conférences que nous avons entendues ouvrent un très grand champ devant nous, sur lequel nous pourrions discuter très longuement, mais hélas nous ne disposons que de peu de temps. Après la pause nous pourrons encore discuter de quelques questions. Je pense que ce sont surtout les conférenciers qui pourraient parler l’un à l’autre, l’un pour l’autre ou mutuellement, mais toujours dans une confrontation productive visant à connaître la vérité et à en assumer la responsabilité.

Nous devons réfléchir à ce que nous voulons faire du

trésor des quatre conférences. Elles aussi ont peut-être une finalité (Telos). Je crois que c’est la Providence qui t’a poussé, Éminence, à faire un article dans le New York Times, à traiter ce sujet de nouveau en public et à montrer où se trouvent les questions.

Il ne s’agit pas, en effet, de trancher ni en faveur d’un

créationnisme qui refuse la science par principe, ni en faveur d’une

théorie de l’Évolution qui dissimule ses propres lacunes et ne veut pas voir les questions dépassant les possibilités des méthodes de la science. Il s’agit bien plutôt de ce jeu commun [Zusammenspiel] des diverses dimensions de la raison parmi lesquelles s’ouvre aussi le chemin vers la foi.

Lorsque tu mets l’accent sur ratio et fides sur scientia ou

philosophia il s’agit au fond de récupérer une dimension de la raison que nous avons perdue. Sans elle la foi serait proscrite dans un ghetto et son importance pour la totalité du réel et du genre humain serait perdue.

Ce que je vais dire maintenant est quelque peu dépassé par les nouveaux exposés parce que cela résulte directement de l’audition de l’exposé du professeur Schuster, mais j’aimerais le dire quand même. Très cher professeur Schuster, vous avez montré de façon impressionnante la logique de la théorie de l’Évolution qui évolue et conduit graduellement à une grande cohérence, ainsi que les corrections internes trouvées (surtout au sujet de Darwin). D’un autre côté vous avez souligné très clairement les questions pendantes. Non que j’aimerais introduire le Bon Dieu dans ces lacunes: Il est trop grand pour pouvoir s‟y loger. Mais il me paraît important de souligner que la théorie de l’évolution comporte des questions qui doivent être attribuées à la philosophie et qui dépassent le domaine des sciences naturelles.

Il me parait d’abord important de noter que la théorie de l’Évolution dans ses grandes parties n’est pas démontrable expérimentalement, tout simplement parce que nous ne pouvons pas faire entrer 10.000 générations dans le laboratoire. Cela signifie qu’il y a d’énormes lacunes dans la possibilité expérimentale de vérification et de falsification en raison des énormes périodes auxquelles la théorie se rapporte.

En deuxième lieu, me paraît importante votre déclaration

que la probabilité n’est pas zéro, mais qu’elle n’est pas non plus un.

Alors se pose la question: à quelle hauteur se situe la probabilité ?

 

 

Ceci est spécialement important si nous voulons expliquer

correctement la formule de Jean-Paul II: « La théorie de l’Évolution est plus qu’une hypothèse. » Lorsque le pape a dit cela, il avait ses raisons.

Mais il est vrai en même temps que la théorie de l’Évolution n’est pas encore une théorie achevée, scientifiquement vérifiée.

En troisième lieu j’aimerais aborder les sauts dont le

cardinal Schönborn a parlé. L’addition de petites modifications ne suffit pas. Il y a des « sauts ». Ce que cela signifie pose question et doit être approfondi.

Quatrièmement, il est intéressant de noter que les

mutants positifs sont encore peu nombreux et que le couloir dans lequel l’Évolution pouvait se dérouler est étroit. Ce couloir a été ouvert et parcouru. La science et la théorie de l’Évolution peuvent répondre à beaucoup de questions impressionnantes mais, dans les quatre points cités, de grandes questions restent ouvertes.

Avant d’en venir à ma conclusion j’aimerais dire quelque

chose que le cardinal Schönborn a déjà évoqué: non seulement les textes de vulgarisation mais aussi les textes scientifiques sur l’évolution disent fréquemment que la « Nature » ou « l’Évolution » a fait ceci ou cela. Ici se pose la question: qui est vraiment le sujet « Nature » ou « Évolution »? Il n’existe pas! Lorsqu’on dit que la Nature fait ceci ou cela, ce ne peut être qu’un essai de rassembler une série de phénomènes dans un sujet qui n’existe pas comme tel. Il me semble évident que cette facilité de langage, indispensable peut-être, soulève par elle-même de sérieuses questions.

Pour résumer je dirais que la science de la nature a ouvert

de grands horizons jusqu’alors fermés à la raison et nous a ainsi procuré des connaissances nouvelles. Mais dans la joie de l’étendue de ses découvertes, elle a eu tendance à nous priver de certaines dimensions de la raison dont nous avons toujours besoin. Ses résultats conduisent à des questions qui dépassent ses propres règles de méthode et auxquelles elle ne peut trouver de réponse. Pourtant il s’agit de questions que la raison doit poser et que l’on ne peut pas simplement abandonner au sentiment religieux. On doit les considérer comme des questions rationnelles et trouver les moyens de les traiter rationnellement.

 

Ce sont les grandes questions premières de la philosophie

qui se présentent à nous de façon nouvelle: d’où viennent et où vont les hommes et le monde ? Il y a deux choses dont je suis récemment devenu conscient et que les trois exposés ont précisé : d’une part, il existe une rationalité de la matière elle-même. On peut la lire. Elle a en elle-même une mathématique, elle est elle-même rationnelle, même si, au cours du long chemin de l’Évolution, des choses irrationnelles, chaotiques et destructrices se produisent. Mais comme telle, la matière est lisible. D’autre part, il me semble que le processus dans sa totalité a une rationalité.

Malgré ses erreurs et désordres dans l’étroit couloir, dans

la sélection des rares mutations positives et dans l’exploitation de la faible probabilité, le processus comme tel est rationnel[22]. Cette double rationalité, qui s’épanouit en correspondance avec notre raison humaine, conduit nécessairement à une question dépassant la science mais restant rationnelle : d’où provient cette rationalité ? Existe-t-il une source de rationalité qui se reflète dans ces deux zones et dimensions de rationalité ? La science de la nature ne peut ni ne doit répondre directement, mais nous devons reconnaître la question comme rationnelle et nous devons oser croire à la raison créatrice et nous confier à elle. Voilà le petit lot de questions que je voulais vous poser. (Traduit de l’original allemand par Claude Éon)

HISTOIRE

« Si l’homme est libre de choisir ses idées,

il n’est pas libre d’échapper aux conséquences des idées qu’il a choisies. »

(Marcel François)

 

Quel destin pour la Hongrie ?(1ère partie : Des origines à 1989) Irène Döményi

 

Résumé : Pour le touriste pressé, Budapest semble une charmante capitale européenne. Mais sous l‟apparence, bien des signes attestent une profonde crise de société. Pour l‟analyser, un recul historique s‟impose, objet de cette 1ère partie. La Hon-grie, pays des Huns, eut pour premiers habitants 5 peuples issus de Sumer et marqués par la domestication du cheval et les grands espaces de la plaine touranienne. Leurs capacités guerrières firent des Magyars tantôt des adversaires redoutables, tantôt des alliés appréciés par les nations d‟Europe. Mais après la conversion de saint Étienne, ce peuple dut subir 1.100 années de domination étrangère : Allemands, Petchenègues, Coumans, Tartares, Turcs, Autrichiens, Serbes, Valaques, Russes, Tchèques, Slovaques, Tziganes et Juifs furent tour à tour attirés vers ce pays fertile au peuple industrieux et cultivé. Le pays fut entraîné malgré lui dans le maelström des deux guerres mondiales. La dictature communiste de 1919 fut brusque mais sanguinaire. Puis en 1945 la Hongrie dut subir une occupation russe d‟autant plus longue que l‟Europe, oublieuse de la solidarité chrétienne, ne bougea pas lorsque le peuple se souleva en 1956. Et depuis

1957, l‟avortement a pris le relais en ôtant la vie à 6 millions de Hongrois.

 

 

A.- Voyage éclair en Hongrie.

 

De nos jours, on ne parle guère de la Hongrie, comme si elle n‟avait jamais existé. Le royaume plus que millénaire (de saint Étienne, sainte Élisabeth, saint Ladislas, sainte Marguerite et tant d‟autres saints) n‟est plus cité parmi les pays catholiques de l‟Europe. Pourtant il arrive que certains, voulant s‟offrir un voyage un peu « exotique » pour changer d‟horizon, choisissent le pays des Magyars.

L‟avion déposera le visiteur à l‟aéroport de Ferihegy d‟où il atteindra facilement la capitale, Budapest. C‟est une belle ville spacieuse : à l‟entrée de l‟Île Sainte-Marguerite le Danube est large d‟un kilomètre et demi. Il y a de beaux bâtiments restaurés, des musées, des salles de concert, des cinémas, des cafés, des clubs, des hôtels pour toutes les bourses, et même des magasins pleins de tout ce que l‟on trouve en Occident à des prix plus qu‟abordables. S‟y ajoutent des environs agréables à visiter en bateau, en voiture ou par le train. Avec l‟anglais, le français ou l‟allemand le touriste arrive à se faire comprendre partout et si, de plus, le temps est clair, il passera un séjour agréable en Hongrie.

 

B. – La réalité sous la surface :

La réalité sous cette surface accueillante est beaucoup moins brillante, car :

-les villes sont souvent enlaidies par des gribouillis sur les murs, comme en Occident ;

-l’immoralité envahit tout. Les journaux étalés aux kiosques et la télévision propagent l’éloge du divorce, de « l’amour libre », de l’homosexualité, de la pédophilie, de l’avortement;

-la vie politique est corrompue à tous les niveaux;

-malgré l’étalage dans les magasins de produits luxueux, la pauvreté est générale, (mais elle n’atteint pas la classe dirigeante);

-une forte tension sociale est sensible, car le gouvernement a perdu la confiance du peuple.

Tout cela est très étranger à la mentalité hongroise.

 

C – Comment en est-on arrivé là ?

Vers 4.000 avant J.C. les Sumériens, établis en Mésopotamie sur les bords de l‟Euphrate et du Tigre (l‟actuel Iraq), formaient une société composée de Sabirs, de Huns, de

Dahs (Daks, Daces) d‟Avars et d‟Assas, les ancêtres des Hongrois actuels[23].

Vers 3000 avant J.C., les Sabirs quittent Subartu, (« la Terre des Sabirs ») pour s‟établir sur les bords de la Méditerranée. Leur civilisation constitue la base de la future culture crétoise.

Vers 2000 av. J. C. survient l‟invention de la cavalerie que ses conséquences immédiates et lointaines rendent comparable à l’invention des navires à vapeur :

  1. L’accélération des déplacements des personnes et du transport des biens ;
  2. La découverte et l’exploration de terres continentales inhabitées ;
  3. La transformation de sociétés statiques, fermées, établies aux bords de l‟eau, en sociétés dynamiques, en mouvement.
  4. La société cavalière développe une nouvelle attitude vis-à-vis des distances et du temps. Grâce au nouveau moyen de locomotion rapide : le cheval, elle a produit des œuvres artistiques légères, transportables mais aussi périssables :

Objets en tissu, bois, cuir, bronze, or, argent, en plus des chants, contes, danses, poésie). Ces œuvres se distinguent des grands monuments fixes des civilisations des bords de l‟eau.

 

description partielle du Déluge. Des linguistes (Francis Lenorman – 18371883, Jules Oppert – 1825-1905) sont arrivés à la conclusion que seule la langue hongroise actuelle peut être comparée à l’ancien sumérien. Ces tablettes d’argile peuvent donc être décryptées à partir d‟elle (cf. Dr Andràs Zakar, prêtre hongrois, secrétaire et compagnon de prison du cardinal Mindszenthy: Sumerian-Ural-Altaï Affinities, in Current Anthropology – confirmation de cette thèse). Une grande partie, encore non lue, fut détruite par les bombardements pendant la guerre israélo-palestinienne (perte incommensurable…). Cette écriture cunéiforme, gravée dans l’argile molle par des stylets de roseau taillés, restait intacte une fois l’argile séchée. Les Sumériens utilisaient aussi l’écriture gravée sur bois (matière périssable). Au XIX ème siècle en Hongrie, les pâtres la pratiquaient encore.

La théorie de l’origine « finno-ougrienne » des Magyars (une invention des Habsbourg au XIXe siècle, sans aucun fondement historique) avait pour but d’amoindrir chez les Hongrois la fierté d’appartenir à une nation estimable. On n’a jamais connu une « Finnia » ni une « Ougria » dans le bassin des Carpates. La Hongrie fut toujours connue en Occident comme « Hungaria » (Ungaria, Ungarn, Hungary, Hongrie), allusion nette à sa parenté avec le peuple Hun, et plus tard comme « Pannonia » car sa partie Ouest resta longtemps province romaine.

Vers 2000 av. J.C. les Huns s‟établirent sur les rives de la Mer Caspienne, suivis bientôt des autres ; ces cinq peuples parents et cavaliers, parlant la même langue (l‟ancien sumérien), vécurent en voisins pendant plus de 2000 ans sur la Grande Plaine touranienne, (entre la Mer Caspienne, le Lac Aral et les fleuves

Amou-Daria et Syr-Daria.). Les aléas de l‟histoire les amenèrent ensuite au Caucase d‟où ils ont souvent envoyé des éclaireurs vers l‟Ouest de l‟Europe, jusqu‟en Italie. La brillante civilisation étrusque est leur œuvre.

En 582 les Avars reconquièrent l‟héritage des Huns. Leur empire s‟étendait du Don jusqu’à Vienne. Ces premiers arrivés en Hongrie occupèrent le bassin carpatique jusqu‟en 630.

Les Daces prirent la partie Sud-est des Carpates, devenue plus tard une province romaine : la « Dacie », connue de nos jours sous le nom de « Transylvanie ». Les descendants des Daces sont les « Sicules« , c’est-à-dire les Hongrois qui s‟établirent là lors des nombreux raids menés en Occident par leurs ancêtres.

L’histoire du peuple hongrois explique le fait que les nouveaux conquérants du pays furent considérés comme des parents : attendus, accueillis et compris par beaucoup d’habitants.

La conquête du pays au IXème siècle fut réalisée par un chef d‟État exceptionnel, le Prince Àrpàd, qui sut organiser le peuple en un État solide, bien administré, ayant une armée entraînée et disciplinée. La société hongroise d‟alors était composée d‟hommes libres ; comme serviteurs, ils utilisaient des prisonniers de guerre.

Les Magyars étaient encore païens mais croyaient en un seul Dieu qui, selon eux, se présentait aux mortels dans le rayonnement du Soleil. Ils croyaient en une vie après la mort ; c’est pourquoi ils ensevelissaient le défunt avec ses chevaux préférés. Ils avaient un grand respect pour le puissant aigle royal, le « Turul », symbole de l‟âme qui vole toujours vers les hauteurs.

Les mœurs de la société hongroise étaient saines ; elle pratiquait une monogamie stricte. La famille, les femmes et les enfants étaient respectés et protégés.

Pour consolider leur position après la conquête, les Magyars déposaient leur « carte de visite » chez les autres peuples sous forme de guerres-éclairs. Leur tactique militaire inconnue en Occident et la portée (trois fois plus longue) de leurs flèches, y semaient la terreur. Une alliance avec un État si redoutable était donc recherchée par les roitelets en Europe. Ainsi, aux IXe et Xe siècles les Magyars encore païens se taillèrent un franc succès, aussi bien militaire que diplomatique.

 

D – Tout changea lorsque les Hongrois devinrent chrétiens, comme si le Malin n’avait pas supporté l’émergence en Europe d’un nouveau royaume catholique.

 

  1. D‟abord : une partie des Hongrois restés païens combattirent le premier roi chrétien, saint Étienne (975 – 1038). Ces guerres fratricides affaiblirent le pouvoir royal.

 

  1. Ensuite : pendant 1100 ans, les Allemands, les Petchenègues, les Coumans, les Tartares, les Turcs, les Autrichiens, les Serbes, les Valaques, les Russes, les Tchèques, les Slovaques, les Tziganes et les Juifs s’attaquèrent au Royaume de Hongrie pour le détruire par les armes, par un refus obstiné des lois et des coutumes du pays, ou en s’emparant de postes importants du gouvernement et de l’économie.

Les envahisseurs déferlant sur le pays le pillaient et l’incendiaient. Ils massacraient, torturaient, emprisonnaient et déportaient les habitants. Ils accablaient la population d’impôts lourds et même abominables comme « l’impôt d’enfants » inventé par les Turcs qui occupèrent le pays de 1541 jusqu’à 1700 : ils arrachaient de jeunes enfants hongrois à leurs parents pour les envoyer en Turquie où ils étaient élevés comme des Turcs musulmans et entraînés comme Janissaires, avant d’être renvoyés en Hongrie pour lutter – sans le savoir – contre leur malheureux peuple.

  1. Les troubles sociaux et religieux causés par le protestantisme aux XVIème et XVIIème siècles; les spoliations des biens de l’Eglise, les destructions de châteaux, d’églises et de monastères, les mutilations d‟œuvres d’art, la cruauté des Réformés (spécialement les calvinistes) envers les catholiques (même après avoir obtenu la liberté du culte), la division dans la société en camps ennemis et la dégénérescence morale inévitable furent aggravées par de terribles épidémies qui décimaient la population.

 

  1. Le « mariage » contre nature entre les Hongrois et les Autrichiens, la Monarchie austro-hongroise à la fin de l’occupation turque de 150 ans (et à laquelle la Hongrie apportait la plus grande partie en territoire, population et richesses), n’arrangea guère les choses. Les Habsbourg ne respectaient pas les termes des Traités. Ils visaient à réduire le Royaume de Hongrie en une simple colonie. D’où la révolte des Magyars en 1848 et leur écrasement par les peuples environnants, appelés au secours des Autrichiens et excités contre les Hongrois « rebelles »!

 

  1. Au début du XXème s. ajoutons à cela l’immigration en masse de Juifs venant de Pologne, de Russie, et d‘Ukraine, car les lois hongroises leur étaient les plus favorables de toute l’Europe. Ils surent s’enrichir, envahir l’économie, l’administration, les moyens de communication et les finances hongroises et y faire régner un esprit mercantile, étranger à la mentalité des Magyars.

 

  1. À la fin de la Première Guerre Mondiale, la seule nation « punie » (de quel crime ?) fut la Hongrie. Le « Traité de Versailles » (6 juin 1920) la dépeça comme un vulgaire morceau de viande et la jeta aux pieds des peuples avoisinants (de quel droit ?). La Hongrie perdit 75,5 % de son territoire et 63,5 % de sa population, sans compter ses richesses naturelles (forêts, rivières, mines) et culturelles (écoles, musées, théâtres, églises, etc.).

 

  1. La situation fut ensuite aggravée par la « Terreur Rouge ». Le 21 mars 1919 la Hongrie fut déclarée République Populaire par le Conseil Révolutionnaire, aidé pour cela par la Franc-maçonnerie.

Les « Commissaires du Peuple », des bourreaux sanguinaires entraînés à Moscou furent à 92% des Juifs: Vilmos Böhm, Jenö Hamburger, Jòzsef Haubrich, Jenö Fiedler, Zsigmond Kunfi, Jenö Landler, Màtyàs Ràkosi, Tibor Szamuely, Ottò Korvin).

Dès le lendemain – le 22 mars 1919 – ils décrétèrent la Dictature du Prolétariat. Ils désarmèrent et dispersèrent l’armée hongroise et abolirent la police des villes et des provinces. Le peuple tentait de résister aux réquisitions et aux abus commis par le nouveau pouvoir. Mais le 20 juin, l’Armée Rouge donna pleins pouvoirs à Tibor Szàmuely, qui – en parcourant le pays jusqu’au 1er août 1919 dans « le train de mort » – fit pendre haut et court 590 résistants sans autre forme de procès. Son règne s’acheva le 1er août 1919 par la démission du Conseil Révolutionnaire.

 

  1. Le résultat fut une misère générale telle qu’une grande partie des Sicules émigrèrent aux États-Unis dans l’espoir de gagner assez d’argent pour subvenir aux besoins de leurs familles. En fait, très peu purent rentrer en Hongrie avec les maigres économies gagnées dans les mines de charbon.

Le rôle déterminant de la Franc-maçonnerie dans ces événements ayant été découvert, elle fut alors interdite en

Hongrie. (Officiellement elle n’a repris ses activités qu’en 1989.)

 

  1. La grande crise financière internationale survenue en 1929-30 acheva d‟anéantir une économie hongroise déjà très affaiblie.

 

  1. L’invasion du pays par les Allemands.

La propagande communiste, officiellement interdite mais poursuivie sournoisement à la campagne par des agitateurs, la pauvreté des ouvriers, la misère de la paysannerie, l’inertie d‟une grande partie du clergé catholique et de l’intelligentsia, creusèrent des fossés entre les diverses couches de la société hongroise. Ainsi l’envahissement du pays par l’armée allemande sur l’ordre d‟Hitler, le 19 mars 1944, trouva la Hongrie sans défense. Elle sut néanmoins organiser la résistance.

Elle sauva également des Juifs par milliers, surtout grâce aux institutions catholiques : dans 27 monastères les moines cachèrent les persécutés au péril de leur vie.

 

  1. La dictature communiste durant 45 ans.

À la fin de la IIème Guerre Mondiale (1945), la Hongrie fut doublement « nettoyée » : d’abord par l’armée allemande vaincue, laquelle a tout saccagé et volé pour ne rien laisser à l’Armée Rouge. Ensuite, les Russes « libérateurs », en se vengeant sur un pays « hitlérien », en achevèrent la destruction. Ces conquérants (très étonnés du haut niveau de la civilisation hongroise) installèrent sur le pays dix divisions de soldats russes avec leurs familles, leur fournissant logements, magasins, écoles et loisirs, dont l’accès fut strictement interdit aux autochtones. Bien que le Traité de Paix eut fixé l’occupation à 6 ans, les Russes y restèrent jusqu’en 1992.

Une bonne partie des Magyars survivants s‟enfuit en Occident, tant que la chose resta possible. À nouveau le Parti Communiste (5 % de la population) organisa la dictature. Les dénonciations, les déportations, les emprisonnements, les tortures et les exécutions de suspects ou de coupables de « non-admiration du nouvel ordre » recommencèrent. Cette fois encore les hauts fonctionnaires et les dirigeants furent presque tous Juifs. Ingrats, il ne s’en est pas trouvé un seul utilisant son influence pour sauver un Hongrois des tortures, de l’exécution, de la prison ou de la déportation…

 

  1. Le soulèvement général hongrois en 1956, 500 ans tout juste après la grande victoire des Hongrois sur les Turcs à Belgrade[24].

La tension devint telle, sous le règne de Ràkosi, que le peuple hongrois se souleva. Ces Magyars exaspérés et insensés – une souris en face de l’ours, URSS – furent assez naïfs pour espérer que l’Occident « chrétien » viendrait à leur aide.

Par contre, ceux qui les ont poussés dans cette aventure ont bien chronométré les évènements (nous ne croyons pas aux insurrections spontanées).

Le monde occidental devait régler les difficultés causées par le FLN en Algérie et la nationalisation du Canal de Suez. Ainsi les « vrais problèmes » ont détourné l’attention de la Hongrie, pays chrétien. Résultat: 200.000 réfugiés, quantité de Hongrois déportés, emprisonnés, torturés et exécutés…

 

  1. Le meurtre massif des non-nés.

Vu la persistance de la conscience nationale, de la fierté d’appartenir à la patrie magyare, les autorités entreprirent l’éradication de « cette race rebelle » par l’avortement. Ils disaient qu’il y avait trop de Hongrois dans le monde. Pensez : quinze millions d’âmes, y compris celles vivant à l’étranger ! « Il en suffirait de cinq millions » !

En 1957 des juristes et des médecins hongrois réussirent à envoyer à l’Ouest un document relatant qu’en Hongrie des médecins furent obligés de pratiquer des avortements en présence et sous la menace de soldats russes armés dans la salle de chirurgie. La nouvelle de cette violation de conscience et ce mépris envers la vie innocente n’eurent pas l‟écho espéré dans l’opinion mondiale. Par contre, les dirigeants communistes lancèrent alors une propagande virulente pour pousser les jeunes filles et femmes hongroises à tuer les enfants conçus dans leur sein. Depuis 1957 six millions d‟enfants magyars non-nés ont étés massacrés par des moyens dépassant l’atrocité des chambres à gaz. L’assassinat de ces six-millions d’êtres humains hongrois n’a pas ému les « grandes consciences » ; elles ne l’ont pas déclaré « crime contre l’humanité ».

 

(Suite au prochain numéro : La face obscure de la libéralisation)

 

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SOCIÉTÉ

« Il a plu à Dieu qu’on ne pût faire aucun bien aux hommes qu’en les aimant.« 

(P. Le Prévost)

 

 

 

La maladie d’Alzheimer[25]

Sylvie Simon

 

Résumé : Avec la mode du « tout génétique », la médecine contemporaine écarte souvent a priori les facteurs liés à la toxicité de l‟environnement dans lequel nous vivons, notamment la toxicité de certaines substances d‟usage courant. Tel est pourtant le cas de l‟aluminium, retrouvé en concentration anormalement élevées dans le cerveau des patients atteints de la maladie d‟Alzheimer. Or l‟hydroxyde d‟aluminium est utilisé comme adjuvant dans un grand nombre de vaccins, à des doses de 50 à 100 fois supérieures aux doses limites de toxicité ! Le Pr Chris Shaw, à l‟Université de Vancouver, a étudié les effets du vaccin administré aux troupes américaines lors de la première guerre du Golfe. Le lien entre l‟hydroxyde d‟aluminium et l‟Alzheimer, le Parkinson et la maladie de Charcot, apparaît si clair que plus aucun membre de son équipe n‟accepterait de se faire vacciner !

 

C‟est une maladie de civilisation que l‟on pourrait éviter si on le voulait vraiment. Elle n‟est pas inéluctable.

La maladie d‟Alzheimer persiste à figurer en première ligne dans l‟actualité médicale car notre président de la République a manifesté son désir de la combattre. Il a parfaitement raison car cette terrible maladie est devenue de plus en plus fréquente et, surtout, elle touche des sujets de plus en plus jeunes. Mais a-t-il raison dans sa manière d‟affronter ce combat ?

Ainsi, depuis quelques mois, nous avons pu entendre plusieurs spécialistes qui nous ont expliqué qu‟on pouvait retarder l‟aggravation de la maladie mais non la guérir. Évidemment, on compte beaucoup sur la générosité des Français pour « aider la recherche », qui cherche peut-être, mais découvre rarement les vraies causes de nos maux. Sans doute ne cherche-t-elle pas là où il le faudrait.

Comme pour la plupart des maladies actuelles, l‟origine officielle est évidemment « génétique ». Aussi la recherche génétique a-t-elle de beaux jours devant elle, tout comme les nombreux pollueurs de la santé publique qu‟on ne cherche ni à désigner ni à neutraliser.

Personne ne parle de prévention à ce sujet, à part le diagnostic précoce, mais à quoi sert de diagnostiquer si l‟on n‟est pas capable de soigner ? Personne, non plus, n‟ose évoquer l‟influence des produits chimiques, particulièrement les pesticides, dans cette maladie. Les pesticides sont des substances cancérigènes qui occasionnent également des problèmes neurologiques, cognitifs et neuro-dégénératifs. Chez ceux qui sont exposés professionnellement aux pesticides, le risque de maladie de Parkinson est multiplié par 5,6 et d‟Alzheimer par 2,3. Personne n‟y fait allusion.

On ne parle pas davantage de l‟aluminium. Or, après quarante ans d‟études contradictoires, l‟aluminium paraît être indéniablement impliqué dans la maladie d‟Alzheimer. Il pénètre les tissus en se combinant avec la ferritine du sang, en lieu et place du fer. N‟étant pas éliminé par les reins, il se concentre et imprègne progressivement le squelette et le système nerveux. On a retrouvé une quantité plus importante d‟aluminium dans des cerveaux humains atteints par la maladie d‟Alzheimer que dans des cerveaux sains. Certains cerveaux malades présenteraient de 10 à 30 fois plus d‟aluminium que la normale.

Soupçonnée pendant de nombreuses années, la toxicité de l‟aluminium est officiellement reconnue depuis 1999, autant par l‟Agence française de sécurité sanitaire que par l‟OMS, sans que cela ait changé quoi que ce soit à la politique de la santé. On persiste à traiter l‟eau potable avec du sulfate d‟aluminium afin d‟éliminer les micro-organismes. Le sel blanc de table et la farine blanche sont traités au silicate d‟aluminium. On trouve du phosphate et du silicate d‟aluminium en tant que colorant, anticoagulant, et émulsifiant dans une quantité de produits laitiers : lait en poudre, lait maternisé industriel, lait de soja, fromages fondus…

 

On en trouve également dans nombre de médicaments, dont l‟aspirine, les antiacides utilisés dans le traitement des aigreurs, brûlures d‟estomac et remontées acides, le Maalox et bien d‟autres, ainsi que dans certains additifs alimentaires. Les produits cosmétiques classiques, crèmes pour la peau, fonds de teint, déodorants sans alcool, antitranspirants, et même certaines pâtes dentifrices contiennent de l‟aluminium.

Ajoutons à cette liste des ustensiles de cuisine, non seulement casseroles et récipients de cuisson, mais aussi des barquettes, assiettes, papier d‟emballage…

 

La responsabilité des vaccins

 

L‟addition de tout l‟aluminium contenu dans ces produits pèse déjà très lourd sur notre état de santé, mais on ajoute de l‟aluminium dans un grand nombre de vaccins sous forme d‟hydroxyde d‟aluminium, car cet adjuvant augmente et prolonge la réponse immunitaire aux antigènes inoculés. Alors que les normes européennes fixent son seuil à 15 microgrammes (μg) par litre, en raison de risques d‟effets secondaires graves, l‟hydroxyde d‟aluminium se retrouve à des doses nettement supérieures dans les vaccins contre la diphtérie, le tétanos, la polio, la coqueluche, l‟hépatite A, l‟hépatite B, la fièvre jaune, ou la fièvre aphteuse notamment (de l‟ordre de 650 μg à 1 250 μg par dose). Pendant longtemps, la dose d‟hydroxyde d‟aluminium présente dans chaque vaccin Engérix ou GenHevac n‟était « pas supérieure » à 1 250 μg. Depuis quelques années, sans donner d‟explications mais non sans raison, les laboratoires ont jugé nécessaire de réduire sa teneur à moins de 650 g par dose.

Le lien de cause à effet en relation avec les vaccins faisant appel à l‟hydroxyde d‟aluminium a été reproduit expérimentalement chez le rat. Ce lien irréfutable a été reconnu par les agences de sécurité sanitaire françaises et américaines, ainsi que par la « Branche vaccin » de l‟OMS.

Il y a plus de vingt ans, alors que l‟on connaissait déjà la toxicité de l‟aluminium, les chercheurs de l‟Institut Pasteur avaient mis au point un adjuvant à base de phosphate de calcium.

Mais, lorsque Mérieux racheta Pasteur-Vaccins, les vaccins à base de phosphate de calcium furent mis aux oubliettes. Il est permis de se demander pourquoi, étant donné la toxicité de ce produit qui fait craindre l‟émergence de maladies comparables à celles qui sont observées chez les animaux domestiques avec un pronostic plus sombre. Aussi, l‟aluminium aurait dû être définitivement banni de tous les vaccins depuis longtemps, en vertu du principe non seulement de précaution mais d‟urgence. Une interdiction occasionnerait des millions d‟euros de pertes pour les grandes firmes pharmaceutiques obligées de passer à un nouvel adjuvant.

Les laboratoires persistent à affirmer l‟innocuité de l‟hydroxyde d‟aluminium, alors qu‟ils avouent qu‟aucune étude au long cours de non-toxicité ni de pharmacovigilance n‟a été réalisée concernant cet adjuvant. Pourtant, en 1987, la FDA publiait : « L’aluminium est une véritable toxine qui ne doit jamais être injectée à l’homme sans raison valable. » Les vaccins contre des maladies potentielles seraient-ils des « raisons valables » ?

A son tour, l‟OMS signalait dans son relevé épidémiologique du 16 juillet 2004 : « Les questions concernant l’innocuité exigeront une connaissance approfondie des effets des adjuvants sur la réponse immunitaire et les mécanismes associés. La réglementation actuelle devra tenir compte des données scientifiques nouvelles concernant les adjuvants. L’innocuité des adjuvants est un domaine important et négligé. Dans la mesure où les adjuvants ont leurs propres propriétés pharmacologiques, susceptibles de modifier l’immunogénicité et la sécurité des vaccins, l’évaluation de leur innocuité est indispensable. » Cette déclaration est, évidemment, restée sans suite.

Bien que le mercure ait été officiellement banni des vaccins en France à cause de sa toxicité, l‟Engerix B renferme toujours une infime quantité de thimérosal, en raison de son procédé de fabrication. Or il est notoire que même les quantités infimes gardent toujours une certaine nocivité.

En outre, ce produit a été utilisé pendant des décennies et il est évident que ses effets à long terme se feront sentir pendant encore longtemps.

Le Dr Russell Blaylock, qui a vingt-six ans d‟expérience en neurochirurgie, s‟est penché sur les dangers de l‟aluminium, particulièrement sur sa neurotoxicité, mai aussi sur son potentiel antagoniste lorsqu‟il est administré avec le mercure. « En fait, nous savons que l’aluminium est une neurotoxine dangereuse qui partage avec le mercure des mécanismes classiques. Ainsi, tous deux sont toxiques pour les neurotubules, interfèrent avec les enzymes antioxydantes et la fonction de la membrane neuronale, empoisonnent les enzymes de réparation de l’ADN, interfèrent avec la production de mitochondries. » Le Dr Blaylock considère le mercure comme un poison qui neutralise dans les cellules les enzymes destinées à arrêter les radicaux libres.

Les recherches poursuivies par le Dr Chris Shaw, neurologue de l‟université de Colombie-Britannique à Vancouver, et non publiées à ce jour, établissent un lien entre l‟hydroxyde d‟aluminium utilisé dans les vaccins et la maladie d‟Alzheimer, la maladie de Parkinson, et la sclérose latérale amyotrophique (ou maladie de Charcot).

Shaw est très surpris que ce type de recherches n‟ait pas été mené auparavant alors que les médecins injectent à leurs patients de l‟hydroxyde d‟aluminium comme adjuvant stimulant la réponse immunitaire depuis quatre-vingts ans.

« C’est suspect, déclare Chris Shaw. Soit ce lien est connu de l’industrie et n’a jamais été rendu public, soit l’industrie n’a jamais été obligée par le ministère canadien de la Santé de faire ces recherches. Je ne sais pas quelle hypothèse est la plus effrayante. »

Afin d‟éprouver sa théorie, Shaw et son équipe composée de quatre scientifiques des Universités de Colombie Britannique et de Louisiane, ont injecté à des souris le vaccin de l‟anthrax développé pour la première guerre du Golfe. Comme l‟a expliqué Shaw, étant donné que le syndrome de la guerre du Golfe ressemble beaucoup à la sclérose latérale amyotrophique, les chercheurs tenaient là l‟occasion d‟isoler une cause possible. Tous les soldats mobilisés ont été vaccinés avec un composé d‟hydroxyde d‟aluminium. Selon Shaw, ceux qui n‟ont pas été envoyés dans le Golfe ont développé des symptômes semblables à un taux analogue.

Les mêmes adjuvants sont utilisés dans les vaccins contre l‟hépatite A et B ainsi que dans le cocktail pentavalent contre la diphtérie, la coqueluche, le tétanos, la polio et une sorte de méningite.

Après vingt semaines d‟études sur les souris, l‟équipe a mis en évidence des augmentations importantes d‟anxiété, d‟allergies de la peau, mais surtout des déficits de mémoire (41 fois plus d‟erreurs que dans le groupe témoin). Des prélèvements de tissus effectués sur les souris « sacrifiées » ont montré des cellules nerveuses nécrosées. Dans la zone contrôlant le mouvement, 35 % des cellules étaient détruites.

« Aucun membre de mon équipe ne veut se faire vacciner. Ces résultats ont donné la chair de poule », a déclaré Shaw.

 

Les ARN double brin

 

Enfin, une autre piste, on ne peut plus scientifique, nous est ouverte par le Prix Nobel de médecine et physiologie attribué en 2006 à deux chercheurs américains (Andrew Z. Fine et Craig C. Mello) pour leurs travaux sur les interférences des « ARN double brin » chez certains parasites (Caenorhabditis elegans). Ces doubles ARN bloquent certains gènes sur la chaîne d‟ADN.

Or, parmi les vaccins antigrippe les plus utilisés, la plupart comportent des ARN double brin, exceptés Agrippal, Fluvirine, Gripguard, Influvac, MHG. Ce qui fait dire au Dr Marie-Hélène Groussac, chercheur en biologie moléculaire : « Le vaccin antigrippe est constitué de fragments d’ARN double brin ; il bloque donc certains gènes. Injecté à des personnes âgées, dont les gènes des cellules se ralentissent ou diminuent leur production, il va donc bloquer certains gènes déjà déficients, comme exposé par les prix Nobel. Il en résulte un fonctionnement anormal des cellules, au premier plan desquelles les neurones ! D’où la floraison actuelle grandissante des cas d’Alzheimer, maladie qui grève le budget et la vie des citoyens et qu’on tend à nous faire croire inéluctable et pourvoyeuse d’emplois ! »

Elle ajoute au sujet de ce vaccin actuellement conseillé aux nourrissons : « Faire à gogo du vaccin antigrippe est aussi grave que pour le vaccin anti hépatite B.

Le faire chez le nourrisson comme c’est programmé (élection présidentielle oblige !) va entraîner, c’est prévisible, des maladies par arrêt de fonctionnement de certains types cellulaires, mais surtout va retentir sur les neurones, complétant le programme de dégénérescence de la population entamé par le vaccin antihépatite B ! »

Il est évident que lorsque ces nourrissons atteindront un âge avancé, en admettant qu‟ils y arrivent – ce qui est moins certain ! – l‟Alzheimer sera une maladie non seulement courante mais à peu près générale. Belle perspective !

Il existe également un rapport entre la maladie d‟Alzheimer et le diabète. Une étude, parue en 2004[26], a révélé que les diabétiques ont un risque accru de 65 % de développer cette maladie. Plusieurs chercheurs tendent à présent à penser que le diabète favorise la maladie d‟Alzheimer et un déclin général des fonctions cognitives.

Le diabète est, en effet, souvent associé à l‟altération de la mémoire et de la parole, et certains compléments alimentaires, tels les oméga-3, protègent des deux maladies.

En résumé, si notre président et notre ministère de la Santé veulent arrêter l‟épidémie d‟Alzheimer qui menace la population, au lieu de réclamer des résultats à une recherche impuissante, au grand dam des laboratoires, ils feraient mieux de supprimer les causes de cette maladie, surtout les produits chimiques et les publicités coûteuses et mensongères pour un vaccin non seulement inutile mais très dangereux.

 

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La crémation est un acte d’une violence inouïe[27]

P. Pierre Faure s.j.[28]

 

 

Résumé : La crémation en Occident est un rite inventé par les anticléricaux pour affirmer qu‟ils ne croyaient pas à la résurrection des corps. Aussi estelle refusée par les orthodoxes, les juifs et les musulmans, tout comme par les animistes africains. L‟Église catholique, en 1963, a cru bon de l‟autoriser. Mais on minimise souvent les drames liés à cette pratique : la violence du spectacle au crématorium, la répartition des cendres au sein de la famille, l‟impossibilité – pour ceux qui ont connu le défunt – de trouver un lieu pour se recueillir. La crémation traduit un manque de confiance envers les descendants, la conviction que personne ne s‟intéressera plus à vous après la mort. C‟est le rite funéraire d‟une société où les relations humaines sont déliquescentes.

 

Quelle est la position de l’Église catholique sur la crémation ?

 

Les chrétiens ont traditionnellement privilégié le rite de l‟inhumation. Ils manifestent ainsi leur foi dans le corps que Dieu a fait. De plus, l‟Ancien Testament dit que l‟homme a été fait de terre3 dans laquelle Dieu a insufflé la vie. À la mort, le corps retourne dans cette terre.

Au XIXème siècle, les anticléricaux ont pris l‟habitude de se faire incinérer ; c‟était une façon de couper court à toute idée de résurrection des corps. En 1963, le Vatican autorise la crémation à condition qu‟elle ne soit pas choisie pour des raisons contraires à la foi chrétienne. Après tout, Dieu est bien capable de ressusciter tous les individus qu‟il a créés, qu‟ils soient noyés ou brûlés ! Il n‟en reste pas moins que l‟Élise préfère l‟inhumation.

 

Vous-même, que pensez-vous de la crémation ?

On arrive, avec la crémation, à des situations terrifiantes, qui n‟ont rien de « spirituelles ». Imaginez-vous des enfants réunis après le décès de leur mère, qui se partagent ses cendres à la cuillère…Je ne pense pas que la crémation favorise le travail de deuil. Une des premières souffrances est la mise en flammes du cercueil, au crématorium. C‟est un moment d‟une violence inouïe. Ce n‟est d‟ailleurs pas un hasard si les malades du sida ont choisi, pour la plupart, d‟être incinérés. C‟était une façon, pour eux, de mettre le feu à cette société qui ne tolère pas l‟homosexualité.

 

Que deviennent les cendres ?

L‟Église demande qu‟elles aient une destination définitive. Les entreprises de pompes funèbres sont très attentives. Elles proposent aux familles de garder les cendres dans un colombarium provisoire, le temps de réfléchir à la suite des événements en famille. Choisir de disperser les cendres est, à mon sens, la pire des solutions. L‟imaginaire ne peut plus se reposer sur un lieu. Surgit également le problème de la privatisation. Au nom de quoi peut-on garder chez soi les cendres d‟un proche ? Le défunt pouvait avoir des amis, inconnus de ses proches, et qui aimeraient se recueillir sur sa tombe.

Enfin, pour moi, la crémation traduit un déficit de relations. Les gens meurent comme s‟il n‟y avait personne après eux. Souvent, la décision de se faire incinérer est prise par des gens qui se sentent seuls. Ne voulant pas être à charge, ils préfèrent disparaître en cendres, pour éviter à leurs descendants de devoir venir sur leur tombe. Quel manque de confiance !

 

Que disent les autres religions de la crémation ?

Les juifs, les musulmans, les chrétiens orthodoxes et les animistes africains refusent la crémation. Quant aux hindouistes qui la pratiquent, ils y attachent une symbolique très précise. La fumée qui se dégage du corps qui brûle est un lien entre le défunt et les divinités. Une fois la crémation terminée, les cendres sont jetées dans le fleuve sacré, le Gange, au milieu des prières.

 

 

L’Église propose-t-elle un rituel autour de la crémation ?

Elle est consciente du vide rituel autour du phénomène. Elle propose cependant, comme pour tout autre défunt, trois étapes : à la maison ou en chambre funéraire, à l‟église, et au crématorium (en lieu et place du cimetière). Il existe de belles prières à la fermeture du cercueil, au moment où l‟on voit le visage pour la dernière fois.

 

À la suite des attentats aux États-Unis, des familles ont reçu une urne remplie de la terre du World Trade Center…

Le problème, c‟est que les familles ne peuvent pas dire : « C‟est mon mari, ou mon père, qui est là-dedans. » Les villages bretons ont trouvé mieux en installant dans les cimetières des pierres où sont gravés les noms des marins morts en mer. Je pense que les New-Yorkais dresseront, de la même façon, un mémorial avec les noms de leurs disparus.

 

 

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Quelques réflexions utiles concernant l’Islam

Alsadi Majorana

 

Résumé : La formule « rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » exprime une distinction entre le spirituel et le temporel qui caractérise vraiment la société chrétienne, c’est-à-dire l‟état d‟une société humaine transfigurée par la venue du Rédempteur. Cet événement a constitué la charnière de l‟Histoire, car il répare la brisure opérée en l‟homme par le Péché originel. En niant le Péché originel, l‟Islam est tout naturellement retombé dans la négation de cette distinction : il absorbe le temporel dans le spirituel. Le communisme représente l‟autre face de cette même hérésie : son matérialisme dissout le spirituel dans le temporel. Ce sont donc deux totalitarismes issus du même Père, niant l‟un et l‟autre la liberté (et donc la grandeur) de l‟homme.

 

Il faut toujours y revenir : il n‟y a pas de théocratie dans le christianisme. C‟est un fait dont on doit bien tenir compte.

Ce point différencie le christianisme des autres religions du monde. Ce point fait partie, dès le début, du patrimoine essentiel de notre Foi, de notre Credo, de notre Église. C‟est le fameux « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ».

Bien sûr, ce n‟est pas un truisme, et pas davantage une manière élégante et quelque peu déconcertante de se tirer d‟un mauvais pas, d‟une situation épineuse ! Par cette formule à la fois simple et étonnante, le Christ nous reporte à l‟origine du monde, au cœur de la Création, et au centre de la Révélation. Il promulgue, il affirme, il révèle une loi de la Création déchue, une loi en rapport avec le « commencement » de l‟homme.

Un « commencement » qui est parfait et puis se dégrade, et non un « commencement » en évolution par perfectionnements progressifs.

Voilà pourquoi il n‟est pas bon qu‟il y ait unicité entre le gouvernement temporel et le gouvernement spirituel des hommes : parce qu‟au début de l‟Histoire il y a eu brisure en l‟homme, et par suite, dans toute la Création.

Tant qu‟il n‟y avait pas eu l‟Incarnation du Christ, tant que la Vérité n‟était point apparue sur la Terre, tant que dura le temps de l‟attente du Salut, la « théocratie » fut – à ce qu‟il me semble – le mode ordinaire de gouvernement, profane ou sacré. Ou tout était unifié par en bas; c‟est le socialisme, caractéristique permanente d‟innombrables sociétés et Empires du paganisme, voyez le livre passionnant d‟Igor Chafarevitch, Le Phénomène socialiste, Paris, Le Seuil, 1977. Ou bien tout était unifié « par enhaut », et ce fut le petit Israël (cf. Deutéronome 7,7), avec ses juges, et à un moindre degré, avec ses rois.

Mais avec le Christ, arrive aussi le principe de la rénovation de l‟homme, un principe surnaturel. Il y avait eu jusque là le « vieil homme », la descendance innombrable de l‟Adam déchu ; il était certes capable de quelque amélioration morale, la nostalgie et le souvenir du Paradis perdu le poursuivaient, comme en témoignent les traditions antiques, même très mêlées d‟erreurs, telle celle du « serpent-arc-en-ciel » dans certaines contrées reculées, en Afrique par exemple. Mais le secret de la vraie connaissance de Dieu se perdait inexorablement.

Il y a désormais la descendance du nouvel Adam, l‟Église de Dieu. La formule évangélique, « Rendez à César…. », exprime en termes d‟une simplicité désarmante, cette Loi de la création déchue et rachetée. Loi nouvelle, en tant que sur la terre, la Vérité est désormais présente en Personne.

Telle est la différence avec l‟Islam, qui ne connaît point « l‟homme nouveau », qui ignore complètement le mystère de la Chute, qui ne connaît fatalement aucune distinction entre Création et Salut, qui tout en prétendant le contraire, rend nécessaire la Création, ce qui est un point commun avec l‟ancien paganisme, bien que ce « point commun » soit revêtu d‟autres mots.

La distinction entre Dieu et « César » exprime la séparation entre deux « générations », par le fait du Péché originel : génération naturelle, selon la chair, et génération selon l‟Esprit, par la Foi et le baptême.

Comme le Péché originel est une Vérité révélée, la distinction entre Dieu et « César » exprime la Loi de la Création après le Péché, dans la lumière de la Rédemption.

Elle est aussi une vérité révélée, devenue le patrimoine commun de l‟humanité civilisée, une de ces lumières magnifiques de la Révélation sur notre monde. Mais en fait, elle contient et « réfracte » tout le mystère originel de la Création. Quel est le rapport entre Dieu et « César », entre spirituel et temporel ? Quel doit-il être ? Il est, il doit être le même que celui qui existe entre l‟homme nouveau et le vieil homme, pour employer les mots de saint Paul. Il reflète la relation qui existe entre le créé et l‟œuvre de la Rédemption. Il exprime la sacralité originelle du créé, et la brisure, le désordre, introduits par la Chute originelle.

C‟est un rapport qui, pour ainsi dire, doit tendre à l‟harmonie. Mais entendons-nous tout de suite sur ce mot d‟ « harmonie ». Il ne s‟agit pas d‟une harmonie qui, en mélangeant le bien et le mal, accorderait l‟Église sur le monde, pour la promotion du monde, ce qui en définitive ruinerait l‟Église et l‟inciterait à abandonner sa Mission qui concerne le salut de chaque homme. Il ne s‟agit pas d‟une « harmonie » qui ferait du pape le président des États-Unis du monde, si je puis dire.

Le créé, l‟ensemble de la création, pour autant qu‟il est rénové par le Christ qui est Lui-même l‟Origine et comme la « Note fondamentale », ou la « Pierre angulaire » du Temple de la Création, cet ensemble de la création, donc, rentre en harmonie avec le Christ. Dans ce contexte, je me permets de le noter comme entre parenthèses, on comprend pourquoi l‟Écriture, à propos du monde visible et de sa splendeur, parle de « cosmos » (Genèse, chap.2, au verset 1), c‟est-à-dire, « ornement », temple magnifique, du moins quand il était dans sa beauté première, pour accueillir Celui dont le Corps est un Temple (Jn 2, 19-21).

Comment exprimer ce que je veux dire ? Eh bien, en quelque sorte, le Christ est la « racine » de la Création en sa pureté première ; il en est le « modèle », et la Mesure.

En ce sens, en s‟harmonisant avec le Christ, l‟homme, qui est le couronnement de la Création, pourra recouvrer son innocence, imparfaitement certes, puisque la rénovation qu‟apporte le Christ se fait dans le monde ancien du péché.

Cieux nouveaux et Terre nouvelle sont pour après le Jugement, après la fin, après l‟accomplissement de l‟Histoire.

Le « Monde nouveau » n‟est pas pour le temps de l‟Histoire ; notre Espérance n‟est pas de créer des institutions parfaites, qu‟elles soient imaginées comme « monarchiques » ou

« démocratiques ». Notre Espérance, c‟est la Vie éternelle et la Vision de Dieu. Pas de « Paradis terrestre » dans le futur historique, pour le chrétien ; pas de « millénarisme », pas d‟ « Ère nouvelle » au sens strict, pas d‟époque paradisiaque, pas de « Règne de l‟Esprit » au sens de tant de sectes.

Mais par contre, il ne faut jamais oublier que temporel et spirituel ont la même origine, l‟unique Dieu Créateur, et c‟est pourquoi ils peuvent rentrer en harmonie. On pourrait dire une infinité de choses sur cette parole du Seigneur : « Rendez à César… » Mais j‟ai bon espoir d‟avoir dit l‟essentiel, du moins relativement à ce qui nous occupe, et fait l‟objet de notre examen : l‟Islam.

Avec l‟expérience de toute une vie, je crois en effet, sinon à peu près vain, du moins bien dangereux, d‟examiner l‟Islam en dehors du christianisme. D‟autant plus qu‟en un sens très vrai, l‟Islam se réfère secrètement au christianisme, et pour ainsi dire cherche à le réfuter. Saint Jean Damascène l‟avait déjà parfaitement compris, qui appelait l‟islam « la centième hérésie ».

Précisément, l‟Islam refuse la distinction temporelspirituel[29]. On comprend mieux peut-être, après ce que je viens de dire, à quel point cette distinction fameuse correspond intimement à la Doctrine du Christ. On comprend aussi pourquoi, très logique avec lui-même, l‟Islam nie le Péché originel et remplace la notion de « péché » par celle d‟ « erreur ». On comprend mieux désormais pourquoi l‟Islam a une constante tendance interne à annihiler la volonté, en la soumettant à la nécessité, à la fatalité, au fatalisme.

Car là où il n‟y a possibilité que d‟erreur, il n‟y a point de péché. Eh oui, la balle de tennis, l‟électron, la lune, suivent leur loi ; ils n‟ont pas de liberté, leur trajectoire est « fatale », parfaitement prévisible – en théorie du moins.

Mais cela a une autre conséquence, aussi inéluctable :

dans l‟Islam, pour supprimer l‟erreur, il n‟y a guère d‟autre moyen que de supprimer, purement et simplement, le porteur de l‟erreur.

Dans le christianisme, il n‟en va pas ainsi ; le porteur de l‟erreur peut toujours se convertir, et c‟est ce qui explique l‟incroyable patience des saints pour la conversion de tous !

Le péché exprime, quoiqu‟« en creux », dans les ténèbres, la liberté. C‟est Maurice Clavel qui disait : « Laissez-moi mon petit péché ! », en ce sens : laissez-moi me reconnaître pécheur, donc libre, capable de retourner vers le bien, capable de revenir à Dieu, capable enfin d‟être pardonné ! Je dirais –ne vous scandalisez pas – que la grandeur de l‟homme est telle qu‟il peut même pécher… L‟électron, lui, ne pèche pas. Le fatalisme islamique est cohérent avec tout l‟ensemble de la doctrine du Coran et des traditions coraniques ; il est cohérent aussi avec le djihad, et avec la conversion à la pointe du cimeterre. Il est cependant contradictoire : si tout est « fatal », ‘écrit d’avance’, pourquoi s‟ingénier à influer sur les faits et les hommes ?

Voilà donc quelques réflexions écrites à la hâte, m‟appuyant sur ce que je sais de l‟Islam, à travers mon expérience personnelle, et également à travers ce qui arrive aujourd‟hui. Les quelques réflexions déjà faites sur ce point, les observations que j‟ai synthétisées sont dans la même ligne. Elles permettent de voir que derrière le danger de l‟Islam, il y a un péril infiniment plus grand, qui se sert de l‟Islam comme d‟un habile camouflage : le totalitarisme à inflexion « libérale » ou

« communiste », peu importe. C‟est pourquoi, plus d‟une fois, j‟ai averti et mis en garde mes amis musulmans contre la diabolique manipulation dont ils sont les sujets et les victimes.

Il y a dans l‟Islam une structure interne qui, en un sens, ne dépend pas beaucoup des particularités de la doctrine donnée dans le Coran et versée dans les âmes comme une sorte de boisson enivrante.

Dans toutes les religions, sauf dans la religion catholique, on retrouve cette « non-distinction » entre temporel et spirituel. L‟Islam absorbe tout dans la religion, et la religion devient aussi la loi civile.

La « laïcité », religion d‟État de l‟État républicain, et spécialement la Franc-maçonnerie qui se profile discrètement derrière lui, veulent réduire tout à cette « religion » laïque, à cette idéologie officielle des « Droits de l‟Homme ».

Religion « officielle » dont il faut bien voir à quel point elle dépend d‟une métaphysique secrète d‟obédience évolutionniste…donc matérialiste. Le communisme, issu –comme on l‟ignore trop souvent- d‟une mystique infernale, veut éliminer la religion, toute religion, et fatalement, tout comme la « laïcité » maçonnique, il absorbe le spirituel dans le temporel.

Mais qu‟on absorbe le temporel dans le spirituel, ou le spirituel dans le temporel, on arrive au totalitarisme, qu‟il soit « démocratique », « théocratique », ou autre…

On saisit mieux pourquoi ceux qui absorbent le temporel dans le spirituel, ou ceux qui absorbent le spirituel dans le temporel, penchent tout naturellement (eh oui !) vers une tolérance fausse qui ruine la Vérité.

Quelles que soient leurs religions d‟origine, ils ressentiront une mystérieuse parenté, ou une complicité secrète, ou une complaisance plus ou moins consciente vis-à-vis de l‟Islam, de la Maçonnerie, du communisme. Facilement, entre eux, il y aura collusion ; ils seront souvent évolutionnistes, et s‟ils sont catholiques, ils pousseront à la négation du Péché originel. Conclusion – Quel spirituel ?

Le spirituel, détaché du surnaturel de l‟Église, s‟étiole pour sombrer vite dans un matérialisme pratique, même camouflé. Aujourd‟hui la domination et les forces matérielles se développent démesurément, tandis qu‟elles se coupent chaque jour davantage de l‟Esprit du Christ. L‟homme moderne chante la gloire de la matière. Mais parce qu‟il s‟est égaré loin de la Vérité, il a oublié que la mort est née du Péché, et que c‟est la matière précisément qui est le vecteur de cette mort. L‟homme, sous le sortilège du

Tentateur, chante misérablement son malheur…

Le carré SATOR, le Pater Noster et la Croix Jean-Marie Mathieu

 

Présentation : Un premier carré SATOR, découvert en Angleterre, attira l‟attention du monde savant à partir de 1903. Un autre « carré magique » (lisible dans tous les sens) fut trouvé dans les ruines de Pompéi en 1925. Puis en 1926 un pasteur évangéliste de Chemnitz, Félix Grosser, s‟avisa que les lettres du ‘carré’ pouvaient être disposées sous la forme des paroles Pater Noster entrecroisées et entourées des lettres alpha et oméga. Plusieurs découvertes archéologiques montrèrent alors que ce mystérieux palindrome anagrammatique se retrouvait en divers lieux du bassin méditerranéen, était dessiné sur une Bible carolingienne et même gravé sur le mur d’églises romanes. Il s‟agit donc d‟un cryptogramme chrétien dont le sens n‟est pas encore entièrement éclairci, mais qui nous invite à disposer en forme de croix les lettres du Nom divin révélé. À partir de là s‟ouvre une relecture des sept demandes de la Prière du Seigneur complétant l‟étude que l‟auteur a déjà donnée dans Le Cep n°40.

 

Quand on se penche, pour l‟étudier de près, sur le

mystérieux ‘carré‟ dit „magique‟, composé de 5 x 5 lettres formant quatre mots latins et un hapax[30] à l’étymologie énigmatique (j’y reviendrai) :

S A T O R

A R E P O

T E N E T

O P E R A

R O T A S

 

il faut avoir présent à l’esprit différentes dates qui aident à

mieux en saisir l’importance :

  • 1868: découverte d’un ‘carré’ incisé à la pointe dans les plâtras d’une villa romaine, datée du IIIème siècle de l’ère chrétienne, à Cirencester (du latin ‘castrum’ – ou ville retranchée – et de ‘Corinium’, nom d’homme) dans l’actuel Gloucestershire en Angleterre, découverte rendue publique en 1903.
  • 1925: Matteo Della Corte (1875-1962), archéologue italien, trouve un ‘carré’ dans les vestiges de l’humble demeure d’un certain Paquius Proculus, à Pompéi, cette ville déjà partiellement détruite par le tremblement de terre de 62 ap. J-C, puis entièrement engloutie sous les cendres et la lave de l‟éruption du Vésuve en août 79.
  • 1926: Félix Grosser, pasteur évangéliste allemand de Chemnitz en Saxe, s’avise de ce que les vingt-cinq lettres du ‘carré’ (4 A, 4 E, 1 seul N, 4 O, 2 P, 4 R, 2 S et 4 T ) peuvent former – à condition que le N soit commun – l’anagramme[31] latine « PATER NOSTER » redoublée, c‟est-à-dire les deux premiers mots de la seule prière enseignée par Jésus à ses disciples, anagramme qu‟il a l‟idée géniale de disposer en croix autour du N central, plaçant les deux A et les deux O ( où il lit le symbolisme des lettres grecques α alpha et ω oméga , en référence à Ap 1, 8, 21, 6 et 22, 13) aux quatre extrémités, de façon à obtenir cette figure:

A

P A T

E

R

A P A T E R N O S T E R O

O S T

E

R

O * 1930-35: Guillaume de Jerphanion (1877-1948), jésuite français archéologue et byzantiniste, publie La voix des monuments (Éd.

d’Art & d’Histoire), puis un article sur „La formule magique Sator arepo…‟ en Recherches de Science Religieuse (25, pp.188-225). * 1932-34: une mission américaine de la prestigieuse Université Yale, explorant le site archéologique de Doura-Europos en Syrie, y met au jour quatre exemplaires du ‘carré’ gravés sur des ruines chrétiennes du III ème siècle.

  • 1936: en novembre, M. Della Corte repère un nouveau ‘carré’ gravé sur une colonne de la grande Palestre de Pompéi, découverte communiquée en 1937.
  • 1948: Jérôme Carcopino (1881-1970), historien français spécialiste de la Rome antique, publie en première version sa très complète étude sur « Le christianisme secret du carré magique », dans Museum Helveticum.
  • 1955: Szilagyi, archéologue hongrois, trouve dans les fouilles de Budapest une tuile d’Acquincum, datée de 105 ap. J-C, portant gravé le fameux ‘carré’.
  • 1968: Alexis Curvers (1906-1992), écrivain liégeois d’expression française, fait paraître dans la revue Itinéraires une série d’articles sur ‘le carré magique’, en neuf chapitres échelonnés sur toute une année ; publication très importante signalée par Frère André, bibliothécaire bénédictin.

Ainsi, en l’espace d’un siècle, de 1868 à 1968, se mit en place l’essentiel de ce qui, à mon avis, dans l‟état actuel de nos connaissances, constitue le dossier fondamental concernant le carré SATOR. Les quelques pages qu‟un abbé Jean Carmignac (1914-1986) consacrera à ce cryptogramme[32] un an plus tard, dans ses Recherches sur le ‘Notre Père’ ( Paris, Letouzey & Ané,

1969, pp. 446-468 ), viendront confirmer l‟importance d‟une telle étude.

Il existe plusieurs traductions de ce palindrome[33]. Aucune ne semble s‟imposer, car l‟hapax AREPO fait toujours problème.

 

Henri Desaye, conservateur du Musée de Die, dans la Drôme, pense que ce mot fait « allusion à la charrue gauloise qui, à la différence de l‟aratrum classique, pouvait être montée sur roues. Arepo est d‟ailleurs un mot d‟origine celtique. Arpennis :

„un arpent‟ se trouve dans une épitaphe de Die du IIème – IIIème siècle. D‟où l‟hypothèse d‟une origine gallo-romaine du carré. Mais de là à attribuer, comme le fait J. Carcopino, la formule à saint Irénée de Lyon ! » De son côté Pierre Gastal, historien spécialiste des langues celtiques, auteur de Sous le français, le gaulois (Éd. le Sureau, 2003), confirme que le mot arepennis (= arpent), mesure de surface de 12,5 ares, est attesté gaulois par Columelle, » écrivain latin du Ier siècle, mais se refuse à le rapprocher de l‟hapax arepo.

Voici une traduction quasi mot à mot qui fera comprendre que le principal est ailleurs : « Le semeur (SATOR) Arepo (?) conduit (TENET) par son œuvre (OPERA) les roues (ROTAS). » Sous les dehors déconcertants du sens (?) apparent se cache un sens second que le cryptogramme recèle comme un trésor enfermé à double tour : le Notre Père, l‟Alpha-Oméga et la Croix.

Largement diffusé un peu partout dans le monde antique (on en trouve en Syrie, en Éthiopie sur les bords du Nil, en Europe), fréquemment recopié jusqu‟à la Renaissance (rien qu‟en France, ils sont assez nombreux les châteaux et les ouvrages s‟ornant de la mystérieuse grille ), ce carré SATOR ne fut pas ignoré des érudits du Moyen Âge ; ainsi en trouve-t-on un très bel exemplaire dessiné dans une Bible carolingienne datant de 822, un autre illustrant un parchemin du XIIIème siècle, un troisième gravé sur le mur d‟une église romane, etc.

Mais si les médiévaux savaient qu‟ils avaient à faire à un palindrome SATOR-ROTAS, ils repérèrent aussi qu‟il s‟agissait d‟une anagramme de vingt-cinq lettres latines à déchiffrer – s‟escrimant alors à composer qui „Retro, Satana, toto opere asper‟, qui „Oro te, Pater, oro te, Pater, sanas‟, qui encore „Ora, operare, ostenta te, Pastor‟, etc. Cependant aucun d‟entre eux n‟eut l‟inspiration de découvrir le PASTER NOSTER dédoublé ; ou alors, là dessus, le silence fut bien gardé.

 

Seul peut-être, Raban Maur (780-856), ancien disciple d‟Alcuin, devenu moine bénédictin et archevêque de Mayence, laissa-t-il transparaître qu‟il avait deviné quelque chose dans son fascinant De Laudibus Sanctæ Crucis

Ayons bien conscience qu‟après le décodage du PATER NOSTER par le Pasteur Grosser, la découverte d‟un second „carré‟ à Pompéi éclata comme une „bombe‟ dans le milieu des spécialistes de la question, la plupart d‟entre eux, influencés par Renan, niant la possibilité d‟une présence chrétienne à Pompéi avant 79 de notre ère.

La Providence choisit alors un catholique fervent à l‟intelligence déliée et à la plume acérée, je veux parler d‟Alexis Curvers, pour que réponse soit apportée, point par point – en cette célèbre année 68 – à toutes les objections soulevées à ce propos. Oui, il y avait des chrétiens à Pompéi ; oui, ces derniers pouvaient réciter en latin la prière dominicale ; oui, l‟un d‟entre eux a très bien pu graver le carré SATOR comme signe de ralliement secret, allusion discrète à sa foi chrétienne ; oui, ce fameux carré comporte des aspects venant de la Tradition hébraïque, la Qabalah[34], mais précisément les premiers chrétiens – à commencer par les Apôtres S. Pierre et S. Paul morts à Rome – étaient d‟origine juive ; oui, le scandalum crucis ainsi que les persécutions expliquent la crux dissimulata dès le début du christianisme; oui, l‟Église a pu enseigner le sens symbolique de l‟Alpha-Oméga bien avant la mise par écrit (supposée tardive ?) du livre de l‟Apocalypse ! On comprend dès lors pourquoi ceux qui, depuis 1968, pensent pouvoir démontrer que le carré SATOR n‟a rien de spécifiquement chrétien contournent prudemment le rocher Curvers… n‟osant pas se mesurer à lui : trop abrupt, trop coriace.

Paul Veyne, professeur au Collège de France spécialiste de l‟Antiquité romaine, publia en décembre de cette même année 1968, un article intitulé „ Le carré SATOR ou beaucoup de bruit pour rien „.

Le titre annonçait déjà par lui-même la couleur (in Bulletin de l’Association Guillaume Budé, Lettres d’Humanité, t. 27, 4è série, n° 4, pp. 427 à 456). S‟il croit que le carré est réellement un palindrome, il doute en revanche fortement qu‟il soit une anagramme intentionnelle guidée par la foi chrétienne, car les lettres latines qui composent ce carré sont si banales et leurs fréquences respectives si peu anormales qu‟à partir d‟elles on peut composer de nombreuses anagrammes aux sens contradictoires. Dans ce cas, impossible de préférer la „lecture chrétienne‟ du PATER NOSTER. Mais, objectera-t-on, ce carré SATOR n‟a-t-il pas été mis souvent en rapport avec la Croix du Christ ? Qu‟à cela ne tienne ! Notre savant professeur ne voit là aucun apport lumineux sur la question de l‟anagramme : car « cela s’explique tout simplement [sic], comme on sait, par la croix que dessine le palindrome, avec ses quatre T en croix, à des yeux obsédés [sic] de symbolique. » Manière cavalière de ne pas vouloir apercevoir ce qui gêne…En réalité, l‟article de Paul Veyne est une véritable débauche d‟érudition – on y a même droit aux inévitables „singes dactylographes‟- qui pourrait se résumer ainsi : beaucoup d‟érudition pour rien !

L‟ouvrage sur Le carré magique, Le Testament de saint Paul (Cahors, Diffusion Picard), que publia Charles Cartigny en 1984, m‟apparaît en quelque sorte comme une réponse au Pr Veyne. L‟auteur pose d‟emblée un constat page 20: « Ce carré a un intérêt certain ; le fait qu’il ait été soigneusement gravé dans la pierre et sa large diffusion en sont les garants. Il constitue certainement un message dont la clef est peut-être définitivement perdue. Cette dernière opinion m’est apparue comme la plus sage, et je me suis simplement appliqué à chercher cette clef perdue. » Il explique alors qu‟il a découvert successivement dans le carré SATOR, grâce à une originale méthode de lecture :

« 1° L’Existence d’une Parole cachée et codée.

2° Cette Parole est celle que Jésus a écrite sur le Bois (La Croix).

3° Cette Parole doit être reportée et gravée sur la Pierre (Le Carré).

4° La Parole doit conduire à la Porte étroite afin de la franchir.

5° La Parole cachée est confiée au poète.

6° La Mission du poète est de faire éclater et rayonner la

Parole. »

Le décryptage ingénieux de Cartigny ne manque pas d‟intérêt, mais me semble trop touffu et quelque peu sibyllin. Que tirer, par exemple, de ces phrases prises au hasard : « Ô ! reste ainsi, joyau radian, ô ! demeure… » ; « Je m„avance en rampant, Moi, Semeur ou Créateur » ; « file, défile, avance en te glissant à travers les choses résolues. » ? Paraphrasant S. Paul (1 Co 14, 18), je pourrais conclure ainsi : « J‟aime mieux dire cinq paroles avec l‟intelligence que dix mille autres en langue, celle-ci fût-elle latine! » Et puis, chacun sent bien que l‟explication la plus simple est souvent la plus riche de sens.

Nicolas Vinel, étudiant au Centre Philosophies et

Rationalités de l‟Université de Clermont-Ferrand, a publié en 2006 dans la Revue de l’histoire des religions (223 – 2/, pp.173 à 194) un article intitulé „ Le judaïsme caché du carré SATOR de Pompéi „. Il s‟appuie sur l‟hypothèse d‟un cryptogramme juif utilisant l‟arithmétique pythagoricienne, la validant par le déchiffrement du SATOR, qui s‟avérerait à la fois un signe de reconnaissance juif, aux dimensions de l‟autel de bronze d‟Ex 27, et un symbole sotériologique[35], image du serpent de bronze de Nb

21.

Affirmant sans preuve que « les créateurs du SATOR, (qui) ont probablement vécu peu avant l’ère chrétienne », il n‟en conclut pas moins clairement : « En tout cas, le SATOR est une création juive, et celui de la palestre pompéienne est aussi juif ; quant à ceux inscrits à Budapest ( IIème s.), Cirencester ou Doura-Europos ( IIIème s.), rien ne permet de décider si leurs auteurs étaient juifs ou chrétiens, mais on peut penser que le judaïsme aura délaissé très tôt ce cryptogramme en latin, pour les mêmes raisons qu’il a finalement abandonné la version grecque des Septante, devenue la Bible des chrétiens.[36] »

On peut penser différemment en lisant ce qu‟écrit l‟Apôtre en He 9, 12 : « Quand le Christ est entré [comme grandprêtre] une fois pour toutes dans le lieu très saint, il n’a pas offert du sang de boucs ni de veaux ; il a offert son propre sang et a obtenu pour nous le salut éternel. ». La Croix du Golgotha, où coula le sang de l‟Agneau immolé, est le véritable autel des sacrifices. Le Vendredi Saint fut le Jour du Grand Pardon en faveur de toute l‟humanité.

Le Serpent de cuivre rappelle évidemment Jn 3, 14-15 où Jésus explique à Nicodème : « De même que Moïse a élevé le serpent de cuivre sur une perche dans le désert, de même le Fils de l’homme doit être élevé, afin que tout homme qui croit en lui ait la vie éternelle. »

Mais ceux qui se reporteront à la page 184 de l‟article sur „ Le judaïsme caché…‟ vérifieront vite par eux-mêmes qu‟il faut vraiment de la bonne volonté pour arriver à voir le mot latin „SERPENS‟ – reptile terriblement sinueux ! – dans la nouvelle grille de lecture proposée…

Au sujet du N placé au centre du carré, il peut se ‘lire’ comme la lettre hébraïque „noun‟ נון , signifiant „poisson‟ en araméen (Vinel ne veut retenir que le sens de „serpent d‟eau‟, on devine pourquoi). Un Poisson au centre d‟une telle Grille … voilà qui ne peut pas ne pas nous faire souvenir de l‟acronyme grec bien connu : „Icthus‟(„ΙΧΘΥΣ signifiant „poisson‟ en grec), premières lettres de cette formule : „Iésous Christos Théou „Uios Sotèr‟, soit en français „Jésus-Christ Fils de Dieu Sauveur‟ . Comment également ne pas se remémorer cette belle formule de S. Augustin d‟Hippone en son Commentaire de Jn 21, 9 : « Piscis assus, Christus est passus » : « le Poisson rôti, c‟est le Christ mort en croix », puis ressuscité, qui se livre en nourriture à ses sept disciples sous les signe de la Passion rédemptrice.

On dirait que notre divin Sauveur, après sa glorification, veuille que nous ne le rencontrions plus qu‟au travers du sacrement dans lequel il se livre en nourriture aux fidèles et qui en

 

soudain mis de côté au IIème siècle ap. J-C, parce qu‟ il aurait symbolisé par trop prophétiquement Jésus le Messie et sa Croix rédemptrice. Ce serait un bel aveu !

 

perpétue l‟actualisation. L‟évangéliste S. Luc précise d‟ailleurs que le Ressuscité mangea lui-même du poisson grillé (Lc 24, 42)…Peut-être faut-il voir un clin d‟œil spirituel de nos ancêtres du Moyen Âge dans le fait qu‟ un carré SATOR se trouve gravé sur une des pierres de la chapelle romane Saint-Laurent, à Rochemaure en Ardèche, lorsqu‟on apprend par la Légende dorée que S. Laurent, diacre martyr à Rome au IIIème siècle, fut condamné à mourir à petit feu allongé sur un gril. « C‟est bien assez grillé de ce côté, tu peux me retourner ! » aurait-il dit, plein d‟humour et de courage, à son bourreau.

Pour être précis, il faudrait signaler que dans l‟alephbeth hébreu la lettre נ noun, N, est la 14ème, au milieu exact des 27 signes lettriques : soit de א aleph =1 à ת taw =22, plus les 5 lettres finales = de 23 à 27. Ce fait permet d’accorder au N la valeur numérique 14. Un passage scripturaire, aussi simple qu‟étonnant – ce qui donne une idée de l‟intelligence et de la finesse de l‟Auteur de la Bible -, le confirme. En Nb 14, 34, Y H W H décide de punir les fils d‟Israël: « Il vous a fallu quarante jours pour explorer le pays ; eh bien, ce sera pendant quarante ans que vous subirez les conséquences de vos péchés ! À chaque jour correspondra une année. Ainsi vous saurez ce qu‟il en coûte de s‟opposer à Moi. » Les mots pour „jour‟, en hébreu יום yom, soit Y = 10 + W = 6 + M final = 24 , et „année‟, en hébreu שנה shanah , soit Sh = 21 + N = 14 + H = 5, ont tous les deux, curieusement, la même valeur numérique 40[37].

Que le N trône au centre du carré SATOR, comme il est au milieu de l’alephbeth hébreu, jette un éclairage nouveau sur notre grille de lecture, une fois éliminées les lettres autres que les 4 A, les 4 O et les 4 T autour du N central.

L‟ensemble suggère le cercle de l‟éternité (Alpha et Oméga) frappé de la croix terrestre (les 4 T).

 

A T O

A O

T N T

O A O T A

 

Et relevons bien que chacun des T est entouré par A et O, à lire dans le sens des directions cardinales : Alpha + Oméga

. La Croix du Christ, plantée au cœur de nos vies, dressée au mitan des siècles, domine la ‘roue’ de l’Histoire. Dans l‟art chrétien primitif, il n‟est pas rare de voir, écrites sous les bras de la Croix, les lettres grecques α et ω. On en comprend désormais le symbolisme, lequel se retrouvera plus tard sur le cierge pascal.

Une telle signification se cacherait aussi dans l‟ énigmatique „ANO‟ gravé directement sous le carré SATOR de la palestre pompéienne ; le Noun, ce Poisson christique, y apparaît comme le Médiateur au cœur des temps, entre l‟Alpha et l‟Oméga, entre le début et la fin de toutes choses.

Il n‟est pas jusqu‟à ces sept lettres „SAUTRAN‟, ajoutées juste au dessous d‟ ANO, qui ne prennent désormais un singulier relief. Nicolas Vinel explique savamment, dans son article page 192, que « sous la forme d’infinitif absolu SATOR [de la racine verbale hébraïque ס ת ר ‘str’ signifiant ‘cacher, protéger’ ], SAUTRA N est vraisemblablement une prière de forme str + nom divin : ‘ Cache-moi, Y H W H.’ »

Pour ma part, j‟y verrais plutôt le rappel de la „discipline

9 de l‟arcane‟ chère aux premiers chrétiens.

 

9

« La „discipline de l‟arcane‟, i-e l‟obligation de tenir secrets certains enseignements, a existé dans l‟Église, au moins jusqu‟au Vème siècle. Sait-on – chose étonnante et qui devrait nous faire réfléchir – qu‟à l‟époque de S. Ambroise [340-397] et selon la recommandation même du saint évêque de Milan, il était interdit de mettre par écrit le Symbole des Apôtres, qui donc ne se transmettait qu‟oralement, et qu‟il ne pouvait être récité devant des profanes ? (Explanatio Symboli, n° 9 ; Sources chrétiennes n° 25 bis, pp. 5759). Mais nous n‟avons plus guère conscience, aujourd‟hui, du caractère

Je traduirais : « SAUTRA N » ainsi = Cache le Poisson! » Paradoxale logique de notre Dieu qui aime rester caché tout en se révélant ! Mais n‟est-ce pas justement de cette manière que le Verbe incarné vécut, puis mourut sur le bois un 14 nissan sous la figure du Serviteur souffrant ?

 

Page 182, Nicolas Vinel n‟avait pas manqué de mentionner que le T latin correspond à la 22ème lettre hébraïque, le taw, qui est précisément ce signe que Dieu, en Ez 9, 4, ordonna d‟inscrire sur le front des justes destinés à être sauvés de la mort10 . Mais il oublie de préciser qu‟une telle lettre avait primitivement la forme d‟une croix et qu‟elle permettait de symboliser, d‟après la Tradition, le Nom même de Y H W H, comme nous l‟explique admirablement Liliane Vezin en son ouvrage intitulé Beauté du Christ dans l’art ( Paris, Mame, 1997, p. 24 ).

 

Voilà qui nous ramène au Nom propre de Dieu י הוהpouvant se lire trinitairement :

 

Y = י yod, lettre symbolisant le Père ;

H = ה hé, lettre symbolisant l’Esprit du Père ; W = וwaw, lettre symbolisant le Fils ;

H = ה hé, lettre symbolisant cette fois l’Esprit du Fils.

 

Donnons-en le schéma cruciforme :

 

 

vraiment prodigieux des enseignements qu‟il révèle » note Jean Borella en son dernier livre intitulé Problèmes de gnose, Paris, l‟Harmattan, 2007, p. 22.

10 Repris en Ap 7, 3-4 et 9, 4 : « „Ne faites pas de mal…jusqu‟à ce que nous ayons marqué d‟un sceau le front des serviteurs de notre Dieu. „ On m‟indiqua alors le nombre de ceux qui furent marqués au front du sceau de Dieu. » Le Zohar – l‟un des ouvrages majeurs de la Kabbale juive – croit que ce signe taw d‟Ez 9, 4 équivaut à un arrêt de mort pour tous ceux qui le portent…

 

 

Y

 

 

H Sh H

 

 

W

 

 

Au centre de la croisée se place la lettre shin, Sh, symbole de la nature humaine que le Fils, conçu du Saint-Esprit, né de la Vierge Marie, a revêtue en s‟incarnant. On obtient ainsi le „Nom nouveau‟ Y H Sh W H – à nouvelle mission, Nom nouveau – annoncé par le Ressuscité lui-même dans l‟Apocalypse (3, 12).

 

C‟est ce Nom nouveau aux deux HH dédoublés (cf. Le Cep n° 40, p.83) qui paraît structurer la Prière enseignée par Jésus, telle que la transmet l‟évangéliste S. Matthieu (6, 9 à 13) avec ses sept demandes caractéristiques. Disposé suivant la croisée, le Nom de gloire Y H Sh W H unit, dès lors, l‟oraison dominicale à la Croix, comme s‟il convenait d‟écarter les bras – à la manière du célébrant dans la liturgie gallicane – pour réciter le Notre Père… Marthe Robin (1902 – 1981), la stigmatisée de la Drôme qui tenta de traduire les visions et les expériences mystiques dont elle fut gratifiée durant de longues années, a noté que lors de la Préparation de la Pâque Jésus « pria plusieurs fois les bras en croix, les yeux fixés au ciel… » (cf. Les Cahiers de Marthe Robin, n° 1, 2008, p.130, numéro aimablement offert par la bibliothécaire du Foyer de Charité de Châteauneuf-de-Galaure).

 

 

Développons donc notre commentaire du Pater noster en suivant cette ordonnance :

 

 

Y

Nom à sanctifier

 

 

Règne Mal

H Sh H

Volonté Pain Tentation

 

 

 

W

Pardon des offenses

 

 

Y* Notre Père qui es aux cieux, que ton Nom soit sanctifié.

 

Comme le font remarquer les spécialistes en communication, « toute prise de parole a un début, un développement et une fin. Mais si elle n’a pas de début, elle n’aura ni développement ni fin. Toute parole est ainsi contenue d’une certaine façon, dans son début, l’exorde. » (cf. Philippe Breton, Convaincre sans manipuler, Paris, la Découverte, 2008, p.110).

Il en est ainsi pour la première demande du Pater, laquelle contient en germe toutes les autres qui déroulent les lettres du Nom de gloire Y H Sh W H aux deux HH dédoublés. Le grandprêtre juif, lors du Yom Kippour, portait sur le front une lame d‟or où étaient gravées huit lettres hébraïques שדק ל ה י ה ו „Q D Sh L Y H W H‟ : „Saint pour Y H W H „. Ponce Pilate ordonna de faire un écriteau portant cette inscription en hébreu, en latin et en grec – soit les trois langues que l‟on peut „lire‟ dans le carré SATOR – : « Jésus de Nazareth, le roi des juifs », et de le clouer audessus de la tête du Christ couronné d‟épines. Notre Seigneur est bien le Chef de toutes les nations, de tous les peuples, de chacune de nos pauvres personnes, étant le Créateur de cet univers qu‟emplit la gloire de son Nom trois fois Saint.

H * que ton Règne vienne.

Le malfaiteur crucifié à main droite du Seigneur lui dit: « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras comme roi. » Croyant israélite, il devait probablement avoir eu hâte de voir régner la Maison de David. Nous avons appris, de la bouche du Logos Lui-même, que le Royaume divin n’est pas de ce monde terrestre, puisqu’il est spirituel, célestiel, éternel.

 

* que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.

Le bon larron avait lancé à son compagnon d’infortune situé à la gauche de Jésus: « Ne crains-tu pas Dieu, toi qui subis la même punition? Pour nous, cette punition est juste, car nous recevons ce que nous avons mérité par nos actes; mais lui n’a rien fait de mal! » (Lc 23, 40-41). Il acceptait par là même, humblement, que la justice humaine puisse imposer ici-bas un châtiment proportionné. Et quand il entendit cette réponse: « Je te le déclare en vérité: aujourd’hui tu seras avec moi en paradis » (Lc 23, 43), comment put-il douter de la réalisation d’une telle parole qui apparaissait comme l’une de dernières volontés du Christ, mourant, crucifié à ses côtés ?

 

Sh * donne-nous chaque jour notre pain quotidien.

 

Au centre de la croisée se place la lettre shin représentant la nature humaine revêtue par le Fils. Tertullien a cette formule inoubliable : « Caro salutis est cardo » : « la chair est le pivot du Salut. » Centre charnel, concret, magnifiquement symbolisé par le cœur. « Quand ils (les soldats) arrivèrent à Jésus, écrit S. Jean, ils virent qu’il était déjà mort (…). Mais l‟un des soldats lui perça le côté avec sa lance. » (Jn 19, 33-34). Le miracle eucharistique de Lanciano, qui survint en Italie au IXème siècle, est très éclairant à ce sujet. Sous les yeux d‟un moine incrédule, le pain déposé sur l‟autel se transforma en chair et le vin du calice devint du sang; l’analyse scientifique réalisée en 1970 a révélé que cette chair, mystérieusement conservée au cours des siècles, est du tissu musculaire strié du myocarde. « Voici ce Cœur qui a tant aimé les hommes! » déclara le Seigneur qui apparut à Ste MargueriteMarie, à Paray-le-Monial en 1675.

W * pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons nous-mêmes à ceux qui nous ont offensés.

S. Jean, en son chapitre 13, ne décrit pas le déroulement du « repas du soir » que Jésus prit avec les disciples avant sa Passion. Il rapporte, au contraire, comment le divin Maître lava les pieds de ses Apôtres, au grand scandale de Simon-Pierre. Benoît XVI, lors du Jeudi Saint 2008, a bien expliqué le sens profond de ce geste surprenant: « Nous avons besoin de ce ‘lavement des pieds’, de ce lavement des péchés quotidiens, et pour cela nous avons besoin de la confession des péchés (…). Nous avons besoin de la confession sous la forme du sacrement de la réconciliation. Par ce sacrement, le Seigneur lave toujours à nouveau nos pieds sales afin que nous puissions nous asseoir à table avec Lui (…) Nous devons nous laver les pieds les uns les autres dans le service quotidien et réciproque de l’amour. »

 

H * et ne nous fais pas entrer en tentation.

Le malfaiteur crucifié à main gauche de Jésus « l’insultait en disant :’N’es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même et sauvenous!’ » (Lc 23, 19). Voilà bien la constante tentation de mettre Dieu à l’épreuve, tentation à laquelle n’échappèrent point les fils d‟Israël au désert, ainsi que le rappelle le Psaume 78, 17-18: « Ils s’opposèrent au Dieu Très-Haut. Ils osèrent mettre Dieu au défi! » Et Jésus lui-même, avant le début de sa vie publique, répondit au Tentateur: « L’Écriture déclare: ‘Ne mets pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu.’ » (Lc 4, 12). Le mauvais larron, inspiré par l’Esprit du Mal, est tombé dans le piège infernal : insulter, tenter le Seigneur! À pareil pécheur, Jésus ne répondit pas un mot, pas un seul mot de condamnation, remarquons-le bien. Il y a donc place pour l‟Amour miséricordieux qui pourrait murmurer « Père, pardonne-lui, il ne sait pas ce qu‟il dit ! »… « Entre le pont et l’eau » disait le saint Curé d’Ars.

 

* mais délivre-nous du Mal.

C’est le moment de nous souvenir que le 13 mai 1917, à Fatima, la Vierge Marie demanda d’ajouter, à la fin de la récitation de chaque dizaine de la prière du chapelet, cette supplique :

« Ô mon Jésus! pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer et conduisez au Ciel toutes les âmes, spécialement celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde. » Comment nier que le mauvais larron fasse partie de ces dernières ? Lorsque fut mondialement connu le blason épiscopal – devenu armoiries papales – de Jean-Paul II, en 1978, les spécialistes ès sciences héraldiques furent étonnés de constater que le bras senestre de la croix d’or, bras sous lequel est dessiné le « M » marial, était plus long que le bras dextre. On peut mieux saisir désormais, par le biais de ce simple détail, l’importance que ce pape attacha à la présence de la divine Miséricorde, et de Marie ‘Mère de Miséricorde’, dans notre monde submergé par la violente culture de mort. Dieu préfère sa Main gauche, le Seigneur allonge son Bras gauche en vue d’en faire un rempart, un bouclier capable de nous libérer de l‟emprise du Malin.

 

D’une certaine manière, les trois croix sont donc indissociables. Nos frères orthodoxes ont d‟ailleurs coutume de symboliser les deux malfaiteurs par une planchette clouée sous les pieds du Christ en croix, planchette disposée volontairement de guingois, c‟est-à-dire plus haute – en direction du paradis – du côté droit du Crucifié ( place du bon larron ) que du côté gauche

(place du mauvais larron ) – en direction de l‟enfer. En France, les magnifiques calvaires bretons par exemple – tel celui de Plougastel-Daoulas dans le Finistère – sont là pour nous rappeler pareille „leçon‟ : gardons en mémoire les trois arbres dressés sur le Lieu du Crâne.

Une tradition rapporte que lorsque Ste Hélène, la mère de l’Empereur Constantin, entreprit la recherche des reliques du Christ à Jérusalem, en 326, elle fut peinée, car les croix des deux brigands étaient mêlées avec celle du Seigneur qui fut crucifié au milieu d’eux sur le Golgotha; impossible de reconnaître le bois ayant porté Jésus de Nazareth ! Il fallut rien moins qu‟une guérison miraculeuse, sur l‟initiative de S. Macaire, pour ‘inventer’ la vraie Croix, ce trône royal du „Seigneur de la gloire‟ comme l‟écrit S. Paul (1 Co 2, 8). Mais qui est donc ce Roi de gloire ?

 

 

« Alors la mère des fils de Zébédée s’approcha de Jésus avec ses fils; elle s’inclina devant lui pour lui demander une faveur.

  • Que désires-tu? lui dit Jésus.

Elle lui répondit:

  • Promets-moi que mes deux fils que voici seront assis l’un à ta droite et l’autre à ta gauche quand tu seras roi.
  • Vous ne savez pas ce que vous demandez, répondit Jésus.

Pouvez-vous boire la coupe de douleur que je vais boire ?

  • Nous le pouvons, lui répondirent-ils.
  • Vous boirez en effet ma coupe, leur dit Jésus. Mais ce n’est pas à moi de décider qui sera à ma droite et à ma gauche; ces places sont à ceux pour qui mon Père les a préparées. » (Mt 20, 2024)

 

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Une date à retenir : 18-19 octobre 2008.

Colloque du CEP à Orsay :

Le véritable développement durable

 

Conférences :

  • Dominique Tassot (Entre le Logos et la déesse Gaïa :

l’écologie à la croisée des chemins) ;

  • Philippe Bourcier de Carbon (Le Catoplépas va-t-il triompher

au XXIème siècle ?) ;

  • Mme Dominique Florian (Le défi alimentaire :

du sol à l’assiette) ;

  • Pierre-Olivier Combelles (Le Pérou face au développement durable) ;
  • Claude Éon (Point de salut sans réforme monétaire) ;
  • Michel Tougne (Rendre l’homme à sa vocation) ;
  • Claude Rousseau (Les conditions d’existence d’une société

durable) ;

  • Benoît Neiss (L’Art au cœur du développement humain).

 

 

REGARD SUR LA CRÉATION

« Car, depuis la création du monde, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’œil nu quand on Le considère dans ses ouvrages. » (Romains 1, 20)

 

 

Les écureuils ! Tom Hennigan

 

Présentation : L‟agilité et la gracilité des écureuils en ont fait de tous temps un animal fascinant ; on en trouve même qui volent en louvoyant entre les branches des arbres avec leurs queues.

L‟hibernation des écureuils terrestres n‟est pas un phénomène moins remarquable : la température interne peut descendre au voisinage de zéro degré ! et même, pour l‟écureuil arctique qui ne peut creuser son terrier en profondeur à cause du sol gelé en permanence (permafrost), on a relevé des températures du corps inférieures à zéro, sans respiration ni battement du cœur décelables ! Tout ceci est réglé et chronométré si finement qu‟il est impossible de ne pas reconnaître une intention organisatrice synchronisant les êtres vivants et leur environnement.

 

 

En suivant le sentier d‟une forêt feuillue, mes élèves et moi-même nous arrêtâmes pour admirer un arbre particulièrement grand. Ce qui se produisit alors laissa les élèves pantois. Un petit écureuil volant aux yeux exorbités (Glaucomys volans) jeta un coup d’œil inquiet de l’un des creux de l’arbre et se mit à grimper jusqu’au faîte. D’une puissante poussée de ses pattes il se lança dans l’espace. Planant dans l’air, il vola environ 10 mètres, utilisant sa queue comme gouvernail, louvoyant pour manœuvrer autour des branches. Ses coussinets plantaires charnus amortirent l‟impact et ses griffes pointues lui permirent de grimper à l’arbre.[38] Puis, aussi soudainement qu’il était apparu, le voilà reparti !

 

Les écureuils volants forment un petit groupe dans la famille des écureuils. L’écureuil fait partie de la famille des sciuridés qui comprend environ 21 genres et 117 espèces.[39] Les trois principaux groupes d’écureuils comprennent les écureuils volants, les arboricoles et les terrestre. On les trouve dans de nombreuses régions du monde, sauf en Australie, à Madagascar, dans les régions polaires et en Amérique du sud. Écologiquement, ils sont une source importante de nourriture pour d’autres animaux et certains peuvent contribuer à la régénération des forêts et à la dispersion des spores fongiques qui sont bénéficiaires pour la santé de l’écosystème.

 

Origine des écureuils

Les biologistes ont déclaré que les détails de l’origine des écureuils ne sont pas clairs et même difficiles à reconstituer.[40] Le naturalisme philosophique est le paradigme des scientifiques évolutionnistes qui prétendent que les écureuils sont le produit de mutations aléatoires et de la sélection naturelle au cours de longues périodes. Malheureusement, cette conception est affichée et déguisée en science pour un public qui souvent ne réalise pas la base ‘religieuse’ et les implications d’une telle philosophie naturaliste.

Hélas, des chrétiens pensent qu’ils ont à faire à de la « science », sans réaliser qu’en fait il s’agit d’une interprétation des données scientifiques.

Au lieu de supposer que la vie a jailli par un processus accidentel, les chrétiens devraient retenir le témoignage donné par le Créateur Lui-même dans la Genèse, et construire leur investigation scientifique en présupposant que la vie procède d‟une Intelligence, a donc un sens , et que les différentes espèces vivantes furent conçues pour se reproduire d’après leur espèce.

 

Ainsi, toutes les créatures aujourd’hui vivantes descendent

–elles des espèces ou types créés à l‟origine.

Alors, toutes les espèces d’écureuils d’aujourd’hui sontelles membres de la même espèce originelle ? Une méthode pour décider si des espèces sont liées – c’est-à-dire si elles appartiennent au même genre – consiste à noter leur aptitude à l’hybridation.4 Des hybrides ont été obtenus pour l’écureuil gris de l’Est (Sciurus carolinensus), originaire de l’Est des États-Unis et du Canada, et pour l’écureuil rouge (Sciurus vulgaris) d’Europe et d’Asie.5

Ceci laisse penser que, bien qu’ils aient été classés comme deux espèces différentes, trouvés dans des parties différentes du monde, ils descendent en réalité de la même espèce créée initialement. Différentes espèces d’écureuils de terre du genre Spermophilus sont également capables d’hybridation, suggérant qu’eux aussi descendent d’un ou plusieurs couples de l’espèce initiale.6 Comment exactement les écureuils volants, arboricoles et de terre se sont diversifiés et combien de paires originelles furent créées, on l’ignore.

Les preuves fossiles des premières créatures ressemblant à des écureuils arboricoles sont maigres et basées sur des dents. Elles comprennent des fossiles ressemblant à des écureuils arboricoles déterrés en France (Sciurus dubious) et des spécimens du genre Protosciurus découverts en Amérique du Nord.² Ces témoins suggèrent qu’il s’agit d’écureuils complètement formés et similaires aux écureuils arboricoles modernes. Les interprétations sur la manière dont les populations actuelles d’écureuils se sont diversifiées à partir des créatures qui ont laissé ces restes fossiles sont compatibles avec les vues des biologistes tant créationnistes qu’évolutionnistes.

 

4 Batten, D., Ligers and wholphins – what next? Creation 22 (3):28-33, 2000. 5 Gray, A.P., Mammalian Hybrids, Commonwealth Agricultural Bureaux,

1972; www.bryancore.org/cgi-bin/hdb.pl?field=Genus&query=sciurus 6 Cothran, E.G. and Honeycutt, R.L., Chromosomal differentiation of hybridizing ground squirrels (Spermophilus mexicanus and S. tridecemlineatus) Journal of Mammalogy 65(1):118-122, 1984.

Cependant, seule la vision biblique du monde s‟avère cohérente avec les particularités étonnantes et mystérieusement complexes de l’écureuil.

 

L’écureuil arboricole.

Les écureuils arboricoles sont les acrobates aériens du clan. Leurs os sont légers et leurs pattes arrière, longues et puissantes, favorisent vitesse et ascension. Beaucoup ont également différents jeux de poils sensibles qu’ils utilisent pour s’orienter : situés sur la tête, sous le ventre et à la base de la queue.²

De nombreuses espèces construisent un nid, composé d’une structure de brindilles et d’une couche complexe de feuilles, entrelacées et entretissées afin de produire un abri étanche et bien isolé.

Leur queue touffue leur permet de se tenir en équilibre, mais elle sert aussi à la régulation de la température du corps. Ils peuvent s’en envelopper et certains possèdent un système compliqué de veines et d’artères destiné à réduire la perte de chaleur et à conserver l’énergie. Ce système est un échangeur de chaleur à contre-courant, modèle d’ingénierie bien connu, souvent trouvé dans la nature. Les veines et les artères se resserrent pour intercepter la chaleur allant vers la queue, maintenant la température de celle-ci beaucoup plus basse que celle du corps tout en augmentant la chaleur du sang retournant au cœur.[41]

 

Écureuils de terre.

Les écureuils de terre comprennent les marmottes et les tamias. Parmi les nombreux traits qui les différencient se trouve leur programmation génétique pour la survie sous la chaleur ou le froid extrêmes. Par exemple, l’écureuil du Cap (Xerus inauris) utilise sa queue comme un parasol pour réguler la chaleur dans les régions chaudes de l’Afrique du Sud.

Ceci lui permet de réduire de 5° la température de son corps, ce qui lui donne la possibilité d’allonger de quatre heures son activité nourricière.[42]

 

Hibernation.

Dans des conditions de froid extrême, les écureuils de terre peuvent se mettre en hibernation. Selon les individus, ils sont en activité soit le jour soit la nuit, choisissant ces périodes pour fourrager et stocker la nourriture. Une horloge interne leur dit quand se réveiller ou quand dormir. Cette horloge circadienne est réglée d’après certains processus du corps qui se répètent en un cycle de 24 heures. Le système leur permet de distinguer le jour de la nuit et l’horloge peut être remontée par des signaux environnementaux. Les horloges circadiennes existent chez beaucoup d’autres créatures, humains compris.[43]

La capacité d’hiberner demande aussi que les écureuils détectent les changements de saison et sachent quand, combien et pour quelle durée amasser la nourriture. La seule façon d’y parvenir est d’avoir un calendrier interne (calendrier « circannuel »).

La marmotte d’Amérique (Marmota monax) se nourrit

(principalement d’herbe) pendant le printemps et l’été. Mais, à la fin de l’été son calendrier interne entre en action et alors elle « s’empiffre », accumulant la graisse qui sera sa source d’énergie pour l’hiver suivant. C‟est ce calendrier qui décide quand le corps de l‟écureuil s’arrêtera pour la saison et quand il devra repartir.

Lorsque le froid arrive, l’écureuil se dirige vers son lieu d’inactivité, son hibernaculum. Là, des processus corporels compliqués et minutieusement réglés se produisent et provoquent un arrêt presque complet du métabolisme corporel. Pour beaucoup d’écureuils la température du corps plonge alors de 37° à près de 0°.

 

 

Le champion de la famille.

Le champion de l’hibernation dans la famille est l‟écureuil de terre arctique (Spermophilus parryi), habitant la toundra nordique. À cause du froid extrême, le permafrost ou sol gelé en permanence, n’est qu’à quelques centimètres de la surface. Le permafrost empêche l’écureuil de creuser très profondément et l’oblige à hiberner dans un sol en-dessous de la température du gel, jusqu’à –15° éventuellement. On a relevé des températures du corps de –2 à –3°, respiration et battements du cœur indécelables, activité cérébrale nulle avec seulement un filet de sang irriguant le cerveau.[44] Comment sont-ils capables de survivre reste un mystère. Si ces animaux étaient des êtres humains on les déclarerait morts.

Les écureuils de terre ne dorment pas tout le temps, mais se réveillent périodiquement. Il leur faut à peu près un jour pour atteindre leur température d’activité de 37°, et un autre jour encore pour revenir à leur état de quasi-mort. Ils peuvent le faire une douzaine de fois et personne ne sait pourquoi ils le font, parce que, au total, cela peut consommer la moitié de leur réserve d’énergie pour l’hiver.9 Curieusement, tandis que la température de leur corps augmente, les animaux en captivité adoptent le mouvement oculaire rapide du sommeil. Le réchauffement leur permet-il de lutter contre la privation de sommeil ?

Une victime d’apoplexie subit un dommage au cerveau dû au manque d’oxygène et à l’arrivée de glucose. Cependant, le cerveau de l’écureuil, lui, peut s’arrêter sans dommages. L‟animal se réchauffe-il pour s‟oxygéner le cerveau ?10 Si un être humain reste inactif pendant de longues périodes, sa densité osseuse et sa masse musculaire diminuent. De façon surprenante, cela n’est pas un problème pour les écureuils endormis.

À propos de ces graciles petits animaux, tout : leur origine, leurs aptitudes au sommet des arbres et au sol, leur capacité d’habiter des endroits de froid et de chaleur extrêmes, évoque la Création et non pas une hypothétique évolution sur des

éternités. (Source: Creation Ministries International , Creation Vol 30 N°2

March-May 2008 pp. 28-31, traduction Claude Éon)

COURRIER DES LECTEURS

 

De Madame I.D. (Paris)

Je vois que plusieurs de vos lecteurs ont fait des remarques sur l’article (très intéressant) du Pr Maciej Giertych: » Guerre des civilisations en Europe. »Je me permets de vous signaler quelques points qui me semblent erronés:

  1. Il est dommage que le Pr ne précise pas l’époque où Gengis Khan a vécu :entre 1162 et 1227 après Jésus-Christ. Sa description de la société mongole d’alors peut être exacte, mais elle ignore la civilisation touranienne qui était l’œuvre des peuples Avar, Sabir, Hun, Dace et As (Ouz), 3000 ans auparavant! Il n’y a pas un seul trait commun entre les deux règnes ! Les Mongols (nous, les Hongrois, en avons eu l’expérience en 1241!) pratiquaient la politique de tout détruire devant eux et aussi derrière eux. On peut dire, en effet, qu’après leur passage il ne restait pas un seul brin d’herbe. Cette attitude, dans l’imaginaire et dans la mémoire des peuples occidentaux est attachée à la personne du roi hun, Attila, qui n’était pas mongol. La vérité est que ce grand conquérant, si un peuple vaincu payait les impôts qu’il lui imposait, laissait la vie sauve à la population, l’usage de sa langue, laissait intacte l’organisation de la société. Certes, il leur imposait le service militaire mais désormais ce peuple, faisant partie de l’Empire, était protégé par les Huns des ennemis extérieurs.
  2. Si j’accepte la définition de la civilisation que le Professeur donne, je conteste sa définition de la culture. (« La culture est l’adaptation de ce mode [organisation de la vie commune] à une communauté spécifique ».) Si une civilisation se reconnaît par des règles de « bienséance », de « bonne manière »,

obligatoires, j’adopte la définition d’après laquelle la culture est la somme des connaissances et expériences qu’un individu acquiert tout au long de sa vie au prix d’efforts personnels et qui enrichit sa personnalité. De ce fait la culture n’est pas imposable, ne peut pas être obligatoire, mais seulement souhaitable. ________________________________ De Monsieur M.L. (Versailles)

 

Permettez-moi de réagir à propos de l’article de Wolfang Smith (La peste du scientisme, Le Cep n° 43), car il illustre à merveille la stratégie utilisée dès l’origine contre Descartes, et souvent reprise : « Ils me font dire une chose à laquelle je n‟ai jamais pensé, afin, par après de la réfuter », écrit Descartes à Mydorge (1er mars 1638). Croyez que ces réflexions sont le reflet de l’intérêt que je prends toujours à lire votre revue. W. Smith assimile d’abord le mécanisme, à ce qu’il appelle « l’axiome du déterminisme physique ». Or le mécanisme de

Descartes n’est pas déterministe : pour lui, et contrairement à ses successeurs, comme Newton, la cause efficiente ne doit pas précéder en temps son effet « …au contraire, à proprement parler, elle n‟a point le nom ni la nature de cause efficiente sinon lorsqu‟elle produit son effet, et partant, elle n‟est point devant lui. » (Descartes – Méditations, 1ère réponse). La physique de Descartes est géométrique, c’est-à-dire dans l’instant ; et le principe de conservation de la quantité de mouvement est valable seulement dans l’instant (Le Monde ou Traité de la Lumière – VII), même si le mouvement se déroule dans le temps.

Sur ce point, la physique de Descartes est compatible avec l’indéterminisme de la théorie quantique. Mieux, Newton compare la lumière à des corpuscules, Huygens la compare à une onde ; et le débat va durer jusqu’à ce que Louis de Broglie montre le double aspect corpusculaire et ondulatoire de la lumière. Or Descartes avait compris d’emblée qu’une seule comparaison ne saurait expliquer toutes les propriétés de la lumière. Pour sa part, il use de trois comparaisons (cf. La Dioptrique). Dans le cas de la diffraction il se sert de corpuscules animés d’une vitesse finie, et dont le tournoiement explique les couleurs ; dans l’expérience des deux trous dans une cuve, sa comparaison permet de comprendre la transmission instantanée de la lumière sans transport de matière. Et il faut reconnaître que la physique moderne est confrontée à des phénomènes qu’elle ne saurait expliquer sans transmission instantanée (comme le paradoxe EPR, ou l’expérience d’Aspect).

« J‟ai dû me servir de boules sensibles pour expliquer leur tournoiement, plutôt que des parties de la matière subtile qui sont insensibles, afin de soumettre mes raisons à l‟examen des sens, ainsi que je tâche toujours de faire. […] Je ne compare que des mouvements à d‟autres mouvements, ou des figures à d‟autres figures etc., c’est-à-dire, que des choses qui à cause de leur petitesse ne peuvent tomber sous nos sens à d‟autres qui y tombent, et qui d‟ailleurs ne diffèrent pas davantage d‟elles qu‟un grand cercle diffère d‟un petit cercle… », écrit Descartes à Morin (12 sept. 1638).

Profondément différente est l’approche de Newton, qui remplace la matière étendue réelle par des « points matériels » sans étendue, entre lesquels il est plus facile d’écrire des équations. Cela, Descartes, pourtant mathématicien hors pair, s’y était refusé. Les « points matériels », entités mathématiques insensibles et abstraites, ont coupé la physique du réel. Cette approche, séduisante au premier abord, car « cela marche » pour calculer (mais non pour expliquer) certains phénomènes, comme la pesanteur, a rapidement trouvé ses limites, et conduit la physique dans des complications inextricables, telle la théorie de la relativité et son impossible accord avec la mécanique quantique.

N’est-il pas plutôt ici, le « réductionnisme de la physique » ? W. Smith le situe ailleurs : « Selon cette façon de voir, la pomme rouge que nous voyons existe d‟une manière ou d‟une autre dans notre esprit ou conscience ; c‟est une image subjective, un fantasme que l‟humanité a depuis toujours pris, par erreur, pour un objet extérieur. C‟est ce que pensait René

Descartes… »

Dommage que W. Smith ne précise pas où il a trouvé cette supposée « pensée » de Descartes. Car Descartes écrit au contraire : « Il me suffit de répondre que les corps lumineux ont en eux tout ce pourquoi on les nomme lumineux, c’est-à-dire tout ce qu‟ils doivent avoir pour nous faire sentir la lumière, avant qu‟ils nous la fassent sentir ; et qu‟ils ne laisseraient pas d‟avoir en eux la même chose, encore qu‟il n‟y eût point d‟animal au monde qui eût des yeux. » (À Morin – 12 sept. 1638).

Mais W. Smith ne connaît, semble-t-il, Descartes, que par la lecture qu’en fait Whitehead. C’est donc cette « discutable doctrine cartésienne » qu’il va s’attacher à réfuter sous le vocable de « bifurcationnisme » ! On peut le regretter, car le début de son article, fort intéressant, promettait mieux.

Accoler l’épithète « cartésiennes » à toutes les dérives de la science moderne entretient la confusion. Cette mode satisfait tout le monde, car elle nous dispense de chercher plus loin la vraie cause du mal. Or Descartes, au cœur du bouillonnement scientifique du 17ème siècle était bien placé, par la clarté de ses vues, pour en percevoir les dangers, et pour donner les gardefous. « Plus encore qu‟un chef d‟école, Descartes fut un penseur isolé, sans véritable prédécesseur, mais aussi sans fidèle continuateur, un philosophe que son siècle n‟a pas compris » (Alquié), et pourtant toujours actuel.

Pour éclairer ce point, je partirai d’un ouvrage d’Alquié (Études cartésiennes, Paris, Vrin, 1983) :

L’idée que les objets extérieurs n’existent pas, que les sensations sont seulement subjectives, qu’il n’existe que des esprits, cette idée, réfutée à l’avance par Descartes dans ses Méditations, fonde la philosophie de Berkeley ; et l’actuelle philosophie anglo-saxonne est en partie issue de ce courant. Pour Kant, la « chose en soi », c’est-à-dire le réel extérieur à l’esprit, ne peut être connu, et l’existence de Dieu ne peut être prouvée.

Alors, le fondement invoqué pour la science n’est plus Dieu (qui demeure le garant des vérités, chez Descartes), mais l’esprit humain. Or les successeurs de Kant ont considéré que le kantisme conduit à la négation de tout ce qui est extérieur à l’esprit humain, y compris Dieu !

Pourtant, personne ne croit vraiment que, s’il cessait de percevoir et de connaître, le monde cesserait d’exister.

Que l’homme et son esprit soient les résultats du Monde, c’est par exemple ce que prétend la science moderne dans la théorie de l’Évolution. D’un autre côté, la philosophie moderne objecte que ce monde n’est finalement qu’une image formée par la pensée de l’homme ! « On ne pourrait sortir de ce déchirement que par la découverte d‟un être qui serait à la fois l‟origine de l‟esprit humain et celle du monde.

Un tel être est ce que l‟on a toujours appelé Dieu », souligne Alquié ; et c’est ce qu’affirmaient Aristote, saint Thomas, Descartes, Spinoza, Malebranche et Leibniz. Mais ces trois derniers philosophes se séparent de Descartes sur un point capital. Pour eux, la vérité ne dépend pas de la volonté de Dieu : Dieu n’est donc pas totalement libre ! Et l’homme peut se placer du point de vue de Dieu lui-même pour énoncer la vérité du monde.

Tout le contraire d’un Descartes, pour qui les vérités mathématiques dépendent du libre vouloir de Dieu ; et qui écrit, par exemple, dans sa Dioptrique, qu’on peut constituer une optique cohérente et utile sans pour cela « dire au vrai » ce qu’est la nature de la lumière. Dire la vérité, n’est-ce pas d’abord reconnaître que l’homme ne sait pas tout ? « Haut est le ciel au dessus de la terre, aussi hautes sont mes voies au dessus de vos voies, et mes pensées au dessus de vos pensées » (Is 55,9), dit Dieu. « La Vérité vous rendra libre » (Jn 8,32), et comment pourrait-Elle le faire si Elle-même n’était pas libre?

Comme sources de vérités, Descartes reconnaît, à côté de la lumière de la raison, la lumière surnaturelle de la grâce (Méditations – 2ème réponse). Et, s’il sépare la physique de la théologie (dont les vérités sont d’un autre ordre), il rend du même coup la théologie indépendante de la science (rejetant par avance la théologie desséchée d’un Malebranche, dont Arnauld et Bossuet ont souligné l’imprudence). Il fixe une limite à la science, sans l’opposer à la foi. Cette limite est la liberté : celle de Dieu, celle des anges et celle de l’homme.

 

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Évidence Carl Christaki

 

 

 

 

Si l‟on dit trois et deux font quatre

Cela n‟est pas la vérité Même si la majorité

Le dit, il nous faut la combattre.

 

Et ne pas se laisser abattre

Si nul ne veut vous écouter

Dussions-nous seul devoir nous battre,

Contre toute l‟Humanité

 

Ce qui est, à l‟esprit s‟impose Etre vivant ou simple chose,

Sont ce qu‟ils sont, sous l‟œil de Dieu.

 

Tout le reste n‟est que mensonge,

Ou faux-semblant, ou pauvre songe

Ou ce que chacun pense ou veut

 

Or Jésus seul, comble nos vœux.

 

 

 

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  1. Cf. Le Cep n° 42, janvier 2008, p.26.

  2. Témoignage personnel du Dr von Stockhausen auprès de Hugh Owen,

    directeur du Centre Maximilien Kolbe (U.S.A.)

  3. The Major Evolutionnary Transitions, Nature n° 374, 227-32.

  4. On lira plus loin la brève allocution prononcée par Benoît XVI aux participants du Ratzinger Schülerkreis.

  5. Cf. www.evolution-rome2009.org 10Times on line du 23 mai 2008.

  6. L’évolution du vivant, Paris, Albin Michel, 1973, p.25.

  7. Le dernier livre du P. Jaques Arnould s‟intitule d‟ailleurs Caïn a-t-il rencontré Néanderthal ? (mai 2008).

  8. Cité dans E.A. Burtt, The Metaphysical Principles of Modern Physical Science (New York: Humanities Press, 1951), p. 112. [In Descartes: Principes de la Philosophie, IVème Partie, Principes 198, 199]

  9. Cf. Cosmos and Transcendence (Peru, Illinois: Sherwood Sugden, 1984), œuvre dans laquelle j’ai essayé de démasquer les principaux articles de la croyance scientiste et de présenter leur impact sur la société contemporaine.

  10. L’exemple parfait de théologie scientiste est sans aucun doute fourni par les vastes spéculations de Teilhard de Chardin. Cf. mon livre Teilhardism and the New Religion (Rockford, Illinois: TAN Books, 1988) où j’ai traité longuement cette question.

  11. Where the Wasteland Ends (Garden City: Doubleday, 1973), p. 124.

  12. Cité par Seyyed Hossein Nasr dans Religion and the Order of Nature (Oxford U.P., 1996), p.153. Sur Oskar Milosz cf. Philip Sherrard, Human Image:World Image (Ipswich: Golgonooza Press, 1992), pp. 131-146.

  13. Le sens du surnaturel (1986), réédition revue et augmentée, Genève, Éd. Ad Solem, 1996, p. 74.

  14. Ndlr. Formule peut-être un peu rapide: la source où s‟abreuve l‟Église est le

    Cœur du Christ crucifié. Si l‟eucharistie fait l‟Église, l‟Église fait aussi l‟eucharistie. Mais l‟auteur a bien raison de souligner la portée cosmique de la liturgie. Dans la perspective scientiste d‟un univers déterministe, régi par l‟enchaînement des causes physico-chimiques, une messe votive demandant la pluie ou le beau temps est devenue proprement absurde.

  15. NdA : ces qualificatifs sont utilisés dans la suite du texte pour les personnes qui se sont déclarées publiquement telles (exemple, le physicien anglais Stephen W. Hawking se déclare athée, alors qu‟il est plutôt déiste).

  16. http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_academies/acdscien/2008/BO OKLET_10.pdf

  17. Papabile, face à Ratzinger ; partisan d‟une relativisation de la morale catholique en matière de contraception, d‟avortement et de lutte anti SIDA.

  18. NdA : L’Académie Pontificale pour la Vie a été fondée par J-P. II le 11 février 1994 (motu proprio « Vitæ Mysterium ») pour dessaisir l’APS des questions morales concernant la contraception, l’avortement, les manipulations génétiques et l’euthanasie. Son premier président fut le professeur Jerôme Lejeune, décédé peu après, en avril 1994. Elle compte 51 membres et 72 correspondants.

    Elle est à l’origine de nombreuses études sur l’effet abortif des pilules, de la recherche sur cellules-souche adultes, de l’opposition argumentée à la contraception, l’avortement, les manipulations génétiques et l’euthanasie.

    L‟Académie Pontificale des Sciences Sociales créée le 1/1/1994 (motu proprio Socialum Scientiarum), compte 31 membres et compense la faiblesse de l‟APS dans les domaines sociologiques et éthiques.

  19. http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/7030?eng=y et http://www.kolbecenter.org/newletters/owen.nl9.aug2006.htm

  20. Constitution dogmatique Dei Verbum du 18 nov 1965 (Concile Vatican II).

  21. Schöpfung und Evolution (Sankt Ulrich Verlag 2007) 2 September. Pp. 149-152.

  22. Ndlr. On peut voir ici une allusion à une formule chère au cardinal Schönborn (voir son article dans Le Cep n°35, p.14) et reprise de saint Thomas : « le monde naturel n’est qu’un intermédiaire entre des esprits : l’Esprit sans limite du Créateur et notre esprit humain limité ». Cette approche permet de comprendre la rationalité du monde et la capacité de notre intelligence à y accéder. Mais la raison choisit le probable contre l‟improbable et l‟intelligible contre le hasard. Il est donc quelque peu paradoxal de signaler l‟improbabilité des sauts brusques jamais observés que postule l‟Évolution, d‟admettre donc leur « irrationalité », de faire appel à Dieu pour préserver une rationalité supérieure à une échelle globale, puis de récuser qu‟un Dieu soit nécessaire pour combler ces « trous » au sein de la science. Car le seul évolutionnisme cohérent est l‟évolutionnisme théiste : seul un Dieu pourrait réaliser et guider les sauts interspécifiques. Mais il faudrait alors écouter ce que le même Verbe, créateur des êtres et aussi inspirateur de l‟Écriture, a pris soin de répéter neuf fois dans la page la plus célèbre de toute la littérature mondiale : qu‟Il a créé tous les êtres vivants « chacun selon son espèce ».

  23. La langue sumérienne avait déjà plus de 3000 ans derrière elle à l’Antiquité (période qui va de la formation des communautés primitives jusqu’à la chute de l’Empire romain). Elle était également écrite; comme l’atteste la bibliothèque, composée de milliers de tablettes d’argile, ensevelie sous la boue du Déluge universel à l’emplacement de l’ancienne ville d’Ur. Cette bibliothèque fut redécouverte en 1872 par G. Smith. On y trouve la

  24. Le nom originel de Belgrade est Bolgàrfehérvàr (en hongrois : château blanc bulgare). Plus tard la ville s’appela Nàndorfehérvàr et appartint à la Hongrie pendant 400 ans. Entre 1521 et 1867, sous l’occupation turque, elle devint la capitale de la Serbie).

  25. Repris de Votre Santé n° 100 – Février 2008

  26. Archives of Neurology, 2004 ; 61 : 661-6.

  27. Pèlerin Mag. 26 octobre 2001

  28. Membre du Centre national de pastorale liturgique, le P. Pierre Faure a participé à l‟élaboration du rituel proposé pour les cérémonies de crémation. 3 Ndlr. Le mot Adam, en hébreu, est de même racine que le mot « terre » : adamah. Adam est en quelque sorte « le terreux », selon la remarque du P.

    Marcel Jousse.

  29. Ndlr. « En réalité, la distinction du temporel et du spirituel est variable (en islam) selon les époques mais le mélange demeure. Muhammad, le fondateur historique, ‘le bel exemple’ (Sourate 33, 21) n’a-t-il pas été tout à la fois chef religieux, politique et militaire? » (P.

    François Jourdan, eudiste, in: Dieu des chrétiens, Dieu des musulmans).

  30. Hapax (ou apax) : mot rare, voire erreur de copiste, attesté dans une seule source.

  31. Anagramme : mot, ou ensemble de mots, formé par la transposition des lettres d‟un autre mot.

  32. Cryptogramme : message écrit à l‟aide de caractères secrets.

  33. Palindrome : vers, ou phrase, pouvant être lu dans les deux sens.

  34. Qabalah : de l‟araméen הקבל signifiant „réception‟ ; on le rend parfois en français par Kabbale, ou Cabale, voire Qabale.

  35. Sotériologique : de sotériologie, partie de la théologie qui concerne l‟étude du salut

  36. La version grecque des LXX fut abandonnée par le judaïsme, car elle semblait annoncer la Révélation christique. Si je comprends bien, pour Nicolas Vinel le carré SATOR, créé par des Juifs avant notre ère, fut

  37. Pour que le mot hébreu YWM ‘jour’ nombre 40, il faut que le M final vaille 24, et non 60, ni 600 comme chez les kabbalistes pseudo-gnostiques. La numération de 1 à 27, par ce fait même, se trouve confirmée.

  38. Saunders, D.A., Adirondack Mammals, Adirondack Wildlife Program, State University of New York, College of Environmental Science and Forestrry, Syracuse University Press, New York, USA, p. 96, 1998.

  39. Sqirrels and relatives III: Tree squirrels, Answers.com

    www.answers.com/topic/squirrels-and-relatives-iii-tree-squirrels-biologicalfamily?cat=technology, 5 October 2007.

  40. Thorington, R.W.Jr.,Pitassy, D.and Jansa, S.A., Phylogenies of flying squirrels (Pteromyinae) Journal of Mammalian Evolution 9 (1/2):99–136, 2002.

  41. Muchlinski, A. & Shump, A., The sciurid tail: a possible thermoregulatory mechanism, Journal of Mammalogy 60(3):652-654, 1979.

  42. Benett, A.F., Huey, R.B., John-Alder, H.&Nagy, K.A. The parasol tail and thermoregulatory behavior of the cape ground squirrel Xerus inauris, Physiological Zoology 57(1):57-62, 1984.

  43. Heinrich, B. winter World: The Ingenuity of Animal Survival, HarperCollins, New York, p. 84, 2003.

  44. Ibid., p. 106.