La science est-elle matérialiste ? Dominique Tassot
Résumé : Des experts travaillant pour la Conférence des évêques de France, toujours attentifs à ne pas égratigner « la » science, ont fait publier dans un récent document que « la science est nécessairement matérialiste » ! Cette affirmation fut naguère contredite par Jean Guitton, lorsquřil sřassocia avec deux frères, l’un physicien, l’autre mathématicien, pour montrer que le monde des ondes et des particules réfutait le matérialisme obtus du début du siècle. Mais ce ne sont pas seulement les résultats de la science qui proclament la réalité autonome dřun monde de nature immatérielle. Lřactivité scientifique, et surtout lřinventivité à la source des grandes découvertes, est proprement spirituelle. Lorsque Kekulé referme la molécule du benzène après avoir rêvé dřun serpent se mordant la queue, il est difficile dřy voir autre chose quřune aventure de lřesprit. Le matérialisme porte sur la science un regard étroit et réducteur qui nřa rien de scientifique.
Dans un récent Document Épiscopat[1] on relève en note cette surprenante affirmation : «La science est nécessairement matérialiste». Surprenante, surtout quand les auteurs de ce texte collectif sont donnés comme les maîtres à penser dřune institution, lřÉglise catholique, qui est constamment persécutée, attaquée ou ridiculisée par les matérialistes et les centres de pouvoir quřils détiennent. Surprenante encore parce quřelle est fausse.
Il circule de cette fausseté une mauvaise démonstration : celle donnée par Jean Guitton dans un livre à succès publié il y a quelques années, qui consistait à dire que la physique redécouvre lřesprit puisquřelle admet des phénomènes immatériels. Avec les frères Bogdanoff, co-auteurs de ce Dieu et la science, Jean Guitton confondit tout simplement lřincorporel avec lřesprit.
Les particules fugitives, les ondes électromagnétiques, les entités de la mécanique quantique ne sont pas des réalités corporelles localisées au même titre que lřétaient les rouages dřune horloge ou les corps célestes dont traite la bonne vieille mécanique newtonienne. Mais pour nřêtre pas des « corps » au sens habituel du terme, elles ne sortent pas pour autant du monde matériel : la science les met en équation et en mesure les effets tout comme elle le ferait dřun jet dřeau ou dřune pierre en chute libre !
Il sřagit simplement dřune matière plus subtile et qui gêne les matérialistes dans la mesure où ils ne peuvent guère nier quřelle nous reste mystérieuse à bien des égards.
Mais le mystère est omniprésent, il suffit dřy prêter attention. Plus de trois siècles ont passé ; pourtant la nature et la cause de la gravitation nous restent aussi inconnues et mystérieuses quřelles lřétaient pour Newton. Dans une lettre à Bentley, celui-ci réclame même quřon ne lui attribue pas la thèse dřune «attraction».
Mais quand bien même on sřaccorderait sur le mot attraction, quand bien même les formules de la mécanique circonscriraient parfaitement le champ du mouvement des corps solides, la cause du phénomène est loin dřêtre élucidée ; et lřon ne sait ni en suspendre les effets ni les simuler.
Nous maîtrisons mieux la lumière, puisque nous savons la produire artificiellement, la dévier, la décomposer et lřasservir à maints usages, tels lřéclairage ou lřouverture des portes par cellules photo-électriques. Mais la nature de la lumière (onde ? photon ?
propriété de la source qui lřémet ? propriété du milieu qui la transmet ?) nous demeure profondément mystérieuse. Einstein au terme de sa carrière écrivait à Max Born : «Dire qu’il y a des imbéciles qui croient savoir ce qu’est un photon !»
La science moderne a renoncé à découvrir tant les causes que la nature des choses, du moins lřaffirme-t-elle. Il nřest plus question que de « phénomènes » observés, de lois reliant entre elles les observations, dřinfluence de lřobservateur sur les mesures, etc.
Cřest assez dire que les savants sont devenus plus modestes, quřils ont appris à relativiser leurs affirmations et, surtout, quřils ont cessé de prétendre que vingt ou trente années suffiront à tout connaître.
Ce sont désormais des « chercheurs », et la recherche est présentée comme une activité indéfinie dont le terme ne saurait être supputé. Le contraste est donc grand avec Berthelot, célèbre chimiste ami de Renan, qui en 1885, dans lřavant-propos de son livre sur Les Origines de l’Alchimie, après avoir proclamé : « Le monde est aujourd’hui sans mystère », ne réclamait plus que quelques dizaines dřannées pour achever la science !
Mais si la science se fait humble, si elle admet les phénomènes incorporels, cřest à contrecœur. Si elle sřouvre à un inconnu irréductible, cřest une fausse ouverture : car les scientifiques n’ont pas renoncé à inclure tout le réel dans le champ de leur science. Ils acceptent de relativiser les résultats de leurs recherches ; ils nřont pas renoncé à clamer lřuniversalité de leur méthode.
De la sorte, bien des savants du 21ème siècle se montrent en réalité plus orgueilleux et plus fermés encore que leurs prédécesseurs anticléricaux dřil y a un siècle. Un Berthelot, un Le Dantec, voyaient la limite de leur savoir ; ils acceptaient dřen débattre même sřils prétendaient que le champ du surnaturel se restreignait à mesure que les connaissances allaient sřadditionnant. Tandis quřun Jacques Monod ou un Richard Dawkins font du matérialisme un principe et refusent dřen débattre. Ils ne nient pas lřintelligence, les sentiments, la mémoire ni lřhumour. Mais ils affirment sans nuances, du haut de leurs chaires professorales, que ces réalités sont autant de productions naturelles de la matière en évolution. Ainsi leur science est-elle « matérialiste » : par proclamation, par un acte de la volonté, par option philosophique !
Si donc lřépiscopat français, reniant dřun trait de plume les pensées intimes (et souvent rendues publiques) dřune large majorité de ceux qui ont fait la science occidentale, se rallie au naturalisme ambiant, il renonce Ŕ sans doute inconsciemment Ŕ à toute velléité dřune vision chrétienne du monde, à toute approche intégrale des choses et des êtres.
Car la science nřa jamais été, nřest pas et ne sera jamais matérialiste. Si les affirmations tonitruantes de certains tribuns peuvent faire illusion, les faits les démentent à commencer par les conditions mêmes de la découverte scientifique.
Lřinspiration est aussi nécessaire au chercheur qui veut trouver quřà lřartiste qui veut créer. «Lřin-spiration», le mot lřindique assez, désigne ce moment fugitif où passe lřesprit, où lřintelligence reçoit ce que, seule, elle ne pouvait concevoir, même après des années de préparation.
Pour le matérialiste, la formule de la gravitation résulterait mécaniquement de la formation intellectuelle de Newton et de la chute dřune pomme !
Sans remonter à Parménide qui, de lui-même, attribuait les trois principes de la logique grecque à la dictée dřune déesse entrevue en songe, lřexemple du chimiste allemand August Kekulé nous rappelle assez ce mystère des grandes découvertes. En 1865, les chimistes connaissaient bien la formule du benzène, C6H6, mais lřagencement de la molécule posait un problème apparemment insoluble. Le carbone est en effet tétravalent. Il fallait donc affecter 24 valences (4 pour chacun des 6 atomes de carbone). Les atomes dřhydrogène pouvaient en utiliser 6 et les 8 liaisons de la chaîne carbonée (les 5 intervalles entre les atomes de carbone) ne pouvaient utiliser que 16 valences. Il restait donc 2 valences libres, fait absurde et incompréhensible !
Fig. 1 : L’impossible molécule du benzène en 1864
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Or une nuit, Kekulé rêva dřun serpent se mordant la queue (lřOuroboros, symbole antique bien connu).
Lui vint alors lřidée de refermer la molécule sur elle-même, lui donnant ainsi la forme dřun cercle : les deux valences libres se rejoignaient en une liaison. Lřunivers des molécules cycliques sřouvrit devant les chimistes et les innombrables composés du benzène allaient pouvoir apparaître.
Des centaines de chimistes disposaient des mêmes connaissances que Kekulé. Sans doute nombre dřentre eux le dépassaient en quotient intellectuel. Mais cette découverte majeure nřeut rien à voir avec la taille des centres de recherches (alors minimes), ni avec leurs investissements matériels (qui nous paraissent dérisoires) : encore fallut-il le serpent !
Fig. 2 : La molécule rêvée par Kekulé en 1865.
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Bien sûr, le matérialiste affirmera sans se démonter que le serpent fut une fabrication du cerveau de Kekulé ; et il sera impossible de le détromper. Mais un arbitre pourra quand même noter lřextrême disproportion entre la cause et lřeffet, comme entre la pomme de Newton et la formule de la gravitation. Nřest-il pas de beaucoup plus crédible et plus rationnel de poser que les idées relèvent dřun univers spirituel régi par dřautres lois que celles du monde matériel, et quřaux mérites personnels du savant Kekulé sřest ajoutée la grâce dřune « inspiration », dřune communication entre esprits. On pourra même évoquer une prédestination : car la racine du mot « Kekulé », si lřon y considère les seules consonnes (qui portent lřétymologie sémantique du radical), est identique à celle du mot « kuklos » (le cercle, en grec, qui a donné notre « cycle » et notre « bicyclette »).
Devant cette étrange « coïncidence », le matérialiste, jamais à court dřarguments, tient une explication toute prête : à force de sřentendre appeler « kuklos », à force de sřidentifier à un complexe phonétique où se trouvent cryptés le cercle, le cycle et la roue, le cerveau de Kekulé aura pris lřhabitude de se porter préférentiellement vers les messages, les formes et les pratiques cycliques. Ainsi, lorsquřil sřest trouvé devant la molécule linéaire C6H6, il nřa pas pu sřempêcher de la mettre en cercle. Ce fut chez lui tout « naturel » !
On le voit, le débat entre matérialisme et spiritualisme ne sera pas tranché par le discours ni par les démonstrations. Il sřagit de deux visions du monde à lřintérieur desquelles tout prend sa place et se laisse (plus ou moins bien) expliquer. Mais ni lřune ni lřautre ne font partie de la science. Il existe un regard matérialiste sur la connaissance comme il y a un regard spiritualiste.
On pourra considérer que lřinterprétation spiritualiste des grandes découvertes a bien plus de charme et de vraisemblance que lřautre. Mais ce sera toujours en raison dřoptions préalables, philosophiques, esthétiques ou religieuses, quřon se déterminera.
Le grand mensonge, dans la science contemporaine, est de nier cette dépendance ; il est de faire passer le matérialisme comme une composante de la démarche scientifique alors quřil sřagit dřun préjugé, dřune contrainte toute extérieure, quřon est même en droit de juger suicidaire. Le très petit nombre dřinventions fondamentales, depuis un siècle, irait dřailleurs en ce sens.
Non, la science nřest pas matérialiste, cřest le matérialisme qui veut sřen emparer ! Mais en lřasservissant, en rognant les ailes de son inspiration, il lřempêche dřapporter à lřhumanité ces mêmes bienfaits dont par ailleurs il exacerbe les promesses. Le scientisme nřest pas mort ; il a simplement changé dřoripeaux. Espérons quřun jour lřépiscopat français cessera de chercher son inspiration auprès de ceux qui en nient lřexistence !
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SCIENCE ET TECHNIQUE
« Les rationalistes fuient le mystère pour se précipiter dans l’incohérence »
(Bossuet)
Le piège de la cosmologie astrophysique (1ère partie)
Wolfgang Smith[2]
Résumé : Le big bang est aujourdřhui une des théories les plus connues, à ce point que beaucoup croient quřil sřagit dřun fait. En réalité lřhypothèse dřun « atome primitif » émise par lřabbé Georges Lemaître en 1931 nřa jamais reçu de réelle preuve. En 1965 la découverte dřun rayonnement à 2,7 degrés Kelvin (soit dix fois moins que la température prédite !) avait été présentée comme une confirmation. Mais une cause isotrope (la même dans toutes les directions) peut difficilement expliquer un univers ou la matière est concentrée en de grosses masses. Quant au décalage vers le rouge du spectre émis par les galaxies, son interprétation comme résultant de la vitesse dřéloignement des corps célestes est contredite par lřobservation de ponts de matière entre des corps aux décalages très différents. On ne pourra pas indéfiniment ajouter hypothèse sur hypothèse pour répondre aux difficultés soulevées par une théorie dont on se demande pourquoi on la vulgarise ainsi contre toute vraisemblance.
Selon la rumeur, le big bang est maintenant « un fait scientifiquement prouvé. » Lorsqu’en 1965 Arno Penzias et Robert Wilson découvrirent le désormais fameux rayonnement thermique du fond du ciel, le New York Times annonça l’événement par le titre
«LES SIGNAUX PRÉSUMENT LE BIG BANG DE
L’UNIVERS.» Qu’ils le fassent ou non est évidemment une autre question; mais le fait demeure que depuis lors la théorie du big bang est devenue la cosmologie officielle. Désormais tout étudiant en science doit croire que l’univers est né il y a environ 15 milliards d’années dans une sorte d’explosion et qu’il vole en éclats depuis lors. On lui a expliqué que cřest la raison pour laquelle on voit les étoiles et les galaxies s’éloigner avec une vitesse proportionnelle à leur distance, comme l’astronome américain Edwin Hubble est dit l’avoir montré. Avec l’aide d’une vaste couverture médiatique, l’image d’un « univers bulle de savon » en expansion s’est imposée avec le temps au grand public. Mais un tel changement radical de notre Weltanschauung[3] collective ne peut manquer d’avoir un impact sur notre culture et, surtout, sur notre sensibilité religieuse, question que j’examinerai en temps voulu.
Cet exposé sera donné en trois parties différentes: dans ce numéro j’examinerai le statut scientifique actuel de la théorie du big bang ; plus tard nous réfléchirons sur la nouvelle cosmologie d’un point de vue théologique et spécifiquement chrétien.
Je soutiendrai qu’en dépit de son affirmation apparente d’une création ex nihilo, cette cosmologie est, en réalité, profondément contraire à la foi chrétienne. Dans une troisième partie je mřinterrogerai sur les ambitions de l’astrophysique contemporaine comme telle, sans référence à une théorie ou à un paradigme en particulier.
Il est clair que les théoriciens du big bang s’attellent à une tâche gigantesque : la théorie, après tout, doit expliquer, au moins en termes approximatifs, l’évolution physique de l’univers, depuis ce que Georges Lemaître a appelé « l’atome primitif » jusqu’à l’immensité de son état actuel.
Ce qui est remarquable, d’un autre côté, c’est que l’un des efforts de recherche le plus intensif et prolongé dans l’histoire de la science, n’a jusqu’à présent réussi qu’à aggraver ses difficultés.
L’histoire commence avec « l’atome primitif » de la version du big bang de Lemaître présentée en 1931 lors d’une conférence scientifique et aussitôt rejetée par les astrophysiciens.[4] Lemaître avait attaché sa théorie à l’affirmation que les rayons cosmiques ne pouvaient avoir été produits que comme une conséquence immédiate du big bang, conjecture qui s’est avérée fausse. Après une période d’inactivité, l’intérêt pour la théorie du big bang* resurgit à la fin de la seconde guerre mondiale, stimulé sans doute par lřexplosion de bombes atomiques. La seconde version, en tout cas, fut proposée en 1946 par George Gamov (1904-1968), physicien exceptionnellement charismatique. [5]
Au lieu des rayons cosmiques de Lemaître, Gamov accrocha sa théorie aux éléments chimiques, qu’il voyait comme des vestiges tangibles du big bang. Je me souviens très bien d’un colloque de physique lors duquel, à ma stupéfaction, Gamov décrivit en détail la constitution nucléaire de l’univers quelques microsecondes après le big bang. Malgré tout, sa théorie échoua aussi.
La seconde brève ère de la théorie du big bang prit fin lorsque Fred Hoyle et ses collaborateurs publièrent en 1957 une étude montrant que la synthèse nucléaire à l’intérieur des étoiles donne naissance à des noyaux lourds et en proportions comparables aux valeurs actuelles. Pendant un temps il sembla qu’une cosmologie alternative, la théorie de l’état stationnaire, eut pris le dessus. En 1965, cependant, le vent tourna encore : ce fut le moment historique marqué par le gros titre du New York Times.
Quelle est donc la relation entre le rayonnement cosmique et le big bang ? Il est clair, d’après la physique fondamentale, que le big bang (s’il a eu lieu) doit avoir produit un abondant rayonnement, lequel doit se trouver encore dans l’univers (pour la simple raison qu’il n’a pas d’autre endroit où aller). Puisqu’il doit être dans un état d’équilibre thermique (de nouveau parce qu’il n’y a pas « d’extérieur » avec lequel il pourrait échanger de l’énergie), ce rayonnement doit nécessairement être du genre émis par un prétendu corps noir, dont la température peut être déduite de la distribution des fréquences. Et finalement, le champ de radiation produit par le big bang doit être uniformément réparti dans l’univers (pour la raison que des conditions initiales homogènes produisent des effets homogènes). D’après les calculs initiaux de Gamov, le champ de radiation devrait avoir maintenant un décalage vers le rouge correspondant à une température de 20°K pour le corps noir, ce qui le placerait dans la gamme des micro-ondes. L’estimation de température de Gamov fut portée ultérieurement à 30°K par P.J.E. Peebles, et la question en resta là jusqu’à ce jour de 1965 où le rayonnement de fond fut capté par une antenne géante des Laboratoires Bell et déchiffré par deux jeunes scientifiques qui n’avaient jamais entendu parler du big bang.
Malgré le fait que la radiation correspondait à un corps noir de 2,7°K (erreur d’un facteur 10 !), la découverte donna l’impression qu’une extraordinaire prédiction était maintenant confirmée et que vraiment les « signaux présumaient un big bang de l’univers. » Penzias et Wilson reçurent le Prix Nobel !
Pourtant la théorie n’était pas encore tirée d’affaire. Le plus gros problème de cette nouvelle cosmologie était d’expliquer les grosses structures de l’univers astronomique.
Et ici le bruit de fond s’avéra un redoutable obstacle: sa grande régularité et son isotropie semblaient exclure le genre d’univers avec de grosses masses que nous observons. En admettant que la matière dans le cosmos primitif était aussi uniformément répartie que le laisse supposer le rayonnement de fond, comment alors a-t-elle pu se concentrer en étoiles et en galaxies ?
On peut supposer que quelques fluctuations initiales furent amplifiées par des forces gravitationnelles pour former l’univers stellaire; on découvre alors que les champs de gravitation nécessaires pour accomplir une telle consolidation doivent être considérablement plus forts que ce que toute la matière de l’univers ne permet. Pour rendre les choses pires encore, il s’avère que les vitesses relatives entre les étoiles proches et les galaxies sont comparativement petites, rendant impossibles les grandes séparations observées au cours des 15 ou tout au plus 20 milliards d’années qu’autorise le scénario du big bang. Le problème sřest encore aggravé avec l’augmentation dramatique des dimensions des objets stellaires identifiés par les astronomes. Ce furent d’abord des étoiles simples, puis des galaxies, puis des amas de galaxies; et finalement, en 1986, Brent Tully, à l’Université dřHawaï, découvrit que la plupart des galaxies dans un rayon de 1 milliard d’années lumière sont concentrées dans des structures fines mesurant environ 1 million d’années lumière de longueur.
Ces super-amas ont depuis été étudiés par diverses équipes de recherche. En 1990, Margaret Geller et John Huchra, de l’observatoire Smithsonian de Harvard, découvrirent un énorme amas de galaxies, de la taille des super-amas, qui se vit attribuer le nom de « Grande Muraille ».
Juste après, une autre équipe découvrit une série de structures similaires « derrière » cette Grande Muraille. Elle découvrit, s’éloignant vers l’extérieur (s’éloignant de la terre), une séquence de grandes murailles plus ou moins régulièrement espacées de 600 millions d’années lumière. Ce n’est pas du tout ce que les théoriciens du big bang attendaient ni voulaient trouver. En fait, c’est presque le pire scénario, une découverte à laquelle le Washington Post répondit cette fois par une autre annonce à la une: «LE BIG BANG FAIT FAILLITE.»
Pendant ce temps, de formidables efforts ont été accomplis pour examiner plus attentivement le rayonnement fossile, avec l’espoir de trouver des anisotropies. On comprend facilement pourquoi ont retenti les hourras lorsque le satellite COBE (Cosmic Background Explorer) découvrit de petites fluctuations: c’était le genre de résultat que les théoriciens assiégés attendaient impatiemment.
Malheureusement, les variations (de lřordre de un pour cent mille) demeuraient beaucoup trop petites: il s’avère que les fluctuations devraient être voisines de un pour cent pour expliquer la formation dřobjets stellaires tels que les super-amas de Tully ou la Grande Muraille. Le rayonnement fossile est donc encore beaucoup trop lisse et isotrope pour permettre une évolution depuis le supposé « atome primitif » jusqu’à l’univers astrophysique observé. Les théoriciens du big bang répondent typiquement aux problèmes en ajoutant de nouvelles hypothèses. Assurément, une théorie scientifique ne doit pas être aussitôt rejetée lorsqu’elle se trouve en conflit avec certains faits observés: c’est une pratique normale que de chercher une hypothèse appropriée pouvant résoudre le conflit, processus qui conduit souvent à de nouvelles découvertes.[6] Mais cela n’innocente guère une théorie n’ayant que peu ou pas de support empirique et qui n’est maintenue en vie que par une prolifération d’hypothèses ad hoc.
Je ne connais que deux théories scientifiques majeures pour lesquelles un tel défaut flagrant de vérification empirique est toléré: la théorie évolutionniste de Darwin et la cosmologie du big bang.
On pourrait objecter à mon second exemple le fait que la théorie du big bang prévoyait bien le rayonnement fossile; cependant, non seulement elle avait prédit la mauvaise température, mais il se trouve que ce rayonnement peut être expliqué de façon convaincante par d’autres moyens.[7] Comme la « prédiction » dřun rayonnement cosmique par Lemaître et la « prédiction » par Gamov d’éléments chimiques, la prédiction d’un rayonnement de fond fait peu en réalité pour consolider l’hypothèse du big bang.
En attendant, l’addition d’hypothèses toujours nouvelles Ŕ et toujours plus fantastiques!- pour faire cadrer la conjecture originale avec les faits n’est pas bon signe. Comme l’a dit un jour Brent Tully: «Il est troublant de voir qu’il y a une nouvelle théorie à chaque fois qu’il y a une nouvelle observation.»
Pour illustrer la « logique » de la théorie du big bang, regardons ce que l’on fait lorsqu’il s’avère que la quantité de matière dans l’univers est environ cent fois trop petite pour permettre la formation des galaxies. D’un trait de plume, littéralement, on fournit la masse manquante Ŕcent fois la masse estimée de l’univers! Ŕ en postulant quelque chose appelée « matière noire »: une substance qui n’interagit pas avec les champs électromagnétiques et n’a encore jamais été observée. Profusion de candidats à la matière noire ont été proposés dans les dernières décennies par dřobligeants physiciens des particules: les axions, higgsinos, photinos, gravitinos, gluons, préons, pyrgons, maximons, newtorites, pépites de quark et nucléarites, pour en mentionner quelques uns. Le problème, c’est que jusqu’ici tous n’existent que sur le papier ! Mais supposons qu’il existe vraiment disons des higgsinos ou des pépites de quark. Cela suffirait-il pour sortir la théorie du big bang de son dilemme ? Certainement pas ! Nombre d’autres problèmes majeurs demeurent.
En outre, chaque nouvelle hypothèse tend à introduire ses propres problèmes qui nécessiteront sans doute l’introduction de nouvelles hypothèses. Il semble peu probable qu’une telle procédure aboutisse; et si elle le fait, on se demandera si l’on a trouvé une vérité ou si on l’a construite, comme quelques philosophes postmodernistes des sciences l’ont affirmé.
Nous n’avons jusqu’à présent considéré qu’une seule difficulté majeure: l’explication de la formation des objets stellaires de grande taille. Pour compléter cette brève revue je vais parler d’une autre situation difficile. Remarquons tout dřabord que lorsqu’il s’agit d’objets stellaires, depuis les étoiles jusquřaux galaxies et aux amas de galaxies, tout ce dont nous disposons est une lumière émise par les objets en question et perçue par des télescopes, qu’ils soient terrestres ou montés sur satellite.
Par lumière, au demeurant, je désigne une radiation électromagnétique d’une fréquence quelconque, depuis les ondes radio et, enjambant le spectre visible, jusqu’aux rayons X et gamma. En un mot, ce que nous avons ce sont des particules de lumière ou photons, dont chacun détermine un point sur une plaque photographique et comporte une fréquence: c’est tout. Tels sont, si vous le voulez, les faits empiriques réels; le reste est théorie, est question d’interprétation. Cependant la radiation reçue est riche d’informations, dont une partie est tout à fait univoque dans ses implications. On sait par des expériences de laboratoire que la distribution des fréquences émises par un élément chimique, par exemple, est caractéristique de cet élément. Le spectre de l’émission constitue ainsi une signature nous permettant de déceler la présence d’hélium, d’hydrogène ou d’autres éléments dans les étoiles et galaxies. Il arrive toutefois que les spectres reçus de l’espace soient décalés, généralement vers la gauche, sur l’échelle des fréquences, phénomène connu sous le nom de décalage vers le rouge (redshift). Quelle est la cause de ce décalage ? On a longtemps cru qu’il s’agissait d’un effet Doppler, c’est-à-dire que la diminution de fréquence est causée par la vitesse d’éloignement de la source. La situation est supposée comparable à celle du sifflet d’un train approchant, dont le son devient plus grave lorsque le train s’éloigne de nous.
Sur cette base, les décalages vers le rouge ont été interprétés comme la preuve d’un univers en expansion: la cosmologie du big bang est fondée sur cette hypothèse.
Mais il se trouve que dans les quarante dernières années les observations se sont accumulées qui paraissent contredire cette hypothèse. La première mauvaise nouvelle pour le big bang est arrivée en 1963 avec la découverte des sources radio extragalactiques connues maintenant sous le nom de quasars, dont le spectre est fortement décalé vers le rouge, correspondant à des vitesses d’éloignement voisines de la vitesse de la lumière ! On découvrit rapidement cependant que ces quasars sont communément associés à des galaxies dont le décalage vers le rouge est normal, c’est-à-dire faible. Des objets célestes qui, selon la géométrie du big bang, devraient être séparés par des milliards d’années lumière, paraissaient ainsi de proches voisins. L’interprétation Doppler des décalages vers le rouge des quasars est donc devenue suspecte.
Par ailleurs, on a supposé des décalages non Doppler
dans d’autres objets stellaires, jusqu’au niveau des étoiles. Selon un expert : «La plupart des objets extragalactiques ont un décalage vers le rouge intrinsèque.»[8] Mais ceci voudrait dire que l’hypothèse sur laquelle est basée la cosmologie du big bang Ŕ l’affirmation que le décalage vers le rouge des étoiles est égal à la vitesse d’éloignement Ŕ a été disqualifiée.
En outre, certains développements sur le plan théorique ont augmenté les doutes. En 1977, Jayant Narlikar, un
astrophysicien, réussit à généraliser les équations de la relativité permettant aux masses des particules fondamentales d’augmenter avec le temps. La théorie prédit alors des décalages intrinsèques causés par la variation de masse de la particule.
L’idée est simple: plus la masse d’un électron est faible, plus sa perte d’énergie sera faible lors du « saut quantique », perte qui correspond à la quantité d’énergie dégagée dans le photon émis. Puisque la fréquence d’un photon est proportionnelle à son énergie, on obtient ainsi un décalage intrinsèque. Au lieu de la relation décalage-vitesse de la cosmologie du big bang, la théorie de Narlikar nous donne une relation inverse âge-décalage, nous permettant une nouvelle interprétation des données.
La relation de Hubble, selon laquelle le décalage est proportionnel à la distance, peut maintenant être comprise puisque les objets célestes éloignés sont observés plus tôt à cause de la vitesse finie de la lumière ; ils tendront donc à avoir de plus faibles masses et donc de plus grands décalages en proportion de leur distance. D’un autre côté les quasars dont le décalage est très marqué, et qui ne satisfont pas à la relation de Hubble, sont maintenant perçus comme constitués de particules récemment créées, éjectées d’une galaxie active dite de Seyfert.
Ainsi la nouvelle théorie rend justice à tous les faits observés: à ceux qui sont soumis à la relation de Hubble et à ceux qui ne le sont pas. En outre, d’après cette cosmologie l’univers n’est pas en expansion et il n’a pas évolué à partir d’un fait singulier initial: il n’y a pas eu de big bang.[9]
Je n’ai pas l’intention de plaider en faveur de l’approche Arp-Narlikar, laquelle a sans doute ses difficultés propres. Mon objet est seulement de montrer que l’un des principaux problèmes de la cosmologie du big bang est de justifier l’interprétation Doppler du décalage vers le rouge des étoiles, difficulté qui, finalement peut s’avérer insurmontable dans lřhypothèse du big bang.
Beaucoup d’astrophysiciens sont sans aucun doute troublés, mais peu sont prêts actuellement à abandonner la doctrine officielle.
Bien sûr, une poignée de scientifiques éminents a ouvertement déclaré la mort de la cosmologie du big bang[10] et même le journal scientifique conservateur Nature a publié un éditorial sous le titre «A bas le Big Bang !» Mais jusqu’ici de telles expressions occasionnelles de désaccord n’ont eu que peu d’effets
sur l’establishment astrophysicien; trop de carrières sont, semble-til, en jeu. (à suivre)
(Traduit par Claude Eon de The Wisdom of Ancient Cosmology. Foundation for Traditional Studies, 2003.
Chapitre VII : The Pitfall of Astrophysical Cosmology)
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Le grand collisionneur hadronique du CERN
Robert A. Sungenis[11]
Présentation : Le Grand collisionneur de hadrons (LHC) est un gigantesque instrument scientifique situé près de Genève, à cheval sur la frontière franco-suisse, à environ 100 mètres sous terre. Cřest un accélérateur de particules avec lequel les physiciens du CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire) veulent étudier les plus petites particules connues. Le LHC, annonce le site internet du CERN, va « révolutionner notre compréhension du monde, de l’infiniment petit, à l’intérieur des atomes, à l’infiniment grand de l’Univers. (…) En faisant entrer en collision frontale deux faisceaux de hadrons à une vitesse proche de celle de la lumière et à de très hautes énergies, le LHC va recréer les conditions qui existaient juste après le Big Bang». Malgré ces annonces tonitruantes et celle de la grande presse où certains ont même écrit que lřon allait « voir le big bang » (sic), la mise en route sřavère difficile et vient dřêtre reportée. Il faut dire que maintenir des électro-aimants supraconducteurs à la température de -271°C tout au long des 27 km de lřanneau, nřest pas une mince affaire ! on peut aussi, comme le fait Robert Sungenis, sřinterroger sur une vision des origines qui contredit le récit de la Genèse.
Le super collisionneur construit en Suisse est destiné à fragmenter le proton afin de découvrir des particules encore plus petites. Ces plus petites particules sont nécessaires pour la science moderne parce que la théorie du big bang ne peut même pas être imaginée, et encore moins fournir aucune preuve, sans particules beaucoup plus petites que le proton.
Par exemple, la cosmogonie moderne ne peut pas fonctionner sans une particule appelée le boson de Higgs. C’est une particule théorique mais nécessaire pour donner de la stabilité à une théorie instable.
Jusqu’ici, les machines créées par lřhomme n’ont pas été capables de briser le proton: c’est l’une des particules les plus stables de la nature. Nous parlons de ce phénomène dans Galilée avait tort[12]. Je prédis que le CERN n’arrivera pas à briser le proton. Vous avez bien entendu ! Et même s’ils y parviennent (ou nous convainquent qu’ils l’ont fait), ils ne vont rien trouver sauf des choses ressemblant à des particules de proton. Ce qu’ils cherchent est quelque chose de beaucoup trop petit pour leurs appareils. Pour que le Big Bang marche, ils ont besoin de particules aux dimensions de Planck, des particules de l’ordre de 10-33cm de taille. Le proton a une taille de 10-12 cm, alors ils s’imaginent que, si les particules aux dimensions de Planck existent, elles pourraient se trouver à l’intérieur du proton. En réalité, ils partent à la chasse au dahu. Cette expérience n’est rien d’autre qu’un effort désespéré de faire un peu de propagande pour la théorie du Big Bang. Ils vont probablement trafiquer les résultats pour soutenir le Big Bang, comme ils ont trafiqué toutes les autres preuves de la cosmogonie à leur avantage. La vérité est que la théorie du Big Bang est en faillite. Mêmes des scientifiques agnostiques le reconnaissent, par exemple les théoriciens de l’état stable. Toutes les théories cosmologiques sont en faillite, car il n’existe aucune preuve solide en leur faveur. La seule possibilité pour que quelque chose surgisse du néant est par un fiat divin, c’est-à-dire par la création, ex nihilo que la Genèse nous expose.
Et contrairement à ce que croient beaucoup d’évolutionnistes théistes actuels, la Genèse ne confirme pas la théorie du Big Bang, car elle dit clairement que la terre fut créée d’abord (le premier « jour »), avant la lumière (le quatrième « jour »). Ainsi les gens peuvent choisir: ou bien Dieu nous ment lorsqu’Il dit qu’Il a créé la terre d’abord, ou bien la science moderne nous ment lorsqu’elle prétend que le Big Bang fut premier et que la terre arriva 9 milliards d’années plus tard. La science moderne n’a aucune preuve de ceci, mais elle a la preuve de la première explication, car tous les corps célestes, y compris le rayonnement cosmique, ont pour centre la terre. La science nous montre cela depuis 40 ans. Malheureusement bien des scientifiques ne veulent pas croire ce qu’ils voient dans leurs propres télescopes, parce qu’ils aiment les ténèbres et ne veulent pas venir à la lumière (Jn 3, 19-20).
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La crise de la cosmologie continue : nouvelle conférence des dissidents du big-bang.
Dr John Hartnett
Présentation : Le Cep n°31 (Orage sur le big bang) avait alerté sur une réaction significative, chez les astrophysiciens, contre la théorie du big bang. Cette contestation débouche maintenant sur de véritables congrès scientifiques, le second sřétant tenu près de Washington cet été. Le groupe de cosmologie alternative qui organisait ces journées avait publié dans le New Scientist une Lettre ouverte qui a recueilli désormais plus de 300 signatures ! Ce succès, sur un sujet aussi ardu, confirme une véritable crise dans cette discipline.
Du 7 au 11 Septembre 2008, environ 50 astronomes et physiciens dissidents se réunirent à l’hôtel du Lion Rouge dans le havre tranquille de Port Angeles, Washington, USA. J’étais l’un d’eux. Nous nous réunîmes pour discuter des problèmes soulevés par le modèle du big bang, de la structure et de l’origine de l’univers dans l’espoir de présenter, un jour, un substitut solide qui ne soit pas rongé par les problèmes que soulève le modèle classique.
Cette réunion était la seconde après celle du Portugal en 2005. Titre de la Conférence : Crise de la cosmologie 2 : défis à la cosmologie officielle et quête d’une nouvelle image de l’univers[13].
Elle fut également suivie par quelques douzaines d’observateurs intéressés et par les médias locaux. Par chance, la conférence coïncidait avec la mise en service du Grand Collisionneur Hadronique ou accélérateur à particules (LHC: Large Hadron Collider) du CERN à Genève et les journalistes demandèrent si le LHC pouvait reconstituer quelques conditions initiales du big bang. Comme on avait souvent dit que le LHC pouvait créer de mini trous noirs et aspirer la terre dans son sillage, la synchronisation semblait parfaite.
Les scientifiques de la conférence dirent aux journalistes que de telles questions ne se posaient même pas car le big bang de l’origine de l’univers est un mythe, il ne s’est jamais produit. Le Daily Peninsula News les cita ainsi:
«La théorie du « big-bang » est une maison en papier de soie sur le point de s’effondrer sous son propre poids, dit le physicien David Dilworth.» Et : «La cosmologie étudie l’ordre naturel de l’univers. Une « bonne cosmologie » expliquerait comment l’univers fonctionne, mais n’expliquerait pas nécessairement son origine, dit Van Flandern…La théorie du big-bang repose sur des idées non prouvées.»
Dans cet article, Van Flandern déclara que les participants étaient parvenus à un certain accord. À mon avis cřest faux, à moins qu’il ne fasse allusion au fait que le seul accord était que le big bang est une mauvaise description de ce que nous observons. La trame de la conférence était que l’on avait besoin de quelque chose de meilleur.
Et il y avait beaucoup d’émotion; chacun semblait avoir sa propre cosmologie et la plupart des personnes étaient athées.
Nombre des participants avaient pris un congé ou étaient leur propre employeur. À peu près huit seulement Ŕ y compris moi-même Ŕ représentaient officiellement leur université. Beaucoup d’autres avaient été invités mais eurent peur de participer, peur d’être étiquetés suite à leur participation à ce séminaire.
Les organisateurs avaient lancé, il y a quelques années, un groupe de Cosmologie alternative (alternate cosmology), avec une charte-programme exposée dans une Lettre Ouverte qui fut publiée par le New Scientist, et qui exposait les nombreux grands problèmes du LCDM (cold dark matter, la matière noire froide), thème classique de la cosmologie du big bang. Initialement un petit nombre seulement signèrent la Lettre, mais lorsque le site internet se développa, la liste sřétoffa jusquřà comporter plus de 300 signataires, la plupart venant d’universités de bonne réputation.
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HISTOIRE
« Si l’homme est libre de choisir ses idées,
il n’est pas libre d’échapper aux conséquences des idées qu’il a choisies. » (Marcel François)
Quel destin pour la Hongrie ?2ème partie : La face obscure de la libéralisation Irène Döményi
Résumé : Avec le retrait de lřoccupant russe, on aurait pu penser que le peuple hongrois redeviendrait maître de son destin. Mais, lors dřune rencontre secrète préalable réunissant les Soviétiques, les Américains, les Israéliens, lřÉglise catholique et cinq hommes politiques appelés à jouer un rôle important, dřétroites limites furent fixées à cette « libération » : ce fut le « Pacte de Ròzsadompb », sombre tractation qui nřexplique que trop bien les difficultés du pays à lřheure présente.
- La persistance d’un régime communiste repeint.
En 1989, les « Grands » de ce monde décidèrent de casser le communisme. Le mur de Berlin s’écroula, les Allemands de l’Est retrouvèrent leurs familles et – trois ans plus tard! – les soldats russes quittèrent enfin la Hongrie. Mais il n’y eut pas de changement de régime. En « Magyarie » on ne fit pas de « chasse aux sorcières ». Les anciens communistes n’ont pas été molestés, encore moins punis pour leurs crimes. Tous les nouveaux dirigeants sont issus de leurs rangs. Ainsi furent élus le Francmaçon Jòzsef Antall, des collaborateurs communistes comme Àrpàd Göncz ou le tortionnaire sadique notoire Gàbor Péter (ce dernier, âgé maintenant de 80 ans, se promène tranquillement dans les rues élégantes de Buda…).
Dans le « Pacte de Ròzsadomb »[14] aucune revendication, demande de réparation ou de restitution des biens spoliés du peuple hongrois n’était recevable. La moindre critique du régime passé, de ses dirigeants ou même des dirigeants actuels était et reste toujours interdite. La Franc-maçonnerie a repris en mains les affaires. (Il est significatif que le Congrès International de la Franc-maçonnerie se tint à Budapest en 1992. Et le 22 avril 2007 une conférence des Grands Orients français, belge et d’Europe Centrale a été organisée à nouveau à la Maison du G. O. de Budapest, VI. Podmaniczky-utca 45).
- En même temps, la « culture américaine« , dans ce qu’elle a de plus exécrable, a envahi la société hongroise. L’esprit de jouissance, l’amour effréné de l’argent, la dislocation de la famille par le divorce, devenu à la mode, la prostitution féminine et masculine, la pornographie, l’homosexualité, l’usage des drogues, l’avortement et un athéisme affiché sont devenus monnaie courante, spécialement parmi les jeunes.
Entre temps la police sřest corrompue. La maffia russe et dřautres se sont installées en Hongrie, et avec elles le crime organisé.
« terrain de chasse gardée ». Les « anciens-nouveaux » dirigeants
roses. Cřest devenu le quartier le plus chic de Budapest. Le 15 mars 1991 dans une villa de Buda eut lieu une rencontre secrète entre les personnalités suivantes:
- le Général commandant l’Armée Soviétique qui devait quitter la Hongrie;
- un Colonel de la police secrète soviétique;
- le Premier Secrétaire de l’Ambassade américaine,
- un officier de la C.I.A;
- un représentant des Services Secrets israéliens;
- un mandataire de l’Église catholique en Hongrie;
- un mandataire de la communauté israélienne en Hongrie;
- cinq chefs politiques hongrois (qui encore de nos jours tiennent des positions importantes : Jòzsef Antall (Franc-maçon, Premier Ministre, décédé), Péter Boross, Àrpàd Göncz (futur Président de la République),
Gyula Horn (fameux tortionnaire sadique communiste), Làszlò Pàskai
(cardinal-archevêque de Hongrie, ennemi juré du cardinal Mindszenty (il a « subtilisé » un dossier important pour le procès de canonisation engagé en faveur du Cardinal.), Ivàn Pethö, Gusztàv Zoltai.
achetèrent à vil prix des bâtiments et des terrains autrefois occupés par des coopératives peu productives ou par les soldats russes. Ils les revendaient ensuite à des investisseurs étrangers (allemands; russes, israéliens, américains, etc.) et empochaient sans pudeur la différence. Depuis, ô miracle! les mêmes usines, casernes, coopératives génèrent des bénéfices! puis des résidences somptueuses, de véritables palais, ont été construits à Budapest et ailleurs. C’est ainsi que le dictateur actuel, M. Gyurcsàny (israélite comme son épouse), s’est enrichi, avec ses collaborateurs et complices, pendant que le prix des produits de première nécessité et les impôts augmentaient et que la pauvreté générale devenait misère pour les « petites gens », c’est-à-dire pour la majorité du peuple hongrois. Il n’y a plus de communauté d’esprit entre le peuple et le gouvernement.
- Les dignitaires officiels de l’Église catholique en Hongrie (sauf quelques prêtres courageux), empoisonnés par l’esprit du temps, – au lieu de défendre la pureté de la foi catholique, d’éclairer et de soutenir les fidèles dans leurs luttes contre l’ordre social injuste et néo-païen – ne s’occupent que de leurs intérêts matériels. De plus, ils font des courbettes devant les Juifs et ils tombent en pâmoison en face du Coran.
- Une véritable « magyarophobie » haineuse règne désormais dans le pays. Tout ce qui est hongrois: l’histoire, la culture, les traditions, les lois, la religion sont ridiculisées dans la presse, à la radio et à la télévision, ainsi que la mentalité et les traits propres au caractère hongrois : l’honnêteté, la pudeur, l’honneur, la franchise, le respect de la parole donnée, l’amour filial ou patriotique: tout est systématiquement avili.
- Le régime actuel est très désireux d’abaisser le nombre de Hongrois. Il travaille sur un projet de loi autorisant les jeunes filles et femmes à se faire stériliser dès l’âge de 18 ans! (La fornication libre et la mort de la nation sont programmées).
- Pour assurer le métissage du peuple magyar avec des peuples inassimilables, le gouvernement a fait venir en Hongrie une masse impressionnante de Tziganes[15] de « Roumanie ». Ceuxci ne désirent pourtant pas se fondre dans le peuple hongrois, ne pratiquent pas l’avortement: bien au contraire! Leur natalité est triple de celle des Magyars. Les Tziganes sont les enfants chéris du système et ne sont jamais punis de leur irrespect des lois, ni des crimes commis contre les Hongrois. Ils sont le cheval de Troie de M. Gyurcsàny, pour installer dans la société une agitation permanente.
(Une personne « bien intentionnée », d’origine israélite, nous a expliqué récemment que l’idée de nation « était haïssable » et qu’elle souhaitait qu’un Premier ministre de Hongrie fût un Tzigane!
Mais elle n’a pas souhaité élire un Premier ministre hongrois en « Tziganie », ni un Tzigane comme Premier Ministre en
Israël! )
- Il existe déjà des « quartiers chinois » à Budapest (des brocantes), déparant la ville par leurs bric-à-brac étalés sur la grandřrue de Köbànya, quartier industriel et ouvrier. (Pas dans les rues chics de Buda!). Nous avons appris récemment par les sites
Internet et les « blogs » hongrois que le gouvernement envisage de donner des permis d’établissement définitif en Hongrie à trois millions (!) de Chinois. Mais la même administration hongroise, occupée à travailler pour le premier million, refuse de traiter la régularisation des papiers de Hongrois venant des pays voisins (anciennement hongrois).
- Il y a un million de chômeurs et 100.000 sans abris en Hongrie.
- Le gouvernement subtilise l’argent que l’Union Européenne octroie au pays pour le développement et – sans se soucier de l’augmentation des prix de la nourriture de première nécessité (pain, viande, etc.) qui affecte toute la population – il achète des canons à eau, destinés à réprimer les manifestations populaires de rue, pour 315 millions de forint !
- La situation très tendue en Hongrie s’explique également par le fait que le peuple ne fut pas informé de l’utilisation de l’argent provenant dřimpôts de plus en plus lourds, et qui a mystérieusement « disparu » du Trésor Public, sans laisser de trace.
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LE MYSTÈRE ENFIN ÉLUCIDÉ:
- Janvier 2005: 80 millions (et ensuite 4 milliards) de forints de « crédit-aide » ont été donnés aux sinistrés du tsunami en Asie. (En même temps, pas un fillér pour les sinistrés hongrois victimes d’inondation) !
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- Juillet 2005: Le « JAKARTA POST » informe ses lecteurs dřinvestissements hongrois importants par des propriétaires d’entreprises hongroises, mais non enregistrés en Hongrie. Ces investissements s’élevaient à 4 milliards de $ (880 milliards de forints) et concernaient des projets indonésiens :
- ouverture d’une nouvelle mine,
- rails de train,
- produits informatiques et armements au Sud de Sumatra.
- Entre temps en Hongrie – faute d’argent (?) – on ferme les écoles des petites communes. Les instituteurs et professeurs perdent leurs emplois et les élèves doivent chercher des écoles éloignées.
- Plusieurs petits hôpitaux, où auparavant les services avaient été assurés dans des bâtiments séparés, sont fermés par volonté gouvernementale. Mais l’on construit ailleurs des ensembles hospitaliers somptueux que seulement les étrangers ou les Hongrois riches peuvent utiliser. Par exemple à Györ (grande ville de Transdanubie), nonobstant du fait que ces immenses bâtiments sont plus dangereux car on y transporte les microbes d’un service à l’autre.
La santé publique est chère et désastreuse et le système scandaleux de rémunération des médecins (« hàlapénz » – « prix de gratitude » (!), de nos jours appelé: « vizitdìj » (prix de consultation), arbitraire, fait que les bons médecins ne soignent que les malades aisés. Certains hôpitaux à Budapest manquent de papier hygiénique, de couvertures, de médicaments ; le chauffage nřy fonctionne pas. Le choix de l’hôpital n’est pas libre ; ainsi un malade cardiaque ne peut aller dans un hôpital où on le connaît, au risque de mourir en cours de route !
(Suite et fin au prochain numéro)
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SOCIÉTÉ
« Il a plu à Dieu qu’on ne pût faire aucun bien aux hommes qu’en les aimant. »
(P. Le Prévost)
Le vaccin contre l’hépatite B une bombe à retardement[16] Sylvie Simon
Résumé : Le vaccin contre lřhépatite B a désormais près de 20 années dřapplication. Il a été rendu obligatoire dans certains pays (lřItalie) ou pour certaines catégories sociales (le personnel hospitalier en France). On dispose donc dřun recul suffisant pour un premier bilan. Ainsi, entre 1990 et 2000, aux États-Unis (pays où il existe une pharmaco-vigilance spéciale pour les vaccins), 1 048 milliards de dollars ont été versés pour indemniser les victimes dřaccidents vaccinaux. Pourtant on laisse croire que cette vaccination est une intervention anodine. A contrario, on proclame que lřhépatite B est une maladie grave et menaçante, alors quřelle passe le plus souvent inaperçue, ne débouche sur la forme « fulminante » que très rarement, et concerne surtout certaines populations à risque de par leurs pratiques sexuelles ou lřusage de drogue par injection.
On doit donc sřinterroger sur le rôle ambigu joué dans ce dossier par les autorités intellectuelles et les administrations qui veillent sur notre santé.
Quatorze ans après la campagne nationale de vaccination contre lřhépatite B, les responsables de deux laboratoires ayant mis au point et commercialisé le vaccin ont été mis en examen pour « tromperie aggravée ». Il était temps !
Après avoir déclaré que les accusations portées à lřencontre des responsables « ne sont pas justifiées », le porte-parole du laboratoire Sanofi-Pasteur MSD a affirmé que toute cette histoire était uniquement « franco-française ». Il nřy a que lui pour le croire, à part ceux qui sont à lřabri de toute information venant de lřétranger.
En Allemagne, comme en Grande-Bretagne, les autorités sanitaires ont refusé de conseiller les vaccinations, aussi celles-ci ont-elles été très réduites et leurs effets secondaires également. Seuls trois pays ont vacciné en masse : la France, les États-Unis et lřItalie, où le ministre italien de la Santé a touché 600 millions de lires quelques mois avant quřil rende la vaccination obligatoire dans son pays ; il a été inculpé et condamné à plusieurs années de prison ferme, mais le vaccin a engendré en Italie des dégâts semblables aux nôtres.
Aux États-Unis, depuis 1990, la loi fédérale oblige tous les médecins à déclarer les complications vaccinales au VAERS (Vaccine Adverse Event Reporting System), dépendant de la FDA (Food and Drugs Administration) et du gouvernement américain. Or, entre le 1er juillet 1990 et le 31 octobre 1998, le VAERS a dénombré 24 775 effets secondaires du vaccin contre lřhépatite B, dont 9 673 cas très graves, et 439 décès, parmi lesquels 180 ont été classés « mort subite et inexpliquée du nourrisson ».
Et entre 1999 et 2002, chez les enfants de moins de 6 ans, chez lesquels il nřexiste officiellement « aucun problème » en France, le VAERS a enregistré 13 363 accidents, dont 1 850 hospitalisations et 642 décès pour ce seul vaccin. On pourrait déjà être affolé par ces chiffres, mais le 2 juin 1993, la FDA avouait dans Jama (la revue de lřassociation médicale américaine) quřune étude du CDC (Center for Disease Control, à Atlanta) démontrait que « seulement 1% des accidents graves lui étaient rapportés ». Le magazine Money de décembre 1996 a bien confirmé cet infime pourcentage. Il est certain que, si lřon multiplie les chiffres officiels par ce pourcentage, la situation est terrifiante.
Déjà, en 1944, The Lancet (vol.344) avait dénoncé : « La vaccination contre l’hépatite B a été associée à une exacerbation ou même à un déclenchement de maladies auto-immunes comme des scléroses multiples ou des syndromes de Guillain-Barré. »
Ainsi, contrairement à ce que lřon prétend, les problèmes liés à la toxicité de la vaccination contre lřhépatite B sont officiellement reconnus et ne sont pas réservés à la France ; mais chez nous personne ou presque ne lit le Lancet.
Le 14 juin 1999, le Dr Jane Orient, présidente de lřAssociation de médecins et des chirurgiens américains (AAPS), a témoigné devant le Comité de réforme du gouvernement et a évoqué les 4 600 dossiers impliquant, outre la sclérose en plaques, le syndrome de Guillain-Barré, le lupus érythémateux, des névrites optiques, des polyarthrites, des péricardites, des uvéites postérieures, des paralysies faciales, le lichen plan, et aussi lřaugmentation inquiétante de lřasthme et du diabète insulinodépendant, que lřon occulte totalement en France. Elle a conclu : « Pour la plupart des enfants, le risque d’une réaction grave au vaccin peut être 100 fois plus grand que le risque d’hépatite B. »
Aux États-Unis, un certain pourcentage est prélevé sur le prix du vaccin pour dédommager les accidents vaccinaux. Etant donné que, entre 1990 et 2000, 1 048 milliards de dollars ont été payés, et que la somme maximale octroyée pour un décès ne peut excéder 250 000 dollars, ce chiffre dément à lui seul toutes les assertions officielles affirmant que rien ne prouve la nocivité des vaccins.
Sřils sont tellement inoffensifs, pourquoi tant dřargent attribué aux victimes ? Dřautant quřaux États-Unis, comme en France, le parcours des malades pour obtenir que la justice puisse faire son travail est aussi hasardeux quřonéreux et, alors que lřadministration Clinton avait déjà durci la procédure dřobtention de cette compensation, celle de Bush a supprimé tout espoir pour les familles des victimes.
Ce résumé de la situation aux États-Unis prouve bien que les problèmes vaccinaux ne sont pas réservés à la France, contrairement à ce que les autorités cherchent à nous faire croire.
Une litanie de mensonges
« Nous entendons faire valoir notre point de vue dans cette affaire », a déclaré Benoît Soubeyrand, directeur médical de Sanofi-Pasteur MSD, ajoutant quřil allait « collaborer au mieux de ses possibilités avec le juge d’instruction », tout en se demandant comment il va répondre de lřaccusation de « tromperie aggravée ». Car il sřagit bien avant tout des énormes mensonges proférés par le laboratoire au moment de cette OPA sur la santé publique.
Tout le monde a le droit de se tromper, mais pas de mentir, lorsquřil sřagit de la santé publique.
Mais avant dřénumérer les plus gros mensonges du laboratoire, il est important de savoir quřil a eu de nombreux complices parmi le gouvernement, les instances de santé, et certains médias. Serontils eux-aussi mis en examen ? Ce serait indispensable dans une véritable démocratie, car, dans cette campagne éhontée en faveur de la vaccination contre lřhépatite B, la publicité a dépassé de très loin les arguments utilisés pour vendre du Coca-Cola, et les mensonges se sont succédé à une cadence jamais égalée auparavant dans le domaine de la santé.
Ainsi, avec toute lřobjectivité quřon peut attendre de quelquřun qui est à la fois juge et partie, le laboratoire Pasteur-Mérieux MSD nřa pas hésité à éditer une plaquette affirmant : « La salive est un important vecteur de la contamination », alors quřon nřa jamais rapporté un seul cas de contamination transmise par la salive. Et le Conseil Général des Hauts-de-Seine sřest fait le complice des marchands de vaccins en diffusant un tract de la même veine :
« On peut contracter l’hépatite B par la salive, le baiser, le partage d’objets familiers. »
Pour sa part, Philippe Douste-Blazy, alors ministre de la Santé du gouvernement Balladur, avait avancé les chiffres les plus farfelus, sans aucune base scientifique, mais qui lui avaient évidemment été soufflés par les marchands du vaccin : « L’hépatite B ce sont 40 000 contaminations par an, touchant principalement les jeunes. » (Cf. Libération, 4 septembre 1994). Pouvait-il alors ignorer que les estimations officielles (Réseau national de la santé) se situaient autour de 8 000 ?
Cette année 1994, durant tout le mois dřoctobre, un camion forum sillonna la France et le « Doc », alias Christian Spitz, pédiatre et psychologue chargé de « lřinformation », affirmait alors que quatre milliards dřindividus étaient touchés par le virus. Personne nřa dénoncé lřénormité du mensonge, pas une seule voix ne sřest élevée pour protester officiellement.
En lřoccurrence, il sřagissait de la violation de lřarticle 13 du Code de déontologie médicale française.
Ce médecin, qui a délibérément violé les règles du serment dřHippocrate en ayant fait montre dřune évidente « attitude publicitaire », sans aucun « souci des répercussions de ses propos auprès du public », aurait dû comparaître devant le Conseil de lřOrdre. Or, celui-ci sřest bien gardé de le poursuivre alors quřil condamne, sans aucun état dřâme, de nombreux médecins sous le prétexte quřils soignent avec des « méthodes non conventionnelles et non éprouvées ». Malgré lřénormité de son mensonge, à présent oublié, le Dr Spitz anime certaines émissions télévisées. On peut imaginer la rigueur de lřinformation quřil diffuse.
Le 23 mars 1998, le Journal de 20 heures sur la 2 présenta une note interne du laboratoire Pasteur-Mérieux : « Sur le marché de la vaccination, les adolescents sont un segment très porteur… Il faut dramatiser…faire peur avec la maladie. » Cette seule publication aurait dû provoquer une remise en question du vaccin, puisque la « nécessité de vacciner » a été basée sur des affirmations qui relèvent du délit de publicité mensongère. Comment les défenseurs du laboratoire vont-ils pouvoir noyer cet énorme poisson ?
Pour justifier cette campagne, le Pr J.F. Girard, alors directeur général de la Santé, nřa pas hésité à affirmer que lřépidémie avait tendance à sřétendre et que cette affection présentait un problème majeur de santé publique ! (cf. Le Généraliste, n° 1643, 1995) alors que lřInserm et la Surveillance épidémiologique de la Courly montraient que lřon avait douze fois plus de cas dřhépatite B en 1978 quřen 1992. La diminution de 90% des cas observés avant la campagne publicitaire en faveur du vaccin correspond au retrait des lots de sang contaminé. Car il faut savoir que de nombreuses hépatites B ont été criminellement transmises par la transfusion sanguine de sang contaminé, dont on sřest bien gardé de parler durant la campagne.
Quant au Pr Jacques Drucker, alors directeur du Réseau national de santé publique, il prétendait, en 1997, quřil y avait 3 000 décès par an à cause de lřhépatite B.
Mais le 24 mars 1998, interviewé sur France 3 dans lřémission Nimbus, il affirma alors quřil y en avait environ 1 000. Voilà encore un bel exemple de précision « scientifique » chez un responsable de la santé publique !
Interrogé à son tour, Antoine Flahaut, de lřInserm, maître de conférences à Paris-VI, affirma pour sa part, sur des bases beaucoup plus sérieuses, quřil y en avait entre 630 et 1 000 au maximum. Ainsi, M. Douste-Blazy nous a donné, au sujet des cas dřhépatites B en France, un chiffre cinq fois supérieur à celui fourni par le Réseau de la santé publique, et le Pr Drucker, directeur de ce même réseau, a avancé un chiffre de trois à cinq fois supérieur à celui de lřInserm ! Faut-il incriminer lřignorance, lřincompétence ou le mensonge organisé ?
Dans Ouest-France du 6 septembre 1998, le Dr Plassart ne sřest pas privé, lui aussi, de désinformer ses lecteurs : « Le virus de l’hépatite B se transmet par voie vénérienne et par la salive. » Combien dřadolescents ont cru ces mensonges puisquřils émanaient de personnes « responsables », de ceux qui sont chargés de leur montrer lřexemple de la probité?
Un dépliant distribué par le laboratoire SKB à des centaines de milliers dřexemplaires affirmait que « l’hépatite B tue plus de personnes en un jour que le sida en un an ». Michel Georget, professeur de biologie, répondit alors : « À supposer, pour simplifier, que l’hépatite B fasse 365 morts par an (soit un par jour, ce qui est déjà très supérieur à la réalité), cela voudrait dire que le sida tue moins d’une personne par an ! Hélas, il n’en est rien. »
Aucun des tracts ne mentionnait les dangers potentiels de ce vaccin, pourtant signalés depuis belle lurette dans la littérature scientifique internationale, et la plupart avançaient des chiffres concernant lřensemble du globe, ce qui faussait complètement les données, confondant les chiffres de lřhépatite B avec ceux de lřhépatite C (à part ses effets secondaires dangereux).
Et en 1999, dans La Vaccination (P.U.F., coll. Que Sais-je ?), Claude Hannoun, professeur honoraire à lřInstitut Pasteur, osait encore affirmer que le virus « est transmis directement ou indirectement à partir du sang, de la salive, du sperme et des sécrétions vaginales.» Ce professeur honoraire sera-t-il sanctionné pour son mensonge ?
Le 15 février 2005, dans Le Figaro, Maxime Journiac, spécialiste Sida Info Service, reprenait le chiffre de 300 000 personnes contaminées par le virus de lřhépatite B ainsi que la litanie de mensonges : « Le virus se transmet par le sang, le sperme, les sécrétions vaginales, la salive et les liquides issus d’une plaie.» Personne ne semble avoir remarqué dans cet article quřavec la moitié de la France « protégée » du virus par le vaccin, il existerait bien plus de cas quřavant la campagne de vaccination massive. Étant donné que lřincidence de la maladie avait diminué de façon spectaculaire bien avant la vaccination de masse, on ne peut que sřinquiéter dřapprendre que les chiffres pour lřhépatite B ont doublé en dix ans. Dans ce cas, il faut surtout éviter de continuer à vacciner.
Lřarticle signalait également que « la France est le seul pays européen où l’opposition au vaccin contre l’hépatite B a eu de telles conséquences judiciaires et médiatiques que la couverture vaccinale a reculé », en se gardant bien de dire que nous sommes le seul pays européen à avoir subi de telles pressions des laboratoires et à leur avoir obéi. En Grande-Bretagne, on a vacciné
5 % et non 50 %, de la population et pourtant ce pays nřa pas davantage de cas dřhépatite B que nous. Mais tout le monde semble lřignorer, et Le Figaro mérite la palme à cet égard.
Dans le même esprit, en 2004, on pouvait encore entendre le Dr Edwige Antier, qui intervient régulièrement dans les médias, affirmer sur France-Inter que lřhépatite B est une maladie très grave qui menace la population française et que les accidents, dont elle prétend que le lien avec le vaccin nřa jamais été établi, sřélèvent au maximum à 200 cas. Ce genre de mensonge nřa jamais été sanctionné par qui que ce soit, et certainement pas par le Conseil de lřOrdre des médecins.
La preuve qu’ils savaient
Alors que nos pouvoirs publics criaient haut et fort quřil nřexistait aucun accident, ils nous donnaient une autre preuve de leur mensonge.
Le Parisien du 2 octobre 1998 a publié le fac-similé dřune lettre envoyée à Liliane Larvor, atteinte de polyarthrite rhumatoïde depuis sa vaccination obligatoire pour travailler à la faculté.
La lettre, à lřen-tête du ministère du Travail et des Affaires Sociales, est datée du 16 janvier 1996 et signée par François
Vareille : « Au vu du rapport établi par l’expert, le Dr Martin, du centre de pharmacovigilance de Brest, la commission de règlement amiable des accidents vaccinaux lors de sa séance du 9 janvier 1996 a conclu que le lien de causalité entre la vaccination et les troubles observés devait être retenu. Au vu de cet avis favorable, je vous propose à titre d’indemnisation la somme de 100 000 francs en réparation des préjudices de toute nature consécutifs à la vaccination que vous avez subie. »
Cette lettre implique une reconnaissance totale et officielle des effets secondaires, dès 1996, et prouve ainsi que de nombreux officiels nous ont menti en affirmant quřil nřy avait « aucun » effet secondaire grave. Mais la dernière partie de cette lettre est fort intéressante. La somme proposée représente le prix du silence de la victime puisquřelle devait sřengager à renoncer « à intenter toutes actions en réparation à raison de ce même préjudice.»
Lourdement handicapée, Liliane Larvor a accepté les 100 000 francs. Elle a déclaré au Parisien : « Quand j’ai lu dans les journaux que l’Etat ne reconnaît rien, j’ai été ulcérée. » On peut lire plus loin, dans le même article, que Le Parisien a pu consulter quatre autres dossiers du même type, à en-tête du Ministère et reconnaissant une responsabilité vaccinale. Ainsi, cinq personnes étaient déjà indemnisées à lřépoque et il y en a eu dřautres depuis. Ces dédommagements prouvent bien que lřon « savait », alors quřon niait toujours et que lřon nie encore.
Le Dr Marc Girard, qui fut lřexpert nommé par la Cour dřappel de Versailles, estime à plus de 80 000 les cas de scléroses en plaques associés à ce vaccin, ce qui est très loin du chiffre officiel.
Il a découvert un rapport de la Direction générale de la santé (DGS), du 15 février 2002, selon lequel ces vaccins auraient produit « la plus grande série d’effets indésirables recueillis en pharmacovigilance depuis sa naissance en 1974 », alors que tous nos responsables (mais pas coupables) de la santé persistent à affirmer quřil nřy en a pratiquement pas.
Il a aussi constaté que le centre de pharmacovigilance de Strasbourg est tellement efficace quřune victime décédée en 1998 était alors déclarée toujours vivante, et une autre victime aurait été vaccinée deux mois après son décès. De même, 99 % des dossiers de lřenquête auraient été « perdus » en cours dřanalyse. Il est certain que, dans le domaine de la santé, les pertes de dossiers sřaccumulent, comme cřest aussi le cas dans le scandale de lřhormone de croissance.
Le Dr Girard fait aussi remarquer que « ceux qui maintiennent l’intérêt de cette vaccination sont ceux qui, dans les revues épidémiologiques, admettent sans rire qu’il existe une incertitude de 1 à 7 sur les chiffres de la contamination virale » (cf. Médecine et Maladies infectieuses, 2003 ; 33.). Et il pose la question : « Qui prendrait au sérieux les gens de l’INSEE s’ils venaient nous dire qu’au terme du dernier recensement la population compte entre 60 et 420 millions de citoyens ? »
En 2003, les journaux français ont annoncé que des études indépendantes avaient totalement innocenté le vaccin, alors que ces deux études, réputées « indépendantes », furent initiées et en partie financées par les fabricants de vaccins, la première par AventisPasteur, à présent Sanofi Pasteur MSD, et la seconde par Merck Ŕ qui est, par hasard, lřassocié de Pasteur-Mérieux.
On trouve lřexemple même du « flou artistique » qui entoure ce problème sur le site actuel de Doctissimo. Dans lřune des versions du site, on peut lire quřen France il y aurait environ 100 000 à
150 000 personnes porteuses du virus de lřhépatite B, alors quřune autre rubrique affiche que « près de 300 000 personnes sont porteuses du virus », et que « le germe coupable fait partie des dix virus les plus redoutables du monde ».
Doctissimo sera-t-il mis en examen pour « tromperie aggravée », étant donné que lřhépatite B passe inaperçue la plupart du temps, évolue spontanément vers la guérison dans plus de 95 % des cas et que les sujets sont ensuite immunisés. Parmi les 5 % des autres cas, il nřest pas impossible quřune hépatite aiguë se manifeste. Or, dřaprès Panorama du médecin : « L’hépatite aiguë en règle générale est une affection bénigne pour laquelle il n’est pas indiqué (et même contre-indiqué) de prescrire une quelconque médication » (cf. n° 4131 Ŕ 1995).
La complication la plus grave est lřhépatite fulminante, mortelle dans un cas sur deux, mais ce risque ne concerne que 1% des cas dřhépatites aiguës, cřest-à-dire un chiffre négligeable par rapport aux effets secondaires du vaccin.
On peut ainsi constater, une fois de plus, que le risque est toujours pour le malade, le bénéfice toujours pour le laboratoire. Il serait donc normal que ce bénéfice, généré par des manœuvres douteuses, soit parfois grevé par une condamnation.
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Recension : L’avortement vu par un exorciste, par le Frère Christian de la Vierge o.f.m.
Les lecteurs du CEP, bien informés des liens irréfutables entre théories de lřévolution et culture de mort seront intéressés par ce fascicule de 24 pages écrit par un prêtre franciscain, ancien exorciste du diocèse de Marseille, puis dřAvignon.
Sous une forme très concise, lřauteur nous montre la gravité de lřavortement, homicide, meurtre dřun innocent, mais plus grave encore, outrage envers la paternité de Dieu.
Il donne en même temps les voies de guérison pour ces pauvres mères, atteintes dans les profondeurs de leur âme, quelle que soit leur réaction ou non-réaction apparente.
Lřavortement est une conséquence directe de la mentalité contraceptive, fruit du rejet de lřencyclique Humanae Vitae de Paul VI par la majorité du clergé et du peuple catholiques en Occident. Lřavortement est un véritable sacrifice humain à Lucifer. Ce nřest pas un hasard si Notre-Dame de Guadalupe, apparue enceinte à lřIndien Juan Diego en 1531 à Mexico, est la patronne des enfants à naître.
Elle qui mit fin au massacre des sacrifices humains aztèques, mettra aussi fin à la culture de mort au XXIe siècle.
Sachant quřen France, un bébé sur quatre est sacrifié par avortement, nous sommes tous plus ou moins éclaboussés par ce génocide. Ce fascicule est à offrir à toute femme confrontée à ce drame. Nous reproduisons ci-après la 4e de couverture :
« Satan ne pouvant rien contre la Femme primordiale, la
Vierge Mère, va s’en prendre alors à ses images vivantes que sont toutes les femmes enceintes afin de « dévorer » l’enfant à naître, avant même sa naissance, non pas parce qu’ « il » aurait la prescience de ce que sera cet enfant, mais tout simplement parce que cet enfant sera un « sujet » du Royaume du Christ.
L’avortement n’est pas seulement un homicide (conscient ou inconscient) contre une vie humaine, mais aussi un grave outrage envers la paternité de DIEU, qui est l’Auteur et la Source unique et première de toute œuvre de génération, paternité ou maternité physique ou spirituelle.
Par ce non à l’enfant à naître, on refuse de donner un (nouvel) enfant à Dieu, le Père de cet enfant, et un frère en humanité au Fils, l’Éternel Engendré.
Il faut retrouver le sens de Dieu pour trouver ou retrouver le sens et le respect de l’homme dans son unité de corps et d’âme, dans sa dignité depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle et dans son droit inaliénable à la vie.
Ce que ne peuvent ni l’aide médicale, ni l’assistance psychologique, l’Enfant Jésus, né de la Vierge-Mère, le peut audelà de toute espérance. »
Disponible sur : http://www.choisirlavie.org/soutenir.php ou à commander par courriel : choisirlavie.isere@laposte.net (3 € franco de port)
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Recension : Le Christ et la science expérimentale moderne, de Max Thürkauf
Les éditions Téqui nous proposent cette année1 un nouveau volume regroupant trois essais du physicien nucléaire suisse, également Docteur en philosophie, Max Thürkauf (19251993) sur les dérives de la science expérimentale moderne. Ces réflexions, sous leur forme claire et synthétique, nous montrent lřorigine des maux qui affectent notre civilisation occidentale : le refus de Dieu, ou encore la volonté de Lřexclure de notre vie.
1 Après «Cosmos et création-La mante religieuse-Deux savants à la recherche de Dieu», Paris, Téqui, 1989 (réed. 2003).
www.editionstequi.com
Des extraits de ce livre se trouvent dans Science et Foi n° 23, 24 et 25 (1992) et dans Le Cep n° 14 et 15 (2001). Voir aussi Le Cep n°21 (2002).
Dans la première partie, lřauteur nous expose les dérives dřune science qui a voulu se passer de Dieu. Or, lřhomme a besoin de Dieu pour aimer et pour rendre sa science bénéfique. La science veut répondre au « comment ? », mais laisse de côté le « quoi ? » (philosophie) et le « qui ? » (théologie). Nous ne trouverons aucune solution à nos maux sans la restauration de la primauté de la théologie, elle-même basée sur la Révélation.
La deuxième partie est centrée sur le problème de la crédulité envers les théories de lřévolution, mythes destructeurs, incompatibles avec la Révélation. Crédulité qui a des conséquences négatives pour la foi quand elle est professée par les théologiens, peu soucieux dřun critère pourtant fondamental : « est-ce VRAI ? ».
La troisième partie nous laisse entrevoir une époque où le « courage de lřhumilité » et la prière des scientifiques guideront nos intelligences, via nos cœurs. La responsabilité morale des savants sera alors pleinement assurée.
Ces propos, venant dřun scientifique de haut niveau, ayant professé les erreurs matérialistes et athées, puis converti en 1981, ont un poids certain.
Le lecteur ne trouvera pas de démonstrations mathématiques pour réfuter les erreurs de la science moderne ; il ne sřagit pas dřun livre technique. Mais lŘauteur lřamènera sur des plans plus élevés de réflexions philosophiques et théologiques. Alors les prétentions arrogantes, les méthodes arbitraires et les dérives anti-humaines des sciences modernes apparaissent dans une optique remettant la Vérité à la première place. Pour être guéri des mystifications dřune science qui a imposé lřidolâtrie de la matière, le lecteur nřaura pas besoin dřétudier pendant trente ans lřhistorique de cette manipulation, ni les objections aux théories de lřévolution, ni la genèse de la culture de mort. Connaissant la source même des erreurs, il les détectera dřemblée tout au long de sa vie. Ce livre lřy aidera puissamment.
Notre propos nřest pas de dissuader ceux qui ont une culture et des possibilités suffisantes dřétudier en détail les erreurs évolutionnistes et leurs conséquences (socialisme national ou international, marxisme, capitalisme, freudisme, dépravation des mœurs, manipulation du vivant, culture de mort). Mais pour le «charbonnier», ce livre sera précieux afin de le conforter dans son esprit filial, entièrement confiant dans la Révélation, malgré la propagande scientiste omniprésente. Le professeur Max Thürkauf sait de quoi il parle et sait lřexprimer dans un langage clair et accessible. Cette lucidité et cette clairvoyance sur leurs erreurs passées sont une grâce accordée aux convertis. Par souci dřéviter à la jeunesse lřesclavage du mensonge, lřauteur a renoncé à une brillante carrière et parcouru la Suisse et lřAllemagne dans des cycles de conférences. Très attentives au respect de la vie, ses analyses étaient très appréciées des médecins de langue allemande. Son épouse Inge, elle-même convertie et auteur de pièces de théâtre, veille actuellement à la diffusion des œuvres de son mari dans les pays francophones. Elle donne aussi des conférences sur les erreurs féministes, la théorie du « gender », le Nouvel Âge, etc. Ses pièces de théâtre exaltent de grandes figures du christianisme.
Nous conseillons vivement ce livre, particulièrement aux jeunes se destinant à des carrières scientifiques, aux séminaristes et aux prêtres pour élargir leur connaissance de la source des erreurs modernes qui empoisonnent les esprits.
Paris, Éd. Téqui, 2008, 96 pages ; prix 10 € plus port (NB :
Peut être commandé au secrétariat du CEP pour 12 € franco)
Considérations bioéthiques sur la “mort cérébrale”[17]
Pr Roberto de Mattei2
Résumé : La définition de la mort clinique fut modifiée à lřété 1968 par la Harvard Medical School, alors que la première greffe du cœur venait dřêtre réalisée par le Dr Chris Barnard. Pour de semblables opérations, il faut en effet ôter lřorgane vital encore fonctionnel à un corps juridiquement « mort » afin que ce geste ne puisse être qualifié dřhomicide. La « mort cérébrale », lřencéphalogramme plat, sembla la solution et fut adoptée par nombre de pays. Mais ce critère demeure contestable, car il ne correspond pas à la disparition de ce principe unificateur mystérieux qui distingue effectivement un corps vivant et un être inerte. Il y a ici une question bioéthique fondamentale : lřarbitrage entre la vie du donneur dřorgane et celle du greffé. La société est-elle en droit de décider que la qualité de lřune lřemporte sur la qualité de lřautre ?
Lřintolérance des médias à lřencontre de lřéditorial de Lucetta Scaraffia, Les signes de la mort, paru dans les colonnes de
L’Osservatore Romano le 3 septembre 2008, suggère quelques considérations sur le thème tellement délicat et crucial de la mort cérébrale.
Tous peuvent convenir de la définition négative de la mort comme Ŗfin de la vieŗ. Mais quřest-ce que la vie ? La biologie attribue la qualification de ‘vivant’ à un organisme qui a en soi un principe unitaire et intégrateur qui en coordonne les parties et en dirige lřactivité. Les organismes vivants sont traditionnellement répartis en végétaux, animaux et humains. Les différentes formes de vie: de la plante, de lřanimal et de lřhomme, même si elles sont de nature différente, présupposent dans tous les cas un système intégré animé par un principe actif et unificateur. La mort de lřindividu vivant, sur le plan biologique, est le moment où le principe vital qui lui est propre cesse de fonctionner.
Laissons de côté le fait que, pour lřêtre humain, ce principe vital, défini comme âme, est de nature spirituelle et incorruptible. Arrêtons-nous au concept, accepté de manière unanime, selon lequel lřhomme ne peut être dit cliniquement mort que lorsque le principe qui le vivifie sřest éteint et que lřorganisme, privé de son centre ordonnateur, entame un processus de dissolution qui le conduira à la décomposition progressive du corps. La science nřa pas encore pu démontrer que le principe vital de lřorganisme réside en tel ou tel organe. Le système intégrateur du corps, considéré comme un Ŗtoutŗ, nřest en effet localisable dans aucun organe particulier, aussi important soit-il, comme le cœur ou lřencéphale. Les activités cérébrales et cardiaques présupposent la vie mais ce ne sont pas proprement elles qui sont la cause de la vie. Il ne faut pas confondre les activités avec leur principe. La vie est quelque chose dřinsaisissable qui transcende les différents organes matériels de lřêtre animé et qui ne peut être mesurée matériellement et encore moins créée. Il sřagit dřun mystère de la nature sur lequel il est juste que la science enquête, mais dont la science nřa pas la maîtrise. Lorsque la science prétend créer ou manipuler la vie, elle sřérige elle-même en philosophie, voire en religion, sřembourbant alors dans le Ŗscientismeŗ.
Le volume Finis Vitae. La mort cérébrale est-elle encore vie ?, publié en anglais et en italien par le Conseil National des Recherches (italien) et la maison dřédition Rubbettino, avec la contribution de dix-huit chercheurs internationaux, expose ces concepts en près de cinq cents pages. Non seulement le critère neurologique, qui fait référence à la Ŗmort cérébraleŗ, ne peut être accepté puisquřune partie de lřencéphale demeure intacte et que demeure active la capacité de réglage central des fonctions homéostatiques et végétatives, mais, de plus, on ne peut accepter le critère qui ne se réfère quřà la mort du tronc cérébral, alors quřil nřest pas prouvé que les structures se trouvant au-dessus du tronc aient perdu la possibilité de fonctionner si elles sont stimulées dřune autre manière.
Nřest pas plus acceptable le critère de ce quřil est convenu dřappeler Ŗmort cérébraleŗ, entendue comme cessation permanente de lřensemble des fonctions encéphaliques (cerveau, cervelet et tronc cérébral) ayant pour conséquence un état de coma irréversible.
Le Pr. Carlo Alberto De Fanti, neurologue et auteur dřun livre dédié à ce thème (Soglie (Seuils), Bollati Boringhieri, Turin 2007), a admis que la mort cérébrale peut être éventuellement considérée comme un « point de non retour» mais « ne coïncide pas avec la mort de l’organisme entendu comme un tout (qui se vérifie seulement après l’arrêt cardiovasculaire)» (in L’Unità, 3 septembre 2008). Il est évident que le « point de non retour », si tant est quřil soit réellement tel, représente une situation de très grave diminution mais ne signe pas la mort de lřindividu.
Le caractère irréversible de la perte des fonctions cérébrales, mise en évidence par Ŗlřencéphalogramme platŗ, ne démontre pas la mort de lřindividu. La perte totale de lřunicité de lřorganisme, entendu comme capacité dřintégrer et de coordonner lřensemble de ses fonctions, ne dépend en effet ni de lřencéphale ni même du cœur. La constatation des cessations de la respiration et du battement cardiaque ne signifie pas que le cœur ou les poumons soient la source de la vie. Si les traditions juridique et médicale, pas seulement occidentales, ont depuis toujours, considéré que la mort devait être vérifiée au travers de la cessation des activités cardiovasculaires, cřest parce que lřexpérience montre quřà lřarrêt de ces activités fait suite, après quelques heures, le rigor mortis et le début de la désagrégation du corps. Ceci nřadvient en aucun cas après la cessation des activités cérébrales. Aujourdřhui, la science permet à des femmes présentant un encéphalogramme plat de porter à terme une grossesse, mettant au monde des enfants sains. Un individu en état de Ŗcoma irréversibleŗ peut être tenu en vie, avec le soutien de moyens artificiels, alors quřun cadavre ne pourra jamais être réanimé, pas même en le reliant à des appareils sophistiqués.
La vérité est que la définition de la mort cérébrale fut proposée par la Harvard Medical School au cours de lřété 1968, quelques mois après la première greffe de cœur du Dr Chris Barnard (décembre 1967), afin de justifier sur le plan éthique les transplantations de cœur au cours desquelles le cœur explanté continue de battre, cřest-à-dire, selon les canons de la médecine traditionnelle, quřil est encore vivant.
Lřexplantation, dans ce cas, était équivalente à un homicide, même sřil était commis pour une bonne cause. La science mettait la morale face à une question dramatique : est-il licite de supprimer un malade, même condamné à mort ou présentant des lésions irréversibles, afin de sauver une autre vie humaine, de Ŗqualitéŗ supérieure?
Face à ce dilemme, qui aurait dû imposer une confrontation serrée entre des théories morales opposées, lřUniversité de Harvard prit sur elle la responsabilité de Ŗredéfinirŗ le concept de mort afin quřil permît les greffes dřorganes, contournant ainsi les hauts fonds du débat éthique. Il nřétait désormais plus nécessaire de déclarer licite la mise à mort du patient vivant. II était suffisant de déclarer ce dernier « cliniquement mort ». Suite au rapport scientifique de Harvard, la définition de la mort fut modifiée dans presque tous les États américains et aussi, par la suite, dans la plupart des États connus sous le nom de Ŗ pays développésŗ.
La nature du débat nřest donc pas scientifique mais éthique. Que tel soit le cas, le sénateur du Parti démocrate italien, Ignazio Marino le confirme dans un article paru dans La Repubblica du 3 septembre 2008, dans lequel le parlementaire définit lřarticle de L’Osservatore Romano comme «un acte irresponsable qui risque de mettre en danger la possibilité de sauver des centaines de milliers de vies grâce au don d’organe.» Ces paroles contiennent dřabord et avant tout un mensonge: lřaffirmation selon laquelle le refus de la mort cérébrale pourrait aboutir à la cessation de tout type de don, alors que le problème éthique ne concerne pas la majeure partie des transplants mais se pose seulement dans le cas des prélèvements dřorganes vitaux qui comportent la mort du donateur, comme dans le cas de lřexplantation du cœur. Ceci explique que Benoît XVI, qui a toujours exprimé des réserves envers le concept de mort cérébrale, sřétait, en son temps, déclaré favorable au don dřorganes.[18]
Le vrai problème est que le prix à payer pour sauver ces vies consiste à en supprimer dřautres. On cherche par là à remplacer la maxime occidentale et chrétienne selon laquelle il nřest pas permis de faire le mal, même pour obtenir un bien supérieur, par le principe utilitariste selon lequel il est permis de faire le mal pour obtenir un bien. Si jadis les Ŗsignesŗ traditionnels de la mort devaient sřassurer quřune personne vivante ne puisse être déclarée morte, aujourdřhui, le nouveau critère harvardien prétend traiter la personne encore vivante comme un cadavre, afin de pouvoir explanter ses organes. En amont de tout cela se trouve un profond mépris de la vie humaine, le même que celui qui, après avoir réussi à faire imposer la législation sur lřavortement, veut ouvrir toutes grandes les portes à la légalisation de lřeuthanasie.
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Que nous dit le livre : Les créationnismes ?
P. Raphaël Morey d’Allytis
Résumé : Deux rédacteurs scientifiques, dont lřun travaille à Science et Vie, viennent de donner un petit ouvrage décrivant les mouvements qui, en France, sřopposent à lřévolutionnisme. Partant du préjugé rationaliste selon lequel la science doit se suffire à elle-même, excluant dřoffice toute hypothèse inspirée dřun autre mode de connaissance, C. Baudouin et O. Brosseau vont jusquřà inclure des teilhardiens dans la nébuleuse
« créationniste », au motif quřon aperçoit un dieu derrière leur évolutionnisme. Malgré son étroitesse dřesprit, cet ouvrage repose sur une documentation exacte et précise et, à ce titre, peut rendre service même à ceux quřil caricature comme ne pouvant être de véritables scientifiques dès lors quřils récusent le credo darwinien.
Un petit ouvrage passionnant et bien utile
En mai 2008 est paru un ouvrage de quelque 130 pages ŕ petit format ŕ intitulé Les créationnismes, une menace pour la société française ? (Paris, Éditions Syllepses, 7€). Intéressant et très informé, il sera profitable à nombre dřentre nous. Non que nous partagions le moins du monde les vues des auteurs, bien sûr, mais ceux-ci au moins nous attaquent avec franchise et détermination, ne cachant rien de leurs motivations. Saluons leur probité !
Les auteurs, Cyrille Baudouin et Olivier Brosseau (tous deux scientifiques diplômés et travaillant dans la communication scientifique, à Science et Vie pour lřun) ont réuni une vaste documentation sur ce thème, objective dans lřensemble, même sřils nřéprouvent que compassion et mépris teintés dřironie envers la dangereuse engeance des «créationnistes». Car ils restent intégralement fidèles à leur vision évolutionniste radicale, et sont donc hostiles à toute forme ou simplement soupçon de
«créationnisme» ou de « finalisme ».
Reconnaissons-leur le mérite de présenter sans détours les raisons de cette hostilité aux «créationnistes » et apparentés. Pour eux, la Science a une démarche contradictoire avec celle de toute Foi religieuse ou dogmatique, stérile par nature.
La référence à une Révélation divine est vue par eux comme essentiellement et automatiquement irrationnelle et obscurantiste.
CONTENU DE L’OPUSCULE
Quel est donc le fil dřAriane de nos deux auteurs ? Ils nous le déroulent de but en blanc : «Le créationnisme, voilà l’ennemi !», car c’est le mauvais camouflage de conceptions religieuses qui, par leurs conséquences, vont à l’encontre de la théorie darwinienne de l’Évolution. Or ces conceptions resurgissent, après bien des vicissitudes, à la fin du XXème siècle, avec le mouvement de l’«Intelligent Design». Le créationnisme nřest quřune croyance associée aux grands monothéismes, judaïsme, christianisme et islam, une pseudo-science confuse de ‘savants’ égarés aux marges de l’incompétence… La chose est dite avec plus d’élégance, mais c’est bien la conviction intime des auteurs, colorant tout l’ouvrage.
En sens opposé, la théorie de l’Évolution, exposée principalement par Darwin, est l’actuel paradigme qui domine la biologie et les sciences de la Terre, le cadre de toute la pensée scientifique actuelle… Matérialisme radical, exclusion du finalisme. On voit vite que « cette explication scientifique du monde met à mal le mythe de la Création selon la Bible », d’où l’apparition de «mouvements créationnistes» en réaction au succès de l’évolutionnisme comme «explication de l’origine de la vie, de l’homme et de la conscience» (p. 12).
Tout naturellement, les « créationnistes » veulent en priorité influencer l’enseignement. Quoi de plus normal, répondrons-nous ! La conviction contraire, l’évolutionnisme, ne s’attache-t-elle pas depuis 150 ans à régenter l’Enseignement à tous les niveaux dans tous les États ? Et elle a réussi au-delà de toute espérance : l’obscurantisme «créationnel» est endigué, enrayé, éliminé, sanctions à l’appui pour les contrevenants – sans nul doute, des irresponsables peu équilibrés – qui s’y risqueraient.
Aux Etats-Unis, décentralisation de l’enseignement aidant, l’évolutionnisme est vigoureusement contredit, procès à l’appui. La résurgence du créationnisme sřest faite dans les années 80, les années Reagan ; les créationnistes ont tiré les leçons de leurs erreurs passées et de leurs échecs passés, ils ont affiné leur tactique. Désormais, c’est science contre science : le créationnisme se drape dans la Science, avec des hauts et des bas, dont un jugement de la Cour Suprême des États-Unis concluant qu’il ne s’agit que de religion camouflée. Mais la croisade se poursuit, car les créationnistes ont l’esprit missionnaire (p. 17) et beaucoup d’argent (p. 18, note 9).
Ici, deux mots de commentaire : polarisés sur leur vision personnelle, nos auteurs semblent convaincus que les «non évolutionnistes-et-non-matérialistes» ne peuvent être que bassement intéressés et bornés. Apparemment, ils ne conçoivent pas qu’il puisse se trouver parmi eux des chercheurs désintéressés, des découvreurs de « faits » requérant explication – car les faits ont toujours raison…. des penseurs et des scientifiques de haut niveau, enfin des hommes de bonne volonté ; fermons la parenthèse. Cřest sans doute pourquoi toute leur documentation est indirecte : ils nřont cherché à rencontrer aucun de ceux quřils critiquent.
Toujours dans cette optique, les auteurs s’en prennent longuement aux partisans (mieux peut-être : aux « sectateurs » ?) du Dessein Intelligent (DI), celui-ci épinglé avec sagacité comme «théologie naturelle modernisée». Ces partisans seraient des «universitaires établis» qui se servent de «leurs titres pour défendre cette « théorie »» (p. 20). Le DI nřest quřun mouvement pseudo-scientifique ; et derrière cette façade pseudo-scientifique, se dissimulent mal des objectifs réellement politiques (pp. 18-20). Ce mouvement a même bénéficié du soutien de George Bush en août 2005, ce Président, en gros, jugeant légitime, de faire connaître aux enfants américains aussi bien le Dessein Intelligent que l’évolutionnisme.
C. Baudouin et O. Brosseau dénoncent le redoutable activisme des créationnistes ; ils s’alarment de la diffusion de leurs idées dans la population américaine, et de la multiplication d’initiatives pédagogiques de qualité (pp. 23-24). À tel point qu’à leur avis, aux États-Unis, les créationnistes «ont gagné la bataille de l’opinion». Maintenant ils sřen prennent à l’Europe, qui est comme qui dirait assiégée. Un symptôme inquiétant, de l’avis des auteurs, en est le renvoi en commission du rapport Lengagne au Conseil de lřEurope. en juin 2007. Intitulé Les dangers du créationnisme dans l’éducation, le rapport fut finalement adopté en octobre 2007 par la Commission de la Culture, de la Science et de 1řéducation, après diverses péripéties parmi lesquelles des pressions du Vatican (cf. pp. 119-121, interview du professeur Lengagne).
Le Rapport résume bien les vues de notre opuscule, qui le cite p. 25 : « Nous sommes en présence d’une montée en puissance de modes de pensée qui, pour mieux imposer certains dogmes religieux, s’attaquent au cœur même des connaissances que nous avons patiemment accumulées sur la nature, l’évolution, nos origines, notre place dans l’univers ». Tout y est : tout dogme, a priori contredit la science, ruine l’éducation, anéantit lřintelligence, attaque les droits de l’homme, et comme le prosélytisme est lřun des symptômes récurrents de cet obscurantisme, il faut prendre des dispositions avant qu’il ne soit trop tard. Manifestement, pour Guy Lengagne, l’heure est grave, le combat est indécis ; il ne faut pas faiblir !
Le chapitre 2 examine longuement les divers
« créationnismes » qui sévissent en France. Le CESHE, le CEP, lřUIP – qui se positionne plutôt dans la ligne du P. Teilhard de Chardin, d’un évolutionnisme orienté – et d’autres organisations encore sont scrutées avec minutie, tels les Témoins de Jéhovah, la Scientologie et les organisations créationnistes musulmanes, moins connues. On le voit : nos auteurs ont su réaliser une sorte de petit dictionnaire encyclopédique du créationnisme aujourd’hui, galaxie de tendances diverses. C’est une indéniable réussite.
Le chapitre 3 prospecte les points communs aux différents créationnistes, et analyse l’efficacité de leur prosélytisme. Le cœur du problème apparaît mieux encore, du moins tel que l’envisagent nos deux auteurs: il y aurait, en effet, deux visions du monde inconciliables. La première professe que les trois questions essentielles suivantes, de l’Origine, de la Fin, et donc du sens de l’Univers, sont par définition hors du domaine de la Science (cf. p. 87, citation du philosophe Yvon Quiniou). La seconde soutient qu’elles sont à la base de la Science. Deux visions irréconciliables, qui instaurent entre sciences et religions des relations radicalement divergentes. Pour les auteurs, bien sûr, les religions constituent une pluralité indifférenciée…
Nos auteurs, au chapitre 4, décryptent le créationnisme comme un « enjeu de société ». Comment leur donner tort ? La démonstration nous en est administrée, en particulier à travers de larges citations de plusieurs scientifiques et universitaires. Le nerf de l’argumentation est invariable : la « démarche dogmatique » ruine le développement de la Science – la raison est autonome, et «Dieu» fait partie des hypothèses auxquelles chacun reste libre de s’attacher : on est dans le domaine de l’opinion et du pluralisme – mais il n’est de science que de la Matière.
En traduisant, sans doute sens pour sens plutôt que mot à mot, pour reprendre une pensée de saint Jérôme : le fruit de l’Arbre de Science est toujours aussi séduisant.
On le constatera dans les pages qui suivent, l’opuscule débusque toute forme, toute trace de « créationnisme ». Ainsi, tandis que nous livrons une sorte de « guerre aux vaches sacrées », nos adversaires, quant à eux, nous réfutent moins qu’ils ne crient à la profanation ! En quelque sorte, et sans ironiser, pour eux nous blasphémons l’évangile de l’Évolution générale, le «Fait» majeur qui sous-tend leur Weltanschauung et oriente leurs travaux.
Dès lors, la position de nos deux auteurs est tout à fait logique : les «créationnistes» mettent en grand péril lřenseignement de la biologie et de lřévolution humaine, par leurs manigances conjointes à une redoutable habileté dans lřutilisation des médias, spécialement aux États-Unis. Le créationnisme constitue même un grave danger pour 1řÉDUCATION. Tout le livre martèle cet avertissement, que dis-je ? sonne le tocsin ! Le discours créationniste est aux antipodes de toute démarche scientifique, puisque toute démarche dogmatique sřoppose à lřacquisition et au fonctionnement de la Science (p. 122)
En somme, LA PATRIE EST EN DANGER, fasse le Ciel ŕ si jřose dire ŕ quřil ne soit pas trop tard et que la « laïcité à la française» puisse constituer un rempart suffisant contre cet assaut global du plus hallucinant des obscurantismes !.. Et lřEurope nřest plus à lřabri de ce «message faux » (p. 26), de cette terrible «dérive» (cf. p.104).
Il est intéressant de remarquer ce paradoxe : quand on nous dit que la Science est essentiellement matérialiste, «par construction » si lřon peut dire (cf. p. 81) ; que lřÉvolution est un FAIT (p.83) tout comme lřorigine commune de lřhomme et du singe; que le matérialisme constitue le principe de fonctionnement de la Science (p.81) ; que toute intrusion de la religion ŕ peu importe laquelle, dřailleurs ŕ dans les sciences et dans lřenseignement est ruineuse, etc., non seulement on donne pour certitude acquise absolument lřhypothèse évolutionniste (ce qui est précisément lřobjet central de la controverse !), mais encore on prétend ŕ et cela, après tout, cřest un DOGME rationaliste ! ŕ que la vérité dans les sciences est totalement indépendante des
«vérités connues par dřautres voies» ; disons, en nous glissant dans la perspective de nos deux auteurs, indépendante des «opinions philosophiques»[19].
Cřest là que le Discours de Pie XII au Congrès thomiste de 1955 (voir ci-après) prend toute sa valeur, qui affirme énergiquement : les données et les conclusions des sciences ne peuvent renverser ni subvertir les prémisses philosophiques.
Certes, elles peuvent le prétendre, mais elles se trompent, et deviennent un danger pour lřHumanité. Il en va pareillement, si elles sřopposent aux dogmes de lřÉglise, ajouterons-nous : par exemple, à la doctrine du Péché originel, à la création immédiate de toutes les âmes par Dieu, à lřhistoricité de Jésus, à la véracité de lřÉglise, à la réalité et au mystère dřune Fin de lřHistoire; en dřautres termes, aux vérités du CREDO.
À la base de la Weltanschauung de nos auteurs, il y a en fait une philosophie sinon kantienne, au moins « kantoïde » en toute hypothèse, et lřacceptation tranquille de ce que la Tradition catholique a dénoncé depuis un millénaire comme la «théorie de la double vérité», cette fameuse thèse dřAbélard. Ils nous assurent être de purs scientifiques, mais en réalité ce sont des cryptophilosophes tous azimuts, qui ne disent pas leur nom ! Pour eux, cřest a priori que toute intrusion religieuse dans la Science est une IMPOSTURE. En ce sens, lřouvrage de C. Baudouin et dřO. Brosseau est très spécialement une attaque frontale contre lřÉglise, même sřil sřattarde méticuleusement sur le
Řcréationnisme en milieu musulmanř ; ce qui dřailleurs nřest pas dénué dřintérêt, loin de là.
LA POSITION DE L’ÉGLISE. Le pape Benoît XVI et le cardinal Schönborn.
Nos deux auteurs dissèquent les positions du Pape et celles du Cardinal, mettant en lumière quelques flottements dans leurs enseignements, repérant des nuances entre Jean-Paul II et son Successeur.
Le cardinal Schönborn a qualifié la célèbre Lettre du 22 octobre 1996 à lřAcadémie Pontificale des Sciences de «vague et sans importance», et donné de cette appréciation des raisons précises et évidentes; il a dénoncé «les courants matérialistes de l’évolutionnisme idéologique qui remettent en cause la foi chrétienne en la Création» (p. 63) et distingué entre «créationnisme» et «doctrine de la Création» (p. 62 et indirectement p. 66). Il rappelle également « la preuve écrasante d’un ‘design’ en biologie » (cf. p. 59).
Positions ultra-classiques qui se rattachent à celles de lřencyclique Humani Generis, et se démarquent pourtant avec une clarté solaire de tout soupçon de «fondamentalisme» tel que honni par le Chœur Universel du «scientifiquement Correct ». Dès lors, nos auteurs récusent ces positions de lřÉglise même atténuées avec la subtilité que chacun reconnaît au Cardinal comme au Saint-Père. Le Pape et le Cardinal se bornent à lřexpression du « non-négociable» : ce qui inclut par essence et la doctrine de la Création et une finalité présente en toute créature ainsi que la négation du Hasard (cf. p. 59, note 48 ; et p. 64, note
63). Ce qui ruine «l’idée d’évolution au sens darwinien du terme» (p. 110). Pour eux, cřen est trop !
Où lřon constate une fois de plus in vivo, que les apôtres de lřÉvolutionnisme généralisé se heurteront toujours à lřÉvangile de lřÉglise. Et la distinction maintenue par le cardinal Schönborn ŕ si justifiée au demeurant ŕ entre Foi en la Création et créationnisme ne leur rendra pas plus acceptables les positions fondamentales de lřÉglise vis-à-vis des sciences de la matière !
À titre de confirmation de cette dernière assertion, il suffit de constater quřAnne Dambricourt-Malassé, qui soutient un évolutionnisme orienté, dans la ligne du P. Teilhard de Chardin, ne trouve pas davantage grâce à leurs yeux (pp. 51-53; et encore p.84). Même Claude Allègre passe en leur compagnie un bien mauvais moment ! Ce qui confirme lřoriginalité et lřindépendance de ce scientifique (et ancien ministre…) iconoclaste et inclassable (p. 106). Quant à Luc Ferry, il aura dû sentir passer le vent du boulet (p. 97, note 40).
À lřintransigeance inexorable de nos deux compères, nřéchappent guère que trois théologiens français ŕ et, à vrai dire, dřextrême justesse ! ŕjustement parce que leur approche, à la fois scientifique, historique et théologique, est (sic) «difficile à décrypter», parce quřils critiquent le créationnisme littéraliste et les «dérives» des structures «créationnistes» françaises comme le CESHE et le CEP, et enfin parce quřils sont des penseurs de lřévolutionnisme catholique affirmant que la doctrine officielle de Rome sřest démarquée depuis longtemps du créationnisme…
Ce sont les RRPP François Euvé, jésuite et physicien ; Jean-Michel Maldamé, dominicain et docteur en théologie ; et
Jacques Arnould, dominicain et ingénieur agronome (pp.64-66). Sans manquer le moins du monde au respect dû à des personnalités éminentes, de surcroît prêtres catholiques, personne ne sera surpris que nous exprimions ici, incidemment, lřincompatibilité foncière de nos vues avec les leurs. Évidemment. Ce qui ne nous empêchera jamais de prendre connaissance de leurs travaux en toute ouverture dřesprit.
Profitons de lřoccasion qui nous est donnée par cette allusion à la position des pères Euvé, Maldamé et Arnould relative au CESHE et au CEP, pour signaler que Dominique Tassot et Guy Berthault sont des cibles de prédilection pour nos deux auteurs. D. Tassot est cité abondamment, apparaissant comme le type du créationniste sachant remuer ciel et terre pour parvenir à ses fins, homme dřinfluence mettant ses compétences au service dřune Cause pour lui fondamentale, à la fois religieuse, théologique, philosophique et scientifique[20] ayant des répercussions en tout domaine, particulièrement celui de lřéducation. Cřest bien vu. Les auteurs le déplorent naturellement ; mais au moins est-ce une position logique : en réalité aussi logique que la leur.
Guy Berthault est lui aussi le sujet dřappréciations sévères. Ses recherches et expérimentations sur la formation des sédiments? II a réussi à les faire publier dans les comptes-rendus de lřAcadémie des Sciences, et même jusquřen Russie où il a trouvé des oreilles complaisantes pour ses théories ruineuses !
…Dangereuses certes, les théories et expériences de notre ami, mais seulement pour la vulgate évolutionniste, car elles remettent en question, par un biais tout à fait inattendu, le dogme central du Matérialisme intégral, le «Cacangile»* de nos deux auteurs, le fragilisant incontestablement.
Il y a quelques années, le magazine Sciences et Avenir a publié un Dossier sur l’Évolution, dans lequel il était fait référence aux travaux de G. Berthault, considéré comme un scientifique dangereux par sa compétence, risquant dřentraîner du monde derrière lui… C. Baudouin et O. Brosseau déplorent cette influence, logiques avec eux-mêmes. Pour ma part, je trouve que ce sont là des signes encourageants.
Nos deux auteurs font par ailleurs une remarque intéressante : le créationnisme en milieu musulman sřaccommode bien de lřancienneté de la Terre (cf. p. 76), au contraire des créationnistes «scientifiques »[21] américains. La raison en est que les premiers se réfèrent au Coran, et les autres à la Bible. Nos recherches sur ce point ont donc également une valeur proprement apologétique, puisque nous affirmons que les découvertes des sciences ne peuvent contredire les affirmations contenues dans les Livres Saints de la Révélation selon lřinterprétation authentique quřen donne le Magistère de lřÉglise.
Sur ce point, signalons la divergence importante entre «créationnistes», selon quřils sont dans la mouvance fondamentaliste protestante, ou se réfèrent à lřoptique catholique traditionnelle, spécialement patristique : en récusant le Dogme de lřÉglise, ceux-là se privent du vrai contenu de la Révélation, en se fiant à la seule littéralité des textes : «La lettre tue, mais l’esprit vivifie.»
Nos auteurs font allusion incidemment, et par deux fois, à cet élément de différenciation, dřabord en citant D. Tassot : «Je ne me présente jamais comme créationniste puisque c’est une étiquette qui sert de tête de Turc. Il faut refuser tous les «- ismes». Je suis anti darwinien, je suis antiévolutionniste » (cf. p. 90).
Ils notent également la conception fixiste de lřespèce chez Cuvier, et la conception transformiste de Lamarck (p. 116); et Corinne Fortin, quant à elle (cf. p. 1l 5), relève quřil est intéressant dřaborder le créationnisme «historique », cřest-à-dire la version «fixiste», car ces deux conceptions scientifiques divergentes ne sřappuient en rien sur une doctrine religieuse, et leur confrontation peut «outiller les élèves intellectuellement» et leur permettre de «se rendre compte de l’incurie du discours créationniste» (p. 116).
«Incurie» ? Ou plutôt «inconsistance», ou encore «indigence» ? Je ne saurais le dire, mais si lřon saisit bien lřargumentation, le discours créationniste est inefficace et inopérant, par le simple fait quřil se réfère à des connaissances parvenues à lřHumanité par des voies de Révélation, donc « extrascientifiques», si lřon définit les sciences comme des interprétations cohérentes et quantifiées du pur donné expérimental, à caractère de «modèle » toujours hypothétique. Je nřexagère pas, Guy Lengagne le dit clairement: «Les gens recherchent des réponses toutes faites qui correspondent plus aux dogmes qu’à la science. Je suis frappé, dès qu’il y a un problème quelque part, les gens souhaitent connaître la vérité. Or la
Science est du domaine de l’incertitude. Si une hypothèse n’est pas bonne, ce ne sont pas les faits qui ont tort, c’est que l’hypothèse a été mal formulée. On fait donc une autre hypothèse, et on avance, c’est une démarche scientifique. Mais les gens attendent désormais des réponses toutes faites. C’est ce que les créationnistes leur apportent avec une démarche dogmatique qui s’oppose au fonctionnement de la science.» (p. 122)
Texte dřanthologie qui met merveilleusement en lumière la notion de «science» sous-jacente à lřévolutionnisme matérialiste dans toutes ses acceptions et ses nuances : de ce point de vue, il nřy a de science quřhypothétique, pragmatique, expérimentale ; il nřest pas de vérité, pas de science certaine, ni de formulations définitives en aucun domaine, sauf à retirer à ces connaissances le label «science».
Lřatmosphère est kantienne. Souvenons-nous, dans un passage célèbre, Kant affirme que lřesprit va naturellement ŕ cřest vrai, concède-t-il ŕ vers Dieu, mais que cřest là une illusion, tout comme au bord de la mer on a lřimpression de voir lřhorizon plus élevé, alors que cřest une illusion dont nul ne peut se libérer…
Dřautre part, nřest-il pas consternant de constater que, pour des figures de la culture contemporaine comme G. Lengagne, lřesprit de recherche indéfinie prend résolument le pas sur la joie que procure au « commun des mortels » le fait dřobtenir une certitude de la Vérité? Pour faire partie de « lřélite » intellectuelle de notre temps, faut-il donc refuser a priori toute connaissance supérieure communiquée par Dieu Créateur et Seigneur du Ciel et de la Terre? Fléchir nos esprits orgueilleux devant les données mystérieuses des onze premiers chapitres de la Genèse, est-ce pour autant prétendre en détenir lřunique et définitive interprétation, en avoir discerné le contenu véritable, en avoir percé les secrets? Non ! Cřest simplement tenir compte humblement de ce dont a voulu nous informer Dieu le Créateur Infini sur son Œuvre de création. Qui pourrait formuler lřhypothèse ŕ sans être guidé par un esprit de blasphème ŕ que Celui-qui-Est Sagesse et Science infinies parle pour ne rien dire?
Non ! toute « démarche dogmatique» ne sřoppose pas au fonctionnement de la science ! Et la Foi de lřÉglise a de nombreux titres à faire valoir pour oser défendre, devant le «tribunal» de la raison humaine, lřaffirmation contraire. Mais des mathématiques dřun niveau inaccessible sauf à une élite mondiale restreinte, et des savoirs ou des hypothèses exprimés dans un langage abstrus ont fini par créer, dans les différents domaines de la connaissance, une sorte de société savante confinée dans la haute enceinte fortifiée de ses convictions athées.
Dřoù cette tendance de nos deux auteurs à considérer toute penseur «non-évolutivement correct» comme un «amateur», un faux savant et un vrai ignorant. Dřoù encore lřaccusation dř«amalgame» lancée contre qui ose parler de rechercher un accord entre les vérités théologiques, philosophiques et scientifiques. Mais comment le leur reprocher?
Dans leur perspective, il est difficile de concevoir que nous ne soyons pas des gens intellectuellement débiles ou malhonnêtes, ou encore des psychopathes. Après tout, Marx lřa dit il y a longtemps : puisque lřAu-delà est une illusion, il appert que les gens qui y croient sont des malades à soigner qui relèvent de la psychiatrie… Certes, ils ne vont pas jusquřà le dire, mais ils semblent sincèrement donner à le penser.
Mais alors, chers C. Baudouin et O. Brosseau, pourquoi vous irriter de nos efforts et vouloir les contrecarrer? Pourquoi mettre en garde et dresser les gens contre nous ? Pourquoi cette nouvelle «Inquisition» ? Feriez-vous alors partie dřune «Église» profane dont la foi en 1ŘÉvolution généralisée serait le
«kérygme»? Voyez-vous, si lřUnivers est bien tel que le décrivez, sans nul doute ira-t-il tout seul vers son «destin », dřailleurs à jamais inconnu! Pourquoi agir alors, pourquoi ŕ par exemple ŕ exercer des pressions au sein des institutions et organismes internationaux ? Pourquoi vouloir chasser des vastes espaces de la Culture toute notion de «créationnisme », et même toute controverse à son sujet? Pourquoi nous faire le curieux reproche à nous, fidèles catholiques, dřutiliser avec une redoutable habileté et efficacité les médias modernes? Internet, la télévision, les CD, la radio, les livres, nous faisons feu de tout bois en faveur dřune cause à vos yeux exécrable et ruineuse, mais pourquoi ne le ferions-nous pas? En revanche, votre position intellectuelle prônant lřabsence totale de finalité dans lřunivers rend tout à fait inintelligible le zèle dont vous brûlez au service de votre Cause. Pour notre part, nous avons des motivations puissantes et honorables pour agir comme nous le faisons. Vous-mêmes, vous les exprimez très bien à travers deux citations. La première est du R.P. François Euvé : «C’est peu dire que de reconnaître le caractère conflictuel et laborieux de la réception de la théorie darwinienne de l’ évolution dans le monde chrétien» (cf. p. 56).
La seconde, la voici : «De son côté, Charles Susanne (…) résume très bien la position de l’Église catholique : «L’homme n’est pas sur Terre par hasard, même s’il est le produit de l’évolution et, de plus, l’esprit humain est de création divine, non sujette à des changements évolutifs » (cf. p. 64).
Nous donc, nous disons simplement quřen ce qui concerne lřorigine et la fin de lřUnivers, sa cause et sa finalité, nous bénéficions dřune source dřinformations sûre et pure, puisquřelle provient du Créateur et Artisan de ce cosmos, cosmos que vous appelez souvent la «Nature». Cet Être qui sřest fait connaître comme « Je Suis » à Moïse et à Jean (cf. Ex 3, 14 et Jn 1, 18), nous enseigne par SA Révélation interprétée par SON Église (car il y en a beaucoup dřautres !…) que lřhomme est «image de Dieu» (cf. Gn 2, 27); cřest là son identité ontologique, et comme tel il est le résumé de toute la Création (la «Nature»). Vous, vous soutenez en fait une conception étonnamment semblable, mais inversée et si bien exprimée par E. Haeckel ! Saint Thomas dřAquin, synthétisant toute la pensée de lřÉglise sur ce point, écrit: «L’homme contient en lui, d’une certaine manière (aliquomodo), tous les animaux». Cřest la célèbre doctrine de lřanalogie, de la participation (cf. Livre de la Sagesse 13, 5 ; Lettre aux Romains, 1,19-20), et de son corollaire :
4. lřhomme comme «microcosme»
Vous niez que lřUnivers soit un langage, un message adressé à lřintelligence humaine, vous niez cette ordonnance du créé empreinte de Sagesse. Vous récusez, bien entendu (et comment vous le reprocher?), la Doctrine de la Chute, ce Péché Originel qui permet de comprendre que les lois connues du Cosmos dřaujourdřhui ne nous habilitent pas à saisir, à déduire ce qui fut « avant » lřHistoire. Dans notre perspective en effet, ce «Péché» a altéré lřéquilibre et lřordre initiaux des étoiles, de la Terre et des atomes, de la moindre particule traversant les espaces, en même temps quřil a brouillé et obscurci lřintelligence de lřhomme, lequel, vivant dans cet Univers, porte le regard affaibli de son esprit sur ce Cosmos transformé, pour tenter dřen formuler les lois afin de les utiliser à son profit.
Vous considérez quřil faut écarter impérativement ce Donné révélé, au nom de la Science, de lřIntelligence, des Droits de lřHomme, de la liberté de penser.
4 Sainte Hildegarde affirme que, quand Jésus dit, en saint Marc : « Annoncez l’Évangile à `toute´ créature », il parle de lřêtre humain qui, pour ainsi dire, les résume et les contient toutes. Même notion chez saint Thomas dřAquin, pour qui lřhomme est « quodammodo omnia ».
Pour vous, cřest lřévolution animale, au sein dřun inexprimable chaos cosmique, depuis la matière des étoiles et des planètes, qui a abouti ŕ au bout de milliards dřannées ŕ à lřespèce humaine, à cette Humanité qui, aux yeux de lřidéologie écologiste, ne fait guère quřendommager la «Terre-Mère». En somme, de votre point de vue, la Matière contient lřHomme «en puissance» ! (ce qui est lřinverse de la Doctrine chrétienne). Dès lors, ne vous fâchez pas contre le «principe anthropique», il ne dit pas autre chose, vous nřavez rien à craindre de lui ! Réfléchissez : lřHomme est apparu parce quřil devait apparaître ; il émane des énergies cosmiques, comme ça, sans raison, nul ne sait ni ne saura jamais pourquoi, et à vrai dire la question elle- même nřa ni sens, ni signification…, ni le moindre intérêt. Simplement, les constantes étaient réglées comme ça. Et nous sommes là, vous et moi : quřaffirmer de plus? Et pourquoi nous fâcher?
Oh ! Je sais bien ce qui vous dérange dans ce «principe anthropique» : cřest la perception quřil y a en ce Monde une finalité et un ordre ; cřest la perception de lřinsuffisance étouffante dřun rationalisme glacé ; cřest la tentative de sřextraire de lřenceinte barbelée de lřHistoire. Et cet effort vous paraît néfaste et intolérable, alors quřil trahit la plus haute nostalgie de lřHomme, celle de reconnaître la Lumière vivante dont il est issu, son Créateur Infini. Vous aussi, chers Olivier Brosseau et Cyrille Baudouin, vous en êtes issus. En niant ce point majeur, vous êtes les disciples dřun rationalisme absolu qui exclut ne serait-ce que la possibilité dřune révélation. LřHomme est seul en ce bas monde, personne nřen a conçu les «plans» ; personne ne sřintéresse à lui, personne ne lřattend après cette vie…
Cette vision des choses, qui est la vôtre, nřest pas vraiment nouvelle, elle nřest pas du tout «moderne» ! Vous la trouverez lumineusement exprimée dans le Livre de la Sagesse, au chapitre 2 ; vous y trouverez toutes vos argumentations, déjà exposées dans ce Livre sacré qui vous attend depuis presque trois millénaires. Lisez-le, vous nřy perdrez rien !
Maintenant, faisons une hypothèse, pour rester dans le domaine dřune glorieuse « incertitude », suivant en cela – provisoirement certes ! ŕ les traces du professeur Lengagne (relisons la p.122 de notre précieux opuscule).
Soyons enfin « scientifiques »et admettons – en lieu et place du célèbre « Fait de lřÉvolution » – comme un Fait avéré – quoique révélé, la Chute originelle, avec ses conséquences, telles que lřon peut les appréhender à partir de la doctrine de lřÉglise. On réalise bien vite lřinadéquation radicale ŕ et cela dans une authentique perspective « scientifique » – de lřactualisme de Lyell, ainsi que lřimpossibilité de remonter lřéchelle des temps en-deçà de la Chute. En effet, ce que nous observons, géologiquement et astronomiquement parlant, est le Monde, le Cosmos dřaprès la Chute. En toute logique, lřHomme, disons : lřHumanité, a dû apparaître au début de cette Histoire géologique, stratigraphique, géographique et astronomique. À nous de nous servir de ces données révélées et de ce quřon en peut déduire, en les comparant aux faits, car «ce ne sont pas les faits qui ont tort.» Lřaudacieux J.J. Rousseau disait, pour sa part : «Ecartons les faits !». Nous ne sommes pas de ses disciples.
Croisons donc ces données révélées avec ces faits avérés. De ces recherches, de ces observations, de ces réflexions, jaillira toute une série dřhypothèses nouvelles dans le domaine le plus strictement scientifique[22], hypothèses à infirmer ou à confirmer, à vérifier ou à «falsifier» – au sens de Karl Popper.
Voilà un travail passionnant, et par ailleurs totalement dans la ligne de lřœuvre apologétique de lřÉglise. Ce travail intellectuel et scientifique, qui sřest toujours fait au sein de lřÉglise, correspond intimement à sa Doctrine[23], à cette harmonie fondamentale, « fontale » dirai-je, entre Foi et Raison, pour cause dřune unique Origine tri-personnelle, transcendante et sage : Dieu Infini, Dieu créant lřhomme, «homme et femme» à son image et ressemblance, sřincarnant en la Personne du Verbe, connu dans lřHistoire comme lřHomme Jésus-Christ (cf. 1 Timothée 2,5) opérant la Rédemption de lřHumanité enveloppée de la ténèbre de la Chute.
Quřy a-t-il dřétonnant à admettre que le Créateur puisse nous faire connaître quelques-uns des événements historiques spécialement importants, dans le contexte de cette Rédemption (tels la Chute, le Déluge, Babel), quand la Foi catholique nous enseigne par ailleurs le Mystère de lřEucharistie en tant quřintervention quotidienne divine dans lřHistoire, celle que nous vivons actuellement en compagnie dřOlivier Brosseau, Guy Lengagne. George Bush, Jean Staune et Benoît XVI ? Dès lors, il devient évident, contrairement à ce que prétend le rationalisme protéiforme actuel, que les apports de la Révélation ne peuvent quřenrichir, rectifier et même restaurer les sciences.
Remarquons ceci en passant : un certain nombre dřauteurs rappellent à ce sujet, dans le but de contrecarrer les présentes observations, que le pape Pie XII a admis (dans Divino afflante Spiritu) la réalité des «genres littéraires» et a affirmé (dans Humani Generis) que les 11 premiers chapitres de la Genèse ne sont pas «historiques» au sens actuel. Mais lřexistence de «genres littéraires» est une évidence, et il est triste quřun Pape soit obligé de le rappeler. Quant aux premiers chapitres de la Genèse, je dirais volontiers : Dieu merci quřils ne soient pas «historiques» au sens actuel ! Notre Histoire, ou plutôt nos reconstitutions de lřHistoire sont tellement conjecturales. Et les dernières décennies ont montré de manière impressionnante la nécessité de révisions déchirantes sur nombre de points importants. Pensons aux remarquables travaux et recherches des Régine Pernoud, Jean Dumont, Jacques Heers, Jean Servier et, tout récents, à ceux de Sylvain Gouguenheim, ou encore de Nina Mur Nemé. On peut dresser également un inventaire dans les domaines de la paléontologie, de lřéconomie, de la physique, de la médecine… Un nom célèbre, celui de Maurice Allais, brille au firmament dřune révision générale… Dans tous les domaines de la connaissance, la contestation des «acquis» sřamplifie !
Mais également les découvertes qui vont avec… Ainsi, il n’y a qu’une dizaine d’années que l’on a eu connaissance d’un événement géologique majeur (7000 ans, selon l’échelle admise !), qui s’est donc déroulé dans la période dite «historique» : le remplissage de la mer Noire réalisé en quelques années, probablement par des chutes dřeau gigantesques formées suite à un violent séisme, dont le détroit des Dardanelles constitue tout ce qu’il en reste. Événement dřune ampleur énorme, qui avait échappé à la sagacité des géologues ! Des ruines sous-marines de cités anciennes prouvent cette surprenante et rapide montée des eaux. L’éruption explosive du Mont Saint-Helens près de Seattle, en 1980, atteste de transformations grandioses sur de vastes superficies, et ce en quelques minutes, et confirme la réalité de phénomènes de stratifications ultra-rapides – en l’espace de quelques heures – là où la «communauté des géologues» aurait vu lřœuvre de millions d’années d’érosion, si la catastrophe nřavait pas eu lřheur de se dérouler sous l’œil des caméras.
Enfin, des calculs assez simples laissent entendre qu’il est difficile de faire remonter l’antiquité de l’humanité à plus de 11000 ans, vu les paramètres de la courbe de population de notre beau globe. Rien à voir avec les 7.000.000 d’années hypothétiques de Toumaï, déjà durement contestées par son découvreur !
On aurait tort de sous-estimer l’impact scientifique et le retentissement médiatique de ces récentes découvertes ou observations. Tôt ou tard, on sera confrontés à la nécessité d’un réexamen global de la Weltanschauung actuellement enseignée dans les écoles et les Universités comme une sorte de dogme laïc.
Que de «gloires» historiques, dans les sciences «dures» ou «molles», nettement revues à la baisse et redimensionnées par de très grands scientifiques écœurés par le conformisme étouffant du «scientifiquement Correct» et du Mensonge obligatoire.
Alors, de grâce, ne dogmatisons pas des reconstitutions fragiles et incurablement idéologiques (style La Guerre du Feu ou autres films et documentaires de propagande, dans la ligne très «Correct» du Pr. Yves Coppens, films qui sont dřailleurs techniquement de vraies réussites!), en éludant les seules connaissances rationnellement et historiquement dignes de confiance, celles de lřÉcriture Sainte !
Ce nřest pas là faire œuvre de «fondamentalisme», ce forfait impardonnable abominé par les médias de toutes tendances.
En effet, ce qui nous distingue, nous autres catholiques, de nos frères chrétiens créationnistes qui sont dans la mouvance de la Réforme, ce ne sont pas des compétences supérieures, ou des secrets bien gardés. Des amitiés se nouent, des informations innombrables sřéchangent pour lřutilité de tous : on nous traite de «fondamentalistes», avec tout le mépris que cela comporte, cřest tout juste si lřon ne nous accuse pas dřêtre des terroristes ! Nous partageons volontiers cet opprobre dans le bon combat en faveur de la vérité.
La différence «fondamentale» -justement ! ŕ réside tout simplement en ceci : cřest que nous nous attachons à interpréter lřÉcriture à travers le Dogme de lřÉglise ; en dřautres termes, à travers sa Tradition. Cette divergence dans lřinterprétation, encore une fois, est capitale, mais elle nřest pas nouvelle ; sans elle, nous ne serions pas catholiques. Voilà dřailleurs pourquoi il ne peut y avoir de fondamentalisme catholique : il nřy en a pas besoin.
CONCLUSION
En terminant ces remarques suggérées par votre opuscule sur Les créationnismes, chers C. Baudouin et O. Brosseau, laissez-nous vous dire encore ceci : réfléchissez bien et constatez à quel point vous dépendez dřune métaphysique discrète
(honteuse ?) qui imprègne toute votre pensée. Pêle-mêle : le refus de la « quête de sens» et de toute finalité, le «créationnisme » comme « menace» et «cancer très avancé» (p. 37), votre notion réductrice de la Science comme se devant dřêtre matérialiste pour être digne du nom de science, votre identification de toute «intrusion spiritualiste» à une imposture, votre affirmation massive de lřévolution comme «Fait», ou de lřorigine commune de lřhomme et du singe, votre engagement passionné en faveur de la célèbre «laïcité à la française», lřincroyable reproche que vous nous faites de recourir avec compétence aux médias actuels, tout cela laisse perplexe sur la valeur de la cause que vous défendez, et même sur ses fondations. A vrai dire, il vous est bien permis de «douter», le Professeur Lengagne ne se fait-il pas le chantre de
«lřincertitude» comme élément constitutif de la Science (cf. p.
121)?
Nous aussi, chacun dans son domaine de compétence, nous doutons, nous cherchons, nous formulons des hypothèses ; et comme vous, nous avons des certitudes et des convictions… Il est vrai : pas les mêmes ! Mais acceptez quřil y ait une place au soleil pour nous aussi ; nous ne sommes pas des monstres, nous ne voulons faire «avouer» personne et nous nřavons jamais «torturé » qui que ce soit ! Nous ne sommes pas les héritiers de quelque peste «brune» ou «rouge » ! Quel terrible danger représentonsnous ? Quel virus redoutable et mortel sommes-nous donc, pour quřà travers les grands médias dont vous disposez quasiment sans restriction, vous fassiez … « de la prévention » ? Vous exploitez une philosophie camouflée qui se sert du paravent de la Science. Fort bien ! Laissez-nous en faire autant, mais au grand jour. Notre
«philosophie » à nous, cřest la sagesse de la Révélation du Christ, qui Seul peut nous porter des nouvelles de lřÉternité, et qui est Seul habilité à nous faire lřexégèse des secrets ultimes de Sa Création : ce que vous appelez la «Nature». En cela, nous sommes pleinement cohérents avec nous-mêmes dans les domaines incriminés que sont la théologie, la philosophie, et les « sciences » au sens moderne. Reconnaissez que nous sommes logiques avec nous-mêmes et que nous allons, sans mensonge ni méchanceté, jusquřau bout de cette logique. Nřen faites-vous pas dřailleurs autant, de votre côté, avec vos présupposés et avec vos préjugés, aussi, parfois?
Alors, en tout respect et toute amitié, nous vous dirons tout simplement : que les meilleurs gagnent ! Mais ne lřoubliez pas, quand même, nous avons un avantage sur vous, un avantage auquel vous ne croyez pas, certes, car pour VOUS cřest une chimère. Avec confiance, nous demandons au Créateur et Artisan de toutes choses, à travers sa Révélation, de nous donner quelques indications, quelques éléments de sagesse et de science à glaner à propos de ce magnifique Univers des étoiles et des atomes, afin de mieux vivre et de parvenir avec le plus grand nombre de nos frères humains à notre destinée éternelle, finalité secrète de toute la Création. Puisse le Seigneur vous accorder un jour Sa grâce !
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BIBLE
Le Thomisme devant les récentes découvertes scientifiques Allocution de S.S. Pie XII aux membres du
IVe Congrès thomiste international
Présentation : En 1955, peu après les rencontres de Genève sur lřutilisation pacifique de lřénergie nucléaire, le pape Pie XII, conscient des difficultés posées à notre compréhension de la structure fine de la matière, en particulier du fait des limites du modèle de lřatome, sřadressait à un congrès thomiste en montrant lřimportance de la philosophie réaliste pour bien comprendre la nature intelligible des particules comme des différents aspects de la lumière. On découvrira dans ces lignes un esprit remarquablement bien informé des connaissances scientifiques, et dřautant plus conscient des limites dřune science orgueilleuse refusant lřéclairage des autres formes du savoir. On comprendra aussi lřutilité, pour les scientifiques, dřétudier la philosophie de la nature, discipline ayant comme disparu du paysage universitaire puisque les philosophes, depuis plus dřun siècle, ont déserté le terrain des sciences et se focalisent sur lřintrospection de leur psychisme.
Recevant à Castel Gandolfo, le 14 septembre dernier, les membres du IVe Congrès thomiste international, conduits par S. Emu. le cardinal Pizzardo, président du Congrès, S. S. Pie
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XII leur a adressé en français l’allocution suivante :
« Nous vous souhaitons affectueusement la bienvenue, chers Fils, membres de lřAcadémie pontificale de Saint- Thomas dřAquin. En vue de promouvoir Ŕcomme cřest votre but et votre devoirŔ la doctrine du Docteur angélique, vous recourez aussi, parmi dřautres moyens, à la convocation dřun Congrès international tous les cinq ans.
Nous vous bénissons avec toute lřeffusion de Notre cœur paternel, afin que lřabondance des célestes lumières vous accompagne tous dans le travail que vous accomplissez présentement et dans celui que vous continuerez dřaccomplir à
1 Dřaprès l’Osservatore Romano du 15 septembre 1955. Les sous-titres et les notes sont ceux de la Documentation Catholique (n° 1209 du 2 octobre 1955, col. 1227-1235)
lřavenir. Nous prions lřEsprit divin de rendre ce travail fécond et fructueux, non seulement pour vous, mais encore pour tous ceux que le désir du savoir rend aujourdřhui particulièrement préoccupés de la valeur objective et permanente du vrai et du bien.
La prééminence du thomisme
Vous savez assez combien Nous tient à cœur lřétude profonde et assidue de la doctrine du « Docteur commun » : Nous lřavons déclaré en maintes occasions, même dans des documents solennels, faisant remarquer, entre autres, comment la méthode et les principes de saint Thomas lřemportent sur tous les autres, quřil sřagisse de former lřintelligence des jeunes ou dřamener les esprits déjà formés à pénétrer les vérités jusque dans leurs significations les plus secrètes. Étant, de plus, en pleine harmonie avec la Révélation divine, cette doctrine est singulièrement efficace pour établir avec sûreté les fondements de la foi, comme pour recueillir les fruits du vrai progrès. (Cf. Encyclique Humani Generis, Acta Ap. Sedis, vol. XVII, p. 573)[24]. Et Nous nřhésitons pas à dire que la célèbre Encyclique Æterni Patris (du 4 août 1879), par laquelle Notre immortel Prédécesseur Léon XIII rappela les intelligences catholiques à lřunité de doctrine dans lřenseignement de saint Thomas, conserve toute sa valeur. Sans difficulté, Nous faisons Nôtres ces graves paroles de lřinsigne Pontife : « Discedere inconsulte ac temere a sapientia Doctoris angelici, res aliena est a voluntate Nostra eademque plena periculi[25] » (Ep. Ad Ministrum Gen. Ordinis Fratrum Min, die 25 nov. 1898. Leonis XIII Acta, vol. XVIII, p. 188).
Le thomisme face à la pensée moderne
Nous avons donc été particulièrement heureux dřapprendre que vous aviez lřintention de confronter dans ce Congrès la doctrine du Docteur angélique avec les principaux courants de la pensée moderne et contemporaine. Ce faisant, vous estimez à juste titre quřil nřy a guère de questions, même parmi celles quřon agite aujourdřhui, qui ne puissent sřéclaircir en y appliquant tel ou tel des principes énoncés par saint Thomas ; et personne, pensezvous, ne peut mettre en doute lřutilité quřil y a à connaître solidement cette doctrine, si lřon ne veut pas se laisser entraîner avec légèreté par les philosophies à la mode, vouées à une vie éphémère et qui ne laissent derrière elles que le trouble et le scepticisme. Mais il y a une question fondamentale, très actuelle, qui réclame une particulière attention de votre part. Nous voulons parler des rapports entre l’expérience scientifique et la philosophie : cřest un point sur lequel des études et des découvertes récentes ont soulevé de nombreux problèmes. Remarquons tout de suite quřen général lřétude honnête et profonde des problèmes scientifiques non seulement ne conduit pas, de soi, à des oppositions avec les principes certains de la philosophia perennis, mais reçoit dřeux, au contraire, une lumière à laquelle les philosophes eux-mêmes ne sřattendaient peut-être pas et quřils ne pouvaient en tout cas espérer aussi continuelle et aussi intense. Laissant donc à vos savants rapporteurs et conférenciers le soin de traiter les grands thèmes de votre Congrès, Nous Nous bornerons ici à vous entretenir sur trois points particuliers de la physique moderne, qui concernent la structure intime de la matière.
1 Ŕ Thomisme et mécanicisme
Les progrès de la recherche scientifique dans le domaine de la structure de la matière ont entraîné la nécessité de construire des schémas, qui pourraient, par analogie, servir de guide pour la compréhension de faits non encore bien éclaircis.
La faillite des hypothèses mécanistiques
Les succès grandioses obtenus dans lřétude du macrocosme, grâce à lřapplication des lois de la mécanique, avaient fait espérer que toute la nature pourrait être enfermée dans des conceptions générales du même type. Cřest sur cette * hypothèse de base que sřest développé le mécanicisme scientifique.
La méthode continua à donner dřexcellents résultats, quand on passa, dans son application, du monde des astres au monde des cristaux et à celui des structures moléculaires. Un exemple typique est fourni par la théorie cinétique des gaz qui, partant dřhypothèses de nature purement mécanique, réussit à prévoir exactement la plus grande partie des phénomènes qui règlent leur comportement.
On en vint donc naturellement à penser que le microcosme pourrait être interprété, lui aussi, selon des schémas mécaniques, et quřau fond les lois qui règlent le mouvement des astres devaient valoir également pour la constitution des atomes et des molécules. Ainsi naquirent les premiers schémas planétaires de lřatome, conçu comme un minuscule système de particules tournant autour dřun noyau de masse beaucoup plus grande. Mais au fur et à mesure que lřexpérience se poursuivait, le schéma se révélait de plus en plus insuffisant. On assistait à la ruine progressive de la conception mécanistique : des orbites variant avec continuité aux orbites discrètes ; de celles-ci aux sauts quantiques, aux nouvelles conceptions de niveaux énergétiques, pour arriver enfin à la dénomination dřétat quantique, dans laquelle le concept intuitif d’orbite peut être considéré comme disparu. La présence de lřélectron dans lřédifice atomique passait elle-même de lřidée dřune sorte de bille roulante, semblable à une planète, parfaitement déterminable en chaque instant et pourvue dřune énergie bien définie, à celle dřune perturbation du champ électromagnétique autour du noyau. L’individualité des particules devenait toujours moins précise.
Si lřon en vient à la structure du noyau atomique, les problèmes deviennent plus complexes et les schémas tirés de la mécanique sont tout juste utilisables pour formuler un vocabulaire, en sachant dřavance qu’aux différents vocables (particule, orbite, saut quantique, choc, capture, échange)
* Ndlr. Dans le mécanicisme les corps restent extérieurs les uns aux autres, et leurs interactions nřobéissent à aucune finalité intelligible.
correspondent des réalités non assimilables aux images ordinaires du macrocosme.
Ces quelques faits, rapidement évoqués, suffisent à montrer la faillite des hypothèses mécanistiques, pratiquement abandonnés désormais par les spécialistes des sciences physiques en ce qui concerne lřinterprétation du microcosme.
Le principe unifiant les corps
Il devient donc évidemment nécessaire dřexaminer vers quelles bases de nature philosophique il est possible dřorienter les nouveaux résultats de la science. Une fois effondrée la théorie du mécanicisme positiviste, on a cherché à la remplacer par des conceptions de nature plus idéaliste, appuyées sur la primauté donnée au sujet connaisseur et à son mode de connaissance. Nous ne pouvons entrer ici directement dans la critique de ces procédés.
Quřil Nous suffise de faire remarquer que la rectitude de conscience, dans la recherche scientifique, a conduit la pensée moderne au seuil de la seule philosophie, qui peut donner une interprétation raisonnable des résultats obtenus par lřexpérience.
Si lřon tenait bien présents à lřesprit les principes fondamentaux de cette philosophie, on verrait que, pas plus dans ce domaine que dans les autres, ils ne sont en opposition avec les nécessités de la pensée moderne.
Quřaffirme, en effet, la philosophia perennis ? Quřil existe dans les corps un principe unifiant, qui se révèle dřautant plus efficace quřon examine de plus près la constitution intime de ces corps.
On part dř « ensembles » (dans le domaine des non-vivants) formés de parties unies entre elles par des liens purement accidentels et extérieurs : dans ces conditions les lois de la mécanique sont suffisantes pour expliquer les actions et intégrations des divers éléments.
Au fur et à mesure que lřon descend aux éléments plus fondamentaux, apparaissent des liens plus intimes que ceux dřordre purement mécanique : ces liens postulent une certaine unité des principes qui agissent dans la diversité des parties composantes. Cřest justement en ce domaine que la doctrine de lřhylémorphisme[26] se révèle utile. Alors que dans le macrocosme le problème ne se pose pas avec tant dřévidence, il devient plus urgent dans le microcosme.
La théorie de la matière et de la forme, de la puissance et de l’acte, est capable d’éclairer les exigences de la science moderne d’une lumière qui cadre bien avec les résultats de l’expérience. Elle affirme, en effet, quřil doit exister des systèmes fondamentaux, constituant la base des propriétés des corps, et que ceux-ci doivent avoir une unité intrinsèque et non accidentelle :
quřils ne peuvent dès lors être constitués par des particules, dont chacune conserverait sa propre individualité et quřon aurait mises ensemble pour former un agrégat. Chaque particule intervient bien pour constituer l’ensemble unitaire, mais en perdant certaines de ses caractéristiques, de telle sorte qu’elle ne peut être considérée comme lorsqu’elle était à l’état libre. Lřélectron hors de lřatome ne peut être examiné exactement de la même façon que quant il fait partie du corps atomique. Il est présent dans lřatome selon un nouveau mode dřêtre : virtuellement présent, capable dřactualiser à nouveau toutes ses caractéristiques, si un processus physique le sépare du système.
On peut en dire autant du noyau qui constitue un ensemble encore plus étroitement unitaire. Les particules qui le composent, les nucléons, ne peuvent être examinés avec les propriétés qui les caractérisent hors du noyau. Ils acquièrent une présence virtuelle, dans laquelle ils apportent certaines caractéristiques, tandis quřils en perdent dřautres.
Les lois de lřélectrodynamique et de lřélectromagnétisme, valables pour le macrocosme, ne le sont donc plus intégralement pour le microcosme : on voit naître dřautres forces dřunion qui ne peuvent en aucune façon être assimilées à celles qui tombent ordinairement sous lřobservation des sens.
Il est facile dřentrevoir la grande utilité que peut avoir une philosophie si profonde pour aider la science à clarifier les problèmes de la nature. Sans doute la philosophie ne peut dire quel est le plus petit système qui doit être considéré comme unitaire, mais elle affirme quřun tel système doit certainement exister, et que plus un ensemble est fondamental, plus lřaction de chacun de ses éléments doit être unitaire.
2 Ŕ Déterminisme et indéterminisme
Il est une seconde question, dont aucun de vous nřignore la résonance dans la pensée scientifique moderne : cřest celle qui concerne le déterminisme et lřindéterminisme.
Le déterminisme mécanistique
Comme Nous lřindiquions tout à lřheure, les admirables résultats obtenus par la mécanique avaient fait naître la conviction que lřhistoire dřun système matériel, quel quřil fût, était rigoureusement prévisible ; et cela pour nřimporte quel instant de lřavenir, pourvu que fussent données les conditions initiales de position et de vélocité des différents points matériels, ainsi que la distribution des champs de force. Cette façon de concevoir la nature comme rigoureusement enchaînée dans ses processus mécaniques donna origine, comme vous le savez, au déterminisme mécanistique. Ce système a ensuite été sérieusement battu en brèche par les progrès de la recherche scientifique dans les domaines toujours plus profonds de la structure des corps, et sřest ainsi révélé finalement inapplicable dans beaucoup de problèmes du microcosme.
L’indéterminisme probabiliste
Mais les penseurs nřont pas davantage éprouvé une satisfaction entière devant lřexplication des faits que propose le système des probabilités.
Il nřy a rien à redire à lřemploi du calcul des probabilités, quand la multiplicité des causes, qui interviennent dans un phénomène, est telle quřelle ne permet pas lřexamen de chacune dřelles. Lřinstrument mathématique quřest le calcul statistique a conduit à des résultats heureux et de grande importance, cřest indubitable. Mais, poussant plus loin sur le plan des concepts, on a voulu soutenir que la probabilité n’est pas seulement un système commode pour l’étude des phénomènes, mais qu’elle est intrinsèque à la nature des corps. Ce qui reviendrait à dire que la façon dřagir de chaque corpuscule nřest, de sa nature, rigoureusement déterminée par aucune loi précise, quřelle est abandonnée à des fluctuations soumises aux seuls critères de la probabilité.
Cette vision probabiliste des choses sřest vue renforcée par la découverte du principe dřindétermination, dont on ne peut nier la valeur, fondé quřil est sur des observations profondes, aussi bien expérimentales que théoriques.
Selon ce principe, lřimpossibilité de connaître exactement la position et la vélocité dřune particule à un instant donné nřest pas due seulement à des difficultés dřorigine expérimentale : elle est inscrite dans la nature elle-même. On affirme Ŕ dans le domaine de la physique Ŕ quřon ne peut parler dřentités et de faits aussi longtemps que ceux-ci nřont pu être mis en évidence par quelque expérience conceptuellement possible, selon le principe dřindétermination de Heisenberg.
Ce principe montre bien comment la science, pour interpréter ses résultats, recourt une fois de plus à ces systèmes de nature philosophique, elle les emprunte ici à ces conceptions de saveur idéaliste, dans lesquelles le sujet qui cherche se substitue à la réalité objective. Mais il nřest personne qui ne voie à lřévidence combien cette manière de faire est peu conforme à la méthode scientifique.
Engagés sur cette fausse route, quelques-uns sont allés plus loin encore, attribuant aux particules du microcosme une espèce de « libre arbitre » : ils en sont ainsi arrivés à croire quřils mettaient en question le principe de causalité, au moins en ce qui concerne le microcosme.
Mais ce principe nřa rien à voir avec le déterminisme et lřindéterminisme, étant par nature plus général que la recherche expérimentale. Bien moins encore peut être mis en cause le principe de raison suffisante, comme cřest évident pour quiconque considère le problème dans ses termes réels.
Le déterminisme intrinsèque
Il suffirait dřune connaissance plus approfondie et plus adéquate de la pensée philosophique thomiste pour frayer la voie à la vérité entre les excès du déterminisme mécanistique et ceux de lřindéterminisme probabiliste. La philosophia perennis, en effet, admet lřexistence de principes actifs intrinsèques à la nature des corps, dont les éléments, dans lřespace dřun intervalle minime, réagissent diversement aux mêmes actions externes et dont les effets ne peuvent par conséquent se déterminer de façon univoque : dřoù lřimpossibilité de prévoir tous les effets au moyen de la seule connaissance expérimentale des conditions extérieures. Mais, dřautre part, ces principes actifs de nature matérielle ont leur manière interne dřagir, exempte de toute liberté, et donc de toute probabilité, soumis comme ils le sont à un vrai déterminisme intrinsèque.
3 Ŕ Les relations entre la matière et l’énergie
Il y a enfin un troisième problème, sur lequel nous voudrions que sřarrête votre attention, parce quřil est dřun haut intérêt : cřest celui des relations qui existent entre la matière et lřénergie.
Lřobservation des faits naturels montre comment la matière est sujette à des changements de positions, de forme, de propriétés, comment sont changeantes même ses façons dřagir, de se présenter, de se rendre sensible et opérante ; ces actions et manifestations sont provoquées par des entités physiques appelées forces, qui ont des origines diverses : elles peuvent provenir en effet de champs dřinertie ou de gravitation, de champs électriques, électromagnétiques, nucléaires ou autres.
L’énergie
Dans lřensemble de ces activités et mutations, on remarque lřexistence dřune mystérieuse grandeur, quantitativement déterminable, caractérisée, dřun côté, par une grande variété qualitative dans la façon de se présenter et, de lřautre, par une stabilité quantitative dans la conservation de sa valeur. Cette grandeur sřappelle énergie, et peut être cinétique, potentielle, élastique, thermique, chimique, électrostatique, électromagnétique radiante et ainsi de suite.
Voici un exemple, dřailleurs bien connu, de son merveilleux comportement.
Irradiée du soleil, cřest comme lumière, cřest-à-dire sous forme de radiations électromagnétiques, quřelle arrive sur le globe terrestre ; elle y est absorbée par la mer et devient chaleur, faisant accomplir à lřeau le passage de lřétat liquide à lřétat de vapeur. Celle-ci, acquérant une énergie potentielle, sřélève dans les airs pour passer ensuite à nouveau à lřétat liquide et être recueillie dans des bassins ; canalisée au sortir de ceux-ci, elle acquiert en tombant de lřénergie cinétique. Cette forme dřénergie mécanique devient à son tour, au moyen de la turbine et de lřalternateur, énergie électrique et celle-ci, enfin, redevient énergie lumineuse. Cycle admirable, au cours duquel une quantité donnée ne se perd pas, mais se transforme et nřapparaît jamais comme existant par elle-même, mais comme appuyée toujours à quelque chose de matériel : car il sřagit dřune propriété essentielle, non dřune substance.
Ainsi les propriétés caractéristiques de lřénergie sont au nombre de trois : une persistance quantitative, une multiforme variété dřaspects, une absolue dépendance par rapport à une substance matérielle.
L’énergie nucléaire
Des innombrables exemples fournis par la nature, on avait tiré deux principes fondamentaux pour la science : le principe de la conservation de la matière et le principe de la conservation de lřénergie.
Mais les recherches théoriques et expérimentales de ce siècle ont donné des résultats à première vue déconcertants. Dans beaucoup de réactions de caractère nucléaire, on trouve par exemple que le noyau dřun atome lourd peut donner origine à deux noyaux dřatomes plus légers : tels cependant que la somme de leurs masses nřégale pas la masse originaire. Il faut en conclure quřune certaine quantité de masse sřest perdue.
En même temps, on voit apparaître dans le processus une certaine quantité dřénergie, qui nřa été fournie par aucune autre source, mais qui est strictement liée à la quantité de masse disparue, selon la relation connue E = Mc2. Ce fait, comme vous le savez, est le fondement de lřénergie nucléaire qui représente une des plus grandes espérances de lřhumanité dans le domaine du progrès technique ; et la récente Conférence de Genève pour lřutilisation de lřénergie atomique à des fins pacifiques a mis sous les yeux stupéfaits de lřhumanité les merveilleux résultats obtenus déjà par plusieurs nations, dans le secteur des applications de lřénergie atomique aux domaines industriel, biologique et médical. Une sereine perspective de paix peut naître de ces triomphes de la vérité, découverte par lřétude de la nature providentiellement préparée, si les cœurs des hommes sřappliquent à donner comme fondement à leurs espérances la foi en un Dieu créateur et lřamour envers tous leurs frères. Mais autre est la question que Nous voulons ici mettre en lumière.
Certains ont cru pouvoir affirmer que la matière se transforme en énergie et vice versa, et que par conséquent matière et énergie ne sont que deux aspects dřune même substance. Dřautres ont dit que le monde dans son ensemble nřest autre chose que de lřénergie plus ou moins matérialisée ; et ainsi sont nées, au sujet des données fournies par la science, diverses interprétations de nature philosophique.
Pour éviter des conclusions qui pourraient peut-être induire en erreur, il faut avoir toujours bien clairement présente à lřesprit lřaffirmation du fait scientifique : à la disparition dřune certaine quantité de masse, cřest-à-dire dřune certaine portion de matière considérée du point de vue de ses propriétés dřinertie et de gravitation, correspond lřapparition dřune quantité bien précise dřénergie liée à cette masse par le rapport quřexprime lřéquation cité plus haut (E = Mc2). Cela nřautorise pas encore à dire que la matière sřest transformée en énergie. Considérons en effet avec attention les deux phénomènes du point de vue philosophique :
1° Pour quřune entité soit matérielle, il nřest pas essentiellement nécessaire quřelle possède des propriétés dřinertie et de gravitation : il peut exister une qualité de matière privée de ces caractéristiques.
2° Lřénergie se présente comme un accidens et non comme une substantia : sřil en est ainsi, elle ne peut se transformer en son support, à savoir en matière.
On peut donc aujourdřhui légitimement conclure quřil existe, dans la nature, des phénomènes au cours desquels une portion de matière perd ses caractéristiques de masse pour se modifier radicalement dans ses propriétés physiques, tout en restant intégralement de la matière ; il arrive ainsi que le nouvel état, que celle-ci assume, échappe aux méthodes expérimentales qui avaient servi à déterminer la valeur de la masse. Corrélativement à cette mutation, une certaine quantité dřénergie se dégage et se manifeste, donnant origine, dans la matière pondérable, à des faits quřon peut observer et mesurer. De la sorte on peut dire que les données de la science ne subissent pas dřaltération et que les prémisses philosophiques conservent leur vigueur.
Conclusion
Voilà, chers Fils, ce que Nous avons cru opportun de vous dire sur des sujets dřun si haut intérêt concernant la philosophie et les sciences physiques.
Vous comprenez combien il est avantageux et nécessaire pour un philosophe dřapprofondir ses propres connaissances sur le progrès scientifique. Ce nřest que si lřon a une claire conscience des résultats expérimentaux, des propositions mathématiques, des constructions théoriques, quřil est possible dřapporter une contribution valable à leur interprétation au nom de la philosophia perennis. Chacune des branches du savoir a ses caractéristiques propres et doit opérer indépendamment des autres, mais cela ne veut pas dire quřelles doivent sřignorer entre elles. Ce nřest que dřune compréhension et dřune collaboration réciproques que peut naître le grand édifice du savoir humain qui sřharmonise avec les lumières supérieures de la sagesse divine.
Nos membres publient :« Sous le français, le gaulois » par Pierre Gastal
Les ouvrages sur la langue gauloise et le très patient travail de reconstitution dont elle a fait lřobjet aboutissent souvent à des travaux scientifiques extrêmement pointus, tant dans leur fond que dans leur présentation. Les essais, dictionnaires ou nomenclatures de Pierre-Yves Lambert, Xavier Delamarre, JeanMarie Ricolfis et Jacques Lacroix sont très précieux à ces titres…. Le petit livre de Pierre Gastal, lui, séduira sans doute plus aisément le lecteur que rebutent les travaux de spécialistes, par sa présentation simple et sa terminologie accessible.
Une très sérieuse érudition
Cřest pourtant une très sérieuse érudition dont il fait preuve. Le rapport entre langue et histoire est dřautant mieux établi que lřauteur procède par des approches différentes… La première partie explique lřhistoire du gaulois et définit la nature des traces quřil a laissées.
Il aborde la question délicate de la prononciation, propose même des tableaux de déclinaisons (les latinistes apprécieront)…
Pour replacer tout cela dans un contexte historique suit une chronologie de la Gaule, de la fin de lřÂge de Bronze à la mort de Clovis.
Puis un lexique gaulois (du gaulois vers le français), un dictionnaire français-gaulois (dans lřautre sens, donc), ainsi que des listes de mots dřorigine gauloise, alphabétique et thématique, et des origines des noms de villes.
La langue, mémoire d’une culture
Autre partie importante, le classement des peuples gaulois, transalpins et cisalpins… avec commentaire géohistorique, qui nous aide par exemple à bien mieux comprendre lřintrication des Celtes avec les Ibères dans le sud de lřAquitaine et avec les Ligures en Côte dřAzur.
Les annexes, enfin, contiennent un index des noms cités, une approche bibliographique, ainsi quřune brève présentation des auteurs anciens (grecs, latins, chrétiens) qui ont pu contribuer à la préservation de connaissances sur les Celtes et leurs mots.
En somme, un ouvrage très pratique, qui permet dřaborder cette question cruciale de la langue, mémoire dřune culture. Retrouver les mots, les noms, cřest encore un de nos devoirs, dans une époque où une prodigieuse accélération des faits technologiques et sociaux…. nous pousse à les créer et à les jeter comme autant de simples produits de consommation.
De nombreux mots menacés
Bon nombre de nos mots dřorigine gauloise réfugiés dans le français Ŕ liés à la nature et au monde rural ou artisanal Ŕ sont menacés par notre déconnexion dřavec ce monde « ancien »…qui continue pourtant dřexister au-delà des limites des mégapoles.
Le livre de Pierre Gastal peut nous aider à conserver cette mémoire. Parfois en librairie, il peut aussi être commandé à lřéditeur : Michel Mirale, Le Sureau, La Fresquière, 04340 Méolans-Revel .Tél. 04 92 81 28 81. Télécopie: 04 92 81 37 11 courriel: info@adverbum.fr
« Sous le français, le gaulois » .Histoire, vocabulaire, étymologie,
toponymie, de Pierre Gastal (15 €)
REGARD SUR LA CRÉATION
« Car, depuis la création du monde, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’œil nu quand on Le considère dans ses ouvrages. » (Romains 1, 20)
Le cristallin : génial ![27]
Werner Gitt
Résumé : Parmi les organes du corps humain, le cristallin se prête remarquablement bien à la comparaison avec nos instruments optiques : cřest une lentille, comme les verres de nos lunettes. Mais à lřétudier de près, on découvre une complexité et une ingéniosité qui surpasse infiniment nos techniques. En effet le cristallin se déforme pour permettre la vision de loin ou de près, grâce à une structure en lamelles coulissantes de quelques microns dřépaisseur. Sa transparence repose sur un équilibre biochimique entre deux catégories de protéines. Et malgré lřamplitude du champ à observer, la précision de notre vue est remarquable. Comment nier lřintelligence supérieure du Créateur ?
Comment me présenter ? Je vais le faire avec une devinette: je vous observe, mais vous ne me voyez pas. Vous me portez sur vous, mais ne me remarquez pas. Tout le monde a besoin de moi, mais vous ne me sentez pas. Ma genèse est un miracle, mais beaucoup l’ignorent. Qui suis-je?
Ne m’avez-vous pas encore reconnu? Je vais donc élargir les données de mon signalement. Ma silhouette est sphérique et je suis totalement transparent. Mon diamètre: 9 mm seulement. Mon épaisseur: 4 mm. Mon volume, extrêmement restreint: 0,06 centimètres cubes. Imaginez-vous donc, je suis trente fois plus petit qu’une cerise mûre! Encore une chose importante: sans moi vous ne pourriez rien voir. En fait, je me suis presque déjà trahi! Je suis l’un des éléments de fonctionnement les plus importants de votre appareil visuel: le cristallin!
Avant d’entrer dans les détails me concernant, j’aimerais attirer votre attention sur un point fondamental concernant les organes sensoriels.
À leur niveau précisément, vous pouvez reconnaître quelques-uns des principes qui régissent les œuvres de mon Créateur. Mon existence vous paraîtra plus compréhensible après cette parenthèse plutôt théorique.
Œuvres du Créateur et lois de la nature.
Organes sensoriels. Si, en tant que technicien, vous essayez de rassembler le maximum d’informations dans le domaine des organes sensoriels, vous n’aurez pas fini d’être étonné! Aucun autre secteur ne vous révélera des méthodes d’investigation, dans la connaissance du monde extérieur, d’un raffinement aussi subtil. Si ces inventions émanaient de cerveaux humains, un Office privé de brevets vous serait indispensable, ne serait-ce que pour recenser et diriger tous les diplômes de gestion des nouvelles découvertes à ce sujet. Mais, en réalité, ces idées découlent de la richesse créatrice de Dieu et, de ce fait, ne peuvent être enregistrées par une quelconque autorité technique. Conscient des inépuisables ressources inventives manifestées dans la Création, le Psalmiste exprime une prière d’adoration:
« Que tes œuvres sont grandes, ô Eternel! Que tes pensées sont profondes! »
Vous devriez connaître les méthodes de travail de Dieu dans le monde vivant ; aucune force active de construction ne met en défaut la moindre des lois naturelles. En d’autres termes, les multiples organes utilisent en toute conformité les lois physiques et chimiques pour assurer leurs fonctions, et cela souvent de manière si géniale qu’il n’est pas toujours facile de s’en apercevoir. Dans vos techniques, de même qu’en sciences naturelles, vous utilisez bon nombre de procédés de mesures extrêmement précis. Jusqu’à ce jour, les horloges atomiques vous ont permis de mesurer le temps avec le maximum d’exactitude. Cependant, une précision plus grande encore peut être envisagée: la limite des possibilités de la Physique est loin d’être atteinte.
La valeur appelée « erreur relative » est une appréciation de la précision d’une mesure.
Une règle métrique vous permet de mesurer une longueur d’un mètre à un demi-millimètre près. Dans ce cas, l’erreur relative se chiffre à 0,5 mm/1 000 mm, c’est-à-dire 0,5 millièmes. L’actuelle erreur relative des horloges atomiques s’élève à 10 puissance moins 13. Selon la théorie de Heisenberg, elle pourrait encore être abaissée à 10 puissance moins 16. Aucun procédé de mesure, dont la précision et le concept d’utilisation atteindraient la frontière du physiquement possible, n’a été mis au point jusqu’à présent. Et c’est précisément dans le secteur des organes sensoriels que le Créateur a réalisé, de manières diverses, de telles structures extraordinaires qui utilisent toutes sortes de procédés physiques et techniques. La technique acoustique de l’oreille humaine, par exemple, atteint l’extrême limite du réalisable au niveau physique. Si votre oreille était encore plus sensible, vous entendriez alors les bruissements énergétiques des molécules en fonction de la température.
J’aimerais encore souligner un autre aspect important. Il est indispensable de distinguer nettement entre le simple fonctionnement des œuvres du Créateur et Son action créatrice. L’ensemble des ouvrages créés et leur fonctionnement se déroulent en harmonie avec des lois naturelles. L’action créatrice de Dieu dans la Création ne peut cependant s’expliquer par ce biais. En effet, les lois naturelles résultent de la Création mais nřen sont pas le point de départ.
J’aimerais à présent attirer plus particulièrement votre attention sur l’organe visuel, car j’en suis un élément indispensable. Ceci est valable chez tous les êtres humains mais aussi chez tous les animaux voyants. Considérons l’œil des libellules et essayons de nous le représenter, composé de milliers de facettes. Chacune, à elle seule, est équipée du nombre impressionnant d’un demi-million d’éléments de connexion. Chacun de ces fragments fonctionnels de construction représente un modèle réduit, au un centième, du plus minuscule élément de connexion de vos ordinateurs modernes. De toute évidence, chacun de ces « yeux à facettes » possède aussi son propre cristallin ou plutôt « micro-cristallin ».
Savez-vous comment fonctionne votre œil ?
Vous n’aurez pas fini d’être étonné! Même de votre propre œil… Chacun de vos regards permet de projeter l’image optique sur 130 millions de cellules visuelles isolées. À l’aide de processus du système nerveux, une représentation de haute qualité de l’événement observé est produite dans votre cerveau. Dans une large mesure, ces processus extrêmement complexes restent encore obscurs pour vos savants. Si vous utilisiez, dans votre appareil photographique, un film en forme de boule creuse à la place d’une pellicule plate, l’image tout entière serait démesurément distordue, exactement comme dans un labyrinthe de miroirs déformants.
C’est ainsi que, dans un premier temps, apparaît sur votre rétine un monde difforme. Mais le Créateur a intégré dans votre cerveau des programmes rapides dont les opérations rétablissent instantanément toutes les erreurs de représentation. Votre champ de vision vous apparaît alors sans aucun défaut photographique. En relation avec le cerveau, le sens visuel remplit une fonction spécifique.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’est pas destiné à mesurer des dimensions physiques exactes, mais il est conçu pour répondre à des exigences biologiques. Laissez-moi vous lřexpliquer! En observant des objets plus ou moins éloignés, votre estimation de leur taille ne se réfère pas à l’image physique reproduite sur la rétine; vous attribuez aux objets éloignés une grandeur différente par rapport à l’image rétinienne réelle. Vous avez l’habitude de ce « phénomène » dans les images en perspective. Pour une représentation avec des lignes convergentes, votre sens visuel vous communique la perception de la grandeur significative et non la « juste » dimension physique. De plus, l’exacte appréciation de l’environnement exige la capacité d’évaluer la dimension d’un objet, même s’il se situe à des distances plus ou moins lointaines. Le programme d’interprétation incorporé dans le cerveau reçoit et utilise les données physiques transmises par les organes visuels. Il les agrandit, les réduit et les déforme de manière à retenir, comme au travers d’un filtre, ce qui a sens et utilité pour la vie.
En d’autres termes, seul le cerveau donne à l’œil sa supériorité sur tous les instruments de la physique optique. Dans un profond crépuscule ou en plein soleil, la capacité visuelle demeure, car l’œil fait automatiquement la mise au point de tous les éléments du champ visuel. Il peut distinguer des couleurs, évaluer des distances et des dimensions; il est capable de reconnaître la couleur blanche d’un papier blanc, même sous différents éclairages. Lueurs tamisées de l’aurore ou lumière crue de midi, dans une large mesure l’œil donne une même impression de couleurs. Votre perception des formes et des couleurs demeure invariable, même si les objets considérés se rapprochent ou s’éloignent et sont exposés à une vaste gamme d’éclairages différents. L’une des principales performances de la vue (tout comme de l’ouïe) reste cependant la précision dans la reconnaissance et la distinction d’objets, de situations, d’êtres vivants et de personnes. Lors d’une rencontre de classes, vous serez en mesure de reconnaître d’anciens élèves, perdus de vue depuis des dizaines d’années, cela en dépit d’importants changements. Nous constatons que le sens visuel dispose d’une sorte de précision que l’on chercherait en vain à décrire au moyen de paramètres physiques.
« L’ensemble est plus que la somme de ses parties », affirme Aristote. Vous devez connaître cette formule qui énonce un principe naturellement valable pour tous les systèmes vivants. Si donc une partie d’un ensemble est déjà remarquable par sa propre complexité, sa structure, sa fonction et son haut niveau inventif, à combien plus forte raison le tout le sera-t-il! Ceci dit, au lieu de vous entretenir au sujet du « globe oculaire » tout entier, je vous parlerai uniquement de moi-même, le cristallin, un de ces minuscules détails de votre œil.
Aucune entreprise ne peut le fabriquer.
Pour vous donner une idée plus précise de mes performances techniques, je vous propose de m’accompagner dans la démarche suivante. Supposez que vous preniez contact avec une entreprise spécialisée en mécanique optique de haute précision.
Confiez-lui la charge de me réaliser dans son usine, moi, le cristallin! Quelles seront les conditions d’une telle réussite? Vous pensez avec raison qu’il faudrait communiquer à cette entreprise un catalogue des exigences fonctionnelles du cristallin souhaité! Comme c’est moi qui me connaît le mieux, je rassemblerai pour vous, en six points seulement, les principales données:
- Conception de la lentille. Prenons l’exemple de vos appareils photographiques. Dans votre industrie optique traditionnelle, le réglage des distances s’opère par le déplacement d’un système de lentilles par rapport à la surface plane de la pellicule. Vous obtenez les effets du zoom, c’est-à-dire la variation des distances focales, par le rapprochement ou l’éloignement de quelques-unes de ces lentilles glissant les unes vers les autres. Pour l’œil, un tel système de lentilles » spécial est mis en fonction. Il s’agit en fait d’une seule lentille qui répond pourtant à toutes les exigences optiques. Pour remplir cette fonction compliquée, il est essentiel d’abandonner le principe de la lentille rigide, indéformable de votre industrie photographique traditionnelle en faveur d’un corps transparent et flexible. En changeant de forme, la lentille règle toutes les distances focales de 40 à 70 mm, de même que les variations d’éloignement. Par conséquent, elle doit être à la fois souple et facilement déformable. Un mécanisme spécial de contraction et de relâchement se situant à la périphérie de la lentille doit remplir cette fonction. Une centrale de commandes, le cerveau, reçoit et gère les données concernant les diverses variations de forme en fonction des besoins. Le travail d’ensemble de tous les éléments de construction doit aboutir au résultat suivant: créer la forme géométrique de la lentille correspondant aux exigences optiques du moment.
- Synthèse des matériaux. Un système de pompage circulatoire charriant une solution aqueuse (le sang) dans laquelle sont dissoutes diverses substances fait office à la fois de source de matière première et de voie d’enlèvement des déchets de fabrication. Le processus de fabrication de la lentille doit être relié à ce réseau général d’approvisionnement.
Les matériaux nécessaires (protéines) doivent être synthétisés sur place par voie chimique, sans oublier qu’aucune température ne doit dépasser 37°C. Il s’agit ensuite de repérer, parmi les millions de protéines possibles, celles qui entrent dans la fabrication de la lentille. Ces substances doivent être marquées et verrouillées entre elles selon un système codé donné. Il faut indiquer le procédé de synthèse chimique utilisé et en respecter le déroulement.
- Usinage. Comme la production doit se faire sans intervention manuelle, il faut tracer le plan d’une fabrication totalement automatique par une conception et une fabrication assistée par ordinateur. Cette fabrication doit non seulement comporter tous les programmes indispensables mais encore assurer différentes fonctions: la surveillance permanente, par mesures techniques, de tous les processus chimiques et énergétiques, les différents réglages et l’exécution précise. La transformation permanente exige la restitution continuelle des matériaux épuisés sans pour autant interrompre la marche du travail. Il faut donc à tout prix éviter des temps d’arrêt ou d’attente. Compte tenu de leur conception d’ensemble, les lentilles nécessaires ne peuvent être produites en série et de façon standard. Il faut envisager une technique de conception assistée par ordinateur et tracer un plan de construction en fonction des conditions individuelles de cadrage.
- Propriétés optiques. D’une manière générale, les protéines ne sont pas transparentes. Il s’agit donc d’inventer une méthode qui, en dépit de cela, rende la lentille hautement translucide. En outre, l’indice de réfraction, qui est un chiffre représentant une mesure de déviation du rayon lumineux en milieux variables, doit rester constant. Les principes de construction adoptés pour la mise en œuvre des fonctions exigées ne doivent en rien porter préjudice au passage des rayons lumineux.
- Miniaturisation. En raison de la méthode de fabrication de type décentralisé, chaque élément isolé de la lentille exige une technique de construction cellulaire.
N’oubliez pas que ces éléments sont à maintenir en état des années durant! Chaque cellule doit être à la fois une unité autonome de fabrication totalement équipée et en mesure d’assumer pleinement les fonctions optiques en tant qu’élément constituant de la lentille. Un volume réduit de 60 millimètres cubes seulement est à disposition pour toutes ces opérations de fabrication, d’approvisionnement en énergie, de gestion et d’interprétation des données. Cela nécessite donc, pour lřensemble des processus de fabrication et de fonctionnement, la mise en œuvre d’une technique d’extrême miniaturisation. Je reconnais que vos ordinateurs ont bonne réputation grâce à leur prodigieuse capacité de mémoire. Pourtant, pour supporter la comparaison, il faudrait encore une bien plus grande miniaturisation de vos appareils.
- Prestation de garantie. Enfin, un « label de qualité » doit garantir le bon fonctionnement de la lentille durant 70-80, voire plus de 100 ans dans certains cas.
La solution du Créateur
Vos objections sont tout à fait justifiées: personne ne peut répondre à de telles exigences. En effet, aucune industrie ne serait en mesure de remplir ces conditions, même de façon approximative, ni dans le domaine chimique ou optique, ni en mécanique de haute précision ou en calcul technique. Même toutes vos inventions que vous qualifiez de technologies de pointe « high tech » ne seraient nullement capables de remplir les fonctions que j’accomplis tout naturellement à longueur de journée. Je vais donc essayer de vous faire comprendre l’impressionnante solution du Créateur.
- Transparence. Un mélange de différentes espèces de protéines constitue le matériau de base de construction. Non déshydraté, le cristallin représente à lui seul l’organe de votre corps le plus riche en substances protéiques: 35 %. Deux espèces très différentes de protéines, les cristallines et les albuminoïdes, sont utilisées pour obtenir les propriétés optiques.
Les premières se distinguent par leur solubilité dans l’eau. Extrêmement spécifiques, vous ne les trouvez dans aucun autre organe de votre corps. La combinaison des deux espèces de protéines avec de l’eau produit la transparence. Pour garantir 1es propriétés optiques indispensables au cristallin, il faut maintenir un équilibre biochimique précis par un procédé raffiné de régulation technique très coûteux. Si, à un certain endroit, l’équilibre mis en place se modifie, soit par accumulation d’eau en un point précis, soit par le changement de perméabilité de l’enveloppe contenant la molécule protéique, la translucidité baisse sensiblement. Comme toute autre opération technique, le processus de régulation de l’équilibre biologique nécessite une source d’énergie. Le Créateur a incorporé dans le cristallin de nombreuses mini-centrales qui puisent leur énergie dans des métabolismes biochimiques. Vos centrales pour dřélectricité, bien que travaillant à très haute température, ont un rendement plutôt faible. Chez moi, au contraire, la production d’énergie se fait en utilisant à 100 % l’énergie chimique disponible. Considérez en outre que le processus doit se dérouler dans des conditions inhabituellement douces de température, de pression et de concentration des produits réactifs. Pour atteindre cet objectif, le Créateur a conçu des substances aux propriétés très spécifiques qui régissent les réactions chimiques dans les conditions requises. Vos chimistes donnent à ces matières le nom de « catalyseurs ». Parmi les 100 molécules de protéines qui me concernent, deux d’entre elles sont constituées de manière à remplir cette fonction:
ce sont des enzymes.
- Structure interne. Pour obtenir les propriétés optiques, d’autres facteurs déterminants interviennent comme la forme, la disposition et la structure interne des cellules du cristallin (Figure 2). Seul un puissant agrandissement vous permettra de reconnaître la disposition très dense, hautement spécifique, de mes couches de protéines. Ces strates empilées vous rappellent probablement les piles de planches d’une scierie (Figure 1).
Figure 1: le microscope électronique à balayage permet d’obtenir 4 grossissements différents (échelle: 0,01 mm). Sur les deux clichés du haut, on peut distinguer nettement la structure lamellaire, précise et ordonnée. Une flèche noire (deux clichés du bas) indique les articulations rotutaires, uniques dans leur genre: ce sont des couches de protéines reliées entre elles par une « couture » élastique permettant la variation des distances focales et le changement de forme du cristallin.
Les cellules du cristallin forment un ensemble extrêmement solide mais souple. Chacune de ces formations est équipée d’un mécanisme d’accrochage original évoquant des mains jointes. Cette façon « d’empaquetage » très précise est indispensable pour garantir une transparence de haute qualité.
Vos ingénieurs s’occupant des montages s’étonneront de l’emplacement très ordonné des couches de protéines, du système de « couture » unique par ses articulations à rotules, c’est-à-dire des boules qui s’emboîtent dans des cavités articulaires. En aucun cas le Créateur n’a choisi de façon arbitraire les intervalles entre les « coutures ». Ceux-ci sont accordés à la longueur d’onde de la lumière visible de telle sorte que d’éventuelles déformations soient évitées au mieux. L’extrême minceur des couches de protéines ainsi que la souplesse du mécanisme d’accrochage permettent au cristallin de varier facilement sa forme. Au repos, le profil du cristallin est plat et se trouve donc réglé pour le lointain. Cet effet se produit par contraction de fibres tendineuses partant d’un muscle annulaire, appelé ciliaire, à l’intérieur duquel est fixé le cristallin. Lors de la mise au point pour la vision de près, le muscle ciliaire lui-même se contracte et les fibres de suspension se relâchent. En raison de la souplesse de sa structure, le cristallin prend alors une forme convexe accentuée. L’idée géniale de cette disposition des strates dans un corps elliptique a une raison d’être. Suivant leur état de décontraction, et ceci en équilibre avec toutes les autres forces en présence, le cristallin prendra la forme géométrique correspondant exactement à l’indice de réfraction (ou distance focale) souhaité.
- Processus de fabrication. C’est un procédé extrêmement complexe dont on ne peut observer que le déroulement extérieur. Dans une très large mesure, vos savants ignorent, jusqu’à ce jour, le plan de transformation parfaitement automatique des matières de base, respectivement en produits finis et en arrangements géométriques définis. Les informations stockées dans les molécules d’ADN jouent un rôle central dans le contrôle du processus de croissance.
Figure 2: coupe de cristallin humain. Au centre, la lentille embryonnaire comporte de part et d’autre aux pôles antérieur et postérieur, une couture en « Y ». Les cellules fixées au point de jonction de la couture en « Y » d’un pôle sont reliées à la fourchette de la couture du pôle opposé. Une membrane transparente, relativement épaisse et élastique, enveloppe le cristallin.
Mon origine.
Au terme de notre entretien, vous devez convenir que, derrière la complexité et la construction élaborée d’un seul petit élément de l’œil, se cache un esprit inventif incomparablement riche. La description de l’œil n’en demeure pas moins incomplète. C’est comme si, décrivant une tuile du château de Sans-souci, vous vous imaginiez avoir reproduit un tableau complet du bâtiment. Ou encore, la représentation d’un boulon suffit-elle pour se faire une image exacte d’une voiture dans son ensemble? Darwin lui-même a dû reconnaître l’impossibilité d’expliquer la formation de l’œil dans le cadre d’un processus de sélection.
Dans son ouvrage L’Origine des espèces, il écrit: « Au premier abord, il semble, je l’avoue, de la dernière absurdité de supposer que l’œil, si admirablement construit pour admettre plus ou moins de lumière, pour ajuster le foyer des rayons visuels à différentes distances et pour en corriger l’aberration sphérique et chromatique, puisse s’être formé par sélection naturelle ».
Seule la présence simultanée de tous les éléments isolés de l’œil et leur montage harmonieux permettent la vue. L’œil complet, dépourvu du cristallin, s’avérerait totalement inutile. L’Évolution ne peut ni concevoir ni planifier. Même des constructions existantes ne peuvent être réorganisées sans dřautres. Comme pour certaines entreprises, il faudrait mettre en place une pancarte: « Établissement temporairement fermé pour cause de transformation ».
Tous les essais d’explication étant voués à l’échec sur le plan humain, je fais confiance au Dieu Créateur qui nous révèle Sa parole dans la Bible. Il nous a parfaitement informés: « Qui rend… voyant ou aveugle? N’est-ce-pas moi, l’Eternel? « (Ex 4,11)
Le Psalmiste lui-même nous invite à reconnaître en Dieu le constructeur et l’architecte de l’œil: « Celui qui a planté l’oreille n’entendrait-il pas? Celui qui a formé l’œil ne verrait-il pas? « (Ps
94,9)
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De bonne odeur… Carl Christaki
Pourquoi le don dřAbel, au Seigneur a-t-il plu, Quand celui de Caïn, paraît avoir déplu ?
Nřallez pas dire, Dieu, ça le regarde en somme, Car ce nřest pas ainsi quřIl choisit les élus.
Abel avait reçu mille agneaux, il voulut
En offrir au Seigneur, sans en compter la somme, Mais Caïn, jaloux, crut quřil ferait beaucoup plus, Priant Dieu dřagréer lřobscur travail des hommes.
Sur son chemin de croix, la pauvre humanité
Subit lřaffrontement des deux postérités, Celle du vieux serpent et celle de la Femme.
Lřune ressemble à lřautre, du moins apparemment,
Mais si lřune dit vrai, sans doute lřautre ment,
Soyons très attentifs et puis, que Notre Dame,
Veuille implorer son fils, pour quřil sauve notre âme.
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ŖLe créationnisme, entre convictions religieuses et données scientifiquesŗ, avec Jean-Michel Maldamé o.p., François Euvé s.j. et Maurice Vidal pss, in Documents Épiscopat n° 7, 2007, p. 10.
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Wolfgang Smith obtint à l’âge de 18 ans son B.A. en mathématiques, physique et philosophie de l’Université Cornell (Ithaca, N.Y.). Deux ans plus tard il obtenait son M.S. en physique à Purdue University (Indiana). Il poursuivit ses recherches en aérodynamique et ses travaux permirent la solution du problème de la rentrée dans l’atmosphère des vaisseaux spatiaux. Après avoir obtenu son Ph.D. de mathématiques à Columbia University (N.Y.) le Dr Smith enseigna au M.I.T., à lřU.C.L.A. et à lřOregon State University jusqu’à sa retraite en 1992. Il a publié de nombreux articles de mathématiques sur la topologie algébrique et différentielle. Depuis toujours W. Smith manifeste un intérêt soutenu pour la philosophie et la théologie. Tôt dans sa vie il éprouva un attrait pour Platon et les néoplatoniciens, puis il séjourna en Inde afin de se familiariser avec la tradition védique. Il se consacra ensuite à la théologie et à la métaphysique catholiques. Outre ses nombreux articles, W. Smith est l’auteur de quatre livres: Cosmos and Transcendence (1984), Teilhardism and the New Religion (1988); The Quantum Enigma (1995,rev.ed. 2005) et The Wisdom of Ancient Cosmology (2003). Son souci principal est de démasquer les conceptions scientistes prises de nos jours pour des vérités scientifiques.
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Vision du monde, en allemand. ↑
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Mgr Georges Lemaître, physicien, élève dřArthur Eddington, était un chanoine belge, enseignant à Louvain. Ses spéculations sur « l’atome primitif » Ŕ curieux mélange de physique et de philosophie – semblent avoir été bien accueillies dans les milieux ecclésiastiques, à en juger par le fait qu’il fut peu après nommé Président de l’Académie Pontificale des Sciences. L’idée du big bang, curieusement, remonte au poète Edgar Allan Poe (1809-1849), qui était aussi grand amateur de science. Pour répondre au problème de l’effondrement gravitationnel, il avait proposé en 1849 que l’univers prît naissance dans une explosion. ↑
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De même que Stephen Hawking avec son A Brief History of Time (1989), Gamov confia sa vision de l’univers à toute une génération avec un livre intitulé One, Two, Three, Infinity (1974), qui devint un best-seller scientifique.
*Ndlr. En réalité cřest lui, Gamov, qui donna le nom de « big bang » à la théorie de Lemaître. ↑
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Par exemple, lorsque les astronomes découvrirent des écarts entre les orbites planétaires observées et les trajectoires prédites par la physique de Newton, ils supposèrent que ces déviations étaient dues à un objet non encore identifié. Lřhypothèse se vérifia en 1930 avec la découverte de la planète Pluton. ↑
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Il peut être expliqué, par exemple, par la théorie de l’état quasi stationnaire de Burbidge, Hoyle et Narlikar (Cf. Physics Today, Vol.52, N°4, April 1999, 38-44) ou par la physique du plasma de Hannes Alfvén (Cosmic Plasma, Hollande: D. Reidel, 1981), toutes les deux apparaissant comme des alternatives viables à la cosmologie du big bang. ↑
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Halton Arp, Seeing Red: Redshifts, Cosmology and Academic Science (Montreal: Apeiron, 1998), 95. Halton Arp est un astrophysicien américain, une des plus grandes autorités sur les quasars. Mais lorsqu’il commença à douter ouvertement de l’interprétation Doppler des décalages, il devint rapidement persona non grata au moins aux États-Unis. Il travaille maintenant à l’Institut Max Planck d’Astrophysique de Munich. Ses livres constituent une aide précieuse pour y voir clair dans un domaine où il est de plus en plus difficile de séparer le fait de la fiction. ↑
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Ibid. 225-233. ↑
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Au premier plan parmi cette poignée de savants dissidents se trouvait feu
Fred Hoyle (1915-2001), longtemps Directeur de lřObservatoire de Greenwich et l’un des pionniers originaux de l’astrophysique. ↑
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Docteur en théologie et journaliste, R. Sungenis anime un site apologétique anglophone : Catholic Apologics International. Une de ses victoires toute récente est dřavoir forcé la conférence épiscopale des États-Unis à modifier son catéchisme. On y lisait en effet : «l’Ancienne Alliance entre Dieu le peuple juif à travers Moïse demeure éternellement valide pour eux», ce qui tendait à dispenser les Juifs de se convertir au seul et unique Sauveur. Cette phrase a été ôtée. ↑
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Avec un chercheur en physique, Robert Bennett, Ph.D., R. A. Sungenis a publié un monumental Galileo was wrong, the Church was rigth (CAI Publishing Inc., 2 t, nouv éd. 2007) qui constitue certainement le travail le plus exhaustif jamais réalisé sur ce thème fondamental, mais dérangeant, tant en ce qui concerne les expériences et les faits de la physique quřen ce qui concerne les textes religieux, depuis la Bible et les Pères de lřÉglise jusquřaux textes magistériels. Peut être commandé sur le site catolicintl.com . ↑
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Cf. Brad Harrub, La faillite du big bang, Le Cep n°33 (octobre 2005). ↑
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Ròzsadompb (« la Colline de Roses ») est une partie haute de Buda où, pendant l’occupation turque (entre 1541 et 1700), un Pacha avait planté des ↑
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Les Tziganes, victimes dřun système social injuste issu d’une fausse religion, sont à lřorigine des « parias », les rebuts de la société indienne. Ils n’y ont aucun droit et de ce fait restent incultes. Ils ne possèdent rien et ils sont réduits à la mendicité ou au pillage. Ils trouvent un accueil favorable dans les sociétés chrétiennes de l’Europe. Mais, vu qu’ils n’ont aucun métier à exercer, ni l’habitude de mener une vie sédentaire et disciplinée, ils errent dans le pays en nomades, vivant de cueillettes, de pillages ou de vols. Les avantages culturels (écoles, hygiène, logements) ne les intéressent pas, car ils ne veulent pas accepter la discipline qui va avec. Ils vivent d’après leurs propres lois, souvent en conflit avec celles des pays d’accueil. Ils profitent donc des avantages dřune société organisée mais ne participent ni à sa défense ni à son entretien par leur travail, impôts ou service militaire. Ainsi deviennent-ils rapidement sources de conflits partout. Ils vivent donc dans les caravanes en marge des villes ou villages. Comme ils n’ont aucune adresse fixe, ils échappent à la police, leurs méfaits ne sont pas punis et ils attirent plus encore l’hostilité des natifs. Au fond, ils ne sont pas haïs pour ce qu’ils sont mais à cause de ce qu’ils font. Ils sont un instrument (involontaire) de déstabilisation des sociétés chrétiennes.
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Repris de Votre Santé, n° 101, mars 2008, pp 10-12. ↑
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Repris de Correspondance Européenne n° 188 (Septembre 2008) 2 Titulaire de la chaire dřHistoire moderne à lřUniversité de Cassino, Président de la Fondation culturelle Lepanto, le Pr Roberto de Mattei est aussi Vice-Président du Conseil National des Recherches (CNR) à Rome. ↑
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(cf. Sandro Magister, Transplantations et mort cérébrale. L’Osservatore Romano a brisé le tabou). http://chiesa.espresso.repubblica.it/?fr=y).
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Dans cette optique, en effet, que peuvent être la philosophie ou les « sciences molles », sinon le domaine privilégié de la pure opinion ? ↑
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En cela, D. Tassot est accusé de « mélange des genres », et même de « rapprochements incohérents » (p. 84, note 5). Il se retrouve en compagnie de Jean-Paul II accusé pareillement de « mélange entre science et religion ». * Ndlr. À lřév-angile (bonne nouvelle), le préfixe grec eu signifiant « bon », le P. Morey sřamuse à opposer un « cac-angile », du grec kakos signifiant « mauvais ». ↑
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On a mis « scientifiques » entre guillemets, comme le font nos deux auteurs : car pour eux, être « créationniste », cřest sortir de la Science, cřest une contradiction dans les termes, une vraie chimère. ↑
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Au sens même de nos deux auteurs. ↑
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Il faut, nous rappelle saint Pierre, «rendre compte de l’Espérance qui est en nous», ce qui est dřune étonnante modernité ! Et cřest une constante bimillénaire de lřenseignement de lřÉglise. Dans une optique très proche, sainte Catherine de Sienne affirmait que « la Foi est la lumière de la raison ». ↑
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D. C., n° 1077, du 10 septembre 1950, col. 1153. ↑
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« Sřéloigner sans réflexion et témérairement des préceptes du Docteur angélique est contraire à Notre volonté et plein de périls. » (Actes de S. S. Léon XIII, Editions de la Bonne Presse, t.V, p.10.) ↑
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Ndlr. Thèse philosophique considérant dans chaque être une matière (hylè, en grec) et une forme (morphè) indissolublement liées. ↑
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Repris de Si les animaux avaient la parole, MB, Suisse, 1994, pp. 81-96 ↑