Le vrai message du cristal de neige Dominique Tassot
Résumé : A partir de gouttelettes d’eau quelconques, le gel fait apparaître de magnifiques cristaux. C’est, aux yeux des évolutionnistes, la preuve que des formes peuvent apparaître spontanément en des lieux précis de l’univers, même si la quantité globale d’information est restée inchangée. A première vue, cet argument semble puissant. En y réfléchissant, il s’effondre : en effet la congélation est une réaction exothermique qui, en réalité, diminue la quantité locale d’énergie. Surtout, l’idée qu’une goutte d’eau soit « informe » provient d’un aveuglement aujourd’hui presque universel sur la complexité et la perfection de tout ce qui existe. C’est pourquoi l’évolution des êtres vivants est impossible : tous sont complets ; aucun ne manque, sauf défaut congénital ou accident individuel, du moindre organe ou de la moindre fonction. L’univers est depuis toujours un « cosmos » ordonné, dans lequel tout a sa place et sa mission bien définie. L’homme aussi, mais il peut l’accueillir avec reconnaissance ou bien s’en détourner (pour son malheur) :
c’est toute la différence !
Un argument fréquemment invoqué en faveur du transformisme est celui des cristaux de neige. Si l’on regarde au microscope des flocons de neige, l’on découvre avec stupéfaction de belles formations cristallines comportant des arborescences régulières, des symétries, bref de véritables « formes ». Ainsi de l’ordre et de l’harmonie ont-ils pu surgir du chaos, dès lors que certaines conditions de température et de pression se trouvèrent réunies. Ainsi la nature elle-même possède la propriété de faire passer un liquide (considéré comme « informe » puisqu’il se prête à tous les récipients) à un état ordonné supérieur. Il n’y aurait donc qu’une différence de degré entre l’apparition spontanée de la vie et la cristallisation de l’eau. Certes les cellules vivantes sont plus complexes ; elles rassemblent des matériaux plus variés, mais l’exemple de la glace suffit à montrer qu’un progrès des formes est à la portée des lois naturelles. Il n’est donc pas nécessaire d’imaginer un être surnaturel à l’origine de la vie.
On pourrait objecter que l’extrapolation est hardie, que les phénomènes sont trop différents pour être rapprochés et que comparaison n’est pas raison. Il n’en reste pas moins qu’un seul précédent suffit à plaider une cause et que l’apparition d’une forme vivante est un événement unique qui peut rester hautement improbable sans cesser d’avoir été possible.
Si l’on veut soutenir l’impossibilité d’une évolution progressive, c’est donc ce précédent lui-même qu’il faut examiner plus attentivement. L’idée est ici qu’on est passé de l’informe à la forme, et du chaos à l’ordre. Mais l’eau est-elle bien simple chaos ? Pour être déformable à volonté, comme tous les liquides, est-elle pour autant dénuée de ces propriétés bien définies qui, selon les philosophes, caractérisent en tout corps l’élément formel, proprement essentiel, qui le distingue de tout autre corps matériellement semblable. L’eau, en effet, n’est pas le seul liquide incolore ; mais elle est de plus inodore, tandis que l’alcool à 90° est, lui, facilement reconnaissable à l’odeur. Enfin sa densité, sa capacité calorifique lui sont propres, en font une « espèce » déterminée au sein du « genre » des liquides incolores. L’eau oxygénée, ou dioxyde d’hydrogène H2O2, pourtant très proche puisqu’elle n’en diffère que d’une unité dans le nombre affecté au composant oxygène, a, elle, des propriétés désinfectantes bien connues qui attestent une « forme » différente.
Ainsi, en passant de l’eau liquide à la glace, on ne va pas de l’informe vers la forme mais d’un état à un autre état au sein de la même forme « eau ».
La question devient alors la suivante : ce passage est-il un progrès ? Apporte-t-il un supplément d’information, d’ordre ou d’énergie ? Certainement pas d’information, puisque l’eau ne change pas de nature dans ses différents états : la transformation est réversible et le glaçon qui fond nous restitue l’eau liquide dont il s’était formé ! En revanche la congélation de l’eau est une réaction exothermique : le compresseur d’un frigidaire réchauffe l’air ambiant ; de l’énergie calorifique est sortie de l’eau, cette même énergie qu’il faudra refournir au glaçon pour le faire fondre.
On n’est donc pas passé du chaos à l’ordre, mais d’un état de haute énergie à un état de moindre énergie. C’est tout le contraire d’un progrès; c’est un amoindrissement de la capacité vitale : le gel ralentit la décomposition du cadavre, précisément parce que les fermentations font partie des réactions fondamentales de la vie. Surtout, le chaos initial ne se rencontre jamais. C’est le talon d’Achille de l’évolutionnisme. Nous vivons dans un « cosmos » où tout ce qui existe est déjà doté d’une forme merveilleuse. Nous pensons à admirer les cristaux de neige parce que nous les voyons apparaître et disparaître, comme un coucher de soleil sur la mer. La beauté éphémère nous paraît plus précieuse, parce que nous savons que nous allons la perdre, ainsi de la fleur qui se fane ; mais il n’est rien dans l’univers qui ne reflète la beauté et l’harmonie que le Créateur a mises en chaque parcelle de son œuvre.
John Ray (1627-1705), le fondateur de la classification moderne des végétaux avec Linné (1707-1778), publia en 1691 un livre, maintes fois réédité et traduit, au titre significatif :
L’Existence et la Sagesse de Dieu manifestée par les œuvres de la Création. Il y écrit : « L’homme corrige et change continuellement ses ouvrages. Mais la Nature est constante, parce que ses œuvres sont parfaites, et qu’on ne peut rien y ajouter, ni trouver à redire… Rien que l’on pût améliorer ; ou que l’on pût changer sans le gâter.[1]»
L’observation au microscope, tout juste inventé, le transporte d’admiration : « Les choses naturelles, vues de cette manière, paraissent d’une forme exquise, ornée de toute la justesse et de toute la beauté convenable. On trouve un polissage inimitable dans les plus petites semences des plantes, et surtout dans les parties des animaux, dans la tête et dans les yeux d’une petite mouche : une exactitude, un ordre et une symétrie inconcevable sans la voir, dans la forme des plus petites créatures, soit d’un pou, soit d’un vermisseau.
Au lieu que les productions les plus parfaites de l’art examinées de cette manière, paraissent très grossières : par exemple une aiguille la plus pointue et la mieux polie paraît semblable à une barre de fer émoussée, sortant du fourneau ou de la forge. (…) Il faut même ajouter que plus il y a de lumière, de perfection et de justesse dans les microscopes, dont on se sert pour examiner les productions de la Nature, plus on y découvre de beauté et d’exactitude, au lieu que plus on regarde celles de l’art, plus on y trouve d’imperfections et de difformité[2].»
Or, avec l’esprit des Lumières, l’idée s’imposa peu à peu qu’il existait des êtres rudimentaires, imparfaits, qui gagneraient à devenir autres. Diderot méprise le vermisseau (susceptible de génération spontanée) et admire l’éléphant. Il écrit de l’œuf d’oiseau, en 1769 : « Voyez-vous cet œuf ? Une masse insensible avant que le germe y soit introduit ; et après que le germe y est introduit, qu’est-ce encore ? Une masse insensible, car ce germe n’est lui-même qu’un fluide inerte et grossier. Comment cette masse passera-t-elle à une autre organisation, à la sensibilité, à la vie ?..Par la chaleur… »[3]
Bientôt on distinguera des degrés dans l’organisation des êtres vivants. Les uns sont simples, « peu évolués », destinés à se transformer. Les autres sont plus complexes, plus évolués : ce sont des « organismes supérieurs ». Le transformisme, au fond, n’est que la projection sur la nature du mythe du progrès.
Mais le message, oublié, que le microscope optique avait inspiré à Ray, nous revient en force avec le microscope électronique et tous les appareils d’imagerie médicale. Le simple a disparu de l’horizon : la complexité apparente du vivant n’a plus d’autres bornes que celle de nos instruments d’observation.
La moindre bactérie, cet être simple car monocellulaire, qu’on disait avoir pu surgir de la « soupe primitive », se révèle d’une telle complexité physiologique que l’imagination elle-même n’en peut désigner le terme. C’est l’infini, qu’on aurait voulu comparer à un autre infini, également incommensurable !
Surtout s’impose à nous l’idée de perfection. Que l’on puisse caractériser tel ou tel individu par ses «défauts » : boiterie, myopie, bec de lièvre, etc., est au fond la preuve que la perfection est l’état normal des types vivants. Cette perfection se voit partout : dans la pince du homard comme dans la main humaine, dans l’œil multiple de la mouche comme dans notre unique cristallin, dans le pommier dont le fruit porte la graine comme dans le groseillier qui se multiplie par les racines. Qui pourra décrire l’organe dont manque le moindre animal pour atteindre sa perfection ? Tout ce qui nous entoure est achevé, complet, magnifiquement adapté à son environnement et donc « par-fait » (fait jusqu’à son terme). Pourquoi devrait-il « évoluer » ? De quel perfectionnement est-il démuni ?
Le besoin d’évoluer est une projection maladive, sur la Création divine, d’un besoin psychologique propre à l’homme quand, en comparaison, il regarde en face l’imperfection de tout ce qu’il fait. La marque du péché originel n’est pas sur notre front comme pour Caïn, elle paraît dans l’imperfection de nos actes, de nos pensées et de nos sentiments, ce qui suffit à montrer d’où vient le désordre qui néanmoins existe dans ce monde créé parfait. L’évolutionnisme nie ces deux grandes évidences : la perfection omniprésente dans une nature harmonieuse, le cœur de l’homme comme agent des maux passés ou à venir. Or il suffit d’une seule fausse note pour détruire l’harmonie d’une mélodie. Les désordres qui s’accumulent sur la terre ne prouvent pas qu’il faudrait dénigrer ce qui existe pour rêver, à l’unisson, au mythique « point oméga » du père Teilhard : l’ordre n’est pas à inventer ni à fabriquer de toute pièce ; il est partout visible, depuis l’origine ; rien ne subsisterait une seconde sans lui, comme une seule carence suffit à engendrer la maladie.
L’évolutionnisme est donc d’abord un aveuglement, qui peut prendre plusieurs formes.
En ce sens on a pu dire que le teilhardisme était une hérésie : haïrésis, en grec, veut dire ‘choix’ : en l’occurrence celui d’éliminer l’idée de la perfection initiale du ‘cosmos’; celui d’oublier ces mots pourtant répétés sept fois dans la page la plus dense de toute la littérature mondiale : « Et Dieu vit que cela était bon ! » ( Gn 1, 4 à 31 ) Le bien est l’ennemi du mieux. La perfection initiale dément totalement tout ce « besoin » d’évoluer dans lequel les transformistes voient le moteur d’un progrès dans la nature. Mais le mythe du progrès, quand bien même serait-il projeté sur la nature, ne cesse pas d’être un mythe. Il est grand temps que les biologistes rejettent ces lunettes déformantes qui leur font apercevoir des manques imaginaires, pour retrouver l’esprit d’émerveillement qui agit comme le plus fécond soutien à la recherche scientifique.
En 1980, le Pr Giuseppe Sermonti écrivait dans l’épilogue de Dopo Darwin : « Qui s’est libéré du pesant conditionnement de l’évolutionnisme éprouve un sens de sereine réalité. Cet état de caractère transitoire, provisoire, inaccompli, qui obsède tout le monde de l’évolution, se transforme en un grand repos en face de la dignité, de nouveau acquise, des formes. On n’est plus troublé par le cauchemar d’être laissés en arrière de l’existence, de devoir poursuivre l’avenir. »[4]
Nous ajouterons seulement à cette profonde pensée d’un biologiste qu’en renouant avec la vision biblique d’un cosmos créé parfait à l’origine, l’homme retrouvera aussi le sens de sa mission spécifique. En cessant de s’admirer lui-même à force de se prendre pour un animal parvenu, il comprendra que son bonheur est à la mesure de sa conscience d’une dépendance envers Celui qui l’a créé à Son image.
En ce sens encore l’homme n’est grand qu’à genoux !
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SCIENCE ET TECHNIQUE
« Les rationalistes fuient le mystère pour se précipiter dans l’incohérence »
(Bossuet)
Le piège de la cosmologie astrophysique(2ème partie)[5]
Wolfgang Smith
Résumé : Après avoir examiné dans Le Cep N° 45 les faiblesses scientifiques du big bang, et les artifices déployés pour maintenir en survie provisoire une théorie à laquelle le grand public « croit » comme s’il :s’agissait d’une réalité, W. Smith en vient ici aux conséquences de cette croyance sur la théologie. Loin que le big bang conforte l’idée d’un fiat lux originel, comme l’avait un moment pensé Pie XII, il constitue une démolition en règle de la cosmologie biblique, et c’est peut-être la fonction sociale qui justifie son inexplicable survie. Or, dans la cosmologie biblique, les êtres ne trouvent pas seulement leur lieu dans un espace réduit à un repère géométrique, mais ils trouvent un sens véritable à leur présence au sein d’un univers ordonné, le qualitatif et le spirituel venant en premier. En considérant que les notions que nous donne la physique épuisent la réalité des corps, on aboutit en fait à l’idée que les sens ne donnent pas une connaissance vraie, et par là à la démythologisation des premiers chapitres de la Genèse, sur lesquels repose pourtant toute la vision chrétienne du monde. On réduit aussi notre vision du « ciel » à une extension de la réalité terrestre. En ce sens la réduction astrophysique constitue une profanation de l’univers créé par Dieu; elle réduit également l’homme lui-même, ce « microcosme ».
Regardons maintenant le scénario du big bang dans une perspective théologique. Laissant de côté la question de savoir si cette cosmologie est exacte, nous la traiterons comme une sorte de mythe ou d’icône, un symbole à déchiffrer. Que signifie alors le big bang ?
Ce qui nous frappe avant tout est l’idée que l’univers a eu un commencement dans le temps; qu’en un sens le monde « n’a pas toujours existé. »
Cela ne veut pas dire qu’il y avait un temps lorsque le monde n’existait pas, car le temps, comme nous le savons, se réfère à des évènements cosmiques et on ne peut donc pas antidater l’univers lui-même; « Sans aucun doute, dit saint Augustin, le monde n’a pas été fait dans le temps, mais avec le temps. » Ce que la théorie du big bang affirme est simplement que l’univers a un âge fini; la question est de savoir si cela suppose un acte de création ex nihilo. Je dirais que d’un point de vue strictement logique il ne le suppose pas. Mais ceci est en fait à côté du problème: maintenant nous « lisons l’icône », une tâche qui n’est pas simplement une affaire d’analyse logique. En tant qu’icône, le big bang suggère puissamment ce que le christianisme a toujours enseigné, à savoir que l’univers est venu à l’être dans un passé défini, par un acte créateur. Comme le pape Pie XII le déclara en 1951 dans son Discours à l’Académie des Sciences:
« Il semble en vérité, que la science d’aujourd’hui, remontant d’un trait des millions de siècles, ait réussi à se faire le témoin de ce Fiat lux initial, de cet instant où surgit du néant, avec la matière, un océan de lumière et de radiations…
Ainsi, création dans le temps: et pour cela un Créateur:
et par conséquent Dieu ! »[6]
Il semblerait donc que l’impact de la cosmologie du big bang sur le christianisme soit salutaire; mais tel n’est pas le cas. Je prétends que la nouvelle cosmologie a exercé une influence funeste sur la pensée chrétienne et qu’elle a contribué de façon significative aux déviations et extravagances affligeant la théologie contemporaine. Comment cela est-il possible ?
La réponse est simple: les icônes peuvent être dangereuses, mortelles même parfois (il n’est donc pas étonnant que des mouvements iconoclastes aient éclaté maintes et maintes fois.) Le danger vient du fait que l’icône peut parfois être prise pour la vérité elle-même: « le doigt pour la lune », disent les Chinois. Et c’est évidemment ce qui s’est produit dans le cas du big bang: nous avons affaire, après tout, à un paradigme scientifique que les autorités déclarent être positivement vrai. Alors le problème est le suivant: dans son acception factuelle, par opposition à son acception symbolique, le scénario du big bang est totalement opposé à la cosmogonie chrétienne traditionnelle basée sur la Genèse.
Prenez par exemple le fait biblique de la création de la terre et de la flore avant le soleil, la lune et les étoiles: certainement ceci exclut toutes les théories contemporaines de l’évolution des étoiles, de même que sont exclues toutes les prétentions darwiniennes. Les théologiens, comme nous le savons, ont pour la plupart répondu à ce défi en « démythologisant » les trois premiers chapitres de la Genèse; mais ce faisant, je les en accuse, ils ont pris le mauvais chemin. En mettant leur confiance dans une théorie humaine, reposant en outre sur des bases fragiles, ils ont contredit l’enseignement inspiré des Pères de l’Église. Je prétends que les trois premiers chapitres de la Genèse, pris dans leur sens historique littéral, ne peuvent pas être récusés sans grave atteinte à la foi chrétienne. Le point a déjà été implicitement évoqué par ailleurs: en mettant en lumière le contenu de la cosmologie biblique, nous avons en même temps démontré son importance centrale pour la doctrine chrétienne.
Quoi que les théologiens contemporains puissent dire, dans leur empressement à devenir « scientifiquement corrects », le fait demeure que les enseignements du christianisme présupposent la cosmogonie biblique, de même que la Rédemption présuppose la Chute. Il est ainsi totalement chimérique d’imaginer que la doctrine du Christ puisse avoir encore un sens dans l’univers du big bang. Et on pourrait ajouter que la cosmogonie biblique a en fait toujours été tenue pour obligatoire par le Magistère de l’Église pré-conciliaire.
Par exemple, dans la réponse de la Commission Biblique Pontificale aux questions relatives « au caractère historique des premiers chapitres de la Genèse », en 1909, la Commission nia explicitement la validité des « systèmes exégétiques » qui excluent le sens littéral historique des trois premiers chapitres.[7]
Revenant à la cosmologie du big bang, je voudrais souligner que cette doctrine s’impose évidemment d’autant plus à un public chrétien en raison de son contenu symbolique: que pourrait-il y avoir de plus merveilleux, après tout, qu’une cosmologie scientifique portant témoignage du Fiat lux! primordial? En conjonction avec certains autres développements scientifiques, la nouvelle cosmologie a encouragé un vaste mouvement de réconciliation entre les communautés scientifiques et religieuses. Des titres de livres tels que Dieu et la Nouvelle Physique (du physicien Paul Davis), ou Dieu et les Astronomes (de l’astronome Robert Jastrow), abondent et il est à peine possible maintenant de suivre la profusion de séminaires et de symposiums sur « la science et la religion » tenus dans le monde entier. Et partout on rencontre le même message de « paix et d’harmonie » de la part des anciens adversaires.
Pour la religion, il y a cependant un prix à payer: à chaque fois qu’un conflit surgit, comme entre la Genèse et le big bang, c’est toujours le christianisme qui est obligé par les experts qui président, de conformer ses enseignements à la dernière théorie scientifique. Il apparaît qu’une certaine fusion de la science et de la religion est maintenant en cours à l’échelle mondiale, menaçant de transformer le christianisme en quelque « évolutionnisme théiste » plus ou moins apparenté à la quasithéologie de Teilhard de Chardin.[8]
En un mot, la nouvelle cosmologie n’est pas aussi inoffensive qu’on pourrait le croire. Loin d’être compatible avec la vérité du christianisme, elle s’avère être une des doctrines les plus séductrices et potentiellement mortelles qui aient jamais menacé l’intégrité de la foi chrétienne: un dogme largement capable, semble-t-il, de « tromper les élus eux-mêmes. » Le démon, dit-on, nous donne neuf vérités, simplement pour nous piéger à la fin avec un mensonge; la cosmologie du big bang serait-elle dans ce cas ? Ceci pourrait-il être la raison secrète pour laquelle une science athée a promulgué – à la surprise de tous! – une doctrine qui, en apparence, glorifie Dieu comme le Créateur de l’univers ? Il a parfois été suggéré qu’existe vraiment une connexion entre la science et le royaume du démon; ceci a été affirmé, par exemple, par feu le moine orthodoxe Seraphim Rose et de nouveau par l’historienne catholique Solange Hertz. Il n’est pas facile, évidemment, de prouver une telle connexion, mais l’hypothèse d’une influence démoniaque n’est ni irrationnelle, ni vraiment improbable.
Lorsqu’il s’agit d’une attaque majeure contre la foi catholique, il nous incombe de nous rappeler cet avertissement de saint Paul qui pourrait aussi bien viser le point en question: » Revêtez-vous de l’armure de Dieu, afin de pouvoir résister aux embûches du diable. Car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les princes, contre les puissances, contre les dominateurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits mauvais répandus dans les airs. » (Éph 6, 11-12). La connexion démoniaque dont nous parlons pourrait bien être plus qu’un pieux fantasme. Je trouve remarquable que le saint Padre Pio ait qualifié la science de « bible du Démon »; on peut sans aucun doute tromper les théologiens, mais il semble que les saints ne se laissent pas aussi facilement tromper.
La physique normale, peut-on dire, concerne avant tout la vérité pratique.
Après tout, la physique est bien « la science de la mesure » comme je l’ai exposé par ailleurs[9] ; ainsi dans la physique normale, l’interprétation ontologique est facultative: une affaire privée, dépendant de l’orientation philosophique du savant. Dans le domaine de l’astrophysique, par contre, ceci n’est plus vrai, pour la simple raison que l’astrophysique est virtuellement privée de signification opérationnelle. L’astrophysicien fait peu sinon aucune prédiction, et lorsqu’il en fait il rate habituellement la cible d’un ordre de grandeur ou deux. L’objet de l’astrophysique, semble-t-il, n’est pas d’abord de prédire des phénomènes, mais d’essayer de construire une cosmologie qui ne soit pas trop ouvertement opposée aux faits observables. C’est un nouveau genre de physique, un genre qui diffère radicalement de celui qui est décrit dans les manuels de méthode scientifique. Mais une science naturelle qui n’est pas opérationnelle dans ses raisonnements ne peut qu’être ontologique dans ses affirmations, ce qui veut dire que dans le cas de l’astrophysique l’interprétation ontologique n’est plus facultative mais première. À cet égard, la physique « de l’infiniment grand » diffère fortement de la physique « de l’infiniment petit », c’est-à-dire de la théorie quantique où le souci opérationnel est primordial. Lorsque Niels Bohr déclara: « Il n’y a pas de monde quantique », cette affirmation n’était ni incohérente par rapport aux principes de la théorie quantique, ni odieuse pour la communauté des physiciens; mais imaginez quelle serait la réaction de cette dernière si un savant venait à déclarer: « Il n’y a pas d’univers astrophysique! »
L’ontologie de l’astrophysique est naturellement physique, ce qui signifie que l’on conçoit les objets stellaires comme des agrégats de particules fondamentales. Mais pourquoi cette ontologie serait-elle correcte pour les étendues lointaines de l’espace-temps, alors qu’elle échoue dans le domaine terrestre, comme je l’ai maintes fois montré ?
Si les objets corporels du monde terrestre se révèlent être « plus » que des agrégats atomiques, pourquoi les étoiles et galaxies ne devraient-elles être « rien que » des atomes ? En outre, si les particules quantiques « ici bas » n’ont pas d’existence indépendante – si elles appartiennent à ce que John Wheeler appelle « l’univers participatif » – pourquoi devrait-il en être autrement dans l’espace étoilé ? Mon affirmation première est qu’une ontologie strictement physique est tout aussi fallacieuse dans le domaine céleste qu’elle l’est dans la sphère terrestre des objets perceptibles.
Ailleurs[10] j’ai défini la connaissance de la physique moderne comme « basique mais inessentielle »: basique, parce qu’elle concerne le côté matériel de la réalité cosmique, et inessentielle, parce qu’elle est incapable de comprendre la forme substantielle. La physique comme telle ne peut pas connaître la quiddité ou le « qu’est-ce que » d’une chose. Ce qui fait l’essence même des choses échappe à son emprise[11]. Alors, si connaître une chose est connaître sa forme substantielle –savoir, en d’autres mots, « ce qu’est » la chose – il s’ensuit que la connaissance de la physique n’est pas une connaissance véritable. D’un autre côté, tant que la physique demeure étroitement attachée au domaine de l’observation –tant que ses théories peuvent être testées par l’expérience ou vérifiées dans leurs applications technologiques– elle contient évidemment un certain genre de connaissance: une connaissance pratique ou opérationnelle, comme nous l’avons dit. Le problème pourtant est celui-ci: l’homme fut créé pour connaître, non pas pragmatiquement mais en vérité. D’où la tendance presque irrésistible de réifier les objets intentionnels de la physique en leur attribuant une forme corporelle. Au fond, on traite l’objet en question comme s’il pouvait être vu, touché. Une particule fondamentale devient ainsi une petite boule sphérique, ou peut-être quelque sorte d’onde que le mathématicien peut illustrer.
J’ai montré que de tels processus de visualisation jouent un rôle nécessaire et légitime pour comprendre les idées mathématiques, même au niveau le plus abstrait et sophistiqué: tout simplement l’esprit humain ne peut pas se passer d’un support sensoriel. C’est dans le domaine de la physique cependant, par opposition à celui des mathématiques pures, que cet art déraille. Alors que le mathématicien comprend fort bien, par exemple la différence ontologique entre une fonction et sa représentation graphique, pour un physicien la distinction analogue reste habituellement floue. La raison de cette confusion gît sans doute dans le fait que les objets intentionnels de la physique sont plus qu’un ens rationis [un être de raison], une pure « chose de l’esprit », bien qu’ils soient moins qu’une entité corporelle, moins qu’une chose perceptible. Et manifestement cette circonstance impose au discernement ontologique du physicien des exigences qui ne sont pas facilement satisfaites, pour ne pas dire plus. Il en résulte que les fantasmes de la représentation sensorielle sont couramment projetés sur l’univers physique, lequel devient littéralement un monde de la fantaisie.
Le monde réel ne peut être connu que par les formes substantielles, par l’essence; mais comment une telle connaissance est-elle obtenue ? Aussi étrange que cela puisse paraître à l’esprit moderne, nous pouvons connaître et connaissons la forme substantielle dans le cas des objets corporels familiers: nous la connaissons par la perception sensorielle. Inutile d’essayer d’expliquer cette perception en termes de processus naturel de quelque nature que ce soit; comme le dit Whitehead « la connaissance est finale. »[12] Ici-bas, « connaître » et « être » sont mutuellement irréductibles et ainsi nous trouvons que la perception cognitive sensorielle constitue vraiment un acte mystérieux, un acte qui transcende les limites du monde naturel.
Comme les sages l’ont souligné: l’œil avec lequel nous voyons les choses de ce monde n’est pas lui-même vu. Laissezmoi vous rappeler que ce qui est vu, au moyen de la perception cognitive, ce sont des entités corporelles; ou, plus précisément: la perception des sens donne accès au domaine corporel.[13]
Une question majeure se présente: qu’en est-il des objets célestes ? Pouvons-nous aussi connaître leurs formes substantielles, leur essence même ? Pouvons-nous en fait percevoir des objets de cette sorte: nos pouvoirs de perception cognitive vont-ils jusque là ? Lorsque nous voyons un point de lumière dans le ciel la nuit, percevons-nous vraiment une étoile ou une galaxie ? Il ne le semble pas. Ce que nous percevons est un point de lumière, que nous pouvons penser en termes génériques être une « étoile. » Mais en ce sens une étoile est justement quelque chose de très éloignée et de très au-dessus, quelque chose qui excède catégoriquement notre atteinte. La perception cognitive réelle – celle qui se produit dans le royaume terrestre et transcende la bifurcation [allusion à la distinction de Descartes entre la res cogitans et la res extensa, celle-ci étant privée de toutes ses qualités sensibles, implique qu’elle ne peut pas être perçue. C’est cette fatale « bifurcation » qui est à la base de toute la science moderne (NdT)] – ne se réalise sans doute pas dans le domaine stellaire. Quelle que puisse être l’essence d’une étoile ou d’une galaxie, cette essence n’est pas connaissable par la perception humaine: les étoiles sont « au-dessus de nous » non seulement dans un sens spatial mais aussi dans un sens ontologique. Je souligne en passant que ce fait même justifie et impose vraiment le géocentrisme.
Il semble que la reconnaissance de cette ontologie soit commune à toutes les cosmologies anciennes. Même saint Thomas parle de la substance céleste comme « incorruptible » et il place ainsi les objets célestes au-dessus de la catégorie des entités corporelles que nous trouvons dans le domaine terrestre.
Ce n’est pas pure poésie lorsque saint Paul distingue entre les deux royaumes dans 1 Corinthiens 15, 40-41: « Il y a aussi des corps célestes et des corps terrestres; mais l’éclat des corps célestes est d’une autre nature que celui des corps terrestres: autre est l’éclat du soleil, autre l’éclat de la lune, et autre l’éclat des étoiles; une étoile même diffère en éclat d’une autre étoile. » Étant donné que le but de ce discours est de distinguer entre les corps corruptibles et incorruptibles de l’homme, il est clair que saint Paul parle en termes d’ontologie. Il y a ici une proportionnalité implicite: les corps célestes sont aux corps terrestres ce que le corps ressuscité est au corps naturel. Oui certes, ces deux derniers genres de corps sont ontologiquement distincts; le second « est engendré dans la corruption », le premier « est élevé dans l’incorruptible »: il y a littéralement un monde de différence entre les deux. Il serait donc incongru de supposer qu’il n’y a pas de hiatus ontologique entre les royaumes terrestre et céleste correspondant à cette différence; le penser serait réduire le symbolisme cosmique à une question d’apparence, un pur spectacle. Mais une telle banalisation est irrémédiablement opposée à l’ontologie platonicienne et, en fait, à la sophia perennis sous toutes ses formes.[14]
Parmi les choses du monde naturel, le ciel nocturne, plus que tout, nous parle des grands mystères sacrés. Enfermant notre royaume terrestre comme une sphère englobante, il éveille en nous le sens de la transcendance; il nous indique des mondes plus élevés. Selon une ancienne croyance, la lumière des étoiles que nous voyons a sa source dans ces mondes supérieurs.
Les étoiles servent ainsi de canaux, pour ainsi dire, d’ouvertures dans la voûte du ciel à travers laquelle la lumière transcendante fait ainsi une percée pour illuminer l’obscurité du royaume d’ici-bas. Cette lumière céleste, en outre, illumine non seulement le monde extérieur, mais aussi et d’abord le cœur, l’intelligence de l’homme. Je dois indiquer que ces anciennes croyances ont un fondement biblique. Pour commencer, il est très significatif que la Genèse parle des étoiles comme de « lumières dans le firmament du ciel », suggérant que la quiddité ou l’essence d’une étoile n’est rien d’autre que de la « lumière. » Cette lumière des étoiles, cependant, n’est pas primaire, même dans l’ordre de la création, car il est écrit dit que la lumière primaire fut créée le premier Jour. Ou, mieux dit: c’est en vertu de cette lumière première créée que le premier Jour est lui-même défini: on doit se rappeler que le premier ordre créateur de Dieu fut le Fiat lux!
La lumière primaire, de plus, constitue non seulement le premier, mais en fait l’élément de la création le plus haut, le plus semblable à Dieu; c’est à bon droit qu’on l’a appelé la manifestation la plus directe de Dieu. Et c’est aussi le plus grand symbole de Dieu, un symbole consacré par saint Jean lorsqu’il déclara : « Dieu est lumière et il n’y a point en Lui de ténèbres » (1 Jn 1, 5). La lumière première créée, cependant, n’est pas apparente dans notre monde: source de toute visibilité, elle mène une existence invisible. Platon compare implicitement cette lumière invisible à la lumière du soleil lorsqu’il se réfère à l’astre du jour comme à « l’auteur non seulement de la visibilité pour toutes les choses visibles, mais de la génération, de la nourriture et de la croissance. » (République, Livre VI) Ceci rappelle fortement le Psaume 36, 10:
Car auprès de Toi est la source de la vie
Et dans ta lumière nous voyons la lumière Toute une métaphysique de la lumière est dissimulée dans ces deux textes, une métaphysique que les néoplatoniciens étaient empressés de dévoiler. Et n’oublions pas que cette doctrine, qui est biblique autant que platonicienne, fut incorporée dans le christianisme, notamment grâce aux enseignements de saint Augustin et du Pseudo-Denys l’Aréopagite.
Revenant au royaume des étoiles, on voit qu’il constitue un monde de lumière secondaire et pourtant supra-physique, dans lequel la lumière primaire est mystérieusement enchâssée.[15] On pourrait ajouter qu’il existe une profonde connexion entre le royaume des étoiles et celui des anges, sujet qui cependant nous entraînerait trop loin. Qu’il nous suffise de dire qu’une étoile est incomparablement plus qu’un simple agrégat de particules quantiques, qu’elle a une essence et une fonction qui transcendent largement le domaine de l’astrophysique. Il est également important de rappeler que les étoiles ont été données à l’humanité « comme signes. » Il est vrai que cette affirmation biblique peut avoir un sens ésotérique, par quoi je veux dire qu’il peut avoir existé un temps où les hommes étaient capables de lire « ce qui est écrit dans les étoiles. » Mais elle a aussi, de façon plus certaine, une signification s’appliquant à nous tous: car, comme je l’ai noté précédemment, le ciel nocturne éveille en nous le sens de la transcendance, un pressentiment des sphères célestes. Même Emmanuel Kant, que des mondes séparaient de la sagesse traditionnelle, éprouva la grandeur de cette icône cosmique. Il y a deux choses, disait-il, qui remplissent l’esprit d’étonnement: « le ciel pailleté d’étoiles au-dessus de moi et le sens moral à l’intérieur de moi. » Combien il est étrange que même ce rationaliste prosaïque, dont la philosophie est irrémédiablement opposée à la sophia perennis, put tout de même ressentir, fût-ce faiblement, une connexion entre « le ciel pailleté d’étoiles » en haut et la « loi morale » au fond du cœur de l’homme!
Il est inutile de dire que cette connexion a disparu – a été implicitement déniée – dans la doctrine astrophysique. L’icône cosmique, posée par la Main de Dieu, a été cassée; ou plutôt remplacée par une image faite de main d’homme. Pourtant, le panorama astrophysique est une image, une sorte d’image et rien de plus; toute la substance, toute la vérité qui peuvent se trouver dans l’astrophysique contemporaine, doivent résider, comme nous l’avons vu, dans une structure mathématique et son interprétation opérationnelle, ce qui est quelque chose d’entièrement différent. Tout ce que l’astrophysique a à offrir au public est littéralement un monde d’illusion, une sorte de cosmos de science-fiction; et c’est cela qui en est venu à remplacer l’icône cosmique dans les esprits cultivés.
Je prétends en outre que l’image astrophysique est sérieusement défectueuse, qu’en fait elle est fausse. Elle est fausse d’abord, parce qu’elle réifie l’objet physique. Comme je l’ai longuement expliqué dans ma monographie[16], c’est là l’erreur radicale de la Weltanschauung contemporaine. C’est la cause du « paradoxe quantique » dans le monde sub-atomique et d’un faux réductionnisme dans le domaine du corporel: la croyance sacrée que les objets matériels sont « faits d’atomes. » Dans le domaine de l’astrophysique, cette erreur générique est aggravée par le fait que les objets stellaires ne sont pas, à proprement parler, corporels, c’est-à-dire perceptibles. Alors que dans les domaines « mésocosmiques » ou sub-atomiques la réification de l’objet physique ne comporte qu’une seule erreur – un faux réductionnisme – dans le domaine astrophysique elle en comporte deux: non seulement la réification de l’objet physique, mais celle des substances stellaires aussi.
On détruit ainsi la dimension de la transcendance, la verticalité de « l’au-dessus. » Le céleste est réduit au terrestre; le cosmos est homogénéisé – »démocratisé »– pourrait-on presque dire. En distinguant ainsi catégoriquement entre les substances stellaires et corporelles, j’adhère à la conception qui associe la corporalité à la connaissance sensorielle.
C’est sur cette base, rappelons-le, que je fais la distinction entre les domaines physique et corporel. On peut, cependant, parler de corporalité dans un sens plus large, correspondant à la notion védique de grande manifestation (sthûla). En ce sens la corporalité est caractérisée par les conditions de temps et d’espace, incluant ainsi le monde des étoiles dans son extension spatiotemporelle. La sorte de corporalité à laquelle la connaissance sensorielle donne accès peut maintenant être qualifiée de corporalité terrestre, le point important étant qu’il existe des modes de corporalité qui diffèrent du mode terrestre, non simplement en termes de paramètres quantitatifs ou mesurables, mais aussi en termes d’essence.
La thèse de l’hétérogénéité ontologique pourrait être contestée pour la raison que l’univers semble bien être d’une seule pièce: ne détecte-t-on pas les mêmes spectres d’hydrogène, d’hélium et des autres éléments, au laboratoire et dans la lumière des étoiles et des galaxies situées à des millions d’années lumière ? Si, c’est bien exact; mais on doit comprendre que ce genre d’homogénéité appartient justement au domaine physique, qui se situe sous le domaine de l’être, de la substance réelle. Ce que le physicien perçoit, pour ainsi dire, à la fin de son analyse sont des agrégats de particules quantiques et rien de plus; toutes les distinctions ontologiques sont ainsi oblitérées.
Mais que sont ces dites particules auxquelles tout a été réduit ? Comme Heisenberg l’a dit, elles sont « une étrange sorte de réalité physique à égale distance entre la possibilité et la réalité. » Le problème avec l’univers homogène du physicien est qu’il n’existe pas en réalité. Au risque d’une digression, je voudrais indiquer qu’il y a une leçon à retenir de tout ceci, une leçon qui s’applique même à la politique et à la sociologie: oblitérez les distinctions ontologiques – oblitérez la hiérarchie – et il ne reste plus rien du tout. En un mot, l’homogénéité ontologique équivaut à la non-existence. Mais revenons à l’univers physique. Au terme de l’analyse du physicien, ce qui reste n’est pas une substance mais pas de substance du tout.
Comme Eddington l’a indiqué, l’idée même de substance n’a plus de place en physique, évidemment pour autant que cette discipline est conçue rigoureusement, c’est-à-dire dans ses structures mathématiques et ses définitions opérationnelles. Ainsi, lorsque le physicien ne perçoit aucune différence catégorique entre la substance d’une étoile et celle d’une entité terrestre, c’est parce que, à parler strictement, il ne perçoit aucune substance du tout. Ne demandez donc pas à un astrophysicien « qu’est-ce qu’une étoile ? »: en tant qu’astrophysicien, il n’en a pas l’ombre d’une idée.
On pourrait ajouter que ce que j’ai dit des substances stellaires s’applique aussi bien aux corps planétaires, à commencer par la lune. Certes, les hommes ont marché sur sa surface et ont rapporté sur terre des échantillons de roches à analyser; et pourtant je prétends, à la lumière de la Tradition, que la substance lunaire diffère de la terrestre.
Deux questions sont en cause: d’abord la question de l’inspection physique et ensuite le facteur nouveau dans la connaissance sensorielle. En ce qui concerne la première, les remarques précédentes ont montré clairement que rien de nouveau, rien de « non terrestre » ne peut sortir d’une enquête de cette nature: ce que nous trouvons, une fois de plus, ce sont des agrégats de particules quantiques et rien d’autre. Le fait que des échantillons de roches sont maintenant disponibles pour l’analyse ne change pas la situation: les précédentes considérations s’appliquent inchangées, aussi bien, à ce scénario. La question de la connaissance par la perception sensorielle, d’autre part, n’est pas tout à fait aussi simple et appelle des remarques d’un genre très différent.(…) Aussi longtemps que nous restons enfermés dans l’état correspondant au domaine terrestre, la réalité terrestre est tout ce que nous pouvons percevoir.
Dans la mesure où nous sommes capables de percevoir des substances lunaires, nous sommes donc condamnés à les percevoir comme terrestres, ce qui veut dire, en fait, que nous ne les percevons pas. Emmenez un animal, ou en l’occurrence un homme dépourvu de culture, dans un musée d’art, et qu’est-ce qu’ils verront ?
Ce qu’ils y verront est essentiellement la même chose que ce qu’ils voient partout ailleurs: ce qui se trouve au-dessus du niveau commun n’est pas perçu[17]. De telles considérations, évidemment, ne prouvent pas les affirmations de la tradition concernant les substances supra-terrestres; elles suffisent cependant pour dégonfler l’argument de ceux qui soutiennent que ces affirmations sont maintenant réfutées.
Il ne fait aucun doute que de toutes les planètes connues de nous, seule la terre offre des conditions physiques capables de soutenir la vie humaine. Il est certain que, d’un point de vue scientifique, les environnements physiques des planètes peuvent être expliqués en termes familiers à nous tous; et pourtant, d’un point de vue traditionnel, la question est vue dans une lumière entièrement différente. Le déterminant primordial, maintenant, devient l’essence, la quiddité ou le contenu interne de ces différents corps; les conditions physiques ne sont ni primaires ni accidentelles mais sont liées aux essences. Nous comprenons ce fait assez bien lorsqu’il s’agit d’un organisme vivant, dont le profil et les caractères physiques expriment naturellement son espèce; mais même là nous croyons au primat de l’explication physique, raison pour laquelle nous sommes enchaînés à une biologie évolutionniste. Dans un cosmos sans essences, les paramètres physiques sont tout ce qui reste. Lorsque les essences entrent en jeu, par contre, il devient possible de comprendre les faits reconnaissables d’une manière complètement différente, par ce qu’on pourrait appeler une approche « de haut en bas » de la réalité cosmique. Sur cette base il devient clair, en particulier, que l’humanité se trouve sur terre, non pas à cause de quelque contingence physique, mais en vertu d’une profonde affinité.
Comme je l’ai déjà dit, c’est en raison de cette affinité interne que nous sommes capables « d’entrer » dans la strate terrestre de la réalité cosmique au moyen de la perception sensorielle: le miracle de la perception, dis-je, dépend d’une conformité d’essence. En l’état actuel des choses, cependant, il n’existe pas de telle affinité en relation avec la lune ou Mars; et j’ajouterai que ce n’est donc pas un accident si même l’ambiance physique de ces corps planétaires se montre hostile à l’homme. À parler rigoureusement, la cosmologie contemporaine est mal nommée car, en réalité, elle ne connaît rien d’un cosmos, c’est-àdire d’un monde ordonné.
Revenant à ce qui pourrait être proprement appelé la cosmographie globale, je voudrais noter que l’immensité quantitative du monde stellaire, telle qu’elle est documentée par la science contemporaine, est concevable comme réelle, aussi hypothétique fût-elle. Admettons qu’elle le soit: il reste le problème de son assimilation humaine. Et c’est finalement ce qui détermine si l’immensité en question sera instructive ou si à la fin elle nous aveuglera et détruira notre humanité. Je prétends que seule une vraie métaphysique –une métaphysique profondément théologique– peut nous sauver de ce dernier sort. « Les cieux racontent la gloire de Dieu, et le firmament annonce l’œuvre de ses mains »: c’est seulement sur cette base que nous pouvons supporter l’immensité du monde des étoiles.
Il nous revient de comprendre que les cieux que nous voyons, que ce soit directement ou à l’aide d’un télescope, sont l’exemple des cieux que nous ne voyons pas et que l’immensité quantitative de l’univers des étoiles est le miroir de l’immensité du monde spirituel. Ce n’est pas une question ici de symbolisme au sens anémique du « purement symbolique », mais plutôt au sens platonicien de « participation » réelle. L’univers des étoiles, ainsi, « participe » du métacosmos, du monde spirituel, et c’est ce fait ontologique qui confère aux étoiles une dignité supérieure, un caractère sacré peut-on presque dire, que l’homme est obligé de respecter.
Pour l’astrophysicien une étoile est simplement « un gaz très chaud » et rien de plus. J’ai montré qu’une telle réduction est sans fondement épistémologique et métaphysiquement intenable; il reste à commenter ses effets sur notre humanité. Du point de vue traditionnel, pour sûr, la réduction astrophysique est une profanation, une sorte de sacrilège; mais quel est son impact sur une civilisation déjà profane ? Est-ce qu’un symbolisme cosmique conserve une efficacité quelconque lorsqu’il n’est plus reconnu, qu’il n’est plus compris ? J’émets l’hypothèse que l’efficacité d’un authentique symbole survit à sa compréhension ; les symboles ne meurent pas. L’univers stellaire conserve une signification primordiale d’icône, même dans notre âge iconoclaste: sa signification a seulement été inversée (la revoilà cette connexion diabolique!). Ce que nous pensons des étoiles, notre représentation du monde stellaire, exerce toujours son effet sur nous. Que nous le réalisions ou non, cela influence et affecte profondément nos vues sur Dieu, sur l’homme et la destinée humaine.
Les cieux, je l’affirme, déclareront soit « la gloire de Dieu » soit la suprême futilité de l’existence: ici il n’y a pas de milieu, précisément parce que le monde des étoiles, dans sa fonction d’icône, signifie la sphère cosmique la plus élevée. Si cela consiste simplement en particules livrées à des mouvements sans signification, alors toutes les aspirations humaines doivent finalement s’avérer vaines. Si la lumière des étoiles, que les anciens croyaient être d’origine céleste et que Platon tenait pour la porteuse des essences intelligibles, si cette lumière échoue, le cosmos et tout ce qu’il contient se réduit, finalement, au néant. Ce n’est certainement pas par accident si l’ascension de l’astrophysique a été accompagnée par l’avènement du nihilisme postmoderne, dans ses manifestations philosophiques aussi bien que culturelles. La dérive nihiliste correspond précisément à la perte implicite de la substance dans la conception du monde du physicien; il s’avère que culture et cosmologie sont intimement liées et il apparaît que lorsque la cosmologie en vigueur s’abaisse, la culture en fait autant.
Pour conclure: la distinction hiérarchique entre les substances stellaires et terrestres est vitale pour une saine cosmologie. Ce que j’ai précédemment appelé la redécouverte du corporel doit être suivi par une autre reconnaissance essentielle: la redécouverte du monde des étoiles.
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In memoriam: Abbé Joseph Grumel Cet érudit, « prêtre selon l’ordre de Melchisédech », comme il aimait à se présenter, est mort le jour de la saint Albert le Grand, à 88 ans. Diplômé d’astronomie, il avait baptisé Ecole Copernic le lieu de sa retraite, près de Gap. Il datait son courrier selon le calendrier julien, à la manière des astronomes, mais en comptant les jours écoulés depuis la Création du monde. Connaissant l’hébreu et le grec, il étudiait attentivement les Ecritures et avait retraduit l’Evangile. Il s’était aussi essayé au théâtre, à la poésie et au roman. Citons aussi un conte humoristique mais très bien renseigné sur les supercheries transformistes: Le bateau de l’Homo sapiens. Mais on lui doit aussi une solide réfutation de la Relativité par la critique des équations de Lorenz, et une étude sur la géométrie des étoiles doubles. Cette science dominée ne l’empêchait pas de scruter les signes des temps, comme on l’a vu dans son article sur La fin des Temps dans Le Cep n° 17. On ne suivra peut-être pas cet esprit indépendant dans tous les aspects de sa pensée théologique mais, selon les propres termes du P. Fournier lors de l’homélie funèbre, nul ne pourra nier que toute sa vie s’est déroulée dans la recherche de la Vérité ultime, dans l’exigence de la quête du Sens. |
Une piqûre au Transformisme[18]
Jean-Henri Fabre[19]
Résumé : Nul n’a surpassé Fabre dans l’observation fine du monde des insectes et dans la poésie de ses comptes-rendus. Pour lui la théorie de l’évolution était une absurdité et il en donne ici une plaisante « démonstration par l’absurde ». Car la réalité dépasse toujours de quelque manière les formules mathématiques qu’on lui applique. Que mangeait en effet l’ancêtre supposé des Sphex, ces papillons qui aujourd’hui ont, pour chaque espèce, un aliment bien précis et un seul: l’Ephippigère pour l’une, le Grillon pour l’autre, etc. ? Cette uniformité du menu est à l’évidence un handicap pour la survie dans l’univers impitoyable de la nature darwinienne. Un Sphex omnivore aurait donc dû apparaître et éliminer tous les autres. Or tel n’est pas le cas. On est donc contraint d’admettre la constance alimentaire et donc la stabilité de chaque prédateur comme de chaque gibier.
Élever un consommateur de chenilles avec une brochette d’araignée, c’est très innocent, incapable de compromettre la sécurité de la chose publique; c’est aussi très puéril, je me hâte de le confesser, et digne de l’écolier qui, dans les mystères de son bureau, cherche, comme il peut, à faire diversion aux charmes du thème. Aussi n’aurais-je pas entrepris ces recherches et encore moins en aurais-je parlé, non sans complaisance, si je n’avais entrevu dans les résultats de mon réfectoire une certaine portée philosophique. Le transformisme me paraissait en cause.
Certes, c’est grandiose entreprise, adéquate aux immenses ambitions de l’homme, que de vouloir couler l’univers dans le moule d’une forme et de soumettre toute réalité à la norme de la raison. Le géomètre procède ainsi. Il définit le cône, conception idéale; puis il le coupe par un plan.
La section conique est soumise à l’algèbre, appareil d’obstétrique accouchant l’équation; et voici que, sollicités dans un sens puis dans l’autre, les flancs de la formule mettent au jour l’ellipse, l’hyperbole, la parabole, leurs foyers, leurs rayons vecteurs, leurs tangentes, leurs normales, leurs axes conjugués, leurs asymptotes et le reste. C’est magnifique, à tel point que l’enthousiasme vous gagne, même quand on a vingt ans, âge peu fait pour les sévérités mathématiques. C’est superbe. On croit assister à une création.
En fait, on n’assiste qu’à des points de vue divers de la même idée, points de vue mis tour à tour en lumière par les phases de la formule transformée. Tout ce que l’algèbre nous déroule était contenu dans la définition du cône, mais contenu en germe, sous des formes latentes que la magie du calcul convertit en formes explicites. La valeur brute que notre esprit lui avait confiée, l’équation nous la rend, sans perte ni gain, en monnaies de toute effigie. Et c’est précisément là ce qui fait du calcul la rigueur inflexible, la lumineuse certitude devant laquelle forcément s’incline toute intelligence cultivée. L’algèbre est l’oracle de la vérité absolue parce qu’elle ne dévoile rien d’autre que ce que l’esprit y avait recélé, sous un amalgame de symboles. Nous lui donnons à laminer 2 et 2; l’outil fonctionne et nous montre 4. Voilà tout!
Mais à ce calcul, tout puissant tant qu’il ne sort pas du domaine de l’idéal, soumettons une très modeste réalité, la chute d’un grain de sable, le mouvement pendulaire d’un corps. L’outil ne fonctionne plus, ou ne fonctionne qu’en supprimant à peu près tout le réel. Il lui faut un point matériel idéal, un fil rigide idéal, un point de suspension idéal; et alors le mouvement pendulaire se traduit par une formule. Mais le problème défie tous les artifices de l’analyse si le corps oscillant est un corps réel, avec son volume et ses frottements ; si le fil de suspension est un fil réel, avec son poids et sa flexibilité; si le point d’appui est un point réel, avec sa résistance et ses déformations. Ainsi des autres questions, si humbles qu’elles soient. L’exacte réalité échappe à la formule.
Oui, il serait beau de mettre le monde en équation, de se donner pour principe une cellule gonflée de glaire, et, de transformations en transformations, retrouver la vie sous ses mille aspects comme le géomètre retrouve l’ellipse et les autres courbes en discutant son cône sectionné; oui, ce serait superbe et de nature à nous grandir d’une coudée. Hélas !Combien ne faut-il pas rabattre de nos prétentions! La réalité est pour nous insaisissable s’il s’agit seulement de suivre un grain de poussière dans sa chute, et nous nous ferions forts de remonter le courant de la vie et de parvenir à ses origines! Le problème est autrement ardu que celui que l’algèbre se refuse à résoudre. Il y a ici de formidables inconnues, plus indéchiffrables que les résistances, les déformations, les frottements de la machine pendulaire. Écartonsles pour bien asseoir la théorie.
Soit, mais alors ma confiance est ébranlée en cette histoire naturelle qui répudie la nature et donne à des vues idéales le pas sur la réalité des faits. Alors, sans chercher l’occasion, ce qui n’est pas mon affaire, je la saisis quand elle se présente; je fais le tour du transformisme, et ce qui m’est affirmé majestueuse coupole d’un monument capable de défier les âges, ne m’apparaissant que vessie, irrévérencieux j’y plonge mon épingle. Voici la nouvelle piqûre. L’aptitude à un régime varié est un élément de prospérité pour l’animal, un facteur de premier ordre pour l’extension et la prédominance de sa race dans l’âpre lutte de la vie. L’espèce la plus misérable serait celle dont l’existence dépendrait d’une bouchée tellement exclusive que rien d’autre ne pût la remplacer. Que deviendrait l’hirondelle s’il lui fallait pour vivre un moucheron déterminé, un seul, toujours le même ? Ce moucheron disparu, et l’existence du moustique n’est pas longue, l’oiseau succomberait affamé. Heureusement pour elle et pour la joie de nos demeures, l’hirondelle les gobe tous indistinctement, ainsi qu’une foule d’autres insectes aux danses aériennes. Que deviendrait l’alouette si son gésier ne pouvait digérer qu’une semence, invariablement la même ? La saison de cette semence finie, saison toujours courte, l’hôte des sillons périrait.
L’une des hautes prérogatives de l’homme, n’est-ce pas son estomac complaisant, apte à l’alimentation la plus variée? Il est ainsi affranchi du climat, de la saison, de la latitude. Et le chien, comment se fait-il que, de tous nos animaux domestiques, il soit le seul à pouvoir nous accompagner partout, jusque dans les expéditions les plus rudes ? Encore un omnivore et de la sorte un cosmopolite.
La découverte d’un plat nouveau, disait Brillat-Savarin, importe plus à l’humanité que la découverte d’une nouvelle planète. L’aphorisme est plus vrai qu’il n’en a l’air sous sa forme humoristique. Certes celui-là qui le premier s’avisa d’écraser le froment, de pétrir la farine et de mettre cuire la pâte entre deux pierres chaudes, fut plus méritoire que le découvreur du deux centième astéroïde. L’invention de la pomme de terre vaut bien l’invention de Neptune, si glorieuse qu’elle soit. Tout ce qui accroît nos ressources alimentaires est trouvaille de premier mérite. Et ce qui est vrai de l’homme ne peut être faux de l’animal. Le monde est à l’estomac affranchi des spécialités. Pareille vérité se démontre par le seul énoncé.
Et maintenant revenons à nos bêtes. Si j’en crois les évolutionnistes, les divers hyménoptères giboyeurs descendent d’un petit nombre de types eux-mêmes dérivés, par des filiations incommensurables, de quelques amibes, de quelques monères, et finalement du premier grumeau protoplasmique fortuitement condensé. Ne remontons pas si haut, ne nous plongeons pas dans les nuages où trop facilement trouvent à s’embusquer l’illusion et l’erreur. Adoptons un sujet à limites précises, c’est le seul moyen de s’entendre.
Les Sphégiens descendent d’un type unique, lui-même déjà dérivé très avancé, et, comme ses successeurs, nourrissant sa famille de proies. L’étroite analogie des formes, de la coloration et surtout des mœurs, semblent rattacher les Tachytes à la même origine. C’est largement assez; tenons-nous-en là. Or que chassait, je vous prie, ce prototype des Sphégiens ? Avait-il régime varié ou régime uniforme? Ne pouvant décider, examinons les deux cas.
Le régime était varié. J’en félicite hautement ce premierné des Sphex. Il était dans les meilleures conditions pour laisser descendance prospère. S’accommodant de toute proie non disproportionnée avec ses forces, il évitait la disette d’un gibier déterminé en tel moment et tel lieu; il trouvait toujours de quoi doter magnifiquement les siens, assez indifférents d’ailleurs à la nature des vivres pourvu que cela fût de la chair entomologique fraîche, ainsi qu’en témoignent aujourd’hui les goûts de leurs arrière-cousins. Ce patriarche de la gent sphégienne avait en lui les meilleures chances d’assurer aux siens la victoire dans cet implacable combat pour l’existence, qui élimine le faible, l’inepte, et ne laisse survivre que le fort, l’industrieux; il possédait une aptitude de haute valeur que l’atavisme ne pouvait manquer de transmettre, et que la descendance, très intéressée à conserver ce magnifique patrimoine, devait invétérer et même accentuer davantage d’une génération à la suivante, d’un rameau dérivé à un autre rameau dérivé.
Au lieu de cette race d’omnivores sans scrupule, prélevant butin sur tout gibier à leur très grand avantage, que voyons-nous aujourd’hui ? Chaque sphégien est sottement limité à un régime invariable ; il ne chasse qu’un genre de proie, bien que la larve les accepte tous. L’un ne veut que l’Éphippigère, et encore la lui fautil femelle; l’autre ne veut que le Grillon. Celui-ci adopte l’acridien et pas plus; celui-là, la Mante et l’Empuse. Tel est voué au ver gris, tel autre à la chenille arpenteuse.
Idiots ! Quelle méprise a été la vôtre de laisser tomber en désuétude le sage éclectisme professé par votre ancêtre, dont les reliques reposent aujourd’hui dans la vase durcie de quelque terrain lacustre! Comme tout irait mieux pour vous et pour votre famille! L’abondance est assurée; les pénibles recherches, parfois infructueuses, sont évitées; le garde-manger regorge sans être soumis aux éventualités de l’heure, du lieu, du climat. Si l’Éphippigère manque, on se rabat sur le Grillon ; si le Grillon est absent, on fait capture de la Sauterelle. Mais non, oh ! mes beaux
Sphex, vous n’avez pas été si idiots que cela.
Si vous êtes de nos jours cantonnés chacun dans un met de famille, c’est que votre ancêtre des schistes lacustres ne vous a pas enseigné la vérité.
Vous aurait-il enseigné l’uniformité ? – Admettons que l’antique Sphex, novice dans l’art gastronomique, ait préparé ses conserves avec une seule sorte de proie, n’importe laquelle. Ce sont alors ses descendants qui, subdivisés en groupes et constitués enfin en autant d’espèces distinctes par le lent travail de siècles, se sont avisés qu’en dehors du comestible des ancêtres il y avait une foule d’autres aliments. La tradition étant abandonnée, leur choix n’avait plus de guide. Parmi le gibier insecte, ils ont donc essayé un peu de tout, à l’aventure; et chaque fois la larve, dont les goûts sont seuls à consulter ici, était satisfaite du service, comme elle l’est aujourd’hui dans le réfectoire approvisionné par mes soins.
Chaque essai était l’invention d’un plat nouveau, événement grave d’après les maîtres, ressource inestimable pour la famille, ainsi affranchie des menaces de disette et rendue apte à prospérer sur de grandes étendues, d’où l’exclurait l’absence ou la rareté d’une venaison uniforme. Et après avoir fait usage d’une foule de mets différents pour en arriver à la variété culinaire adoptée aujourd’hui par l’ensemble du peuple sphégien, ne voilà-til pas que chaque espèce se limite à un seul gibier, hors duquel toute pièce est obstinément refusée, non à table bien entendu, mais sur les lieux de chasse! Avoir découvert, par vos essais d’âge en âge, la variété de l’alimentation; l’avoir pratiquée, au grand avantage de votre race, et finir par l’uniformité, cause de décadence; avoir connu l’excellent et le répudier pour le médiocre, oh ! mes Sphex, ce serait stupide si le transformisme avait raison. Pour ne pas vous faire injure et respecter aussi le sens commun, j’estime donc que si, de nos jours, vous bornez vos chasses à un seul genre de venaison, c’est que jamais vous n’en avez connu d’autre. J’estime que votre ancêtre commun, votre précurseur, à goûts simples ou bien à goûts multiples, est une pure chimère, car s’il y avait entre vous parenté, ayant essayé de tout pour arriver au mets actuel de chaque espèce, ayant mangé de tout, et l’estomac s’en trouvant bien, vous seriez maintenant, du premier au dernier, des consommateurs sans préjugés, des progressistes omnivores.
J’estime enfin que le transformisme est impuissant à rendre compte de votre régime. Ainsi conclut le réfectoire installé dans la vieille boîte à sardines.
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Une date à retenir: Les 3 et 4 octobre 2009
Ce sera, à Nevers, le colloque annuel du CEP, sur le thème: Comment surmonter le Darwinisme?
2009 se trouve être à la fois:
-le bicentenaire du transformisme, avec en 1809 la publication de la Philosophie zoologique de Lamarck, et aussi la naissance de Darwin;
Et quand un grave anglais, correct, bien mis, beau linge, Me dit: – Dieu t’a fait homme et moi je te fais singe; Rends-toi digne à présent d’une telle faveur! Ŕ Cette promotion me laisse un peu rêveur. Il importe donc d’évoquer à notre manière cet anniversaire, non en ressassant nos critiques d’une théorie qui ne survit que par son utilité idéologique (avec un gigantesque budget publicitaire sur fonds public. Or, faut-il un budget publicitaire pour le théorème d’Archimède?), mais en montrant une issue et en traçant un avenir débarrassé de ce mythe néfaste. Renseignements et inscriptions avec Le Cep de juillet.
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L’Évolution vue de Rome Pr Maciej Giertych
Présentation : La dernière session de l’Académie Pontificale des Sciences avait pour thème la théorie de l’évolution, « année Darwin » oblige! En 2007, suite à l’audition qu’il avait organisée le 11 octobre 2006 au Parlement Européen sur le thème « L’enseignement de l’évolution dans les écoles européennes », le Pr Maciej Giertych avait édité une plaquette critiquant scientifiquement la théorie[20] . Cette plaquette fut adressée par ses soins à tous les membres de l’Académie pontificale et il fut admis comme observateur à la session, dont il donne ici un compte-rendu détaillé. Il semble, à le lire, que le paradigme évolutionniste est si bien ancré dans les esprits des académiciens, qu’ils n’imaginent même plus d’en examiner les preuves. Ainsi le Pr Luigi
Cavalli-Sforza a étudié les populations relativement isolées de la Corse, du Pays Basque et des Iles Orcades. Les différences génétiques sont significatives. Il en déduit donc que la formation des races est un des moyens de l’évolution. Pourtant chaque race est génétiquement plus pauvre au regard de la population dont elle est issue, et l’évolution progressive supposerait un enrichissement génétique… Que des savants aussi compétents et intelligents ne soient plus sensibles à de telles contradiction, est un fait qui donne à réfléchir!
À la fin d’Octobre 2008, l’Académie Pontificale des Sciences (APS) se réunit à Rome pour discuter de la théorie de l’évolution. Le sujet officiel discuté s’énonçait ainsi:Aperçus scientifiques sur l’évolution de l’univers et de la vie. C’était en lien avec l’Année Darwin, à l’occasion du 200ème anniversaire de la naissance du célèbre savant anglais et du 150ème anniversaire de la publication de son livre L’origine des espèces. Lorsque j’appris le projet cette réunion, je cherchai l’adresse de tous les membres de l’APS, dont environ un tiers sont des Prix Nobel.
Puis je leur envoyai ma brochure L’enseignement de l’évolution dans les écoles européennes accompagnée d’une lettre expliquant qui j’étais et exprimant mon espoir que cette brochure leur serait utile pour la réunion à laquelle ils allaient participer.
Quelques académiciens m’ont envoyé une lettre de remerciement évasive; mais le Chancelier de l’Académie, Mgr Marcelo Sanchez Sorondo, m’a adressé une longue lettre agréable. Dans ma réponse, je lui demandai si le public pourrait assister à une partie quelconque des débats ou, sinon, s’il était possible d’obtenir une invitation au moins partielle. À la suite de quoi, je reçus un appel téléphonique de mon frère, le P. Wojciech Giertych, théologien de la Maison Papale, m’informant que Mgr Sorondo l’avait appelé pour lui dire que je ne recevrai pas de réponse à ma lettre, mais que je pourrai venir comme observateur mais sans droit à la parole. C’est ainsi que je pus participer à la session de l’APS du 31 octobre au 4 novembre. Malheureusement je n’ai pas pu participer aux discussions officielles; cependant, pendant les intersessions j’eus des conversations avec les participants et mis ma brochure à la disposition de tous ceux qui étaient intéressés. 40 exemplaires furent ainsi distribués. Pendant la session, la langue anglaise dominait.
Mes conclusions après cette expérience extraordinaire sont inquiétantes. Tous les académiciens sont des scientifiques du plus haut niveau et les papiers présentés étaient vraiment excellents. Mais malheureusement la moitié au moins des académiciens sont des athées. Les autres sont évolutionnistes déistes. Les applaudissements après les exposés des athées étaient beaucoup plus fournis qu’après ceux des croyants. Dans toutes les discussions après les exposés, le principal affrontement se produisait entre les athées et les croyants pour savoir si Dieu était nécessaire ou non pour expliquer les processus d’évolution.
Tant chez les orateurs que dans les objections, il n’y eut pas la moindre critique de la théorie de l’évolution.
Les médias ne furent pas très satisfaits de ce que, dans son discours à l’Académie, le Pape Benoit XVI n’eût pas exprimé son soutien à la théorie de l’évolution. Par contre, ils soulignèrent l’accueil chaleureux du Pape envers le Pr Stephen Hawking et son exposé. Hawking, un athée, est un invalide en chaise roulante communiquant par un synthétiseur vocal. Dans son exposé, il analysa le développement des idées humaines sur les origines de l’univers. Hawking considère que la question de l’origine est aussi absurde que de demander où est le bord d’une terre supposée plate ou bien la direction du sud quand on est au Pôle Sud. Cette question n’existe pas, bien que, en tant que point sur le globe, le Pole Sud ne diffère d’aucun autre.point. Hawking arrive à la conclusion qu’en combinant la théorie générale de la relativité et la théorie quantique, on peut considérer qu’aux questions « pourquoi sommes-nous là? » ou « d’où venons-nous? » les sciences naturelles peuvent répondre. Il rejette l’idée que de telles questions sont au-delà du ressort des sciences naturelles. La conclusion athée de Hawking est devenue le principal message de toute la conférence retenu par les médias.
Le Pr Christian De Duve prétendit que nous sommes l’espèce la plus réussie sur ce globe, mais à un coût élevé. Ce coût, le voici: épuisement des ressources naturelles, diminution de la biodiversité, déforestation, changement climatique, crise de l’énergie, pollution de l’environnement, surpopulation, conflits et guerres. La capacité de notre planète à nous entretenir tous arrive à son terme. Une diminution de la population mondiale est donc nécessaire. Les chefs religieux et le Pape particulièrement devraient s’engager dans la promotion de la limitation des naissances. Cet orateur obtint les plus vifs applaudissements de la grande majorité des participants.
Le Pr Maxime F. Singer parla des essais faits pour discréditer la théorie de l’évolution au moyen de « l’intelligent design » actuellement en vogue aux États-Unis. Elle regretta que seulement 40 % des Américains croient en la théorie de l’évolution. Bien que l’Académie Américaine des Sciences ordonne de distinguer entre la science et le créationnisme, dans certains États les programmes sont décidés par les autorités locales qui permettent parfois la critique de l’évolution, par exemple en Louisiane où le gouverneur Robert Jindal en a décidé ainsi. Sont également dangereux pour l’évolution le film à succès « Expelled » et le livre de Michael Behe Darwin’s Black Box. D’après Singer l’évolution est un fait prouvé, sans objections scientifiques, les seules objections exprimées proviennent des fondamentalistes religieux.
Le Pr Pierre Léna parla de l’enseignement de l’évolution. Il plaida pour qu’elle soit traitée comme un fait scientifique. Il définit la science « un matérialisme pratique » et estima qu’une telle vision devait être transmise aux enfants.
Le Pr Govind Swarup parla de la recherche sur la vie extraterrestre. Il y a trois approches: la recherche dans l’eau, dans les planètes et lunes ayant des conditions semblables à la terre, et l’écoute des signaux en provenance du cosmos. Il y a aussi des essais pour retracer le cheminement de la vie sur terre par la biologie synthétique. Grâce à la précision croissante des instruments, il espère que nous aurons bientôt des résultats substantiels suite à ces études.
Le Pr Albert Eschenmoser présenta de façon très intéressante la recherche en biologie synthétique, sur la synthèse de divers composés organiques et sur leur interaction. Il estime que le succès est encore loin, mais qu’en progressant suivant des routes différentes les savants finiront par produire la vie.
Il définit cette dernière comme « un système chimique, lequel, dans un environnement donné, est autonome et capable de suivre l’évolution darwinienne. »
Le Pr Marshall W. Nirenberg parla de la recherche la plus récente sur le code génétique, sur ses variantes dans divers organismes, sur les différences entre l’hérédité nucléaire et mitochondriale, etc. Avec l’âge de l’organisme, le système de transfert de l’information génétique se dégrade. Il nota qu’il est plus facile de construire un nouvel organisme que d’en réparer un vieux et c’est de là que provient l’alternance de la naissance et de la mort.
Le Pr Rafael Vicuña parla des évolutions de la bactérie, tant sélective qu’aléatoire. Il donna l’exemple d’une bactérie sujette à mutation incapable de digérer l’arabinose. Lorsqu’elle fut cultivée sur de l’arabinose seule, on obtint deux mutations, l’une permettant la digestion de l’arabinose et l’autre immobilisant le gène bloquant la digestion de ce sucre. Grâce à ces mutations, cette bactérie fut capable de survivre dans un environnement où le seul substrat était l’arabinose. Il cita d’autres exemples semblables: un environnement difficile oblige à s’y adapter par des mutations spécifiques. Il considère que ces résultats demandent un certain retour à la théorie de Lamarck, sur l’hérédité des caractères acquis. Il mentionna également le transfert horizontal des gènes dans les bactéries [ingénierie génétique naturelle].
Il fut encore davantage question du transfert horizontal dans l’exposé du Prof. Werner Aber. Les plasmides semblent être les vecteurs des gènes entre organismes. Les virus aussi peuvent être des vecteurs. Ainsi les gènes sont transmis entre organismes de façon non sexuelle [nous faisons cela lorsque nous fabriquons des organismes génétiquement modifiés ou OGM]. La classification des bactéries devrait être faite d’après les données du génome; le critère de compatibilité sexuelle est inutile pour les bactéries.
Le Pr Takashi Gojobori présenta des comparaisons entre fonctions déterminant l’ADN des cellules nerveuses dans divers organismes. Plus les organismes sont éloignés en taxinomie, plus ils diffèrent dans l’ADN étudié. Comme je le comprends, ses données confirment la taxinomie (Linné) et non la phylogénie (Darwin).
Le Pr Ingo Potrykus parla des conséquences de l’action humaine (breeding). À partir d’une espèce nous obtenons le chou, le chou de Bruxelles, le chou-fleur, etc. Nous combinons les races pour obtenir de plus nombreuses variétés. En agriculture nous n’utilisons pas de plantes naturelles; nous employons maintenant l’ingénierie génétique, le transfert horizontal des gènes. Il décrivit la culture comme une « évolution dirigée » et conclut que les éleveurs peuvent utiliser toute l’information disponible déjà produite par le processus de l’évolution.
Le Pr Yves Coppens (qui n’est pas membre de l’Académie) donna un aperçu de la perception actuelle que l’on a des ancêtres de l’homme. Tous les préhominiens marchaient debout, étaient bipèdes, vivaient en Afrique tropicale et leur cerveau augmentait progressivement en taille et en complexité. « L’événement homo », dernière étape vers l’humanité, coïncida avec l’introduction de la culture (technique, esthétique et morale).
Le Pr Luigi L. Cavalli-Sforza fit une conférence intitulée L’évolution humaine en tant que processus historique et les forces qui la dirigent. Il évoqua les études sur des populations humaines isolées de Corse, du pays basque, des îles Orcades, etc. Ces populations diffèrent substantiellement les unes des autres – à en juger d’après les groupes sanguins et l’ADN – grâce à l’isolement et aux croisements que les races humaines forment.
Il avertit cependant que les appels en faveur du maintien des races pures est une absurdité, car ces races isolées sont génétiquement plus pauvres. Pour lui, la formation des races est une force motrice de l’évolution.
Cette contribution ainsi que beaucoup d’autres montraient que les processus de formation des races sont traités comme des étapes de l’évolution. Cependant, les races sont génétiquement plus pauvres que les populations dont elles proviennent. Or l’évolution requiert une augmentation, non une diminution d’information génétique. Elle demande de nouvelles fonctions et de nouveaux organes. Aucun des exposés n’a montré le moindre processus confirmant le postulat évolutionniste et pourtant, tous ont traité l’évolution comme un paradigme indiscutable.
Dans le camp théiste, l’exposé le plus intéressant fut celui du cardinal Schönborn (qui n’est pas membre de l’Académie). Il résuma les déclarations sur l’évolution faites par Benoit XVI (et naguère par le cardinal Ratzinger). Au cours de la discussion qui suivit, Schönborn défendit vigoureusement l’opinion du Pape et la sienne propre suivant laquelle on ne doit pas faire appel à Dieu seulement pour boucher les trous du processus évolutionniste. Il supervise la totalité du développement de l’univers. À la question directe de savoir s’il croit en l’évolution, Schönborn répondit qu’il s’en faut de beaucoup que la théorie soit prouvée.
On en apprit davantage sur ces trous de l’évolution avec l’exposé du Pr Antonio Zichichi. Il parla de trois big bangs: 1) le cosmique, 2) le passage de l’inanimé au vivant, 3) le passage de l’animal à l’homme. Il demanda que le rôle du Créateur soit reconnu au moins dans ces trois big bangs. Un évènement unique n’est pas susceptible de répétition et ne se prête donc pas à l’analyse scientifique. En Histoire un évènement unique peut avoir des conséquences énormes: l’assassinat de Sarajevo, la naissance de Napoléon, etc. Sans eux l’Histoire aurait été très différente.
À l’inverse, en sciences naturelles, s’il n’y avait eu ni Galilée ni Newton, quelqu’un d’autre aurait fait leurs découvertes. Mais nous attendons encore une explication scientifique de la formation de la vie ou de l’homme. L’ADN est nécessaire mais insuffisant pour définir l’homme. Zichichi conclut en disant que la plus grande mutation de toutes fut la Résurrection du Christ.
Le cardinal Cottier fit un exposé très philosophique sur l’impossibilité de prouver l’origine par la métaphysique. S’il y eut un commencement il fallait qu’il y eût un Initiateur. Il souligna que les premiers mots de l’évangile de St Jean et de la Genèse (In principio…) doivent être compris différemment. Le « Principe » de St Jean 1, 1 est indispensable, toujours, et donc plus fondamental que le « Commencement » de Genèse 1, 1 qui implique une continuation dont nous discutons ici.
Après l’exposé du Pr Jürgena Mittelstrass, qui mit en garde contre l’intervention dans la génétique humaine, il s’ensuivit une longue discussion sur le sens de telles interventions, du point de vue de la médecine, de l’eugénisme et des perspectives évolutionnistes.
Le plus proche d’une critique de la théorie de l’évolution fut le Pr Stanley L. Jaki, un bénédictin américain d’origine hongroise. Toutefois il critiqua davantage la méthodologie de Darwin que la théorie de l’évolution elle-même. Il en souligna le raisonnement circulaire. On parle de la survie du plus apte et le plus apte est défini celui qui survit. Il montra le manque d’équilibre entre ce qui est postulé et ce qui est prouvé. Il estime cependant que seuls les mécanismes postulés par Darwin peuvent expliquer la multitude des espèces. Il lança l’appel que le darwinisme soit enseigné avec ses qualités mais aussi avec ses défauts. Jaki ne vint que pour son exposé et disparut tout de suite après la discussion qui suivit.
Le Pr Francis S. Collins (qui n’est pas membre de l’Académie), encore récemment chef du projet de génome humain, fit une présentation très théiste. Nous essayons d’expliquer le « comment » mais ne pouvons expliquer le « pourquoi ». Dieu est audelà du temps et rien n’est pour lui accidentel ou compliqué. Tous les gens ont 99,6 % de leur génome identique. Plus un organisme est éloigné par la taxinomie, moins il a de gènes communs. Ainsi les études de l’ADN confirment Darwin, conclut-il.
Il y eut plusieurs exposés par des astronomes sur l’évolution du cosmos. Je ne connais pas grand’chose à ces questions, aussi je ne résumerai pas leurs exposés. Je signalerai seulement que tous acceptent le paradigme du big bang à propos de l’expansion du cosmos et de son évolution.
Je restai assis en silence. Pendant les intersessions j’essayai de discuter en privé avec les participants. Au cours de cette réunion il n’y eut pas un seul exposé critiquant la théorie de l’évolution d’un point de vue scientifique. Les présents, surtout des retraités, n’entendirent jamais parler de résultats scientifiques contestant la théorie de l’évolution. Avec un tel choix d’orateurs, l’Église non plus ne risque pas d’en entendre parler.
Je comprends que l’Église veuille savoir ce que propose le monde de la science, et aussi ce que les athées proposent. Mais en organisant ainsi la conférence, elle ne sera jamais informée de l’ensemble de la question. Elle n’entendra que la voix de ceux qui la critiquent (connue chaque jour par une multitude de sources). Ceux-là n’ont jamais été confrontés à une opposition à la quelle il leur aurait fallu répondre avec des arguments scientifiques. Ils ont seulement reçu l’assurance que Dieu a quelque chose à voir avec le développement du monde, position qu’ils peuvent facilement rejeter comme l’expression du fondamentalisme religieux qu’ils méprisent.
Une conférence semblable est prévue pour 2009. Sous le patronage du Conseil Pontifical pour la Culture se tiendra une conférence à l’Université Pontificale Grégorienne du 3 au 7 mars 2009, intitulée L’évolution biologique: faits et théorie. Parmi les orateurs annoncés se trouvent des partisans bien connus de l’évolution tels que Francisco Ayala, Gianfranco Biondi, Robin Dunbar, Douglas J. Futuyma, Stuart Kauffman, Giorgio Manzi, Lynn Margulis, Simon Conway Morris, Elliott Sober et David Sloan Wilson. Il y aura aussi plusieurs des participants de la session de l’APS présentée ci-dessus. Sont invités aussi, évidemment, des théologiens et même un critique de la théorie de l’évolution, un adventiste du Septième Jour. L’utilité de cette conférence sera sans doute semblable à celle de l’APS: les partisans de l’évolution n’auront en face d’eux aucune critique scientifique de la théorie.
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Parallèlement à la réunion de l’APS sur l’évolution, il y eut un symposium d’une journée (3 novembre) à l’Université de La Sapienza à Rome intitulée Une critique scientifique de l’évolution. J’étais l’un des conférenciers. L’objet de cette conférence était de présenter des faits scientifiques qui contredisent la théorie de l’évolution de Darwin.
Guy Berthault, ancien élève de l’École Polytechnique, présenta ses résultats de sédimentologie, la science de la formation des strates géologiques. Il a fait travailler de grands laboratoires d’hydraulique où, derrière une vitre, on observe les matériaux transportés par l’eau et disposés en couches superposées au moment même de leur sédimentation. Les sédiments ne tombent pas du ciel. Il y a d’abord érosion, puis transport et enfin sédimentation.
Les couches se préparent lors du transport. Berthault met en doute la datation des strates géologiques. Il prétend qu’elles se forment simultanément et que leur taille est déterminée par la quantité et le mouvement de l’eau qui charrie les sédiments. Ce sont des résultats empiriques, reproductibles et contrôlables. Ils discréditent toutes les datations de roches sédimentaires utilisées aujourd’hui en géologie et en paléontologie.
Le Dr Jean de Pontcharra, physicien atomiste, présenta les plus récentes objections aux méthodes isotopiques de datation des roches. Très souvent des résultats aberrants, absurdes, sont obtenus qui doivent être rejetés (par exemple, la datation en millions d’années de roches contemporaines, provenant d’une éruption volcanique connue). Au départ beaucoup d’hypothèses sont faites concernant l’âge isotopique zéro du magma, l’absence d’infiltrations ou de pertes d’éléments, l’invariance du taux de décomposition isotopique, etc. Aujourd’hui, beaucoup de ces hypothèses sont mises en doute avec pour conséquence que l’utilité de ces méthodes de datation des roches métamorphiques est problématique. Quant aux roches sédimentaires, elles ne sont pas datées par cette méthode.
Le Dr Josef Holzschuh, un géophysicien australien, parla des conséquences de la seconde loi de la thermodynamique pour la théorie de l’évolution. Cette loi affirme que toutes les formes d’énergie tendent vers l’équilibre, vers l’épuisement, vers le chaos. Les processus naturels vers le « haut », vers un plus grand ordre, vers un état plus élevé de l’énergie, donc vers une organisation supérieure sont dès lors impossibles.
Le Pr Pierre Rabischong, ancien Doyen de la Faculté de Médecine de Montpellier, parla de la perfection fonctionnelle des systèmes vitaux. Chaque organe constitue la meilleure solution possible pour l’accomplissement d’une fonction donnée, dans toutes les espèces. Il n’y a pas de période d’essai.
Aucune mutation ne donne d’espèce nouvelle, ce qui est prouvé par de nombreuses expériences sur des bactéries ou les mouches drosophiles. La variation provient de la recombinaison de variétés existantes et une mutation ne fait qu’accroître le nombre des défauts dans la population. La croissance de l’embryon et l’activation des fonctions dans un organisme représentent la réalisation rigoureuse d’un programme inscrit dans les gènes.
Ma contribution personnelle concernait le mécanisme de formation des races, un mécanisme fondé sur la réduction de la variation génétique, allant donc dans une direction opposée à l’évolution. Considérer la formation des races comme étant un petit pas d’évolution est une erreur constamment répétée dans les manuels scolaires. J’ai également montré que la formation d’organismes résistants aux produits chimiques fabriqués par l’homme (herbicides, fongicides, pesticides, etc.), même lorsque cela se produit par des mutations, n’est rien de plus qu’un mécanisme de défense protégeant les fonctions nécessaires à la vie. Il ne s’agit pas de création de nouvelles fonctions.
Malheureusement les médias ne se sont pas intéressés à cette réunion. Hormis quelques entrefilets dans la presse écrite, mon entretien avec Radio Vatican, où j’ai parlé des deux réunions auxquelles j’avais participé, fut le seul écho médiatique.
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La conférence scientifique au Vatican offre un message ambigu[21]
John Bohannon
Résumé : Au compte-rendu donné par Maciej Giertych, présent personnellement à cette session de l’Académie Pontificale, on comparera utilement l’article rédigé par un journaliste de la revue américaine Science, à partir d’échos glanés auprès de quelques participants. Seul point intéressant pour lui: savoir si l’Eglise va aller plus loin dans l’acceptation de l’évolution. Sa déception est perceptible, et il ne retire de positif qu’une prise de distance, par le cardinal Schönborn, à l’égard de l’Intelligent Design.
Les scientifiques réunis au Vatican la semaine dernière pour une conférence à huis clos sur les origines de l’univers et de la vie selon l’évolution, sont ressortis avec un avis mélangé. Ceux qui avaient espéré une claire déclaration en faveur de l’évolution de la part de l’Eglise catholique, s’en sont retournés les mains vides. D’autres, espérant peu, se satisfont d’une approche détendue des rapports entre science et foi.
Mais certains critiquent ce qu’ils ont entendu de la part du cardinal autrichien Christoph Schönborn, la tête de file controversée du Vatican sur cette question de l’évolution. « Il croit qu’il y a des intervalles à combler (gaps) dans l’évolution, et que Dieu agit là[22], dit John Abelson, un spécialiste de biologie moléculaire ayant quitté son Université de Californie pour venir à la session. Pour Abelson, il s’agit d’une vision remontant « presque au 19ème siècle », venant appuyer le mouvement de l’Intelligent Design. Le pape Benoît XVI n’a donc pas clarifié ses déclarations ambigües sur l’évolution.
La réunion était organisée par l’Académie pontificales des Sciences, un groupe international de savants destiné à conseiller le Pape.
L’astrophysicien Stephen Hawking, de l’Université de Cambridge, le biochimiste et Prix Nobel Marshall Nirenberg et d’autres encore firent des exposés sur les origines, depuis les galaxies de l’univers primitif jusqu’à l’apparition des premières cellules vivantes sur la Terre. Tout se passait comme dans beaucoup de symposiums scientifiques, avec cette différence que le Pape est venu bénir la session et que l’exposé introductif, intitulé « Les réflexions de Joseph Ratzinger, Pape Benoît XVI, sur l’évolution », fut donné par Schönborn, un théologien. En fait Schönborn s’était signalé au monde savant il y a trois ans, lorsqu’il signa dans le New York Times, peu après l’élection du nouveau pape, un éditorial qui appuyait ouvertement l’Intelligent Design (Science, 12 août 2005, p. 996)[23]. « L’évolution dans le sens d’une descendance commune peut être vraie, écrivait l’archevêque de Vienne, mais l’évolution au sens néodarwinien – celui d’un processus de variation aléatoire et de sélection naturelle sans plan et sans guide – ne l’est pas« . L’exposé préparé par Schönborn pour la session ne fit pas l’objet de controverses. « C’était vraiment très abstrait, dit Gereon Wolters, un philosophe des sciences de l’Université de Constance (Allemagne). Il présentait la vision classique que l’évolution est acceptable, mais que « l’évolutionnisme » – un terme utilisé par les croyants conservateurs pour désigner la promotion de l’athéisme grâce à la biologie de l’évolution – ne l’est pas. » Certains scientifiques ont discerné des progrès lors de l’exposé. « J’ai été rassuré de voir que le cardinal prenait clairement ses distances par rapport à l’Intelligent Design, dit Francis Collins, ancien directeur de l’Institut national de recherches sur le génome de Bethesda (Maryland), considérant ce courant de pensée comme ayant fait des erreurs. » Des étincelles jaillirent lorsque le cardinal répondit aux questions. « Il a toujours exprimé des réserves sur la question de savoir si l’évolution peut rendre compte de tous les aspects de la biologie », dit Collins, y compris l’apparition des espèces. « C’était grotesque! », dit Abelson, qui considère la session comme un « pas en arrière » dans les relations de l’Eglise avec la science. Wolters aussi fut désappointé: « Schönborn a les mêmes intentions que le pape Ŕ lutter contre l’évolutionnisme Ŕ mais il ne fait que répéter le baragouin créationniste utilisé aux Etats-Unis par les tenants de l’Intelligent Design ». Wolters ajoute: « Lutter de cette manière contre la science, c’est jouer perdant. » D’autres savants présents à la conférence interprètent les choses autrement. Pour Werner Arber, un généticien de l’Université de Bâle, coorganisateur de la réunion, les doutes du cardinal par rapport à l’évolution ne constituent pas un conflit entre l’Eglise et la science: « Les relations restent bonnes. » Et pour Peter Raven, Directeur des Jardins botaniques du Missouri à Saint-Louis et membre de l’Académie : « Schönborn a donné un exposé confus, mais la position de l’Eglise sur l’évolution, si tant est qu’on puisse dire qu’elle en a une, est inchangée…C’est la croyance en un créateur qui existait avant le big bang et qui a mis l’univers en mouvement, et c’est là quelque chose qui ne peut être ni prouvé ni démenti par la science. »
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L’énigme de l’eau
Jean de Pontcharra[24]
Résumé: Quelques réflexions sur les surprenantes propriétés de l’eau nous montrent les difficultés des scientifiques à approcher l’essence des choses au moyen de leurs modèles basés sur les mathématiques, la mécanique, la physique ou la chimie. Les scientifiques se heurtent toujours à la même difficulté : ils veulent étendre le domaine des sciences à toute connaissance, même inaccessible à leurs appareils de mesure, au prix de spéculations nonscientifiques. L’eau n’est pas qu’un élément inerte, modélisable par quelques équations, fussent-elles très compliquées. Son action est liée de façon très complexe aux trois autres éléments : feu (chaleur), air (vapeur d’eau) et terre (cycle de l’eau).
Introduction.
Plus de dix mille publications, plus de 50 millions de pages internet par an, le thème de l’eau est inépuisable. La communauté scientifique internationale dépense des sommes considérables pour rechercher et expliquer les propriétés surprenantes de l’eau. Les modèles proposés sont innombrables et se contredisent souvent.
Le CNRS avait classé « les mystères de l’eau » en première place des énigmes scientifiques dans le cadre de l’année mondiale de la Physique 2005, avant les paradoxes quantiques, l’absence d’anti-matière ou la masse manquante de l’univers. En fait, ces paradoxes proviennent de notre approche matérialiste du réel : nos modèles sont trop grossiers et inadaptés à la perfection du cosmos. Et il n’y a aucune garantie qu’ils correspondent à la réalité (le cas du big-bang en est un exemple). Leur caractère explicatif et prédictif n’est que partiel et leurs insuffisances sont la conséquence de notre vision mécaniciste des phénomènes.
Dans la suite de cet article, le modèle atomique et moléculaire bien connu sera utilisé, tout en ayant conscience de ses limitations et en sachant qu’un modèle ondulatoire pourrait aussi être utilisé.
Généralités
L’eau est le support d’une multitude de symboles matériels et spirituels, de bénédiction (maintien de la vie, purification, stabilisation du climat terrestre, échanges micro et macroscopiques, réactions chimiques), mais aussi de malédiction (inondations et érosion, Déluge, tsunamis). Elle est présente dans l’atmosphère, sur toute la surface de la terre, en grande majorité dans les océans et mers, mais aussi, d’après des découvertes récentes, dans la croûte et le manteau terrestre, et ce en quantités très importantes,.
Étant un solvant universel, l’eau se charge des ions présents dans les matériaux qu’elle rencontre. Sans l’état gazeux sous forme de vapeur (distillation), ni l’état solide sous forme de glace, il n’y aurait pas d’eau douce sur terre. Et sans eau douce, point de vie.
Les propriétés de l’eau.
L’eau est unique : seul corps présent à la fois sous les états solide, liquide et gazeux dans les conditions de température et pression que l’on peut rencontrer à la surface de la terre, son comportement est surprenant et ne ressemble à celui d’aucun autre élément connu. Sa masse volumique à l’état liquide, lorsqu’elle est ultra-pure, est maximale : 1,0000 kg/l à T=3,98 °C à la pression atmosphérique standard ; 0,99984 kg/l à T=0°C ; 0,99565 kg/l à T=30°C ; 0,95840 à T=100°C.
Il y a un point sur le diagramme (pression P, température
T) nommé point triple où l’eau se trouve dans les trois états : T=0,01°C et P= 611,2 Pa[25].
Il existe un point critique à T=374 °C et P=22 MPa3 audessus duquel l’eau est dite « supercritique ». Bien que d’apparence liquide, l’eau acquiert alors des propriétés proches de celles des gaz et solubilise très bien les molécules de poids élevé. Cet état existe dans les profondeurs de la croûte et du manteau terrestres et intervient dans la cristallisation fractionnée de cristaux au sein des magmas liquides, ce qui bouleverse les connaissances actuelles des géophysiciens et des vulcanologues.
Fig. 1: Variétés possibles de cristaux de glace (Glace « ordinaire » hexagonale)
Les chiffres précédents sont valables pour une eau avec un taux d’impuretés très faible. L’eau pouvant dissoudre une grande quantité de corps, les résultats varient en fonction du pourcentage de ces corps dans l’eau. Par exemple, l’eau de mer salée à 35g/l gèle à plus basse température que l’eau pure.
3 MPa : mégapascal : 1 million de Pa
La glace solide cristalline (glace hexagonale) a une densité inférieure à l’eau liquide : 0,917. Nommée glace
« ordinaire », c’est elle qui constitue les cristaux de glace des flocons de neige.
L’exploration d’une gamme plus large de températures et pressions a mis en évidence plus de 15 formes différentes de glace cristalline et 3 formes amorphes. Par exemple, on trouve une glace amorphe plus lourde que le liquide et de densité 1,17 à T=-146°C et P=1,2 GPa[26].
Le diagramme ci-dessous montre quelques structures observables et les conditions de transition associées, dans l’état actuel de nos connaissances.
Fig. 2:Quelques états instables de l’eau. Conversion : 0°C= 273°K. Le bar vaut 105 pascals.
État de surfusion : si l’on « trempe » de l’eau ultra-pure en abaissant très rapidement sa température, elle reste liquide jusqu’à –40°C.
État de surchauffe: l’eau peut être chauffée à 220°C sans bouillir, si elle ne contient absolument aucune impureté.
Fig. 3 :Températures d’ébullition de quelques liquides en fonction de leur poids moléculaire. L’extrapolation de la courbe aurait donné Te=-80°C (donc au-dessous de zéro) pour l’eau. Il n’y aurait alors que de la vapeur d’eau sur la terre, et toute forme de vie serait impossible.
La molécule d’eau.
La liaison hydrogène, concept lié au modèle atomique, expliquerait certaines propriétés macroscopiques de l’eau, mais pas toutes. L’énergie de liaison hydrogène entre 2 molécules d’eau différentes est plus faible que dans la liaison covalente O-H à l’intérieur de la même molécule.
La molécule d’eau H-O-H constitue un nano-résonateur qui peut entrer en vibration par excitation d’ondes externes. Des rayonnements énergétiques (UV, radiations) peuvent « casser » ces liaisons. L’agitation thermique rend ces liaisons plus fragiles.
Fig. 4: Modèle de dimère avec la liaison hydrogène, entre l’atome d’hydrogène de la molécule d’eau (à gauche du dessin) et l’atome d’oxygène de la molécule d’eau adjacente (à droite). L’angle H-O-H du monomère (1 molécule d’eau isolée) peut varier de 104,5° à 109,5°. Dans le dimère présenté ici, l’angle vaut 105.9° pour la molécule fournissant l’atome H, 106,3° pour la molécule fournissant l’atome O. La distance de centre à centre H-O de la liaison hydrogène n’est que de 0,2 nm.
Les hypothèses.
Les propriétés « anormales » de l’eau sont attribuées à la liaison hydrogène qui se crée entre un hydrogène d’une molécule d’eau et l’oxygène d’une molécule d’eau voisine. Chaque molécule d’eau peut ainsi s’associer à 4 voisines Le temps de rémanence de cette liaison est estimé à 1 ps[27], temps extrêmement bref.
L’eau liquide est un assemblage dynamique se faisant et se défaisant très rapidement et pouvant inclure des îlots d’agglomérats ordonnés de plusieurs dizaines à plusieurs milliers de molécules, qui ont un temps de rémanence indépendant de celui de la liaison hydrogène, mais du même ordre de grandeur.
Certains auteurs ont proposé une explication : l’eau serait le mélange de structures ordonnées semblables à celle de la glace, entourées de molécules plus mobiles, l’ensemble se modifiant sans cesse. De plus les atomes peuvent osciller autour de leur position, ce qui fait varier l’énergie de liaison.
Mais même les modèles les plus sophistiqués ne rendent pas compte de toutes les propriétés de l’eau. Par exemple la structure de l’eau est inconnue entre –40°C et –130°C. L’expérimentation et l’interprétation des résultats sont compliquées par le fait que l’eau pure n’existe que dans la pensée des chercheurs ou dans les programmes des ordinateurs.
La « catastrophe » de l’entropie
Cette expression des physiciens recouvre le fait que l’eau liquide possède une entropie[28] plus faible que la glace, ce qui semble contredire la 2ème loi de la thermodynamique. Les physiciens considèrent que le liquide est plus désordonné; donc son entropie devrait être plus grande. En fait, l’eau liquide contient plus d’information que la glace figée. Le niveau d’ordre de l’eau liquide ne peut pas être quantifié dans l’état actuel de nos connaissances, d’où le paradoxe apparent de l’entropie
« catastrophique ».
L’eau dans l’organisme.
Il ne faut pas oublier qu’au sein des cellules vivantes l’eau est dans un espace confiné, où l’influence des membranes et des interfaces est très importante, donnant un comportement différent et beaucoup plus compliqué que dans un volume de grande dimension par rapport à la taille de la molécule.
L’eau participe aux échanges cellulaires (osmose) et aux échanges avec l’extérieur du corps (transpiration, vapeur dans les poumons, absorption cutanée); elle se présente sous forme mobile dans les systèmes circulatoire et lymphatique, joue un rôle dans les cellules immunitaires, dans la formation et réparation de l’ADN, dans la synthèse des protéines, etc. L’eau est un solvant doux universel.
Les expériences du professeur Benveniste, chercheur à l’INSERM, sur la « mémoire de l’eau », reproduites maintes fois par d’autres chercheurs, sont toujours âprement contestées par la science « officielle »[29]. L’arrangement des molécules d’eau pourrait se faire en fonction de l’environnement dans lequel elles se trouvaient à un moment donné. Cette « structure » serait une signature, comme une empreinte pouvant être « lue » ultérieurement par notre organisme.
Conclusion
Nous n’avons pas besoin d’aller bien loin pour nous émerveiller devant la perfection de la Création. La science fait des progrès considérables dans les techniques d’analyse et d’observation. Mais le chercheur s’aperçoit qu’il bute sur une complexité et une perfection qui dépassent ses capacités d’explication, surtout s’il se restreint aux schémas mentaux réducteurs issus de sa formation matérialiste et mécaniciste.
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Pour compléter ce court article, une lettre d’Hippolyte Bayard[30] à D. Arago faisant allusion à l’eau, est intéressante et montre déjà deux conceptions antagonistes de la physique.
Monsieur Dominique François Arago
Académie des Sciences, Paris
Cosmos, 1er janvier 1840
…………………Monsieur le Physicien, Monsieur l’Astronome, ……
..Vous ne connaissez pas la nature de la matière, vous ne connaissez pas la nature de l’antimatière. Dans votre laboratoire de petit scientifique, vous croyez capturer les secrets du cosmos. Dans vos éprouvettes, en combinant l’hydrogène et l’oxygène, vous croyez comprendre les mystères de l’eau. L’œil sur le microscope, en regardant l’infinitésiment petit qui constitue notre corps, vous croyez comprendre les mystères de la vie. L’œil au télescope, en regardant l’infinitésiment lointain, vous croyez comprendre les secrets des astres. Mais les éléments du cosmos, Monsieur le scientifique, ne sont pas faits pour vos lentilles. Eau, Air, Terre, Feu ont des secrets que vous ne pourrez jamais comprendre. Les astres suivent une trajectoire insondable pour vous. Et savez-vous pourquoi ? Parce qu’ils dansent. Tout danse, monsieur le scientifique, et il ne vous est pas consenti de suivre cette danse. Et savez-vous pourquoi tout danse ? Parce que tout est musique, monsieur le scientifique, et tout obéit à son tour à une musique que vos oreilles ne peuvent pas saisir. Air, Eau, Terre, Feu sont de la musique. Et ils dansent la musique qu’ils sont euxmêmes. La Vie que vous cherchez dans votre laboratoire et dans votre observatoire est une musique que vous ne pourrez jamais saisir.
Hippolyte Bayard
À rapprocher de ce qu’écrivait le P. Sertillanges dans son Catéchisme des incroyants (Flammarion, 1964, p. 15) : «…Tout ici bas est forme, nombre, harmonie, répétition et rythme, danse et musique ; rien n’est matière inerte et aveugle.»
Le meilleur site sur la physique de l’eau est celui de l’Anglais M. Chaplin, mis à jour très fréquemment, mais demandant un niveau universitaire en physique-chimie. http://www.martin.chaplin.btinternet.co.uk/index2.html Plus accessible :
José Texeira, « Les Mystères de l’Eau », Techniques de l’Ingénieur RE-53, 2006
José Texeira, « L’étrange comportement de l’eau ultrafroide »,
Pour la Science n° 285, Juillet 2001
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Il semble à propos de rappeler ici ce passage du Cantique des créatures, de saint François d’Assise:
Très haut, tout puissant et bon Seigneur, à toi louange, gloire, honneur, et toute bénédiction;
(………)
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur Eau.
qui est très utile et très humble, précieuse et chaste.
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In memoriam. André van Cauwenberghe Ingénieur chimiste, André Van Cauwenberghe s’était passionné pour le Linceul de Turin. Lorsque la datation médiévale par le radiocarbone fut proclamée par le British Muséum, en octobre 1988, il sut faire face à la contradiction manifestée entre la science qu’il chérissait et le Visage qu’il vénérait. En décembre, lors d’une réunion au laboratoire de radiocarbone de l’Université Claude Bernard, à Lyon, où nous retrouva Marie-Claire van OostervijckGastuche, il fut frappé par les objections qu’elle soulevait, utilisant même les datations anormales réalisées sur coquillages par le propre directeur du laboratoire, Jacques Evin. Au retour vers Paris, l’idée lui vint de réunir un jour les quelques scientifiques français intéressés, afin d’examiner à fond la question. Mais lorsque sa correspondante américaine, Dorothy Crispino, eut vent du projet, elle décida les scientifiques réunis dans le STURP (Shroud of Turin Research Project) à y venir; et comme la réunion devait se tenir en terrain neutre, à Paris, les spécialistes italiens oublièrent les vieilles rancunes remontant à l’année 1973 et voulurent y participer. Ce fut le mémorable symposium tenu à Paris en 1989 qui, en présence du Dr Tite, du British Muséum, et du Professeur Jérôme Lejeune, renvoya la balle dans le camp des radiocarbonistes puisque leurs conclusions contredisaient toutes les données déjà acquises par les autres disciplines. Alors âgé de 76 ans, André van Cauwenberghe ne voulut pas en rester sur ce succès: il fonda aussitôt le CIELT (Centre International d’Etudes sur le Linceul de Turin), dont il fut longtemps l’animateur infatigable, sachant attirer la collaboration de scientifiques et d’historiens qualifiés. Le symposium organisé par le CIELT à Rome même, en 1993, fut pour lui un autre grand moment de collaboration internationale, attirant aussi cette fois l’intérêt des autorités de l’Eglise et l’attention des médias. Puis la maladie vint réduire peu à peu son activité et finit par l’emporter, le samedi 20 décembre. dernier. Il est maintenant allé à la rencontre de son Juge, mais on peut penser qu’il aura su en attendrir le Visage pour l’avoir si souvent étudié et contemplé, et en avoir si bien propagé la dévotion. |
HISTOIRE
« Si l’homme est libre de choisir ses idées,
il n’est pas libre d’échapper aux conséquences des idées qu’il a choisies. » (Marcel François)
Quel destin pour la Hongrie ? (3ème partie) : Comment sortir de « l’antimagyarisme » ?
Irène Döményi
Résumé : Sous le poids des investissements étrangers et de nombreux colons tziganes, israéliens et chinois, un « antimagyarisme » actif imprègne les médias et la société, ce qui entraîne une réaction de plus en plus violente de la part des Hongrois dont le niveau de vie ne décolle pas. Plutôt qu’une nouvelle révolte, qui serait encore sans issue, la conversion et un retour aux vertus chrétiennes s’imposent comme seule vraie solution.
28. « L’anti-magyarisme » haineux, doublé de judéophilie ostentatoire, irrite les Magyars. Ferenc Gyurcsàny, son épouse et la plupart des dirigeants exhibent leur judaïté avec arrogance. La réponse est l’anti-judaïsme viscéral du peuple.
Le discours du Premier ministre à Öszöd, prononcé fin mai 2006 et divulgué en septembre, au cours duquel il a avoué que lui-même et ses collaborateurs avaient menti au peuple tout au long de son « règne », c’est-à-dire pendant quatre ans, a mis le feu aux poudres. L’indignation générale a suscité des manifestations de rue par tout le pays (et même à l’étranger), pendant presque une année entière !
Le peuple hongrois a exigé le départ immédiat de Gyurcsàny et la démission de ses complices, mais sans succès, car ceux-ci étaient protégés, à l’insu de la nation, par des « Grands »3 dont l’intérêt était (et est toujours) de les maintenir à leurs postes.
3 2004 : Ferenc Gyurcsàny devient Premier ministre, avec l’appui de Peter Mandelson, conseiller de Tony Blair
Juin 2004: Rencontre du G8 à Sea Island. Suggestion de
Mandelson: pour satisfaire les besoins énergétiques de l’Europe: construire en Hongrie un immense complexe de stockage de gaz et de pétrole et de développement d’énergie atomique. Préparation secrète et compliquée du plan. L’idée fut présentée à M. Gyurcsàny (déjà Premier ministre), enthousiasmé, car il espérait pouvoir colmater ainsi les brèches des Caisses de l’État causées par ses actions désastreuses.
L’Amérique a donné son accord car elle a reçu l’assurance de la loyauté de chaque participant.
La Russie: le fait de la participation dans l’investissement d’un État de l’OTAN ne la gêne pas.
L’Allemagne accepte le plan.
L’Italie s’y joint, un peu à contrecœur. Avantages (aux yeux des protagonistes):
- la Hongrie n’a pas de puissance militaire.
- l’opinion publique tient l’énergie atomique pour admissible.
- la Hongrie et l’Ukraine ont des frontières communes (d’ailleurs cette dernière est déjà une colonie russe), et la mer Adriatique n’est pas loin.
Fin février 2006: M. Poutine arrive en Hongrie. (Gyurcsàny réussit à être d’accord sur les détails avec les Russes.)
Mai 2006: M. Gyurcsàny rencontre Henry Kissinger. À cette occasion les détails d’un grand contrat international sont clarifiés. Le Premier ministre hongrois présente à M. Kissinger la déclaration d’intention signée par lui et par M. Poutine.
- mai 2006: entretien à huis clos de Gyurcsàny avec Alexeï Miller, le maître de Gazprom.
- mai 2006: George W. Bush (en personne!) arrive à Budapest. Signature de l’accord entre les représentants des Grandes Puissances (les patrons de Gazprom et du Cabinet Bush.)
Poutine s’inquiète un peu de ces troubles en Hongrie. Gyurcsàny vole à Sotchi pour le rassurer. Après la rencontre M. Poutine déclare « qu’il n’y pas de raison de penser que le plan d’investissement sur le territoire hongrois ne se réalise pas, car cela assurera non seulement
l’approvisionnement continuel en gaz en Hongrie, mais dans toute l’Europe. » Les Allemands manifestaient, eux aussi, quelques inquiétudes, vu l’état d’ébullition prolongée de la nation hongroise depuis septembre 2006. Ils ne voulaient pas subir un blocage de l’approvisionnement en gaz à cause d’une crise gouvernementale en Hongrie
F. Gyurcsàny devait apaiser également Mme Angela Merkel à ce
sujet.
L’avenir de la Hongrie et de l’Europe est donc décidé par les « Grands ». La masse d’argent mobilisée équivaut à trois fois le budget du Plan du Développement National de Hongrie.
D’abord pacifiques, ces protestations ont été par la suite « chauffées » par des « trublions » payés par le gouvernement qui a ordonné une réaction policière immédiate, brutale, souvent illégale, en envoyant « à la casse » des policiers inexpérimentés, des employés de bureau, qui ne comprenaient rien, et qui traitaient les manifestants comme de vulgaires voyous.
29. Il y a de gros problèmes dans la Police Nationale hongroise dus à la corruption à tous les niveaux. Les policiers « de base » sont mal traités: leurs logements sont souvent de simples abris, des « ghettos » déprimants ; ou bien ils habitent loin de leurs postes, d’où fatigues journalières, pertes de temps et d’efficacité.
Au nom de « modernisations » jamais accomplies, diverses sociétés (ayant des intérêts à l’étranger) détournent à leur profit les subventions d’État destinées à améliorer les services, et cela avec la complicité de policiers haut placés.
Les véhicules de la Police sont vétustes, inutilisables. La Police nationale ne fait que protéger les participants des « raves ou drogue parties », tandis que la sécurité des personnages importants est confiée aux sociétés étrangères, (surtout à IN-KAL Security Kft., israélienne). Celles-ci reçoivent des contrats bien juteux, tandis que la Police hongroise manque de moyens d’action élémentaires.
Ces faits expliquent la récente formation du Syndicat des Policiers Hongrois Déterminés, (TMRSZ = Tettrekész Magyar Rendörök Szakszervezete), qui veut:
-Rétablir l’honnêteté dans l’Institution corrompue.
Décision: les travaux de construction de la centrale commenceront en 2010. Les pipe-lines turcs et russes se rejoindront là. Il y aura également (en guise d’usine expérimentale) un réacteur nucléaire d’un type nouveau.
Évidemment, on n’en parle pas dans les journaux, pourtant cette amitié si soudaine entre des dirigeants mondiaux venant d’horizons si divers, ainsi qu’un si grand centre atomique au cœur-même de l’Europe devrait alerter et faire réfléchir les dirigeants des pays occidentaux
-Relever le niveau de compétence pour servir et protéger la population.
-Réaliser autour de lui l’unité du peuple magyar, actuellement très divisé.
-
Au sujet de la sécurité intérieure, il y a des questions troublantes sans réponse:
- Que faisaient 200 soldats israéliens, il y a un an, à Budapest, à côté du Parlement dont l’accès fut interdit au peuple magyar?
- Quel est le rôle du KRAV-MAGA, (une organisation israélienne para-militaire, experte en tactique urbaine, en système d’auto-défense et de combat corps-à-corps) en Hongrie? La direction comprend 5 Israéliens, 1 polonais et 1 suédois. Le chef en Hongrie est Péter Lakatos, diplômé de KRAV-MAGA. Les membres s’habillent en noir et sont souvent cagoulés.
Par réaction, une « Garde Hongroise » s’est également formée récemment. Au début, elle était composée d’une cinquantaine de personnes, actuellement environ 600. Les membres portent chemises blanches, pantalons et vestes noires.
Ils ne possèdent d’autres armes que leur amour patriotique et la volonté désormais d’appeler un chat un chat. C’est suffisant pour susciter des cris effarouchés des autres: « Ce sont des fascistes! »
- On constate une intrusion israélienne importante dans la société hongroise. Depuis sept ans le nombre des Juifs parlant hongrois a doublé. Les boutiques arborant des écriteaux en hébreux sont de plus en plus nombreuses, ainsi que les petites annonces dans les journaux offrant du travail aux employés qui parlent cette langue. Récemment on a remarqué la couleur jaune des tickets d’entrée de cinéma ornés de l’Étoile de David ! D’après l’hebdomadaire des israélites en Hongrie « Ùj `Èlet » (La Nouvelle Vie) il y a déjà eu environ 35 000 enfants israéliens qui ont passé leurs vacances en Hongrie. En Transdanubie (la partie ouest du pays), en septembre 2007, un nouveau centre de vacances somptueux pour les enfants d’Israël fut inauguré. (Nous n’avons pas entendu parler de pareils établissements en Israël destinés aux enfants hongrois).
La Turquie a fait savoir qu’elle ne désirait pas entrer, avec l’Union Européenne, dans un « club chrétien ». Pour lui faire plaisir, le chef de l’État français (J. Chirac) nia publiquement l’origine chrétienne des nations européennes. L’actuel Président n’a jamais rectifié ces allégations. Or, Israël et les États-Unis veulent une Europe mélangée pour pouvoir la dominer, en jouant l’arbitre entre des peuples antagonistes, affaiblis par les conflits inévitables entre chrétiens et musulmans.
Ceci explique peut-être pourquoi depuis 1989 tant d’Israéliens cherchent à obtenir la nationalité hongroise et un passeport. Car, si un jour la Turquie fait partie de l’Europe et si de nombreux Juifs sont solidement implantées au cœur de l’Europe, en Hongrie, il n’y aura plus d’argument valable pour refuser la candidature d’Israël.
- L’invasion, l’occupation et la colonisation de la Hongrie par Israël sont des faits désormais avérés.
Déjà en 1970, le Grand Rabbin principal de Hongrie, M. Làszlò Salgò, avait déclaré:
« Les Juifs n’ont jamais eu un sort plus favorable qu’en Hongrie. C’est la première fois au cours de notre histoire que
nous sentons que c’est notre pays. »
Où se trouve alors le pays des Hongrois?
Admirons cette autre déclaration de Monsieur Simon Pérez, le 10 octobre 2007, à l’Assemblée Générale de l’Organisation des Bureaux Commerciaux à l’hôtel Hilton de TelAviv: « Israël a obtenu des succès sans précédent: nous avons réalisé notre indépendance économique. Nous allons acheter [sic!] Manhattan, la Pologne et la Hongrie. De nos jours il est possible de créer des empires sans colonisation. » Ces paroles tranquillement cyniques et révoltantes se concrétisent en Hongrie tous les jours.
Évidemment, ceux qui protestent clairement sont immédiatement taxés d’ »antisémitisme ». Pourtant, cela n’a rien à voir avec l’antisémitisme.
D’une part parce que tous les Juifs ne sont pas d’origine sémite4, d’autre part parce que les Hongrois (peuple accueillant s’il en fut) n’ont rien contre les Juifs comme peuple. Les actions des Juifs, par contre, peuvent et doivent pouvoir être critiquées – au besoin – tout autant que celles de n’importe quel autre peuple. Or l’antimagyarisme actuel des Juifs en Hongrie dépasse toute mesure.
Même si tous n’en sont pas également responsables, ce sont eux qui induisent chez les autochtones un fort sentiment de judéophobie[31].
Le désir d’ériger une société juste, avec des membres équilibrés psychiquement, physiquement et moralement, n’est pas nouveau en Hongrie.
Après 1945, les communistes prétendaient avoir le souci d’élever « le peuple », la paysannerie, en lui donnant les moyens de
4 D’après Arthur Koestler (1905-1983), la majorité des juifs n’est pas d’origine palestinienne, mais caucasienne. Dans son livre La 13ème Tribu (1976, rééd. Tallandier 2008), il explique qu’entre 600 et 1000 après J.-C. existait l’empire puissant du peuple khazar (d’origine turque) au Sud de la Russie. Beaucoup de commerçants juifs vivaient parmi eux. En 740 ils persuadèrent l’empereur des Khazars de se convertir au judaïsme. L’Empire, qui a vécu jusqu’en l’an 800, sut arrêter l’expansion arabe sur la mer Noire. Ces « Ashkénazes », environ 11 millions d’individus, se répandirent en Europe de l’Est. Les Juifs d’origine khazare en Hongrie, qui parlent la langue magyare, se reconnaissent comme Juifs, mais ethniquement, sauf exceptions, ils ne sont pas sémites.
s’instruire. C’est pourquoi ils permirent à Zoltàn Kodàly (grand compositeur de musique, linguiste, musicologue, violoncelliste, professeur à l’Académie Ferenc Liszt) de faire une expérience. Il s’agissait « d’alourdir » le programme scolaire dans une centaine d’écoles primaires publiques, par une heure quotidienne d’initiation à la musique. Il y avait cours 6 fois par semaine mais seulement dans la matinée. Les enfants n’étaient pas sélectionnés. Après 4 ans de fonctionnement, les statistiques montrèrent que ces enfants avaient des résultats scolaires nettement supérieurs dans toutes les matières, qu’ils étaient plus disciplinés, curieux, éveillés et débrouillards, et en même temps plus calmes, serviables et attentifs que les autres. La musique bien enseignée a contribué à la résolution de certains conflits personnels ou sociaux. Elle a éveillé en eux les possibilités latentes de leur cerveau droit ce qui les rendit plus heureux.
Malgré ces bons résultats, la poursuite de ces expériences fut stoppée par le dictateur du moment: Ràkosi. Pourquoi?
Parce que ces enfants, pendant toutes ces années, ont développé un amour très fort envers leur patrie et leur culture, et parce que Zoltàn Kodàly était une personnalité très connue, qui avait le défaut majeur d’être catholique pratiquant…
Au vu de ces faits, il est clair que la disparition de la Hongrie comme Etat et comme peuple est programmée, et avec elle 1100 ans de civilisation, de culture et d’histoire européenne. Les pays artificiels formés de territoires hongrois amputés à la Hongrie y contribuent très fortement: destruction des monuments, interdiction de parler le hongrois dans les lieux publics, effacement des références et des noms hongrois dans les cimetières, falsification des faits historiques, insultes et attaques physiques, même meurtres, jamais punis. Les Serbes envisagent de faire transmigrer 100.000 de leurs ressortissants du Kosovo en Vajdasàg (Voïvodine) et des agents pénètrent désormais dans les maisons hongroises pour y faire l’inventaire des logements possibles pour les Serbes à venir, en délogeant les propriétaires ou habitants légitimes…
Mais comment pourrait-on empêcher cette disparition, sachant que les Tziganes, les Juifs et les récents immigrés chinois, etc., défendront le régime actuel car il leur assure des conditions de vie plus favorables que celles qu’ils avaient dans leurs propres pays ?
- Par un soulèvement général ? Il y faudrait l’unité parmi les Hongrois, un chef accepté et suivi par tous ; des soldats entraînés, disciplinés, bien armés; des plans militaires et d’administration de la société civile nouvelle, avec des hommes prêts et capables. Tout cela n’est qu’un rêve pour le moment.
- Par une « intimidation ethnique » comme on le voit faire au Kosovo, au Liban, au Tibet, en Birmanie, en Indonésie ou au Soudan (voire dans bien des quartiers urbains en Europe) ? Il y aurait des résistances et des pertes considérables des deux côtés.
- Par un coup d’État pacifique ? Impossible, car – vu les projets et les investissements prévus – trop d’intérêts étrangers (américains, israéliens, russes, allemands, chinois) sont attachés à l’existence d’une Hongrie re-colonisée.
Même en cas de réussite totale mais sans changement profond de mentalité, la situation redeviendrait bientôt la même: c’est-à-dire: à la place d’hommes pécheurs régneraient d’autres hommes pécheurs, commettant bientôt les mêmes crimes ; car l’homme est faible et succombe aux mêmes tentations. Donc, humainement parlant, la cause semble perdue.
Cette situation ressemble à celle du peuple juif au temps de Jésus : occupation étrangère détestée, clergé riche et hautain, coupé du peuple, Temple profané par des tractations commerciales dans ses murs, partis ennemis, « collaborateurstraîtres » hellénisants, peuple inculte et exploité. Les Juifs attendaient un Sauveur politique qui leur permettrait de délicieuses vengeances sur ces païens. Ils étaient prêts à se battre contre les ennemis extérieurs pour s’en libérer, mais ils ne voulaient pas comprendre que ces goïm, ces nations païennes, étaient le « fléau » envoyé par Dieu pour punir leurs nombreux péchés et manquements.
Les mêmes alternatives sont proposées au peuple hongrois de nos jours:
- disparaître (sans se battre ou après des batailles
perdues) ou,
- comme Notre Seigneur Jésus le veut: que le peuple hongrois se soumette aux exigences divines en déposant son orgueil aux pieds du Sauveur, en regrettant ses péchés, en se repentant, en se convertissant et en expiant, afin de mériter d’être pardonné et aimé à nouveau du Seigneur. Alors le secours du Ciel ne lui sera pas refusé, même si la situation semble désespérée.
Mais cela demande une foi absolue en Jésus-Christ qui disait: « Sans Moi, vous ne pouvez rien faire »… « Venez à Moi,
vous qui êtes fatigués et Je vous soulagerai. »
Une autre parole, si souvent mal interprétée, ridiculisée même, prend alors toute sa signification: « Si l’on vous frappe sur une joue, tendez l’autre ! » Ce n’est pas encourager la lâcheté ou la soumission peureuse à notre ennemi, bien au contraire! Il s’agit de vaincre le Mal par le Bien, par la force héroïque de la douceur. S’il y a au monde une victoire digne d’être louée, c’est bien cellelà!
Alors ? La Hongrie doit-elle mourir ? Non ! Elle doit vivre, car Dieu lui a donné une mission: le mouvement propitiatoire, initié en Hongrie, mais devant se répandre dans le monde entier, afin d’apaiser la juste colère du Seigneur et d’adoucir le châtiment mérité…Mais ceci est une autre histoire.
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BIBLE
A-t-on bien lu Genèse 1,1-2,4 ? (1ère partie) Claude Eon
Présentation : Les six « jours » décrivant la Création, au premier chapitre de la Genèse, ont fait l’objet d’interprétations diverses, parfois contradictoires, dès les premiers pas de l’exégèse. L’école d’Alexandrie, suivie par saint Augustin, s’écarte de la lecture chronologique commune jusqu’à considérer toute l’œuvre divine comme instantanée. Un officier britannique, Percy J. Wiseman, se passionna pour les fouilles archéologiques en Irak, dans les années 1920-1930. Il fit le rapprochement entre le style des premiers versets de la Genèse et la technique babylonienne des « colophons ». A la fin de chaque tablette, on plaçait un mot ou une expression destinée à relier cette tablette à la suivante, en les classant dans l’ordre demandé par le récit. Wiseman publia ses conclusions en 1936 et 1946. Pour lui, les jours du récit biblique sont bien des jours de 24 heures, mais ils ne mesurent pas le temps d’œuvres divines successives: chaque jour Dieu montrait à Adam une partie de Son œuvre, lui laissant la nuit, du soir au matin, pour se reposer jusqu’à la présentation suivante. Cette interprétation, on le verra, répond à nombre des objections couramment soulevées contre le récit biblique.
Selon l’exégèse traditionnelle la première page de la Genèse décrit
« l’œuvre des six jours », c’est-à-dire la création du monde par Dieu. Les essais de conciliation entre cette description et son interprétation scientifique ont donné lieu à une vaste littérature. Ainsi de la signification du mot « jour »: période de 24 heures ou longue durée indéterminée ? Que signifie le repos du septième jour ? D’où provenait la lumière du premier jour, alors que le soleil et la lune ne furent créés qu’au quatrième jour ? N’est-il pas étrange de voir Dieu respecter une sorte de loi Lui interdisant le travail de nuit pour reprendre, chaque matin, son œuvre créatrice ?
Les sceptiques et autres athées ont eu beau jeu de dénoncer les invraisemblances scientifiques du texte alors que les réponses apportées manquent souvent de force de conviction.
Dès l’origine de l’exégèse catholique, il n’a pas manqué d’auteurs pour ne pas attacher de valeur littérale aux six jours, ou plutôt pour leur donner une autre signification que celle d’une création étalée sur six journées. Ainsi, dans l’École d’Alexandrie, Philon, Clément, Origène, saint Athanase, pensaient que la création fut instantanée, obéissant à un même et unique commandement. Plus tard saint Augustin consacrera à la Création de nombreux écrits dans lesquels il exprime sa conviction d’une simultanéité de la création: dès le premier instant, tout était déjà créé. « Il en résultera qu’il n’y aura plus dans la suite de productions absolument nouvelles, et c’est pourquoi les jours du récit ne doivent pas être compris comme désignant des jours réels, ou des laps de temps successifs…Ils signifieraient, selon l’interprétation la plus plausible, les illuminations successives par lesquelles Dieu aurait progressivement découvert aux esprits angéliques, l’œuvre qu’Il avait accomplie en un instant… »[32] Saint Thomas d’Aquin expose avec objectivité les thèses en présence, mais marque une préférence pour saint Augustin « qui est plus conforme à la raison et plus apte à garantir la Sainte Écriture des moqueries des infidèles. » C’était bien vu !
À la suite de ses premiers travaux publiés sous le titre Ancient Records and the Structure of Genesis en 1936,[33] P.J. Wiseman[34][35] publia en 1946 un second volume intitulé Creation Revealed in Six Days. Dans ce livre, l’auteur montre: 1) que les six jours, séparés par un matin et un soir, ne peuvent pas se rapporter au temps mis par Dieu pour ses actes de création; 2) que les six jours, séparés par un soir et un matin, se réfèrent au temps employé à la révélation de la création à l’homme; 3) que le repos du septième jour n’était pas pour le bon plaisir de Dieu, mais pour celui de l’homme, parce que la révélation de la création était terminée le sixième jour, et non parce que la création du monde s’était achevée ce jour là.
La première réaction est naturellement de penser qu’il est bien présomptueux de présenter une telle thèse en 1946 après tant d’auteurs, d’exégètes, de Pères de l’Église qui ont vu dans ce premier chapitre de la Genèse un récit de la création elle-même et non le récit de sa révélation à Adam et Ève. Mais cette nouvelle interprétation est une conséquence directe de la connaissance des méthodes littéraires en usage à l’époque lointaine où la Genèse fut rédigée, et il ne peut guère être reproché aux anciens exégètes de les avoir ignorées. Toutes les critiques avancées contre le texte de la Genèse sont antérieures à la connaissance de ces méthodes. Il n’est donc pas surprenant que ces découvertes archéologiques du début du XXème siècle conduisent à réviser le sens d’un texte qu’on lisait comme s’il provenait d’un livre contemporain.
On remarquera aussi que Wiseman n’est pas le premier à voir dans cette page de la Genèse un récit, saint Augustin disait une illumination, de la révélation à l’homme par Dieu Lui-même de ce qu’il devait savoir des actes divins. Qui d’autre que Dieu aurait pu lui expliquer l’origine de tout ce qu’il voyait ?
Le projet de Wiseman consiste donc à élucider comment la révélation à l’homme fut faite et non comment l’univers fut créé. La Genèse ne nous dit rien des méthodes utilisées par Dieu pour créer le monde, non plus que du
jamais vu le jour si les méthodes de composition avaient été connues à l’époque.
En 1936 il publia ses New Discoveries in Babylonia about Genesis, puis, en 1946, Creation Revealed in Six Days.
temps qu’Il y consacra. Sauf pour la création de l’homme pour laquelle nous avons quelques précisions.
Rappelons brièvement la structure très particulière de ce premier chapitre de la Genèse. Les deux premiers versets sont une introduction où le v.2 donne la clé de la structure: « la terre était informe et vide. » Les trois premiers jours décrivent la formation de la terre et du ciel, les trois jours suivants montrent le peuplement de ce vide. D’où le découpage en six jours et le parallélisme entre les deux parties: (1,3-31)
Jour 1 : Lumière Séparation de la lumière des ténèbres: le jour, la nuit | Jour 4 : Luminaires Soleil, lune, étoiles pour séparer le jour de la nuit et pour les saisons, les jours et les années |
Jour 2 : Eau et atmosphère Atmosphère sépare les eaux du bas de celles du haut | Jour 5 : Eau et atmosphère Vie dans l’eau (poissons); vie dans l’atmosphère (oiseaux) |
Jour 3 : Terre et végétation Terre, végétation et arbres | Jour 6 : Terre, végétaux, homme Animaux terrestres, homme. Régime végétarien pour animaux et hommes |
Les quatre derniers versets (2,1-4) sont ce « colophon » que nous examinerons par la suite.
Le seul autre endroit de la Bible où il est question de six jours de travail et d’un jour de repos en rapport avec la création est celui qui enjoint le troisième Commandement, dans Exode 20, 8-11. Ce commandement demande que l’homme travaille six jours et se repose le septième parce que Dieu fit quelque chose pendant six jours et cessa de le faire le septième. Il est donc très important de savoir ce que fit Dieu pendant ces six jours.
Le troisième Commandement dit: « Souviens-toi du jour du repos pour le sanctifier. Pendant six jours tu travailleras, et tu feras tout ton ouvrage.
Mais le septième jour est le jour du repos de YHWH, ton Dieu….Car en six jours l’Éternel a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent, et il s’est reposé le septième jour: c’est pourquoi l’Éternel a béni le jour du repos et l’a sanctifié. »
Il semble bien que les « jours » de ce texte soient des jours ordinaires.
Pourquoi alors y aurait-il une différence de sens entre les jours du 3ème Commandement et les jours de la Genèse ? Une sérieuse erreur d’interprétation a conduit à croire que tant la Genèse que le texte de l’Exode voulaient enseigner que Dieu a créé le ciel, la terre et tout ce qu’ils contiennent, homme compris, en six « jours » de quelque durée. À cause de cette fausse supposition, certains rejettent les « jours », quelle que soit leur longueur, d’autres nient le sens littéral des six jours ou celui du septième, d’autres transforment ces jours en millions d’années. Mais tous interprètent les six jours de travail des israélites et le jour du sabbat comme des jours ordinaires. Wiseman propose que chaque fois que les jours sont mentionnés dans l’un et l’autre texte ils soient pris au sens littéral de jours ordinaires.
À cause de la supposition inexacte que ce que Dieu fit en ces six jours fut de créer le monde, la vie et l’homme, plusieurs interprétations ont été adoptées pour essayer d’harmoniser le récit de la Genèse et le 3ème Commandement avec les idées scientifiques sur l’origine du ciel et de la terre. La plus célèbre de ces interprétations assimile les « jours » à des durées géologiques de millions d’années permettant ainsi de concilier le texte de la Genèse avec la très longue durée nécessaire à la théorie de l’évolution. Le principal défaut de cette exégèse est de rendre inexplicable l’affirmation du texte répétée six fois: « et il y eut un soir, et il y eut un matin. »
D’une façon générale, toute exégèse de ces textes doit s’accorder avec:
- toutes les affirmations du récit de la Genèse
- toutes les affirmations du 3ème commandement
- tous les faits (pas forcément les théories!) scientifiques.
En réalité, aucune explication avancée jusqu’ici ne répond de façon satisfaisante à tous ces tests. Aucune ne nous dit clairement et raisonnablement ce que Dieu fit pendant ces six jours et ce qu’Il cessa de faire le septième jour. Pour trouver la réponse, commençons par examiner attentivement ce que dit l’Exode à propos du 3ème Commandement. L’importance du septième jour apparaît très tôt dans la Bible: Gn 7, 4 « Car, encore sept jours et je ferai pleuvoir sur la terre…« ; Gn 8, 10 « Il attendit encore sept autres jours, et il lâcha de nouveau la colombe… » Dans Exode 16 à propos de la manne, il est dit au verset 26: »Vous en recueillerez pendant six jours; mais le septième jour, qui est le sabbat, il n’y en aura point. » Nous verrons plus loin pourquoi le septième jour ne pouvait pas être le lendemain de la création du premier homme car plusieurs évènements importants ont eu lieu entre la création d’Adam et celle d’Ève. Mais à l’époque de l’Exode, le septième jour devait avoir perdu beaucoup de son sens car, sur le mont Sinaï, Dieu dit « Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier. » Et des directives précises sont données sur la manière de l’observer.
Les traductions courantes du verset 11 de Ex 20 disent: « Car, pendant[ou en]six jours l’Éternel a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent, et il s’est reposé le septième jour: c’est pourquoi l’Éternel a béni le jour du repos et l’a sanctifié. »
Le mot hébreu traduit par « reposé », comme le même mot de Gn 2, 3, signifie simplement « cesser, s’arrêter de (faire quelque chose) ». Il n’implique pas nécessairement l’idée de relaxation pour laquelle existe un autre mot très différent en hébreu. Mais c’est surtout le mot « fait » qui doit être examiné de très près car la signification entière du texte dépend de la bonne compréhension de ce mot. Il traduit l’hébreu ‘asah, verbe très commun que l’on rencontre plus de 2500 fois dans l’Ancien Testament.
La plupart du temps il est traduit par « fait ou fit » sans exprimer quoi que ce soit sur ce que fait ou fit la personne, ni sur ce qui est fait. C’est une extension abusive du sens d’en faire l’équivalent du mot « créer » qu’il n’implique nullement. Il signifie simplement que Dieu « fit » quelque chose qui ne peut être découvert que par l’analyse du contexte. En tout cas il est très clair que le 3ème Commandement n’utilise pas le mot bara dont le sens indiscuté est « créer. » Or le contexte est très éclairant: verset 9: Pendant six jours tu travailleras et tu feras (‘asah) tout ton ouvrage
verset 10: tu ne feras (‘asah) aucun ouvrage
verset 11: Car, en six jours l’Éternel a fait [au sens de « créé »] (‘asah) le ciel et la terre…
Le texte anglais de ce passage est plus explicite en opposant « do » des versets 9 et 10 à « made » dans le verset 11. Mais même en français le changement de sens est perceptible entre les v. 9 et 10 d’une part, où l’idée de création est absente, et le v.11 où celle-ci est présente. Si la traduction du verset 11 avait conservé le sens vague de « faire » des versets 9 et 10, on aurait cherché à comprendre ce que Dieu « fit » pendant ces six jours et pourquoi Il se reposa le septième. Au lieu de quoi il a été incorrectement affirmé que pendant ces six jours Il avait créé le monde. La traduction de ‘asah dans d’autres passages de la Bible pourrait nous aider à formuler une autre traduction du texte examiné:
Gn.18,8: …le veau qu’on avait apprêté
Il est évident que ‘asah ne veut pas donner à croire qu’Abraham a créé le
veau
20,9…tu as fait avec moi[ou à mon égard] des choses qui ne se font pas 20,10 À quoi as-tu pensé en agissant de la sorte ? ou: qu’avais-tu en vue pour faire cette chose là ? (Osty)
21,23 …la même bienveillance dont j’ai usé envers toi ou la même fidélité que j’ai témoignée envers toi
27,17 …le bon plat et le pain qu’elle avait préparés
Ex.19, 4 Vous avez vu ce que j’ai fait à l’Égypte
23,22 …si tu écoutes ma voix et si tu fais tout ce que je dirai
Dans d’autres passages de la Genèse, ‘asah se traduit plus volontiers par « montrer, témoigner »:
19,19 …Vous avez fait (=montré) un grand acte de bonté à mon égard ou c’est une grande faveur que tu as témoignée envers moi (Osty)
24,14 …je connaîtrai que vous avez usé (=montré) de bonté envers mon maître
32,11 …Je suis trop petit pour toutes les grâces et pour toute la fidélité dont vous avez usé (=que vous avez montré) envers votre serviteur. Juges 6,17 …donnez-moi (=montrez-moi) un signe que c’est vous qui me parlez ou tu me feras voir par un signe que c’est toi qui me parles (Osty)
Si le 3ème Commandement était traduit selon ces exemples, on lirait: » Car en six jours YHWH a montré le ciel et la terre et tout ce qu’ils contiennent et il s’est reposé le septième jour. » Les israélites comprenaient certainement le 3ème Commandement ainsi: puisque que Dieu fit quelque chose pendant six jours et cessa le septième, eux aussi devaient travailler pendant six jours et se reposer le septième jour. Il n’existe pas la moindre indication ou impression que le Créateur du ciel et de la terre ait eu besoin d’un jour de repos après six jours de travail, ou que le Commandement se rapportait à six longues périodes géologiques, ni que le jour de repos du Créateur était également une longue période géologique. Ni ici ni ailleurs, rien ne pouvait les inciter à croire que la création s’était accomplie comme dans un flash, ou qu’elle avait pris un temps donné. Ils acceptaient le sens obvie selon lequel Dieu fit quelque chose pendant six jours ordinaires et s’arrêta le septième jour. Lu dans le sens des autres passages de la Bible, le mot ‘asah ne leur suggérait pas le sens de création en six jours, mais de quelque chose accomplie en six jours. On pourrait aussi, peut-être, supposer que le rédacteur d’Ex 20,11 savait parfaitement qu’en disant que l’Éternel avait fait (‘asah) « le ciel, la terre… », ses lecteurs penseraient spontanément au livre (aux tablettes) de ce titre dans lequel Dieu révélait sa création.
Quoi qu’il en soit, si Dieu n’était pas en train de créer le monde au cours de ces six jours, que faisait-Il ? Le récit de la Genèse va nous donner la réponse.
Vers la solution
Dans la première page de la Bible il est déclaré que chacun des six jours est séparé par « un soir et un matin. » Par conséquent toute interprétation qui ferait de ces jours autre chose que des jours ordinaires de 24 heures semble impossible et doit être écartée. Pour le lecteur moderne comme pour celui d’autrefois, ces jours avec leur matin et leur soir, désignent six jours de durée ordinaire. Alors se pose une double question: 1: Que fit Dieu pendant ces six jours? et 2: Pourquoi cessa-t-Il le septième jour ?
Les réponses données à ces questions jusqu’ici ne sont pas très convaincantes. Ceci est d’autant plus surprenant qu’il est possible de donner à la seconde question une réponse entièrement satisfaisante parce que Notre Seigneur Lui-même a répondu. Il a, en effet, déclaré « le sabbat a été fait pour l’homme. » (Mc 2,27) En tant que « maître du sabbat » (v.28) Il en connaissait l’origine et la finalité. Et l’origine se situe au commencement de l’humanité, et non pas au temps de Moïse sur le Sinaï, où il ne s’agissait que d’un rappel. Il est donc clair que le septième jour fut initialement institué par Dieu afin que l’homme puisse se reposer pendant un jour et non pas pour que Dieu se repose. Le Créateur n’avait nul besoin d’un repos; son institution, dit le Seigneur, était au profit de l’homme, non à celui de Dieu. Cela ressort clairement du 3ème Commandement: c’était un jour de repos après six jours de travail; il s’appliquait même au bétail. La preuve qu’il ne s’expliquait que par le bien-être de l’homme, c’est qu’il pouvait être enfreint en cas de nécessité.
Tous les commentateurs ont ressenti la difficulté d’un septième jour institué par Dieu pour Son propre repos. L' »explication » la plus usuelle est que Dieu ne se repose pas vraiment depuis ce 7ème jour, mais qu’Il a cessé toute création depuis lors. Cette idée est-elle bien conforme à l’Écriture ainsi qu’à la science ? Si l’on se souvenait de la parole du Seigneur Lui-même, on ne s’engagerait pas dans l’impasse d’un 7ème jour institué par Dieu parce qu’Il en aurait eu besoin ! L’Écriture ne déclaretelle pas:
Ne le sais-tu pas, ne l’as-tu pas appris ?
C’est le Dieu d’éternité, l’Éternel,
Qui a créé les extrémités de la terre,
Il ne se fatigue ni ne se lasse point! (Is 40,28)
Alors la réponse à notre seconde question : pourquoi Dieu cessat-Il le septième jour ? est très simple. Il cessa pour que l‘homme puisse se reposer. Et cette réponse va nous aider à répondre à la première question: que fit Dieu au cours de ces six jours ? Puisque le septième jour fut incontestablement institué pour le bénéfice de l’homme, il est raisonnable de penser que ce qui fut fait pendant les six jours précédents concernait aussi l’homme. Mais alors, si l’homme était concerné, Dieu, au cours de ces six jours n’était pas en train de créer le monde et toute vie, parce que l’homme n’était pas au monde quand toutes ces choses furent créées. Heureusement il n’est pas besoin d’avoir recours à des hypothèses « raisonnables », car il est expressément dit que chacun des six jours fut séparé par « un soir et un matin. »
Les soirs et les matins
Pourquoi ces six « soirs et matins » ? Au bénéfice de qui furent-ils établis ? Il semble qu’aucun commentateur n’ait songé à se poser la question. Des difficultés sans fin ont été créées en supposant que Dieu tout-puissant, le Créateur, cessait son travail de création le soir pour le reprendre le lendemain matin au lever du jour.
Manifestement cette période entre le soir et le matin était une période de repos, mais de repos pour qui ? Si le 7ème jour fut institué pour le bien de l’homme, devons-nous supposer que les six périodes de repos nocturne furent instituées pour le besoin de repos de Dieu ? Lui qui n’avait pas besoin d’un repos du 7ème jour, avait-il besoin d’un repos nocturne ? De simplement poser la question en montre le ridicule. Mais puisque le 7ème jour fut institué pour l’homme, il est évident que durant les six jours précédents Dieu doit avoir fait quelque chose qui occupait l’attention de l’homme et que si Dieu s’arrêtait le soir c’était pour le bien de l’homme. Comment peut-on avoir eu l’idée que ce récit de la création voulait enseigner que, au coucher du soleil, Dieu tout-puissant cessait de créer pour reprendre son travail à l’aube suivante ? Les soirs et les matins concernent les habitants de la Terre. Dieu n’est pas limité par les périodes d’obscurité sur une moitié de la terre, mais l’homme, si! De Dieu, le Psaume 139, 12 dit: Les ténèbres mêmes n’ont pas pour toi d’obscurité; pour toi la nuit brille comme le jour, et les ténèbres comme la lumière. Mais de l’homme, le Psaume 104, 23 dit: le soleil se lève….l’homme sort alors pour sa tâche et pour son travail jusqu’au soir. Il aurait dû être évident, par la simple mention d’un soir et d’un matin pendant ces six jours et par la cessation du 7ème jour, que Dieu faisait quelque chose avec l’homme pendant chacun de ces six jours. Il est donc clair qu’Il n’était pas en train de créer le ciel et la terre.
Lorsqu’Il créa la lumière à partir des ténèbres, lorsqu’Il fit le firmament, lorsqu’Il fit reculer les eaux pour faire apparaître la terre, l’homme n’était pas là pour en connaître quoi que ce soit, les soirs et les matins étaient inconnus et l’homme n’était pas encore créé. Les activités durant les jours de ce premier chapitre de la Genèse ne peuvent donc pas concerner la période occupée par Dieu à la création du monde. Les six périodes de repos nocturne, de même que le repos du 7ème jour furent introduits après la création de l’homme.
Par conséquent, la première page de la Bible doit se référer à six jours au cours desquels Dieu fit quelque chose en rapport avec la création après que l’homme fut sur la terre.
Résumons: nous savons ce que Dieu n’a pas fait pendant ces six jours; Il ne créait pas le ciel et la terre; le récit n’enseigne certainement pas cela; mais positivement nous savons que Dieu fit quelque chose après la création de l’homme et qui concernait l’homme. Que fit donc Dieu en présence de l’homme pendant six jours ?
Que fit Dieu pendant les six jours ?
Le récit donne une réponse très simple: Dieu parlait de sa création. Chacun de ces six jours commence par Dieu dit et dans le verset 28 on constate qu’Il parlait à Adam et Ève: « Et Dieu les bénit et il leur dit… » Il s’agit donc d’un récit de ce que Dieu dit des choses qu’Il avait faites. En d’autres termes, il s’agit de sa révélation aux hommes des actes de création qu’Il avait déjà accomplis. Ce chapitre de la Genèse est un récit des six jours utilisés par Dieu pour révéler à l’homme l’histoire de la création. Ce texte nous raconte ce que Dieu dit au premier jour à propos de la séparation entre la lumière et les ténèbres, puis vint le soir et le matin, le soir d’abord comme il sied. Le second jour, Dieu dit comment Il fit l’atmosphère et la séparation des eaux, et ainsi de suite pour chaque jour. Il s’agit d’un récit de ce que Dieu dit, décrivant ce qu’Il avait déjà fait; et il n’y a aucune suggestion que ces six jours décrivent les actes de Dieu en train de créer le monde.
Il va de soi que le texte de la Genèse ne nous donne que le titre du sujet traité par Dieu chaque jour. Au cours d’une journée entière, Dieu donnait à ses auditeurs de nombreux détails que la Genèse ne rapporte pas, mais qui faisaient partie de la révélation primitive que Dieu voulait transmettre à l’humanité, comptant déjà sur la Tradition pour compléter le texte écrit. Adam savait donc sur la création beaucoup plus de choses que n’en connaissent aujourd’hui les savants.
Loin d’être un quasi-animal stupide, le premier homme, créé à l’image de Dieu, était doué d’une intelligence supérieure et il connaissait sans erreur possible les secrets de la création.
Il faut noter un autre fait significatif. En parlant de sa création, Dieu donnait un nom aux choses dont Il parlait. Le premier jour Il appela la lumière jour, et les ténèbres nuit. Le deuxième jour Il appela le firmament ciel. Et ainsi de suite. Pourquoi Dieu donna-t-Il un nom à ces choses ? Il n’en avait certainement pas besoin, mais c’était nécessaire pour l’homme à qui Il s’adressait. L’idée que Dieu ait donné un nom aux choses avant la création de l’homme a plongé dans la perplexité tous les commentateurs. Mais le problème disparaît lorsqu’on comprend que les noms furent donnés au profit de l’homme. Ainsi, durant chacun des six jours, Dieu révèle à l’homme quelque chose de nouveau sur sa création en lui donnant le nom de ces choses. Au terme des six jours, ayant terminé sa révélation, Dieu institua le septième jour pour le repos de l’homme.
Une question se pose alors tout naturellement: quand et à qui la révélation de la création fut-elle faite ?
(Suite et fin dans le prochain numéro)
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Souvenirs concernant la conversion d’Émile Littré P. Raphaël Morey d’Allytis
Présentation : Le Docteur Émile Littré (1801-1881) est surtout connu pour son irremplaçable Dictionnaire de la langue française. On sait moins qu’il avait hérité de son père de tenaces préjugés anticléricaux, au point de déclarer d’avance que, s’il changeait d’avis sur son lit de mort, il faudrait y voir les atteintes de la sénilité! Mais cet homme droit et ce médecin généreux avait pour ami et conseiller (en matière de langue grecque) l’Abbé Huvelin, célèbre pour avoir guidé la conversion de Charles de Foucault. C’est ainsi, et à la prière discrète et patiente de sa femme et de sa fille, qu’il acheva une vie de labeur intellectuel par un retour à la foi de son baptême!
Émile Littré, ami d’Auguste Comte, lexicographe prestigieux, mais aussi médecin, spécialiste du cœur, auteur justement de l’article « cœur » dans le Dictionnaire de médecine, et même – ce qui est encore moins connu – ami de l’abbé Henri Huvelin…Un personnage quand même bien étonnant. Non moins surprenante cette amitié qui unissait Littré à Huvelin. L’abbé était connu pour son immense culture et sa piété. Son discernement surnaturel se révéla déterminant vers la même époque, dans la conversion et le chemin de sainteté que suivit Charles de Foucauld, une âme d’élite sans aucun doute, d’une étoffe exceptionnelle, oui, mais de laquelle Huvelin fut le tailleur doué d’une compétence non moins exceptionnelle.
Si Littré put mener à bien en moins de quinze ans l’œuvre prodigieuse de son Dictionnaire -qui fait encore autorité cent trente ans après ! – ce fut en particulier grâce au travail de fourmi de plusieurs collaborateurs dont il sut s’entourer, mais également grâce à ses remarquables connaissances linguistiques. Helléniste éminent, il avait pourtant trouvé son maître en la personne de … l’abbé Huvelin qu’il avait l’habitude de consulter sur les difficultés les plus épineuses.
Littré nous apparaît comme un savant infiniment minutieux, un travailleur hors du commun, un homme extraordinairement cultivé, mais aussi généreux, comme on le verra tout à l’heure.
Une chose, hélas, lui manquait : la Foi. Encore jeune (dans les années 1830 !), il avait précisé dans des dispositions testamentaires que, si d’aventure en son grand âge il demandait les secours de la Religion, ce ne serait rien d’autre qu’un effet de la faiblesse d’esprit d’un vieillard. Ce qui exprime bien l’hostilité à la Religion qui fut celle du positivisme.
Sans en être un disciple, au sens strict, Littré fut justement au nombre des amis d’Auguste Comte qui, lui, finit curieusement sa vie comme « pontife de la religion du progrès », victime d’un grave dérangement mental, en dépit de sa brillante intelligence et de ses capacités : ainsi, il pouvait écrire sans rature et en quelques semaines, un ouvrage de 800 pages ; il en perdait pratiquement le boire et le manger, et même le sommeil ! Une sorte d’inspiration s’emparait de lui, et il écrivait, écrivait encore… Devant des cas aussi éloquents d’intelligences tout à fait exceptionnelles, on pense à cette merveilleuse et libératrice formule de sainte Catherine de Sienne : « La Foi est la lumière de la raison ». À ces hommes de génie, il n’avait manqué que l’Essentiel : la Foi de l’Église, et ils marchèrent dans l’obscurité en dépit de leur culture, de leur science, de leur érudition.
Littré garda toujours sa formidable vigueur intellectuelle, mais les trois dernières années de sa vie furent des années d’épreuves, car il fut cloué sur son fauteuil par une goutte qui le fit énormément souffrir.
L’abbé, quant à lui, rendait visite discrètement à son ami malade ; il avait même obtenu de son archevêque l’autorisation de porter l’habit civil, pour rencontrer le célèbre savant dont l’entourage était fort anticlérical. Par contre, sa femme et sa fille étaient très religieuses et ne désespéraient pas de le voir revenir à la foi de son baptême. C’était également l’opinion des Sœurs auxquelles ces dames avaient pris l’habitude de rendre visite quand la famille s’accordait quelques jours de repos à la campagne. Au lieu de se reposer, le docteur Littré partait visiter les malades les plus démunis, les soignant gratuitement. Cette bonté laissait bien augurer de son salut, disaient-elles.
C’est ainsi qu’un jour, environ un mois avant sa mort, Littré enfin se résolut à poser la seule question qui reste encore, quand on croit avoir répondu à toutes les autres. Et serrant la main du prêtre, « Monsieur l’abbé, demanda-t-il, croyezŔvous vraiment à l’Evangile du Dieu que vous servez ? Ŕ Oui j’y crois, absolument, répondit Huvelin. Ŕ Alors, moi aussi, credo! » C’est ainsi que furent transmises comme d’âme à âme, par la fervente charité du prêtre, la Foi et la Vérité que l’honnête savant cherchait malgré ses farouches préjugés scientistes. Ses dernières semaines se passèrent dans la ferveur, ne cessant de répéter : « ce qui m’a le plus manqué, c’est la tendresse ». Quelle magnifique leçon pour nous tous ! Le Gardien qui veille sur les âmes, le Pasteur qui les conduit, le Dieu qui les appelle, dans son infinie Bonté, suscite en elles la générosité, un amour même fragile et mélangé de nombreuses scories, pour leur accorder le Salut. Et Il suscite à toutes les époques des âmes généreuses et sacrifiées qui vont avec Lui porter le fardeau des âmes. Voilà le dernier de nos emplois, et le plus nécessaire, je crois : être des cyrénéens, convaincus que dans la Création rien n’est plus important. Notre combat de civilisation ne consiste-t-il pas à transmettre la vision du monde issue des lumières de la Foi ? En tout cas, au CEP, c’est notre effort permanent.
Émile Littré (1801-1881). On pensera encore à sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, priant pour un criminel du nom de Pranzini qui va être guillotiné. Et à sainte Catherine de Sienne, Docteur de l’Église (1347-1380), auteur du célèbre Dialogue.
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DIVERS Divisch ou Franklin? par Norbert Tournoux
Notre ami Norbert Tournoux, qui nous avait déjà donné une édifiante biographie de Vierges Comtoises, vient d’autoéditer un petit opuscule pour rétablir la vérité sur l’invention du paratonnerre. Il montre que le véritable inventeur n’est pas Benjamin Franklin, mais un chanoine norbertin, né en Bohême en 1696, Procope Divisch. On y apprend au passage nombre de faits curieux sur les débuts de l’électricité, le tout rédigé dans un style alerte et gracieux qui ajoute beaucoup de charme à cette lecture. En addenda, dix satires en vers sur des personnages dont le nom est attaché aux Lumières.
(A commander chez l’auteur-éditeur: N. Tournoux, 16 grande rue,
25 190 Chamesol, 13€ franco).
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Journée du CEP à Paris (Montmartre)
Le samedi 14 février 2009 sur le thème:
Les savants face à la foi
(programme et feuille d’inscription auprès du Secrétariat) |
REGARD SUR LA CRÉATION
« Car, depuis la création du monde, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’œil nu quand on Le considère dans ses ouvrages. » (Romains 1, 20)
Ô France, Tête hexagonale ! Jean-Marie Mathieu
Présentation : La figure hexagonale que traçait jadis sa main malhabile sur une feuille d’écolier, sous la férule d’une Sœur lorraine, peut ressurgir un jour à la mémoire de l’homme fait. C’est alors un regard chargé de culture qui discerne, sous l’harmonie géométrique, le formidable atout des fleuves unifiant pour l’Histoire la vie des peuples parvenus en Gaule au terme de leur migration. Strabon l’avait déjà entrevu, il y a 2000 ans, y discernant un dessein providentiel. Qui plus est, aux cinq fleuves répondent les cinq sens, témoignant de la complétude d’une mission divine à laquelle la France peut encore se réveiller et s’atteler un jour.
C’est en classe de huitième, à l’Institution Notre-Dame de Valence, que j’ai appris pour la première fois à dessiner la carte de note chère patrie, la France. L’institutrice, une Sœur lorraine pas toujours commode, tenait lieu de professeur de géographie. Sous sa férule, il fallait d’abord prendre son cahier d’écolier enfoui quelque part dans le cartable, le poser sur le pupitre devant soi, l’ouvrir à une page blanche, s’armer d’une règle dans la main gauche et d’un crayon à papier dans la main droite, puis attendre en silence la suite des opérations : tout était alors prêt pour la grande leçon.
Premier travail : tracer au crayon un carré qui devait tenir toute la page, puis le diviser soigneusement en quatre fois quatre = seize petits carrés tous égaux. Une nouvelle opération, plus compliquée cette fois – et tous les sages garnements de tirer la langue avec application – consistait à pointer la mine de plomb sur le centre de la figure géométrique obtenue (centre probablement situé ‘pour de vrai’ vers Neuvy-Saint-Sépulchre[36] au cœur du Berry), à reporter ensuite la longueur de deux petits carrés dans quatre directions diagonales opposées, puis à tracer un hexagone en reliant les sommets de la figure. Restait enfin à crayonner les quinze et vingt contours terraqués de notre pays, lesquels, ô miracle ! venaient s’inscrire tant bien que mal dans le polygone aux six côtés.
Heureusement, la Sœur nous en dessinait le modèle, traits
vifs à la craie bleue, blanche et rouge sur tableau noir. Avec un
peu d’imagination, on pouvait alors voir naître, sous l’ouvrage de nos doigts malhabiles, la Tête hexagonale de la France. Amusements sur les bancs : « Hé, t’as vu ce pif ! » etc. Vite calmés par la Sœur lorraine qui avait conscience de nous avoir ‘révélé’ là un savoir hautement sacré…
À cette époque j’ignorais, bien sûr, l’œuvre et jusqu’au nom de Strabon (57 av. J-C – 24 ap. J-C), ce géographe grec qui s’enthousiasma devant la ‘carte’ du pays de nos ancêtres :
« Il y a, écrivait-il, une correspondance en quelque sorte symétrique qui existe entre les différents fleuves de la Gaule et par suite entre les deux mers Intérieure [mer Méditerranée] et Extérieure [océan Atlantique ]. On trouve en effet, pour peu qu’on y réfléchisse, que cette circonstance constitue le principal élément de prospérité du pays, en ce qu’elle facilite entre les différents peuples qui l’habitent l’échange des denrées et des autres produits nécessaires à la vie et qu’elle établit entre eux une communauté d’intérêts d’autant plus profitables qu’aujourd’hui, libres de toute guerre, ces peuples s’appliquent avec plus de soin à l’agriculture et se façonnent davantage au genre de vie des nations civilisées. On serait même tenté de croire ici à une action directe de la Providence[37], en voyant les lieux disposés non pas au hasard,
mais d’après un plan en quelque sorte raisonné. »[38] Il ne croyait pas si bien… croire ! Passèrent les décennies.
Quand subitement, cet émouvant dessin d’écolier ressurgit dans ma mémoire, mais enrichi cette fois par un regard nouveau, naïf, original.
A-t-on assez remarqué, en effet, que notre magnifique patrie charnelle, tel un Chef à la proue des nations, est sillonnée par quatre fleuves et effleurée par un cinquième, cinq fleuves donc au total, symbolisant nos cinq sens ?
- Vue, avec la Seine traversant Paris, capitale depuis Clovis, la ville lumière chantournée en forme d’œil ovale gauche avec Notre-Dame en la l’île de la Cité pour pupille.
- Odorat, avec la Loire se prélassant, sous le nez de la
Bretagne pointé vers l’Ouest, en ce val de Loire inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, en cette vallée des rois, ce jardin de la France ‘à la française’ émaillé de fleurs de lys aux mille senteurs.
- Goût, avec la Garonne bordée de ces fameux cépages plantés par les guerriers celtes devenus vignerons astucieux. Depuis, que de vins aux noms prestigieux, élevés en tonneaux de chêne, qui ont fait tourner bien des têtes! J’en ai déjà l’eau à la bouche !
- Ouïe, avec le Rhône passant à Lyon, capitale des trois Gaules, siège de la primatiale Saint-Jean, cité qui vit la naissance du catholicisme dans notre pays grâce à des missionnaires venus de Rome. Comme l’écrit saint Paul « Fides ex auditu », « la foi naît de la prédication, de l’écoute, de l’ouï-dire. »[39] Nombre d’icônes byzantines représentent la silhouette de Marie à la Nativité, en forme d’oreille, signe de sa toute obéissance féconde à la Parole de Dieu.
- Toucher, enfin, avec le Rhin, seul fleuve servant de frontière rive à rive entre la France et un autre pays européen, en l’occurrence l’Allemagne.
L’imposition des mains, organe majeur du toucher, se fait sur le sommet du crâne, lors d’une ordination par exemple.
Réécoutons un peu pour voir la forte expression employée par Jean-Paul II lors de son passage au Bourget, le 1er juin 1980: « France, Fille aînée de l’Église et éducatrice des peuples… »
La mission de chacune de nos patries est ce que Dieu Trinité pense d’elle dans l’éternité.
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Une date à retenir: Les 3 et 4 octobre 2009 Ce sera, à Nevers, le colloque annuel du CEP, sur le thème: Comment surmonter le Darwinisme? 2009 se trouve être à la fois: -le bicentenaire du transformisme, avec en 1809 la publication de la Philosophie zoologique de Lamarck, et aussi la naissance de Darwin;
Et quand un grave anglais, correct, bien mis, beau linge, Me dit: – Dieu t’a fait homme et moi je te fais singe; Rends-toi digne à présent d’une telle faveur! Ŕ Cette promotion me laisse un peu rêveur. Il importe donc d’évoquer à notre manière cet anniversaire, non en ressassant nos critiques d’une théorie qui ne survit que par son utilité idéologique (avec un gigantesque budget publicitaire sur fonds public. Or, faut-il un budget publicitaire pour le théorème d’Archimède?), mais en montrant une issue et en traçant un avenir débarrassé de ce mythe néfaste. Renseignements et inscriptions avec Le Cep de juillet.
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Cela s’est fait tout seul Abbé Pierre Lefèvre
Résumé : A la question: – Qui donc a fait les étoiles?, l’astronome incroyant croit pouvoir répondre: – Personne! Mais quand il tombe sur un « mobile » ingénieux représentant le système solaire, suspendu au plafond d’un salon, va-t-il oser répondre: – Ça s’est fait tout seul! ?
Un professeur américain raconte l’histoire suivante : « Je suis biologiste, Je me penche tous les jours sur les merveilles de la vie, des plantes jusqu’à l’homme, en passant par les animaux. Je m’étonne régulièrement des mystères de la création.
J’ai un ami qui est astronome. Il passe de nombreuses nuits derrière son télescope. Il étudie les milliards d’étoiles et de planètes.Une nuit, il m’emmena dans son observatoire. Il me montra une petite tache claire dans le ciel puis il me dit de la regarder à travers son télescope géant. L’image était époustouflante. La tache blanche apparaissait comme une multitude d’étoiles, petites et grandes, en forme de spirale gigantesque ».
L’astronome me dit : « c’est une galaxie avec environ cent milliards de systèmes solaires ». Je me sentis tout petit. J’étais subjugué par l’immensité de la création : « Mais qui a donc créé toutes ces étoiles ? Qui a fait tout cela ? », ne pus-je m’empêcher de demander à mon ami. « Personne ! répondit-il, cela s’est fait tout seul ».
Mon ami, en effet, est athée. Il ne croit pas à l’existence d’un Dieu créateur.
Peu de temps après, le l’invitai à dîner. Un mobile pend au plafond de notre salon : le soleil et toutes les planètes. Mon ami fut confondu d’admiration : « Quelle réussite ! dit-il. Chaque planète suit exactement sa trajectoire autour du soleil. C’est magnifique. Qui a fait cela ? »
Je le regardai en souriant et répondis : « Personne : Cela
s’est fait tout seul ».
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COURRIER DES LECTEURS
De Monsieur D.F. (Berlin)
Comme professionnellement je parcours régulièrement des publications scientifiques qui prêchent toutes le credo évolutionniste, je tombe à l’occasion sur des articles où des auteurs parmi les plus convaincus ne peuvent manquer de relever les faiblesses du dogme. L’intérêt est souvent de voir comment, très scientifiquement, le doute est utilisé pour stimuler l’étude, ce qui est bien, mais, curieusement, aussi pour essayer d’en faire un argument en faveur du dogme.
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De Monsieur J.-F. M. (Paris)
En vous lisant, j’ai été surpris de constater l’importance de l’influence que le matérialisme scientiste avait exercé sur la théologie, tant catholique que protestante. Cette lecture tombe à point pour moi qui cherche actuellement à comprendre comment une idéologie peu répandue de la fin du XVIIIème – le libéralisme – a pu engendrer une véritable doxologie en moins d’un siècle. En particulier, j’ai toujours été surpris par la facilité avec laquelle certains arguments matérialistes ont été acceptés par des savants chrétiens malgré l’illogisme qu’ils présentent (quand ce n’est pas franchement de l’irrationalité). Il me semble aujourd’hui, après vous avoir lu, que le syncrétisme qui s’est opéré entre anticléricalisme, matérialisme, évolutionnisme spencérien et sélection darwinienne, n’a pu que profiter de l’exégèse et de son évolution telle que vous la décrivez.
Si les églises ont elles-mêmes accepté, voir favorisé, un regard des plus critiques sur la Bible, comment les scientifiques croyants auraient-ils pu s’opposer aux interprétations scientistes (surtout si l’on se rappelle que cela impose de prendre le risque d’affronter la puissance médiatique et politique des partisans du matérialisme). Si ses « défenseurs » l’abandonnent, comment la Foi des humbles pourrait-elle résister aux assauts de la coalition adverse, comment celle des élites pourrait-elles se transmettre en dehors du bouche-à-oreille ?
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De Monsieur J.D. (Vendée)
(…) Merci pour votre très intéressante publication qui est un précieux soutien, dans son domaine, pour aider à garder l’esprit droit face aux puissances ambiantes.
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La pomme
Carl Christaki
Celui qui refuse la pomme
Pour origine à tous nos maux,
Bien souvent prend le grand Boum, comme Un accident des plus normaux.
C’est de lui que proviendrait l’homme,
Léviathan et Béhémot, Le bien, le mal, la mort en somme, Il est Dieu, l’autre n’est qu’un mot.
Or la pomme est un symbole Qu’il faut apprendre à déchiffrer Pour voir où l’on s’est engouffré.
Même esprit pour la parabole.
Qui eut-il à grand Boum moins un?
Ne fallut-il pas que quelqu’un…
Comme l’on dit, fut au parfum!
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John Ray, L’Existence et la Sagesse de Dieu manifestée dans les Œuvres de la Création (1691), trad. J. Bradelet, Utrecht, 1723, pp. 277-278.
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Ibid., p. 55-56. ↑
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Diderot, Le Rêve de D’Alembert (1769), rééd., Paris, Marcel Didier, 1951, p. 25.
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G. Sermonti, R. Fondi, Dopo Darwin, Milan, Rusconi, 1980, Épilogue, trad. inédite par Henri Chirat. ↑
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The Wisdom of Ancient Cosmology, Foundation for Traditional Studies, 2003, Chap. VII: The Pitfall of Astrophysical Cosmology, aimablement traduit par Claude Éon. ↑
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Comme nous allons le voir, cependant, il est également significatif que le pape Jean-Paul II, dans un autre discours à l’Académie Pontificale, prononcé en 1988, mit en garde contre « l’utilisation non critique et hâtive, à des fins apologétiques, de théories récentes comme celle du big bang. » ↑
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Henry Denzinger, The Sources of catholic Dogma, London, Herder, 1957, n° 2121-2128. On doit noter que le pape saint Pie X dans son Motu proprio de 1907, « Prestantia Scripturæ » a déclaré que la décision de la Commission Biblique obligeait. Cf. Denzinger n° 2113.
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Sur la question du teilhardisme, je renvoie à mon étude Teilhardism and the New Religion, TAN Books, 1988.
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« Eddington and the Primacy of the Corporeal », in Sophia, Vol.6, N° 2, 2000, pp. 5-38.
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« Sophia Perennis and Modern Science » in The Philosophy of Seyyed Hossein Nasr, The Library of Living Philosophers, Vol. XXVIII, 2001, pp.469-485. ↑
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Je pourrais noter que Jacques Maritain a dit la même chose lorsqu’il caractérisa la physique moderne comme étant « périnoétique. »
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NdT. Whitehead veut dire que l’acte de connaissance ne peut pas être expliqué en le réduisant à quelque autre processus naturel. ↑
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J’ai traité cette question dans Eddington and the Primacy of the Corporeal, op.cit. , pp. 24-27. ↑
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Un lion, par exemple, selon la croyance ancienne, non seulement symbolise le soleil à cause de sa crinière, mais est en fait un animal « solaire. » Mais évidemment c’est là quelque chose que l’homme moderne a cessé de comprendre: son ontologie diminuée n’admet pas de telles connexions. Pour cela il faut une ontologie ouverte à ce que l’on peut proprement appeler « le mystère de l’essence. » [Ndlr: Ou alors il faut avoir vécu en brousse…]
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Comme Arthur Zajonc, une autorité en physique quantique, l’a magnifiquement dit de la lumière comme telle: « Je ne puis la décrire, mon imagination peut seulement toucher son ourlet, mais je sais que dans son cœur semble vivre une « lumière première » originale dans laquelle habite la sagesse, une sagesse chauffée par l’amour et activée par la vie » (Catching the Light, Oxford U.P., 1995, p. 325). Je trouve vraiment remarquable qu’un physicien contemporain témoigne de l’éternelle métaphysique de la lumière, et en termes aussi éloquents. Tel le point brillant de l’icône dans le champ obscur, Zajonc compense, pour ainsi dire, la presque universelle nescience de ses pairs scientifiques.
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The Quantum Enigma (Peru,IL: Sherwood Sugden, 1995). ↑
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NdT. Mais ils devraient pouvoir l’être, en vertu du principe que l’homme constitue un microcosme ou « univers en miniature » récapitulant d’une certaine manière l’ordre du cosmos lui-même. Ainsi les strates les plus élevées du cosmos ne peuvent être connues ou atteintes que par la réalisation des états correspondants de l’homme même, dans ce que l’on peut appeler un itinerarium mentis in Deum, un « voyage en Dieu » pour utiliser la phrase expressive de saint Bonaventure. ↑
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Extrait des Souvenirs entomologiques, Paris, rééd. Robert Laffont, coll. Bouquins, 1989, t.I, pp.684-688. ↑
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Naturaliste et écrivain français (1823-1915), cofondateur, avec Réaumur, ajoutait le Pr Pierre-Paul Grassé, de l’éthologie. ↑
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Se reporter, pour les arguments développés dans cette plaquette, aux Cep n°32 (L’information en biologie va vers le déclin) et n°42 (Pour une approche critique de la théorie de l’évolution). ↑
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Repris de Science, vol. 322, 14 nov. 2008 (original sur sciencemag.org) ↑
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Ndlr. C’est la thèse d’un « God of the gaps », d’un Dieu des intervalles à combler: Dieu ferait la soudure lors des « sauts » trop grands pour être assurés par des mécanismes évolutifs aveugles et limités. On parlait jadis d’un Deus ex machina! ↑
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Ndlr. On se rapportera sur cette affaire au Cep n° 33 et 35. ↑
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Docteur en Physique, Jean de Pontcharra est chercheur spécialiste de microélectronique au CEA (Commissariat à l’énergie atomique) à Grenoble. ↑
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Le Pascal, abréviation Pa, est l’unité internationale de pression produite par une force de 1 Newton uniformément répartie sur une surface de 1 mètre carré. L’ancienne unité, le bar, vaut 105 Pa. Une atmosphère (poids d’une colonne d’air à T=20°C au niveau de la mer, équivalente à une colonne de 760 mm de mercure) vaut 1,013×105 Pa. ↑
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Gpa : Gigapascal : 1 milliard de Pa ↑
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ps : pico seconde, 10-12 secondes ↑
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L’entropie d’un système fermé est proportionnelle à son degré de désordre. ↑
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Ndlr. A noter toutefois que le Pr Luc Montagnier Prix Nobel 2008 de médecine, a rendu publiquement hommage, dans sa conférence de Lugano (Italie) du 27 octobre 2007, à Jacques Benveniste (1935-2004). Cf. le site internet: colombre.it/montagnier .
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H. Bayard (1801-1887), inventeur du positif photographique direct, avait vu sa découverte négligée par Arago qui, dans ses comptes-rendus à l’Académie des Sciences, lui préféra Daguerre. ↑
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Si l’on ose parler de ces choses, on entend immédiatement: « Vous êtes antisémite »! Mais cette accusation est en soi scandaleuse, car elle ne concerne qu’un seul peuple que la loi privilégie. Alors pourquoi? Si l’antisémitisme est un crime, le « pro-sémitisme » est forcément obligatoire. Mais sur quelle base? Dieu aime toutes Ses créatures, sans exception. Certes, Il a montré une prédilection envers le petit peuple juif en l’honorant d’une sublime double mission. Mais Sa prédilection – qui demeure – n’excuse et ne justifie aucunement les infidélités et trahisons passées dont l’Ancien Testament est plein, ni la discrimination asymétrique qui guide leurs rapports avec les autres peuples. Cf. les œuvres de l’ex-rabbin Paul Drach et des frères Joseph et Augustin Lémann. Ernest Renan, dans son livre sur Le judaïsme comme race et religion (1883) écrivait: « Les Juifs du bassin du Danube, ou du sud de la Russie, descendent sans doute des Khazars. »
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H.D. Gardeil: St Thomas d’Aquin, Somme Théologique, « L’œuvre des six jours », Appendice II, p. 294, Éd. du Cerf (souligné par nous).
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Cf. C. Éon , « La structure de la Genèse« , Le Cep n° 39, p. 65 ss.
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Percy John Wiseman (1888-1948). P.J. Wiseman était un officier de l’Armée de l’air britannique. Son intérêt pour la Bible fut aiguisé par ses séjours au Moyen-Orient, spécialement pendant les années 1923-25 et 1931- ↑
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lorsqu’il était en Irak. Il lisait beaucoup et visita les principales fouilles, notamment l’expédition à Ur du British Museum et de l’University Museum de Pennsylvanie sous la direction de sir Leonard Woolley; et celle de l’Ashmolean Museum de l’Université d’Oxford à Kish, dirigée par le Pr S.H. Langdon. Il eut de nombreuses discussions avec ces savants et avec d’autres, notamment le Pr Cyril Gadd. Il pensait que son œuvre offrait une alternative à la « théorie documentaire » de Wellhausen, laquelle n’aurait, sans doute, ↑
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Il me plaît énormément que cette orthographe bizarre soit due à un clerc malicieux du Moyen Âge ébloui par la splendeur des lieux : pulchrum sepulcrum !
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‘Providence’ en grec πρόνοία, ‘pronoïa’ = prescience, pré-conception; mot employé pour la première fois par l’historien Hérodote (484-425 av. J-C) voulant indiquer la prédisposition et la sollicitude divines envers le monde, donc que le Ciel s’occupait vraiment de notre terre.
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Géographie, Livre IV, § 14. ↑
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Rm 10, 17. Le Dr Hubert Larcher a remarqué que l’ouïe symbolise avec trois voûtes: « Voûte céleste où joue la musique des sphères, éternelle et puissante à l’Image du Père, et voûte du palais, où vibre la parole, modulée dans la chair à l’Image du Verbe. Et, répondant aux deux, une voûte de pierre qui réfléchit le verbe et féconde l’oreille, comme le Saint Esprit celle de Notre Dame. » (in L’écoute cistercienne et l’unité sonore, Éd. DésIris, 2003, p. 9)