Revue du CEP numéro 47

Les limites de la synthèse Dominique Tassot

Résumé : La synthèse est parfois perçue comme une opération magique, faisant surgir du chaos des opinions une vérité supérieure. Cette illusion a sa source dans le rationalisme: on hypertrophie les pouvoirs de la raison à proportion qu’on minimise notre dépendance intellectuelle des vérités révélées. Croyant à « l’évolution », nous nous pensons supérieurs aux hommes des siècles passés, simplement parce que nous venons après eux! On confond l’accumulation des connaissances au sein des civilisations, avec un progrès des capacités individuelles innées. En deux générations, les Tasmaniens (qui vivent à « l’âge de pierre » quant aux techniques utilisées) peuvent franchir le seuil des universités! L’évolutionnisme théiste présente un magnifique cas de synthèse illusoire. Comment forger une vérité en réunissant deux erreurs: l’erreur scientifique sur le prétendu « fait » de l’évolution; et l’erreur religieuse sur la supériorité d’une croyance qui renie ou marginalise la Parole inspirée dont elle est pourtant issue?

Parmi les illusions dont se bercent nos contemporains, l’une des plus significatives concerne les pouvoirs de la synthèse. De réminiscences scolaires jointes à une méconnaissance révérencieuse de Hegel, surnage l’idée que tout est possible à une bonne synthèse.

Il y a dans toute opinion, dira-t-on, une parcelle de vérité. Ainsi la synthèse sera-elle comme une opération magique écartant les scories de l’erreur pour transmuter tous les à-peu-près discutables en un pur diamant de clarté.

C’est l’idée du salut par un supplément d’intelligence. Le nain n’est pas plus grand que le géant ; mais s’il monte sur les épaules du géant, il verra plus loin. Cette belle image du progrès intellectuel, voire spirituel[1], on croit pouvoir l’appliquer à tout propos ; on s’imagine qu’une vérité supérieure surgira spontanément de la confrontation des opinions.

Il y a ici une illusion durable qui nous vient du siècle des Lumières. Certains ont voulu attribuer à la Raison des pouvoirs quasi surnaturels : n’oublions pas que la « déesse Raison » fut l’objet d’un culte dans la France en Révolution. Ce culte public a sombré dans le ridicule, mais la dévotion intime est restée.

C’est elle qui nourrit le mythe du Progrès, et singulièrement du progrès intellectuel : nous serions plus intelligents que nos ancêtres, puisque nous leur succédons. Et le mythe d’un homme des cavernes, s’essayant péniblement au langage articulé, vient faire pendant à cette illusion.

Le résultat en est une dévalorisation systématique, dans le domaine de la pensée, de tout ce qui est ancien. Il est devenu banal de dire qu’on ne peut plus « penser comme avant » ! « Nouveau » signifie désormais  »nécessairement mieux » : d’ailleurs la technique en administre la preuve tous les jours ! Tout (c’est-à-dire n’importe quoi), plutôt que l’ancien !

Derrière cette croyance se retrouve une idée due à Lamarck dont nous célébrons cette année le bicentenaire : c’est en 1809, en effet, qu’il exposa son système en publiant sa Philosophie zoologique. Lamarck se représentait l’espèce comme un individu qui ne meurt jamais, qui donc va pouvoir cumuler tous les perfectionnements dont l’usage et l’exercice dotent ses organes. En réalité, on sait maintenant qu’une « remise à zéro » se produit à chaque génération : les « caractères acquis » ne sont pas héréditaires, tandis que les mutations (généralement régressives) le sont. Le potentiel intellectuel des hommes de l’Antiquité n’était nullement inférieur au nôtre. La preuve en est donnée par leur langage.

Entre le latin de Cicéron et le français de nos académiciens, voit-on un progrès de concision, de précision ou d’expression ? Ce fut une surprise pour Claude Lévi-Strauss de découvrir que la « pensée sauvage », qu’il qualifie de ‘logique du sensible’, n’est pas une pensée de brutes « sauvages », mais une pensée assoiffée d’intelligibilité et de rigueur. De même les linguistes qui veulent étudier les langues des peuplades dites « primitives » doivent constater la complexité de leur vocabulaire et la subtilité de leur grammaire.

Or l’intelligence se mesure à la capacité de manier une langue riche et nuancée.

Les Babyloniens savaient extraire les racines cubiques. Un rapide sondage sur ce point dans un hall de gare montrera vite que nous ne sommes pas plus savants du simple fait que nous venons après eux. C’est toute la grandeur d’une civilisation que d’accumuler, en des lieux protégés, des savoirs et des savoir-faire spécialisés, et de parvenir à les transmettre. Alors, pour un certain temps, un progrès des sciences et des techniques est rendu possible. Et, à potentiel égal, un jeune doué saura vite maîtriser des outils mathématiques ignorés des Babyloniens.

Mais les architectes du Moyen Âge détenaient de remarquables connaissances en acoustique aujourd’hui disparues; de même certains secrets du métier de luthier connus de Stradivarius (16441737) sont désormais perdus, tout comme certains pigments apprêtés par les maîtres-verriers de nos cathédrales.

Nul progrès, donc, de la nature humaine, de l’intelligence, de la perspicacité ou du don d’observation chez les individus. C’est uniquement au sein d’une société qu’un progrès peut s’opérer, mais nos capacités à penser, versifier, abstraire ou calculer restent toujours identiques. Notre prétention à être supérieurs nous prive plutôt du puissant stimulant que fut, des siècles durant, la volonté d’égaler les Anciens, c’est-à-dire, pour chacun, de se hisser à la hauteur des meilleurs exemples reçus de l’Antiquité tant païenne que chrétienne. Même si les circonstances familiales peuvent la favoriser, la culture restera toujours le fruit d’un effort personnel, donc d’ascèse, de choix crucifiants et de rejets discriminants.

L’idée que l’on puisse s’ouvrir à tout et tout assumer dans une synthèse supérieure constitue précisément l’illusion rationaliste d’une continuité entre le faux et le vrai.

La franc-maçonnerie nous fournit un magnifique exemple de cette illusion d’une nouvelle ère que les lumières de la Raison auraient ouverte au genre humain. En y étant admis, on s’imagine servir, à la fois, et l’humanité et sa propre personne : programme d’une séduction irrésistible !

Pourtant saint Augustin nous a enseigné l’existence de deux cités qui se combattent. Nous savons aussi que nul ne peut servir deux maîtres. Surviendra donc un jour où le choix qu’on a cru pouvoir surmonter par une habile synthèse s’imposera de lui-même.

Le plus souvent arrive un moment où, pour « rester dans la course », il faut accomplir ou couvrir un acte clairement contraire au bien commun. Rakovski en donne un exemple rare et donc d’autant plus significatif: celui de ces maçons qui ont cru pouvoir traverser sans encombres les remous de la Révolution, parce qu’ils en avaient servi la cause (cf. Le Cep n° 28, pp. 40-41). On a dit que la Révolution avait « dévoré ses propres enfants » ; en réalité, comme toujours, les vrais maîtres se sont débarrassés des « idiots utiles » dont ils n’avaient plus besoin. L’ère ouverte par Machiavel n’est pas encore close.

Un autre exemple de synthèse illusoire, et qui donne sa pleine mesure en cette « année Darwin », est l’évolutionnisme théiste. La théorie de l’Évolution (il faudrait dire le ‘mythe évolutionniste’) a été conçue, développée et diffusée à seule fin d’écarter de nos esprits, de notre culture et de notre enseignement, le Créateur et le concept de création.

Les fruits sont là, qui attestent de l’objectif poursuivi avec continuité, avec ténacité, depuis deux siècles et demi. Après un très bref combat, les Églises durent battre en retraite devant les affirmations tonitruantes de La science, c’est-à-dire de ceux qui se sont donné mission de parler au nom des scientifiques. Survient alors le salut par l’intelligence, la synthèse supérieure qui prétend dépasser la contradiction apparente en lisant l’Évolution dans la Création. Avec ce résultat merveilleux : plus de conflit avec La science, puisqu’on accepte de hurler avec les loups et de proclamer sa croyance dans le mythe improbable et invérifié ; plus de conflit avec la foi, puisqu’on a retaillé tous les dogmes et revu tous les versets des Livres Saints afin de reléguer l’action divine dans un passé incommensurablement lointain et sa présence dans une stratosphère proprement « méta-physique »!

Mais ce renversement, qui fait passer les théories avant les faits et met les raisonnements humains au-dessus de la Parole divine, sera-t-il un sauvetage ou un naufrage ? Le salut a-t-il coutume d’advenir par la sieste ou par le combat ? Car, sous l’apparence d’une belle construction philosophique, l’évolutionnisme théiste n’est, en fait, qu’un château de cartes.

Il l’est sur le plan scientifique, puisqu’il se fonde sur les affirmations de gens qui ont écarté le fardeau de la preuve grâce à deux subterfuges : ce sont toujours dans les autres disciplines (c’est-à-dire les sciences cultivées par les autres) que résident les preuves du paradigme ; c’est l’immensité des temps géologiques qui autorise à extrapoler le contraire de ce qui a été observé, à croire vrai un saut évolutif que rien ne suggère dans la « reproduction » bien attestée au sein des espèces.

Il l’est sur le plan de la foi car, comme le remarque judicieusement Claude Eon, le récit de la Genèse est le seul témoignage dont nous disposions sur la Création de l’univers[2]. Qu’attendre d’une enquête dans laquelle le premier geste consisterait à disqualifier la déposition du seul témoin connu ?

Sans même devoir discuter en détail le raisonnement des théologiens évolutionnistes, il est facile de prédire que leur mirifique synthèse s’échouera fatalement devant les exigences du Vrai : vérité des faits physiologiques chez les êtres vivants ; vérité du sens obvie des Écritures.

Qu’était-il le plus difficile au Christ : de dire « Tes péchés sont pardonnés ! », ou bien « Lève-toi et marche ! » ?

Et les pharisiens se turent. Il est facile de comprendre que des bavardages trop humains ne pourront pas couvrir indéfiniment la claire Parole qui affirme avoir tout créé ex-nihilo !

Bonum ex integra causa, malum ex quocumque defectu[3], disaient les scolastiques. Il en va de même dans le domaine de l’intelligence : le Vrai requiert l’entière vérité. Une seule erreur détruit la vérité d’un raisonnement, comme une seule fausse note détruit l’harmonie d’une mélodie.

On ne doit rien attendre de la synthèse entre deux erreurs. La science s’intéresse aux causes secondes ; elle n’a rien à nous dire concernant l’origine des choses. Les phénomènes qu’elle étudie se déroulent dans le temps ; elle restera indéfiniment muette sur la Création, qui est un acte divin par lequel le temps lui aussi fut créé.

L’évolutionnisme n’est qu’une tentative désespérée pour nous faire croire que tout s’explique par la nature des choses, que le surnaturel est une illusion. La réalité est exactement l’inverse. C’est le surnaturel, c’est-à-dire Dieu, qui seul explique le naturel et, en ce sens, on a raison de dire que la foi chrétienne fonde la raison, en assume les prouesses et n’en est donc nullement l’ennemie. Mais cette synthèse supérieure doit être ramenée à son Principe, à son Auteur. Elle serait illusoire si Dieu n’était le créateur direct de l’univers qui nous entoure, de notre entendement, créé à Son image, et du langage qui exprime nos pensées et nous communique les Siennes.

C’est pourquoi le naturalisme n’est pas une option philosophique à prendre en compte, mais une erreur radicale, la première peut-être, à écarter; et prétendre expliquer l’origine des êtres par des processus naturels entraîne une science orgueilleuse sur les chemins de la folie pure et simple. On le constatera de mieux en mieux à ses fruits amers. Tandis que l’Apôtre, de son côté, lui qui a tout reçu et tout compris en un éclair, n’hésite pas à écrire : « C’est par la foi que nous comprenons que les mondes ont été formés par une Parole de Dieu, le visible provenant ainsi de l’invisible » (He 11,3).

À l’heure où le génome, cet élément matériel qui évoque le mieux la forme propre de chaque être vivant, peut être déchiffré comme un langage humain, qui donc croira que le Créateur a commencé par balbutier, afin de donner à Ses créatures la chance d’évoluer pour se perfectionner ? Au demeurant, quel naturaliste a jamais signalé des organes manquants chez le moindre animal ?

Une synthèse supérieure a été opérée dès le commencement, qui fait considérer, par comparaison, la vérité de nos systèmes comme toujours partielle, et de nos théories comme toujours révisable.  »Et voici, cela était très bon ! » (Gn 1,31) N’ayons donc d’autre soin que de mettre nos petites synthèses sous la gouverne de la seule Parole qui vaille puisque par Elle tout a été fait.

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Une date à retenir: Les 3 et 4 octobre 2009

Ce sera, à Nevers, le colloque annuel du CEP, sur le thème: Comment surmonter le Darwinisme?

2009 se trouve être à la fois:

-le bicentenaire du transformisme, avec en 1809 la publication de la Philosophie zoologique de Lamarck, et aussi la naissance de Darwin;

  • le cent cinquantième anniversaire du fameux livre de Darwin, abusivement intitulé L’Origine des espèces (on n’y décrit jamais que l’apparition de variétés au sein d’espèces préexistantes);
  • l’occasion de nombreuses célébrations à la gloire du savant dont Victor Hugo disait dans la Légende des Siècles :

Et quand un grave anglais, correct, bien mis, beau linge,

Me dit: – Dieu t’a fait homme et moi je te fais singe; Rends-toi digne à présent d’une telle faveur! – Cette promotion me laisse un peu rêveur.

Il importe donc d’évoquer à notre manière cet anniversaire, non en ressassant nos critiques d’une théorie qui ne survit que par son utilité idéologique (avec un gigantesque budget publicitaire sur fonds public. Or, faut-il un budget publicitaire pour le théorème d’Archimède?), mais en montrant une issue et en traçant un avenir débarrassé de ce mythe néfaste.

Parmi les conférenciers: Guy Berthault, Jean-François Péroteau, Jean-François Moréel, Jean de Pontcharra, Thomas Seiler, Jean-François Froger, R.P. Jouvenroux, Christian Bizouard, Dominique Tassot.

Renseignements et inscriptions avec Le Cep de juillet

SCIENCE ET TECHNIQUE

« Les rationalistes fuient le mystère pour se précipiter dans l’incohérence »

(Bossuet)

Une théorie inutile à la science[4]

Louis Bounoure2

Résumé : L’évolutionnisme est invoqué par les systèmes de pensée les plus contradictoires: marxistes et libéraux, athées et croyants, panthéistes et finalistes, etc. Ce serait impossible s’il avait un contenu véritable, donc contraignant, s’il subissait le poids des faits, comme on l’attend d’une théorie de nature scientifique. Autre trait frappant: aucune contribution réelle aux progrès de la biologie depuis des décennies. Les développements de la paléontologie montrent la stabilité des formes, quels que soient les terrains sédimentaires où on les trouve. Surtout, chaque être vivant se présente comme un tout unifié, non comme une addition de systèmes partiels qui pourraient être disjoints et recomposés en vue d’un perfectionnement. Perfection et permanence sont donc les deux réponses que la masse des faits jette à la tête d’une théorie qui s’impose par des procédés sans rapport avec la démarche scientifique.

Au service de toutes les philosophies, mais inutile à la science

Le succès de la théorie évolutionniste, c‘est le succès des personnes faciles ; il n‘est point de bio-philosophie qui ne recoure à cette fille complaisante : elle sert le matérialisme de Haeckel et de Lyssenko, le panthéisme de Teilhard de Chardin, le lyrisme éperdu de Saint-Seine, l‘anti-hasard de Cuénot, le spiritualisme de Le Roy et de Lecomte du Noüy, l‘orthodoxie religieuse des prêtres, moines et princes de grand’clergie.

Il existe aujourd‘hui un scientisme clérical dont l‘ardent empressement est manifeste pour l‘évolution : chez celle-ci se réconcilient les passionnés de l‘athéisme et les croyants de stricte obédience. Et c‘est très bien ainsi ! Car au moins le biologiste qui veut « reprendre entièrement les choses par le commencement », est-il tout à fait libre de se faire une opinion personnelle, sans subir l‘influence de vues a priori, étrangères au problème, sans risquer le soupçon d‘appuyer son jugement sur des raisons d‘ordre métaphysique ou religieux.

Mais alors, à voir l‘idée d‘évolution tenir ainsi les emplois spéculatifs les plus opposés, comment ne pas penser que ce mythe fallacieux n‘est qu‘une écorce vide ? Car, s‘il recouvrait une quelconque réalité, celle-ci aurait une signification catégorique et ne pourrait servir de caution aux systèmes philosophiques les plus inconciliables.

Que par là, l‘évolutionnisme apparaisse comme une théorie sans valeur, cela se confirme encore dans l‘ordre pragmatique. Il ne faut pas demander à une théorie d‘être vraie, disait à peu près H. Poincaré, il faut lui demander d‘être utilisable. Demandons à l‘évolutionnisme quels sont ses états de service pour la connaissance des êtres vivants.

La biologie, depuis un demi-siècle, a réalisé d‘impressionnants progrès, dans quatre ou cinq grandes directions principales : 1° l‘analyse de la « mécanique embryonnaire », c‘està-dire des conditions intrinsèques qui président au développement de la forme spécifique ; 2° la génétique, science de l‘hérédité individuelle ; 3° la connaissance des facteurs biochimiques en jeu dans tous les grands processus vitaux ; 4° la découverte du monde des virus ; 5° l‘analyse du comportement psychologique des animaux au contact du monde extérieur.

Les résultats acquis dans ces cinq domaines d‘étude sont des acquisitions de première grandeur, qui marquent profondément notre connaissance actuelle de la vie. Qui pourrait dire en quoi l‘évolutionnisme a aidé aussi peu que ce soit à ces acquisitions ? La Paléontologie elle-même a montré, aux mains de son illustre créateur Cuvier, qu‘elle n‘avait nul besoin du secours du transformisme.

Aucun progrès biologique ne dépend, aussi peu que ce soit, d‘une théorie dont les tenants cependant ne cessent de remplir vainement chaque année volumes, revues, colloques et congrès, de leurs vues différentes, de leurs discussions et de leurs désaccords.

Incertitudes et « infirmités » logiques d’une science officielle

Pour voir s‘étaler les incertitudes de l‘évolutionnisme, il n‘est rien de plus édifiant que les congrès où l‘on en discute. Des différents ingrédients qui entrent dans la « recette » du transformisme, comme l‘eût appelée Paul Valéry, chaque transformiste se fait un plat à sa façon ; il y a les partisans respectifs du continu et du discontinu, du monophylétisme rectilinéaire et du polyphylétisme buissonnant, de la petite mutation qui prétend tout expliquer et de l‘évolution par saltations et explosions ; il y a les lamarckiens qui ne désespèrent pas de l‘hérédité de l‘acquis, et les néo-darwiniens qui mettent toute leur confiance dans la sélection ; il y a autant de manières de concevoir l‘orthogenèse, sa réalité, sa nature, qu‘il y a d‘évolutionnistes, sans compter la manière de Simpson, qui demande que l‘on n‘en parle plus d‘aucune façon. On se dispute sur tout, mais en clôture tout le monde se retrouve d‘accord sur le fait de l‘évolution, et chacun d‘affirmer ce fait d‘autant plus fort que les débats ont révélé davantage son haut degré d‘incertitude.

Le caractère incertain et flottant du dogme évolutionniste découle d‘un vice radical, qui, inaperçu des biologistes, frappe vivement l‘ « honnête homme », formé aux méthodes de la plus simple logique. Le bon sens élémentaire juge que, les sciences de la vie étant de nature inductive, les théories y doivent être faites pour les faits ; mais l‘évolutionniste ne craint pas d‘affirmer au contraire que les faits n‘ont de valeur que pour servir la théorie de l‘évolution : « En réalité, proclame Simpson, les faits sont illusoires (elusive), et vous devez d‘habitude savoir ce que vous cherchez avant de pouvoir en trouver un » ; selon cet apriorisme intégral les faits n‘existent que par leur interprétation en termes d‘évolution ; la dévotion à l‘idée finit par obnubiler complètement le sens de l‘objectivité scientifique.

De là vient que l‘évolutionnisme repose tout entier sur une vaste pétition de principe : les faits paléontologiques sont utilisés pour prouver l‘évolution et, à la fois, trouvent leur explication dans cette théorie inventée pour eux.

C‘est un magnifique exemple de circulus vitiosus : de la même façon, jusqu‘à Pascal, l‘horreur du vide était invoquée pour expliquer la montée de l‘eau dans les pompes, et cette montée du même coup prouvait péremptoirement l‘horreur du vide. Encore l‘expérience a-t-elle permis de faire justice de cette physique anthropomorphique, tandis que la paléontologie transformiste jouit en paix de l‘alibi des âges révolus. Quand on lit sous la plume d‘un transformiste que la paléontologie est « la seule discipline qui nous permette d‘obtenir aujourd‘hui une image exacte de l‘Évolution », on songe à ce mot de Paul Valéry :

« L‘historien fait pour le passé ce que la tireuse de cartes fait pour l‘avenir, mais la sorcière s‘expose à une vérification et non pas l‘historien ».

Dans un livre justement sévère sur la Superstition transformiste (1952), R. Bertrand-Serret a brossé le tableau de ce que Rémy Collin a appelé les « infirmités » logiques de l’évolutionnisme : vues gratuites et arbitraires, affirmations aventurées, inconséquences et contradictions, pétitions de principe, paralogismes, extrapolations abusives concluant d’une ressemblance de détail minime à une parenté d’organisation générale, confusions et inventions fumeuses, etc…On admire que tant d’inconsciente naïveté, tant de sincérité dans la mauvaise foi, soient mises avec un tel esprit de conformisme au service d’une simple hypothèse, transformée en conviction.

Or cette hypothèse est revêtue aujourd’hui de toute l’importance d’une doctrine officielle : elle règne avec autorité dans les écoles ; elle donne le ton aux sociétés savantes ; douter de la réalité de l’évolution, c’est, pour un biologiste, se mettre au ban de la biologie, c’est se classer comme un esprit scandaleux et véritablement diabolique, puisque Méphistophélès, tel qu’on le voit dans Faust, c’est l’esprit qui toujours « nie ».

Mais la négation, c’est le principe moteur, « l’âme vivante », non seulement de toute progression dialectique, mais aussi de tout développement scientifique[5]. La science se nourrit de contradiction, tandis que le conformisme la tue ; et il n’est pas de conformisme plus caractérisé que celui qui barre aujourd’hui, du dogme de l’évolution, l’horizon de tout biologiste.

Alors, dira-t-on, ayant refusé tout crédit à l’évolution, par quoi la remplacera-t-on ? – Et pourquoi faudrait-il à tout prix la remplacer ? Les problèmes d’origine, comme celui de l’origine de la vie ou de l’origine des espèces, sont, par nature, impénétrables. Croit-on les avoir vraiment résolus, quand on a invoqué la matière, ou l’esprit, ou l' »évolution » ? Ce sont là des mots, c’est-àdire des vertus dormitives, à moins que ce ne soit des puissances occultes ; Molière nous a appris à rire des vertus dormitives, Descartes et Malebranche à répudier les puissances occultes. Sur les insondables problèmes d’origine, le douteux est-il préférable au mystérieux ? C’est encore une attitude scientifique que de savoir, sur certains points, faire aveu d’ignorance.

Cependant on ne fait pas la science uniquement avec des négations. Toute opposition implique une position contraire. Être antiévolutionniste, c’est prendre position pour la constance des espèces.

La constance des espèces

L’évolutionnisme dogmatique a pour résultat de masquer à tous les yeux le grand fait de la constance des espèces. Pourtant chaque observation répétée, chaque preuve expérimentale, qui condamne l’hypothèse de l’évolution, plaide par là même en faveur de cette constance. Quand Delage reconnaît que l’on n’a jamais vu une espèce en engendrer une autre, il affirme du même coup l’immutabilité des espèces. Les essais expérimentaux innombrables qui ont échoué à démontrer l’hérédité des caractères acquis, ont démontré ipso facto l’hérédité infaillible de la forme ancestrale.

Les études sur la spécificité et la ségrégation précoce de la lignée germinale rendent compte, d’une façon très satisfaisante, de la transmission intacte des caractères spécifiques. L’analyse de l’hérédité mendélienne a montré que la sélection n’était nullement un mécanisme créateur, mais un simple triage des gènes préexistants dans l’espèce et elle a souligné par là la constance de l’apanage spécifique des lignées pures, dissimulée plus ou moins sous les effets de l’hybridation dans les « grandes espèces ».

Ce sont tous ces faits, toutes ces preuves, que Caullery, en 1931, résumait dans le jugement suivant, à la fois lucide, mesuré et amplement fondé : « Les recherches récentes, contrairement à ce qu’on pouvait imaginer il y a une cinquantaine d’années, ont bien plutôt renforcé l’idée de la stabilité présente des formes animales et végétales, et ramené leurs variations, soit à des phénomènes purement individuels sans retentissement dans la lignée, soit à une diversification limitée et virtuellement contenue dans le type de chaque espèce ».[6]

Oui, dira-t-on, constance des espèces actuelles, mais évolution des formes de la vie dans les temps anciens…On peut tenir pour tout à fait invraisemblable que la vie ait brusquement changé de nature à la fin des temps géologiques, et soit passé ainsi du changement à la stabilité. Et d’ailleurs, c’est la Paléontologie elle-même qui nous montre, remontant aux temps les plus anciens, de beaux exemples de constance des formes animales : les Brachiopodes des genres Lingula, Discina, Crania, qui existaient dès le début de l’ère primaire, se retrouvent identiques à notre époque dans les mers tropicales ; parmi les animaux actuels, les Foraminifères des genres Lagena et Rotalia datent de l’époque silurienne ; les Lamellibranches Nucula et Leda du silurien, les Solenomya du carbonifère, les Mytilus du trias ; les Gastéropodes Capulus, Acmaea, Pseudo-melania, remontent aux premiers temps primaires; parmi les Céphalopodes, le genre Nautilus date du trias.

Parmi les Crustacés Phyllopodes, nos Apus viennent du permien et les Estheria du carbonifère ; parmi les Ostracodes, le Palaeocypris du Houiller ne diffère pas de nos Cypris d’eau douce; parmi les Xiphosures, le genre actuel Limulus existe depuis le trias ; parmi les Arachnides, l’Eoscorpius de l’époque houillère ressemble tout à fait à nos Scorpions actuels. On n’en finirait pas de citer toutes les formes actuellement vivantes qui existent depuis l’ère secondaire.[7]

L’histoire de la réapparition récente du Cœlacanthe est propre à faire voir le danger d’une notion scientifique incertaine, passée dans le scientisme populaire. Quand fut pêché en décembre 1952, dans le canal de Mozambique, le premier exemplaire de ce Poisson, qui fut suivi d’un autre moins d’un an après, les chroniqueurs entonnèrent un chant de triomphe en l’honneur de l’évolution : non seulement cet animal en apportait la preuve évidente, mais on découvrait même en lui « l’ancêtre de l’homme » ! Les zoologistes savent que ce Poisson rare, qui vit dans les fonds de 400 à 500 m, est le représentant, qu’on croyait à jamais disparu d’un type de Crossoptérygien qui remonte à l’époque triasique : c’est, parmi les Vertébrés, un précieux exemple de la constance des espèces.

La flore de notre époque comprend aussi des espèces très anciennes : les Lycopodiacées se sont conservées sans changements depuis le dévonien ; les Sélaginelles du Carbonifère étaient identiques aux Sélaginelles récentes. Le Gingko biloba, le plus vieil arbre du monde, perpétue, depuis la fin de l’ère primaire, le type des « préphanérogames », qui ont précédé les vraies plantes à fleurs.

En les traitant de « fossiles attardés », de « reliques vivantes », les évolutionnistes se vengent de tous ces êtres, témoins irrécusables de la constance des formes vivantes. Certes, des milliers d’autres espèces anciennes ont disparu, car toutes n’ont pas une égale longévité.

Mais cette extinction brusque de groupes entiers, aussi soudaine, aussi mystérieuse que leur apparition et génératrice elle aussi de ruptures et de discontinuités, les paléontologistes savent très bien qu’elle est exclusive de toute transformation : Haeckel lui-même admettait que les groupes en voie d’extinction ne montrent plus aucun type nouveau. De sorte que la mort des espèces doit être regardée comme le seul aboutissement possible de leur non-variabilité ; elles n’ont devant elles qu’une alternative : ou se maintenir inchangées, ou s’éteindre.

Cette non-variabilité essentielle de toute forme vivante n’est-elle pas impliquée dans la notion même d’organisme ?

Réalité et valeur auto-subsistante de l’organisme

Le préjugé évolutionniste découle de notre aptitude à penser le devenir et le mouvant, plutôt que l’être un, immobile et parfait ; il bénéficie de la faveur qui s’attache au mythe du progrès, forme sentimentale de la notion du devenir. Mais il tire surtout avantage des vues de la biologie analytique, qui se représente l’être vivant, d’une façon abstraite, comme un sujet décomposable en systèmes partiels et pouvant toujours admettre un perfectionnement idéal, par transformation ou ajustement nouveau. Une telle conception ne correspond nullement à la réalité de l’être vivant concret. Tout organisme véritable est un être de nature, unifié, ordonné et auto-subsistant : c’est un tout qui commande l’existence de ses parties, et cette finalité interne, traduisant une nécessité constituante, implique une perfection fermée sur elle-même et une valeur permanente pour l’aptitude à vivre. Cette perspective concrète exclut toute croyance à une hiérarchie des formes vivantes, les unes primitives, les autres supérieures, celles-ci ne pouvant être nées que du perfectionnement de celles-là : la Lingule, cet humble Brachiopode, qui traverse les âges depuis des milliards de siècles, est aussi parfaite, dans l’ordre de la vie concrète, que le Vertébré le plus compliqué. La vie exige une perfection essentielle dans tous les types d’organisation, et la perfection n’admet pas des degrés divers.

Si un grand nombre d’espèces s’éteignent au cours des âges géologiques, c’est pour des raisons mystérieuses, étrangères en tout cas à la perfection intrinsèque, qui leur assurait une permanence potentiellement indéfinie.

Perfection essentielle et valeur permanente, le philosophe Whitehead, théoricien par excellence de la notion d’organisme, a beaucoup insisté sur ces caractères, qui expriment la réalité même de l’être vivant concret. Il rejoint sur ce point l’inspiration du Timée, où l’on voit tous les êtres, et le monde lui-même, engendrés sur le modèle du Vivant, « œuvre naturellement la plus belle et la meilleure ». Il est vrai que la théorie de l’évolution ne florissait pas encore au temps de Platon!

Que ferait celui-ci, s’il avait à écrire aujourd’hui le Timée ? Ferait-il naître les êtres de la matière-hasard, ou de la matièreesprit ? Son démiurge serait-il une sorte d’Haeckel, se bornant à créer un Urschleim explosif ? On peut croire que rien d’essentiel ne serait changé au Timée, et que le démiurge y organiserait encore les êtres selon ces paradigmes de coordination et d’harmonie, qui sont ceux de toutes les espèces vivantes, passées ou actuelles, et qui excluent chez elles les phénomènes de transformation profonde postulés par la théorie de l’évolution.

Mot final du poète

De tant de laborieuses imaginations nées de l’obsession évolutionniste, seule peut nous reposer l’ironie d’un poète. Et pourquoi, si la vérité est aussi poésie, pourquoi la vision directe des choses de la nature et de leur contenu expressif ne serait-elle pas, aux yeux du poète, la découverte immédiate et intuitive du vrai ? « Pourquoi fermer les yeux, dit-il lui-même, quand ils nous servent, ouverts, tout comme les autres sens, aussi bien à voir qu’à écouter ? Et pourquoi pas à comprendre ? »

Or donc ce poète, un jour, pénètre dans la grande Galerie d’ostéologie du Muséum National d’Histoire naturelle.

Éblouissement ! « C’est toute la création animale, s’écriet-il, réduite à son idée organique et à sa charpente constructive, qui débouche d’un seul mouvement et d’un pas multiple qui s’avance à notre rencontre. Fils de l’homme, penses-tu que ces ossements vivent ? S’ils vivent, Seigneur, vous le demandez ? Ah, je le crois bien ! »

Devant « toute cette ménagerie directement échappée de l’idée, tous ces corps secs uniquement agencés de causes et de moyens, d’articulations et de leviers », Claudel, quand il a noté les paroles débordantes de son admiration, ajoute à sa page un postscriptum narquois :

« P.S. – Cette belle histoire de l’évolution, quel dommage ! Comme on s’est bien amusé avec ! Quelle tristesse d’être obligé de la ranger maintenant dans la boîte à joujoux ![8] »

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L’évolution « imbécile » Jean de Pamplona

Résumé : L‘étude de la mystification évolutionniste nous montre que la source de l‘erreur vient de l‘affranchissement, de la part des scientifiques, de toute autorité transcendante, morale et spirituelle. Ils sont, au sens étymologique, « imbéciles » c‘est-à-dire « sans bâton » et donc faibles, sans appui, sans guide.

Hâtons nous de faire un peu d‘étymologie pour rassurer nos lecteurs, surpris par un tel titre. En effet, imbécile vient du latin baculum, i , neutre[9] (bâton, canne) précédé du préfixe privatif in- qui devient im- devant les consonnes b, m, p. Donnant imbecillus, i : faible physiquement, sans force, puis par extension, faible moralement, intellectuellement. Le diminutif bacillum, i , petit bâton, a donné leur nom aux micro-organismes en forme de bâtonnets observés au moyen des premiers microscopes.

Le bâton de berger était le signe de sa fonction de guide du troupeau : celui qui avait la connaissance (de la voûte céleste, des animaux, des plantes, de la météorologie, etc.) qui savait mettre à l‘abri, soigner et guérir, qui savait où il fallait aller pour trouver les meilleurs pâturages ou les sources d‘eau pure. Le bâton, appui pour la marche, était aussi une arme d‘attaque et de défense (fantassins crétois armés uniquement d‘un bâton). Cette symbolique de force et pouvoir s‘est étendue aux rois, avec le sceptre[10], puis avec la main de justice[11], signe de l‘autorité suprême.

L‘argumentum ad baculum désigne un argumentaire musclé. Le roi, comme le berger pour son troupeau, guide et défend son peuple.

Puis le signe passa aux évêques et abbés, successeurs des apôtres, les envoyés du bon Pasteur, avec la crosse épiscopale, l‘un des symboles de leur pouvoir (avec la mitre). Le bon Pasteur est la Voie, la Vérité, la Vie. Ceux qui se soustraient au bon Pasteur font fausse route, restent dans l‘erreur et le mensonge et participent de la culture de mort.

Satan, le singe de Dieu (décidément, la destinée humaine se réduit à une histoire de primates!) ne dédaigne pas cette symbolique, car ses affidés de très haut rang se font photographier sur leur lit de mort avec le baculum appuyé au mur[12]. Ainsi est signalé a posteriori aux initiés le rang véritable du défunt. Ce qui veut dire, hélas, qu‘il existe, au-dessus des imbéciles, de faux bergers, des mercenaires, munis de leur baculum réglementaire, mais illégitime, qui savent parfaitement ce qu‘ils font en prenant les mauvais sentiers.

Application à l’évolution.

À l‘image du vieillard sans bâton, donc sans appui, l‘évolutionniste refuse toute aide dans sa démarche de compréhension de l‘origine du monde. Seule sa raison doit être mise à contribution, raison qu‘il prétend issue de processus matériels physico-chimiques, sans vie, aveugles et erratiques. Quelle contradiction ! L‘esprit proviendrait-il de l‘inerte ? Les théories de l‘évolution ne sont des armes maniées sans relâche contre la Religion révélée. Les évolutionnistes correspondent à la définition de l‘insensé donnée par les Écritures : celui qui déclare la guerre à Dieu du haut de son orgueil et prend le contre-pied de la Révélation, même au prix du sacrifice de sa propre logique et de sa propre raison.

Au point qu‘ils ne s‘aperçoivent même plus de leur comportement anti-scientifique, lorsque, par exemple, ils s‘obstinent à citer des faits, qui concernent les variations au sein d’une espèce, comme preuve du passage d‘une espèce existante à une espèce nouvelle. Ils refusent de voir la différence flagrante, différence de nature et non de degré entre la « micro-évolution » qu’ils constatent et la « macro-évolution » qu’ils postulent. Des milliards sont dépensés chaque année pour nous convaincre, entre autres, que la drosophile aux yeux rouges, donc différente de la drosophile aux yeux noirs, est la preuve de l‘évolution. Tous les éleveurs et sélectionneurs savent qu‘il n‘y a aucun moyen naturel et pérenne de passer d‘une espèce à une autre et que les rares mutations qu‘ils observent sont soit neutres, soit néfastes[13].

Les théories de l‘évolution, sous des apparences scientifiques, cachent l‘entreprise de subversion la plus gigantesque de tous les temps. Ce courant de pensée veut la peau de la Révélation. Le combat est bien d‘ordre eschatologique, et absolument pas une simple querelle scientifique. Les scientifiques honnêtes qui ont démontré l‘impossibilité de l‘évolution ne verront leurs idées répandues que lorsque la censure de leurs travaux sera levée. Et cette censure est pratiquée aussi par les plus hautes instances d’une institution qui est justement la cible de ceux qui prônent l‘évolution. En langage populaire on dirait: «se passer la corde au cou»![14]

Nous en déduisons que la solution se trouve dans le retour à la théologie de la Création, telle que déduite de la Révélation. Quelques théologiens courageux pourraient rétablir l‘ordre des choses en quelques mois, en revenant à la juste hiérarchie du savoir humain : théologie supra philosophie supra sciences.

Une fois le « complexe de Galilée » surmonté par ces

théologiens, ce sera un jeu d‘enfant pour les scientifiques, placés sous l‘autorité du baculum légitime, que de démolir l‘échafaudage branlant des théories évolutionnistes. Ce serait le retour de la science « bécile », celle qui prend appui sur la Vérité.

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OCTROI D’UN PRIX DE 25 000 € à qui saura expliquer comment la vie est apparue seule,à partir du monde minéral,sans l’intervention d’aucune forme d’intelligence. Arnaud Dumouch[15]

Présentation : La pensée médiatique actuelle affirme comme une certitude démontrée que la vie et l‘homme sont des fruits de l‘évolution et du hasard des lois de la matière. En fait, rien n‘a été démontré jusqu’à présent. Les évolutionnistes du 19ème siècle se cantonnaient aux transformations au sein du monde vivant. Mais la logique de l’athéisme demande que la vie soit apparue naturellement à partir d’une matière inerte préexistante. On suppose donc une potentialité, dans les molécules minérales, à synthétiser la vie, grâce à des circonstances très particulières tout en n’étant pas surnaturelles. Avec une rigueur parfaitement scientifique, et un humour discret qui ajoute beaucoup au charme de l’entreprise, Arnaud Dumouch énumère avec précision toutes les invraisemblances qu’affirment sans peut-être d’en bien rendre compte les évolutionnistes, et offre un prix à quiconque parviendrait à montrer la simple possibilité d’une synthèse de la vie.

Nous ne ressentons aucune crainte pour son porte-monnaie!

PROTOCOLE DU DÉFI

Il ne s‘agit pas d‘élaborer une théorie de plus, plus ou moins hypothétique.

Il s‘agit de démontrer de manière formelle comment, à partir du monde minéral, une vie organisée a pu apparaître.

Cette démonstration doit :

  • Être rigoureuse au plan théorique au point de ne pas être accessible à la critique.
  • En conséquence, elle doit démontrer sa validité en permettant la possibilité à moyen terme d‘aboutir de fait au plan pratique à la fabrication d‘un vivant simple.

Les quatre conditions suivantes doivent être remplies.

    1. La cause de la vie : cette théorie scientifique ne doit pas faire appel à Dieu, ou à une quelconque et miraculeuse intelligence créatrice (déisme, panthéisme, intelligence extraterrestre, âme du monde, etc.). Elle doit s‘appuyer sur les seules lois de la matière physique, ses hasards et ses multiples structures naturelles.

    1. L’origine matérielle de la vie : Cette théorie scientifique doit expliquer comment, à partir d‘une matière minérale, un premier vivant est apparu. Il n‘est donc pas question de partir d‘un A.D.N. ou d‘un A.R.N. préexistants. Il s‘agit de partir du monde minéral, à savoir précisément d‘atomes et molécules tels qu‘ils peuvent se structurer spontanément dans une soupe chimique purement minérale. Cette condition est essentielle car la réalité de la terre primitive était ainsi.

    1. Définition de la vie à laquelle on doit aboutir: Il doit s‘agir d‘une vraie vie biologique, possédant les deux facultés vitales essentielles à toute vie : assimilation et reproduction. Cette forme de vie doit pouvoir subvenir par elle-même à ses besoins en énergie et à ses besoins face à la déperdition d‘énergie. Elle doit aussi être capable de se dupliquer. C‘est nécessairement ainsi que le premier vivant est apparu. Sans ces deux facultés, l‘apparition par hasard d‘une forme de vie n‘aurait été qu‘une aventure sans lendemain.

    1. La matière de la vie : Il doit s‘agir d‘une vie de type terrestre, c‘est-à-dire d‘une vie fondée sur la molécule d‘eau, structurée autour du carbone, par des chaînes protéiques (A.R.N. et A.D.N.). Il ne doit donc pas s‘agir d‘une apparence de vie (informatique par exemple).

Rappel des deux principales difficultés à résoudre

  1. Première difficulté : L’ordre précis des nucléotides au sein du vivant, autrement dit la rigueur absolue du message génétique. Cet ordre est comparable au texte d’un livre de technique informatique: la moindre erreur de programmation, si elle porte sur les deux fonctions essentielles de l‘assimilation et de la reproduction, peut détruire le fonctionnement du mécanisme et conduire, pour un vivant primitif, à la disparition immédiate.

Notre défi doit donc expliquer comment la vie a pu se structurer par les jeux du hasard en un ordre précis et fonctionnel impliquant un ― logiciel informatique ‖ rigoureux, capable à la fois de s‘assimiler de manière autonome des éléments extérieurs et de se reproduire.

  1. Seconde difficulté : La stabilité du monde minéral, qui se structure autour des interactions faibles des atomes. Ces forces sont insuffisantes pour maintenir stables des molécules géantes comme celles de la vie, sauf dans le contexte particulier d’une vie tout entière structurée et achevée (donc dans le cas d’un vivant… vivant). Le phénomène de la décomposition frappe à température ambiante toute molécule vivante séparée de son milieu et, en premier lieu, les macromolécules du message génétique. Notre défi doit donc expliquer comment la vie a pu se structurer avec des atomes et molécules minérales, alors que celles-ci possèdent en elles la tendance inverse : la simplification de leur structure vers un état stable de basse énergie.

Importance de cette question

Avec l’apparition de la vie et des diverses formes qui foisonnent sur la terre, nous touchons un domaine moins radicalement inaccessible que l’instant « zéro » de l’univers. En effet, la vie physique n’apparaît pas à partir de rien comme le supposent pour l’univers les plus récentes théories de la cosmologie. Elle constitue une forme nouvelle de l’organisation de la matière atomique préexistante.

Elle se structure au plan matériel autour de macromolécules, elles-mêmes construites sur les bases atomiques du monde minéral. Mais la vie implique un impressionnant saut d‘organisation puisqu’elle est une construction géante qui défie les lois de la stabilité minérale.

a) Importance scientifique

L’apparition du premier vivant est à elle seule un problème plus difficile que celui de l’évolution. Il y a plus de distance entre un minéral et le plus « simple » des vivants unicellulaires qu’entre ce même vivant et le mammifère le plus « évolué ».

Si la philosophie peut déjà le pressentir, c’est encore la science moderne qui l’a le mieux montré, grâce à sa connaissance presque palpable de la matière.

La science physique et la biologie analysent la structure moléculaire et les lois du fonctionnement interne de la matière minérale et vivante. Elles découvrent alors que le minéral le plus complexe produit par la nature est une molécule non seulement très simple par comparaison avec la vie, mais très peu stable. Le clinochlore (Mg Al) 3 (OH)2 (AlSi3 O10)Mg3, ou encore certains sulfures (350 atomes), halogénures (140 atomes), carbonates (100), borates (100), oxydes, hydroxydes (220). Ces composés tendent à se décomposer en atomes plus simples. En effet, il est impossible que le monde minéral, structuré autour des interactions faibles entre atomes, construise de manière naturelle des molécules dépassant cette complexité. L‘énergie des liaisons ne saurait suffire à maintenir de manière stable de tels corps.

En comparaison, dans le domaine de la vie, l’A.R.N. viral est une molécule dont la masse atomique dépasse le milliard et surtout dont la structure et l’ordre impliquent une précision qui qualifie et spécifie chacune des opérations vitales. Chaque opération vitale est produite au plan matériel par la sécrétion et la gestion de composés chimiques en nombre gigantesque, selon un ordre et une mesure sans lesquels il ne peut y avoir de vie biologique. Plus la connaissance du vivant s’approfondit, plus le mystère de la vie apparaît dans sa complexité. Pourtant, de fait, la vie est apparue.

  1. Insuffisance des expérimentations actuelles En laboratoire, dans des conditions particulières de pression, de chaleur et de milieu chimique, on a pu aboutir à la synthèse naturelle d’urée, d’uracile, d’adénine, molécules carbonées fondamentales dans la structure du vivant. Certaines d’entre elles sont comme les briques (le matériel de base) qui servent à construire, avec d’autres non encore synthétisées en milieu « naturel », l’acide nucléique.

Cette expérience est insuffisante. Fabriquer des briques n‘est pas la même chose que fabriquer une cathédrale de brique. On ne peut donc pas se contenter de cette expérience déjà ancienne pour expliquer l‘apparition de la vie. Mais c‘est un début.

  1. Un défi essentiel car il porte sur le sens de la vie :

La question de nos origines est la première interrogation de la Sagesse. Celui qui sait d‘où il vient peut ensuite savoir où il va et ce qu‘il est.

La pensée médiatique actuelle affirme comme une certitude démontrée que la vie et l‘homme sont des fruits de l‘évolution et du hasard des lois de la matière. En fait, rien n‘a été démontré jusqu’à présent.

Il est très imprudent de fonder sa vie sur de telles assertions qui relèvent plutôt du pari. Il faut donc aujourd‘hui que la science et la philosophie démontrent ou se taisent.

Fait à Charleroi, Belgique, le 1er novembre 1999

Tous renseignements complémentaires sur le site: http://vieethasard.free.fr

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Défi aux célébrités évolutionnistes

Jean-François Péroteau[16]

Présentation : Le 7 novembre 2008, à l’Université de Bordeaux, six orateurs qualifiés présentaient soit leurs vues sur l’évolution (André Schaaf, de l’Université de Strasbourg, Armand de Ricqlès et Pascal Picq, du Collège de France) soit leurs critiques des « créationnistes » (Claude Babin, de l’Université de Lyon, Jean Dubessy, de l’Université de Nancy, et Guillaume Lecointre, du Muséum National d’Histoire Naturelle). L’auteur, bien informé d’une question qu’il étudie depuis trente ans, eut la patience de tout écouter, de tout supporter et d’interroger plusieurs personnalités présentes. On lira ici sa déception devant l’entêtement de ces brillants esprits à défendre une thèse parascientifique qu’ils sont pourtant bien incapables de justifier.

Messieurs Baudouin et Brosseau8, vous ne voulez pas que l’on fasse référence à une transcendance, à un principe finaliste, mais de votre côté vous ne restez pas neutres, en ne demeurant pas strictement dans la pure description scientifique des événements biologiques. À la suite de publications comme « Sciences et Vie« , la « Recherche« , « Sciences et Avenir« , vous en profitez pour prétendre que ces processus ont eu lieu par hasard ; mais le seul fait de le prétendre est déjà une position philosophique idéologique. L’évolutionnisme darwinien n’est pas neutre, il représente une véritable école d’athéisme.

Mais, c’est quoi : « être pleinement scientifique ? » N’est-ce pas chercher dans toutes les directions, sans en exclure une seule?

Or après 150 ans de recherches dans la voie du pur matérialisme et du hasard, nous avons le droit, vu l’échec de ces recherches, d’approfondir l’hypothèse d’un « principe supérieur », d’un « cofacteur finaliste », « déterminant ». Si vous excluez une direction de recherche particulière, alors vous n’êtes pas pleinement scientifiques ! Vous critiquez le dogme chrétien, mais votre attachement indéfectible à la théorie darwinienne est un dogme rationaliste !

Le 7 novembre 2008, eut lieu, à l’Université de Bordeaux, et avec le patronage de la Société géologique de France, un colloque sur l’Évolution avec un cycle de 6 conférences. La moitié de la journée fut consacrée à ressasser des arguments archi-connus sur les analogies et ressemblances dans le monde vivant, mais absolument rien sur les mécanismes possibles de la macroévolution, ce pour quoi nous étions venus; l’autre moitié de la journée consista à ironiser sur les créationnistes et à essayer de faire rire à leur dépends l’auditoire de l’amphithéâtre.

Alors, au lieu de passer votre temps à ironiser sur les créationnistes, on attend que vous nous fassiez la démonstration des mécanismes de l’évolution! La génétique la plus élaborée, que j’approfondis depuis trente ans, nous explique très bien la microévolution, le polymorphisme, la variabilité au sein de l’espèce, la biodiversité ; elle explique la macroévolution négative, régressive par le dossier des 7 000 maladies génétiques et une partie du dossier de la tératologie (ou science des monstres), mais elle n’explique pas du tout la macroévolution positive, progressive avec apparition d’organes nouveaux. Dans la réalité, il n’existe pas de macromutations positives capables de le faire. Alors l’art des évolutionnistes darwiniens est d’extrapoler arbitrairement de la microévolution à la macro : or nul n’en a le droit car ces deux ‘évolutions’ ne sont pas du même ordre.

Une somme, même très importante, de microvariations ne peut donner une macroévolution. Il serait honnête et juste que l’Éducation Nationale fasse inscrire, dans les livres des sciences de la vie et de la Terre, cette distinction entre les deux évolutions et l’absence de mécanismes évolutifs.

De plus, ces mutations étant prétendument survenues par hasard, on aurait donc le droit de leur appliquer le calcul des probabilités ; c’est ce que fit précisément Georges Salet dans Hasard et certitude. Les résultats de ses calculs sont concluants: « l’apparition de la vie et la transformation des espèces n’ont pu avoir lieu par hasard ! »

Oui, Messieurs Baudouin et Brosseau, avant d’ironiser sur les créationnistes, faites-nous la démonstration de la macroévolution progressive ; dîtes-nous comment les nageoires du poisson se sont transformées en pattes de vertébrés tétrapodes, comment les pattes antérieures ont donné les ailes d’oiseaux ? Lors de grands débats post-conférences, j’ai posé la question à André Langaney et à Yves Coppens : ils ont tourné en rond en éludant la question pourtant précise, ne répondant jamais directement. Alors si, vous, vous avez la réponse, donnez-la nous !

Personnellement, au bout de trente ans, après avoir retourné le problème du vivant dans tous les sens, après avoir étudié tous les mécanismes possibles, crédibles de l’évolution, je n’en ai trouvé aucun capable de réaliser une transformation positive profonde avec apparitions d’organes nouveaux, condition sine qua non du transformisme.

La science génétique ne se suffit pas à elle-même. Alors, si vous ne voulez pas prononcer le mot de « principe supérieur » pour expliquer les grandes transformations positives, ayez l’honnêteté de dire : « c’est un mystère ! »

En attendant, je mets au défi les célébrités de l’évolutionnisme darwinien, comme André Langaney, Yves Coppens ou Pascal Picq, de nous démontrer comment les grandes transformations positives et progressives ont eu lieu ? Avec quelles mutations (insertion, délétion, substitution, inversion, translocation, fusion, amplification de triplets polyploïdes et mutation homéotique) les nageoires de poissons ont-elles pu donner les pattes de reptiles, puis les ailes d’ oiseaux ?

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HISTOIRE

« Si l’homme est libre de choisir ses idées,

il n’est pas libre d’échapper aux conséquences des idées qu’il a choisies. »

(Marcel François)

Freud et la cocaïne

Élizabeth M. Thornton[17]

Résumé : Le freudisme a joué un rôle décisif dans la « libération » sexuelle et dans la paralysie des institutions exerçant une autorité sociale (parents, maîtres, juges, etc.). On en voit bien la nocivité, mais on croit devoir le créditer d’une part de vérité psychologique. La publication de la correspondance entre Freud et le Dr Wilhelm Fliess, puis le travail d’archives réalisé par H.F. Ellenberger, confortent ceux qui soupçonnaient la fraude et le mensonge chez ce faux prophète. Le cas d’Anna O, point de départ de la psychanalyse, est caractéristique: la malade a bien existé, mais elle souffrait d’hystérie; Freud ne pouvait donc pas la guérir d’une névrose inexistante. Quant à Freud lui-même, il soignait ses migraines par des applications directes de cocaïne sur les muqueuses nasales, à une époque où les effets secondaires en étaient mal connus. Or tous ses traits anormaux (contradictions, trous de mémoire, excentricités, abattements suivis d’hyperactivité, agressivité et obsession sexuelle) sont caractéristiques de l’usage de la cocaïne pure. On comprend pourquoi la famille du fondateur de la psychanalyse avait tant résisté avant de laisser publier cette correspondance avec Fliess dans laquelle les deux cocaïnomanes échangeaient sur leurs impressions et leurs procédés. La psychanalyse est l’œuvre d’un malade. Quiconque gardait un fond de sens commun s’en doutait, mais il est bon se savoir que tel était bien le cas!

Le centenaire de la naissance de Freud, en 1956, fit connaître à une nouvelle génération l‘enseignement alors à demi oublié du médecin psychanalyste viennois.

L‘intérêt fut suscité par une campagne de conférences, d‘émissions de radio, d‘articles de journaux, tous réalisés par des amis personnels de Freud ou des psychanalystes de renom. Et les théories psychanalytiques furent présentées comme des faits établis si bien qu‘on traita Freud comme un génie comparable à Copernic, Newton ou Einstein. En particulier Ernest Jones, ami intime et disciple de Freud, fit paraître les premiers volumes de la biographie de son maître.

Ainsi furent vulgarisés les travaux du célèbre médecin, en particulier son hypothèse centrale selon laquelle la répression sexuelle serait la cause première de la névrose et des maladies mentales.

Dès les années soixante on vit se constituer un groupe d‘universitaires et d‘hommes de plume plaidant pour modifier d‘urgence les comportements sociaux relatifs à la morale sexuelle, ―afin d‘éviter l‘effondrement de la civilisation‖ comme le signifia Alex Comfort. L’Observer, de Londres, réclama la création d‘une chaire à l‘Université pour traiter de l‘inconscient. Nonobstant le fait que Freud eût qualifié la religion de ―névrose obsessionnelle universelle‖ (une de ses nombreuses expressions contradictoires), des clercs dans le vent firent chorus avec enthousiasme. Survint alors Marcuse qui fit un amalgame des théories de Karl Marx et de Sigmund Freud.

Des intellectuels réclamèrent même que marxisme et freudisme fussent incorporés dans la doctrine de l‘Église!

Aujourd‘hui, plus de quarante années nous séparent de ces jours d’exaltation ; la société permissive engendrée par ce retour du freudisme a tourné court. Les années quatre-vingt ont vu émerger une société sans joie, accablée par les problèmes que la révolution sexuelle a laissés dans son sillage. Il serait donc mal venu d‘accepter sans réserves les théories du médecin viennois : la ‘terre promise’ libérée de la névrose et des maladies mentales s‘est révélée n‘être qu‘une rocaille désertique.

Or, à regarder en arrière, il apparaît que nombreux furent ceux qui, parmi les récents partisans des théories psychanalytiques, ne lurent jamais, plume à la main, les livres de Freud.

S‘ils l‘avaient fait, ils auraient découvert que l’auteur n‘étayait aucune de ses idées, tout au plus donnait-il la promesse que des ouvrages à venir exposeraient les preuves décisives tant attendues. Or, ces textes ‘annoncés’ ne furent jamais rédigés.

Lorsque Freud citait ses premières œuvres, comme contenant la justification de ses théories, il faut croire qu‘il avait des trous de mémoire ou alors qu‘il prenait un risque calculé, pariant que personne ne se mettrait en peine de vérifier ses assertions.

Dans ce dernier cas, il faut reconnaître que le jeu en valait la chandelle! Les œuvres de jeunesse fourmillent de contradictions, de raisonnements circulaires, au milieu desquels Freud plaide pour ses idées sans les justifier. Ainsi en est-il du cas le plus fameux des annales de la psychanalyse, celui d‘ ―Anna O‖, cas retenu par la légende comme étant la cure psychanalytique primordiale qui lança Freud sur le chemin qu‘il devait suivre toute sa vie.

Il fallut attendre bien des années pour que l‘inconsistance de l‘histoire d‘Anna O fût découverte. Ce fut d’abord Jung (alors séparé de Freud) qui, lors d’ un séminaire donné à Zurich, en

1925, avoua que ―ce cas fameux d‘un succès thérapeutique éclatant, n‘était rien de tout cela… Il n‘y eut en réalité aucune cure à la manière dont Freud la présentait‖. Puis, en 1953, dans la biographie de son maître, Ernest Jones révéla le vrai nom de la malade. Loin d‘être une inconnue, celle-ci s’était rendue célèbre en tant que pionnière de l‘aide sociale, oratrice du mouvement féministe et auteur de divers ouvrages, notamment de sociologie.

Quand l‘éminent historien H.F. Ellenberger vint à Vienne pour travailler à son livre sur la psychanalyse, il put recueillir de nombreux éléments biographiques. Les données fournies par l‘état civil l‘amenèrent finalement à découvrir, dans les caves d‘un sanatorium suisse, le dossier médical et la correspondance relative au cas d’Anna O. Le tout dormait là oublié depuis plus de quatrevingt dix ans. Ces documents démontrent à la fois que la malade n‘avait pas été guérie par un traitement ―cathartique‖ et que Freud avait bien conscience du fait. Ils prouvent en outre qu‘elle ne souffrait pas de névrose mais d‘hystérie.

Les symptômes diagnostiqués ne pouvaient pas être d‘origine psychique, mais résultaient purement et simplement d‘une déficience organique du cerveau.

La publication de la ‘correspondance’ de Sigmund Freud avec Wilhelm Fliess[18], devait porter un autre coup, mortel celui-là, à la réputation de l’inventeur de la psychanalyse.

Ces lettres couvrent les années 1892-1900 au cours desquelles Freud tourne le dos à la médecine classique, qu‘il avait pratiquée jusque là, pour poser les bases théoriques de la psychanalyse. Il s‘agit d‘un recueil, d’un intérêt inestimable, concernant ces années critiques. Pourtant, depuis des décennies, la famille de Freud en refusait la consultation aux chercheurs et aux historiens. Une auréole de mystère entourait donc ces fameuses lettres. La pression des curieux devenant insupportable, la famille autorisa enfin leur publication complète. Il en ressort l‘étrange histoire que voici.

Wilhelm Fliess était un oto-rhino-laryngologiste berlinois. Il s‘était lié d‘amitié avec Freud en 1892, année où il venait souvent à Vienne en raison de ses fiançailles puis de son mariage avec une héritière viennoise, Ida Bondy. Par la suite les deux hommes se rencontrèrent à mi-chemin plusieurs fois par an pour tenir ce qu‘ils appelaient leurs ―congrès scientifiques‖. Entre deux ―congrès‖, ils s‘écrivaient de nombreuses lettres. Cette correspondance connut bien des vicissitudes. En particulier Freud tenta de la détruire lorsqu‘il la vit réapparaître, aussitôt après la mort de Fliess (1858-1928).

Dans les années quatre-vingt, Freud avait essayé la cocaïne, récemment découverte, mais de manière sporadique et par voie orale. Les lettres envoyées à Fliess prouvent que Freud se remit à la cocaïne en 1892, et cette fois par la voie nasale, beaucoup plus dangereuse, et avec des prises régulières.

Fliess avait expérimenté la cocaïne sur les voies respiratoires de ses malades.

Il s‘en servait comme d‘un anesthésiant local et notait ses effets sur les symptômes de ses patients. Il en tira une théorie audacieuse: la cocaïne soulageait les douleurs des organes génitaux ainsi que les maux de tête, en particulier les migraines. À partir de ces faits, il postula que ces maladies étaient autant de ―névroses nasales réflexes‖ et que le remède souverain n‘était autre que l‘application de cocaïne dans le nez. Fliess et Freud souffraient tous deux de migraines, et il apparaît dans leur correspondance que, dès la fin de 1892, ils traitèrent leurs attaques par des applications répétées de cocaïne sur les muqueuses du nez.

Mais la ―névrose nasale réflexe‖ n‘existait pas que dans l‘imagination du seul Fliess, puisque plusieurs traités d‘oto-rhinolaryngologie de l‘époque mentionnaient cette hypothèse. On venait tout juste de découvrir le fonctionnement réflexe du système nerveux, et la chasse aux réflexes faisait fureur dans les milieux médicaux. À tel point qu‘un observateur écrivait ironiquement qu‘on avait prétendument découvert et décrit plus de nouveaux réflexes que le corps humain ne comportait de nerfs et de muscles!

En réalité, Fliess avait fait l‘erreur colossale de se méprendre sur les propriétés de la cocaïne. En effet, lorsque la drogue est appliquée sur les membranes muqueuses, elle pénètre rapidement dans le système sanguin à travers la membrane. Dans le cas du nez, la drogue affecte le cerveau en quelques secondes. Ce que les deux hommes supposaient être de nature locale et réflexe, était en réalité l‘effet d‘une drogue agissant puissamment sur des cellules nerveuses très sensibles.

Or, la cocaïne a encore d‘autres effets. Elle est hautement vasoconstrictrice, c‘est-à-dire qu‘elle contracte les vaisseaux sanguins voisins de son point d‘application. Cependant, lorsque l‘effet a disparu, les vaisseaux se dilatent rapidement et un afflux de sang se produit.

La migraine étant due au gonflement des vaisseaux sanguins dans la zone cérébrale, une première application de cocaïne venait donc la soulager. Mais la douleur revient en force dès que la drogue a donné son effet et que la dilatation se produit de nouveau. Ce qui requiert d‘urgence plus de cocaïne, et ainsi s’instaure un cercle vicieux.

Qui plus est, tout gonflement du nez était considéré à cette époque comme une cause du processus (au lieu d‘être regardé comme un effet secondaire du traitement), donc de nouvelles doses de cocaïnes étaient aussitôt apportées. La cocaïne attaquant les muqueuses, des symptômes pathologiques graves apparurent chez les deux hommes, avec nécrose et ulcères; ils y virent encore une confirmation de leur théorie du réflexe nasal et poursuivirent en conséquence le traitement à la cocaïne…

Ainsi, durant les années où il formulait ses thèses majeures, Freud était en fait sous l‘effet d‘une drogue hautement toxique et affectant sélectivement le cerveau; l‘évidence apportée par la correspondance avec Fliess est, sur ce point, indéniable. Ce fait suffit à en expliquer beaucoup d‘autres : les excentricités de Freud dans les années quatre-vingt-dix (que Jones excusait comme les peccadilles inoffensives d‘un homme de génie), ses sautes d‘humeur entre la fierté exaltée et la dépression profonde, suivies de périodes d‘hyperactivité (interprétée par Ernest Jones comme le signe d‘une ―névrose créatrice‖), ses mystérieux symptômes cardiaques qui le troublèrent tant vers le milieu de cette décennie, les trous de mémoire inexplicables, les contradictions et les inconsistances dans ses œuvres qui perturbèrent tant ses traducteurs et ses éditeurs. Tous ces symptômes sont autant d‘effets spécifiques de la cocaïne.

Lorsque Freud refusa si brusquement la moralité commune de son temps, pour adopter la cause d‘une complète liberté sexuelle, ou lorsqu‘il dénonça le mal suscité par la répression de l‘agressivité, tous ces comportements peuvent s‘expliquer par l‘influence de la cocaïne.

Il est rare aujourd‘hui d‘utiliser seule la cocaïne pure et concentrée. Mais la littérature du XIXème siècle nous renseigne sur les épidémies de cocaïnisme qui submergèrent les États-Unis durant les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, lorsqu‘on prenait la cocaïne pour une drogue bénéfique, sans danger. Deux de ses effets doivent être considérés par quiconque veut juger des théories de Freud.

Le premier est une stimulation initiale des fonctions sexuelles, comme ce fut le cas chez Freud lui-même. Un usage répété de la cocaïne, en revanche, réduit l‘activité sexuelle qui peut aller jusqu‘à cesser presque complètement; là encore Freud nous fournit un exemple typique de cocaïnomane invétéré. Ainsi le pan-sexualisme qui infeste ses théories est-il la conséquence prévisible de sa dépendance à la cocaïne.

Le second effet, d’importance majeure lui, est une agressivité renforcée, qui se traduisit à la fin du XIXème siècle par une élévation notable du taux d‘homicides jusqu‘à ce que la cocaïne cessât d‘être en vente libre. On comprend mieux dès lors pourquoi Freud a plaidé non seulement pour la liberté sexuelle, mais encore pour la non-répression des tendances agressives. . Cette histoire devrait servir de leçon à ceux qui récusent l‘enseignement de l‘Église au nom des ―découvertes scientifiques modernes‖ de Sigmund Freud. Les vérités éternelles sorties de la bouche de Jésus-Christ triompheront toujours des prétendues sagesses à la mode, si séduisantes et si convaincantes qu’elles puissent bien apparaître au premier abord.

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LES DESSOUS DE LA PREHISTOIRE

Appliquer le

transformisme à

l’homme ?

Abbé Joseph

Grumel

Résumé : Vus de loin, les décors de cinéma sont splendides; vus de près, ils sentent le carton-pâte et la gouache fraîche. Il en va de même pour le transformisme. Il s’agit d’une œuvre de l’imagination, qui trahit son invraisemblance dès qu’on veut détailler un point précis. Il y a ces ancêtres dont les noms sont dans toutes les mémoires, alors qu’ils se résument à un très petit nombre d’os souvent brisés et difficiles à identifier: le seul reste de l’Homme d’Orce (Espagne) s’est révélé n’être qu’un palais d’âne!. Pourquoi tant de fraudes accumulées sur une seule discipline scientifique? Concernant l’homme, il y a l’apparition de la conscience et du langage, points sur lesquels les évolutionnistes restent vraiment trop discrets.

Combien de légendes fabriquées pour nous persuader que le Pentateuque n’est qu’une légende! Signe de décadence intellectuelle et morale, ou signe de la fin des temps?

Appliquer le transformisme à l’homme ? Audace insensée… Mais, pourquoi pas ? On le fit. On voulut le faire. À vrai dire la préhistoire est née de l’imagination débridée de Rousseau. En se hissant sur leurs pattes de derrière, nos lointains ancêtres, tout frustes, illettrés, badauds et souriants qu’ils étaient, avaient tout de l’homme sauf le mal…Le paradis s’identifiait à une vie végétative et campagnarde, dont la principale occupation était de dormir sur le ventre, le dos au soleil.

Peu avant Darwin, un certain Boucher de Perthes, en ramassant des silex éparpillés un peu partout, plus abondants ici que là, imagina les longues errances d’hommes velus qui, malgré leurs poils, dès ces âges lointains, allumaient du feu pour se chauffer. Pourquoi pas ?

Il ignorait, ce contrôleur des douanes, que tous les grognards de la Grande Armée avaient des silex plein leurs poches, au cours de leurs interminables campagnes militaires, pour allumer la poudre de leurs fusils ! Des pointes de lance, plus ou moins triangulaires, cassées par le gel ? Non pas mais la Pierre Taillée, parfois accumulée en arsenaux de munitions au pied des falaises jurassiques ! Par les Celtes ? Les Gallo-romains ? Les Barbares ?.. Des restes de foyers, encerclés de blocs noircis. Vestiges des bergers du siècle dernier ? Du Moyen Âge ? Des Gaulois contemporains de Vercingétorix ? Non pas ! Mais des Acheuléens, des Moustériens, des Aurignaciens, des

Solutréens…dont les squelettes ont disparu, bien sûr puisqu’ils remonteraient à des dizaines et même des centaines de milliers d’années ! L’homme de la pierre brute, plus ancien encore, arcbouté sur ses membres antérieurs, méritait-il déjà le nom d’homo erectus ? Savait-il encore grimper aux arbres, comme ses grandsparents à queue prenante ? En lançant des projectiles, des cailloux rugueux qu’il saisissait à pleines mains (pattes), il acquérait une habilité transcendante qui peu à peu lui donnait l’intelligence de la chute des corps, comme l’ont encore nos modernes artilleurs!

L’Australopithèque, au crâne aplati, encore plus que celui d’un chimpanzé, fut l’intermédiaire entre le singe et l’homme. Il fallut que ce soit dit pour le croire. À moins que ce ne fût le Pithécanthrope ? Ou mieux encore l’homme de Piltdown, fabriqué tout exprès avec des restes contigus de fossiles d’homme et de singe. L’Homo d’Orce, dont un reste fut découvert par hasard sur un plateau désolé de Castille, eut un moment de célébrité mondiale. On crut voir le fragment d’un crâne trop allongé pour être d’homme, trop courbé pour être de singe. Hélas ! il s’agissait d’un palais d’âne: l’Asinus communis. Que d’hypothèses accumulées sur le crâne de « l’homme » de Néanderthal !

Soyons loyaux : un bout d’os ne dira jamais s’il fut singe ou homme ! Bête ou intelligent ! Des espèces de primates ont pu disparaître sans que ces primates fussent les ancêtres des hommes. Certains de nos concitoyens, très intelligents, présentent un front fuyant, des pommettes saillantes, un occipital aplati. Caractères moins évolués que Néanderthal ?

Le « Transformisme appliqué à l’homme » (Teilhard) permit à tous les rêves de devenir des suppositions, puis des certitudes. La science le voulait, le décidait, l’imposait. Une nouvelle Genèse balayait celle de Moïse. Il faut repenser la foi en fonction des Espèces et des Temps. Les pères jésuites, qui cherchent la première place en tout pour la plus grande gloire de Dieu, sentirent le vent. Ils déléguèrent l’un des leurs et le poussèrent dans les profondeurs géologiques. Teilhard, supérieurement perspicace, excella par la hardiesse de ses vues, jointes à la séduction de son style. Ses essais circulaient sous le manteau. Le Milieu Divin avait la saveur du fruit défendu. Par une chance inouïe, au cours d’une expédition en Extrême-Orient, d’où il ramena de lourdes caisses de pierres taillées – par qui ? par le gel ? le sec ?les contemporains de Confucius… ? – il tomba sur le Sinanthrope. Au bord d’un fleuve. Sous une falaise protectrice. Une caverne jonchée de restes épars, charbons de bois, pierres noircies, ossements d’animaux, fragments humains. Une dizaine, une vingtaine peut-être ou plus, d’individus, mi-nus, miintelligents, avaient laissé ces vestiges disparates. Leur datation ? difficile! Elle pouvait remonter aux profondeurs d’un passé indécis, largement antérieur à l’Histoire, à partir duquel on pourrait imaginer que l’avenir de l’Évolution s’étirerait encore pendant des millions d’années, voire des milliards, pour atteindre, enfin, le point Oméga de la super-conscience ! L’Évolution humaine avait été très très très lente. Cent ans pour construire les chemins de fer, mais combien de millénaires pour apprendre à marcher sur deux pieds et fabriquer la première hache de guerre ? L’abbé Breuil? copain de Teilhard, plus audacieux encore, se spécialisait dans l’analyse et la restauration des fresques préhistoriques, sur les parois des grottes. 30 000 ans, peut-être, pour Lascaux, par exemple. Elles étaient en parfait état de conservation au moment de leur découverte.

En moins de quarante ans elles se sont déjà très abîmées du fait de l’humidité, des dépôts calcaires, des champignons et moisissures en tout genre. Le noir de ces peintures merveilleuses n’est pas du charbon de bois, mais du bioxyde de manganèse, que l’industrie moderne a su refabriquer. Les torches utilisées par les artistes d’alors n’ont laissé aucune trace de fumée au plafond.

Avec quoi s’éclairaient-ils dans cette caverne opaque ? Avaient-ils inventé la pile et l’ampoule électriques ? Par son art rupestre, l’abbé Breuil a médusé tous les paléontologues de la planète.

La Bible nouvelle ne s’appuiera plus sur les vivants Prophètes, mais sur les fossiles muets que le carbone 14 exclut de l’Histoire. Il ne peut rien préciser au-delà de 35 000 ans, et s’il ne précise rien, on peut s’enfoncer aussi profondément que l’on veut dans le passé. Telles sont les nouvelles légendes par lesquelles on veut nous faire croire que le Pentateuque était légendaire !

Toutefois, il est utile, avec l’hypothèse des mutations génétiques, d’approfondir un peu la genèse de l’Homme à partir du Primate. On doit imaginer en effet, selon le Transformisme bien compris, qu’un heureux couple de mangeurs de bananes eut l’honneur de mettre au monde le premier rejeton humain, dépourvu de queue, de poil, bipède à deux mains seulement, sur ses pattes de derrière. Les 46 chromosomes issus des 48 expliquent ces déficiences. Les géniteurs de l’homo habilis durent redoubler de soins pour lui procurer la nourriture qu’il ne pouvait atteindre : vu son incapacité de grimper aux arbres. Ils durent surmonter leur étonnement, voire leur terreur, quand il disait « Merci papa ! », « merci maman ! » à la présentation d’un fruit ou d’un rat ! Il traçait des signes sur des écorces, sur la boue fraîche, sur le sable. Il apprenait à écrire avec des tâtonnements d’une lenteur décourageante. Il n’y avait pas d’école, même laïque, en ce temps-là, sinon l’Évolution eut été combien plus rapide !

L’heureuse mutation a produit un mâle (supposons). Il faut attendre des millions d’années pour qu’une semblable improbabilité génétique suscite la femelle correspondante.

Divisons par 10 000. Il le faut.

L’heureux mari a 100 ans à la naissance de sa fiancée. Ainsi commença le genre humain. Il n’est pas étonnant que nous ayons le vieillissement dans la peau !

Arrêtons ces divagations illusoires, mais inéluctables si le Transformisme était vrai. Faut-il rire ou pleurer ? Pleurer amèrement, car rien n’est plus désespérant qu’une destinée humaine régentée, comme ils le disent, par les seules lois physicochimiques.

Si nos malheurs sont liés à notre nature, ils sont sans remède. L’Évangile n’est rien. La Rédemption, du vent. L’Espérance, sans aucun fondement. L’athéisme – la privation de Dieu -, aboutit à l’enfer scientifique.

Je pose encore quelques questions. J’en ai le droit, au nom de la probité intellectuelle. Si l’homme dérivait des primates, les Anciens en auraient eu quelque notion, peut-être quelque souvenir. Or les plus vieilles traditions historiques écrites, gravées, en Égypte, en Chaldée, nous parlent d’une origine divine de l’homme, puis d’une chute et d’un rachat nécessaire. Au point que Champollion croyait voir dans le sacerdoce égyptien les racines du christianisme. Comment se fait-il que les langues les plus anciennes soient les plus parfaites, tant pour la grammaire que pour le vocabulaire ? Pourquoi d’un seul coup surgissent l’architecture, le travail des métaux, l’orfèvrerie la plus fine au quatrième millénaire? Pourquoi le regard anxieux de toutes les religions vers les Ancêtres et leurs secrets qui risquent de se perdre à chaque génération ? –et qui se sont perdus chez les peuples orphelins et déracinés que l’on dit sous-évolués ? Notre progrès technique n’a pas coïncidé avec un progrès moral ! Pourrons-nous échapper à la menace qu’une science impie suspend sur le monde ? L’incendie et la ruine nucléaire ? Privée de la Révélation, la conscience sombre dans la folie suicidaire. Signe de la fin des temps ?

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SOCIETE

« Il a plu à Dieu qu’on ne pût faire aucun bien aux hommes qu’en les aimant. »

(P. Le Prévost)

La crise financière internationale Pr Roberto de Mattei

Résumé : La crise financière, et notamment le paradoxe de voir de grandes banques à court d’argent, a du moins le mérite de nous faire réfléchir. Car s’il s’git d’une crise en réalité plus large, les solutions proposées n’auront aucun effet durable. Il faut remonter à la finalité de l’homme, de nature « surnaturelle » précisément, pour comprendre que l’économie n’est qu’une activité subordonnée, qui ne saurait se régir de manière autonome. Le chiffre qui mesure la production ne doit pas faire oublier l’utilité de la chose produite au regard du bien commun, ni sa valeur morale. En prétendant se passer de la morale, la science économique a montré son insuffisance: ce sont les illégitimes spéculations de l’économie virtuelle, qui ont fragilisé le système bancaire. Mais en montrant que la monnaie fiduciaire n’a pas de consistance propre, la crise nous invite à mieux hiérarchiser l’ordre des réalités, comme le rappelait Benoît XVI: « Nous devons donc changer notre conception du réalisme. Le réaliste est celui qui reconnaît dans la Parole de Dieu, en cette réalité apparemment si faible, le fondement de tout. »

L’onde de la crise financière frappe l’Europe et se trouve à l’origine de discussions sur l’avenir de l’économie planétaire. Certains y voient l’échec de l’idéologie du marché et la vérification des prévisions relatives à la fin du capitalisme. D’autres, confiant dans la capacité des marchés à s’autoréguler, la considèrent comme une crise ‘physiologique’ qui portera à un réajustement naturel des prix.

Les portes de sortie, dans un cas comme dans l’autre, sont indiquées à l’intérieur du système économique en vigueur, basé sur une philosophie de l’économie qui oscille de manière cyclique entre deux modèles : le libéralisme pur et l’interventionnisme étatique.

Mais, puisque ni l’individu, ni l’État, ni le secteur privé, ni le secteur public n’ont de capacités salvifiques, afin de porter remède aux inadaptations des deux systèmes, voilà que sont suggérées des « troisièmes voies » caractérisées par la présence des deux éléments – État et marché – et au sein desquelles seul varie le dosage des ingrédients.

L’idée de dépasser la crise grâce à une juste combinaison entre économie publique et économie privée, entre règles économiques et liberté individuelle, est illusoire dans la mesure où cela ne permet pas de saisir le fond du problème.

On prétend rester à l’intérieur d’un système vicié à la racine alors qu’il s’agit de sortir du mécanisme et de comprendre la nécessité de refonder l’économie sur un facteur différent de l’économie elle-même. L’économie, en effet, comme la politique, ou toute autre prétendue science humaine, ne peut se considérer comme autonome et autoréférentielle. L’homme n’a pas une pluralité de fins et la société, qui est au service du bien commun de l’homme, ne peut avoir une multiplicité de « sciences » séparées entre elles et privées d’un but commun. L’homme et la société, dans toutes ses expressions, ont une finalité unique, de nature surnaturelle, Dieu lui-même, dont dépend non seulement le bonheur éternel et absolu dans le ciel mais également celui relatif et imparfait sur la terre.

Lorsque la science se rend indépendante de la morale et de la philosophie, elle se fait elle-même morale, philosophie et, souvent, religion. La science devient scientisme et le scientisme a ses dogmes, son culte, ses prêtres. Cela survient non seulement pour les sciences biologiques et naturelles mais également pour les sciences politiques et économiques. Lord Keynes a été indubitablement un « grand prêtre » de l’économie moderne mais ses détracteurs se sont souvent inspirés d’une religion du marché non moins absolue que celle de l’économiste britannique.

La production de biens au sein de la société contemporaine, inspirée par un hédonisme radical, est orientée vers la consommation de biens éminemment matériels, éphémères, à bon marché.

Ce qui comporte la perte du sens du sacrifice entendu comme capacité de renoncement à un bien immédiat et/ou apparent afin d’obtenir un vrai bien, même plus lointain.

L’hédonisme s’associe à un relativisme moral fondé sur l’idée d’une liberté en dehors de toute règle. La liberté, en effet, est, par définition, relative c’est-à-dire qu’elle est toujours liberté d’un sujet limité dans le temps et dans l’espace pour atteindre un objectif spécifique, relatif à sa propre perfection.

La liberté n’est donc pas la possibilité de choisir entre le bien ou le mal mais la capacité de nous ordonner à des biens que la raison nous indique comme plus parfaits. Autrement, on confond la liberté psychologique avec la liberté morale. D’un point de vue psychologique, l’homme peut faire ce qu’il veut, alors que d’un point de vue moral l’homme est libre seulement lorsqu’il choisit le bien.

La liberté est relative, même lorsqu’elle a besoin de limites pour s’orienter vers son but et l’atteindre de manière plus efficace. La véritable liberté humaine a sa propre nature, un objet défini, des règles à suivre. L’idée selon laquelle limiter la liberté signifie la comprimer, présuppose une idée fausse de la liberté : une liberté absolue pour laquelle toute limite, en tant que telle, constitue un élément négatif.

En réalité, si la liberté n’est pas absolue, la limite doit être entendue comme le facteur positif qui en permet le développement et la perfection. La limite, donc, n’est pas l’obstacle mais le moyen pour atteindre la fin. Dans le domaine économique, cependant, ce n’est pas l’État qui doit mettre des limites et des règles, mais la loi naturelle et divine avec ses principes qui règlent tous les domaines de l’activité humaine. La vraie liberté morale de l’homme ou la seule limite à sa liberté psychologique consiste à ne pas violer les Dix Commandements.

La science économique n’est pas en mesure, à elle seule, de résoudre les problèmes économiques parce qu’elle se fonde sur une conception irréaliste de l’homme, ce dernier réduit à n’être qu’un simple homo œconomicus, privé de toute destinée surnaturelle.

« Seule la Parole de Dieu est le fondement de toute la réalité » a affirmé Benoît XVI le 6 octobre dernier, parlant au début de la première Congrégation générale de la XIIème Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques. « Et pour être réalistes – a ajouté le Pape – nous devons justement compter sur cette réalité. Nous devons changer notre idée selon laquelle la matière, les choses solides au toucher constitueraient la réalité la plus solide et la plus sûre. À la fin du Sermon sur la Montagne, le Seigneur nous parle des deux possibilités de construire la maison de notre propre vie : sur le sable ou sur le roc. Celui qui construit sur le sable est celui qui édifie seulement sur les choses visibles et tangibles, sur le succès, sur la carrière, sur l’argent. Apparemment, ces choses constituent les vraies réalités. Mais tout cela passera un jour. Nous le voyons aujourd’hui au travers de l’effondrement des grandes banques : ces fonds disparaissent, ils ne sont rien. »

« C’est ainsi que toutes ces choses, qui semblent être la vraie réalité sur laquelle compter, sont des réalités de second ordre. Celui qui construit sa vie sur ces réalités, sur la matière, sur le succès, sur tout ce qui apparaît, construit sur le sable. Seule la Parole de Dieu est le fondement de toute la réalité, elle est stable comme le ciel et même plus que le ciel, elle est la réalité. Nous devons donc changer notre conception du réalisme. Le réaliste est celui qui reconnaît dans la Parole de Dieu, en cette réalité apparemment si faible, le fondement de tout. Le réaliste est celui qui construit sa vie sur ce fondement qui demeure en permanence. »

Le retour à la réalité, naturelle et surnaturelle, est le premier pas pour sortir de la crise que nous traversons. Cette crise n’est pas seulement économique. Elle est politique, culturelle, morale et, sur le fond, essentiellement religieuse. Le comprendre et agir en conséquence, représente l’unique chemin pour éviter que la tourmente présente ne se transforme bientôt en ouragan dévastateur. Dieu demeure le fondement de toute la réalité. Les grandes banques peuvent s’écrouler, mais la Divine Providence, Elle, ainsi que l’affirmait saint Joseph Cottolengo, n’a jamais fait ni ne fera jamais banqueroute.

Maurice Allais avait prévu la crise économique(1ère partie)

Philippe Bourcier de Carbon (X61)[19]

Présentation: Maurice Allais a 98 ans. Sorti major de l’Ecole Polytechnique en 1933, ce passionné de sciences voit la grande dépression comme un défi à la raison humaine: comment peut-il se rencontrer, au même moment, des besoins élémentaires insatisfaits et un chômage involontaire massif? Cette question décidera de sa vocation d’économiste et débouchera sur une œuvre majeure dont les premiers traits étaient posés dès 1950 (le Traité d’Economie pure paraît en 1952). Mais il est surprenant que l’Académie Nobel, en lui décernant son prix en 1988, n’ait fait aucune mention des travaux réalisés durant les décennies qui ont suivi. C’est que l’analyse du système économique faite par Maurice Allais va au fond des choses, si bien que les remèdes qu’il propose ont un goût amer pour ceux qui, aujourd’hui encore, tiennent les rênes. Avant la minicrise de 1987, par exemple, dans une publication de l’Ecole des Mines de Paris où il enseignait, il avait dénoncé, chiffres en main: «la spéculation illimitée dissociant l’économie monétaire de l’économie réelle.» Les mêmes causes produisant les mêmes effets, et les réformes fondamentales suggérées par Allais n’ayant pas même été envisagées, une crise plus marquée frappe aujourd’hui de plein fouet l’économie mondiale. Même si le salut de nos sociétés ne viendra pas d’une science seule, mais de Celui qui est la source de toute sagesse, la restauration de la vérité scientifique fait nécessairement parti du redressement social. De là l’intérêt d’examiner avec quelques détails une œuvre plus méconnue que connue.

L’Académie Nobel, en 1988, se résolut, enfin, à couronner l’œuvre scientifique du Français Maurice Allais en lui décernant son 26ème prix d’économie.

Depuis 1969 en effet, date de la création du Nobel d’Économie, couronnant alors Ragnar Frisch (Norvégien) et Jan Tinbergen (Hollandais), seuls les économistes anglo-saxons (15 Américains et 5 Britanniques), à l’exception de 2 Suédois et d’un Soviétique, avaient été distingués par le Comité Nobel.

En 1983, ce fut le Français naturalisé citoyen américain, Gérard Debreu, professeur d’Économie à l’Université de Berkeley (Californie), qui obtint le célèbre prix pour ses travaux sur la « théorie de la valeur ». Debreu avait été formé par Maurice Allais, dont il fut l’élève plusieurs années durant. L’injustice envers Allais devenait si criante qu’elle apportait la preuve de l’ostracisme sournois dont il avait été si longtemps la victime. La perpétuation d’une telle situation, indéniablement scandaleuse, était même de nature à discréditer gravement l’Académie Nobel et lui interdisait, Allais vivant, de couronner le Français Edmond Malinvaud, lui aussi son disciple.

« L’impensable est arrivé ! », c’est par ces mots qu’Allais, mis à la retraite de l’École Nationale Supérieure des Mines de Paris depuis 8 ans, accueillit à 77 ans la nouvelle de l’attribution de son prix.

Depuis deux ans néanmoins, cet impensable devenait inévitable : en 1986, trois disciples du maître, Marcel Boiteux, Thierry de Montbrial et Bernard Munier, dirigeaient, avec le concours du CNRS, la publication d’un ouvrage en l’honneur de Maurice Allais intitulé: Marchés, Capital et Incertitude (Paris, Economica), puis en 1987 la revue The American Economist publiait les réflexions générales de M. Allais sur son œuvre (My Life Philosophy, texte que nous utiliserons au cours des quelques développements qui suivent). En pleine panique boursière enfin, Paul Fabra titrait sa chronique économique du Monde du 10 novembre 1987 : « Maurice Allais avait prévu l’énormité du krach ». Fabra se référait à la parution le 10 juin 1987 d’une étude du centre d’analyse économique de l’École Nationale Supérieure des Mines de Paris, dirigé par Allais: Les conditions monétaires d’une économie de marchés : de la réflexion sur le passé à la préparation de l’avenir, texte dans lequel Allais soulignait la gravité de la situation de l’économie mondiale, « la spéculation illimitée dissociant l’économie monétaire de l’économie réelle. » Ainsi en 1988 l’Académie suédoise a-t-elle dû décerner son prix à Maurice Allais, mais en spécifiant qu’elle entendait ainsi couronner « ses travaux de pionnier sur la théorie des marchés et l’utilisation efficace des ressources. »

Quiconque connaît un peu les travaux d’Allais ne saurait manquer d’être étonné par une telle formulation qui réduit le cheminement, fruit d’un demi-siècle de recherche, d’une pensée puissante et multiforme, à deux ouvrages publiés voici soixante ans: À la recherche d’une discipline économique, livre publié à compte d’auteur en 1943, consacré à la synthèse et à la rénovation de la théorie micro-économique et des concepts d’équilibre général ou d’optimum, et Traité d’économie pure paru en 1952. C’est qu’en effet Maurice Allais, n’est pas un prix Nobel d’establishment usuel ; c’est un homme solitaire qui dérange.

Issu en 1911 d’un milieu populaire parisien (commerçant, menuisier), pupille de la nation, il acquiert une solide formation littéraire et mathématique et, passionné par l’histoire, songe à préparer l’École des Chartes. Il entrera pourtant à l’École Polytechnique dont il sortira major en 1933, choisissant le Corps des Mines. Les enseignements de physique, mécanique et astronomie qu’il y reçoit, éveillent sa vocation scientifique. « Si le CNRS avait alors existé, écrit-il, je me serais consacré à l’étude de la physique. » C’est pourtant la réalité économique, à laquelle le pays se trouve confronté, le caractère intellectuellement choquant et socialement dramatique de la Grande Dépression, qui déterminent sa vocation d’économiste. C’est ainsi que, près de quarante ans durant, de 1944 à 1980 (date de sa mise à la retraite), il occupera la chaire d’analyse économique à l’École des Mines de Paris. Mais il sera aussi dès 1946 Directeur de recherche au CNRS, dont il recevra la Médaille d’or en 1978.

Il sera également deux fois, en 1954 et 1959, lauréat de l’Académie des sciences morales et politiques, et en 1958, lauréat de l’Université John Hopkins et de la Société américaine de recherche opérationnelle.

Quarante ans de réflexions consacrées à l’économie ne l’empêcheront cependant nullement de continuer à pratiquer aussi ce qu’il appelle ses « deux violons d’Ingres » : la Physique et l’Histoire.

La recherche d’une théorie unitaire de la gravitation, de l’électromagnétisme et des quanta le conduira à mettre en évidence les anomalies du mouvement du pendule paraconique au cours des observations expérimentales qu’il réalise entre 1953 et 1960 au Laboratoire de l’Institut de Recherche de l’Industrie Sidérurgique. Les extraordinaires effets observés, en particulier lors de l’éclipse totale de soleil du 30 juin 1954 à Paris, remettent fondamentalement en cause les théories classiques ou relativistes de la gravitation. Elles font l’objet d’une série de communications examinées en 1957 et 1959 au cours de 10 séances de l’Académie des Sciences. Ces travaux iconoclastes, fondés sur des observations expérimentales inédites, lui vaudront en 1959 le Prix Galabert de la Société française d’Astronautique, et celui de la

Gravity Research Foundation des États-Unis,… ainsi que la suppression en 1960 par le CNRS des crédits de fonctionnement de son Laboratoire, sanctionnant ainsi sournoisement et efficacement les dangereux succès obtenus par un chercheur dans un domaine qui n’était pas censé être son domaine légitime ![20]

Mais, depuis 1961, il travaille aussi à la rédaction définitive d’un ouvrage intitulé: Essor et déclin des civilisations, qui tente de dégager des permanences quantitatives d’ordre économique, monétaire, financier, technologique, démographique, social et politique dans l’histoire des civilisations.

L’œuvre économique de Maurice Allais

M. Allais se réclame de trois maîtres qui, dit-il, « ont profondément marqué sa pensée » : Léon Walras, Irving Fisher et surtout Vilfredo Pareto.

À l’instar de ce dernier, écrit-il, « je suis plus soucieux de comprendre ce que font les hommes que d’essayer de les convaincre; ils sont d’abord menés par leurs intérêts, leurs préjugés, leurs passions, et la logique, fût-elle scientifique, a réellement peu de prise sur ce qu’ils font ».

« J’ai essayé, précise-t-il dans La Philosophie de ma Vie[21], de dégager les facteurs fondamentaux de tout système économique, et n’ai cessé de travailler depuis 1941 sur cinq domaines étroitement interdépendants :

-la théorie de l’efficacité maximale de l’économie ;

-la théorie du hasard et des influences exogènes ;

-la théorie de l’incertain ;

-la théorie des processus capitalistiques intertemporels ;

-la théorie de la dynamique monétaire. »

Le premier champ de réflexion, pour lequel l’Académie suédoise lui décerna son prix, après ses travaux cités plus haut, aboutit en 1966 à une rupture totale avec les théories couramment admises fondées sur le paradigme de l’équilibre walrasien. Allais élabore une nouvelle dynamique économique en termes réels découlant spécifiquement de la recherche, la réalisation et la répartition des surplus.

La détermination des situations économiquement efficaces, désormais centrée sur le concept de surplus, substitue à la détermination conventionnelle d’un système de prix assurant l’équilibre général de l’offre et de la demande, la recherche d’une configuration où aucun surplus n’est plus réalisable, le concept de prix passant au second plan et ne jouant plus dès lors qu’un rôle subsidiaire.

Cette approche, hérétique pour les « libéraux » comme pour les marxistes, permet une plongée profonde dans la compréhension de la vraie nature du calcul économique, et présente sous un jour nouveau les principes de gestion et de répartition.

Le lecteur comprendra qu’une démarche théorique de cette nature, par ses implications pratiques applicables tout aussi bien aux économies occidentales qu’à celles de l’Est ou du TiersMonde, ainsi qu’aux échanges internationaux, ne peut que conduire Allais sur des sentiers dangereux, qui lui auront professionnellement coûté cher.

Ses travaux de physique et d’économie, par la recherche indispensable des facteurs sous-jacents aux fluctuations des séries temporelles, ont contraint Allais à une analyse critique du concept de hasard et des théories des probabilités. Après avoir montré l’impossibilité de concevoir une définition axiomatique du hasard, il introduit le nouveau concept du « Facteur X », représentatif des influences exogènes s’exerçant sur les séries temporelles, puis énonce et démontre un nouveau théorème fondamental à la théorie de l’aléa : « le théorème T ».

Il démontre ainsi que les phénomènes observés dans les sciences de la nature et dans celles de l’homme sont en fait fortement conditionnés par les effets de résonance d’innombrables vibrations émanant de l’environnement. Ainsi peuvent être explicitées des fluctuations, à première vue incompréhensibles, que reflètent des séries temporelles aussi diverses que celles des taches solaires ou des cours de la Bourse. Ces fluctuations traduisent l’effet de fonctions presque périodiques, sommes de composantes vibratoires de périodes incommensurables. Le théorème T démontre que les effets de ces fonctions se distribuent selon la Loi normale, établissant ainsi qu’une structure entièrement déterministe et vibratoire de l’univers peut engendrer des effets d’apparence aléatoire, et que ce qu’il est convenu d’appeler le hasard (concept impossible à définir) peut en réalité résulter de la composition de mécanismes exclusivement déterministes[22].

On conçoit que ces acquis fondamentaux ne puissent satisfaire les probabilistes ontologiques(?), interprètes officiels actuels de la mécanique quantique ondulatoire de Planck-de Broglie, qui avec les relativistes (en dépit de leurs contradictions) sont toujours les gardiens des dogmes contemporains de la physique.

Le souci de comprendre les comportements réels des agents économiques ne pouvait naturellement manquer d’amener Allais à intervenir dans le débat constitutif de la théorie des choix rationnels, individuels ou collectifs, face au risque, engagé par l’école anglo-saxonne d’après guerre. Il remet en cause les théories néo-bernoulliennes d’alors, prolongeant les concepts d’utilité issus des « solutions » du fameux « paradoxe de Saint-Pétersbourg ».

Au cours du désormais célèbre colloque du CNRS qu’il organise en 1952 à Paris sur la question des choix rationnels face au risque, il apporte un démenti expérimental à la pertinence de l’axiomatisation de la rationalité des choix aléatoires, centrée sur la notion « d’utilité espérée » (et sa mesure éventuelle), établie par John von Neumann, Oskar Morgenstern, Jacob Marschak, Paul Samuelson et Leonard Jimmie Savage, et considérée alors par la communauté scientifique internationale comme un acquis décisif de l’analyse des comportements économiques.

Ayant soumis les participants à ce colloque eux-mêmes à une série de tests exigeant de choisir entre des loteries simples et des loteries conditionnelles, aux espérances pourtant mathématiquement équivalentes, il fait apparaître que les comportements réels s’avéraient, contrairement à la théorie, systématiquement déviés par un facteur psychologique proche de la préférence pour la sécurité au voisinage de la certitude[23].

Cet effet, à présent connu et enseigné depuis 35 ans outreAtlantique comme le « Paradoxe d’Allais » (et toujours méconnu en France, hormis des initiés), a bouleversé depuis lors la théorie de l’utilité espérée et des choix aléatoires. Allais en a déduit une généralisation au cas du risque des conditions de l’équilibre général, et une reformulation de son approche de l’efficacité économique maximale.

Mais bien au-delà des enjeux théoriques, ce sont ses recherches sur les processus d’accumulation intertemporels, sur les mécanismes de l’intérêt et la dynamique monétaire, qui caractérisent la pénétration et le courage tranquille de ce chercheur solitaire et rigoureux. Les implications révolutionnaires de nombre de ces travaux, mettant en particulier à nu les principes et les rouages des pouvoirs réels (qui, bien que totalement ignorés de l’opinion publique, transcendent nos sociétés occidentales par les processus de crédit et de création monétaire), expliquent l’extraordinaire réticence de l’Académie suédoise à lui conférer l’autorité médiatique du prix Nobel.

Dès 1947, Allais dégage les trois concepts de « revenu originaire », de « fonction caractéristique » et d' »efficacité capitalistique maximale », qui vont désormais guider son approche de la théorie du capital. Dans Économie et intérêt paru en 1947, il démontre qu’il existe une configuration économique assurant en régime permanent un revenu réel maximum (maximum maximorum) par habitant, qui n’est réalisé que pour un taux d’intérêt nul[24].

En 1961, il énonce sa « Règle d’Or de l’accumulation » qui établit que cette situation de maximum maximorum exige qu’en régime dynamique le taux d’intérêt s’aligne rigoureusement sur le taux de croissance du revenu originaire.

L’analyse des séries économiques de la France et des États-Unis au cours des années 50 confirme parfaitement ces acquis théoriques.

Mais Allais n’en reste pas à ces résultats, et ses réflexions le conduisent à renouveler la théorie des phénomènes monétaires. Introduisant dans cette discipline ses trois nouveaux concepts de « taux d’oubli et temps de réaction », de « coefficient d’expansion psychologique » (traduisant l’appréciation de la conjoncture par les agents économiques), et enfin de « temps psychologique » (dont le référentiel est caractérisé par l’invariance des lois de la dynamique monétaire), il construit sa « Théorie héréditaire et relativiste de la dynamique monétaire », articulée autour de son équation fondamentale de la dynamique monétaire et de ses trois formulations héréditaires et relativistes de la demande de monnaie, de l’offre de monnaie et du taux d’intérêt psychologique. Il établit ainsi l’analogie fondamentale entre oubli et intérêt, comme le conditionnement des comportements par les événements passés, et montre que ces principes constituent la clé de la dynamique monétaire.

Allais écrit à ce propos : « Les vérifications empiriques de cette nouvelle théorie sont à vrai dire les plus extraordinaires qui aient jamais été trouvées dans les sciences sociales. En fait les observations sont représentées d’une manière presque parfaite par la formulation théorique ; qu’il s’agisse des États-Unis au cours de la Grande Dépression, de l’hyperinflation allemande de décembre 1919 à octobre 1923, au cours de laquelle l’indice des prix a atteint une valeur comparable à celle de la vitesse de la lumière mesurée en centimètres par seconde, ou de la Russie soviétique de janvier 1922 à février 1924. Ces résultats démontrent l’existence sous-jacente dans les phénomènes sociaux de régularités structurelles tout aussi frappantes que celles que l’on constate dans les phénomènes physiques. » « C’est, je pense, le seul cas dans toute l’histoire des recherches économétriques où un modèle ne faisant intervenir qu’une seule variable explicative, et ne comportant que deux paramètres arbitraires, ou un seul suivant l’approche considérée, a pu donner dans des cas aussi nombreux et aussi différents de tels résultats…

Ces résultats montrent que nous sommes conditionnés par notre passé, et ouvrent de nouvelles perspectives au débat entre déterminisme et libre arbitre. »

Il est étonnant que l’Académie Nobel n’ait pas cru devoir mentionner ce renouvellement exceptionnel de la théorie de la dynamique monétaire parmi les motifs de son geste envers Maurice Allais.

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Nos membres écrivent: La Télévision ou le péril de l’esprit par Isabelle Doré

Les Français passent en moyenne trois heures par jour devant leur petit écran. Que se passe-t-il en eux durant tout ce temps? De nombreux auteurs ont dénoncé le contenu (souvent immoral ou débile) des programmes; ils réclament une télévision familiale et instructive! Mais peu se sont interrogés sur l’acte luimême, sur les répercussions de la télévision non seulement sur le niveau scolaire des enfants, mais sur l’activité cérébrale elle-même du téléspectateur, sur ses puissances mentales et affectives, son intelligence et sa volonté.

Dans un tout petit livre agréable à lire, Isabelle Doré, mère de famille nombreuse, propose une synthèse chrétienne sur deux questions fondamentales: Comment la télévision agit-elle sur l’intelligence en tant que capacité à appréhender le vrai? Comment agit-elle sur la volonté, en tant que capacité à aimer le bien?

Un livre à mettre dans beaucoup de mains!

(93 pages, 9 € à Editions Clovis, BP 88, 91 152 Etampes Cedex)

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Rome et l’Évolution : Avant-garde ou arrièregarde ? Dominique Tassot

Présentation : La théorie évolutionniste est un sujet sur lequel la hiérarchie de l’Eglise catholique manifeste un malaise certain. Le spectre de Galilée hante encore les couloirs de la curie romaine, paralysant d’avance toute velléité d’autonomie critique dans le domaine de la science. Et quand un corps dur rencontre un corps mou, c’est lui qui imprime sa forme. L’Eglise catholique s’est donc interdit toute contestation de fond dans ce qui est présenté au nom de la science, sans vraiment chercher à discerner, dans le cas de l’évolution, la part des faits objectifs et celle des interprétations aventureuses, et surtout sans jamais définir avec précision ce dont il est question, ce qui lui interdit d’avance toute évaluation objective. Lors de la conférence de 5 jours organisée à l’Université grégorienne pontificale, début mars, se produisit un incident significatif: un neurologue turc se vit ôter le micro, lorsqu’il présenta des objections à l’évolution. Etait-ce bien là une réplique adéquate dans une conférence universitaire? On apprendra avec d’autant plus d’intérêt que dix jours plus tôt, au Centre National des Recherches, toujours à Rome, se tenait une conférence internationale durant laquelle des interventions, scientifiques le matin, philosophiques l’après-midi, se succédèrent pour dresser un bilan critique de l’évolutionnisme. On en trouvera ci-après un bref compte-rendu. Lorsque le Chancelier de l’Académie Pontificale des Sciences estime que critiquer l’évolution est un « combat d’arrière-garde », on mesure à quel point cet homme intelligent demeure emprisonné dans le monde artificiel du « scientifiquement correct ».

Le moment de la victoire, c’est quand on réussit à persuader l’adversaire qu’il a perdu.

Le 22 novembre dernier, conversant avec le chancelier de l’Académie Pontificale des Sciences, Mgr Marcelo Sanchez Sorondo, et cherchant à l’informer du dossier critique sur cette théorie en survie artificielle, un membre du CEP s’est vu opposer cette réponse : « Vous menez un combat d’arrière-garde ! »

Cette fin de non-recevoir arrivait au lendemain d’une session de l’Académie sur le thème « Aperçus scientifiques sur l’évolution de l’univers et de la vie ».

Le Pr Maciej Giertych, correspondant du CEP, avait été admis à assister à cette session. Il notait dans son compte-rendu[25], nos lecteurs s’en souviennent : « Au cours de cette réunion, il n’y eut pas un seul exposé critiquant la théorie de l’évolution d’un point de vue scientifique. »

Et il ajoutait: « En organisant ainsi la conférence, l’Église ne sera jamais informée de l’ensemble de la question. Elle n’entendra que la voix de ses adversaires[26] (connue chaque jour par une multitude de sources). Ceux-là n’ont jamais été confrontés à une opposition à laquelle il leur aurait fallu répondre par des arguments scientifiques. Ils ont seulement reçu l’assurance que Dieu a quelque chose à voir avec le développement du monde, position qu’il peuvent facilement rejeter comme l’expression du fondamentalisme religieux qu’ils méprisent. »

Dans la foulée de cette session de l’Académie Pontificale, une conférence amplement médiatisée se tint du 3 au 7 mars dernier à l’Université Pontificale Grégorienne, sous le patronage du Conseil Pontifical pour la Culture et avec la collaboration de plusieurs universités catholiques, dont l’Université américaine Notre-Dame. Il s’agissait de marquer le cent-cinquantième anniversaire du livre de Darwin. On y retrouvait les chantres habituels de l’évolutionnisme et nous n’aurions rien à dire de cette conférence, si elle n’avait pas été troublée par un incident significatif. À la différence de la session fermée de l’Académie Pontificale, il s’agissait ici d’une conférence ouverte à laquelle il était possible de s’inscrire. Après l’exposé du biologiste Douglas J. Futuyama, un neurochirurgien turc eut la parole et commença d’énoncer très posément ses objections.

Il s’agissait à l’évidence d’un associé d’Harun Yahya, l’organisation turque antiévolutionniste qui s’est fait connaître par l’envoi gratuit de son Atlas de la Création à des milliers d’universités et de lycées en Europe[27].

Après quelques minutes de surprise, l’orateur, choisissant de ne pas répondre au Turc, se boucha les oreilles et quitta la salle en signe de protestation, et l’on vint retirer le micro des mains du trouble-fête[28].

Cette manière de gérer un objecteur, dont la vidéo de cette scène montre bien qu’il n’avait nullement l’air d’un excité, est révélatrice de l’interdit invisible qui figure au fronton de toutes les Universités : « Que nul n’entre ici, s’il n’est évolutionniste ! »

L’interdit se renforce, s’agissant d’une université « pontificale », par la crainte de heurter la dernière vache sacrée du siècle : La science.

Comme lors de l’analyse du Linceul de Turin, pour laquelle l’Église catholique avait accepté sans discussion le résultat du radiocarbone proclamé par le British Museum, il semble qu’au milieu de la grande débandade théologique actuelle, le seul dogme intouchable demeure « La science ».

Concernant le Linceul de Turin, « il fallait qu’en aucun cas on puisse dire que l’Église avait voulu influencer le résultat »[29] Question Évolution, manifestement il faut qu’en aucun cas on puisse dire que l’Église n’admettrait pas le « fait » de l’évolution, et qu’elle serait, en quelque sorte, « créationniste », étiquette infamante dont on ne se relève pas!

Or de quelle « science » est-il question ici ? La peur est mauvaise conseillère. Que la foi éclairée et la science bien établie ne puissent se contredire, est une certitude.

On peut renvoyer sur ce point aussi bien à Galilée qu’à Pie XII. Le 15 avril 1953, le pape Pie XII déclarait aux étudiants catholiques de la Sorbonne: « Dans vos études comme dans votre recherche scientifique, soyez convaincus qu’entre des vérités de foi certaines et des faits scientifique établis,[30] la contradiction est impossible. La nature, comme la révélation, viennent de Dieu, et Dieu ne peut pas se contredire. » Dans le même esprit, fût-ce avec une intention différente, Galilée avait écrit dans sa Lettre à la Grande-duchesse Christine de Lorraine (1615) : « L’Ecriture Sainte et la nature procèdent également du Verbe divin, celle-là dictée par l’Esprit-Saint, et celle-ci exécutrice parfaite des ordres de Dieu. »

Mais le Chancelier de l’Académie pontificale doit-il faire confiance, sur le « fait » de l’évolution, à des scientifiques qui répondent aux objections en confisquant le micro dès qu’il s’est égaré aux mains d’un opposant ? S’agit-il d’un « fait bien établi », ce monstre mythique dont on nous présente comme les traces des phénomènes d’une tout autre nature, ce saut trans-spécifique dont, depuis deux siècles, on cherche vainement à montrer ne serait-ce que la possibilité?

La croyance aveugle, la domination médiatique et le refus du débat intellectuel sont-ils les bons critères de validité pour une théorie scientifique ?

Il se murmure que la Fondation Templeton, sponsor officiel, aurait financé la conférence de l’Université Grégorienne pour près d’un million de dollars. De quoi assurer une bonne « communication » et déplacer des experts du monde entier! Mais est-ce de l’argent bien utilisé ? Il y a quelques années, à l’occasion d’une réunion organisée par la même Fondation, on avait demandé aux participants de proposer des thèmes en vue d’un prix de 5 millions de dollars.

Le Pr Pierre Rabischong fit la suggestion suivante : offrir un prix de 3 millions de dollars au laboratoire qui réaliserait ne serait-ce qu’un seul passage trans-spécifique, et accorder des subventions pour un total de 2 millions aux équipes acceptant de concourir. Ainsi, ajoutait-il avec humour, vous économiserez à coup sûr trois millions de dollars ! Cette suggestion ne fut pas reprise. La croyance en l’évolution est bien trop ancrée dans les esprits pour que l’on s’interroge encore sur la validité de cette théorie et sur l’utilité des preuves.

On saluera d’autant plus la courageuse initiative que représente la conférence tenue le 23 février au CNR (Conseil National des Recherches) à Rome.

Voici le compte-rendu qu’en a publié la revue

Correspondance européenne dans son n° 197 (10 mars 2009) :

Contrairement aux nombreux colloques qui, ici ou là, marquent l’année Darwin (2009 en effet, voit commémorer à la fois le bicentenaire de la naissance de Darwin et le 150e anniversaire de son livre De l’Origine des Espèces)[31], il s’agissait ici, non de célébrer une fois de plus la gloire du célèbre naturaliste anglais, mais d’établir un bilan de sa théorie.

« Au sein d’un groupe choisi de scientifiques et de philosophes, de journalistes, d’universitaires et de représentants de l’Église (dont un envoyé du Conseil Pontifical pour la Culture, don Tomasz Trafny), des intervenants allaient se succéder, permettant de bien cerner et d’approfondir la nature et les conséquences de l’évolutionnisme.

En introduction, le Pr Roberto de Mattei, vice-président du CNR, rappelait que l’évolutionnisme avait pris naissance comme un mouvement de refus de la Création, ce qui rend aussi difficile d’en faire une théorie acceptable par la pensée chrétienne, qu’il l’était d’accepter la théorie économique de Marx en prétendant rejeter ses présupposés matérialistes et athées. D’autre part, comment décrire chez les êtres vivants la permanence d’une “forme” spécifique, conservée au cours de la “re-production”, tout en faisant reposer la vie sur le hasard de rencontres moléculaires ou de combinaisons d’ADN, vision matérialiste qui consiste précisément, par le refus d’une finalité en acte, à nier la réalité des formes?

Le premier intervenant fut un sédimentologiste français, Guy Berthault, dont les travaux expérimentaux, réalisés notamment à l’Institut d’Hydraulique de Marseille et à l’Université du Colorado, ont été publiés par l’Académie des Sciences de France et par celle de Russie. Il a montré que les strates dans les roches sédimentaires ne résultent pas de dépôts successifs, comme on l’avait cru depuis trois siècles, mais d’une ségrégation mécanique des particules durant leur transport par des courants horizontaux et lors de leur dépôt dû aux variations de vitesse du courant. Il en résulte que la chronologie stratigraphique, fondement des chronologies géologiques (qui ont à leur tour servi à étalonner les datations par les radio-éléments) est à revoir entièrement. Or les longues durées ont servi à rendre crédible une évolution qu’on n’arrivait pourtant pas à constater à l’échelle de l’histoire humaine.

Un directeur de recherches au Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA, France), Jean de Pontcharra, expliquait alors, sur l’exemple du potassium-argon, méthode la plus utilisée pour dater les fossiles, que bien des hypothèses faites pour transformer des analyses chimiques en dates du calendrier, ne sont pas vérifiées, ce qui a pour effet de vieillir considérablement et indûment les âges.

Une lave émise lors de l’éruption du mont Saint-Helens, dans l’État de Washington, en mai 1980, est ainsi datée de 300 000 ans, ou 900 000 ans voire deux millions d’années, selon qu’on analyse la roche totale ou ses composants[32].

Puis un chimiste américain, Hugh Miller, présentait les mesures au carbone 14 qu’il vient de réaliser sur le collagène d’os de dinosaures. Les dates s’échelonnent entre 20 mille et 40 mille ans, ce qui est évidemment très loin des 60 millions d’années données habituellement pour la disparition de ces grands animaux!

Un physicien allemand, Thomas Seiler, montra ensuite comment la loi la mieux attestée en physique, le principe de dégradation de l’énergie (ou d’entropie croissante), s’opposait à l’apparition spontanée des différents êtres vivants, laquelle requiert chaque fois une augmentation d’ordre et d’information. Le Pr Pierre Rabischong, ancien Doyen de la Faculté de Médecine de Montpellier, sur quelques exemples tirés du corps humain, prouvait l’impossibilité d’expliquer par une genèse spontanée la complexité et l’admirable inter-corrélation de nos organes et de leurs fonctions. Il faut bien admettre un “programme” préexistant, issu d’une intelligence dont la supériorité saute aux yeux dès qu’on compare une prothèse à l’organe qu’elle tente de remplacer. Il y a pourtant des équipes multidisciplinaires qui mobilisent une grande quantité de “matière grise” derrière le moindre organe artificiel!

En fin de matinée, le Pr Maciej Giertych, généticien à l’Académie des Sciences de Pologne, exposait quelle avait été sa surprise en découvrant que les manuels de science de ses enfants présentaient la génétique des populations, sa discipline, comme la preuve de l’évolution.

Or la formation des races ou des variétés, phénomène très bien étudié sur les espèces domestiques, consiste en une réduction de la diversité du génome. C’est donc l’exact contraire d’un progrès pour l’espèce puisqu’aucune nouveauté n’apparaît. Comment se peut-il qu’une théorie considérée comme scientifique, deux cents ans après sa première formulation, n’ait à présenter comme “preuve” que l’interprétation infidèle d’un phénomène en réalité contraire à ce qu’elle affirme?

L’après-midi fut consacrée aux aspects philosophiques de l’évolutionnisme. Le Pr Alma von Stockhausen, de l’Académie Gustav Siewert, retraçait l’idée d’évolution en remontant, non à Spencer ni même au Deus sive Natura de

Spinoza, comme on le fait souvent, mais à Luther qui, en introduisant l’idée d’une incomplétude primordiale, d’un nonêtre, en Dieu, fut le véritable prédécesseur de Hegel et de son idée d’une autoréalisation permise précisément par l’accomplissement de la négativité. L’évolution par l’élimination du moins apte chez Darwin en fut ainsi l’application en biologie, de même que la lutte des classes (avec ses destructions) fut présentée par Marx comme un progrès politique.

Puis le Pr Josef Seifert, Recteur de l’Université du Liechtenstein, faisait un commentaire critique de différentes versions de l’évolutionnisme: la théorie darwinienne athée, matérialiste et niant une Cause intelligente pourtant manifeste; l’évolutionnisme théiste, à la manière de Teilhard de Chardin, qui appelait de ses vœux une surhumanité biologiquement supérieure à la nôtre et dont la conscience collective accomplirait la divinisation du monde; l’évolutionnisme limité, selon qui Dieu intervient à certains moments pour assurer le franchissement de seuils tels que ceux de la vie et de la conscience, ou celui des grands embranchements vivants. Il s’agit bien là de “contes de fées”, mais qu’il est impossible de réfuter par la seule philosophie.

Hugh Owen, Directeur du Centre Kolbe (États-Unis), montrait sur différents exemples comment la croyance en l’évolution avait freiné la recherche scientifique en faussant le regard des chercheurs sur les êtres vivants.

On est parti d’un présupposé de “non-fonction” devant les organes dont on ne comprenait pas encore le rôle, alors que l’hypothèse inverse, selon laquelle tout a un sens, tout a un rôle, s’avère être le véritable stimulant de la recherche. C’est ainsi que pendant vingt ans 90 % du génome a été qualifié d’ADN “poubelle” (junk DNA), simplement parce qu’on ne s’intéressait alors qu’aux séquences codant pour les protéines, soit 10 % environ. On considérait que le reste du génome était une survivance de séquences jadis utiles lors d’étapes antérieures de l’évolution, mais désormais sans fonction. On a tout de même fini par découvrir que cette partie du génome jouait un rôle essentiel de régulation, mais le présupposé évolutionniste aura dissuadé longtemps les chercheurs de s’y intéresser.

Dominique Tassot, Président du Centre d’Études et de Prospective sur la Science (France), présentait différentes anomalies logiques, typiques des raisonnements évolutionnistes: affirmation simultanée de thèses contradictoires (comme le gradualisme chez les êtres vivants et l’existence de « sauts » dans l’évolution des animaux fossiles); emploi d’un terme confus, tel celui d »’évolution », afin de créditer la thèse invérifiée d’une macroévolution trans-spécifique grâce à tous les faits, bien réels eux, liés à la variabilité et aux adaptations intra-spécifiques; extrapolation sur des durées immenses pour conclure au rebours de ce qui a été observé, etc.

Après une discussion finale montrant le vif et profond intérêt des participants pour ce thème fondamental, le Pr Roberto de Mattei reprenait la parole en rappelant l’importance d’un débat où se manifestent bien les limites de la science et l’importance de restaurer une vision chrétienne du monde en redonnant au concept de Création sa place centrale, place symbole d’ordre, de finalité et d’intelligibilité. En conclusion, Dominique Tassot rappela qu’il n’aurait pas fallu demander aux scientifiques de répondre à une question hors de leur portée, comme celle concernant les origines, ce qui était encore bien compris par les fondateurs de la science européenne, puis par leurs successeurs jusqu’au XVIIIème siècle.

Une société ordonnée suppose l’existence d’une autorité intellectuelle supérieure, laquelle aurait pu nous épargner cette idéologie évolutionniste matérialiste envahissant aujourd’hui tous les domaines de l’action comme de la pensée. »

Venant après la conférence strictement scientifique organisée à l’Université La Sapienza en novembre dernier (cf Le Cep n°46, pp. 42-44), cette conférence du Centre Nationale des Recherche montre que les centres du savoir ne pourront pas rester indéfiniment muets sur les impossibilités de l’évolutionnisme. Malgré que les grands médias n’en aient encore rien dit, l’idée qu’une critique scientifique de l’évolution est possible ne pourra manquer d’intriguer à terme tous les esprits qui réfléchissent. Même si, d’une manière générale, dans nos sociétés, ceux qui occupent des postes de responsabilités n’ont plus de temps à consacrer aux questions de fond, un moment viendra où un public élargi se dira, lui aussi, que « le Grand-duc est nu ! » Rien n’est plus fort qu’une idée qui vient à son heure. On verra bien alors qui était à l’arrière-garde…

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In memoriam Hubert Saget

Hubert Saget a été conduit en terre le vendredi 6 mars. Médecin et philosophe, il avait été mandaté par quelques membres de l’Institut, dont son maître René Poirier, en 1970, pour répondre aux aberrations lancées par Jacques Monod, Prix Nobel, dans son livre Le Hasard et la Nécessité. La thèse Ontologie et biologie qu’il écrivit alors reçut le prix « Louis Liard » de l’Académie des Sciences morales et politiques. Tout en enseignant la philosophie à l’université de Reims, il s’était impliqué dans la vie locale, comme Maire de Doulevant-le-Château (jusqu’en 2008) et fut longtemps Conseiller général (et Vice-Président du Conseil Général) de la Haute-Marne.

Partageant depuis toujours les convictions du CEP, il nous avait donné à distribuer son livre La Foi et la Science (augmenté et bientôt réédité) et deux conférences au style remarquable d’élégance et de clarté. Les abonnés du Cep reliront avec plaisir ses lumineux articles dans les numéros 26, 27, 28 et 30. Il tenait beaucoup à participer chaque année aux réunions du Bureau Médical de Lourdes, et de ce fait à lui seul, chez un homme public, en dit long sur la profondeur de sa foi.

Que son épouse trouve ici l’expression de nos profondes condoléances, de nos regrets pour l’ami et la plume que nous perdons, mais aussi de notre gratitude pour le chemin fait en sa compagnie.

La mémoire du juste vivra éternellement.

BIBLE

A-t-on bien lu Genèse 1,1-2,4 ? (2ème partie) Claude Eon

Présentation : Les six « jours » décrivant la Création, au premier chapitre de la Genèse, ont fait l’objet d’interprétations diverses, parfois contradictoires, dès les premiers pas de l’exégèse. L’école d’Alexandrie, suivie par saint Augustin, s’écarte de la lecture chronologique commune jusqu’à considérer toute l’œuvre divine comme instantanée. Un officier britannique, Percy J. Wiseman, se passionna pour les fouilles archéologiques en Irak, dans les années 1920-1930. Il fit le rapprochement entre le style des premiers versets de la Genèse et la technique babylonienne des « colophons ». A la fin de chaque tablette, on plaçait un mot ou une expression destinée à relier cette tablette à la suivante, en les classant dans l’ordre demandé par le récit. Wiseman publia ses conclusions en 1936 et 1946. Pour lui, les jours du récit biblique sont bien des jours de 24 heures, mais ils ne mesurent pas le temps d’œuvres divines successives: chaque jour Dieu montrait à Adam une partie de Son œuvre, lui laissant la nuit, du soir au matin, pour se reposer jusqu’à la présentation suivante. Cette interprétation, on le verra, répond à nombre des objections couramment soulevées contre le récit biblique.

Le colophon

Un colophon est une note ajoutée à la fin d’un document indiquant le titre, la date, le nom de l’auteur ou du possesseur, ainsi que d’autres détails sur le contenu de la tablette, du manuscrit ou du livre. De nos jours, ce genre d’information est contenu dans la page de titre de l’ouvrage. Le colophon du premier chapitre de la Genèse est inscrit dans Gn 2, 1-4. Le verset 4 est souvent considéré, à tort, comme l’introduction aux versets suivants, alors qu’il fait bien partie du colophon du 1er chapitre. D’une façon générale, faute de connaitre la structure et la signification du colophon dans l’écriture cunéiforme, ces quatre versets ont plongé les commentateurs dans un grand embarras.

Dans le cas présent nous trouvons cinq informations essentielles dans ce colophon: le titre du document, sa date, qu’il fut écrit sur une série de 6 tablettes numérotées de 1 à 6, que le récit se termine avec la 6ème tablette et, enfin, que le seul nom apparaissant dans ce colophon est celui de Dieu (YHWH Elohim).

  1. Le titre. Il est généralement la reproduction des premiers mots de la première tablette: au commencement Dieu créa le ciel et la terre. Ici ce titre est repris dans le verset 4: pour la première partie de ce verset le texte de la Vulgate (V) est identique à celui de la Septante (LXX).

V: Voici l’histoire du ciel et de la terre quand ils furent créés, LXX: Voilà le livre de la génération du ciel et de la terre quand il y eut génération[33]

  1. La date. Elle est indiquée dans la seconde partie du verset 4. Mais ici il y a une différence entre les textes de la Vulgate et de la Septante, différence qui fut à l’origine d’un grand embarras pour les commentateurs.

V: …lorsque Dieu eut fait une terre et un ciel.

LXX: …le jour où Dieu fit le ciel et la terre.

Saint Augustin éprouva de grandes difficultés à concilier « ce jour » unique avec l’œuvre des six jours décrite dans le premier chapitre. Dans son De la Genèse au sens littéral, dès le Livre I, il écrit: « Pourquoi a-t-il été dit <Au commencement Dieu créa le ciel et la terre> et n’a-t-il pas été écrit <Au commencement Dieu dit: que le ciel et la terre soient, et le ciel et la terre furent, en racontant cette création sous la même forme que celle de la lumière ? ». Bonne question, à laquelle il faut répondre que le premier verset n’est que le titre du texte qui va suivre.

Ce seul verset incita saint Augustin à affirmer la simultanéité de la création qu’il lui fallut ensuite concilier avec les 6 jours. Dans le Livre IV il écrit: « La même Écriture qui raconte que Dieu acheva toutes ses œuvres en six jours, dit ailleurs, sans se contredire, que Dieu a créé tout ensemble. Par conséquent, Dieu ayant tout fait ensemble, a créé à la fois la période des six ou des sept jours, disons mieux, a créé un jour qui s’est renouvelé six ou sept fois. Pourquoi donc distinguer avec tant de rigueur et de précision six jours dans le récit sacré ? La raison en est claire: les esprits qui ne sauraient comprendre <que Dieu a créé tout ensemble> ne peuvent atteindre le but où l’Écriture les mène, qu’au moyen d’un récit aussi lent que leur intelligence. »

Ces difficultés insurmontables sont, cependant, facilement éliminées si l’on veut bien comprendre que ce « jour » ne se réfère pas à la création du monde par Dieu, mais à celui où fut achevé le récit de la création raconté par Dieu Lui-même. Les auteurs anciens dataient d’après un évènement important: « L’année où Sumu-el construisit le mur de Sippar ». Nous datons nous-mêmes d’après le plus grand évènement de l’Histoire: la naissance de Notre-Seigneur. Ici l’évènement caractéristique est le moment où le récit de la création est achevé. Il est vrai que le verbe « faire », dans ce contexte, évoque irrésistiblement l’idée de création, qu’il n’a pourtant pas ici.

  1. La série de tablettes. Chaque tablette du récit se termine par l’indication « ce fut le premier…second…troisième, etc. jour. » Tout lecteur pouvait donc lire les tablettes dans l’ordre de 1 à 6.

  1. Le récit se terminait avec la 6ème tablette. Ceci est exprimé dans le verset 2: 1.

V: Ainsi furent achevés le ciel et la terre et toute leur armée

LXX: Et le ciel et la terre et toute leur ordonnance furent achevés Lorsque le texte comportait plusieurs tablettes, la coutume était d’indiquer sur la dernière que le récit était terminé, ce qui est ici le cas. Le mot important est « achevé », il est l’équivalent du mot « Fin » des livres modernes. Pour le lecteur de l’époque cela signifiait que la 6ème tablette était la dernière.

Dans la Vulgate le mot « armée » traduit le mot hébreu tsaba. On parle de l’armée du ciel, mais jamais de l’armée du ciel et de la terre, pas plus qu’on ne désigne ainsi les plantes ou les animaux. Rien donc ne permet de supposer que ce mot désigne l’ensemble de la création. Preuve que ce qui était achevé ce n’était pas la création du monde, mais le document la rapportant. Le mot hébreu évoque l’idée de mettre en ordre un ensemble de choses. A cet égard la leçon de la Septante est beaucoup plus éclairante: elle parle de « l’ordonnance ». Dans le commentaire de ce verset il est dit que « tsaba, traduit dans la Septante par kosmos, désigne les étoiles, « l’armée » du ciel, l’idée commune étant celle d’un ensemble bien rangé. »[34] Ici ce qui est bien rangé ce n’est évidemment pas la création, mais les tablettes. Le sens du texte est donc: ainsi furent achevés (indiquant la fin d’une série de tablettes) le ciel et la terre (le titre donné aux six tablettes) et toute leur mise en ordre.

V: 2, 2 Et Dieu eut achevé le septième jour son œuvre qu’il avait faite, et il se reposa le septième jour de toute son œuvre qu’il avait faite ou, autre traduction: Dieu acheva, le septième jour, le travail qu’il avait fait (Osty).

LXX: Et Dieu acheva au sixième jour ses œuvres, qu’il avait faites, et il se reposa le septième jour de toutes ses œuvres qu’il avait faites.

En hébreu, le mot traduit par « œuvre » ou « travail » est melaka, mot signifiant tout travail ordinaire, celui-là même qu’il est interdit de faire pendant le sabbat (cf. Ex 20, 10). Il n’implique en aucun cas la notion de création. Le travail terminé le 6ème jour n’est pas la création de l’univers, mais simplement les entretiens de Dieu avec Adam consignés dans une série achevée de tablettes numérotées de 1 à 6 intitulées « le ciel et la terre. »

Le « repos » de Dieu du 7ème jour a fait l’objet de commentaires embarrassés. On trouve le même mot avec le sens d’une simple cessation d’activité dans Jos 5,12 « et la manne cessa le lendemain de la Pâque… ». Là encore, la version de la Septante est intéressante. D’abord elle parle du sixième et non du septième jour, ce qui est beaucoup plus logique pour désigner le jour où Dieu, ayant achevé sa Révélation, cessa de parler. Ce repos du

7ème jour a beaucoup intrigué saint Augustin: « …les six premiers [jours] ont été créés à des moments que nous pouvons déterminer; quant au septième, appelé sabbat, nous ne pouvons distinguer l’époque de sa création…Comment donc [Dieu] aurait-il choisi pour se reposer, un jour qu’il n’aurait pas créé ? Et comment l’aurait-il créé immédiatement après les six premiers jours, puisqu’il acheva ses ouvrages au sixième jour, puisqu’il ne créa rien le septième et le consacra au repos ? » (Livre IV, Ch 20) Ce terrible dilemme se résout très simplement si l’on comprend qu’il ne s’agit pas de la création elle-même mais de sa Révélation à l’homme par Dieu.

La confirmation que dans ce premier chapitre de la

Genèse il s’agit du compte-rendu de la Révélation faite par Dieu à l’homme, et non pas de la création elle-même, nous est donnée par le début du verset 4: Voici l’histoire du ciel et de la terre quand ils furent créés. La Septante, plus précise, dit Voilà le livre (βίβλος) de la génération du ciel et de la terre quand il y eut génération…

5. L’auteur. Reste la cinquième et dernière information habituelle d’un colophon, le nom de l’auteur. Or, le fait est que le seul nom figurant dans notre colophon est celui de Dieu. Sachant que ce que Dieu fit n’était pas la création de l’univers, mais le récit de cette création, le verset 4 dans la version de la Septante « Voilà le livre de la génération (au singulier, alors que la Vulgate donne le pluriel toledot) du ciel et de la terre,… le jour où Dieu fit le ciel et la terre », semble bien indiquer que Dieu est l’auteur du livre. Dans une autre circonstance, lors de la remise à Moïse des Dix Commandements, on voit Dieu écrire Lui-même les tables de la Loi: l’Éternel dit à Moïse…je te donnerai les tables de pierre, la loi et les préceptes que j’ai écrits pour leur instruction (Ex 24: 12). Et plus loin: Lorsque l’Éternel eut achevé de parler à Moïse…il lui donna les deux tables du témoignage, tables de pierre, écrites du doigt de Dieu. (Ex 31: 18). Et lorsque Moïse descendit de la montagne, il avait dans sa main les deux tables du témoignage, tables écrites sur leurs deux côtés; …Les tables étaient l’ouvrage de Dieu, et l’écriture était l’écriture de Dieu, gravée sur les tables. (Ex 32:15). Dieu donna-t-il à Adam les six tablettes du texte écrit de la révélation de la création qu’Il venait de lui faire au cours de ces six jours ? Nous l’ignorons, mais le parallélisme des Dix Commandements n’interdit pas de le supposer.

Enfin, le fait de cette révélation primitive est attesté dans les deux Testaments.

Is 40:21, Ne le savez-vous pas ? Ne l’avez-vous pas appris ?

Ne vous l’a-t-on pas fait connaître dès le commencement?

N’avez-vous jamais réfléchi à la fondation de la terre ?

Dans He 4,4 on lit: car Il a dit quelque part au sujet du septième jour: et

Dieu se reposa le septième jour de toutes ses œuvres. La référence est manifestement à Gn 2,3 et suppose que Dieu Lui-même est le narrateur du récit de la création.

L’analyse du colophon de ce récit de la création nous fait saisir la révélation primitive. L’explication donnée nous permet de comprendre pourquoi ce récit est si sublime dans sa simplicité, si concis et pourtant si expressif, si gros d’un sens non contaminé par la spéculation humaine. Ce texte se trouve là où Dieu voulut qu’il soit, à la première page de l’Écriture, comme fondement de la foi en Dieu Créateur et comme première révélation de Dieu à l’homme.

Preuves de l’ancienneté de la Genèse

Il est généralement accordé que le premier récit de la Genèse est très ancien, mais les opinions divergent quant à la date de sa première mise par écrit. Jusqu’au début du XIXème siècle, on pensait que le récit de la création était fondé sur une Révélation primitive connue des Patriarches et mise par écrit par Moïse. La principale raison de cette opinion, antérieure aux fouilles de Mésopotamie, était que l’on ne croyait pas à l’existence de l’écriture à une époque aussi primitive. Laissons de côté les thèses de la critique « libérale » attribuant la rédaction de la Genèse à un ou plusieurs auteurs du VIIIème siècle avant J.-C. s’inspirant d’une tradition orale. Cependant, en dehors des méthodes littéraires exposées ci-dessus, le texte lui-même fournit des indices sur son ancienneté.

Le fait, peut-être le plus significatif, est qu’il ne contient aucune référence à un évènement quelconque postérieur à la création de l’homme et de la femme. Comparé à d’autres récits des origines, la sobriété du texte est impressionnante. Toutes les religions cherchent à donner une explication de l’univers et cette explication est le plus souvent fantastique, puérile ou dégoûtante. Ici aucun anachronisme.

Autre fait remarquable, toutes les références de ce premier chapitre sont universelles dans leur application et illimitées dans leur portée. Nous ne trouvons mention d’aucune tribu ou nation, ni d’aucun pays ou coutume locale. Tout se rapporte à la terre dans son ensemble et à l’humanité sans référence à une race quelconque.

Comparé au second récit, la différence est très éclairante, car dans le second récit figurent des précisions géographiques (l’Éden) et la mention de pays limitrophes. Tous les autres récits de création connus contiennent des références à une perspective historique ou nationale.

Un troisième trait concerne la simplicité de la mention du soleil et de la lune. Ils sont simplement désignés comme « le plus grand et le plus petit luminaire. » Il est bien connu que l’astronomie est la plus ancienne des sciences et qu’elle naquit en Babylonie. Dans Ur, cité d’Abraham, on adorait le soleil sous le nom de Shamesh et la lune sous celui de Sin. On doit donc supposer que la Genèse fut écrite avant que ces anciens noms aient été donnés au soleil et à la lune.

La brièveté du récit est un autre indice de son ancienneté. Les conditions primitives de l’écriture exigeaient cette brièveté, alors que plus tard les tablettes pouvaient contenir des récits plus longs.

Enfin, on doit noter que le sabbat n’est jamais mentionné, il est seulement désigné comme « le septième jour. » Si la rédaction avait été tardive l’auteur n’aurait pas manqué d’utiliser un mot d’usage aussi courant.

L’ensemble de ces indices permet de conclure à l’extrême ancienneté du premier chapitre de la Genèse. Les fouilles archéologiques ayant prouvé l’existence de l’écriture à une date beaucoup plus ancienne que ce que l’on croyait, il n’y pas de raison de supposer que ce chapitre n’ait fait l’objet que d’une tradition orale avant d’être mis par écrit à une date plus ou moins tardive.

Conclusion

Toutes les traductions de la Genèse sont faites en partant du principe que ce texte relate la création du monde par Dieu et non pas la révélation à l’homme par Dieu de sa création. D’où plusieurs embarras des commentateurs devant certaines affirmations. L’interprétation de Wiseman ne fait aucune violence au texte, car elle ne lui fait pas dire ce qu’il ne dit pas. Elle permet d’éliminer sept difficultés soulevées par l’interprétation traditionnelle:

  1. Dieu donnant un nom aux choses créées
  2. L’explication de « Dieu dit » répété 10 fois
  3. Les soirs et les matins…faits très naturellement pour le repos nocturne de l’homme
  4. Le septième jour pendant lequel Dieu « cessa » était pour le bienêtre de l’homme
  5. Tous les jours, ainsi que ceux du 3ème Commandement, et le 7ème jour de repos sont des jours ordinaires et il n’y a pas de raison de leur attribuer des durées exceptionnelles
  6. Devient inutile l’idée que le jour de repos ait été institué quelques heures après la création d’Adam, ou qu’il suive une longue période géologique, ou que ce 7ème jour fût fait de milliers ou millions d’années
  7. Il n’y a plus de conflit entre la lumière du premier Jour et la « création » du soleil et de la lune le « quatrième » Jour

Le premier chapitre de la Genèse ne nous dit rien sur le temps mis par Dieu pour créer l’univers, mais seulement le temps pris par Dieu pour la révélation primordiale de Son œuvre. C’est une révélation de choses totalement inaccessibles à l’homme seul. La confusion entre la durée de la création et la durée de sa révélation est à l’origine de la divergence entre la Bible et la Science.

En effet, la mise en doute de la Bible par la science a commencé par le problème du temps mis par Dieu pour créer l’univers. Lyell, Darwin et leurs successeurs ne pouvaient pas concilier une création en six jours avec les millions d’années qu’exigeait, d’après eux, la formation des couches géologiques ou des espèces. C’eût été bien pire si l’idée de création instantanée s’était implantée, sauf, peut-être, plus tard pour les adeptes du big-bang.

Cette conclusion: ‘Écriture Sainte n’affirmant nulle part que le monde fut créé en six jours, va contrister beaucoup de gens persuadés que la « science de la création », riche de très nombreux ouvrages, surtout dans le monde anglo-saxon, repose sur une base biblique irréfutable. Dans le camp catholique, outre les exégètes d’Alexandrie, le plus célèbre sceptique sur la création en six jours fut saint Augustin. Il fit preuve d’une débauche d’arguments pour concilier sa conviction, parfois hésitante, d’une création instantanée avec le texte de la Genèse. En le lisant, on se prend à regretter qu’il n’ait pas connu le mode très particulière de composition des tablettes ni les conséquences à en tirer pour lire correctement les œuvres concernées.

En dehors de la science, la validité des nombreux Hexamerons est également remise en cause, malgré la notoriété ou la sainteté de leurs auteurs. Mais il ne peut leur être fait grief d’avoir ignoré la structure très particulière de l’écriture sur tablettes de cette époque lointaine. On comprend que ceux qui ont admis la pertinence du travail de Wiseman sur la structure de la Genèse renâclent devant la conséquence, pourtant inéluctable, de sa véritable signification. Ils ne feraient pourtant que retrouver une tradition très ancienne comme l’atteste Bérose, un prêtre de Bel à Babylone du IVème siècle avant J.-C.

Dans ses Babyloniaca, un mélange d’astrologie et d’histoire, il parle d’une série de tablettes intitulées « le ciel et la terre » et surtout, il raconte que les Babyloniens ont une légende selon laquelle une instruction fut donnée pendant six jours par un être quasi-divin, Oannes, qui, pendant six jours instruisit Alorus, le premier homme qui régna sur terre. Bérose écrit que lorsque le soleil se coucha, il [Oannes] se retira jusqu’au lendemain matin. Les Babyloniens ne savaient rien d’une création en six jours, mais, comme le montre Bérose, ils avaient gardé la mémoire d’une instruction donnée en six jours contenue dans le Livre du ciel et de la terre.

On pourrait encore citer un autre document très ancien, L’Asatir, ou Livre samaritain des secrets de Moïse, datant du milieu ou de la fin du IIIème siècle avant J.-C. Il y est dit au chapitre 3, verset 9 qu’Adam possédait trois livres: le Livre des Signes, le Livre d’Astronomie et le Livre des Guerres (le livre des générations d’Adam). Il résulte clairement de ce livre que dès le IIIème siècle avant J.-C., les Samaritains croyaient que le premier chapitre de la Genèse avait été communiqué à Adam.

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L’ère du Verseau – Lion

Jean-Marie Mathieu

Présentation : Dans la théologie chrétienne de l’histoire, chaque événement arrive au « temps » approprié, c’est-à-dire au moment précis choisi par le Maître du temps, dans un déroulement linéaire qui, lui-même, se décompose en plusieurs « temps ». La Genèse nous enseigne que les deux grands « luminaires » sont prédestinés à marquer les temps. Il est donc naturel de confronter les ères zodiacales avec les « temps » qui divisent l’histoire, dont trois apparaissent déjà clairement: avant la loi, sous la loi et, depuis 2 000 ans, vocation des « gentils ». A la lumière de la partition de l’histoire proposée par saint Bonaventure, l’auteur montre que l’ère du Verseau ne sera pas « postchristique », comme le croient les sectateurs du Nouvel Age, mais verra le triomphe du véritable « lion » de la tribu de Judas.

(image du berger peul avec son bâton[35]) à notre chère petite sœur Germaneta[36] Joseph Ratzinger, élu pape en 2005 sous le nom de Benoît XVI, connaît très bien la théologie de l‘histoire de saint Bonaventure, ce franciscain docteur de l‘Église (1221-1274), puisqu‘il lui a consacré sa thèse d‘habilitation en théologie il y a cinquante-deux ans. Dans cette thèse publiée en 1988[37], il donne le schéma suivant :

« avant la loi + sous la loi – vocation des gentils + vocation des Juifs »

Le sens principal des ‗théories‘ de saint Bonaventure est déjà dégagé par là : elles sont une annonce de ce qui va venir. Car si l‘appel des Juifs à l‘Église du Christ se fait encore attendre, abstraction faite des témoignages de l‘Écriture qui le promettent, leur venue peut se déduire de la correspondance nécessaire des Testaments. En même temps, apparaît par là l‘inachèvement du temps actuel. Une fois que ce temps sera venu, s‘accomplira aussi la parole d‘Isaïe : « Les peuples ne lèveront plus l’épée l’un contre l’autre. » (Is 2, 4) Et Joseph Ratzinger de préciser alors: «Une nouvelle espérance messianique s’affirme ici, une espérance intérieure au monde, intérieure à l’histoire (…) Bonaventure croit en un nouveau salut dans l’histoire, à l’intérieur des limites de cet âge du monde. Ce très important changement de portée de la compréhension de l’histoire doit être considéré comme le problème central de la théologie de l’histoire de l‘Hexaëmeron » (c‘est-à-dire du commentaire sur les six Jours de la création).

Mettons le schéma en perspective pour mieux en apprécier la pertinence :

Ancien Testament : * avant la loi

  • sous la loi

Nouveau Testament : * vocation des gentils

  • vocation des Juifs.

Un curieux texte du Talmud de Babylone, traité Sanhédrin 97a, annonçait depuis longtemps que « le monde doit durer six mille ans ; deux mille ans de chaos, deux mille sous la Thorah et deux mille sous le Messie.» Cette Tradition se retrouve sous la plume du premier grand théologien occidental, saint Irénée de Lyon : « Si la Création a été achevée en six Jours, explique-til, il est clair que la consommation des choses aura lieu la six millième année.»[38]

Comme la Tradition fixe la durée d‘un cycle zodiacal à deux mille ans, deux Jours de la grande Semaine de la création, l‘ère du Verseau viendra après le Grand Jubilé que l‘Église a célébré en l‘an 2000. Patrick de Laubier a bien expliqué que si l‘Église, Corps du Christ, doit revivre la vie de son Seigneur, « il convient pour elle de revivre ce moment privilégié [le jour des rameaux, avant la Passion] à l’intérieur de l’histoire, cet hosanna historique que nous appelons la ‘civilisation de l’amour’, ce véritable ‘dimanche des Rameaux’ qui sera rendu possible par l’unité des chrétiens, la réconciliation de l’Église et de la Synagogue, lorsque l’Évangile aura été annoncé à tous les peuples. Ainsi verra-t-on la prière de Jésus [« que ton Règne vienne ! »] exaucée, celle que les chrétiens répètent depuis des siècles sans pouvoir connaître la portée de cette extraordinaire supplication.»[39]

Les trois ères zodiacales de deux mille ans chacune – Taureau, Bélier et Poissons – déboucheront sur celle du Verseau. En attribuant les quatre lettres du Nom divin YHWH à ces quatre âges du monde, se révèle le dévoilement progressif du mystère trinitaire, le plan de Dieu :

Y (Père) : ère du Taureau.

Regroupant toutes les époques antérieures, depuis nos premiers parents Adam et Ève jusqu‘au patriarche hébreu Abram d‘Ur en Chaldée. L‘humanité s‘éloigne, par orgueil, de son Créateur, le Père des cieux, et s‘égare dans les cultes païens des forces de la nature, de la fécondité et de la vie symbolisées par le bovidé sacré.

Le signe zodiacal faisant face au Taureau est celui du Scorpion, animal noir, venimeux, représentant le pouvoir du mal. Dieu cependant n‘abandonnera pas l‘humanité aux désastreuses conséquences du péché originel, puisqu‘Il conclura avec Noé et ses fils une Alliance, dont l‘arc-en-ciel reste le signe cosmique le plus éclatant.

H (Esprit du Père) : ère du Bélier.

En choisissant Abraham, Dieu entre désormais dans l‘histoire des hommes, grâce à l‘intermédiaire d‘un clan de nomades pasteurs orientaux, les Araméens, d‘où surgiront les prophètes hébreux porte-parole de l‘Esprit du Père – « l‘Esprit du Christ » (1 P 1, 11) – , lesquels prépareront la venue du Messie Agneau sauveur.

Le signe zodiacal en vis-à-vis, la Balance, souligne combien l‘Ancienne Alliance sera dominée par la rigueur de la Loi, la stricte Justice : œil pour œil, dent pour dent, mesure pour mesure, limitant heureusement la vendetta.

W (Fils) : ère des Poissons.

Lorsque les temps furent accomplis, il y a 2000 ans, le Père envoya pour vivre parmi nous son Fils, né de Marie, la Vierge de Nazareth[40].

Précisément, le signe zodiacal en face des Poissons est celui de… la Vierge ! Admirons en silence cette époustouflante coïncidence. Le ‗faux pas‘ des Juifs qui « refusèrent de se soumettre à la Justice de Dieu » comme dit saint Paul (Rm 1, 4) permettra aux nations de recevoir la Bonne Nouvelle du Pêcheur d‘hommes.

H (Esprit du Fils) : ère du Verseau.

Le pape Jean XXIII en annonçant le concile Vatican II avait prié pour une ‗Nouvelle Pentecôte‘. Depuis lors, l‘Église vit une étape décisive dans son pèlerinage terrestre, qui fut marqué il y a peu par le Grand Jubilé de l‘an 2000. A l’encontre de tous les pronostics humains, l‘Esprit du Fils va être dé-versé sur toute chair (Joël 3, 1), afin que jaillisse la ‗civilisation de l‘amour‘ sur les cinq continents, dans les sept parties du monde.

Le signe zodiacal en vis-à-vis, le Lion solaire, annonce que voici venu le temps pour le peuple juif de reconnaître le Messie, le véritable « Lion de la tribu de Juda » (Ap 5, 5) : Jésus le Christ. N‘en déplaise aux kabbalistes de Jérusalem ou de New York, l‘ère du Verseau-Lion ne sera pas post-christique. Elle verra au contraire l‘achèvement, la plénitude du christianisme, lequel, enrichi de la sève des racines de l‘olivier franc pour mieux nourrir toutes les branches, portera ainsi de plus beaux fruits. Cela après d‘angoissantes épreuves prophétisées par la Mère de Dieu à La

Salette en 1846. Le Sacré-Cœur « régnera malgré ses ennemis » et

« à la fin le Cœur Immaculé de Marie triomphera », comme il a été révélé à Paray-le-Monial en 1675 et à Fatima en 1917.

Ainsi que le notait Albert Frank-Duquesne, « l’Église

catholique se refuse à spéculer vainement sur un ‘millénaire’, au cours duquel le Christ régnerait littéralement et visiblement sur terre parmi les saints déjà ressuscités des morts.

Mais elle croit, et son instinct d’Épouse ne la trompe pas, qu’avant l’ultime course à l’abîme qui doit nous chasser, nous pousser dare-dare vers le trône du Jugement, elle connaîtra des victoires dépassant de loin tous les triomphes qu’elle a remportés jusqu’à présent. De grandes nations extrême-orientales, mais aussi les plus humbles tribus d’Afrique, des deux Amériques et d’Océanie, doivent contribuer encore à la plénitude de sa catholicité. Son unité rompue, mutilée, gravement atteinte, doit être rétablie, pour qu’elle puisse adresser au monde un message qu’elle ne soit pas la première à contredire, à renier, par son existence même à l’état de disjecta

membra. [41]»

La Révélation hébraïco-chrétienne se déploie au long de quatre ères zodiacales, condensant le cosmos tout entier : elle seule est la religion historique universelle. Et le Nom de gloire du Sauveur : Y H Sh W H, qu‘elle déroule au fil des siècles, illustre que la nouvelle et éternelle Alliance est définitivement scellée dans le sang du Christ. Comme l ‗annonce prophétiquement le

Psaume 47, Dieu sera à la fois le roi d‘Israël et du monde. L‘unique peuple élu et toutes les nations formeront ensemble le Corps de l‘Église, dont le Messie Roi du ciel est la Tête.

L‘Alliance noachique était la préfiguration de cette paix céleste qui régnera dès lors. Sur l‘étendard de sainte Jehanne d‘Arc se voyait le Christ Jhésus en gloire assis sur l’arc-en-ciel. « Celui qui siège est comme une vision de jaspe-vert ou de cornaline ; un arc-en-ciel autour du trône est comme une vision d’émeraude. » (Ap 4, 3)

Les douze signes du zodiaque ornent la plupart des cathédrales du Moyen Âge. Le Verseau y représente le mois de janvier tout en annonçant symboliquement le futur royaume de la chevalerie célestielle sous la forme du saint Graal enfin contemplé, ce vase sacré réputé contenir les sept dons du ‘Sant Esperit’ comme disent les troubadours.

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Note. En proclamant notre foi, nous affirmons: « Credo…in Spiritum Sanctum, Dominum et vivificantem, qui ex Patre Filioque procedit (…) Qui locutus est per prophetas.» L’Esprit Saint ‘procède du Père et du Fils (…) Il a parlé par les prophètes.’ Selon une intuition ancienne dans l’Église, la mission des Personnes divines dans l’Histoire reflète leurs relations au sein de la Vie trinitaire. En distinguant clairement deux temps spirituels: Esprit du Père, Esprit du Fils, le duel H + H dans le Nom YHWH ne veut pas suggérer qu’il y aurait ainsi deux Esprits, non!, mais veut simplement signifier analogiquement, à nos yeux limités d’hommes mortels, que le Saint Esprit, procédant du Père et du Fils comme d’un seul Principe et par une seule spiration, a une mission duelle, puisqu’Il est le courant d’Amour qui va du Père, origine, vers le Fils, lequel à son tour renvoie ce courant d’Amour vers son Père, rebouclant ainsi le circuit éternel.

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REGARD SUR LA CRÉATION

« Car, depuis la création du monde, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’œil nu quand on Le considère dans ses ouvrages. » (Romains 1, 20)

L’œil est fait pour voir[42] (1ère partie)

Drs Louis et Paul Murat

Présentation : L’œil est « fait pour voir ». Il est impossible d’échapper à cette conclusion, si l’on veut bien observer la minutieuse et complexe anatomie de cet organe merveilleux. Il y a un siècle, les docteurs Murat, armés des connaissances (non nulles, on le verra!) de l’époque, ont su tirer cette conclusion. En comparant l’œil aux appareils photo que la firme Kodak venait de mettre sur le marché, les auteurs montrent à l’œuvre l’Intelligence supérieure qui a su agencer autant de sous-organes fonctionnels en si peu d’espace. Tout est prévu: protection de la lentille par les paupières, son nettoyage par le liquide lacrymal, rotation dans toutes les directions pour suivre un objet, ce qui suppose une fine coordination des six fibres musculaires qui commandent chaque œil. La « chambre noire » du globe oculaire est fermée par un « diaphragme » (l’iris) réglable en fonction de la luminosité, et qui par ailleurs élimine les rayons marginaux. Les nerfs qui traversent la cornée s’y dépouillent de leur myéline, afin qu’elle reste limpide. La simple présence d’un tissu transparent en cet unique endroit de l’organisme, précisément dans l’axe de l’appareil optique, est inexplicable par un hasard de la chimie organique! Ces tissus translucides arrêtent cependant les rayons thermiques, ce qui nous permet de fixer un foyer ardent sans dommages pour la rétine. On n’en finirait pas d’admirer le nombre incroyable de finalités croisées qui se rencontrent dans cet organe qui, par ailleurs, participe éminemment à la beauté du corps humain.

L’œil est à bon droit l’organe que de tout temps les philosophes spiritualistes ont choisi pour illustrer la démonstration de la finalité biologique. C’est le type classique des adaptations organiques complexes.

Le professeur Béclard a écrit dans son Traité de physiologie : « L’œil est le plus merveilleux instrument d’optique que l’on puisse imaginer », et Charles Richet [18501935], bien que positiviste, a dit de son côté : « Ce serait à mon sens tomber dans un excès fantastique d’absurdité que de supposer qu’il n’y a pas un rapport de cause à effet entre l’œil et la vision. Ce n’est pas par hasard que l’œil voit ; il y a tout un agencement de parties, tout un mécanisme merveilleux dans l’ensemble et les détails les plus minuscules, qui nous permettent de dire avec certitude : l’œil est fait pour voir. L’adaptation de l’œil à un but, qui est la vision, s’impose à nous avec une telle force que les sophismes les plus subtils ne pourront ébranler l’opinion de personne, voire celle des sophistes eux-mêmes. » (Richet, Revue scientifique, 1898.)

Notre étude montrera, nous l’espérons, dans son évidente certitude, toute la précision de cette finalité.

Pour que la vision fût possible il fallait qu’un nombre considérable de dispositions fussent observées et que l’œil présentât dans ses diverses parties la structure d’un appareil photographique, auquel aurait été annexé un appareil de téléphotographie pour la transmission incessante au cerveau des complexes impressions rétiniennes.

Obligés de réduire notre étude au cristallin et à la rétine, organes particulièrement importants, signalons ici brièvement, en les dénombrant également en chiffres romains, les principales merveilles finalistes des autres parties de l’œil. L’étude plus complète en sera faite dans notre volume en préparation sur les Merveilles du corps humain (Téqui, 1911). Et d’abord, comme un appareil de photographie, l’œil est placé sur un support élevé.

L’objectif ou lentille d’un appareil est encerclée par un tube de cuivre protecteur ; de même l’œil est en retrait dans une cavité osseuse à quatre pans. La direction de la base en est oblique et la paroi interne est la plus longue, d’où accroissement notable du champ visuel en dehors et similitude de l’œil humain avec les appareils à paysages dits « à grand angle ».

Les parois de l’orbite où roule le globe oculaire sont soigneusement matelassées d’une épaisse couche de graisse qui en fait une demi-sphère creuse régulière.

L’objectif photographique au repos est protégé des poussières et de toute souillure ou heurt par le « bouchon » ou par un « obturateur » perfectionné : système de lames à fente réglable et à mouvement rapides,  » « guillotine » par exemple, ou bien rideau tendu, marchant au doigt, à la poire ou déclencheur métallique.

L’œil est également protégé, pendant le sommeil ou à l’état de veille, par un voile membraneux à mouvement automatiques, à déclic instantané, les paupières. Deux muscles –un droit et l’autre circulaire– actionnent ces dernières.

De petites plaques cartilagineuses (cartilages tarses), contenues dans le tissu des paupières, empêchent celles-ci de se recroqueviller et protègent par leur dureté l’œil sous-jacent. En outre un appareil de défense très précieux pendant l’état de veille, le réflexe palpébral, est ici annexé à l’obturateur.

Les sourcils détournent la sueur frontale. Les cils protègent l’œil contre les corpuscules de l’atmosphère et préviennent les moindres heurts. Les uns et les autres ont d’autre part un rôle esthétique.

La lentille d’un appareil, pour ne point se souiller de poussières ni se ternir lorsqu’elle reste constamment exposée à l’air, a besoin d’être fréquemment essuyée avec une peau de chamois ou un chiffon fin et, de temps à autre, lavée à l’eau ou à l’alcool.

L’œil est muni dans un but identique d’une burette, la glande lacrymale. Il fallait une humectation constante et des lavages répétés de la cornée. La source d’eau y est effectivement au point le plus convenable (partie supéroexterne de l’orbite) et elle est dotée de la canalisation appropriée. Le liquide sourd insensiblement de dix conduits, est ensuite étalé par les mouvements des paupières et est enfin recueilli à l’opposé, à la partie inféro-interne de l’œil, dans le lac lacrymal où plongent les points lacrymaux.

Ceux-ci, à peine visibles, sont néanmoins toujours béants par suite de la texture fibreuse toute spéciale de leurs parois. Le siphon minuscule que forme le conduit lacrymal supérieur est amorcé par l’abaissement de la pression aérienne intra-nasale dans les mouvements inspiratoires.

La finalité est évidente, dans ces petits conduits qui perforent, en un trajet angulaire, les tissus et finalement l’os nasal, avec pour effet de canaliser constamment les larmes jusqu’à l’intérieur de la cavité nasale où elles sont indispensables à l’odorat et pour humidifier l’air inspiré.

Les larmes coulent abondamment en cas de corps étranger de la conjonctive, de gaz irritant, etc.

Le bord libre des paupières présente sur sa face interne une ligne pointillée formée de trente trous, débouchés d’autant de glandes de Meibomius, dont les sécrétions lubrifient la surface de la cornée et lui donnent le poli et le brillant éclatant que nous lui connaissons.

La face interne des paupières et la surface du globe oculaire sont tapissées avec de la conjonctive, trame lymphoïde, organe de défense contre les microbes de l’air.

Le globe oculaire peut se tourner en tous sens, comme un appareil de photographie, grâce aux coussinets graisseux et à six muscles moteurs. « Les muscles oculaires, dit Brissaud (Leçons cliniques, 1895), ont des mouvements tellement complexes, tellement délicats, tellement variés qu’ils doivent tous être de connivence les uns avec les autres. » On a, en effet, découvert récemment les centres cérébraux de coordination, avec fibres motrices et inhibitrices.

Comment expliquer physico-chimiquement ce mécanisme, précieux à la fonction, et l’apparition, en des points choisis, de ces six fines rênes musculaires qui se dirigent parallèlement ou se croisent, vont se réfléchir dans des anneaux fibro-cartilagineux pour revenir sur elles-mêmes à angle aigu près de leur point de départ, s’enroulent, opposent ou associent leur action, ingénieusement, pour des buts utiles : mouvements de rotation du globe, etc. ?

Des dispositifs complexes assurent la protrusion des globes et leur rétraction.

Tout appareil de photographie se compose essentiellement d’une caisse, d’une « chambre noire », au fond de laquelle va se former, sur une plaque sensible, l’image produite par les rayons lumineux qui traversent un orifice ménagé audevant de la lentille.

L’œil a aussi sa chambre noire (le globe oculaire, la coque fibreuse appelée sclérotique), avec une ouverture vitrée sur l’avant (la cornée transparente), un diaphragme (l’iris) et une lentille (le cristallin).

Dans l’orifice antérieur de la sclérotique taillé en biseau, à pourtour elliptique d’une régularité géométrique, s’enchâsse, ainsi qu’un verre de montre, la cornée. Les couches superficielles du tissu de cette dernière sont formées de lames élastiques destinées à lui donner un poli spécial.

La cornée est plus convexe que le globe sclérotical de manière à pouvoir ménager en avant de l’iris une « chambre antérieure » qui est nécessaire au système dioptrique de l’œil. La cornée est aplatie dans sa zone périphérique. Nous verrons plus loin l’admirable finalité optique de cette curieuse particularité.

Par une disposition organique tout exceptionnelle, il n’y a pas de vaisseaux sanguins dans la cornée, dont ils troubleraient la limpidité. En revanche il y a une trame très serrée de nerfs sensitifs –en vue de la production du réflexe cornéen protecteur– mais ceux-ci « se dépouillent de leur myéline en abordant la cornée et sont ainsi parfaitement transparents ». (Nimier et Despagnet).

La présence seule de ce tissu vitré plus limpide que le crown-glass, précisément à l’endroit voulu pour correspondre géométriquement aux axes de l’appareil d’optique – alors qu’un épais tissu d’une semblable transparence ne se retrouve nulle part ailleurs dans l’organisme -, cette présence ne peut être raisonnablement expliquée par de purs hasards physicochimiques.

La lentille cristallinienne disposée perpendiculairement dans l’intérieur du globe oculaire est séparée de la cornée, en avant, par l’humeur aqueuse, et de la rétine, en arrière, par l’humeur vitrée.

« L’appareil régulateur hydrostatique de l’œil » (régulation autonome de la pression des liquides intraoculaires), déjà signalé par Nicati, a été étudié en 1909 par Kuschel.

En dehors de nombreuses autres fonctions : maintien de la forme du globe, nutrition de l’œil, rôle dioptrique, etc., les humeurs aqueuse et vitrée, l’une liquide, l’autre gélatineuse, et parfaitement transparentes, arrêtent les radiations caloriques qui accompagnent les rayons lumineux. L’humeur vitrée est logée dans une membrane, cristalline aussi, l’hyaloïde.

Si l’on concentre avec une lentille des rayons caloriques derrière un écran spécial, on obtient un faisceau calorique qui n’impressionne en aucune façon la rétine. Il est en effet arrêté par les humeurs transparentes de l’œil. Mais si le foyer du faisceau obscur est dirigé sur un autre point, les paupières par exemple, la sensation de brûlure est vive.

Ainsi nous pouvons regarder et voir nettement des foyers ardents : feu, lampes, soleil, etc. sans nous brûler la rétine et sans compromettre notre vue (Wittmaak, Landois, Fabre, etc.).

Quant aux rayons chimiques qui accompagnent aussi les rayons lumineux, ils sont absorbés par le pourpre rétinien.

Toutefois les rayons ultra-violets inutiles pour l’œil humain, sont arrêtés par les milieux dioptriques oculaires. La cornée et le cristallin surtout sont fluorescents, « condition heureuse – avoue le transformiste Testut (Traité d’anatomie humaine, t.III, 1905)– qui fait de ces milieux réfringents de véritables organes protecteurs de la membrane visuelle. » Le cristallin manifeste une fluorescence très intense quand on dirige sur lui des rayons ultra-violets invisibles.

Les rayons infra-rouges sont normalement arrêtés par l’humeur aqueuse (Bordier, Précis de physique biologique, 1903, p. 325).

Pour éviter une image à foyer irréguliers, diffuse, floue, sans finesse et sans détails, la lentille est précédée dans l’appareil photographique d’un diaphragme qui élimine plus ou moins, suivant le degré d’éclairage, les rayons marginaux.

Dans l’œil, « l’iris est un véritable diaphragme qui règle lui-même et par acte réflexe le diamètre de son ouverture » (Mathias Duval, professeur de physiologie à la Faculté de médecine de Paris, Cours de physiologie, p. 594, 8e édition, 1907), jusqu’à ce que l’image rétinienne ait atteint le maximum de netteté.

Par le jeu alternatif de fibres circulaires concentriques et de fibres en rayons de roue, le tissu de l’iris modifie sans cesse les dimensions de la pupille. En se contractant comme des anneaux élastiques, les fibres circulaires rétrécissent la pupille, tandis que les fibres rayonnées, en se rétractant, la dilatent. N’y a-t-il pas là une disposition providentielle des fibres, un agencement discoïdal unique dans l’organisme et dont l’ingéniosité est des plus remarquables, résolvant ce problème en apparence fort ardu d’obtenir à la fois une dilatation et une contraction en cercle ?

Les diaphragmes les plus perfectionnés de l’industrie, jeu de lamelles métalliques imbriquées, tendent à imiter aujourd’hui le fonctionnement si parfait du disque irien et portent précisément à cause de cela le nom de « diaphragmes iris ».

Grâce à l’iris, le pinceau central de rayons à foyers fixes pénètre donc seul sur le cristallin. Ce pinceau est renforcé, d’ailleurs, par les milieux réfringents de l’œil, surtout la cornée dont la réfraction est particulièrement forte. Ces divers milieux ont effectivement pour fonction, non seulement de conduire, mais aussi de condenser la lumière, et c’est sur le cristallin que s’obtient la quantité additionnelle de réfraction nécessaire à l’accommodation.

Nous étudierons plus loin l’arc réflexe irien, l’admirable mécanisme automatique formé de conducteurs nerveux où circule l’influx instantané, électrolytique, qui règle à tout instant les mouvements du diaphragme vivant et les dimensions de l’orifice pupillaire. Disons dès maintenant que le primum movens de ce réflexe est l’arrivée et l’action nuancée de la lumière sur la rétine ; la propagation du réflexe est due à l’excitation du centre médullaire des fibres irido-dilatatrices ; le point d’arrivée enfin en est constitué par les fibres musculaires radiées ou bien circulaires de l’iris.

On peut faire jouer à volonté ce réflexe de deux façons opposées, en mettant à la surface de l’œil quelques gouttes d’atropine, substance qui amène la dilatation extrême de l’iris par spasmes des fibres radiées et paralysie des fibres circulaires, ou au contraire d’ésérine, alcaloïde qui tétanise les fibres circulaires et réduit la pupille à un point.

Les gracieuses formes de l’iris et ses vives couleurs : bleue, perse, verte, noire, noisette ou marron, ainsi que le fond noir velouté de la pupille, contribuent pour la plus large part, avec la convexité brillante de la glace cornéenne, au rôle esthétique général de l’œil, cette perle vivante.

L’intérieur de la chambre obscure d’un appareil photographique est toujours peint en noir. De même l’intérieur du globe oculaire est tapissé par une membrane d’une couleur noire, la choroïde.

La choroïde a pour rôle, non seulement d’absorber, suivant l’incidence, les rayons qui tombent mal et détermineraient une réverbération désordonnée et nuisible, et peut-être aussi les rayons les plus irritants, mais encore de réfléchir les autres rayons sur la rétine à la façon du tain d’un miroir (miroir choroïdien). (Duval, loc.cit., p. 590 ; Lefert, Aide-mémoire de physiologie, p.260, 6e édit.1908).

Ainsi les rayons lumineux traversent le cristallin, l’humeur vitrée, toutes les couches de la rétine, de 1 à 10, puis atteignent la choroïde sous-jacente, s’y réfléchissent, et reviennent sur la dixième, puis sur la neuvième couche rétinienne (couches des cônes et bâtonnets).

Ils traversent ensuite, transformés en vibrations nerveuses, les autres couches de 9 à 1 (éventail des fibrilles du nerf optique), d’où l’impression est transmise au cerveau.

La choroïde présente une vascularisation sanguine extrêmement riche. Ce réseau tout spécial a pour but d’empêcher le fond de l’œil de se refroidir et de maintenir la rétine à une température constante et élevée. C’est « un appareil de caléfaction ». (Duval, loc.cit. p.590). (à suivre)

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COURRIER DES LECTEURS

De Sœur C.-M. (Italie)

Nous profitons de ce courrier pour vous remercier très chaleureusement pour votre revue qui est, surtout pour un simple lecteur non initié, un véritable souffle d’air frais dans le paysage scientifique, et une aide précieuse pour orienter les jeunes et les moins jeunes dans le grand débat sur l’origine de l’homme et les lois du cosmos, ce qui est fondamental pour une juste compréhension de la foi, au milieu du relativisme qui atteint toutes les sphères, même dans l’ Église. Et elle permet aussi de connaître d’autres réalités remarquables, comme aux États-Unis le site du Prof. Sungenis, et beaucoup d’autres. Nous nous employons à vous faire connaître, même modestement, à l’étranger et nous vous disons notre union de prière.

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De Monsieur André Treps (Anjou)

(Courrier envoyé au quotidien La Croix, en attente de réponse)

Épître aux Romains 1,20 : « Ce qu’il y a d’invisible depuis la Création du monde se laisse voir à l’intelligence à travers ses œuvres, son éternelle puissance et sa divinité…»

À propos d’une pêche, ou de n’importe quel autre fruit : j’ai ouvert la pêche que mon frère venait de m’offrir et je lui ai dit: « À quoi ça sert, ce noyau ? » « – À la reproduction », m’a-t-il répondu! « Mais ce fruit, à quoi cela sert-il à l’arbre ? » (Pas de réponse, il se méfiait…). « Regarde comme il est beau à voir, agréable à toucher, à sentir, à goûter; il nourrit et, en plus, comme si ça ne suffisait pas, il guérit, étant bourré de vitamines et de tout plein d’autres bonnes choses! »

« Alors, dis-moi, à quoi sert à l’arbre d’avoir des fruits beaux, doux au toucher, parfumés, nourrissants, de bon goût, désaltérants, guérissants ?

« Mais l’arbre, lui, il ne sait rien de tout cela. Ce n’est pas pour lui qu’il donne du fruit. Il obéit à Dieu qui nous offre ce baiser d’amour. Et nous, nous disons : « Ça s’est fait tout seul, c’est l’évolution! »

Non, ce n’est pas gentil envers Dieu, Créateur du Ciel et de la Terre. Pardon, Mon Dieu, pour l’Évolution, fruit de l’homme mauvais!

Je termine par la suite de Romains 1,20-22 : « …Ils sont donc inexcusables, puisqu’ayant connu Dieu ils ne lui ont rendu ni la gloire, ni les actions de grâces qui reviennent à Dieu. Au contraire, ils se sont fourvoyés dans de vains raisonnements et leur cœur insensé est devenu la proie des ténèbres: se prétendant sages, ils sont devenus fous. » (La suite du texte de Romains 20

[Rm 1 versets 23-32] mérite aussi le détour)

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Dieu dit Carl Christaki

D’où vient notre désaccord?

Sinon d’un Moi qui nous saoûle, Chacun se croit plus fort Et notre rêve s’écroule.

L’esprit anime le corps.

Non! Le corps en est le moule.

C’est dire que l’œuf d’abord Fut conçu, pour être poule.

La poule est un animal

Dit, de l’espèce ovipare, Et cela n’est pas si mal.

Mettre charrue avant bœuf, Erreur que le bon sens répare, Comme la poule après l’œuf.

Dieu dit vrai, Satan est bluff!

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  1. Sainte Thérèse de Lisieux aimait se comparer à un petit oiseau perché sur les ailes du grand Aigle!

  2. Claude Eon, « Création, évolution, confusions et illusions », in Tu es Petrus, n° 113, Sept 2007, p.50.

  3. Ce qui est bon l’est entièrement; un seul défaut qualifie l’objet comme mauvais.

  4. Repris de Déterminisme et Finalité, Paris, Flammarion, 1957, pp.78-87 2 Louis Bounoure enseigna la biologie générale à l‘Université de Strasbourg et dirigea le Musée Zoologique de cette ville. Il fut l’un des rares universitaires anti-évolutionnistes de l‘après-guerre, reprenant à ce titre le flambeau de Vialleton.

  5. Gaston Bachelard (1884-1962), dans sa philosophie du ‘non’, expliquait qu’une science, pour progresser, devait toujours ‘nier’ un savoir antérieur.

  6. Maurice Caullery, Le Problème de l’évolution, Paris, Payot, 1931, in-8°, p. 401.

  7. Louis Bounoure est mort avant d’avoir pu connaître les travaux récents, notamment de Guy Berthault, qui ont invalidé l’association d’une position verticale dans l’échelle stratigraphique avec une indication chronologique. Se reporter à son article du Cep n°4 : Vers une sédimentologie fondée sur l’expérimentation, et au site sedimentology.fr .

  8. P. Claudel, L’œil écoute, Paris, 1946 (Ossements, p. 195-212).

  9. Il existe une forme masculine, baculus,i , plus fréquente pour désigner la crosse épiscopale, baculus pastoralis .

  10. Sceptrum,i: long sceptre tenu dans la main droite.

  11. Hervé Pinoteau explique que la verge terminée en main d’ivoire et tenue en main gauche par les rois de France, voulait symboliser que le monarque était le ‘nouveau David’

  12. Voir la photo mortuaire de F. Mitterrand parue dans la presse. Le corbillard qui ramena sa dépouille de Paris à Jarnac était immatriculé 666 ST 78. Farce de croque-mort ou, plus sérieusement, signe d‘appartenance ? Inutile de vous dire que ce type d‘immatriculation n‘avait plus cours dans les Yvelines depuis belle lurette.

  13. Le but des manipulations génétiques pour obtenir des chimères homme/animal dépasse la simple transgression morale, au demeurant évidente, et vise à la démonstration du passage d‘une espèce à une autre. Une justice immanente se chargera, par des maladies inconnues et par les conséquences imprévisibles de ces activités sataniques, de convaincre de folie ces apprentis-sorciers.

  14. Ndlr. C’est ici l’occasion de se reporter à l’article révélateur donné par l’auteur dans Le Cep n° 44 sur « L’Académie Pontificale des Sciences » (pp. 20-34).

  15. Après des études d’agronomie à l’ESA d’Angers, A. Dumouch, né en 1964, s’est intéressé à la vie spirituelle et vient d’achever une thèse de théologie. Il enseigne la philosophie à Charleroi. C’est dans le cadre de son cours de philosophie, en traitant la question de l’origine des êtres, qu’il a posé ce défi sur Internet en 1997.

  16. Biologiste à Bordeaux, J.F. Péroteau s’est levé il y a trente ans contre les prétentions de l’évolutionnisme. Il a donné notamment De la séduction à la

    Supercherie (Tours, FDLF, 1978) et Le singe descend de l’homme

    (Bordeaux, Ulysse, 1995). On lira ses articles dans Le Cep n° 4 et 20. ‘ 8 Ce sont deux journalistes scientifiques auteurs du livre Les créationnismes, une menace pour la société française? (Paris, Syllepses, 2008). Se reporter au commentaire donné par le P. Morey d’Allyris dans Le Cep n° 45, pp. 47, squ.

  17. E.M. Thornton est l’auteur de Freud and cocaine – The Freudian Fallacy (Blond and Briggs Limited, Dataday House, Alexandra Road, London Sw 19 75 Z). Le lecteur francophone consultera avec intérêt le livre du Pr Gabriel Nahas : Freud, la cocaïne et le cerveau (Ed. F.-X. de Guibert, Paris, 1993).

  18. Freud, Sigmund, Lettres à Wilhelm Fliess, trad. de l’allemand par Françoise Kahn & François Robert, Paris, PUF, 2006.

  19. Démographe, Philippe Bourcier de Carbon est Président de l’Alliance Internationale pour la reconnaissance des amis de Maurice Allais en Physique et en Economie (AIRAMA). On consultera avec profit le site de l’AIRAMA: allais.maurice.free.fr

  20. Sur Maurice Allais et son œuvre physique, se reporter à ses deux articles parus dans Le Cep n° 36 et au commentaire sur le colloque anti relativiste qu’il a présidé à l’Ecole Polytechnique le 22 mai 2006 (éditorial du même numéro: L’impossible « éthique » scientifique).

  21. Maurice Allais, La Philosophie de ma Vie, Revue d’Économie Politique, n° 1, 1989, pp. 28-54.

  22. Ndlr. Le théorème T vient ainsi renforcer la théologie : pour un chrétien, l’idée de hasard est inacceptable ; il ne peut y avoir d’effet sans cause réelle et le hasard n’est pas une cause. En montrant que la loi des grands nombres (effectivement vérifiée) s’explique sans recourir au « hasard », Allais lève une contradiction évidente qui existait entre la physique moderne et une Providence divine omnisciente et toute puissante. Dieu n’est pas contraint par un « hasard » qui n’existe pas.

  23. Ndlr. Saluons au passage cette démarche réaliste de M. Allais qui entend ne retenir une théorie qu’après son passage au crible de la vérification expérimentale au moins qualitative et, si possible, quantitative. Si ce critère de simple bon sens était retenu dans nos universités, on verrait avec surprise de grands vides élaguer les programmes. Avec le goût de l’expérimentation, la curiosité intellectuelle serait remise à l’honneur et nul doute que de grands changements se produiraient dans toute la société.

  24. Ndlr. Rappelons ici la condamnation de l’usure par l’Église. L’Encyclique Vix Pervenit de Benoît XIV a confirmé cette interdiction en 1745, et n’a jamais été rapportée. Il y a donc, sous-jacente à la « doctrine sociale », une « doctrine économique » de l’Église qui, pour être méconnue, tue ou contournée par les casuistes, n’en demeure pas moins une contribution essentielle à la réflexion en vue d’une société économiquement saine. Il en va de même de la théorie du « juste prix ».

  25. Pr Maciej Giertych,  »L’Évolution vue de Rome« , in Le Cep n° 46, janvier 2009, p.33 sq.

  26. Les athées sont majoritaires au sein de l’Académie Pontificale des Sciences et M. Giertych notait : « Les applaudissements après les exposés des athées étaient beaucoup plus fournis qu’après ceux des croyants. »

  27. Cf. Le Cep n° 42, La menace créationniste, p.2

  28. Une vidéo, malheureusement inaudible, de cet incident a été mise en circulation sur internet par l’agence de presse Reuters : http://blogs.reuterscom/faithworld/2009/03/04anti-darwin-speaker-gagged-at-vatican-evolutionconference/

  29. Confidence du Pr Luigi Gonella, conseiller scientifique du cardinal Ballestrero, cf. Le Cep, n° 31, p. 54.

  30. Souligné par nous.

  31. Et si on donnait le titre complet de l’ouvrage : « De l’origine des espèces par voie de sélection naturelle, ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie » (the preservation of favoured races in the struggle for life) ? Sachant que la plupart n’ont lu de ce livre que le titre, n’est-ce pas de nature à faire comprendre que le succès du darwinisme n’eut que très peu à voir avec la science, et beaucoup plus avec la politique? On saisit mieux ainsi pourquoi Darwin est enterré à Westminster, aux côtés des chefs de l’Etat britannique. Ce n’est pas la dernière demeure habituelle pour un scientifique de mérite…

  32. Pour plus de précisions sur cette datation, se reporter aux articles publiés dans Le Cep n° 20, Août 2002, notamment aux commentaires de Konstantin Scripko, Chef de la section « volcanisme » au Musée de la Terre de Moscou, et Evguéni Kolesnikov, Chef du groupe de géochronologie isotopique à l’Université de Moscou.

  33. Nous citons la LXX d’après « La Genèse » de la Bible d’Alexandrie des Éditions du Cerf, 2ème éd. 1994. Incidemment, cet ouvrage ignore, dans sa bibliographie internationale, les œuvres de P.J. Wiseman.

  34. Op. cit., p. 98 note. Souligné par nous.

  35. Couverture de la princeps de mon essai sur Les Bergers du Soleil, l’Or peul, Préface de Jean-Gaston Bardet, Président d‘honneur de la Société française des urbanistes, Saint-Donat, Data Imprim’, 1988.

  36. Germaine Cousin de Pibrac (1579-1601), sainte patronne des bergers et des pastourelles; un lien subtil relie la ‗Contrelittérature‘ à cette petite sœur : cf. sur le blog CONTRELITTÉRATURE ‗pour le rayonnement intellectuel du Sacré-Cœur‘, l‘article poétique d‘Alain Santacreu du 14 avril 2006 : La Germaneta de la Contrelittérature.

  37. La théologie de l’histoire de saint Bonaventure, trad. Robert Givord, Paris, PUF, 1988, p. 16.

  38. Contre les hérésies, V, 28, 3, Paris, le Cerf, 1969, p. 359.

  39. Le temps de la fin des temps ; essai sur l’eschatologie chrétienne, Préface du P. René Laurentin, Paris, Éd. F.-X. de Guibert, 1994, p. 139.

  40. Notre Dame est représentée par la lettre hébraïque shin, Sh, symbolisant la chair, nature humaine assumée par le Verbe ; en insérant le shin, Sh, au cœur du Tétragramme YHWH, on obtient le Nom de gloire Y H Sh W H, qui nombre 10+5+21+6+5 = 47.

  41. Ce qui t’attend après ta mort, ‗La vie dans l’Au-delà à la lumière de la Révélation chrétienne‘, Paris, Éd. Franciscaines, 1947, p. 126.

  42. Extrait des Merveilles de l’œil, Paris, Bloud et Cie, 1911, pp. 5-12