Revue du CEP numéro 53

L’oisiveté technique

Dominique Tassot

Résumé : La valeur intrinsèque du travail est souvent méconnue par une société utilitariste qui se focalise sur l’argent gagné et sur la consommation. Or, si la Chute a condamné l’homme à peiner, le labeur aide au rachat de la faute et contribue ainsi à la rédemption personnelle. Le progrès technique, tel qu’il a été développé par la société chrétienne issue du Moyen Âge, avait pour but non de supprimer toute pénibilité mais d’offrir aux hommes de toutes conditions le temps libre nécessaire à la prière, à la pensée, aux arts libéraux, bref à tout ce qui nous élève vers la vie en Dieu. Puis l’Occident postchrétien s’est laissé écarteler entre deux perversions : l’asservissement au travail par le désir d’un haut « niveau de vie » ; l’oisiveté rendue vaine par le repli sur soi. Dans un cas comme dans l’autre, il n’est d’issue que vers le haut.

Ce n’est sans doute pas pur hasard si les assemblées et les gouvernements sous influence qui nous dirigent s’attachent à valoriser l’homme dans ses activités les plus diverses, à garantir ses libertés, à le doter de multiples droits inessentiels, mais avec une singulière restriction : cet homme est toujours considéré comme un être adonné aux loisirs, vivant d’argent sans véritable souci de sa provenance, n’attachant aucune importance directe à un acte souvent prédominant dans son existence et dans ses préoccupations, à savoir le travail. Ceci est vrai de l’individu mais aussi du collectif : l’entreprise, qu’elle soit individuelle, petite, moyenne ou grande, au sein de laquelle s’exerce souvent le travail, intéresse peu les sociologues ou les philosophes. Elle est très mal cernée par un Droit qui peine à s’y ajuster a posteriori ; elle n’en connaît le plus souvent qu’une réglementation accumulative, sans idée directrice si ce n’est de protéger l’employé contre son travail, de lui permettre de disposer de suffisamment de temps, d’argent et de liberté d’esprit pour se réaliser « vraiment », l’épanouissement personnel étant supposé se produire précisément en dehors du travail et à l’extérieur de l’entreprise.

Certes, le travail est présenté comme une punition par la Genèse : « Le sol sera maudit à cause de toi. C’est par un travail pénible que tu en tireras ta nourriture, tous les jours de ta vie ; il te produira des épines et des chardons, et tu mangeras l’herbe des champs. C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes à la terre… » (Gn 3, 17-19)

Il s’agit bien d’une condamnation, d’une peine à subir, d’un élément contingent, provoqué par les circonstances et, en ce sens, les dimensions essentielles de l’homme l’appellent à se réaliser pleinement ailleurs et plus tard, après qu’il sera retourné à la terre.

Mais il est un principe général du Droit, que la peine – une fois exécutée – rachète la faute, qu’elle éteint la dette contractée par le criminel à l’égard de la société. La malédiction divine porte non pas sur l’homme ni sur le travail, mais sur le sol qu’il nous faut désormais cultiver pour qu’il exprime sa fertilité en fruits comestibles. Le travail est une punition, mais sa pénibilité, précisément, le rend salvateur : salut temporel car il assure notre subsistance ; salut éternel car il contribue à notre rachat, nous permet d’exécuter la peine infligée et nous conforme ainsi à la volonté divine: Dieu veut si bien notre salut qu’Il a fait que les conséquences mêmes du premier péché nous permettent – suivant notre disposition – de revenir en grâce à ses yeux.

Ce fait dominant de l’histoire humaine a de multiples conséquences. L’une est qu’il n’est pas donné de déléguer cette pénibilité, de se voir racheté par la sueur des autres, qu’il s’agisse d’esclaves ou d’ouvriers chinois. Une autre se rapporte à la sueur du visage (comme le précise la Bible). Certes notre front est densément garni en glandes sudoripares ! Mais on peut aussi lire ici une allusion aux préoccupations du chef, de celui qui donne âme à l’œuvre collective, même s’il est peu engagé par le corps dans sa réalisation.

Le salut n’est pas réservé au seul effort musculaire ; il vaut aussi pour toute forme de pénibilité et, à ce titre, les soucis, les tracas et les déconvenues peuvent l’emporter haut la main sur de saines courbatures !

Le progrès technique, lorsqu’il décuple le geste du bras par un outil, lorsqu’il soulage nos fatigues grâce à quelque machine, n’est donc pas une malédiction.

Il déplace la pénibilité sans la supprimer, la transférant du physique au mental, élevant la condition humaine sans la dénaturer.

L’Antiquité païenne s’est peu attachée à cette forme de progrès, se reposant sur les esclaves pour exécuter le labeur « servile ». Ce furent les monastères qui, au Moyen Âge, lancèrent l’Occident dans la grande aventure des inventions pratiques, du moins celles destinées à soulager les humbles : les moines devaient dégager chaque jour du temps pour la prière ; ils virent immédiatement l’intérêt de gagner en productivité1. Intérêt double au demeurant : d’une part le temps gagné profite à l’office divin et à tous les travaux qui dépassent la simple subsistance, notamment ceux de l’art sacré ; d’autre part la fatigue épargnée se convertit en ardeur intellectuelle. L’homme épuisé par des heures à la hache ou à la bêche a peut-être fait avancer la cause de son salut personnel, mais on ne peut compter sur lui pour les travaux de l’esprit, la méditation des textes, l’étude et l’écriture, ces travaux par lesquels l’homme se conforme le mieux à l’image d’un Dieu qui a créé par la Parole.

Si la pénibilité du travail physique fut le premier effet de la Chute, il était normal que l’Incarnation du Sauveur vînt la soulager. Que vaudrait un rachat du Péché sans nulle action sur les effets du péché ?

À l’époque antique où les arts « libéraux » pratiqués par les uns sont achetés au prix de l’esclavage des autres, succéda peu à peu une civilisation chrétienne au sein de laquelle tous eurent accès aux bienfaits de la Rédemption et, comme toujours, comme dans la guérison du paralytique, les bienfaits matériels attestent la réalité des bienfaits spirituels.

La pénibilité salvatrice n’était pas supprimée, elle s’accommodait à un nouvel état de l’humanité, l’homme étant devenu plus proche d’un Dieu qui s’était de Lui-même rapproché.Les loisirs, les très nombreuses fêtes chômées2, les pèlerinages élevèrent même le bas peuple à la contemplation du Vrai, du Bien et du Beau3. Les chefs-d’œuvre de cette époque, répandus à profusion jusqu’aux villages les plus reculés et jusqu’aux objets les plus communs, témoignent assez en faveur de cette civilisation qui par ailleurs vit naître la « grande musique » et la science moderne.

Surtout, à l’image du prototype bénédictin, l’équilibre « ora et labora » était préservé : les privilèges constituaient autant de charges, impliquant toujours un service en vue du bien commun ; les loisirs imposaient de vaquer aux choses divines.

À ce bel équilibre personnel et social, tourné vers la Rédemption autant qu’il en était issu4, l’Occident postchrétien – et donc antichrétien – a fait succéder le chassé-croisé permanent entre deux tendances désordonnées : l’envahissement de la sphère privée par le travail professionnel d’un côté (notamment par le salariat des mères de familles) ; l’extension d’une société d’assistés vivant à l’écart du travail (notamment par le chômage des jeunes). Ora aut labora ! Ou bien prie, ou bien travaille !

Ici, c’est l’Autre qui gagne à tous les coups : loisirs, temps libre, culture, … à condition d’esquiver notre rédemption, attachée à un pénible travail ; ou bien carrière rémunératrice… à condition de se mettre corps et âme à la disposition de Mammon.

Socialistes et libéraux se sont ligués pour assujettir les esprits à de prétendues « lois » économiques, comme si l’accumulation de biens matériels était un objectif à hauteur d’homme, comme si l’efficacité pratique pouvait être durablement dissociée des conditions spirituelles propices aux inventions et à la paix sociale.

On se souvient de l’impérissable formule de Trotski, tout heureux de mettre ses ennemis au service de la Révolution : « L’improductivité du travail forcé est un préjugé bourgeois ! »

Certes, le Goulag apportait aux bolcheviques une main d’œuvre esclave qu’ils surent plus ou moins bien utiliser, tout comme le régime chinois exporte aujourd’hui à bon marché les productions du Lao-Gaï ; mais les conditions sociales nécessaires au Goulag firent que l’URSS ne retrouva qu’en 1953 le niveau de production industrielle atteint par la Russie en 1914 ! Ainsi nous fut donnée la plus belle démonstration de l’erreur matérialiste.

La démonstration complémentaire, celle qui est en train d’annihiler l’Allemagne, n’est guère moins probante : le culte d’un

« niveau de vie » exprimée en monnaie y fait se multiplier les célibataires ou les ménages sans enfants, ceux que les sociologues anglo-saxons appellent les DINKS (double income, no kids : deux revenus, pas d’enfant à charge, bref l’optimum économique !) Là encore, une vision tronquée de l’homme mène la société à l’impasse.

Alternativement, la blasphématoire civilisation de “l’État- Providence”5, évoque une autre fin de règne, celle de l’Empire romain : panem et circenses (du pain et des jeux).

À “l’annone” (la distribution gratuite du blé aux 150 000 prolétaires de la Ville) et aux jeux du cirque, nous avons substitué les revenus sans contrepartie physique ou morale et une télévision qui émet ses balivernes du matin à la nuit.

Or, l’homme se détruit dans l’oisiveté plus sûrement encore que dans l’esclavage. Car l’esclavage, généralement involontaire, n’ôte pas sa noblesse native à un fils de Dieu ; tandis que l’oisiveté, même subie, en faisant de chacun sa propre finalité, attente aux sens de l’existence et prive l’homme des mérites dont il a besoin pour se racheter.

Au fond, sous les apparences, la vraie condition de l’homme est l’esclavage : « Tu es esclave, toi qui fus créé ; tu es esclave, toi qui fus racheté ! » s’exclame saint Ambroise, lui-même patricien et préfet avant d’être élu évêque de Milan. Et saint Jean Chrysostome se demande quel est le véritable esclave, entre le maître enivré gisant sur son lit et l’esclave sobre qui veille debout :

« L’un a l’esclavage au dehors, l’autre a sa chaîne au-dedans. À quoi bon posséder les biens extérieurs si on ne s’appartient pas à soi-même ? » (De Lazaro, ch. VI, n. 8)6

Une « civilisation des loisirs » qui a perdu de vue sa finalité supraterrestre, qui ne sait pas affecter à la prière et à la charité ce temps qui n’est plus mobilisé pour la survie, une telle

« civilisation » referme devant les hommes la grande porte de leur rédemption, et dénonce par là l’Ange déchu qui l’inspire. Elle est peut-être plus inhumaine encore que le bolchévisme, car la pression policière suscite une réaction intime, tandis que l’insidieuse démobilisation mentale, en écartant du paysage intérieur l’œuvre utile à réaliser, entretient un égotisme à l’exact antipode de la vocation divine de l’homme.

Avec le recul du temps, il semble bien que la conception chrétienne du travail soit la seule qui donne au progrès technique toute son utilité individuelle et sociale, lui permettant de servir sans asservir et de soulager sans rendre assisté.

« L’Esprit souffle où Il veut. » Il est peu vraisemblable que les inventions salutaires dont a bénéficié l’Occident chrétien continuent de fleurir chez ceux qui, consciemment ou inconsciemment, ont changé de Maître.

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1 Toutes ces inventions techniques (et gastronomiques) dues aux moines donnent une illustration collective la parole évangélique « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice et le reste vous sera donné par surcroît! » (Mt 6, 33).

2 En ajoutant les dimanches, les fêtes religieuses universelles et locales, les fêtes de certains saints et de la Sainte Vierge, on pouvait compter 180 jours chômés par an vers l’An Mil. Encore la journée de travail était-elle courte en hiver !

3 Les Constitutions apostoliques, rédigées vers l’an 380, ont soin de limiter la durée du travail servile : « Que les esclaves travaillent cinq jours : le samedi et le dimanche, qu’ils aient le loisir de venir à l’église pour y apprendre la religion. La Semaine sainte et la suivante, que les esclaves chôment. La première est celle de la passion, l’autre celle de la Résurrection. Et ils ont besoin d’apprendre qui est mort, qui est ressuscité, qui a permis cette mort, qui a ressuscité » (L. VIII, ch. XXXIII, trad. in D.T.C., article “esclavage”, col. 467.

4 « Tu ne me chercherais pas, si Je ne t’avais déjà trouvé ! », faisait dire au Christ Marthe Robin, corrigeant ainsi génialement la célèbre formule pascalienne : « Tu ne me chercherais pas, si tu ne m’avais déjà trouvé ! ».

5 « État du bien-être » (Welfare State) dirent plus prudemment, avec Beveridge, ses inventeurs de la Fabian Society.

6 Sur l’esclavage et la manière dont l’Eglise, sans jamais le condamner, a su l’humaniser puis le faire disparaître, se reporter à « l’Église et l’Esclavage » in Le Cep n°5, pp. 1-11. Hommes libres et esclaves s’avançaient indistinctement vers la table de communion, et ils étaient inhumés dans les mêmes cimetières chrétiens, faits impensables dans la société antique ! On comprend ainsi pour quoi l’esclavage réapparaît, sous des formes déguisées, dès que recule la civilisation chrétienne.

 

SCIENCE ET TECHNIQUE

« Les rationalistes fuient le mystère pour se précipiter dans l’incohérence »

(Bossuet)

La raison d’être de l’Évolutionnisme1

Ellen Myers2

Présentation : Les métamorphoses fantasmagoriques que suppose la théorie évolutionniste devraient faire reculer tout esprit attaché aux faits objectifs et à la rigueur de pensée.

Aussi de grands scientifiques comme George Wald (prix Nobel) ou Richard Lewontin (Université de Harvard) ont reconnu que leur motivation n’était pas de nature scientifique mais religieuse (ou plutôt antireligieuse). Ce n’est pas un athéisme simplement « méthodologique » qui oblige ces savants à exclure toute intelligence créatrice : il s’agit d’une volonté de refuser Dieu coûte que coûte, de préférer l’irrationnel au surnaturel.

Inversement, c’est en réfléchissant à la perfection d’une oreille d’enfant qu’un Whittaker Chambers, communiste militant, a compris que le hasard ne pouvait être à l’origine des choses et s’est converti.

Whittaker Chambers était un communiste plein de zèle qui avait mis sur pied, dans les années 1930, un réseau d’espionnage parmi des fonctionnaires haut placés du gouvernement américain, à Washington D.C. Mais il est devenu chrétien; a quitté le parti communiste et travaillé en tant qu’écrivain puis, plus tard, en tant qu’éditeur du Time Magazine. Dans son autobiographie, intitulée Témoin (Witness), il décrit comment il s’est tourné vers Dieu et converti au Christ:

«Ma fille était assise dans sa chaise haute. Je la regardais manger. Elle représentait le miracle le plus incroyable qui s’était produit dans ma vie (…) Mon regard s’est posé sur les circonvolutions si délicates de son oreille – ces oreilles parfaites, si complexes.

L’idée m’est venue à l’esprit: « Il est impossible que ces oreilles aient été créées par une rencontre fortuite d’atomes dans la nature (selon les théories communistes).

Elles ne pouvaient avoir été créées que suivant un dessein créateur prodigieux. (…) Qui dit dessein présuppose déjà l’existence de Dieu. Je ne savais pas alors qu’à ce moment précis le doigt de Dieu avait effleuré mon front pour la première fois.»

Un tel témoignage donne le frisson aux évolutionnistes les plus irréductibles. Preuve en est leur lutte implacable contre l’affirmation que tout a été créé et qu’il existe un dessein intelligent. Comme l’avait fait jadis Whittaker Chambers, ils doivent à leur tour évacuer de leur pensée les faits scientifiques et historiques sur l’évolutionnisme et la réalité telle qu’elle existe vraiment. L’évolution, pour eux, est une religion.

Ils ne peuvent supporter l’idée que le Dieu de la Bible existe et qu’il soit leur Créateur, leur Juge, leur Sauveur et leur Seigneur.

Certains éminents évolutionnistes l’ont ouvertement admis. En 1972 déjà, à l’université de Harvard, le célèbre évolutionniste et prix Nobel de biologie George Wald, écrivait :

«Il n’y a que deux explications possibles concernant l’apparition de la vie : une génération spontanée selon l’évolution, ou un acte créateur surnaturel de Dieu (…) La génération spontanée a été prouvée erronée par Louis Pasteur et d’autres, il y a cent vingt ans, ce qui ne nous laisse qu’avec une seule autre possibilité – que la vie soit apparue grâce à un acte créateur surnaturel de Dieu, mais je ne peux pas accepter cette philosophie parce que je ne veux pas croire en Dieu. Je choisis donc de croire à ce qui est impossible scientifiquement, une génération spontanée qui génère l’évolution.»3

Voici des affirmations analogues assénées par le philosophe Thomas Nagel et le biologiste Richard Lewontin, éminents évolutionnistes de notre génération.

Nagel écrit :

«Je désire que l’athéisme soit vrai et cela me met mal à l’aise de penser que des croyants religieux figurent parmi les personnes les plus intelligentes et les mieux informées que je connaisse. (…) Je ne veux pas qu’il y ait un Dieu : je ne veux pas que l’univers soit comme ils le présentent (…) À mon avis, le problème d’une source d’autorité cosmique (…) est à l’origine d’une grande partie du scientisme et du réductionnisme de notre époque.»4

Lewontin écrit:

«En raison de notre adhésion a priori à des causes matérielles, nous sommes contraints de créer un appareil d’investigation et un ensemble de concepts qui fournissent des explications matérielles, explications en flagrante opposition à l’intuition et complètement hermétiques pour le non-initié. En outre, ce matérialisme ne peut être remis en question, car nous ne pouvons en aucun cas laisser un Pied Divin passer la porte5

Dans son livre La science et la création, le P. Stanley Jaki, éminent historien et philosophe des sciences, fait remarquer que les origines de la science, telle que nous connaissons celle-ci de nos jours, remontent à un moment précis de l’histoire humaine, à savoir au haut Moyen Âge chrétien (entre 1250 et 1650). Selon lui, il est impossible que la science ait pu surgir dans aucune autre culture. Et il explique pourquoi il en est ainsi. Toutes les grandes civilisations de l’Antiquité croyaient en un univers éternel subsistant par lui-même et en constante évolution, à la fois moniste, panthéiste et animiste. Cet univers fluctuait interminablement entre de longues périodes d’expansion et de contraction, d’ascension et de chute, de naissance et de mort.

Or, même si les hommes ne semblaient constituer que des particules infimes d’un immense «animal cosmique», ils étaient pourtant capables de faire des observations hautement complexes sur la nature et le ciel étoilé, et ils excellaient dans l’art d’imaginer des inventions techniques vraiment utiles sur le plan pratique.

Ils étaient toutefois contraints de s’arrêter sur le seuil de la science moderne à proprement parler, car dans un monde moniste (« il n’existe rien d’autre que ce monde-ci »), l’homme n’est qu’un élément de ce monde, et une partie ne parvient pas à expliquer le tout dont il fait partie. Donc la seule vision du monde qui permette d’expliquer le monde dans son ensemble, c’est celle de la vision biblique du monde dans laquelle tout a été créé à partir du néant par un Dieu tri-personnel, transcendant et omnipotent, qui a créé l’homme à son image et à sa ressemblance, pour dominer sur ce monde, qui est l’œuvre de Ses mains. Voilà pourquoi la science moderne ne plonge ses racines et ne s’est développée nulle part ailleurs qu’au sein de la culture occidentale du Moyen Âge, culture imprégnée de la foi en la création propre à la Révélation hébraïco-chrétienne

L’évolutionnisme doit chercher à expliquer le monde depuis l’intérieur, en affirmant que rien d’autre n’existe; il ne peut donc pas, a priori, en donner une explication correcte. Le professeur William R. Thompson, dans son introduction de l’Everyman’s Library Edition of the Origin of Species, écrit :

«La conviction de Darwin que l’évolution est le résultat de la sélection naturelle, agissant sur de petites variations accidentelles (…) a retardé d’un demi-siècle les progrès effectués dans les recherches sur l’évolution. Les recherches sur l’hérédité vraiment fructueuses n’ont commencé qu’en 1900 avec la redécouverte de l’œuvre fondamentale de Gregor Mendel, publiée en 1865, et n’avaient absolument rien à voir avec l’œuvre de Darwin6

Mendel a obtenu des résultats scientifiques significatifs en fondant sa recherche sur le principe de la stabilité ou de norme permanente, qui se situe à l’exact opposé de l’évolution. Sans aucun doute, ce moine catholique autrichien croyait au Dieu Créateur, et c’est cette foi chrétienne qui lui a donné les bases pour entreprendre un travail scientifiquement fécond dont les fruits durent encore.

La science taxonomique a, elle aussi, été sérieusement entravée par le fait que bien des scientifiques ont adhéré au paradigme darwinien.

Thompson écrit encore que «par des arguments plausibles mais pas du tout convaincants, les zoologistes <ont démontré> que les vertébrés descendaient de presque chaque groupe d’invertébrés. Pendant trente ans, de 1870 à 1900, beaucoup d’énergie a été consacrée à l’embryologie, qui s’est inspirée de la

< loi biogénétique>. »7

Cette « loi biogénétique » prétend que le développement de l’embryon récapitule l’évolution ancestrale d’un organisme. Cette théorie a été inventée par le promoteur allemand de Darwin, Ernst Haeckel. Non seulement elle était inexacte, mais on montra très vite que c’était même une supercherie : les dessins d’embryons de Haeckel étaient, de toute évidence, falsifiés; ils sont pourtant encore présentés, de nos jours, comme des “faits” dans certains manuels scolaires de biologie. Ils ont été utilisés pour justifier l’avortement parce qu’ils affirment qu’en début de grossesse le bébé à naître n’est pas encore humain. Les embryons de Haeckel ne sont qu’un exemple de moyens frauduleux utilisés pour défendre la cause de l’évolution. Un autre exemple est «l’Homme de Piltdown», une falsification qui a discrédité tant de manuels scolaires de 1912 à 1953 : grâce à elle, on cherchait à prouver que l’homme descendait du singe. Plus récemment, le Dr Bernard Kettlewell a présenté sa théorie darwinienne sur les phalènes du bouleau. Pour plus de renseignements concernant les supercheries évolutionnistes, on consultera l’ouvrage de Richard Milton, Shattering the Myths of Darwinism8, et celui de Jonathan Wells, Icons of Evolution.9

Nous avons déjà constaté, grâce à l’exemple de Mendel cité plus haut, que l’évolutionnisme, selon lequel les changements évolutifs sont le produit de variations fortuites, ne nous permet pas de comprendre ce qui se passe vraiment dans la réalité.

L’évolutionnisme nie, en fait, la réalité telle qu’elle est, parce que l’univers porte en soi tous les signes d’une création intentionnelle, qui a été conçue par un Ordonnateur personnel et intelligent: le Dieu Créateur révélé dans la Bible.

La réalité elle-même prouve la véracité de Romains 1, 20 :

«Les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité se voient fort bien [donc pas de manière confuse] depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages.» Comme le confirment George Wald, Thomas Nagel et Richard Lewontin, cette réponse est odieuse pour des hommes qui

ne veulent pas s’incliner devant Dieu.

Le combat actuel sur l’évolution n’est pas livré entre « la religion et la science ». Il s’agit d’une attaque en règle des athées rebelles contre le Dieu de la Bible, contre la foi en Lui et en Sa Parole; combat qui est attisé par les médias et l’intelligentsia. Voici la vraie raison pour laquelle tant d’intellectuels athées, comme l’ont fait avant eux ceux des civilisations de l’Antiquité, s’accrochent à l’évolution dans un monde moniste. Ils défendent de telles positions quoique la science moderne elle-même ait surgi dans une culture imprégnée de christianisme biblique, qui affirme que le monde a été créé par Dieu. Jamais ils ne reconnaîtront la contribution inestimable que cette vision du monde a apportée aux bienfaits matériels dus à la science moderne ; en effet, celle-ci en a bénéficié grandement.

Comme l’avait fait Whittaker Chambers, lorsqu’il fut confronté pour la première fois à Dieu, ils s’accrochent à cette croyance évolutionniste « que les atomes se sont rencontrés par hasard » pour expliquer scientifiquement l’origine de toutes choses, même si cela s’avère scientifiquement impossible. Ils agissent ainsi pour n’avoir surtout pas à rendre des comptes à leur Créateur.

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1 Repris de la Revue Réformée n° 252, novembre 2009, pp. 15-20.

2 Correspondante américaine du Cep, E. Myers nous a déjà donné « Quelle vision du monde chez les démons ? » (Le Cep n°16, juillet 2001).

3 G. Wald, Frontiers of Modern Biology and Theories of Life (New York : Houghton Mifflin, 1972), 187, cité in Rex Russell, What the Bible says about Healthy Living (Ventura, CA : Regal Books, 1996), 187; c’est nous qui soulignons.

4 T. Nagel, The Last Word (New York, Oxford University Press, 1996), 130- 131.

5 Lewontin, « Bil1ions and Billions of Demons », The New York Review of Books (January 9, 1997), c’est nous qui soulignons.

6 W.R. Thompson, Everyman’s Library Edition of the Origin of Species (London : J.M. Dent & Sons, Ltd., 1956, 16, c’est nous qui soulignons (on trouvera le texte intégral de cette Introduction dans Le Cep n°52, pp. 10-34)

7 W.R. Thompson, ibid., 16.

8 R. Milton, Shattering the Myths of Darwinism (Rochester, VT : Park street Press, 1997).

9 J. Wells, Icons of Evolution (New York : Regnery Publishing, 2000).

 

Ressemblance et descendance: homologie ou analogie fonctionnelle?

Jean-François Moreel

Résumé : Parmi les tautologies du discours darwinien, il en est une qui semble échapper aux critiques, peut-être parce qu’elle demande à être bien comprise : le concept d’homologie. Sont dites « homologues » les ressemblances organiques qui proviennent d’un ancêtre commun. Cela étant posé (qui présuppose donc l’existence de l’ancêtre commun), on va utiliser comme « preuve » d’une ascendance commune toute ressemblance entre deux structures chargées de la même fonction : tautologie pure et simple ! Or il existe une autre explication à de telles ressemblances : l’analogie fonctionnelle.

Si des roues se rencontrent dans une imprimante aussi bien que sous une voiture, ce n’est pas que l’imprimante « descende » de la voiture, mais parce que la fonction de rotation nécessite la roue ou toute autre forme circulaire adéquate. Or il existe des cas, en biochimie notamment, où la même réaction peut être assurée par plusieurs composants différents. Ainsi une structure moléculaire, l’enzyme ThyA, assure généralement la synthèse de la thymidine (une des bases de l’ADN). Les darwiniens y virent aussitôt une

« preuve » de l’ascendance commune de tous les êtres vivants. Or, on a découvert en 2002 une autre enzyme nommée ThyX, qui exécute la même fonction, parfois chez des êtres vivants appartenant au même genre ! L’embryogenèse montre également que des gènes qualifiés d’homologues occupent des localisations bien différentes chez l’embryon, ce qui réfute complètement l’hypothèse d’un ancêtre commun. Que peut bien valoir une théorie qui repose sur de telles tautologies, même si le grand public n’a pas toujours les éléments pour s’en rendre compte ?

Les arguties tautologiques du discours darwinien ont été maintes fois dénoncées par de nombreux philosophes, mais l’une d’entre elles, la plus fréquemment rencontrée de nos jours, semble échapper à toutes les critiques. Il s’agit du concept d’homologie et de l’usage qu’en font ses adeptes. Pour ces derniers, deux structures sont « homologues » si elles dérivent d’une même structure hypothétique présente chez un ancêtre commun. Il faut bien noter que dans cette acception, l’homologie suppose déjà

la filiation entre les espèces ; elle serait indépendante des similitudes que peuvent présenter lesdites structures homologues.

Ainsi, c’est parce que l’homme et le cheval sont dits

« descendants du même ancêtre » que notre main est dite

« homologue » au pied antérieur du cheval. Or, il est faux de dire que l’homologie des membres antérieurs prouve une ascendance quelconque, commune ou non. Ainsi les membres antérieurs des différents vertébrés (ici la main humaine et le pied antérieur du cheval) se ressemblent moins que ne se ressemblent les membres antérieurs et les membres postérieurs d’un même organisme. Or, on ne parle jamais d’homologie entre les antérieurs et les postérieurs lesquels, pour les darwiniens, sont hétérologues : les antérieurs sont censés dériver des nageoires pectorales des poissons alors que les postérieurs viendraient des nageoires pelviennes, lesquelles n’ont pas du tout la même structure1. D’après les théories actuelles, si les membres antérieurs et postérieurs de chaque individu ont la même structure, jusque dans le détail des différences du cinquième doigt, c’est purement fortuit, ou pour parler plus « darwiniennement » : « c’est un phénomène de convergence » (traduit en langage commun, le terme darwinien de « convergence » donne : « dû à un inexplicable hasard »). Malgré tout ce qui précède, Darwin a cru pouvoir utiliser le concept d’homologie à l’envers, pour « démontrer » la filiation entre les espèces, considérant même qu’il s’agissait de la meilleure « preuve » de sa théorie !

Peu après la Seconde Guerre mondiale, l’homologie reçut un coup qui aurait dû lui être fatal lorsque les embryologistes

1 Ndlr. Qui plus est, comme le faisait remarquer Claude Timmerman dans sa conférence au dernier colloque du CEP à Orsay, les membres postérieurs des vertébrés terrestres sont plus puissants que les membres antérieurs. Or le Périophtalme, qui semble l’unique poisson « adapté » temporairement à une vie aérienne et à une locomotion en milieu non aquatique, développe ses capacités locomotrices à partir de ses seules nageoires antérieures. En réalité, les poissons dits “pulmonés” (Sarcoptérygiens) n’ont pas de vie terrestre au sens propre : leur existence non aquatique se limite en effet à un état de vie ralentie – un genre d’hibernation – dans le limon du lit des rivières asséchées et les lagunes où leurs poumons sacculaires très élémentaires n’effectuent que des échanges gazeux extrêmement limités, incompatibles avec une activité physique vitale normale. Imaginer qu’ils réalisent une transition vers une vie terrestre pérenne est donc très abusif!

montrèrent que nombre de structures déclarées « homologues » ne dérivaient pas des mêmes structures embryonnaires.

Il est depuis lors impossible d’invoquer la plupart des « homologies », y compris à l’intérieur des différentes classes de vertébrés. En effet, si deux structures dérivent d’une même structure ancestrale, elles devraient nécessairement prendre naissance dans la même structure embryonnaire durant le développement des individus.

Or, tel n’est pas le cas dans la plupart des exemples qu’avaient donnés les darwiniens. A partir de ce moment, il redevint brutalement évident que l’homologie n’était qu’une conséquence de la thèse de la filiation des espèces, mais que cette dernière ne reposait sur rien d’autre que la foi de ses partisans.

Mais à la fin des années 1970, les résultats de la biochimie et de la biologie moléculaire permirent de redonner une nouvelle jeunesse au concept darwinien d’homologie, et c’est sur des données issues de la génétique moléculaire qu’il fait depuis le bonheur des évolutionnistes. Ces derniers ont trois bonnes raisons pour incorporer de telles données dans leur propos. Tout d’abord, la vérification et l’analyse de ces faits sont hors de portée du grand public auquel est adressé ce discours. Ensuite, de tels arguments, issus des plus récentes techniques d’investigation biologique, redorent le blason du darwinisme en lui offrant une image de modernité sans égale. Enfin, s’il est facile de simplifier abusivement ce genre de résultats pour en tirer des arguments controuvés, il est en revanche difficile, même pour le spécialiste, d’expliquer aux néophytes en quoi les faits avancés ne s’accordent pas avec l’hypothèse de la filiation des espèces qu’ils sont censés soutenir. Cependant, comme nous allons le voir, de récentes données permettent de remettre les choses à leur place et de rendre à l’homologie et à la phylogénie leur nature d’arguments tautologiques réciproques.

Il est bien connu que certaines fonctions nécessitent l’utilisation d’une structure bien précise. Cela est vrai à notre échelle (une voiture roule sur des roues et non sur des cubes), comme à celle des molécules (une réaction chimique peut nécessiter une structure bien particulière pour avoir lieu). Dès lors, si la fonction est conservée, la structure le sera également. C’est

ce qu’en science, depuis plus de deux millénaires, nous appelons l’analogie fonctionnelle (l’analogie est déjà présente dans la science archimédienne).

C’est elle qui explique que la roue se retrouve depuis la brouette jusqu’à l’avion, en passant par la montre et les imprimantes. Il est bien évident que l’analogie fonctionnelle ne soutient aucunement l’idée d’une filiation génétique entre la brouette, l’avion et l’imprimante.

Elle se contente de rappeler qu’une fonction peut nécessiter l’emploi d’une structure adaptée bien précise, et que la présence de l’une entraîne la présence de l’autre.

Au sein des cellules vivantes, certaines réactions indispensables à la vie nécessitent la mise en œuvre de structures moléculaires très précises pour se produire. Il semble évident que ces fonctions, étant présentes chez pratiquement tous les êtres vivants, les structures qui les remplissent le sont également. Par exemple, on a longtemps cru qu’une seule et unique structure pouvait permettre la synthèse de la thymidine, une des bases azotées de l’ADN. Cette structure (ThyA) est retrouvée pratiquement identique dans tous les genres d’organismes, depuis les bactéries jusqu’à l’homme. Cette conservation est aujourd’hui expliquée par l’analogie fonctionnelle, mais cela n’a pas toujours été le cas. En effet, en sciences du vivant, à la différence de la physique et de la chimie, l’analogie s’est trouvée en concurrence avec l’homologie pour expliquer ces structures moléculaires communes dans le vivant.

Dans le discours darwinien, dès leur découverte, les structures moléculaires communes (comme celles de ThyA) ont été qualifiées d’homologues et donc interprétées comme prouvant la filiation de toutes espèces au travers de l’ensemble du vivant. La ressemblance « prouvait » la descendance… Notons bien qu’alors c’est l’homologie qui « prouve » la phylogénèse; cette dernière découle alors du concept d’homologie, et non plus l’inverse comme c’était le cas dans la définition initiale: deux structures sont « homologues » si elles dérivent du même ancêtre commun. De là est tiré un raisonnement circulaire tautologique : notre bras est l’homologue de la patte du cheval car il y a ancêtre commun, et l’ancêtre commun se « prouve » par l’homologie !

Au début des années 1980, le qualificatif « d’homologue » a été donné par les darwiniens aux structures moléculaires communes, ceci en remplacement de celui « d’analogue » que leur avaient donné initialement certains biochimistes.

À l’époque, seuls quelques rares naturalistes universitaires se sont aperçus de la supercherie et ont essayé de prévenir les biochimistes de la manœuvre en préparation.

Cependant, les biochimistes et autres biologistes moléculaires de l’époque (dont nous faisions partie), souvent totalement ignorants de l’histoire naturelle et du darwinisme lui- même, n’ont rien compris aux polémiques des naturalistes portant sur la différence sémantique entre les mots « homologue » et

« analogue ». Ils s’en sont totalement désintéressés.

Résultat : dès 1985, le parti du darwinisme étant resté celui de l’élite biologique et médicale en poste, c’est son vocable qui fut imposé pour désigner les structures communes, considérées comme issues d’une même structure ancestrale. De là, le terme « homologue » a été retenu, mais avec le sens qu’avait « analogue » chez les biologistes moléculaires. Ainsi, les néo- darwiniens utilisèrent le flou créé autour du terme « homologue » pour affirmer que la biologie moléculaire confirmait ce qu’avait précédemment mis en doute l’embryologie, c’est-à-dire la parenté entre tous les êtres vivants.

Durant les vingt années qui ont suivi, les rares spécialistes assez pointus pour s’opposer au discours darwinien n’ont généralement pas trouvé d’oreilles attentives dans les médias ou de la part des éditeurs (contrairement aux quelques pontes du darwinisme dont les ouvrages s’empilent sur les rayons de toutes les grandes bibliothèques).

Cependant, les récentes données accumulées par les divers programmes de décryptage des génomes nous apportent aujourd’hui des arguments irréfutables contre l’homologie darwinienne. Par exemple, en 2002, une seconde enzyme de synthèse de la thymidine (différente de ThyA précédemment citée) a été découverte et nommée ThyX. Cette enzyme permet la synthèse de la thymidine à partir d’autres substrats, ceci en catalysant d’autres réactions chimiques (aboutissant au même produit), ce qui explique qu’elle possède une structure différente.

Elle a été rapidement retrouvée dans des microorganismes de divers groupes taxonomiques et même chez au moins un eucaryote. Or, pour soutenir l’homologie, il faudrait que chacune des deux formes, ThyA et ThyX, soit trouvée chez des organismes en suivant la phylogénie, ce qui n’est pas le cas.

Bien au contraire, l’une et l’autre sont présentes dans divers organismes du même genre (chez les Leptospira ou les Helicobacter par exemple) et même, parfois, au sein du même organisme (par exemple Mycobacterium tuberculosis).

De plus, et peut-être surtout, la présence de ThyX chez les eucaryotes implique, selon l’homologie, qu’il y ait eu au moins deux apparitions indépendantes d’une « première » cellule eucaryote, l’une issue d’un procaryote à ThyA et l’autre issue d’un procaryote à ThyX. Hypothèse qui, même pour les darwiniens, est insoutenable. Ces derniers reconnaissent d’ailleurs que la répartition des deux formes ThyA et ThyX « échappe à toute hypothèse phylogénétique ». En d’autres termes, seule l’analogie fonctionnelle peut être retenue pour expliquer la conservation de l’une comme de l’autre de ces deux formes d’enzyme de synthèse de la thymidine. Il en est de même pour de nombreux autres cas de conservation de structures moléculaires, ainsi pour l’enzyme catalysant la synthèse du tryptophane ou encore celle de l’anthranilate.

Malgré la démonstration toujours plus flagrante de l’analogie fonctionnelle pour expliquer la présence de structures communes, certain partisans du darwinisme veulent continuer à parler d’homologie en se basant sur la similitude de profils d’expression génique, c’est-à-dire sur la similitude des parties de l’embryon à l’intérieur desquelles s’exprime tel ou tel gène codant pour une structure/fonction conservée. Hélas, il suffit de regarder les profils d’expression en question pour s’apercevoir que deux gènes dits « homologues » en raison de leur fonction s’expriment dans des parties d’embryons qui sont très différentes et toujours non-équivalentes. De plus, dans l’exemple le plus prisé des darwiniens – les comparaisons entre la souris et la mouche – les organismes en question sont totalement incomparables du point de vue embryologique (la larve de mouche subissant une métamorphose complète après être devenue une masse de débris

organiques informes dans laquelle flottent quelques amas de cellules appelés disques imaginaux).

De surcroît, dans les quelques rares cas de gènes analogues ayant quand même des profils d’expression comparables, l’analogie reste la seule explication valide.

En effet, les fonctions nécessaires au bon déroulement de l’embryogénèse, et en particulier celles qui sont indispensables à la régulation de l’expression des gènes, ne sont efficaces que si elles sont remplies au niveau d’une structure bien précise de l’embryon et à un moment opportun.

Il y a ici nécessité d’une régulation spatiotemporelle tout comme il est évident que les roues d’une voiture ne sont efficaces que lorsque la voiture roule et si elles sont situées en dessous. Comme ces fonctions nécessitent des structures bien particulières, il y aura conservation de l’ensemble structure-fonction en même temps que de la localisation et du stade embryonnaire de leur action. Ici encore, l’analogie rend compte des données et de toutes les données.

Concluons en constatant que, tout comme à ses débuts, la version « scientifique » du darwinisme ne repose que sur des arguments mensongers et des schémas falsifiés. Le fait que l’homologie est un concept qui découle de la théorie d’une évolution avec filiation entre espèces, se trouve aujourd’hui totalement occulté, d’autant plus que c’est ce même concept qui est utilisé maintenant comme « preuve » d’une telle évolution. Une fois de plus, le serpent se mord la queue : on nous présente une conséquence de la théorie comme en étant la donnée empirique fondatrice.

*

* *

Le paradoxe du gradient de température du soleil1

Michael Gmirkin2

Résumé : Un certain nombre d’hypothèses et de déductions astrophysiques sont restées incontestées depuis bien trop longtemps. Ainsi l’idée que le soleil tire son énergie de réactions thermonucléaires est réfutée par l’observation empirique. On évoquait cette source d’énergie pour justifier une durée d’émission de chaleur compatible avec les âges géologiques. Or les températures observées sur le soleil sont d’autant plus élevées qu’on s’éloigne du centre : plusieurs millions de degrés pour la couronne extérieure; quelques milliers pour la photosphère. Tout se passe donc comme si la source de chaleur provenait de l’extérieur du soleil. C’est exactement le contraire de ce qu’affirme le modèle thermonucléaire. Pourtant le discours des astrophysiciens survole cette contradiction sans s’y arrêter. Sir Arthur Eddington aurait-il abandonné sa théorie s’il avait su alors ce que nous savons maintenant ?

Avec le temps, les théories cessent d’être tenues pour théoriques et commencent à être prises pour un fait inattaquable et indiscutable. Cependant, de telles hypothèses fondamentales indiscutées feront, un jour, la ruine de la science.

L’une de ces théories –qui s’est solidifiée en un tel « fait » rarement remis en cause– est le modèle thermonucléaire du soleil. Selon ce modèle, une étoile est une boule de gaz si massive qu’elle se comprime elle-même sous son propre poids et commence à subir des réactions de fusion au sein du noyau. Ce modèle remonte en grande partie à Sir Arthur Eddington, un astrophysicien anglais très en vue au début du 20ème siècle :

« Il ne suffit pas d’expliquer le rayonnement externe de l’étoile. Nous devons pourvoir au maintien de la haute température interne, sans laquelle l’étoile s’effondrerait. »

1 Dissecting Bad Models– Solar Temperature Gradient Paradox

In: www.thunderbolts.info du 8 mai 2010. Traduction Claude Eon.

2 L’auteur est un des promoteurs de la théorie de « l’univers électrique », selon laquelle les forces électriques en jeu dans le cosmos l’emportent de beaucoup (en niveau d’énergie et en valeur explicative) sur toutes les autres forces, et notamment sur la gravitation.

« Aucune source d’énergie n’est d’une utilité quelconque, à moins qu’elle ne libère de l’énergie dans les profondeurs de l’étoile. »

« …par un processus d’élimination nous sommes amenés à conclure que la seule source d’énergie possible est subatomique; cependant on doit avouer que cette hypothèse se prête difficilement aux exigences minutieuses de l’observation, et un critique pourrait compter un grand nombre d’objections « fatales ». »3

Un critique pointilleux pourrait souligner que, selon Karl Popper, il suffit d’une seule objection fatale étayée pour

« falsifier » le modèle, pour en démontrer la fausseté.

Le profil observable de température du soleil est-il en désaccord avec le profil théoriquement attendu? Si oui, cela constitue-t-il une contradiction directe et donc une « falsification » de la théorie actuelle des étoiles ?

En termes simples, le modèle thermonucléaire des étoiles proposé par Eddington et autres requiert une fusion nucléaire dans le noyau de l’étoile. Cette fusion libère de l’énergie, engendre des températures extraordinairement élevées équilibrant ainsi thermiquement les gaz de l’étoile et empêchant son effondrement dû à l’auto-gravitation, en théorie.

Ainsi, les astrophysiciens s’attendent à trouver dans le soleil un gradient très élevé de température depuis le noyau vers l’extérieur. Le reste de l’étoile est chauffé par l’énergie transférée à partir du noyau vers l’extérieur et les zones adjacentes. L’énergie produite par fusion dans le noyau doit donc traverser de nombreuses couches successives jusqu’à la photosphère avant de s’échapper dans l’espace sous forme de lumière solaire.

Il faut aussi remarquer que l’intérieur du soleil n’est pas observable directement : on utilise une modélisation du soleil sur ordinateur comme instrument théorique d’investigation de ses zones profondes.

3 Arthur Eddington, The Internal Constitution of Stars (1926) [La constitution interne des étoiles]

Mais les observations du simple monde réel confirment- elles les grandioses théories actuellement en vogue ?

Non, elles ne le font pas. Laissant de côté tout modèle spécifique d’antan, observons objectivement autant que nous le pouvons le profil de température de l’atmosphère solaire.

Il y a plusieurs régions de l’atmosphère solaire qui sont directement observables par les instruments modernes. En allant de l’extérieur vers l’intérieur, ce sont respectivement la couronne, la chromosphère et la photosphère.

http://www.thunderbolts.info/thunderblogs/images/10on/sun_temps_ebook_772x593.jpg

Extrait du e-book: Universe Electric – The Sun

(The Thunderbolts Project)

La température de la couronne est dans une fourchette allant de 1 million à 4 millions de degrés°Kelvin. La température de la chromosphère va de 20 000 à 1 million de degrés Kelvin dans la zone de transition juste en dessous de la couronne et de

6.000 à 20.000°K dans la portion plus profonde de la chromosphère. La photosphère est plus froide encore, se situant approximativement dans une fourchette de 4.000 à 6.000°K.

Les centres des taches solaires, qui sont sans doute des trous percés dans la photosphère, sont le zones les plus froides de

la partie observable du soleil : d’environ 3.000 à 4.500°K. Les taches solaires sont produites lorsque de puissants champs magnétiques percent la surface du soleil, écartant la dernière couche du corps du soleil (la photosphère) et mettant à nu l’intérieur plus froid, donc plus sombre, du soleil.

Dire « plus froid » est un terme impropre, car rien ne peut être « froid » sur le soleil. Mais comparé à la température de la photosphère d’environ 6.000°K, l’intérieur d’une tache solaire peut descendre jusqu’à 3.000°K. Pourquoi les taches solaires révèlent- elles un intérieur du soleil plus sombre et plus « froid », alors que l’intérieur du soleil est censé être plus chaud que la surface (à cause de la fournaise thermonucléaire engendrant des températures extrêmes qui devraient se diffuser de l’intérieur vers l’extérieur) ? Ceci demeure un mystère.

Si les taches solaires ouvrent une percée dans une zone plus profonde du soleil et que les zones plus profondes sont supposées plus chaudes, les taches solaires ne devraient–elles pas être plus brillantes et plus chaudes que la photosphère environnante ?

Le fait que les taches solaires font apparaitre un intérieur du soleil plus sombre et plus froid infirme donc la théorie du soleil thermonucléaire.

A dire vrai, les températures observables de l’atmosphère solaire inversent le profil de température théorique attendu. Alors que le modèle thermonucléaire du soleil prévoit la fusion dans le noyau (extrêmement chaud) et un gradient4 de température déclinant fortement vers l’extérieur, les observations montrent justement le contraire ! La région la plus externe du soleil (directement observable) est la plus chaude, alors que la région la plus interne (mais, là aussi, encore directement observable) est la plus froide.

On se demande si Sir Arthur Eddington aurait imaginé le modèle thermonucléaire des étoiles au cas où les observations

4 Ndlr Gradient : un dégradé régulier de la température, comme au sein d’un corps qui refroidit tout en restant toujours plus chaud à proximité du cœur, du moins jusqu’à l’équilibre final à la température ambiante.

modernes de température de l’atmosphère solaire auraient été disponibles à son époque.

La juxtaposition du profil des températures observables et des disputes théoriques sur le modèle thermonucléaire du soleil et des étoiles aboutit à un paradoxe quant aux relations thermodynamiques!

Les observations du monde réel montrent que l’atmosphère solaire est la plus chaude à l’extérieur et la plus froide à l’intérieur. Le soleil thermonucléaire est censé être le plus chaud à l’intérieur et le plus froid à l’extérieur, en théorie.

Si les deux modèles sont superposés vous obtenez un état contradictoire avec un noyau chaud et une couronne chaude et une température minimum dans la photosphère intermédiaire (ou peut- être juste en-dessous d’elle). Cela semble bien être la situation difficile dans laquelle les astrophysiciens se trouvent embourbés.

Comment une telle température minimum peut-elle être maintenue entre deux régions extraordinairement chaudes ? La chaleur des deux régions adjacentes ne devrait-elle pas se diffuser dans la région froide et la chauffer jusqu’à sa disparition complète?

Précisément, cette question fut soulevée par l’ingénieur électricien Ralph Juergens en 1972:

« Pour la théorie reçue (le soleil thermonucléaire) la conviction essentielle est celle d’un rapide gradient de température à l’intérieur du soleil, tombant vers la photosphère, le long duquel l’énergie interne s’écoule vers l’extérieur. Si nous superposons ce gradient interne avec le gradient de température observé dans l’atmosphère solaire lequel chute fortement vers l’intérieur, vers la photosphère, nous constatons que nous avons mis en diagramme une absurdité physique. Les deux gradients produisent une dépression dans la photosphère, impliquant que l’énergie thermique devrait s’assembler et rester là jusqu’à ce qu’elle fasse monter la température et élimine la dépression. Que ceci ne se produise pas ne semble pourtant inquiéter personne ! (Ralph E. Juergens)

A ce jour, il semble n’exister aucune bonne réponse à la question de savoir pourquoi, dans un modèle de soleil thermonucléaire, un tel minimum contradictoire de température devrait exister et surtout perdurer. Sa seule existence devrait être une donnée suffisante pour « falsifier » le modèle thermonucléaire qui l’a engendré.

Revenons à Sir Arthur Eddington qui, dans son livre The Internal Constitution of Stars, formula ainsi le débat sur la constitution des étoiles : en cherchant une source d’énergie autre que la contraction, la première question est de savoir si l’énergie qui rayonnera dans le futur est maintenant cachée dans l’étoile, ou bien si elle est prélevée en permanence à l’extérieur. Il a été suggéré qu’un impact de matière météorique fournit la chaleur, ou qu’il existe quelque radiation subtile traversant l’espace et que l’étoile capte.

Sir Arthur Eddington opta pour la première solution, croyant que les étoiles entretiennent de façon interne la grande majorité de l’énergie qu’elles dispensent au cours de leur vie. Il écarta l’autre terme de l’alternative, apparemment sans préjugé ni réflexion poussée. Comme en réponse à Eddington, la citation ci- dessus de Ralph Juergens se poursuit ainsi:

…supposons que nous enlevions le gradient hypothétique de température interne. Que se passe-t-il ? Nous voyons alors que l’atmosphère gonflée du soleil et le gradient réel de température de cette atmosphère « dans le mauvais sens » orientent fortement vers une source extérieure de l’énergie solaire.

Peut-être Eddington se dupait-il lorsqu’il imaginait que la fournaise thermonucléaire interne était ce qui fait briller les étoiles. Est-il possible que « quelque radiation subtile traversant l’espace et captée par l’étoile » soit plutôt la responsable de leur brillance ?

Réfléchir de nouveau à la source d’énergie du soleil et des étoiles aura finalement des conséquences très importantes pour l’astronomie et la cosmologie. Il est peut-être temps de reconsidérer quelques-unes des hypothèses fondamentales à la base des théories de l’astrophysique moderne et de déceler ce qui

va devoir être écarté à la lumière des observations contemporaines.

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* *

HISTOIRE

« Si l’homme est libre de choisir ses idées,

il n’est pas libre d’échapper aux conséquences des idées qu’il a choisies. »

(Marcel François)

Le véritable Attila (416-454)

Irène Döményi

Présentation: La figure d’Attila traverse les manuels d’histoire comme un ouragan dévastateur, comme l’exact contraire d’un être « civilisé ». Or le véritable Attila, éduqué à la cour de l’Empereur d’Occident, fut un sage homme d’État, sachant s’entourer d’hommes cultivés, nouant d’habiles alliances, soucieux du bien commun de son peuple, mais animé d’un profond mépris pour la décadence morale d’un Empire en voie de liquéfaction. Ainsi s’explique sans doute sa décision de ne pas piller Rome, à la suite de son entrevue avec le pape Léon 1er. Il avait souci des conséquences et pressentait peut-être que ses fils seraient incapables de préserver les conquêtes de l’État hun. L’auteur, une Hongroise, est bien placé pour nous faire entrevoir la face noble de ce grand chef et de cette civilisation des Huns qu’il a illustrée.

Il n’est pas aisé de connaître la véritable personnalité du dernier roi des Huns, qui régna de 435 à 454 après Jésus-Christ, malgré – ou à cause de – l’abondance de données et des légendes qui l’entourent.

Tant d’inexactitudes ont été commises par des chroniqueurs, ambassadeurs et voyageurs quant aux dates des événements au cours des 3000 ans d’histoire de ce peuple et quant à l’orthographe des noms! Il existe encore une telle confusion entre les noms des personnes et ceux de leurs fonctions, que nous devrons nous borner à rectifier au passage quelques erreurs en essayant de décrire ce personnage hors pair.

Attila (Etele, Etli, Etil, Etzelest presque toujours présenté comme un « barbare, un sauvage indomptable, cruel qui régnait sur une horde de nomades, chevauchant sans cesse à travers les steppes de l’Asie et semant la terreur parmi les peuples européens pacifiques ».

Mais ces Huns étaient-ils militairement efficaces (donc redoutables) ou vraiment et seulement « féroces », c’est-à-dire aimant à tuer sans raison ?1 2

Dans l’imagination collective occidentale un peuple cavalier ne peut être qu’une « horde » qui vit nécessairement en « nomade ». C’est là une erreur fondamentale, car pour constituer un peuple proprement ditil faut l’association libre d’au moins trois tribus (des dizaines de milliers de personnes) qui obéissent à un même Chef et parlent la même langue. Alors, une bonne organisation administrative, économique, militaire, culturelle et religieuse leur permet de concevoir et de réaliser des projets à long terme. Tel fut le cas du peuple Hun.

On imagine volontiers que les Huns, « toujours en mouvement » (parce qu’ils avaient l’espace devant eux?) vivaient dans les tentes, nommées (aujourd’hui!) yourtes (à l’instar des tentes des Mongols dans des films)…Non! Les Huns ne vivaient pas dans des tentes, car ils étaient sédentaires. C’était pour eux une nécessité, car ils cultivaient la terre pour la nourriture des hommes et des animaux. Il leur fallait aussi de l’eau, du sel, du temps et des territoires pour l’élevage et le dressage des chevaux, pour la formation militaire de la jeunesse, pour organiser les soins médicaux des femmes, enfants et vieillards, et aussi pour le repos. Presque toujours ils habitaient dans les « kamliks ».

Ce mot déformé vient du sumérien : kalim (laine pétrie, battue), sorte de feutre très lourd, imperméable, qui couvrait le « kamlik », la maison des Huns.

1 Comment qualifier alors tant d’autres guerriers : Romains, Normands, Vikings, Danois, Russes, Mongols, Turcs, Chinois, Coréens, Amérindiens, ou encore les conquérants de l’Amérique du Nord ?

2 Note de Pierre Gastal, professeur d’histoire. Il est tout à fait vrai qu’Attila était un homme cultivé, prudent et que ses Huns n’étaient pas pires que les autres barbares en matière de pillage et de destructions. Je pense que c’est leur aspect qui donnait cette impression de sauvagerie aux populations de l’Occident : leurs chevaux petits et trapus, leur faciès asiatique, leur chevelure, leurs vêtements, leur armement… Tout cela était complètement différent des « canons » indo-européens. A cet égard, l’historien Ammien Marcellin et le poète Claudien en donnent un portrait saisissant, insistant sur leur laideur.

Elles étaient construites sur des charpentes de bois préfabriquées, transportables sur deux chars tirés par des bœufs. On pouvait les monter en une seule journée. 3

Cette maison n’était ni un taudis, ni un cagibi mais une salle ronde, spacieuse et claire (d’un diamètre de 7-8 mètres, d’une hauteur de 4-5 mètres), où une famille pouvait se loger confortablement pendant longtemps. La coupole était maintenue par un solide mat de bois auquel on pouvait monter pour régler la position de l’aérateur (en métal ou en céramique), sorte d’entonnoir renversé protégeant la maison contre la pluie et la neige tout en laissant sortir la fumée. La charpente comprenait des pièces rigides et courbées, assemblées par des courroies en cuir, où venaient aussi s’attacher les parties en laine. Le foyer se trouvait au milieu. Il y avait une porte d’entrée et une autre en arrière. Autour du mât et tout autour des murs un banc, souvent couvert de tissu, large de 60 cm environ, était aménagé pour s’asseoir. Un espace à gauche de l’entrée servait à recevoir les hôtes; sur la droite se déroulait la vie plus intime de la famille.

3 Le sens premier de la racine « kàl » était : « premier, chef ». Le deuxième sens: « fort » et « battre ». La laine brute, épaisse, forte et imperméable qui couvrait les maisons en forme de calotte n’était pas tissée; elle était obtenue par étirement, lissage et battage par des instruments en bois (« kalimfa » : bâtons pour écraser la laine), travail exécuté en général en commun (d’où le mot encore utilisé : »kalàka »). Les Huns, comme les peuples parents, utilisaient cette laine battue comme couverture pour les chevaux, comme tapis ou comme matériau pour les chaussures, etc. La maison des Huns, (comme celle des Sabirs-Magyars) s’appelait « Kamlik ». Ce mot gardait sa signification première (« chef, couvre-chef ») dans le mot : « kalap »(chapeau); et le deuxième sens, exprimant l’idée de « battre », comme dans le mot « kalapàcs »(marteau). Le mot « kalim » fut utilisé par la suite pour des tissus plus légers (sous forme de « kelme »), mais le mot d’origine fut plus tard remplacé en Hongrie par « nemez » et « filc ». Les peuples parents d’Asie Centrale, par contre, ont gardé le mot exprimant la première phase de la fabrication : « gyùrni » (pétrir). Cependant les étrangers, ne pouvant pas prononcer correctement la diphtongue douce « gy » commune en Hun et en Hongrois, l’ont simplifiée en « y » et l’ont ajoutée au participe passé du verbe (« gyùrt »). De là le mot « yourte » bien connu pour désigner les tentes que l’on peut voir aujourd’hui encore en Mongolie.

Cette construction élaborée au fil des siècles était un miracle d’ingéniosité, car, malgré un poids au sol relativement faible, elle résistait à la pression formidable du vent des déserts asiatiques et au grand froid qui régnait dans les régions plus au Nord.

Attila fit construire tout un réseau de protection autour de son Empire : ouvrages en terre, forteresses en bois et en pierre qui comportaient l’appartement du capitaine de la garnison, plusieurs autres pour le personnel, des dépendances, etc. Dans les régions très froides, elles étaient chauffées par des tuyaux en terre cuite dans lesquels circulait l’air chaud provenant d’une chaudière centrale.

Contrairement aux idées répandues, Attila n’était ni asiatique, ni mongol, ni turc, ni germanique. D’où venait-il donc ? Selon plusieurs historiens, son peuple, les Huns (ChunsKuns), le troisième peuple composant la future nation hongroise, était venu de Sumer (en Mésopotamie) vers 2000 av. J. C.

Une partie – (« les Huns Blancs« ) s’est répandue vers le Nord, entre le Caucase et la mer Caspienne, dans la région de Volga-Jajk de la Russie actuelle.4 Ils furent nommés « Scythes« par les historiens du 19e siècle (!), nom grec désignant tous les peuples du Nord-est de l’Europe et du Nord de l’Asie et signifiant par extension « homme inculte et brutal ». Mais un tel peuple n’a jamais existé et celui qu’on désigne ainsi ignorait ce nom.

L’autre partie des Huns s’établit entre les Montagnes Oural-Altaï et les lacs Aral et Baïkal, donc en Asie Centrale, et fut connue – 2000 ans plus tard! – comme étant les « Huns Noirs, ou Ephtalites ». Ils y rencontrèrent leur peuple-frère, les Dahs (Daces, Daks), sortis eux aussi de Sumer et qui parlaient la même langue. Pendant leur séjour d’environ 1000 ans dans ces vastes territoires, ces peuples se déplacèrent, en partie ou en entier, dans tous les sens.5

4 Avant 1200 av. J. C. le nom donné à la Volga était: « Etil », soit une des formes du propre nom d’Attila.

5 C’est ainsi que l’on trouve des Sabirs (le cinquème « peuple-frère »), dont une partie avait émigré au Nord de la mer Caspienne (et qui a donné son nom à la Sibérie). L’autre partie de ce peuple s’est retrouvée à l’Ouest du Caucase, 1500 kms plus loin. C’est ainsi que Frère Julianus, de l’ordre de saint.

Ils commencèrent leur migration vers l’Ouest au 4e siècle après J. C. Les sources chinoises depuis 1200 av. J. C. les désignent sous le nom de « Xiongnu » (Hiungnu, Siung-nu).

Les « Huns Noirs » firent la guerre à la Chine de 700 av.

J. C. jusqu’à la fin du troisième siècle sous les souverains Tou- Man et Mao-Tun (- 307, -174). La Grande Muraille de Chine fut érigée contre eux par plusieurs Empereurs aux environs de 300 av. J.C.

Les Chinois leur payaient tribut en soie sauvage, filée et tissée ensuite par les femmes hunniques. Les ateliers impériaux chinois tissant la soie employèrent des motifs hunniques. Les Huns en revanche n’utilisèrent pas de motifs mongols ou chinois.

Entre-temps, en Europe, un grand Empire s’était constitué : l’Empire Romain d’Occident.

Le règne des Romains se fondait sur une armée bien entraînée, exerçant une dictature cruelle sur les peuples vaincus. Ils devaient se transformer en Romains dans tous les aspects de leur vie : se soumettre à l’administration romaine, oublier leur langue, renier leur histoire et leur culture, adopter la religion de l’État romain et la façon de vivre des vainqueurs. Comme peuples et nations ils devaient disparaître et se fondre dans l’Empire qu’ils servaient souvent comme esclaves.

Très imbus de leur supériorité, les Romains estimaient que tous ceux qui osaient s’attaquer à Rome (Goths, Vandales, Alains, Huns) étaient des « sauvages » et des « barbares », car ils voulaient détruire la seule et unique civilisation, la leur.

Mais qu’était-elle devenue, cette civilisation, au 5ème siècle ? L’Empire Romain, traversé par des cultures diverses, était déjà très corrompu au temps de Jésus. Il avait adopté bien des

Dominique, ordonné par le Roi de Hongrie Béla IV en 1235, est parti pour découvrir la « Magna Hungaria » située dans la région de la montagne Oural et des fleuves Kama et Bjelaja. Les Magyars vivant dans ce royaume l’ont parfaitement compris car il leur parlait leur langue commune. Le rapport qu’il a établi lui-même à la suite de son deuxième voyage décrit l’anéantissement des Hongrois de l’Est et celui des Bulgares de la Volga par les Mongols, ainsi que la menace mongole sur l’Europe. (Epistola de vita Tartarorum, Archives du Vatican – section hongroise.)

aspects de la civilisation hellénique, avec ses grandeurs et ses faiblesses. Certes, la société romaine a connu le Christianisme, mais elle l’a combattu et persécuté pendant plus de

300 ans. Celui-ci n’avait donc pas pu encore la purifier et la transformer selon les préceptes de l’Évangile. Les luttes entre les Chrétiens, dues à de nombreuses hérésies, avaient également affaibli la moralité générale. Les anciennes idoles et les superstitions encore vivantes des peuples conquis exerçaient aussi leur influence. Les pressions impériales sur l’Église, l’écart entre les conditions et le mode de vie dissolu des riches patriciens, et la misère matérielle et morale des esclaves étaient criants et révoltants.

Ajoutons-y les attaques des « barbares » qui ébranlèrent les anciennes structures et traditions romaines et furent considérées par certains comme une juste punition.

C’est dans ce contexte qu’Attila fut considéré comme le « Fléau de Dieu. » Était-ce l’Église qui avait répandu cette idée, ou le peuple effrayé ? Toujours est-il que le titre d’Attila était : « le Roi d’Astur ». Or ce mot s’écrit en Hongrois actuel : « Ostor » (prononcer: ochetore) et il signifie: « fouet », c’est-à-dire l’instrument de correction corporelle. Il n’est pas impossible que le jeune Attila, ayant passé plusieurs années à la Cour de l’Empereur, soit arrivé à la conclusion qu’il avait une mission personnelle et sacrée à accomplir : celle de punir cette société décadente et de devenir, en effet, le « Fléau de Dieu ».

En 408 l’Empereur Honorius II siège à Ravenne, alors capitale de l’Empire. Alaric, le Roi des Goths (un arien), arrive à Rome pour la détruire. Le Pape saint Innocent se présente pour être l’intermédiaire entre le Roi et l’Empereur en vue d’un traité de paix. Cette dernière est achetée à prix d’argent. Impatient des tractations qui traînent en longueur, Alaric veut des trésors qui n’arrivent pas. Alors en août 410, il attaque Rome. Il y fait un massacre et un pillage terrible : l’Empire Romain d’Occident est pratiquement anéanti.

414, 415, 416 (?) : naissance d’Attila, le prince Hun. Après la mort de son père Mundzsuk, survenue quand il était encore enfant, âgé de 10 ans environ, le roi Rugila, son oncle, régnant désormais sur les Hunsl’envoya comme « caution » (gage « d’amitié ») à Ravenne, à la Cour de l’Empereur d’Occident. Ce

séjour lui permit d’apprendre le latin, le grec et le germain. Plus tard, il put parler sans interprète avec les ambassadeurs étrangers.

Au cours d’une insurrection complotée par le roi Goth Alaric, un officier de l’armée romaine mourut. Son fils encore enfant, Aetius – mi-Goth, mi-Romain – fut alors envoyé comme caution à la Cour Royale de Ravenne où il fit la connaissance d’Attila.

Plus tard, ce même Aetius vint en Pannonie (devenue ensuite « Hunnia »), à la Cour du roi Hun Rugila, lui aussi comme caution. Ainsi put-il connaître et apprécier la langue et la civilisation des Huns.

Grâce à cette coutume d’échanges de princes-otages, plusieurs affrontements armés entre les peuples furent évités.

Devenu roi des Huns, Attila, lui aussi, préféra éviter les guerres par la diplomatie, art où il excellait.

423 : 40.000 excellents guerriers huns expérimentés étaient entrés dans les légions romaines. Ils y servirent pendant plusieurs décennies comme mercenaires (comme une armée auxiliaire). Ils pouvaient ensuite s’établir dans les régions frontalières inhabitées pour y cultiver la terre (par exemple au Sud de la Pannonie, sur les bords de la rivière Sava, un affluent du Danube), ou encore terminer leur existence au service de riches Romains.

434 : Mort de Rugila, l’oncle d’Attila.

A Ravenne le jeune Attila apprit à voir dans leur réalité la civilisation et la mentalité romaines. Elles n’exercèrent pas un grand attrait sur lui. La dégénérescence morale généralisée à la Cour le remplit de dégoût ; il souhaitait en préserver son peuple. Les Huns, même s’ils n’étaient pas chrétiens, n’adoptèrent pas les mœurs dépravés d’autres grands empires.6

Ils étaient monothéistes et monogames. Ils respectaient leur femme. Ils croyaient au « Seigneur Suprême des Armées » (célestes) avec qui ils établissaient des relations respectueuses par le ministère du « tàltos », sorte d’intermédiaire entre le Ciel et la

6 Voir l’inceste « légalisé » à la cour d’Egypte, l’homosexualité très répandue chez les Romains, la luxure et les sacrifices humains chez d’autres païens (en Afrique, en Amérique du Sud).

Terre. C’était un homme « inspiré » mais loin des « chamans » ou des « derviches » asiatiques qui se mettent en transe à l’aide de drogues hallucinogènes…

Ils vénéraient leurs anciens. Les riches enterraient leurs morts dans de larges sépulcres soutenus par une charpente en bois. On y mettait des vêtements, des ustensiles, des armes et des chevaux sacrifiés, pour qu’ils leur servent dans l’Au-delà.

Le Palais d’Attila à Buda, construit en bois, sans être ostentatoirement luxueux, était le plus bel édifice. Les ambassadeurs envoyés vers les rois Huns étaient en admiration à la vue des tenues en soie somptueuses des seigneurs de la Cour ; harnachements étaient embellis de pierres précieuses, leurs chaussures rehaussées de motifs d’or ou d’argent, leurs besaces enrichies de plaques d’or ciselées.

Le vêtement d’Attila était simple et toujours très propre. Il rendait hommage à ses hôtes en faisant servir leur repas dans une vaisselle en or ou en argent, mais lui-même n’utilisait qu’une assiette et une coupe en bois, aux yeux de tout le monde. Il n’obligeait pas les autres à être modestes, mais il se permettait de l’être.

Les Huns, civilisés différemment des Romains, avaient une autre façon de faire la guerre. Leur aspect extérieur, leur tactique, leur rapidité d’action et de formation même pendant les batailles, leur discipline basée sur la responsabilité personnelle, leur maîtrise du cheval (grâce surtout à l’étrier, inventé des siècles auparavant), leur système de transmission des ordres par des courriers à cheval, des signes lumineux, colorés ou sonores dans tout l’Empire (signes incompréhensibles pour les non-initiés), ainsi que leurs arcs à très longue portée: toutes ces nouveautés étaient déroutantes, donc effrayantes, pour les Romains et donnèrent naissance à la « légende noire », à toutes les horreurs inventées et attribuées aux Huns.

A partir de 440, Attila ne fournit plus de soldats à l’Empire d’Occident décadent.

Le rêve du jeune Attila était d’unir toutes les tribus dans un grand État où tous les Huns seraient réunis. Il y travailla pendant vingt ans.

.

441 : Début de la « grande campagne » d’Attila contre l’Empire Romain d’Occident.

Les peuples qui se soumettaient aux Huns ou qui s’alliaient avec eux étaient politiquement anéantis, mais jamais massacrés physiquement.

Moyennant un tribut – souvent lourd – ils étaient incorporés dans le très grand empire hun. Ainsi, tout en bénéficiant d’une protection, se libéraient-ils du joug romain et préservaient-ils leurs coutumes et leur religion.

448 : Théodose II, l’Empereur d’Orient, fut un souverain bienveillant mais faible.

Il n’aimait pas la guerre. A cause de nombreuses intrigues à sa cour, il ne pouvait faire confiance à personne. Chrisapius, son Grand Eunuque, voyant que le trésor de l’État était presque vide (à cause du lourd tribut exigé par le roi des Huns), tenta de soudoyer Edecon (envoyé à la Cour impériale comme ambassadeur d’Attila) pour qu’il tue son roi (car avec de l’or on pouvait acheter tout et tous dans l’Empire corrompu). Mais il n’en allait pas ainsi chez les Huns. L’ascendant d’Attila sur les Huns et la confiance qu’il témoignait à ceux qui la méritaient, se manifestèrent à cette occasion, car Edecon, loin d’assassiner le roi, l’avertit du projet. Attila trouva ainsi le moyen de tourner l’histoire à son avantage et de faire punir Chrisapius par l’Empereur d’Orient, lui-même.

451. L’armée d’Attila s’approcha de Lutèce (Paris). Les hommes étaient plus effrayés par les Huns que par les Romains. Ils voulaient se joindre à l’armée d’Aetius. Mais celle-ci tardait à arriver et, lorsque les Lutétiens virent les éclaireurs huns sur les bords de la Seine, ils plièrent bagage pour quitter la ville.

Mais les femmes, croyant à la prophétie d’une sainte femme, Geneviève, qui leur disait qu’elles n’avaient pas à avoir peur, car Attila n’allait pas détruire leur ville, se réunirent au baptistère de la chapelle de saint Roland pour implorer sa protection. Le roi, de fait, laissa intacte la ville. Ainsi se réalisa la prédiction de sainte Geneviève : Lutèce fut sauvée.

L’explication d’une telle clémence est qu’à ce moment- là Attila devait de toute urgence descendre vers le Sud pour

atteindre les armées de Théodoric Ier (roi des Wisigoths) avant qu’elles ne se joignent à la légion romaine d’Aetius. C’est pourquoi les Huns galopaient à bride abattue vers Toulouse, la capitale des Goths d’Occident (Wisigoths).

Mais ils trouvèrent sur leur chemin la ville d’Orléans, devant laquelle ils durent faire un siège long et difficile car la ville était défendue par de très braves soldats et dirigée par un évêque décidé et courageux. Après leur victoire, les Huns pillèrent la ville. Ce fut une grosse erreur, car cela leur fit perdre un temps précieux. En effet le jour de la bataille décisive de Catalaunum approchait.

451. 20 juin 451. Les «Champs catalauniques ».

Attila arriva sur place quelque temps auparavant. Le champ de bataille était proche du village de Mauriacum, situé entre Châlons-en-Champagne et Troyes. Aetius l’y attendait avec son armée. Dès la veille de la bataille proprement dite 15.000 hommes furent tués des deux côtés. Le lendemain, de l’aube au coucher du soleil, les forces adverses se livrèrent à un carnage mutuel d’une incroyable férocité. Le troisième jour, Attila fit mettre en rangs le reste de son armée pour la bataille décisive, mais il ne trouva plus d’ennemis. Ils étaient partis pendant la nuit.

Plusieurs versions circulent quant à la fin de cette campagne :

  1. Aetius a définitivement vaincu Attila ;
  2. Attila est parti pendant la nuit ;
  3. les deux chefs ont abandonné une lutte devenue insensée en raison des énormes pertes humaines ;
  4. par amitié, chacun a laissé à l’autre une victoire

apparente.

Toujours est-il que le roi hun décida de réorganiser son

armée. Un an après on le retrouve devant Rome.

452 : Attila menace Rome.

Un messager blanc de peur annonça l’arrivée d’Attila à la cour du grand pape saint Léon Ier. Le roi des Huns venait du Nord de l’Italie où il avait déjà détruit plusieurs villes (Padoue, Vérone, Venise) et, à la tête d’une immense armée, il marchait maintenant sur Rome.

L’ambassadeur de l’Empereur Valentinien III, lequel s’est enfui à Ravenne, suggère au Pape de suivre son exemple. Mais Léon Ier répond : « Moi, je ne fuis pas. Je vais au campement des Huns pour sauver Rome ! »

Ne pouvant s’opposer militairement, le Pape, en effet, partit à pied avec sa suite vers le Nord et, près de Mantoue, rencontra le grand roi hun qui faisait trembler toute l’Italie.

Il réussit à le persuader de repartir et, de plus, reçut sa promesse de faire la paix avec l’Empire Romain.

D’après la légende, à cette occasion, Jésus-Christ serait apparu à Attila, ainsi qu’au Pape. Il était entouré de Ses Anges. Saint Pierre et saint Paul apparurent également aux deux souverains, celui de l’Église, Léon Ier, et celui des Huns, Attila. Le Seigneur ordonna alors à Son « fléau » (son fouet) de laisser encore un temps à la ville sainte des chrétiens – là où se trouvaient les ossements de Ses Apôtres et de Ses martyrs – pour s’amender. Si Attila obéissait, Jésus lui promettait la couronne apostolique et une protection spéciale pour son peuple et pour ses descendants. (Cet évènement fut immortalisé par la peinture magnifique de Raphaël qui se trouve au Vatican).

Attila obéit à Notre Seigneur : il épargna la ville.

Même s’il exigea un tribut, comme le suggèrent certains historiens, Attila se comporta, encore une fois, non pas comme un « Barbare sanguinaire », mais comme un souverain puissant, civilisé et magnanime, comme un païen respectueux de la Foi et du Pontife de son adversaire : indéniablement comme un grand seigneur.

La promesse que Notre Seigneur avait faite à Attila s’est réalisée 500 ans plus tard. Après la mort de leur roi en 454, une partie des descendants des Huns se joignirent aux Magyars arrivés dans les Carpates et, à la suite du saint roi des Hongrois, Étienne, ils prirent le doux joug de Jésus et devinrent chrétiens.

 

SOCIETE

« Il a plu à Dieu qu’on ne pût faire aucun bien aux hommes qu’en les aimant.« 

(P. Le Prévost)

Les erreurs depuis Darwin sur l’inégalité ou l’égalité des sexes, et leurs conséquences? (I) 1

Maciej Giertych2

Résumé: L’idée d’une évolution progressive due à la sélection naturelle, amena Darwin à penser que les femmes, moins exposées à la pression sélective, donc – selon lui – moins évoluées, sont inférieures aux hommes. Peut-être par réaction, a surgi un mouvement d’émancipation des femmes, revendiquant l’égalité. Or les différences physiques et psychologiques entres les sexes sont indéniables. Biologiquement, la femme est d’ailleurs supérieure à l’homme car les deux brins homologues du chromosome XX permettent la correction de défauts génétiques éventuels, tandis que les segments défectueux des portions sans homologues du chromosome XY de l’homme, ne peuvent être rectifiés. Lors de la fusion des gamètes, l’homme n’apporte qu’un noyau cellulaire, tandis que la femme contribue avec une cellule complète, y compris l’information génétique cytoplasmique contenue dans les mitochondries. Cette supériorité se poursuit lors de la grossesse, de l’allaitement et des soins au nouveau-né. Il est donc inévitable que la revendication d’une égalité dans les faits, aboutisse à des absurdités (à suivre).

Je commencerai avec deux citations tirées du chapitre 19 de « La descendance de l’homme et la sélection sexuelle » de Charles Darwin:

Or, si deux hommes, ou un homme et une femme, doués de qualités mentales également parfaites, se font concurrence, c’est celui qui a le plus d’énergie, de persévérance et de courage

1 Traduit par Claude Eon à partir de la plaquette Gender equality and life issues in the European Union publiée par l’auteur, membre du Parlement européen, à Bruxelles, en décembre 2008.

2 Spécialiste de la génétique des populations, ancien Directeur du Comité de dendrologie à l’Académie des Sciences de Pologne, Maciej Giertych était particulièrement bien placé pour dégager la gangue idéologique qui entoure, chez Darwin comme aujourd’hui, la question de l’égalité entre les sexes.

qui atteindra au plus haut point et qui remportera la victoire, quel que soit d’ailleurs l’objet de la lutte.

On peut même dire que celui-là a du génie – car une haute autorité a déclaré que le génie, c’est la patience ; et la patience dans ce sens signifie une persévérance inflexible et indomptable. Cette définition du génie est peut-être incomplète ; car, sans les facultés les plus élevées de l’imagination et de la raison, on ne peut arriver à des succès importants dans bien des entreprises. Ces dernières facultés ont été, comme les premières, développées chez l’homme, en partie par l’action de la sélection sexuelle, – c’est-à-dire par la concurrence avec des mâles rivaux,

– et en partie par l’action de la sélection naturelle, c’est-à-dire la réussite dans la lutte générale pour l’existence ; or, comme dans les deux cas, cette lutte a lieu dans l’âge adulte, les caractères acquis ont dû se transmettre plus complètement à la descendance mâle qu’à la descendance femelle. Deux faits confirment l’opinion que quelques-unes de nos facultés mentales ont été modifiées ou renforcées par la sélection sexuelle : le premier, que ces facultés subissent, comme on l’admet généralement, un changement considérable à l’âge de la puberté; le second, que les eunuques demeurent toute leur vie, à ce point de vue, dans un état inférieur. L’homme a fini ainsi par devenir supérieur à la femme.

Pour rendre la femme égale à l’homme, il faudrait qu’elle fût dressée, au moment où elle devient adulte, à l’énergie et à la persévérance, que sa raison et son imagination fussent exercées au plus haut degré; elle transmettrait probablement alors ces qualités à tous ses descendants, surtout à ses filles adultes. La classe entière des femmes ne pourrait s’améliorer en suivant ce plan qu’à une seule condition, c’est que, pendant de nombreuses générations, les femmes qui posséderaient au plus haut degré les vertus dont nous venons de parler, produisissent une plus nombreuse descendance que les autres femmes. Ainsi que nous l’avons déjà fait remarquer à l’occasion de la force corporelle, bien que les hommes ne se battent plus pour s’assurer la possession des femmes, et que cette forme de sélection ait disparu, ils ont généralement à soutenir, pendant l’âge mûr, une lutte terrible pour subvenir à leurs propres besoins et à ceux de leur

famille, ce qui tend à maintenir et même à augmenter leurs facultés mentales, et, comme conséquence, l’inégalité actuelle qui se remarque entre les sexes. »

Le style est plutôt verbeux, mais le sens est évident. Parce qu’à l’époque de Darwin, l’infériorité des femmes était couramment admise comme un fait biologique, il entreprit de l’expliquer par sa théorie de l’évolution. Il prétendait que l’évolution des hommes avança plus rapidement à cause de la plus grande pression sélective créée par la chasse, la guerre, la compétition pour une compagne, la recherche de la nourriture, du vêtement, etc. On supposait que les femmes, menant à la maison une vie plus protégée, étaient soumises à une pression sélective beaucoup moins forte et donc évoluaient moins vite. Cette opinion n’était pas seulement celle de Darwin ; elle était partagée et propagée par bon nombre des premiers partisans de l’évolution tels que Paul Broca, Gustave Le Bon et Francis Galton. Le chirurgien Broca apporta la preuve anatomique que les femmes avaient un cerveau plus petit (on croit que la taille du crâne est un élément important de l’évolution du singe à l’homme). Il affirmait aussi que le cerveau était plus gros « chez les hommes éminents que chez les hommes de médiocre talent » et « dans les races supérieures que dans les races inférieures. » Bien que la différence entre les sexes dans la taille de presque n’importe quel organe soit un fait biologique et statistique3, la relation entre la taille du cerveau et l’intelligence n’est pas confirmée par la science actuelle. Le Bon, sociologue et médecin, affirma que « les femmes…représentent les formes les plus inférieures de l’évolution humaine…elles sont plus proches des enfants et des sauvages que d’un homme adulte civilisé. Elles brillent par l’inconstance, l’instabilité, l’absence de pensée et de logique et l’incapacité à raisonner. » Cousin de Darwin, Galton, le pionnier de l’eugénique et l’auteur du livre Hereditary genius, affirmait que « les femmes ont tendance, dans toutes leurs aptitudes, à être inférieures aux hommes. »

Avec de telles idées dominant chez les scientifiques depuis l’époque de Darwin, il n’est guère surprenant qu’un mouvement d’émancipation ait éclos pour tenter de corriger leur injustice. L’idée maîtresse du mouvement était de prouver que, au

3 Ndlr. C’est ce qu’on appelle le « dimorphisme sexuel ».

moins du point de vue des qualités requises pour différents travaux, il n’y avait pas de différence entre les sexes, ou du moins, qu’elles pouvaient être négligées.

Car il est évidemment absurde de prétendre qu’il n’y a pas de différence entre les hommes et les femmes, comme le politiquement correct le demande et comme le Traité de Lisbonne prétend le prouver.

Le problème se réduit à un rejet du fait naturel qu’hommes et femmes sont complémentaires. Le résultat est que nous observons une déféminisation de la femme et une démasculinisation de l’homme.

Déféminisation des femmes et démasculinisation des hommes en Europe et leurs conséquences pour la famille.

Les différences entre sexes

Nous vivons une étrange époque. Le thème de l’égalité entre les sexes est présenté comme un élément permanent du politiquement correct. Sur ce sujet des documents sont produits aux Nations Unies, à l’Union Européenne, au Conseil de l’Europe, etc. Dans les universités, on institue des cours spéciaux sur les femmes et sur l’égalité des sexes. Dans certaines professions ou fonctions et dans des organes représentatifs, un numerus clausus est imposé, exigeant qu’une certaine proportion minimale de femmes soit incluse. Par force, des femmes sont incorporées dans divers organes de direction, dans l’armée, la police, l’exploration cosmique, les rôles masculins des films (par exemple, une femme policier poursuivant des criminels avec une arme). Dans les pays communistes au début des années cinquante, il y avait un slogan: « mettez les femmes sur les tracteurs !  » Aujourd’hui le socialisme a gagné l’Ouest et maintenant ce ne sont plus seulement les tracteurs qui doivent être conduits par des femmes, mais elles doivent occuper toutes les fonctions. En même temps, on essaie de faire accepter par les hommes des rôles de femmes. On les montre en train de changer des bébés, faire la cuisine, la vaisselle, faire l’infirmier, etc.

On dit que nous sommes tous également aptes pour tous emplois. C’est ce qu’exigent l’idéologie féministe et le politiquement correct.

Pourtant les hommes et les femmes sont différents. Ce fait évident est perdu de vue par la conscience publique d’aujourd’hui. Je ne parle pas ici seulement des différences physiques, évidentes pour tout le monde, mais aussi des différences psychologiques. On ne peut pas les séparer. En raison de son rôle biologique, la femme exerce traditionnellement la plupart de ses activités chez elle ou près de chez elle, tandis que l’homme exerce celles qui demandent une plus longue absence du foyer. C’est lorsqu’ils ne sont pas faits qu’on voit le mieux les travaux de la femme, alors que, pour l’homme, c’est lorsqu’ils sont achevés.

Il est évident que, pour protéger leur maternité potentielle, certaines activités ne devraient pas être exercées par des femmes. Et pourtant, mettre à la charge des employeurs le coût d’employer des femmes, avec toutes les restrictions nécessaires sur ce qu’elles peuvent faire, se retournera contre les femmes, parce que les employeurs ne voudront pas employer celles en âge de procréer. L’utilité des femmes pour nombre de tâches est différente, ce qui devrait être reconnu. En raison de sa fonction biologique, une femme est dotée de certains traits nécessaires à son exercice, de même que l’homme possède les traits nécessaires au rôle qu’il doit jouer. Les caractéristiques mâles et femelles ne sont pas opposées; elles sont complémentaires.

On nous dit aujourd’hui qu’il n’y a pas de différence, que les deux sexes sont également aptes à exercer toutes les fonctions. Ce n’est pas vrai; voici quelques exemples.

Femme

Homme

Physiquement plus faible,

douce

Plus fort, dur

En cas de conflit exploite la faiblesse, pleure

En cas de conflit exploite sa supériorité physique

Douce, facile à blesser, plus

prête à céder

Supportera une critique même

sévère

Attache de l’importance aux

petites choses, est capable de

S’assure que les choses

importantes ne s’égarent pas en

s’en souvenir

détails secondaires

Guidée par l’intuition, sent la

situation

Manque d’intuition

Désire que son homme

devine ce qu’elle veut

Devine difficilement. Exprime ses

besoins directement

S’adapte plus facilement aux situations imprévues.

Meilleure dans l’improvisation, agit

spontanément

Préfère être préparé.

Plus facilement perdu dans les situations imprévues. A besoin de

temps pour trouver la meilleure solution.

Considère les questions domestiques comme plus importantes; elle y pense au

travail

Le travail est plus important; il y pense à la maison

Plus conservatrice dans ses

décisions

Plus prêt à prendre des risques

Désire avant tout l’amour

Désire surtout être reconnu

Veut se sentir en sécurité,

sous protection

Souhaite protéger, montrer une

attitude protectrice

Remercions Dieu de nos différences et remercions-le de notre complémentarité. C’est ainsi que Dieu nous a créés et Il savait ce qu’Il faisait.

L’autorité

Dans les familles normales, les enfants acceptent l’autorité des parents et les époux l’autorité de chacun dans son domaine de compétence. On ne doit pas s’attendre à ce que les enfants acceptent l’autorité de leurs parents si ceux-ci ne montrent pas de respect envers les grands-parents ni l’un envers l’autre. Comment pouvons-nous espérer que les enfants respectent leur mère si elle n’est pas respectée par son mari ? Comment peuvent- ils respecter leur père si sa femme ne lui montre pas de respect ?

L’autorité peut s’imposer par la peur, les punitions et les cris. Mais elle est beaucoup plus durable et authentique lorsqu’elle est apprise par imitation. Celui qui ne respecte pas les autres ne sera pas non plus respecté par les autres.

En particulier on doit se respecter soi-même, respecter sa propre identité, son rôle naturel dans la société et dans la famille.

De nos jours les familles connaissent une crise de l’autorité. Traditionnellement le père était respecté parce qu’il était le soutien de famille et la mère parce qu’elle donnait la vie et gérait la maison. Aujourd’hui, très souvent le salaire du père est insuffisant pour entretenir la famille, si bien que les mères aussi doivent chercher un emploi. Il y a également des familles sans père, entretenues par la seule mère. Dans de telles familles, même si le père paie pour ses enfants, ceux-ci ont à peine conscience qu’il contribue à leur entretien.

Lorsque les deux parents travaillent, ils doivent tous deux participer au travail ménager; les différences entre les parents s’estompent. Évidemment, la femme est toujours celle qui donne la vie et l’homme, surtout lorsqu’il accomplit les corvées ménagères, généralement beaucoup moins efficacement qu’elle, semble être de moindre valeur. L’importance visible de la mère croît au détriment de celle du père dont l’importance diminue. La mère porte toutes ses responsabilités propres et aussi quelques unes de celles qui sont traditionnellement associées au rôle du père. Lorsque les rôles et les responsabilités s’estompent, l’autorité dégénère.

Émancipation et féminisme

Les femmes ne sont pas les égales des hommes. Elles sont beaucoup plus précieuses. Le mouvement d’émancipation des femmes et maintenant le mouvement féministe, visent à abolir les différences entre les sexes. Il est évident que pour un même travail le salaire devrait être le même. Cependant tout directeur ou DRH de n’importe quelle entreprise sait que les hommes et les femmes conviennent à des genres de travail différents. Il existe des prédispositions psychologiques différentes et des limitations biologiques différentes.

Comme Chesterton le disait pour rire, les chantres de l’émancipation avaient un slogan: « on ne nous dictera rien »… puis elles devinrent toutes rapidement sténodactylos ! Il s’avérait qu’elles conviennent parfaitement au travail de secrétaire. Elles savent s’occuper des détails, elles peuvent penser à plusieurs

questions en même temps et s’en souvenir, elles peuvent pressentir l’humeur du patron et elles peuvent apaiser les tensions.

D’un autre côté, elles ont généralement moins de succès dans les postes de direction. Elles prennent leurs décisions en suivant leurs sentiments plutôt que la raison, en cas de crise elles s’effondrent plus facilement, elles prennent moins d’initiatives et elles sont moins portées à prendre des risques.

Évidemment il y a des exceptions. Il existe des femmes plus sûres d’elles-mêmes, plus assidues et dures. Nous disons qu’elles se comportent en hommes. Tous ces traits sont élogieux, flatteurs, ils augmentent leur valeur. L’existence de ces femmes est à la base des programmes d’émancipation et du féminisme. Ils prétendent qu’il s’agit là de traits acquis, que toute femme pourrait donc acquérir et que, si ce n’est pas le cas, c’est parce qu’elles ont été reléguées à des rôles subalternes.

Il y a aussi des exceptions en sens inverse. Il existe des hommes avec des caractères féminins, se comportant comme des femmes, efféminés. Ce ne sont pas là des compliments et personne n’éduque consciemment dans cette voie.

Cependant, le prétendu « mouvement féministe » conduit à une perte des traits féminins chez les femmes. C’est donc, en réalité, un mouvement antiféministe. Jean-Paul II a parlé dans sa lettre apostolique Mulieris dignitatem du « génie qui appartient aux femmes », de l’ensemble des caractères exclusivement féminins qui définissent la valeur spécifique et exceptionnelle des femmes. Et pourtant, dans le monde actuel, les femmes cherchent à perdre ces trais spécifiquement féminins et veulent agir en égales des hommes. Peut-être que le mot « veulent » est inapproprié ici: on les pousse à croire que c’est ce qu’elles veulent, que c’est ainsi qu’elles devraient se comporter. Mais tout cela est fondé sur un mensonge. Elles sont différentes; elles possèdent un génie spécifiquement féminin, ce petit extra que les hommes n’ont pas et qui détermine leur vocation spécifique.

L’objectif d’élever chacun dans la même direction, celle de la masculinité, est en fait une insulte aux femmes. Il dégrade la féminité, il la traite comme une valeur inférieure, comme un état dont on doit essayer de se libérer. De plus en plus fréquemment, le

respect traditionnel pour les femmes disparaît. Elles ne sont plus traitées comme le sexe faible méritant une considération spéciale.

Les délicatesses telles que laisser passer une femme d’abord, l’aider, lui céder sa place dans le bus, la servir la première à table, etc., ces éléments de respect spécial pour le sexe faible disparaissent. Le travail ménager est traité avec mépris comme le prouve l’expression « femme sans emploi » C’est très insultant, car les ménagères sont des femmes qui travaillent beaucoup.

Visant l’égalité avec les hommes, les femmes ont décidé d’abandonner le fardeau de la féminité qui entrave leurs carrières. Nous observons que de plus en plus souvent la femme qui a réussi qui est indépendante, vit avec une approche désinvolte de la vie sexuelle, tout à fait séparée de l’engendrement des enfants. Cela signifie l’abandon de tout ce qui touche à la maternité. Et de maternité nous en avons de moins en moins.

Supériorité biologique des femmes

D’un point de vue strictement biologique, la femme est supérieure de bien des manières. Dans sa constitution génétique elle est moins atteinte par les défauts génétiques. En effet, elle possède tous les chromosomes en double, y compris le chromosome X qui détermine le sexe. L’homme possède un chromosome X et un chromosome Y. Ce dernier est beaucoup plus court et n’est que partiellement homologue au chromosome X. Il en résulte que tout défaut génétique sur une partie sans homologue des chromosomes X ou Y ne peut être corrigée en se faisant supplanter par le gène intact équivalent dans l’homologue. Le défaut va donc se manifester. Pour cette raison les hommes sont plus sujets à la maladie et, en règle générale, meurent plus tôt que les femmes.

L’homme et la femme produisent des gamètes, les cellules haploïdes reproductives nécessaires pour engendrer. La fusion de ces cellules reproductives mâles et femelles aboutit à la création d’un nouvel être humain. Toutefois, dans cette fusion, le noyau de la cellule masculine contribue seul, alors que la totalité de la cellule de l’œuf féminin est impliquée. La femme fournit ainsi non seulement le noyau contenant l’ADN, mais aussi la membrane

cellulaire et tout le contenu cytoplasmique de l’œuf, y compris les mitochondries qui contiennent elles aussi de l’ADN, c’est-à-dire de l’information génétique complémentaire.

Seule la femme apporte cette hérédité cytoplasmique. En d’autres termes, la femme contribue davantage au processus reproductif.

Naturellement, c’est encore la mère qui fournit l’environnement dans lequel le nouvel être humain va se développer pendant ses neuf premiers mois. De sa propre poitrine elle tire la nourriture du nouveau-né pendant la première période de sa vie; elle devra encore apporter au bébé la chaleur et l’amour spécifiquement maternels, sans lesquels le développement normal de l’être humain n’est guère possible.

Il y a encore plus important que cet apport biologique: la contribution psychologique de la femme dans la création des liens familiaux, dans la formation d’un climat favorable au bon fonctionnement de la famille. C’est la femme qui fait que le foyer fonctionne et elle décide comment il fonctionne. La contribution de l’homme, mari et père, est habituellement plus matérielle. Il travaille pour gagner la vie de sa famille, il construit quelque chose, fait les réparations et améliore les choses. Il assume des travaux qui demandent une plus grande force physique. Il enseigne avant tout par son exemple. La femme aussi contribue matériellement: elle fait la cuisine, nettoie, fait la lessive, souvent gagne aussi de l’argent pour la famille et éduque par son exemple. Mais son rôle premier est de maintenir le foyer familial, d’apporter le cœur, la chaleur, le sentiment de sécurité, l’attention à chacun et pour tout.

Malgré toutes ces valeurs et fonctions que les femmes exercent et pour lesquelles la nature les a préparées, il y a des femmes qui tiennent absolument à devenir les égales des hommes.

Égalisation avec les hommes

La recherche de l’égalité provient de la croyance erronée que les femmes sont inférieures aux hommes. Elles ne le sont pas, en dépit de ce que pensait Darwin. Pourtant, il y a des femmes pour préférer jouer les rôles masculins.

Cela a commencé avec une demande d’égal accès à l’instruction. Évidemment, il est vite apparu qu’en général, les filles sont plus intelligentes que les garçons et qu’elles terminent l’école sans problèmes.

Elles obtiennent régulièrement de meilleures notes que les garçons. Naturellement, il est très bien que l’instruction, aujourd’hui, englobe filles et garçons. Il est pourtant regrettable que dans le processus éducatif on n’essaie pas de préparer les hommes et les femmes aux différents rôles qu’ils auront à jouer dans la vie. Ils auront besoin de différents talents et comportements, ce qui devrait se refléter dans le genre d’éducation qu’ils reçoivent. Il y a un demi-siècle il y eut un mouvement en faveur de la coéducation et les écoles spécifiques à un sexe furent progressivement supprimées. L’expérience n’a généralement pas été positive et, heureusement, on observe maintenant une tendance dans la direction opposée, un intérêt croissant pour des écoles séparées pour les garçons et les filles.

Un autre élément de cette course à l’égalité, peut-être moins important, et pourtant très caractéristique, est l’adoption de vêtements masculins. Il vaut la peine de noter que la mode féminine adopte très souvent divers éléments des vêtements masculins. Les changements dans l’autre sens ne se produisent pas du tout.

La demande d’accès à tous les métiers typiquement masculins vient ensuite. Cela convient au moins à certaines femmes ayant une personnalité plus décidée. Le fait que quelques femmes réussissent dans certains métiers habituellement considérés comme masculins, sert d’argument pour dire que ces métiers pourraient être exercés par toutes les femmes et que ce n’est qu’une question d’éducation appropriée et d’attitude psychologique. Mais ceci est faux. Toutes les femmes ne peuvent pas être entraînées à accomplir tous les genres de travail que font les hommes.

D’un autre côté, on n’entend pas les féministes demander la présence de femmes chez les mineurs, bûcherons ou égoutiers. Ce n’est donc pas un appel à l’égalité en général, mais seulement pour les professions que les femmes considèrent comme agréables, prestigieuses ou donnant du pouvoir. Elles veulent des postes de direction. Habituellement, l’exercice de ces professions

prestigieuses typiquement masculines s’accompagne de l’esquive des fonctions typiquement féminines, puisque, évidemment, les enfants sont un obstacle à une carrière professionnelle. Aucune quantité de privilèges pour la femme enceinte ou qui allaite ne lui permettra d’être en même temps pilote de ligne ou agent de change. En conséquence nous avons une revendication des féministes selon laquelle les hommes aussi devraient jouer les rôles féminins lorsqu’on a des enfants. Évidemment, aucun entraînement ne permettra aux hommes d’accomplir toutes les fonctions des femmes, et certainement pas celles qui sont associées biologiquement à la maternité. Cela ne peut pas se produire pour des raisons non seulement biologiques, mais encore psychologiques. Donner le biberon, changer les couches, etc. peut éventuellement être fait par les pères, mais il leur manquera l’intuition de la mère pour sentir ce dont le bébé a besoin à tel moment. Oui, certes, certains hommes accomplissent bien ces fonctions, mais la majorité échouera et les enfants seront les grands perdants. Le congé paternel pour permettre à la femme de

continuer sa carrière, résout très rarement le problème.

L’autre solution, c’est la crèche professionnelle ou le centre d’accueil. « Professionnelle » signifie presque exclusivement pourvue en personnel féminin. Le travail qui devrait être fait par la mère est fait par d’autres femmes, mais avec moins d’amour et d’engagement personnel. Pour elles, c’est aussi une profession, un travail, un moyen de gagner de l’argent pour leur propre famille et leur retraite. Cette solution ne fait pas avancer l’égalité des sexes, elle transfère simplement des fonctions féminines à d’autres femmes. ((Suite et fin au prochain numéro)

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Une date à retenir : le samedi 26 mars 2011

Journée du CEP à Paris (Montmartre)

Programme prévisionnel:

Jean de Pontcharra : Considérations d’un physicien

sur le géocentrisme

Etienne Capieaux : De la finalité en biologie

Jean-François Froger : Implications logiques de l’inspiration dans la Bible

Dr François Plantey : Le message prophétique de l’Argentine

(La feuille d’inscription sera jointe au prochain numéro)

Témoignage sur la création monétaire1

Graham Towers

Présentation : Un des témoignages les plus clairs sur les pratiques bancaires fut donné par Graham F. Towers, Gouverneur de la Banque centrale du Canada (de 1934 à 1955), devant le Comité parlementaire canadien des Banques et du Commerce, au printemps 1939. Le rapport de ce comité compte 850 pages (Standing Committee on Banking and Commerce, Minutes of Proceedings and Evidence Respecting the Bank of Canada, Ottawa, J.O. Patenaude, I.S.O., Printer to the King’s Most Exellent Majesty, 1939). La grande partie du témoignage de Towers résulte des questions de « Gerry » McGeer, K.C., ancien maire de Vancouver, qui comprenait parfaitement le fonctionnement des banques. Ces réponses claires et précises se passent de commentaire.

Voici quelques extraits du témoignage de Towers:

Q. Mais est-il indubitable que les banques créent elles-mêmes ce moyen d’échange [la monnaie]?

Towers: C’est exact. C’est pour cela qu’elles existent… C’est là le rôle des banques, tout comme une aciérie fabrique de l’acier. (p. 287)

Le procédé de fabrication consiste à faire une entrée avec une plume et de l’encre, ou au clavigraphe, dans un livre ou sur une carte. C’est tout. (pp. 76 et 238)

Chaque fois, et à toutes les fois qu’une banque accorde un prêt (ou achète des titres), du nouveau crédit bancaire se trouve créé, de nouveaux dépôts, de l’argent flambant neuf. (pp. 113 et 238)

Généralement parlant, toute nouvelle monnaie vient d’une banque sous forme de prêts. Tout l’argent en circulation a été, à son origine, prêté par une banque. (pp. 461 et 794)

Puisque tous les prêts sont des dettes, alors sous le système actuel, toute monnaie est une dette. (p. 459)

1 Repris de Louis Even, Sous le signe de l’abondance (1946), rééd. Pèlerins de Saint-Michel, Rougemont (Québec), 2008, pp. 296-298.

C’est une erreur commune de croire que les banques prêtent l’argent de leurs déposants. Elles ne le font pas du tout. (pp. 398, 455, 590)

Q. Lorsque le gouvernement présente aux banques des débentures 2 pour un montant de 1 000 000 $, un million de nouvelle monnaie, ou d’un équivalent à la monnaie, est-il donc créé par le fait même?

Towers: Oui.

Q. Est-il bien vrai qu’il y a là création d’un million de dollars de nouvelle monnaie?

Towers: C’est exact.

Q. Et en va-t-il de même lorsqu’une municipalité ou une province va à la banque?

Towers: Ou aussi un individu qui emprunte.

Q. Ou lorsqu’une personne se rend à la banque?

Mr. Towers: Oui.

Q. Lorsque j’emprunte 100 dollars à la banque en tant que citoyen privé, la banque fait-elle une entrée comptable, et y a-t-il une augmentation de 100 dollars dans les dépôts de cette banque, dans le total des dépôts de cette banque?

Mr. Towers: Oui. (p. 238)

Q. Lorsque vous permettez aux banques commerciales d’émettre des dépôts bancaires — qui, avec la pratique en vogue aujourd’hui de se servir de chèques, constituent le moyen d’échange avec lequel 95% des transactions sont faites par le public et le privé — vous permettez virtuellement aux banques d’émettre un substitut efficace à la monnaie, n’est-ce pas?

Towers: Les dépôts bancaires sont de la monnaie réelle dans ce sens.

Q. De fait, ce n’est pas de la monnaie proprement dite, mais ne sont-ce pas plutôt des entrées comptables employées comme substitut à la monnaie?

Towers: Oui.

Q. Alors, nous autorisons ainsi les banques à émettre un substitut à la monnaie?

Towers: Oui, je crois que c’est un exposé très juste de cette fonction de la banque. (p. 285)

2 Emprunts.

Q. 12 % de la monnaie en usage au Canada est émise par le gouvernement (par l’Hôtel des monnaies et la Banque du Canada), et 88 % est émis par les banques commerciales du Canada sur les réserves émises par la Banque du Canada?

Mr. Towers: Oui.

Q. Si l’émission de la monnaie est une haute prérogative du gouvernement, cette haute prérogative a-t-elle été transférée aux banques commerciales dans la mesure de 88 %?

Mr. Towers: Oui. (p. 286)

Q. Pourquoi un gouvernement ayant le pouvoir de créer l’argent devrait-il céder ce pouvoir à un monopole privé, et ensuite emprunter ce que le gouvernement pourrait créer lui-même, et payer intérêts jusqu’au point d’une faillite nationale?

Towers: Si le gouvernement veut changer la forme d’opération du système bancaire, cela est certainement dans le pouvoir du parlement. (p. 394)

Q. En ce qui concerne la guerre, pour défendre l’intégrité de la nation, n’y aura-t-il aucune difficulté à se procurer les moyens financiers nécessaires, quels qu’ils soient?

Towers: La limite des possibilités dépend des hommes et des matériaux.

Q. Et où existe une abondance d’hommes et de matériaux, il n’y aurait aucune difficulté, sous notre système bancaire actuel, à fournir les moyens d’échange nécessaires pour mettre au travail les hommes et les matériaux pour la défense du royaume?

Towers: C’est exact. (p. 649)

Q. Admettriez-vous que tout ce qui est physiquement possible et souhaitable peut être rendu financièrement possible?

Towers: Certainement. (p. 771)

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Le cannabis : du paradis artificiel à l’enfermement !1

Frère Ambroise

Présentation : On croit savoir que toute drogue, douce ou dure, est un fléau et conduit à un esclavage. Le frère Ambroise, que sa mission met au contact quotidien de jeunes toxicomanes, va plus loin et fait ici une fine analyse psychologique de l’enfermement progressif auquel se condamne l’usager du cannabis.

La déchristianisation des mœurs (et aussi des intelligences) nous fait oublier que tout être résulte d’un acte qui l’a posé dans l’existence, et plus précisément d’un don. C’est en se tournant vers le Donateur que les jeunes générations sauront se passer de ce « nuage » qui, loin de les protéger réellement, les enferme.

On assiste aujourd’hui à un véritable raz-de-marée du cannabis. Pour mieux informer et prévenir nos enfants et nos jeunes, il est primordial, dans le contexte actuel, de comprendre quelle est cette fascination que le shit exerce sur notre jeunesse et quels en sont les dangers réels.

Quelques chiffres

Selon une étude publiée par l’OFTD en juillet 2007, la consommation de cannabis par les jeunes Français est une des plus élevées d’Europe.

Le chiffre d’affaires du cannabis peut être évalué à environ un milliard d’euros pour l’année 2004 (N.B.: 1 gramme de cannabis vaut 4 euros en moyenne). Par ailleurs le coût social lié au cannabis est d’environ 919 millions d’euros! Presque autant que les sommes dépensées pour l’acheter! Tout se passe donc comme si c’était l’État qui achetait le cannabis!

A titre d’exemple, parmi les adolescents de 17 ans, un tiers déclare avoir fumé du cannabis au cours du dernier mois (22 % pour les 15-16 ans). Parmi eux près de 70 % (140 000) sont des usagers quotidiens.

1 Repris de L’Evangile de la Vie, n° 80, 8 mai 2010, pp. 10-13.

Nos adolescents sont donc bien en danger.

Les réels dangers du cannabis

Les incidences néfastes du cannabis sur la santé physique ont été bien précisées ces dernières années : augmentation du risque de cancer, troubles de la mémoire et de la concentration, diminution des défenses immunitaires, incapacité de prévoir, de s’organiser et de dire non à ses envies compulsives, etc.

Les troubles mentaux associés à la consommation du cannabis sont eux aussi nombreux et destructeurs : syndrome amotivationnel (sorte de dépression, de perte de goût de la vie), schizophrénie (le cannabis peut la créer, la révéler ou l’aggraver), idées paranoïaques, suicides, bouffées d’angoisse, hallucinations, etc. C’est ainsi que « le cannabis multiplie par quatre le risque de maladie mentale grave. Certains cas existent avec une seule prise. Le problème peut survenir n’importe quand.»2

Mais il ne faudrait pas oublier que le danger le plus grave lié au cannabis est une sorte d’arrêt de la croissance de la personne humaine.

Le piège du cannabis

Généralement on consomme le cannabis pour les effets qu’il procure, par exemple une certaine euphorie, une certaine décontraction qui permet d’aller plus facilement vers les autres, un certain sentiment de bien-être, etc. Ces effets sont agréables et donc très séduisants.

Tout cela est très agréable, mais ce n’est pas vrai. Ce n’est pas la réalité. On le sait puisque c’est justement pour cela qu’on fume : ne pas voir la réalité en face, l’oublier un peu, la transformer, la voir différemment de ce qu’elle est.

2 Thèse de la faculté de médecine de Rouen soutenue en septembre 2002 par le Dr Chamayou. Sont utilisées ici principalement les pages 109 à 111 et la conclusion. Consultable en français et en anglais parmi les « sources documentaires » données sur www.lehavresante.com .

On s’invente en fait son petit monde. Comme l’enfant quand il joue aux petites voitures : il se fait tout un film, toute une histoire, où il est souvent le héros.

Le cannabis met dans un nuage. On devient cool. La vie est rose.

On est sur son petit nuage. On n’est plus du tout dans le réel.

Celui-ci est appréhendé au travers d’une émotion (euphorisante ou déprimante). Cette dernière forme comme un brouillard qui empêche l’intelligence d’adhérer avec force au réel et donc de le connaître tel qu’il est.

C’est pour cela que le cannabis développe une totale indifférence envers les autres et le monde extérieur. Mon petit univers, mon petit nuage est bien plus intéressant que le monde réel. Je n’ai plus d’intérêt à rien d’autre qu’à mon joint. C’est l’attitude « bof-bof » qui fait que je n’interroge plus.

On finit par aimer être dans les nuages et on en prend l’habitude! On va tout faire pour rester dans sa bulle. Plus on y est enfermé, plus on y reste! Donc on augmente les doses pour que l’effet d’enfermement soit de plus en plus fort, pour être de plus en plus dans sa bulle, coincé, cadenassé. Telle est la vraie dégringolade.

Et alors là, gare aux précipices que le brouillard cache, attention aux murs qu’on ne verra que trop tard! Les précipices rencontrés peuvent être la perte de son travail et de ses vrais amis, la solitude, mais aussi d’autres drogues, comme l’ecstasy, la cocaïne, l’héroïne, et au final la prison, l’hôpital psychiatrique ou la rue. Il est bien connu que la quasi-totalité de ceux qui consomment de l’héroïne ou de la cocaïne ont commencé par un joint.

A partir du premier, pour certains, se produira un déclin inexorable et douloureux, une descente aux enfers. Certes ce n’est pas systématique chez tous ceux qui commencent à tirer sur un joint. On n’est pas tous égaux devant les drogues Mais on ne sait pas sur qui cela va tomber! On sait quand on commence, jamais où l’on va…

D’autant plus qu’il y a un côté sournois dans le cannabis: il fait décoller, mais petit à petit, lentement. On ne s’aperçoit pas qu’on décolle. Le brouillard monte peu à peu, on s’habitue à vivre dedans, on aime bien même cette sensation de ouate qui semble protectrice et rassurante, et peu à peu le piège se referme: on se retrouve

complètement aveuglé, perdu au milieu d’un brouillard à couper au couteau.

Le cannabis se diffuse en effet lentement dans l’organisme et en repart lentement. Sa demi-vie est de quatre jours. Huit jours après il en reste 25 %. Avec un joint ou deux par semaine, on commence ainsi à cumuler les doses (on peut donc déjà parler d’usage nocif) et on décolle peu à peu, imperceptiblement, car les doses sont à ce stade relativement faibles. Et il faut 18 mois d’arrêt complet pour un lavage total!

C’est pourquoi l’effet du cannabis n’est pas plus violent que les conséquences de son arrêt, au contraire de l’héroïne ou de la cocaïne par exemple. Avec le cannabis il n’y a ni overdose ni syndrome de sevrage. Il faut éviter d’en conclure à la non- dangerosité du cannabis, mais plutôt qu’il s’agit là d’une drogue lente, et qui fait autant de dégâts que les autres, dont elle est d’ailleurs le meilleur vecteur et la porte d’entrée large et grande ouverte. Il est donc stupide et mensonger de classer les drogues en drogue douce et drogue dure. Mieux vaudrait parler de drogue lente et sournoise et de drogue violente et rapide.

La fausse séduction du cannabis

Fumé en groupe, avec des potes, avec qui on se lie et on s’allie, le cannabis semble être ce qui va permettre d’aimer et d’être aimé, d’avoir des super-amis et enfin de combler son cœur.

Pure illusion! Car le cannabis met dans la solitude et éteint l’intelligence comme le cœur de l’homme. En fait, il donne l’illusion de l’amitié. Il fait miroiter ce dont l’homme a le plus soif.

Tel un mirage dans le désert, il séduit et trompe, détruisant celui qui le poursuit sans jamais l’atteindre.

L’urgence de la prévention

Face aux dangers du cannabis et à son omniprésence en France, les parents doivent en parler à leurs enfants, et ceci dès le CM2. Répétons-le : aucun milieu ni aucune école (à quelques exceptions près) n’est épargné.

Prévenir du danger, c’est d’abord développer et nourrir des relations vivantes au sein du couple et de la famille. C’est le meilleur antidote contre l’enfermement sur soi.

Ensuite c’est s’informer pour pouvoir expliquer et répondre aux idées fausses largement répandues.

C’est enfin en parler à ses enfants, avec les mots qui conviennent à leur âge, et aux autres enfants.

«Notre société doit réagir maintenant sans attendre une éventuelle catastrophe épidémiologique. » (Dr Chamayou)

Face à la peste, à la famine, ou plus récemment face au SIDA, aux accidents de la route, au cancer du poumon, notre société a su réagir et se battre. Pourquoi donc ne saurions-nous pas le faire face au cannabis?

Conclusion : Et Dieu dans tout ça?

Il me paraît de plus en plus évident que la déchristianisation générale, qui est l’une des caractéristiques majeures de nos sociétés dites modernes, assure un terreau favorable à une consommation massive de cannabis et de toute drogue en général. Je m’explique.

Nous sommes créés par Dieu, à son image et à sa ressemblance. C’est Lui qui nous donne d’être. Nous existons par Lui. La seule manière pour nous de Le remercier de ce don d’exister est de reconnaître que nous sommes créés par Dieu et donc que nous dépendons de lui dans notre existence. C’est une dépendance très forte, radicale, que notre monde tente d’oublier, d’effacer, de nier par son athéisme tout aussi militant que pratique. On pense et on vit comme si Dieu n’existait pas, comme si nous n’avions rien à voir avec lui, comme si nous ne lui devions rien.

Quand toute une civilisation a vécu de cette dépendance, de cette adoration, et que peu à peu on l’oublie complètement, cette saine relation de dépendance amicale avec Dieu, qui nous faisait grandir, qui nous élevait, eh bien cela laisse un grand vide. Il reste dans notre société comme un grand besoin non satisfait de dépendance. Alors la jeunesse va la chercher ailleurs, dans des produits qui, loin de l’élever, l’aliènent.

La grande réponse face au fléau du cannabis est donc l’adoration, la découverte de Dieu qui me crée, me donne d’exister, parce qu’il m’aime.

«La drogue est un mensonge, une escroquerie, parce qu’elle n’élargit pas la vie mais la détruit. Ce qui est vrai c’est la grande soif de Dieu qui nous met en chemin vers Lui. » (Benoît XVI, aux jeunes rassemblés à Lorette).

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BIBLE

Le Credo de l’incroyant

P. Leonardo Castellani1

Le Credo de l’incroyant

1 Note du Dr François Plantey. J’ai découvert la vie et l’œuvre du Père Leonardo Castellani par un de ces hasards qui n’en sont pas. Dans un Airbus d’Iberia qui me ramenait à Buenos Aires, je tombai, dans ABC, quotidien royaliste espagnol, sur un éditorial de Juan Manuel de Prada. Je compris immédiatement que le Père Castellani, qu’il qualifiait de Chesterton argentin, avait dû être un homme exceptionnel. Je cherchai alors ses traces dans Buenos Aires. La Providence me fit rencontrer un couple qui l’avait assisté durant les dernières années de sa vie. Aide inestimable car une présentation brève du Père et de son œuvre est fort difficile. Il naquit à Reconquista, dans la province de Santa Fe, le 16 novembre 1899. Après des études chez les Pères jésuites de Santa Fe, il entra le 27 juillet 1918 au noviciat de la Compagnie, à Cordoba. En 1920, il part poursuivre ses études en Europe. Elles seront exceptionnelles. Diplômé de l’Université Grégorienne de Rome, il passe trois années à la Sorbonne, y suivant les cours de philosophie d’Emile Bréhier. A l’Hôpital Saint-Antoine, il étudie le domaine des maladies mentales dans le service du Dr Dumas. Il fut élève du P. Marcel Jousse sj, (dont il introduisit les œuvres en Argentine) à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes et à l’Ecole d’Anthropologie ; élève également de Georges Wallon. Après son diplôme d’études supérieures de philosophie, il séjourna en Allemagne et en Autriche pour approfondir encore ce domaine avant de revenir en Argentine à la fin de l’année 1935. A Rome, il obtint le titre le plus élevé conféré par l’Eglise. Son « diploma bullado » (portant le même sceau de plomb que les bulles pontificales) atteste que Sa Sainteté Pie IX et le Général des jésuites, le P. Wladimir Ledochowski, ont conféré en 1931 au

P. Castellani le titre de « Doctor sacro universalis cum licentia ubique docendi » qui autorise le titulaire à enseigner dans toutes les universités catholiques du monde, avec le droit de publier sans censure préalable.

Il fut théologien (considéré comme un saint Thomas argentin), philosophe, poète, romancier, conteur, auteur de romans policiers évoquant irrésistiblement Chesterton ! Le genre policier, avec la résolution d’énigmes reposant sur une œuvre de l’intelligence, sur une opération intellectuelle, par ses possibilités d’exploration psychologique, de critique sociale et de réflexion religieuse, exerça sur le P. Castellani le même attrait que sur Chesterton.

En politique, le fil directeur de sa pensée fut l’antilibéralisme. Il jugea le libéralisme comme une étape dans le processus de destruction de la chrétienté, commencé à la Réforme, se poursuivant avec les Lumières et la Révolution Française pour aboutir au communisme. On lui décerna le titre de Docteur honoris causa de l’Université de Buenos Aires et il reçut le prix « Consagracion Nacional » en 1975.

Il passa les dernières années de sa vie comme “ermite urbain”, sa prédication attirant les fidèles de toute l’Argentine, et mourut le 15 mars 1981 à Buenos Aires. .

Je crois au néant, producteur de tout, d’où sortirent le ciel et la terre,

et en l’Homo sapiens, unique roi et seigneur, qui fut conçu par l’évolution de la guenon et du singe,

est né de la sainte matière,

a lutté sous les ténèbres du Moyen Age, est passé entre les feux de l’inquisition, est tombé dans la misère,

a inventé la science,

est parvenu à l’ère de la démocratie et de l’intelligence et, depuis lors,

s’est mis à instaurer dans le monde le Paradis terrestre.

Je crois au libre penseur,

à la Civilisation de la machine, à la fraternité humaine,

à l’inexistence du péché, au progrès inévitable

et à la vie confortable.

Amen

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Le Cep n°53. 4ème trimestre 2010

Du sens de l’Apocalypse : littéral, mystique, prophétique1

R.P. Jouvenroux

Présentation: Dans Le Cep n°51, un article de Madame Françoise Hardy avait critiqué le commentaire historique des chapitres 12 à 18 de l’Apocalypse que l’auteur avait donné dans Le Cep n°49. Comme suite à cette réaction, R.P. Jouvenroux a tenu à répondre en exposant plus complètement sa vision du texte inspiré et notamment la question de savoir s’il faut opposer un sens ‘littéral’ et un sens ‘spirituel’ chez saint Jean. Il en profite pour exposer les principales façons de considérer l’Apocalypse, avec les différentes écoles respectives, ce qui lui permet de resituer son travail, en particulier la découverte qu’il a faite concernant l’identification des sept rois désignés comme la « Bête ». Souhaitant mettre un point final à la polémique, nous lui laisserons ici l’entière responsabilité de ses positions sur tous ces sujets.

Introduction

On ne peut être qu’étonné par les critiques apparues dans le numéro 51 du Cep à propos de notre article sur l’Apocalypse paru dans le numéro 49 de cette même revue. On ne peut non plus cacher le désappointement que cela nous a procuré. Il faut dire que le sujet de l’Apocalypse est nouveau dans cette revue et que face au désarroi de l’ensemble de la chrétienté et des chercheurs devant le texte de saint Jean, on peut comprendre certaines

1 © R.P. Jouvenroux, version2. ECLIPSE 26 juin10. Revue Le Cep (Toute reproduction, partielle ou totale, interdite sans l’autorisation de l’auteur via les revues précédentes.) Merci de citer la référence Le Cep, n°.49, nov. 2009 ou les autres publications quand il s’agit de parler de nos résultats sur l’Apocalypse. Toute dérogation à cette condition sera considérée comme vol intellectuel et les auteurs dénoncés dans de prochaines publications et sites internet. Nous ferons connaître et répondrons à toutes les objections en citant leurs auteurs s’ils le souhaitent. Des brochures en diverses langues et notre livre peuvent être obtenus auprès du dragonsclubinternational@gmail.com

réticences à admettre des résultats vraiment nouveaux donnant un sens aux paroles de Saint Jean.

Cela est d’autant plus difficile que des générations ont pu et dû s’habituer à comprendre l’Apocalypse à partir d’idées préconçues, confortées par des siècles d’incompréhension devant un texte difficile dont on ne percevait que confusément l’importance, sauf de comprendre qu’il annonçait un retour de Jésus et probablement un millénaire de paix et de progrès.

Il faut d’abord savoir que les chrétiens ont longtemps hésité à intégrer l’Apocalypse parmi les textes canoniques de la Bible, quoique les tout premiers en connaissent l’importance comme Irénée de Lyon (130-208), Clément d’Alexandrie (150- 215), Victorin de Poetovio (250?- 304), Eusèbe de Césarée (265- 340), Athanase (295-373), etc., mais le vrai sens en fut très vite perdu. Cyril de Jérusalem (368) et Grégoire de Naziance (407) ont tous deux exclu l’Apocalypse de leurs listes des livres du Nouveau Testament. Le Concile de Laodicée (364) l’avait aussi omis de la liste des Canons. Mais Athanase l’inclut dans son énumération en 367 (39ème lettre pascale); le pape Damase l’accepta (382) et les Conciles d’Hippone (393) et de Carthage (397) l’ont déclaré canonique.

Dans l’Église d’Orient, son admission dans le canon sera discutée jusqu’au Xème siècle. Toutes ces hésitations sont probablement dues à la perte du véritable sens crypté de l’Apocalypse.

Depuis ces temps, on en est arrivé à imposer des visions purement subjectives dénuées de tout fondement sûr. Il est alors bien facile de contourner les difficultés en s’abritant derrière des mots faisant illusion comme ceux de sens ‘littéral’, ou de sens ‘spirituel’. Sans nier l’importance de l’imagination dans la recherche de la vérité, il faut prendre garde à ce que celle-ci ne déborde pas sur le faux, le fantaisiste, le fantastique, ou le fantasmagorique, pour ne pas dire le fumeux. Et en matière de ‘spirituel’ on peut s’attendre à tout, surtout quand les textes font allusion à des entités diaboliques ou angéliques.

Le Cep n°53. 4ème trimestre 2010

Jusqu’à présent personne n’a vu en effet un ange sonner de la trompette (Ap.9.1-12) ni faire tomber une étoile (un avion gros porteur ?) sur la terre puis libérer des sauterelles (des hélicoptères ?) du grand Abîme, sauterelles piquant comme des scorpions (des seringues ? des obus? des lasers?), ces sauterelles ressemblant à des chevaux équipés pour le combat… et puis ces entités ayant pour roi l’ange de l’Abîme dénommé Abaddon en hébreu et Apollyon en grec… (bien sûr, on devine qu’il doit s’agir du diable), mais à part de nous dire que les méchants seront punis, on ne voit pas vraiment de quoi il peut s’agir. Et dans un texte de ce genre il ne viendrait à personne l’idée de tout prendre au sens littéral avec des scorpions envahissant la terre… Quand au sens spirituel, l’image serait parfaitement inutile s’il s’agissait de nous dire que des malheurs viendront sur la terre mais sans toucher la nature sauf les hommes (Ap 9.4, bombe à neutron?). Il est clair que ces spéculations ne peuvent intéresser que les curieux cherchant à savoir à quels types d’événements il est fait allusion, si c’est du passé ou du futur et de quoi il s’agit.

Ceci nous conduira à consacrer une part de cet article aux différentes écoles d’ interprétation au cours des âges, en insistant sur certaines tendances qui se font jour en ces temps de crise pouvant conduire au pire : 2012, comètes, alignements de planètes, guerres, contrôle à distance, mondialisme, réchauffement, grippe H1N1, Internet, famines, pesticides, gouvernements occultes, etc…

Nous conclurons par une invitation à reconsidérer l’Apocalypse de saint Jean dans sa véritable dimension, qui est prophétique.

Différents sens de l’Apocalypse?

Dans la critique de notre précédent article, il est proclamé, sans le moindre argument, que notre travail d »historien’ ne ‘répond’ en rien à l’esprit du « sublime apôtre de la lumière ». Grands mots auxquels nous opposerons que nous n’avons pas eu pour objectif de révéler les profondeurs de l’esprit de saint Jean : des milliers de chercheurs, de théologiens, d’historiens, clercs et laïcs, se sont

épuisés à comprendre ce texte considéré comme le plus hermétique des livres saints.

Nous sommes mathématicien et pas ‘historien’ ni ‘théologien’; nous nous sommes limité à offrir une explication aux chapitres 12,13, 17,18.

Tout d’abord rappelons que saint Jean nous avertit:

« Heureux celui qui lit et ceux qui entendent ( akouontès ), les paroles de cette prophétie et qui retiennent ce qui y est écrit, car le moment est proche. »

Ici, le verbe  (akouô) signifie, comme en français, entendre et surtout comprendre. Saint Jean veut donc dire qu’il faut faire effort pour comprendre ce qu’il écrit. La moindre des choses est donc de bien comprendre ce que veulent dire les mots « spirituel » et « littéral ».

    1. Le terme ‘littéral’

Le mot ‘littéral’ conduit souvent à ne garder du texte que ce qu’il dit ‘à la lettre’ et l’on ne voit pas quel résultat pourrait découler d’un texte étudié à la lettre, sinon le sens obvie que chacun peut déjà en tirer. Il y a très peu de sens ‘littéral’ dans l’Apocalypse, car de nombreux mots ou événements ont un sens allégorique:

-en Ap. 5.5, l’un des vieillards dit à Jean « Ne pleure pas! Voici que le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David, a été vainqueur; il ouvrira le livre et ses sept sceaux. » Ce lion est selon toute vraisemblance Jésus. Mais un lion n’ouvre pas de livre. Un tel sens littéral serait absurde. Dans de nombreux passages, saint Jean lui-même nous invite à comprendre les choses sous des sens allégoriques. C’est ce que nous avons fait. La bête d’Ap. 17 n’est pas un monstre à 7 têtes qui aurait existé; personne n’a vu cette bête remonter d’un quelconque Abîme; de plus nous n’avons pas dit que la courtisane montée sur la bête était une prostituée; enfin nous n’avons pas dit que la bête avait des collines en guise de têtes, et nous n’avons pas dit non plus que ces collines avaient des noms de rois ou matérialisaient des rois. De même nous n’avons pas démontré que cinq de ces collines étaient tombées (dans quoi

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d’ailleurs?) et qu’une colline devait venir sur la bête. Nous n’avons pas pris non plus l’Agneau pour un mouton luttant contre des cornes sur des collines.

Dans un sens spirituel, le lion que tue Samson, a bien sûr un sens réel mais c’est aussi une image pour dire qu’il était ‘spirituellement’ très fort et protégé de Dieu (tant que Dalila ne lui avait pas coupé les cheveux, i.e, ne l’avait pas dominé dans le péché, comme cela est montré dans le superbe film (1949) de Cecil B. De Mille. C’est comme pour les paraboles : on peut les prendre dans un sens littéral puis dans un sens moral et spirituel. Mais avant de dégager un sens spirituel il faut d’abord comprendre le sens littéral, et si le sens littéral implique un sens allégorique, cela impose une connaissance souvent approfondie dans de nombreux domaines et non des sentiments vagues.

Serait alors ‘sens littéral’ le fait de prendre la prostituée assise sur le dos de la Bête’ pour une vraie prostituée tenant une coupe à la main et chevauchant une vraie bête à 7 têtes; et de même il faudrait admettre que le diable aurait la forme d’un dragon… Nous nous refusons à faire l’injure à saint Jean de laisser entendre qu’il ait voulu qu’on adopte cette façon ‘littérale’ de voir ce qu’il écrit.

    1. Le terme « spirituel ».

Le paléontologiste Yves Coppens, dans sa série sur l’Homo sapiens et l’Homo neanderthalensis, distingue l’Homo sapiens par la conscience de l’au-delà, caractérisée par l’enterrement des morts. Mais comme Coppens ne croit guère en l’au-delà (interview sur VIP donnée à KTO !), il n’est pas impossible qu’il se situe dans la lignée des Néanderthaliens!

Plus sérieusement, est ‘spirituelle’, toute activité intellectuelle tendant à se rapprocher d’un Être que l’on ne peut rejoindre que par l’esprit et, réciproquement, cet Être suprême se ferait connaître par son Esprit, le Saint Esprit chez les chrétiens. Par extension on a pris l’habitude de parler de spirituel au sujet de comportements moraux ou d’attitudes ou de signes divers pour lesquels des liens existeraient avec des puissances spirituelles.

Quand saint Jean nous dit que la bête possède 7 têtes, on n’est plus dans un sens littéral pour la bonne raison qu’une bête à 7 têtes n’existe pas. D’ailleurs saint Jean nous le dit lui-même : ces 7 têtes sont bien des rois et même des collines!

Autrement dit nous sommes dans le domaine de la signification allégorique et non pas dans le sens littéral. Et ce n’est absolument pas choisir un sens littéral que d’identifier une tête de roi à un empereur romain. Si saint Jean nous parle de têtes de rois ou de collines, c’est qu’il veut que l’on comprenne qu’il s’agit de rois ou de collines. Dans un sens spirituel, on pourrait aussi confondre ces rois avec des ‘évêques’ siégeant sur des collines du fait qu’il faudrait prendre les choses dans un sens spirituel. La difficulté de l’approche ‘spirituelle’ conduit alors souvent les partisans de cette dernière à s’intégrer dans les écoles de la fin des temps ou du Jugement Dernier dont nous parlerons plus loin.

D’autres encore ont utilisé le terme spirituel au sujet de l’Apocalypse, mais pour des considérations sur le bien et le mal, sans chercher à identifier explicitement des événements catastrophiques qui seraient sous-jacents. Aujourd’hui on pourra s’en faire une idée en consultant le P. de Monléon (1984) qui préfère d’ailleurs parler de ‘mystique’ que de ‘spirituel’. Nous reviendrons sur cet auteur à la fin de notre article. Auparavant nous décrirons les approches les plus fréquentes du livre de saint Jean. Puis nous verrons ce qu’on a pu en dire selon les écoles d’interprétation.

Vue d’ensemble sur l’Apocalypse

Il est vrai que l’Apocalypse est un livre très difficile et cela a été reconnu par tous les exégètes. On peut en résumer l’essentiel en distinguant deux grandes parties.

    1. Des chapitres 1 à 11.

Ch. 1-3: où l’on trouve retranscrites les 7 lettres aux églises d’Asie pour soutenir les chrétiens dans leur foi (ch. 1-3): « Je fus

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saisi par l’Esprit au jour du Seigneur, et j’entendis derrière moi une voix forte, comme le son d’une trompette, qui disait : Ce que tu vois, écris-le dans un livre, et envoie-le aux sept Églises, Éphèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie, et Laodicée » (Ap. 1:10-11).

Certains ont voulu transposer ces lettres à divers âges ou époques de l’humanité. Cela peut s’admettre, mais nous préférons penser que saint Jean écrit d’abord à ses frères d’Asie. Il est clair que ses recommandations morales ou spirituelles ont valeur pour tous les temps, mais peuvent aussi s’adapter selon les circonstances.

Fig. 1. Les « sept églises » (carte tirée du site : http://www.bleublancturc.com/Turqueries/sept-eglises.htm )

-Ch. 4-11: Suivent diverses images sur la grandeur des cieux et la place centrale de l’Agneau (qui est évidemment Jésus) ainsi que la narration de divers événements mettant en scène des chevaux et annonçant des malédictions par l’ouverture de sceaux au son des trompettes, mais aussi des délivrances pour ceux qui auront souffert pour Jésus. Ces visions sont à proprement parler extraordinaires. Certains ont voulu y voir des narrations liées à

l’histoire de l’Église ou de l’humanité (Holzhauser, Monléon) où le temps, à l’instar des prophéties de Daniel, pouvait être décomposé en 7 périodes, liées aux 7 lettres, aux 7 sceaux, ou aux 7 trompettes (Dom Calmet (1950), p.644 et circ.).

    1. Des chapitres 12 à 22

Nous proposons de diviser cette deuxième partie en 2 sous-ensembles mettant à part :

-les ch.12, 13, 17, 18 qui font manifestement référence à la destruction de Jérusalem, dont nous avons déjà dévoilé l’essentiel. Nous y avons démontré, pour la première fois depuis 2000 ans, ce que l’on pouvait comprendre de la bête, tout au moins de celle aux 7/8 têtes.

-puis les ch. 20, 21, 22, qui ont trait en principe à la fin des temps

et au retour de Jésus (ou de ses fidèles) pour mille ans (ch.20).

Pour les autres chapitres 14, 15, 16,19, reconnaissons qu’ils posent bien des questions. Ils peuvent aussi bien concerner la fin de Jérusalem vue de façon élargie, ou encore un combat final ‘apocalyptique’, ou un avertissement surnaturel lié au Jugement dernier.

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-Au Ch. 14 ce sont les 144 000 rachetés qui ont été trouvés sans tache et puis c’est la grande moisson.

-Au Ch.15 ce sont les 7 fléaux et les 7 coupes de la fureur de Dieu.

-Au Ch. 16 c’est le versement des coupes de la fureur, la bataille d’Armageddon, la grande cité divisée en 3 morceaux et les cités païennes qui s’abattent.

-Le Ch.19 semble concerner tant la fin de la grande Courtisane et probablement l’avènement du Verbe de Dieu (Ap.19.13) et les noces avec l’Épouse (l’Église ?) ce qui peut être pris au propre ou au figuré.

Il y est dit que :

— « le Fidèle et le Véritable« , appelé plus loin le ‘Verbe de Dieu‘ portant plusieurs diadèmes et monté sur le cheval blanc, combat contre les rois de la terre ligués contre lui (Ap. 19.19).

. –puis c’est la Bête et le faux prophète qui sont pris et jetés dans l’étang de feu (Ap.19.20).

Ces chapitres sont très difficiles à situer dans le temps, sauf qu’ils précédent en principe un règne ‘avec’ le Christ pour 1000 ans après l’enchaînement du ‘Diable’ jusque vers la fin.

Nous avons mis en lumière par les chapitres 12,13, 17, 18 qu’il ne pouvait s’agir que de la destruction de Jérusalem et non de Rome, et que la prostituée était une image des mauvais grands prêtres, de mauvais gouvernants (Asmonéens) soumis à Rome ou de révolutionnaires (cf. Tresmontant (1994), p.297).

Le sens spirituel est évident: Saint Jean ne fait qu’expliciter de façon prudente l’accomplissement de la prophétie de Jésus sur le Temple, mais aussi le fait que c’est Lui le nouveau Temple. Ce qui n’empêche pas d’en reconstruire un… Il ne s’agit nullement de Rome, contrairement à ce qu’une majorité des interprètes ont voulu nous le faire croire. Jésus n’a pas pleuré sur Rome, bien que les chrétiens dussent y souffrir un jour. Nous avons surtout prouvé que saint Jean prophétise bien la fin de Jérusalem annoncée par Jésus. Nous ne voyons pas en quoi cela n’aurait pas un sens spirituel. Cela renforce même le sens spirituel des Evangiles et de l’Apocalypse.

De plus nous avons situé de façon incontournable cette prophétie avant la chute de Jérusalem ;, or, cela contredit l’idée

admise que saint Jean aurait décrit la chute de Jérusalem après coup, ce qui n’est certainement pas le cas pour les chapitres 12, 13, 17, 18. Nous rejoignons ici l’opinion de Tresmontant (1994) pour lequel Jean aurait écrit avant la chute de Jérusalem. Cela modifie complètement l’idée partagée par de nombreux théologiens selon laquelle saint Jean n’avait pas prophétisé la chute de Jérusalem.

C’est aussi pour sauver les meubles, que nombreux ont voulu reporter les dires de saint Jean vers d’hypothétiques fins des temps (ce que certains peuvent appeler un ‘sens spirituel’…). Mais ce serait alors admettre que Jean était une sorte de visionnaire indifférent aux souffrances des Juifs et des chrétiens de son temps. Ce qui n’amènerait qu’à diminuer le sens spirituel profond de la prophétie de Jésus sur Jérusalem. Or, c’est le contraire que nous avons démontré2.

Méthodes d’interprétation.

On a pris l’habitude de considérer que le livre de l’Apocalypse peut être vu selon différentes ‘écoles’ (cf. par exemple http://www.spcm.org/com_apoc.php). Mais devant la diversité des choses, nous nous reporterons au bénédictin Dom Calmet (1720), T. III, p. 152, Article II au titre « Méthodes des Commentateurs de l’Apocalypse« . Pour Dom Calmet, on peut partager les commentateurs de l’Apocalypse en 4 classes :

  1. « La 1ère classe: où l’on expliquerait toutes les visions de l’Apocalypse autour du Jugement dernier. Selon eux, la bête à 7 têtes est l’Antéchrist, les deux témoins sont Hénoch et Elie; le règne de 1000 ans est le règne des Justes sur la terre après le Jugement Dernier. Les sept trompettes, et les sept coupes de la colère de Dieu versées sur le terre, désignent les malheurs qui précéderont la fin du monde. » [école futuriste]
  2. « La 2nde classe est de ceux qui l’entendent de ce qui est arrivé à l’Église au temps des persécutions » [école prétériste]

2 Sur les vicissitudes des premiers chrétiens, voir : http://www.historel.net/christ/16apotre.htm.

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  1. « La 3ème classe est celle de plusieurs Commentateurs protestants, qui voulant justifier leur séparation de l’Église Romaine…ont fait tous leurs efforts pour la rendre odieuse » [école antéchristique]
  2. « Enfin la 4ème classe est celle de ceux qui ont donné à tout ce Livre des explications morales et édifiantes. Il semble que ç’ait été la méthode de Tychonius, donatiste habile, dont Gennade dit qu’il expliquoit l’Apocalypse d’une manière spirituelle.

Ambroyse Autper, Abbé de Saint Vincent de Voltorne en Italie, a gardé la même méthode, de même que le P. Viegas, & quelques autres… ». [école moralo-spirituelle]

Nous ajouterons 3 classes à celles de Dom Calmet:

  1. La 5ème classe [l’école biblico millénariste] qui est celle de Victorin de Pettau (ca 300) où les allégories se retrouvent dans la Bible (les 4 animaux sont les 4 évangélistes, les 24 vieillards sont les 12 patriarches avec les 12 apôtres, les 24 trônes sont les 24 livres de la loi, des prophètes et du jugement… et les mille ans sont reportés au retour de Jésus; voir les traductions de Dulaey).
  2. La 6ème classe [l’école symboliste ou ésotériste] pour laquelle l’apocalypse aurait un sens caché réservé à certains. C’est là qu’on trouve la plupart de ceux qui s’intéressent au 666 ou aux antéchrists, Ben Laden, etc. Mais pratiquement tous les commentateurs s’y sont intéressés (parmi eux, citons saint Irénée, le premier (vers 150), qui cite  (lateinos) = 666 mais aussi Dom Calmet (1750), p. 636, qui à la suite de Bossuet propose DIOCLES AUGUSTUS comme Antéchrist car DCLXVI= 666, point qu’on ne trouve plus évoqué nulle part, ce qui prouve que l’on ne lit plus depuis longtemps Bossuet, encore moins Dom Calmet.
  3. La 7ème classe [l’école nihiliste] qui nie tout sens explicite à l’Apocalypse. C’est le point de vue officiel en France [cf. l’ouvrage collectif référencé X (1994)]. A la page 374, on y lit que l’Apocalypse serait un livre de courage et d’espérance (ce qui est vrai) en précisant: « qui ne décrit pas d’avance les événements de l’histoire, mais elle veut donner une lumière sur la vie aux

croyants d’une époque donnée, et, à travers eux, à ceux de tous les temps. » Autant dire que l’Apocalypse est un faux texte prophétique !

C’est ainsi que dans un bulletin paroissial corse récent on peut lire sous le titre « Qu’est-ce qu’un prophète? » : « Le prophète n’est pas celui qui dit ce qui arrivera demain ou après demain, comme s’il le lisait sur un écran. Car l’histoire n’est pour personne un scénario écrit d’avance.

Et ce n’est pas ainsi que Dieu nous révèle son dessein en intervenant dans notre histoire humaine. »

Cela est totalement faux et nie tous les prophètes de l’A.T. dont Daniel, et du N.T. dont saint Jean, et surtout nie les prophéties mêmes de Jésus, en niant les évangiles des apôtres. On ne peut en vouloir à notre brave Corse, qui ne fait que suivre ce qui est écrit dans le livre pour la liturgie cité précédemment.

Mais revenons à Dom Calmet qui dit (p.153) :

« Les commentaires Moraux n’entrent point dans notre dessein, et les explications des Protestants sont pour la plupart si extraordinaires, qu’elles ne méritent pas d’être relevées. ».

Il est donc clair que Dom Calmet ne se place pas du côté de l’école ‘moralo-spirituelle’ ni du côté des spéculations sans fondements. Ces dernières sont venues, croyons-nous, à force d’errer dans la compréhension des sens possibles de l’Apocalypse.

Don Calmet enchaîne (p.152) en écrivant: « La plupart des anciens Pères, & des premiers chrétiens Commentateurs de l’Apocalypse ont suivi le système qui explique tout ce Livre du Jugement dernier. C’est ainsi que saint Justin, saint Irénée, saint Victorin de Petaw, ville de l’ancienne Pannonie, située sur la Drave en Styrie, qui vivait sur la fin du troisième siècle de l’Église; que saint Hippolyte Évêque de Porto, au commencement du troisième siècle, dans son Livre de la fin du monde, que les Millénaires, … J’en excepte les trois premiers Chapitres, que les interprètes expliquent d’ordinaire à la lettre des sept Églises d’Asie. »

De toutes ces classes, ce que dit Dom Calmet, c’est que la classe qui a prévalu est la première, celle du Jugement Dernier et non l’école ‘moralo-spirituelle’ probablement trop spéculative. Il en est de même, pour une assez grande part, concernant

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aujourd’hui. Il ajoute à l’appui de cela qu’une trop grande dispersion vers ces domaines ne produit d’ordinaire que la confusion dans les idées du lecteur, et l’incertitude dans son esprit. Raison pour laquelle les commentaires « moraux » n’entrent pas dans son dessein (p.153).

Il évoque tout de même deux auteurs (p.153) :

« Aussi GROTIUS & HAMMOND, plus judicieux & de meilleure foi que la plupart de leurs confrères, ont pris le parti d’expliquer l’Apocalypse d’une manière historique.

Ils entendent presque tout ce qui est depuis le Ch.3, des maux que souffrit l’Église de Judée sous l’Empire de Néron, & sous celui de Vespasien. » Dom Calmet conteste d’ailleurs la désignation de ces empereurs en disant: « Ce qui les a engagés dans ce système, est une erreur de chronologie où ils sont tombés en suivant saint Épiphane… (a) qui place l’exil de saint Jean dans l’île de Patmos, sous le règne de Claude; au lieu que saint Irénée

(b) Eusèbe, (c) & une infinité d’autres le mettent unanimement, sous l’Empire de Domitien vers l’an 94 de Jésus-Christ. »

La référence à Domitien est reprise d’Irénée (130-177), p.659. Quant à nous, nous avons remis en cause non pas l’exil de saint Jean à Patmos, mais le fait que l’on dise que l’Apocalypse a été écrite après la chute de Jérusalem, au moins pour les Ch.12, 13, 17, 18. Nous avons en effet démontré que Jean écrivit les chapitres en question sous Vitellius et cela est capital.

Précisons qu’Irénée (p. 226), a comme bien d’autres des imperfections en matière historique (il faisait mourir Jésus vers 50 ans). Comme Eusèbe de Césarée (260-340) dont on a critiqué les chronologies. …comme bien d’autres encore qui avaient ‘perdu’ la clef, puisqu’ils considéraient Rome comme la grande cité de Babylone….

Puis, parmi les écoles, Dom Calmet parle de « M. Bossuet, Évêque de Meaux, dans son fameux ouvrage sur l’Apocalypse, a reformé le plan de Grotius puis a étendu les persécutions jusqu’à la paix sous Constantin. » Bien que Dom Calmet penche vers cette interprétation, il avoue ne pas en partager tous les sentiments « en particulier ».

Il fait état alors de M. de la Chetardye, curé de Saint- Sulpice, qui a composé une explication de l’Apocalypse, et qu’il

considère comme appartenant à une école proche de Bossuet. Il en dit (p.154) : « Le dragon à 7 têtes & à 10 cornes… est le démon, qui assisté de 7 Empereurs Romains, marqués par les sept têtes & de 10 persécutions, désignées par les 10 cornes… »

Tout le reste est sans justification, avec la chute de l’empire Romain, qui inaugurerait les 1000 ans… Dom Calmet nous dit : «Je crains que cette distribution des temps de l’Église en 6 âges, ne paraisse un peu trop arbitraire. »

Puis Dom Calmet se réfère à une autre ‘école’, celle de l’Abbé du Pin qui dit que : «les 3 premiers chapitres de l’Apocalypse regardent les Églises d’Asie et les 3 derniers la fin du monde. »(p.155)

Nous sommes enclin à suivre cet abbé… d’autant plus qu’il croit que les 7 têtes de la Bête marquent les 7 Empereurs idolâtres [là nous sommes d’accord] qui ont été les auteurs de la dernière persécution contre l’Église, à savoir : « 1. Dioclétien, 2. Maximien, 3.Galère, 4.Sévère, 5. Maxime, 6. Maximin, & 7. Licinius » [et le 8ème (?)], « encore ne donne-t-il cette explication que comme une conjecture, tant il craint d’avancer des choses douteuses.»

Puis, à propos de l’abbé du Pin, voici ce que dit Dom Calmet: « Cette méthode… tranche tout d’un coup une foule de difficultés. Elle n’engage pas à de grandes recherches historiques, ni à des détails embarrassants; elle n’est point sujette à l’inconvénient de proposer des conjectures douteuses quoiqu’elle n’entre pas assez avant dans l’examen des faits, pour vérifier toutes les particularités de la prophétie. »

Dom Calmet continue en laissant entendre qu’il faudrait approfondir les choses, évoquant l’idée que l’Apocalypse aurait un intérêt général (par exemple sur le type d’événement en jeu: il donne alors l’exemple d’Antiochos Epiphane agissant contre les Juifs dans Daniel) et un autre particulier (par exemple la date de l’avènement d’Antiochos, la durée, les circonstances, les auteurs…). On peut y mettre en parallèle la chute de Jérusalem et aussi sous quels empereurs et dans quelles circonstances cela s’est

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passé. Puis Dom Calmet dit au sujet de l’Apocalypse (p.156):

« Nous savons très certainement que la plus grande partie de ce qu’elle a prédit est arrivée; & nous connaissons l’histoire du temps dont elle a voulu parler. Pourquoi donc ne pas appliquer les faits particuliers de cette histoire, aux figures de cette prophétie ? Pourquoi ne pas travailler à développer les figures, à relever les circonstances, à vérifier les événements marqués dans la prophétie, par l’Histoire Romaine, & par celle de l’Église ? »

C’est exactement ce que nous avons fait, en suivant les recommandations de Dom Calmet, un des derniers esprits scientifiques universels comme le furent Kirchner, Newton ou Mersenne. Nous n’avons fait que ce que Dom Calmet espérait et l’on ne voit pas en quoi cela irait contre l’esprit sublime de saint Jean, ni contre une compréhension spirituelle de l’événement considérable que fut la chute de Jérusalem. Il est d’ailleurs très regrettable que tant d’auteurs sur l’Apocalypse prétendent apporter du neuf alors qu’ils ne font que recopier d’autres auteurs sans les citer. Actuellement, c’est d’autant plus le cas sur les innombrables sites internet qui citent rarement leurs sources et s’attribuent les résultats des autres, de même que pour les datations sur Jésus.

Interprétation des Visions de saint Jean

Derrière toute assertion on peut toujours trouver des explications ou des significations secondes. Par exemple on a souvent voulu associer

-la Babylone de l’Apocalypse

-à la Rome des empereurs où l’on situe assez facilement les mauvais empereurs ennemis des premiers chrétiens.

D’innombrables auteurs s’en sont faits l’écho, et parmi les plus récents citons Martin, Maldamé et al. , ainsi que la plupart des évangélistes américains qui voient dans Rome la grande cité de l’Apocalypse. Il en va tout autrement si cette Babylone n’est qu’une image de la Jérusalem pervertie sur laquelle Jésus a pleuré et que les apôtres ont prophétisée. Là, tout change et permet de mieux comprendre le message de Jésus s’opposant à ceux qui,

ayant la clef, l’ont cachée aux petits. La dimension spirituelle du message chrétien devient alors infiniment plus forte, plus crédible, et plus explicite. Jésus n’a pas accusé Rome d’avoir caché la clef. En revanche, il est fondamental de se reporter à ce qu’il a dit sur le Temple pour comprendre à quoi se rapporte la prophétie de saint Jean, tout simplement à celle du Christ Jésus qui s’est laissé sacrifier en remplacement de tous les rites anciens où il était plus facile de sacrifier quelqu’un d’autre ou un animal plutôt que soi- même.

À ce sujet nous donnerons en annexe une précision qui a sauté dans notre article précédent au sujet de la prostituée assise sur la bête et aussi sur 7 collines (Ap. 17.9). Car cette prostituée n’a rien à voir avec Rome. Le message devient ainsi explicite lorsqu’on finit par comprendre de quoi il s’agit. Les premiers chrétiens devaient certainement le comprendre, mais la perte de connaissance des temps qu’ils vivaient a fait oublier l’importance du message du don personnel du Christ. La Science ne consiste pas à copier.

Apocalypse et Bible

La majorité des Bibles offrent des commentaires sur l’Apocalypse, généralement par des notes en bas de page. Nous allons en dire quelques mots car on pourrait s’attendre à ce qu’elles insistent sur les significations, littérales, allégoriques ou spirituelles de ce que dit saint Jean.

Commençons par la Bible de Jérusalem (1953) universellement connue selon laquelle:

-l’Apocalypse aurait été écrite sous Domitien (p. 1619), (donc ne serait pas un texte prophétique sur la ruine de Jérusalem telle que prophétisée par Jésus dans Mt 24.2, Luc 21.6, Marc 13.2) [cf.

S. Irénée].

Néron serait la première Bête [cela vient aussi de saint Irénée] et serait une parodie du Christ ressuscité (en fait nous avons vu qu’il s’agissait de Vespasien qui fut blessé par un coup de lance au pied, ainsi que cela est dit dans Flavius Josèphe. A ce compte Achille serait lui aussi une parodie du Christ…)

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-la deuxième Bête parodierait le saint Esprit (… Titus ?).[cette interprétation bizarre n’est certainement pas dans Dom Calmet… d’où vient-elle ?]

-Quant au Dragon, ce serait une caricature de la Trinité, cela à cause des 3 grenouilles… [ encore plus invraisemblable et purement spéculatif ; et en quoi est-ce spirituel ?…] On se demande d’où viennent de telles affirmations. Cela donne-t-il un sens spirituel au récit de saint Jean ?

À peu près dans toutes les Bibles, on trouve des spéculations du même type.

Par exemple Crampon écrit en note de Ap 13.11: « La seconde bête est le symbole de la religion officielle instrument du pouvoir impérial ». Pourquoi ? Tandis que pour Ap 17.10 la note dit que les 7 têtes représentent 7 empereurs ; 5 ne sont plus : Auguste, Tibère, Caligula, Claude, Néron ; le 6ème règne: Vespasien ; le 7ème disparaîtra rapidement: Titus. Le 8ème est Domitien. Or tout cela est faux comme nous l’avons vu. D’abord ni Auguste, ni Tibère ne sont ‘tombés’.

L’Apocalypse mystique du P. de Monléon

Le bénédictin Dom de Monléon (1984) est l’auteur d’un livre qui se considère d’orientation mystique mais dit de lui-même au début qu’ «il ne faut pas tenter d’y trouver quelque lumière nouvelle ». Le problème est qu’avec honnêteté, l’auteur avoue ne pas avoir cherché de confrontation historique, sauf pour ce qui concerne les âges du monde dont ne parle d’ailleurs pas saint Jean (et en plus qui contredit de nombreux auteurs dont Foreman (1952) et Holzhauser (1650). Puis il termine ainsi son livre :

« C’est le souhait (d’avoir la bénédiction de Jésus) que nous demandons à nos lecteurs la permission de leur adresser, au terme de cet ouvrage, en les priant de mettre au compte de l’ignorance, et de nous pardonner, tout ce qu’ils y trouveront d’obscur et de mal venu… » Nous lui pardonnons volontiers car il a eu ce grand mérite d’avouer la difficulté du sujet.

Conclusion

Finalement, nous préférons n’adhérer à aucune école et comprendre les visions de Jean sans a priori sur les époques. C’est ce qu’a essayé de faire Newton qui a passé des années à comprendre Daniel et l’Apocalypse. Nous lui rendons hommage comme à un frère en mathématiques!

Notre réponse est qu’il n’y a, pour une grande part de l’Apocalypse, ni sens ‘littéral’ ni sens ‘spirituel’ à opposer. Il n’y a qu’un seul texte dont il convient de comprendre le sens avec prudence. Évidemment, la place nous manque pour répondre à toutes les questions et nous renvoyons à un futur livre.

Nous ne pouvons que citer le prophète Daniel qui disait: « A la fin, la connaissance augmentera » (Dan 12,4). Mais pour qu’elle augmente, il faut que chacun, loin des dogmatismes et des idées préconçues, comme dans bien d’autres matières, puisse produire des résultats et les faire connaître. Ce que tente de faire Le Cep, d’une façon peut être quelquefois imparfaite mais cependant très nécessaire.

Par contre, l’anathème ou la censure sont insupportables dans les sciences, dans toutes les sciences. Le travail qui reste à accomplir est immense. En attendant, nous espérons que la première pierre de nos résultats donnés dans le numéro 49 contribuera à conforter le sens spirituel du message exprimé par Matthieu, Marc, Luc, et bien sûr par Jean.

Références

Dom CALMET (1720) Dissertations qui peuvent servir de prolégomènes de l’Ecriture Sainte. Emery, T.III, Paris.

Dom CALMET (1750) [avec commentaires de Dom CALMET et de M. l’Abbé de VENCE] La Sainte Bible en Latin et en Français avec notes, T.13è. Préface sur l’Apocalypse (p.615) [Il y parle (p.730) des sept âges de l’Église.]

HOLZHAUSER(1650) (1784) Interprétation de l’Apocalypse (s’arrête avant le ch.17 [publié en Bavière vers 1784, à Paris en 1876] [propose des ‘époques’ du monde différentes de Dom de Montléon] A propos de Holzhauser, on peut se reporter

Le Cep n°53. 4ème trimestre 2010

aussi à Monnot (1978), Wuilleret (1857) dont nous reparlerons.

IRENEE de LYON (circ.177) Contre les Hérésies: dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur. [A.R.= moine de l’Abbaye d’Orval. (ROUSSEAU, Adelin, trad. (1984) .Cerf, Paris).

JOSEPHE, Flavius (circ.80) La Guerre des Juifs et Les Antiquités Judaïques.

JOUVENROUX, R.P. (2009) Le mystère de l’Apocalypse dévoilé. Le Cep n°49, novembre 2009.

MAZZUCCO, C. ; LIVINGSTONE, E. A. (Éditeur scientifique) (1982) Eusèbe de Césarée et l’Apocalypse de Jean. In Studia Patristica. V,. XVII in Three Parts.

MARTIN, J. J., op, MALDAME, J.M., op, VAN AERDE, op ,

L’Apocalypse.

MONTLEON, (De), Jean (Dom.) (1984) Le sens mystique de l’Apocalypse. NEL.

PIETRI, Gaston (2010) « Qu’est-ce qu’un prophète? Egl. de Corse

n°1, et Eglise de Digne, n°2.

POETOVIO (ou PETTAU), Victorin de (ca 300) (révisé par saint Jérôme] [texte sur :

http://www.newadvent.org/fathers/0712.htm, à lire absolument]

SWEDENBORG, Emmanuel (1688-1772) L’Apocalypse expliquée selon le sens spirituel, où sont révélés les arcanes qui y sont prédits Ouvrage posthume traduit du latin par

Le Boys des Guays.

TRESMONTANT, Claude (1994) Enquête sur l’Apocalypse : l’auteur, la date, le sens. F.X. de Guibert. Paris. D’après lui : « il n’y aurait pas d’eschatologie dans l’Apocalypse ».]

X.(1994) Le Nouveau Testament: Traduction officielle pour la liturgie. Ed. du Rameau. [Concordat cum originali, Père

J.C. Hugues]

ANNEXE : Les 7 COLLINES de JÉRUSALEM

Nous donnons ici une annexe qui a sauté dans notre article précédent au sujet des 7 têtes de la Bête qui sont aussi 7 collines (Ap.17.9). Ceci a fait dire que la ville de l’Apocalypse serait Rome. Car elle possède 7 collines célèbres: Aventin,

Caelius, Capitole, Esquilin, Palatin, Quirinal, Viminal. On dit que ce 7 est douteux car les Romains auraient confondu saepti montes (collines encloses) et septem montes (sept collines). De plus il y a plus de 7 collines comme on peut le voir sur la carte produite dans

http://lamenorah.over-blog.com/article-24189972.html . Il existe bien d’autres villes à 7 collines (http://www.nimausensis.com/Nimes/SeptCollines.ht )

http://prophetie-biblique.com/forum-religion/propheties-fin- des-temps/babylone-grande-prostituee-est-dans-desert-t18.html; pour les similitudes de couleurs voir

http://www.forum-religion.org/oecumenisme/quelle-est-la-ville- nommee-allegoriquement-babylone-t20888.html

Mais au temps de saint Jean Jérusalem était considérée aussi comme une ville à 7 collines (ce que dit Rabbi-ben- Eliezer, vers le 8ème siècle dans le Midrach) (BIALIK, RADNITZKY (1908)). Et c’était aussi le cas d’autres villes comme Éphèse, Babylone, Lisbonne, Nîmes, Paris…)

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On peut aussi se référer à : http://www.askelm.com/prophecy/p000201.htm

« Aussi étrange qu’il puisse paraître, la Ville de Jérusalem au temps de Jésus-Christ était aussi connue sous le nom de “Ville aux septs collines« . Le fait est bien attesté dans les milieux juifs. Dans la Pirké de-Rabbi Eliézer, récit midrachique du 8ème siècle (section 10), l’auteur mentionne sans le moindre commentaire :

« Jérusalem est sise sur sept collines » (signalé dans The Book of Legends, édité par Bialik et Ravnitzky, p. 371, paragraphe 111). Il en allait donc ainsi. Ces sept collines sont facilement identifiables:

    1. Le sommet au Nord est nommé Mont Scope (Scopus[première colline] ;
    2. Le sommet médian est le Mont Nob [deuxième colline] ;
    3. Le point culminant du Mont Olivet et le sommet Sud était nommé dans les Écritures « Mont de la Corruption » ou « Mont de l’Offence » [troisième colline] (cf. II Rois 23, 13) ;
    4. Au Sud de la crête médiane séparant le ravin du Cédron et la vallée du Tyropœon se trouvait la colline alors appelée Mont Sion [quatrième colline] (à distinguer de la colline au Sud-ouest qui prit ce nom par la suite) ;
    5. Le Mont Ophel [cinquième colline] ;
    6. Au Nord du Mont Ophel se trouve le « Roc » autour duquel fut bâtie la forteresse Antonia [sixième colline] ;
    7. Enfin la colline sise au Sud-ouest, qui prit au temps de Simon l’Hasmonéen le nom de Mont Sion [septième colline]. »

On aura remarqué sur la carte ci-dessus que l’énumération de ces sept collines peut varier selon qu’on se limite à la troisième enceinte ou bien, comme nous l’avons fait, en considérant aussi la ville hors-les-murs. De façon allégorique, le mur d’enceinte du Temple possédait 6 tours, si bien que le Saint des Saints donnait à l’ensemble une configuration à 7 tours.

Plusieurs indices conduisent à identifier la grande cité de Babylone à Jérusalem

( voir p. ex. http://v.i.v.free.fr/pvkto/babylone.html, présentant la théorie de HUNT). Mais il suffit de se reporter à Ezéchiel 23, 4 pour découvrir que Jérusalem était aussi appelée Oholiba dont il est dit : “ses prostitutions ont surpassé celles de sa sœur” (Oholiba= Jérusalem). Plus loin, Ezéchiel parle des fils de Babylone qui viennent se prostituer avec elle. La ville de Babylone avec la tour de Babel était d’ailleurs considérée comme la ville de l’orgueil de l’homme se faisant dieu et se pervertissant avec les faux dieux. … »

Il existe bien d’autres villes à 7 collines (http://www.nimausensis.com/Nimes/SeptCollines.ht )

http://prophetie-biblique.com/forum-religion/propheties-fin-des- temps/babylone-grande-prostituee-est-dans-desert-t18.html

On peut rappeler ici que saint Pierre dit à un moment qu’il écrit depuis Babylone : « L’Église des élus qui est à Babylone vous salue, ainsi que Marc, mon fils. » (1P 5, 13)

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D’après Pettau, Babylone est Rome; quant aux rois de la Bête, citons son calcul : « Le temps doit être compris par rapport à la période où fut écrite l’Apocalypse, depuis le règne de Domitien; mais avant lui régnèrent Titus son frère, et VespasienOthoVitellius, et Galba. Ce sont les 5 qui sont tombés. Un reste, c’est Domitien sous lequel l’Apocalypse fut écrite. » Victorin de Pettau, qui est le plus ancien exégète latin de l’Apocalypse, était à deux doigts de résoudre l’énigme à ceci près que Titus n’est pas ‘tombé’ [on trouvera son texte en anglais sur http://www.newadvent.org/fathers/0712.htm]. Pettau a pris Babylone à la lettre sauf que, signalant qu’il peut s’agir de Sodome, il n’a pas vu que Sodome n’est ici rien d’autre que Jérusalem.

Selon notre premier article sur l’Apocalypse, il ne fait aucun doute qu’il s’agit de Jérusalem. Mais rien n’empêche d’y voir de façon allégorique d’autres possibilités.

Réf.

-BIALIK, Haim, Nahman, RAWNITZKY, Yehoshua H, ed. (1908-1911) The Book of Legends Sefer Ha-Aggadah: Legends from the Talmud and Midrash, p.371, §111.

-PIRKE de-RABBI ELIEZER (8th century midrashic narrative) sect. 10 (7 hills)

*

REGARD SUR LA CREATION

« Car, depuis la création du monde, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’œil nu quand on Le considère dans ses ouvrages. » (Romains, 1 : 20)

Notre étonnant squelette3

Ralph Cambridge4

Résumé: Les os du squelette forment la charpente du corps humain. Mais loin d’un matériau uniforme comme le métal d’une poutre ou la brique d’un mur, nos os comportent une enveloppe dense et rigide, résistant aux efforts, et un cœur alvéolaire léger, siège de multiples fonctions dont la production des lymphocytes. De même les articulations sont de diverses sortes, adaptées selon les besoins à la flexion, à la rotation ou à une association des deux.

Organe vivant, l’os se reconstitue en permanence à partir de cellules ostéoblastes, tandis que les ostéoclastes résorbent le vieux tissu osseux. La réparation des os cassés se fait en deux phases : une reconstitution rapide par des fibres orientées dans tous les sens suivie d’un dépôt soigneux de fibres disposées en lamelles. Tous ces processus finement agencés et bien coordonnés sont l’exact contraire du hasard et dénotent leur anticipation intelligente selon un plan détaillé.

Introduction

Le corps humain peut faire des mouvements extraordinaires: l’équilibre du danseur, la dextérité du pianiste, l’effort de l’athlète, la précision du dessinateur. Ces exemples et d’autres nous sont tellement familiers que nous prenons leur dextérité comme allant presque de soi. Et pourtant cette maîtrise du mouvement repose sur une interaction complexe entre le cerveau et les nerfs, le cœur et les poumons, le muscle et les ligaments, et naturellement les os. Car notre squelette osseux est la clé de voûte de l’ensemble – une charpente légère, résistante et flexible qui soutient tout ce que nous faisons.

3 Your amazing skeleton, C. S. M., Pamphlet 378, Mai 2010, aimablement traduit par Claude Eon.

4 Membre de la Linnaean Society.

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Comment une telle charpente aurait-elle pu évoluer graduellement sur des millénaires ? Même les fonctions les plus élémentaires d’un organisme complexe exigent l’interdépendance précise des pièces conçues de façon appropriée. Elles sont vitales pour des fonctions telles que respirer, se mouvoir, obtenir sa nourriture et fuir devant le danger. Comment une espèce pourrait-elle non seulement survivre mais aussi se reproduire tant que ces pièces ne sont pas entièrement développées ? Notre squelette est-il réellement le résultat d’événements aléatoires pendant des millénaires, ou bien est-il en fait le produit d’un plan méticuleux ? Dans ce dernier cas, nous devrions être capables de reconnaître quelques traits de ce plan. Faisons donc brièvement le tour de cette remarquable structure dans laquelle nous vivons, nous mouvons et avons notre être, et voyons ce que nous pouvons trouver.

Rugueux et lisse

Lorsqu’on regarde la surface des os, on voit tout de suite que certaines zones sont rugueuses tandis que d’autres sont lisses. Les zones rugueuses sont celles où les muscles sont fixés à l’os, tandis que les zones lisses sont couvertes d’un cartilage glissant où les jointures s’articulent. Imaginez les problèmes que nous aurions si les muscles devaient être fixés aux zones lisses, ou si les zones d’articulation étaient rugueuses. Les muscles s’échapperaient avec une horrible facilité et la douleur de bouger les articulations serait insoutenable. Au lieu de cela, l’os est rugueux exactement là où il doit l’être et lisse exactement là où il doit l’être. C’est bien une caractéristique d’un plan.

Des articulations adaptées

Il est remarquable que le squelette humain comporte quatre différentes sortes d’articulations, chacune d’elles étant adaptée à la fonction particulière qu’elle doit remplir. Ces quatre sortes sont: 1) les joints à rotule, qui donnent la liberté de mouvement dans différentes directions (par exemple le fémur et l’os de la hanche); 2) la diarthrose, qui ne permet le mouvement que dans un seul plan (par exemple le genou); 3) la diarthrose rotatoire, qui permet une certaine liberté de mouvement dans plusieurs directions (par exemple le poignet) et 4) les articulations du crâne qui sont inamovibles. Comment un vertébré survivrait-il avec le mauvais type d’articulation au mauvais endroit ?

On peut imaginer les problèmes si les articulations du crâne bougeaient facilement ou si celle du genou était inamovible. Mais non, chacun de ces types d’articulations remplit exactement son rôle. Cela aussi est caractéristique d’un plan.

Radiographie des os d’une main humaine. Les os sont lisses et glissants là où ils s’articulent, donnant une excellente dextérité. Image: A. Ciesielski, www.sxc.hu

Structure

Si l’on regarde la coupe transversale d’un os long, on voit facilement que sa structure n’est pas uniforme. La partie extérieure est dure et dense, mais à l’intérieur il y a un os spongieux en forme de nid d’abeille et au centre on trouve la moelle osseuse molle. Il y a là un parfait mélange de force et de légèreté, donnant des zones dures et fortes là où c’est nécessaire, mais économisant le poids par une partie spongieuse là où il convient. Y a-t-il simplement là le fruit du hasard ? Non, car cela ressemble encore à une autre caractéristique d’un plan.

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Gros-plan d’os spongieux montrant sa structure de nid d’abeille, une superbe combinaison de légèreté et de force. Image: patrix, www.flickr.com

Composition

En examinant la composition de l’os, on constate qu’il s’agit d’un mélange de composés minéraux et organiques. Le minéral est du phosphate de calcium, alors que les composants organiques sont surtout de la protéine collagène. C’est ce matériau composite qui donne à l’os ses propriétés spéciales. Par lui-même le minéral est dur mais fragile et par elle-même la protéine est flexible mais ne peut pas supporter de poids. Réunis, le minéral et la protéine font le mariage de propriétés parfaites pour le mouvement : un matériau fort et flexible, facilement capable de supporter les contraintes et les chocs qu’il subit. Cette remarquable combinaison évoque un plan délibéré.

Maintenance

Nous y pensons à peine, mais nos os sont étonnamment actifs. Ils sont constamment renouvelés à un rythme tel que l’équivalent de tout notre squelette est remplacé au bout de sept ans ! Au centre de cette activité se trouvent deux types de cellules, les ostéoblastes et les ostéoclastes. Les ostéoblastes sont les cellules formatrices de l’os, responsables de la régulation de la matrice osseuse et de l’introduction du calcium et du phosphate.

En revanche, les ostéoclastes assurent la résorption de l’os: ils détruisent le tissu osseux vieilli. Un mécanisme sophistiqué de rétrocontrôle unit les activités des ostéoblastes et des ostéoclastes, ce qui est absolument nécessaire. Car si les ostéoclastes devenaient beaucoup plus actifs que les ostéoblastes, alors le squelette dépérirait au point de devenir dangereusement faible. Inversement, si les ostéoblastes devenaient beaucoup plus actifs que les ostéoclastes, alors le squelette deviendrait dangereusement surdéveloppé.

Comment cet équilibre essentiel, avec ses mécanismes complexes de rétrocontrôle, aurait-il pu se développer très graduellement par l’évolution ? Pour que le corps fonctionne avec succès, la totalité du système de cellules spécialisées et de mécanismes de rétrocontrôle doit être en place et en état de marche en même temps. Cela résulte donc manifestement d’un plan.

Radiographie d’un os de jambe humaine brisé, situation désastreuse sans notre système intégré de réparation. Cette capacité étonnante de maintenance de notre squelette montre la main d’un créateur bienveillant. Image: Tsu Nimh, www.sxc.hu

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Réparation

Bien que le squelette humain soit capable de beaucoup de choses, il arrive que les contraintes qu’on lui impose soient un peu trop fortes. Les week-ends de ski se terminant avec une jambe cassée sont bien connus ! Heureusement notre squelette possède un système de réparation intégré, qui opère en deux phases. La première dépose les fibres osseuses en suivant un tissage aléatoire. C’est rapide mais relativement peu solide. Cependant, elle est suivie d’une deuxième phase où les fibres se déposent plus lentement mais suivant une disposition lamellaire plus solide. Ainsi le corps opère un « rafistolage » rapide suivi d’une réparation en profondeur plus longue. Une fois encore on doit se demander comment cela aurait pu se développer graduellement par évolution ? Il y a là toutes les marques d’une stratégie mûrement préparée. Cela ressemble plutôt aux services d’un secouriste suivis d’un traitement hospitalier élaboré : c’est un plan complet de service de santé.

Conclusion

Un peu comme un morceau de roche au bord de la mer, nos squelettes nous disent « conçu intentionnellement ! » de bout en bout. On doit alors inévitablement se demander qui a conçu le plan ? Un plan délibéré ne peut provenir que de l’esprit d’un Créateur intelligent. Quel genre de Créateur a la capacité de créer un matériau aussi extraordinaire, formé dans une structure aussi élaborée, avec des propriétés aussi étonnantes ? La réponse est évidente pour tous, sauf pour ceux qui ne veulent pas voir.

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Nota bene :

L’adresse postale et le téléphone du CEP viennent de changer . Voici nos coordonnées mises à jour :

CEP 41, rue Patenôtre, Bât. 5,

78 120 Rambouillet (France)

Tél : 01 30 41 44 35

s.cep@wanadoo.fr Site : le-cep.org

L’ingénierie du vivant François Thouvenin

Résumé: La tête du pic noir est ingénieusement adaptée pour fonctionner comme un marteau piqueur. Le crâne est plus épais à la base du bec, mais il en est séparé par un cartilage osseux qui amortit le choc. Le petit cerveau est tenu étroitement par la boîte crânienne, de façon à limiter le ballotement à chaque percussion. La trajectoire de la tête est rectiligne, ce qui protège les connexions neuronales contre les dangers d’une rotation brusque (le « coup du lapin »), etc. Une semblable merveille d’ingénierie se cache dans le cœur de la baleine, capable de mettre en mouvement 4500 fois plus de sang que le nôtre malgré un tout petit nombre de pulsations (3 ou 4 par minute). On a découvert que des nano fibrilles transmettent l’impulsion électrique à travers une masse graisseuse non conductrice et les chercheurs veulent s’en inspirer pour libérer les cardiaques de leur délicat stimulateur. Il y a ainsi bien des idées que les ingénieurs vont chercher dans le « biomimétisme », l’étude des dispositifs si astucieux que recèlent toutes les créatures vivantes. Mais auront-ils une pensée pour l’Auteur de toutes ces merveilles ?

L’oiseau-mitrailleuse

Et si, à l’instar de beaucoup de réalisations humaines, le marteau-piqueur devait son origine à l’infinie ingéniosité du Créateur ? Il n’est pas interdit, en effet, d’imaginer que le spectacle d’un oiseau tambourinant sur un tronc d’arbre pour se repaître d’insectes arboricoles ait pu donner un jour des idées à quelqu’un. Les oiseaux se livrant à cette activité sont les pics (de la famille des picidés, riche de 225 espèces). Les cinq plus communs dans nos régions sont – par ordre de taille croissante – le pic épeichette, le pic mar, le pic épeiche, le pivert et le pic noir. On s’intéressera ici au pic noir (qui est aussi grand qu’une corneille) et à sa morphologie très particulière, sachant que – fonction oblige – celle des autres pics présente des caractéristiques analogues1.

1 Les caractéristiques physiques du pic noir ici décrites sont tirées du numéro 83 de La Hulotte (« le journal le plus lu dans les terriers »), ainsi que d’une

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Supposition absurde : des tortionnaires bizarrement cruels vous affublent d’un masque muni d’un bec dur et vous contraignent à tambouriner avec ce dernier sur un tronc d’arbre, le plus fort et le plus rapidement possible. Vous n’allez pas tenir longtemps à ce régime : ce sera bien le diable si vous parvenez à donner – pas très fort – deux ou trois coups par seconde, et encore cela ne pourra-t-il guère durer, parce que vous allez vite ressentir de violentes courbatures au cou et aux épaules, mais surtout une migraine effroyable. Or, le pic noir, lui, s’acquitte de cette tâche infatigablement, à une cadence infernale et avec une totale efficacité, bref, « comme qui rigole »2. Et le bougre n’a pas grand mérite à cela, car il est doté d’un mécanisme antichocs ultra-perfectionné. Des études anatomiques et des films à haute vitesse ont permis d’identifier les dispositifs suivants :

  • Bien que spongieux, l’os crânien est dense et épais, surtout à l’arrière de la tête (qui subit le contrecoup) et à la base du crâne, derrière le bec.
  • Des butées situées aux bons endroits empêchent certains os pointus de venir perforer la boîte crânienne, tandis que d’autres pièces du meccano coulissent très légèrement entre elles, de façon à absorber les chocs sans se briser.
  • Le cerveau est étroitement enserré dans la boîte crânienne, où il y a très peu d’espace et de fluide entre la matière grise et l’os, d’où l’absence de tout risque de ballottement.
  • Le crâne et le bec sont séparés par un cartilage- tampon qui amortit le choc, mais sans excès, pour ne pas priver le bec de son pouvoir perforant.

remarquable intervention figurant dans le courrier des lecteurs du site Internet de ce périodique vraiment épatant : http://www.lahulotte.fr/.

2 Que l’on songe au cri d’appel du pivert (mâle et femelle), qui ressemble à un rire strident et qui a inspiré l’irrésistible personnage de dessin animé Woody Woodpecker.

      • La musculature du pic noir est conçue comme un système de freinage hydraulique chargé de répartir et d’amortir les chocs autour du crâne, tout en rigidifiant le cou lors de chaque percussion contre l’écorce, grâce à quoi le mouvement de la tête est remarquablement faible après l’impact.
      • Il est possible aussi que le muscle de la langue, qui fait le tour du crâne par l’arrière (en partant du dessous du bec et en rejoignant la narine droite), joue un rôle dans la répartition et l’amortissement des vibrations.
      • Quand le pic est en action, sa tête suit une trajectoire presque rectiligne, ce qui lui évite des mouvements de rotation potentiellement dangereux pour le cerveau et les connections neuronales (cf. le syndrome des

« bébés secoués » et le « coup du lapin »).

À chacun selon ses besoins. Contrairement à vous ou moi, qui n’aurions aucune chance de nous alimenter aussi efficacement et impunément que lui (même si la curieuse envie nous en prenait), le pic noir a été idéalement outillé à cette fin… De même que l’inventeur du marteau-piqueur était intellectuellement équipé pour tirer (du moins peut-on l’imaginer) une leçon des performances de cet oiseau. Or, n’en déplaise à la superstition transformiste, les performances en question ne doivent rien à la multiplication, même durant des millions d’années, d’innombrables et hypothétiques

« mutations favorables » (expression oxymorique), elles- mêmes tributaires d’une chaîne ininterrompue de « hasards nécessaires » non moins improbables par définition, surtout si l’on songe aux inconvénients immanquables et rédhibitoires qu’une éventuelle « évolution » aurait eus pour les « maillons manquants », dont nul n’a d’ailleurs jamais trouvé la moindre trace crédible.

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Un cœur gros comme ça

Aussi curieux que cela puisse paraître, il est possible que l’on doive un jour à la baleine à bosse la mise au point d’un dispositif remplaçant avantageusement les régulateurs cardiaques (ou pacemakers). Pourquoi ? Parce que Jorge Reynolds, directeur du programme de recherches sur les baleines en Colombie3, étudie ce cétacé afin d’élucider le fonctionnement de son cœur. L’organe en question, qui pèse près d’une tonne, réussit à débiter et à envoyer l’équivalent de six baignoires de sang oxygéné dans un système circulatoire

4.500 fois plus grand que le nôtre. Reynolds cherche à comprendre comment une telle chose est possible à un rythme aussi lent (à peine trois ou quatre pulsations par minute) et de quelle manière s’effectue la stimulation électrique, alors que le cœur de la baleine est entouré d’une masse de graisse qui le protège du froid. Grâce à des échocardiographies, ainsi qu’à des autopsies pratiquées sur des baleines mortes, on a découvert l’existence de nano-fibrilles qui permettent aux signaux électriques de stimuler les battements du cœur, même à travers une masse de graisse non conductrice. En s’inspirant de cela, on devrait pouvoir, à terme, libérer les cardiaques de leurs pacemakers, qui sont des appareils coûteux, délicats et malcommodes : il s’agirait de mettre en place un nano-câblage inspiré de celui de la baleine et contournant le muscle cardiaque déficient pour imprimer un rythme optimal au cœur du patient.

Création et biomimétisme

Elles sont innombrables, les idées fructueuses que l’on peut ainsi tirer de la Création, appelée « Nature » par ceux qui en sont restés à la génération spontanée. L’homme – cet éternel ingrat – commence du reste à les exploiter de façon judicieuse en pratiquant le biomimétisme, c’est-à-dire en s’inspirant systématiquement de l’Intelligence Créatrice.

3 http://www.theotherlookofcolombia.com/Jreynolds.html

Les exemples de cette nouvelle démarche surabondent : la carapace d’un scarabée vivant dans le désert de Namibie est à l’origine de tentes captatrices d’eau ; les panneaux solaires imitent la structure de l’œil de la mouche ; on a copié la peau des requins pour réaliser des combinaisons de natation performantes (et même si performantes qu’elles sont désormais interdites en compétition !) ; grâce à l’étude du plumage des rapaces nocturnes, les Japonais ont réussi à réduire le bruit aérodynamique de leurs trains à grande vitesse, et en observant la technique de plongeon du martin-pêcheur, ils ont pu résoudre le problème de l’entrée de ces trains dans les tunnels ; etc. etc. etc. La matière est inépuisable4. Il reste à déterminer si les ingénieurs qui prennent ainsi pour modèles les « merveilles de la Nature » ont l’humilité d’y voir surtout la main de Dieu, formatés qu’ils sont par l’évolutionnisme athée.

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NOS MEMBRES PUBLIENT

Sainte Jeannne d’Arc. La voie de l’Espérance

par François-Marie Algoud

A la fin de son existence terrestre, François-Marie Algould a voulu parachever son œuvre littéraire (qui compte vingt ouvrages) par un hommage rendu à une sainte d’exception. Il l’a fait dans ce petit ouvrage succinct (80 pages) mis à portée de lecture de tous ceux qui croient encore à l’avenir de notre pays actuellement en fâcheuse posture.

Un volume, 21×24 cm. Tirage sur papier ivoire, numéroté et limité à 300 exemplaires. Prix : 12 € + 5 € de port pour envoi par correspondance. A commander chez le diffuseur :SA DPF, BP1, F-86190 Chiré-en-Montreuil.

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Le Cep n°53. 4ème trimestre 2010

COURRIER DES LECTEURS

De Dom J. de L. (Drôme)

Le CEP nous donne un article sur l’instinct ludique des animaux, sujet sur lequel j’aurais aimé écrire ma thèse. Je crois que dans les milieux d’obédience thomiste on n’a pas assez pris en compte toutes les virtualités liées à la connaissance sensible et à ce qu’on appelle « l’estimative » des animaux. Un corbeau de Nouvelle Calédonie sait façonner un matériel très ‘pointu’ pour aller à la pêche des insectes dont il se nourrit; certains groupes de babouins (non pas tous) ont mis au point un savoir pratique qu’ils se communiquent et qui les aide pour la commodité de leur existence babouinesque; par ailleurs, il faut huit ans d’apprentissage à un orang-outang pour pouvoir mener à bien sa vie d’orang-outang, etc. (…)Pour en revenir à l’instinct ludique, je le crois inséparable de l’épanouissement des êtres dotés de connaissance sensible; il constitue par ailleurs, chez les jeunes animaux, le moteur de leur prise de connaissance du monde qui les entoure ainsi que de la maîtrise de leurs facultés sensitives.

De Madame H. D (Gironde)

Cette revue est d’une grande valeur à côté de tant de périodiques sans intérêt et sans culture. Pour moi qui suis profondément chrétienne, j’apprécie que l’on parle de notre religion catholique, qu’on la mette en valeur, ainsi que la famille et la foi. Cette revue vise le beau, le bien, le vrai ; elle éclaire l’intelligence ; elle instruit ; elle est juste ; elle fait beaucoup de bien à des gens de niveau moyen comme moi. Avec la grâce de Dieu, prospérité à la revue « Le Cep ».

De M. André Treps (Maine-et-Loire)

Le chiffre de la Bête 666 a fait couler beaucoup d’encre. Beaucoup ont affirmé que seule leur version était la bonne; moi aussi je dis bien sûr la même chose, mais j’ai des arguments à vous soumettre. En effet dans un livre commentant des écrits de Maria Valtorta (A l’aube d’une ère nouvelle Ed Centro Editoriale Valtortiano Ed du Parvis) on lit page 43 : « son nom pourrait être

« NEGATION », puisqu’il niera Dieu, niera la Vie, niera tout, absolument tout ».

En Italien cela a été écrit: NEGATIONE. En cherchant dans la Bible on ne trouve pas ce mot mais le verbe NIER apparaît 12 fois au sens commun dans le Nouveau testament et trois fois en un sens très particulier dans 1 Jean, ch.2, verset 22 :

« Qui est le menteur, sinon celui qui nie que Jésus soit le Christ ? Le voilà l’Antichrist. Il nie le Père, il nie le Fils».

Voilà une première confirmation. La deuxième confirmation est d’ordre arithmétique, il est dit « que l’homme calcule », alors calculons…Tous les messages qui courent sur l’Internet, sur la Toile, utilisent le code ASCII, tous, absolument tous. Ce code se trouve sur un tableau de 256 cases: 16×16 cases. A l’emplacement où on trouve le code pour transmettre les lettres majuscules A=1, B=2, C=3, etc. Z=26, il y a un offset (8,8 : coordonnées du départ de cette liste) égal à 64 (=8×8). Donc A=1+64, B=2+64,

…Z=26+64.

Faisons donc maintenant la somme des valeurs de nombres (on dit aussi chiffres) qui composent le Nom proposé par Maria Valtorta: NEGATIONE : N=14+64//E=5+64//G=7+64//A=1+64//T=2o+64//I=9+64//0=15+ 64//N=14+64//E=5+64

Finalement 14+5+7+1+20+9+15+14+5 = 90 et comme il y a 9 lettres il faut ajouter 9 fois l’offset de 64, c’est à dire 9×64 = 576 et au total: 90+576= 666

CQFD, comme nous disions avec fierté en maths autrefois !

Le Cep n°53. 4ème trimestre 2010

De Madame M.-P. R (Jura)

L’article de Jean-Marie Berthoud, paru à Lausanne sur la défense de la famille, réaffirme des principes moraux et chrétiens qui sont communs aux catholiques et protestants.

L’auteur lui-même recherche un certain consensus. Toutefois, je suis étonnée de la publication de cet essai dans votre revue catholique. Le texte émaillé de « tanak », de « torah » et de « témoignage apostolique » agace quelque peu. L’auteur a la nostalgie d’une « chrétienté autrefois florissante ». Bien ! Nous aussi, mais veut-il dire : avant le schisme protestant ? Non, sans doute, mais pour nous, il en est ainsi.

Il estime que c’est depuis la fin du XVIIème siècle que le caractère sacré de la famille a été perdu. En Suisse protestante : oui. Quel est donc cet événement de la fin du XVIIème et pourquoi ne le précise-t-il pas ? Parce qu’il s’agit du calvinisme qui s’est imposé, a chassé de Genève son évêque, tenté la conquête armée de la Franche-Comté par les raids bernois sur Pontarlier, Besançon et Saint-Claude et supprimé les sacrements de l’eucharistie, de l’ordination, de la confession et du mariage.

Nous ne pouvons pas soutenir que « la famille a la priorité temporelle et pratique (sinon spirituelle) sur l’Église », parce que le chef de famille exerce dans la religion dite réformée un sacerdoce complet (réduit à peu de chose : tout homme marié peut être pasteur ; tout pasteur peut être marié).

L’hérésie calviniste est elle-même responsable de la sécularisation de la famille en Suisse.

De M. l’Abbé J. D. (Vendée)

Pardonnez mon long silence dû au fait que les prêtres ne travaillent que le dimanche ; le reste du temps, c’est bien connu, ils ne font rien, mais cela leur prend tout leur temps !

Plus sérieusement : Continuez votre excellent travail. Je m’en sers très souvent pour mes cours de doctrine chrétienne.

Expérience

Carl Christaki

J’ai barboté dans le savoir,

Et fus savant, sans le vouloir,

Afin d’être aujourd’hui moi-même, Que l’on déteste, ou que l’on aime.

J’ai découvert ce qu’il faut voir,

Que nul n’est tout blanc, ni tout noir ; Qu’il oscille entre deux extrêmes, Tantôt rougeâtre, et tantôt blême.

Théologien, moi ? Pourquoi non ? Philosophe comme Zénon,

Poète de petit renom,

Certain de devenir poussière Et de retourner à la terre,

Si ne me sauve pas le Père,

Le Fils, l’Esprit : Dieu trinitaire !

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Le Cep n°53. 4ème trimestre 2010

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