Partager la publication "Lettre de remerciement au CEP"
Par S. G.
De Monsieur S. G. (Maine-Anjou)
Mes encouragements vous sont acquis : j’ai lu l’intégralité des numéros de votre revue Le Cep qui m’ont passionné ; j’ai même tout lu deux fois au minimum : ce fut pour moi comme une sorte d’université qui a fortement contribué à ma conversion.
Lorsque j’ai ouvert les premiers n° du Cep, en 2018, cela faisait quatre ans que j’étais en repos sur mon lit, et sept que les premiers symptômes de la maladie étaient apparus. Durant tout ce temps d’alitement, mon état m’empêcha totalement de lire, de supporter le moindre écran ou son de radio, ainsi que toute compagnie humaine, mis à part pour les actes essentiels (toilette, repas, habillage) où je n’avais pas le choix.
L’hypersensibilité neurosensorielle accompagnant ma régression motrice me cloîtra de force, allant jusqu’au mutisme complet dû aux douleurs pendant certaines périodes. Et naturellement s’installa en moi une profonde détresse.
Par la grâce du bon Dieu et l’accumulation de petits progrès, je parvins de nouveau à déplacer mes yeux sur les lignes d’un texte ; mais porter le livre était toujours douloureux. J’eus une consolation en découvrant votre revue, lorsque je constatai que la taille des pages me permettait de les manipuler plus aisément que celles de format A4 (à condition néanmoins que les pages eussent été préalablement effeuillées).
Ayant lu quelques cahiers, je décidai de me procurer l’ensemble de vos parutions. Mon auxiliaire de vie joignit le Secrétariat du CEP et, une fois les livrets bien arrivés, se mit à la tâche, découpant chaque feuillet au fur et à mesure que j’avançais d’un numéro à l’autre.
La solitude, l’indigence d’activités et de réconfort dont je souffris durant ces années d’isolement auront si bien échaudé mon cœur que cela permit au bon Dieu et sa Très Sainte Mère d’y faire les premiers pas. Ayant élu domicile dans mon âme, tandis que je n’étais catholique que de culture, bien que baptisé dès l’enfance.
Ainsi nous nous appréhendâmes… dans la nuit obscure… Ils devinrent en quelque sorte mes doux parents.
La lecture de vos articles m’aura sans cesse passionné, stimulé et apporté la conviction que ce monde regorgeait d’intelligence et de sens, portant ainsi en lui l’empreinte de son Créateur, de par son indéniable caractère intentionnel et finalisé. L’émerveillement suscité par l’intelligibilité émanant des lois de la nature et la faculté de notre esprit à en approcher la majesté secrète appela d’autant mieux en moi l’envie de servir Celui qui, étant l’Auteur d’une œuvre si incroyable, ne pouvait être que Dieu.
Je dois remercier les rédacteurs. J’ai souvent pensé à eux, en particulier en lisant des pages où l’élégance des mots jointe à l’érudition et au souci de guider les intelligences me fit grand bien à l’âme, ainsi qu’à des neurones languissant de retrouver le sens oublié de ce Royaume divin où Ciel et Terre semblent inséparables et unis par un amour infini.
Je remercie l’ami et lecteur du Cep, Bastien G., ce fidèle écho qui sut me faire entendre et me confirmer que ma combativité n’était pas vaine. J’appris à admettre que rien de ce qui est souffert sur cette Terre ne pouvait échapper à la miséricorde du Tout-Puissant, et que les peines offertes ne sauraient l’être vraiment sans recouvrer le sceau de la grâce de Dieu, parfait comptable et juste tenancier de nos vies.
Enfin, par votre travail de transmission –֪ car j’ai été un élève studieux –, vous avez contribué à remodéliser mon esprit selon cette connaissance qualitative qui, avec ses outils intellectuels, est venue creuser son foyer au centre de mon âme, tendant – je l’espère – à mieux libérer les flots de mon intelligence. Et donc aussi, puisqu’y vont mes prières, ma foi, je prie pour que contre cette pierre ma volonté ne me fasse point trébucher, mais que Dieu la fixe aussi fortement qu’un roc aux abords de l’océan…
Pour finir, après quarante-trois années d’errance, je puis dire que je n’ai désormais plus besoin d’effeuiller, ni la marguerite (pardi !), ni – grâce à Dieu – les pages de la revue, puisque je parviens à les saisir en bloc. C’est donc que l’aide de Dieu porte ses fruits. Merci !