Témoignage sur la création monétaire1

Par:Graham Towers

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Témoignage sur la création monétaire1

Résumé : Un des témoignages les plus clairs sur les pratiques bancaires fut donné par Graham F. Towers, Gouverneur de la Banque centrale du Canada (de 1934 à 1955), devant le Comité parlementaire canadien des Banques et du Commerce, au printemps 1939. Le rapport de ce comité compte 850 pages (Standing Committee on Banking and Commerce, Minutes of Proceedings and Evidence Respecting the Bank of Canada, Ottawa, J.O. Patenaude, I.S.O., Printer to the King’s Most Exellent Majesty, 1939). La grande partie du témoignage de Towers résulte des questions de « Gerry » McGeer, K.C., ancien maire de Vancouver, qui comprenait parfaitement le fonctionnement des banques. Ces réponses claires et précises se passent de commentaire.

Voici quelques extraits du témoignage de Towers:

Q. Mais est-il indubitable que les banques créent elles-mêmes ce moyen d’échange [la monnaie]?

Towers: C’est exact. C’est pour cela qu’elles existent… C’est là le rôle des banques, tout comme une aciérie fabrique de l’acier. (p. 287)

Le procédé de fabrication consiste à faire une entrée avec une plume et de l’encre, ou au clavigraphe, dans un livre ou sur une carte. C’est tout. (pp. 76 et 238)

Chaque fois, et à toutes les fois qu’une banque accorde un prêt (ou achète des titres), du nouveau crédit bancaire se trouve créé, de nouveaux dépôts, de l’argent flambant neuf. (pp. 113 et 238)

Généralement parlant, toute nouvelle monnaie vient d’une banque sous forme de prêts. Tout l’argent en circulation a été, à son origine, prêté par une banque. (pp. 461 et 794)

Puisque tous les prêts sont des dettes, alors sous le système actuel, toute monnaie est une dette. (p. 459)

C’est une erreur commune de croire que les banques prêtent l’argent de leurs déposants. Elles ne le font pas du tout. (pp. 398, 455, 590)

Q. Lorsque le gouvernement présente aux banques des débentures 2 pour un montant de 1 000 000 $, un million de nouvelle monnaie, ou d’un équivalent à la monnaie, est-il donc créé par le fait même?

Towers: Oui.

Q. Est-il bien vrai qu’il y a là création d’un million de dollars de nouvelle monnaie?

Towers: C’est exact.

Q. Et en va-t-il de même lorsqu’une municipalité ou une province va à la banque?

Towers: Ou aussi un individu qui emprunte.

Q. Ou lorsqu’une personne se rend à la banque?

Mr. Towers: Oui.

Q. Lorsque j’emprunte 100 dollars à la banque en tant que citoyen privé, la banque fait-elle une entrée comptable, et y a-t-il une augmentation de 100 dollars dans les dépôts de cette banque, dans le total des dépôts de cette banque?

Mr. Towers: Oui. (p. 238)

Q. Lorsque vous permettez aux banques commerciales d’émettre des dépôts bancaires — qui, avec la pratique en vogue aujourd’hui de se servir de chèques, constituent le moyen d’échange avec lequel 95% des transactions sont faites par le public et le privé — vous permettez virtuellement aux banques d’émettre un substitut efficace à la monnaie, n’est-ce pas?

Towers: Les dépôts bancaires sont de la monnaie réelle dans ce sens.

Q. De fait, ce n’est pas de la monnaie proprement dite, mais ne sont-ce pas plutôt des entrées comptables employées comme substitut à la monnaie?

Towers: Oui.

Q. Alors, nous autorisons ainsi les banques à émettre un substitut à la monnaie?

Towers: Oui, je crois que c’est un exposé très juste de cette fonction de la banque. (p. 285)

Q. 12 % de la monnaie en usage au Canada est émise par le gouvernement (par l’Hôtel des monnaies et la Banque du Canada), et 88 % est émis par les banques commerciales du Canada sur les réserves émises par la Banque du Canada?

Mr. Towers: Oui.

Q. Si l’émission de la monnaie est une haute prérogative du gouvernement, cette haute prérogative a-t-elle été transférée aux banques commerciales dans la mesure de 88 %?

Mr. Towers: Oui. (p. 286)

Q. Pourquoi un gouvernement ayant le pouvoir de créer l’argent devrait-il céder ce pouvoir à un monopole privé, et ensuite emprunter ce que le gouvernement pourrait créer lui-même, et payer intérêts jusqu’au point d’une faillite nationale?

Towers: Si le gouvernement veut changer la forme d’opération du système bancaire, cela est certainement dans le pouvoir du parlement. (p. 394)

Q. En ce qui concerne la guerre, pour défendre l’intégrité de la nation, n’y aura-t-il aucune difficulté à se procurer les moyens financiers nécessaires, quels qu’ils soient?

Towers: La limite des possibilités dépend des hommes et des matériaux.

Q. Et où existe une abondance d’hommes et de matériaux, il n’y aurait aucune difficulté, sous notre système bancaire actuel, à fournir les moyens d’échange nécessaires pour mettre au travail les hommes et les matériaux pour la défense du royaume?

Towers: C’est exact. (p. 649)

Q. Admettriez-vous que tout ce qui est physiquement possible et souhaitable peut être rendu financièrement possible?

Towers: Certainement. (p. 771)


1 Repris de Louis Even, Sous le signe de l’abondance (1946), rééd. Pèlerins de Saint-Michel, Rougemont (Québec), 2008, pp. 296-298.

2 Emprunts.

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