Partager la publication "Les chercheurs démontrent l’utilité de l’appendice, responsable d’une vie plus longue"
Par France Soir1
Résumé : En 1931, Alfred Wiedersheim comptait dans le corps humain 180 organes « vestigiaux » : organes désormais inutiles mais ayant eu jadis une fonction appropriée lors d’un stade archaïque de l’évolution. L’appendice y figurait en tête, au point qu’en 1949, Alfred Romer ne lui reconnaissait qu’une fonction : sa contribution financière à la profession chirurgicale ! Or, tout organe doit avoir sa mission dans un être créé par une Intelligence supérieure et non par un hasard aveugle. Il est donc intéressant de voir un journal à grande diffusion rendre compte, fût-ce très partiellement, des missions dévolues à ce petit organe dont l’inflammation peut être si périlleuse.
La présence de l’appendice permettrait le développement d’un « sanctuaire bactérien » sélectif qui favorise la recolonisation rapide des espèces bactériennes essentielles à l’hôte.
Pendant longtemps, on a complètement négligé l’importance de l’appendice, cette petite excroissance située au bout du gros intestin. Selon de nouvelles recherches, il ne serait pas l’organe inutile que l’on croit. La présence de l’appendice est, au contraire, corrélée à une plus grande longévité chez les mammifères. Il agirait comme un laboratoire à microbes qui rend le corps plus résistant aux infections.
L’appendice aide à réduire le risque de décès par infection, et donc à vivre plus longtemps
Selon une nouvelle étude publiée dans le Journal of Anatomy, la présence de l’appendice est corrélée à l’accroissement de la longévité. Des chercheurs de l’Inserm et du Muséum National d’Histoire Naturelle ont analysé les données de 258 mammifères avec et sans appendice.
Selon eux, la présence de l’appendice chez 39 des espèces étudiées permet le développement d’un « sanctuaire bactérien » sélectif qui favorise la recolonisation rapide des espèces bactériennes essentielles à l’hôte. Grâce à cette fonction, il est responsable de la réduction de la mortalité par diarrhée infectieuse. Les chercheurs ont donc conclu que les mammifères qui ont un appendice ont une espérance de vie plus longue, grâce à ce petit organe. L’équipe de scientifiques, menée par le chercheur de l’Inserm Éric Ogier-Denis et son collègue Michel Laurin, du Muséum National d’Histoire Naturelle, a réalisé « la première démonstration de l’existence d’une corrélation entre la présence de l’appendice et un trait de l’histoire de vie des mammifères », soulignent les auteurs.
Chez les humains, l’appendice peut avoir déjà accompli sa mission, même s’il a été enlevé
Même dans les cas où l’appendice a été retiré suite à une appendicite, il est possible que le corps soit quand même protégé, par l’éducation du système immunitaire déjà réalisée par l’appendice. Selon les chercheurs, se faire retirer l’appendice n’affecte pas la durée de vie, car ce petit prolongement du gros intestin aurait déjà accompli sa mission au cours de l’enfance, permettant ainsi au corps de lutter plus efficacement contre toute infection ultérieure. La colonisation bactérienne se constitue en effet dès le plus jeune âge. C’est aussi pour cette raison que d’autres recherches montrent que le régime alimentaire des enfants en bas âge peut altérer leur microbiote à vie, et donc la qualité de leur système immunitaire. L’étude ne remet donc pas en question l’intérêt de l’appendicectomie. Les chercheurs précisent que leurs conclusions n’apportent « aucun argument suggérant de modifier cette attitude thérapeutique ». « Seule l’appendicectomie réalisée sans appendicite pourrait avoir des conséquences délétères dans le contexte de pathologies inflammatoires et infectieuses intestinales », précise Éric Ogier-Denis.
L’appendice, un mystère toujours non résolu
Grâce aux conclusions des chercheurs de l’Inserm et du Muséum National d’Histoire Naturelle, on sait maintenant que cette « petite structure anatomique de quelques centimètres, située dans l’abdomen et attachée au côlon » dont la fonction n’est pas encore clairement définie, pourrait contribuer à une augmentation de la durée de vie des mammifères. Des recherches complémentaires dans les mois à venir viseront à confirmer le lien entre appendice et longévité avec des études de terrain sur différentes espèces de mammifères…
Longue vie à l’appendice !
1 Article publié le 31/08/2021 à 14:40, sur le Site d’information du journal.