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Par Seeley Monica

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À la découverte du monde obscur des vaccins et de la recherche sur les tissus fœtaux (Ière partie)1

Résumé : Une biologiste américaine, Mlle Pamela Acker, s’est fait connaître par sa dénonciation motivée des liens entre la production des vaccins et l’industrie de l’avortement. S’agissant d’une affirmation gravissime, l’auteur, journaliste d’investigation, a tenu à vérifier par elle-même toutes les sources avancées. Le résultat de son enquête confirme et prolonge les dures affirmations de Pamela Acker, notamment la nécessité de prélever le rein sur un fœtus vivant, provoquant ainsi sa mort sans anesthésie. On découvre aussi l’antiquité de cette pratique puisque déjà Albert Sabin, dans les années 1930, pour le vaccin anti-polio, utilisait des tissus humains, souvent prélevés sur les victimes de l’eugénisme, alors officiel dans plusieurs États occidentaux : l’avortement étant alors illégal, il fallait contourner cet obstacle juridique, de plus, le consentement d’une mère simple d’esprit n’était pas nécessaire.

Première partie : Les preuves circonstancielles2

« Les bébés sont encore en vie lorsque les chercheurs commencent à extraire les tissus. » Le très choquant clip sonore de Pamela Acker, auteur et ancienne chercheuse sur les vaccins, a suscité énormément d’émotion.

Son interview sur LifesiteNews3, portant sur les liens entre la recherche sur les tissus fœtaux et le développement des vaccins, a rapidement déclenché une vague d’articles et de réactions.

La conversation en audio avec John-Henry Westen de Lifesite abordait l’histoire des lignées cellulaires fœtales HEK 293 et PER.C6, impliquées à divers titres dans tous les vaccins COVID-19 actuellement disponibles aux États-Unis.

Au fil des semaines, cependant, l’entretien disparut dans les profondeurs d’Internet, les vagues de discussions successives se refermant sur elle. En ce qui concerne les vaccins COVID, les théologiens et les spécialistes de bioéthique ont continué à débattre sur la distinction entre les tests et la production, et les degrés de coopération avec le mal, sans faire référence aux déclarations de Pamela Acker, lesquelles ont été largement ignorées ou rejetées, telles une remarque de mauvais goût lors d’une conversation entre gens bien élevés.

Je pense qu’il est temps de jeter un nouveau regard sur l’affirmation brute qui mit le public si mal à l’aise. Elle mérite réflexion. Il n’est sans doute pas nécessaire de se demander pourquoi elle était si dérangeante. Mais alors pourquoi ne lui a-t-on pas accordé plus d’attention ?

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Certains ont estimé que le fait de se concentrer sur les minuscules victimes du sombre tableau esquissé par Acker aurait pu détourner la discussion du principe selon lequel toute vie humaine est sacrée. Un enfant est un enfant, quel que soit le stade auquel ses cellules ou ses organes peuvent être prélevés : in utero ou ex utero, viable ou pré-viable, avant ou après sa mort.

D’un autre côté, beaucoup ont hésité à relayer ses propos sans faire des recherches supplémentaires. Il est évident que des affirmations exagérées peuvent nuire à la crédibilité d’une personne. Et lorsqu’il s’agit de défendre une cause morale, la crédibilité est essentielle.

Et pourtant, peut-être existe-t-il des raisons encore plus profondes pour rejeter des déclarations qui nous parlent de bébés disséqués vivants. Car si elles sont vraies, elles peuvent perturber l’équilibre délicat de nos calculs moraux. Après tout, nous avons déjà bien soupesé l’ensemble de la question, d’une manière qui nous rassure et satisfasse nos consciences…

Sensationnalisme ou recherche de la vérité ?

Les lignées cellulaires sont créées en cultivant des cellules de manière qu’elles continuent à croître et à se multiplier dans des boîtes des laboratoires, parfois pendant de longues années. J’avoue que ça me soulage de lire que, bien que certains vaccins soient développés à partir de lignées cellulaires fœtales, il s’agit en pratique d’une vieille histoire. Créées dans les années 70 et 80, elles n’ont plus qu’un lien très lointain avec les bébés à l’origine des cellules dont elles sont issues. On nous dit que les lignées cellulaires fœtales humaines HEK 293 et PER.C6 n’ont nécessité que deux avortements. De plus, comme ces lignées cellulaires sont immortalisées, il ne sera plus nécessaire de réitérer ces deux malheureux événements.

Tout cela est très bien ficelé. Comment pourrait-on s’énerver autant pour deux avortements survenus il y a des décennies, alors qu’ils peuvent potentiellement sauver des millions de vies ?

Ainsi, même si par principe, j’étais fermement opposée aux vaccins non éthiques, ce sujet ne suscitait pas en moi une réaction émotionnelle particulièrement vive. Certainement pas la décharge électrique que j’ai ressentie quand je lus ce titre :

« Les bébés en gestation utilisés pour le développement de vaccins étaient vivants au moment du prélèvement de leurs tissus. » Ma première pensée fut qu’un titre aussi choquant devrait au moins s’appuyer sur de très bonnes sources. Pour les trouver, j’ai lu la transcription de l’audio du 11 janvier 2021 de Mlle Acker avec M. Westen, ainsi que les articles ultérieurs dans lesquels elle répondait aux critiques et aux autres questions suscitées par l’interview. J’ai ensuite parlé avec elle pour en discuter plus en détail.

Je voulais aller au fond de cette unique, effroyable affirmation. Mettre le film sur pause et faire un gros plan, pour ainsi dire. Et ensuite poser cette question : est-ce quelque chose que nous pouvons balayer d’un revers de main ? A-t-elle quelque importance d’un point de vue moral pour la question qui nous occupe ? S’agit-il simplement d’une rhétorique sensationnaliste ? Et, en l’examinant, sommes-nous simplement en train de nous mettre inutilement mal à l’aise à propos de quelque chose qui a déjà été réglé pour la plus grande satisfaction de tous ?

Biologiste et ancienne chercheuse dans le domaine des vaccins, la très posée Mlle Acker n’a pas du tout le profil d’une personne portée aux déclarations fracassantes. Et ce n’est pas non plus une anti-vaccin par principe. Au contraire, sa carrière scientifique a été mue par le désir de créer des vaccins éthiques. Dans ce but, elle a obtenu un diplôme en biologie, participé à des recherches en biologie à l’université Washington de Saint-Louis, travaillé brièvement au développement de médicaments chez Pfizer et poursuivi avec une maîtrise en biologie à l’Université catholique d’Amérique.

Ce fut pendant son doctorat à l’Université catholique qu’elle se trouva confrontée à la réalité de la recherche sur les cellules fœtales. À son grand désarroi, elle apprit que le projet de recherche sur lequel elle-même travaillait dans le cadre de ses études de doctorat utilisait HEK 293.

La lignée cellulaire fœtale HEK 293 est dérivée des cellules rénales d’un bébé avorté aux Pays-Bas en 1972. La lignée cellulaire est dite « immortalisée » car les cellules peuvent se diviser virtuellement à l’infini. Elle a été créée par le biologiste Frank Graham, à partir de cellules cultivées par son associé, Alex Van der Eb.

Aujourd’hui, les cellules HEK 293 sont pratiquement omniprésentes, utilisées dans le développement ou l’essai de nombreux produits pharmaceutiques et même de produits plus banals comme des additifs alimentaires.

Cependant, la plupart des gens reconnaissent probablement ce nom en raison de la controverse éthique autour des vaccins COVID-19 produits par Pfizer, AstraZeneca et Moderna.

Parlant de l’origine de HEK 293 dans un témoignage rendu en 2001, Van der Eb déclarait :

Le rein de ce fœtus dont l’histoire familiale est inconnue, a probablement été obtenu en 1972. La date précise n’est plus connue. Le fœtus, pour autant que je m’en souvienne, était tout à fait normal. Aucun défaut. Les raisons de l’avortement m’étaient inconnues. Je le sus probablement à l’époque, mais toutes ces informations se sont perdues.

Après avoir lu en 2006 l’article d’Alvin Wong intitulé « The Ethics of HEK 293 », Acker décida que sa conscience ne lui permettrait pas de participer à des recherches faisant usage de la lignée cellulaire fœtale HEK 293. Son directeur ne voulut pas tenir compte de ses convictions, ce qui finit par l’amener à interrompre ses études de doctorat. L’incident conduisit l’Université catholique à examiner ce cas de conscience. L’Université décréta un moratoire temporaire sur les études impliquant des lignées de cellules fœtales et, comme ses collègues du programme de doctorat furent contraints d’interrompre temporairement leurs recherches, Acker devint persona non grata.

Aujourd’hui, Acker est enseignante et auteur de Vaccination : a Catholic Perspective (Kolbe Center for the Study of Creation, 2020). Ce petit ouvrage est présenté comme une compendium qui « aborde tous les sujets possibles de controverse sur les vaccins, quelque chose que toute mère catholique pourrait remettre à son médecin en lui demandant ce qu’il en pense ».

L’expérience d’Acker lui donne une perspective précieuse, voire unique, sur l’éthique du développement des vaccins. Elle connaît le sujet de l’intérieur, ajoutant le point de vue d’une scientifique à celui d’une catholique fervente.

Dans l‘audio d’une heure diffusé le 11 janvier, Westen et Acker ont abordé divers sujets liés aux vaccins. Mais ce fut la déclaration d’Acker intervenant vers la moitié de l’interview qui  éclipsa le reste de la discussion. Voici, a-t-elle dit, ce qui s’est passé pour obtenir les cellules des lignées cellulaires telles que HEK 293 :

En fait, ils font accoucher ces bébés par césarienne. Les bébés sont encore en vie lorsque les chercheurs commencent à extraire les tissus, au point que leur cœur bat encore, et ils ne reçoivent généralement aucun anesthésiant, car cela perturberait les cellules que les chercheurs tentent d’extraire. Ils retirent donc ces tissus, alors que le bébé est vivant et souffre énormément… ce qui rend la procédure encore plus sadique.

Compte tenu de la réputation d’Acker, je savais qu’il valait mieux ne pas prendre cela pour de simples spéculations. Mais je voulais analyser par moi-même ses sources. Rien de ce que j’avais lu jusqu’à présent sur les implications morales des lignées cellulaires fœtales et du vaccin COVID n’avait mentionné quoi que ce soit de ce genre concernant la provenance de ces lignées cellulaires. En fait, la plupart des comptes rendus adoptaient un ton délibérément détaché, s’accordant à dire que l’on savait très peu de choses en dehors des faits bruts.

Tout avortement est un crime horrible, quel que soit le stade de développement du fœtus, quelles que soient les circonstances. Cependant, il y avait quelque chose de particulièrement affreux dans ce qui était décrit ici ; quelque chose que le mot « sadique » d’Acker exprimait le mieux.

Vaccins, avortements et eugénisme

Acker me confirma que loin d’être des déductions, ses déclarations étaient fondées sur une solide connaissance de la science, de l’industrie des vaccins et de l’histoire de cette industrie. Au cours d’une pénible conversation téléphonique, nous avons examiné ses sources. Nombre d’entre elles étaient des sources de première main issues de la littérature médicale et scientifique.

Pour une grande partie de ses recherches historiques, Acker est redevable à l’association Children of God for Life, qui recueille depuis 1999 des informations sur les vaccins utilisant des lignées de cellules fœtales.

Ensemble, nous avons parcouru le côté sombre et troublant de la recherche sur les vaccins, en commençant par les années 1930 et en nous concentrant sur le chef-d’œuvre du développement vaccinal : le vaccin antipolio de Salk et Sabin.

La littérature médicale du début au milieu du XXe siècle était étonnamment franche et ouverte sur ses méthodes. Acker a commencé par citer directement un article du pionnier de la vaccination, Albert Sabin (1906-1993). Lui et les autres scientifiques qui étudiaient les vaccins viraux étaient confrontés à un défi : contrairement aux bactéries, les virus ne peuvent pas se reproduire seuls et ont besoin de cellules vivantes à infecter. L’utilisation d’animaux, comme les singes, présentait un risque de contamination ; les chercheurs se sont donc tournés vers le tissu fœtal humain. Sabin décrivit les premières étapes, critiques, de ses recherches sur le vaccin antipolio :

Une nouvelle approche fut adoptée qui utilisait des embryons humains âgés de 3 à 4 mois, obtenus en conditions aseptiques par césarienne. (Les auteurs sont redevables au Dr Lance Monroe, de l’hôpital Bellevue, pour les 2 embryons humains utilisés dans cette étude). Le cerveau et le cordon ombilical, les poumons, les reins, le foie et la rate furent conservés au réfrigérateur, des fragments de ces tissus étant prélevés pour la préparation des milieux à intervalles de 3 jours.

Je fus surprise par cette citation datant de 1936, c’est-à-dire bien avant que l’avortement ne fût légalisé aux États-Unis. Acker rétorqua que la mention de l’hôpital Bellevue, un établissement new-yorkais pour « femmes folles et faibles d’esprit », était significative. Ce fait, ainsi que la référence à la césarienne (appelée aussi « hystérectomie abdominale » dans la littérature médicale) montrent « clairement [que] ce document est lié à la mouvance eugénique ». En 1931, 38 États américains avaient adopté la loi modèle sur la stérilisation eugénique, rendant obligatoire la stérilisation des personnes jugées inaptes à la reproduction.

Alors qu’à cette époquee l’avortement était illégal aux États-Unis, il existait une norme juridique parallèle pour les personnes que le mouvement eugénique considérait comme « faibles d’esprit », et des avortements étaient souvent pratiqués, en même temps que la stérilisation de ces femmes.

Puis Acker ajouta pudiquement : « J’espère que ça ne va pas vous faire pleurer en le lisant. » Tirée d’un rapport publié dans le Canadian Journal of medical science, la citation suivante date de 1952 :

Des embryons humains de deux mois et demi à cinq mois de gestation ont été obtenus auprès du service de gynécologie de l’Hôpital général de Toronto. Ils ont été placés dans un récipient stérile et rapidement transportés au laboratoire de virologie de l’Hôpital des Enfants Malades adjacent. Aucun spécimen macéré n’a été utilisé et, chez de nombreux embryons, le cœur battait encore au moment de leur réception au laboratoire de virologie.

Encore un lien avec l’eugénisme : le service de maternité de l’Hôpital général de Toronto était autrefois dirigé par la célèbre eugéniste Helen McMurchy (1862-1953). Cette dernière instaura la politique eugénique canadienne qui allait se poursuivre pendant des décennies. Cet hôpital était un endroit où les femmes considérées comme inaptes à devenir mères étaient stérilisées, et leurs bébés avortés, afin d’éviter une nouvelle génération de faibles d’esprit.

Poursuivant notre inspection, Mlle Acker cita un article de 1952 sur la propagation des virus de la poliomyélite :

[Le tissu] a été obtenu en conditions stériles lors d’une hystérectomie abdominale pour des raisons thérapeutiques. Des embryons de 12 à 18 semaines de gestation ont été utilisés. Dans de rares cas, des tissus ont été obtenus à partir de fœtus mort-nés ou d’enfants prématurés lors d’une autopsie… Dans les expériences de propagation prolongée du virus, trois types de matériel embryonnaire ont été utilisés : des portions de peau, de tissu conjonctif ou de muscle, du tissu intestinal et du tissu cérébral. Les tissus embryonnaires ont été préparés de la manière suivante. Chaque fois que possible, l’embryon a été retiré du sac amniotique en conditions stériles, transféré sur une serviette stérile et conservé à 5° C jusqu’à sa dissection.

L’utilisation de quelques termes médicaux peut occulter des faits simples. « Est-il en train de dire », ai-je demandé avec horreur, « que ces bébés, de 3 à 4 mois et demi de gestation, sont nés vivants, et étaient encore vivants lorsqu’ils ont été envoyés au laboratoire… ? » Acker a terminé ma phrase : « Ils ont été placés dans un conteneur stérile et expédiés dans un laboratoire. Et ensuite ils ont été disséqués. »

Elle a précisé : « Le prélèvement de leurs organes a probablement été la cause immédiate du décès, même s’ils seraient probablement morts de toute façon compte tenu de leur âge de gestation. » À ma question: « Comment pouvez-vous appeler cela un avortement ? C’est de l’infanticide. Ou pire, de la vivisection ! », elle a répondu : « C’est un euphémisme. Avec ce mot, on n’évoque pas la brutalité de ce qui se passe. »

Acker expliqua : « Tout comme on ne peut pas transplanter un organe mort dans un corps vivant, on ne peut pas fabriquer une lignée cellulaire à partir de tissus morts. Ce bébé n’était pas mort quand ils l’ont mis dans le réfrigérateur. » Le processus d’obtention de tissu fœtal humain « doit être fait de manière méthodique afin d’obtenir le type de tissu – tissu vivant – qui sera efficace pour ce type de recherche ». Il ne s’agissait pas de cas isolés, mais « d’une partie intégrante de la recherche médicale qui se déroulait dans les années 50 et 60 ».

Les avortements spontanés – les fausses couches – ne constituent généralement pas une bonne source de tissu fœtal, m’a expliqué Acker, car le bébé meurt souvent à un moment indéterminé avant l’accouchement. Il est donc très peu probable qu’une fausse couche fournisse le tissu frais nécessaire à une culture cellulaire productive et, « même si les autres conditions étaient réunies, obtenir le consentement de la mère à ce moment-là est totalement hors de question ». Il est également probable qu’une anomalie génétique, une maladie ou une contamination bactérienne rende inutilisable le tissu fœtal provenant d’un avortement spontané.

Pour leur travail précurseur sur la méthode de culture tissulaire dans la recherche pour les vaccins, ces scientifiques ont reçu le prix Nobel en 1954. Dans son discours de remerciement, Thomas Weller reconnut avoir « pêché en eaux troubles » en utilisant des « intestins, foie, rein, surrénales, cerveau, cœur, rate et poumon » fœtaux pour cultiver le virus de la polio.

Il n’était plus nécessaire qu’Acker continue d’énumérer de tels détails aussi crus. Je suis partie en chercher de nouveaux, que je n’eus pas de mal à trouver.

Le premier date de 1969 et provient d’un rapport sur le développement du vaccin contre la rubéole par Stanley Plotkin et ses collègues :

Des cultures d’explants ont été réalisées à partir des organes disséqués d’un fœtus particulier avorté à cause de la rubéole, le 27ede notre série de fœtus avortés… Le fœtus a été avorté chirurgicalement 17 jours après la maladie maternelle [rubéole] et immédiatement disséqué.

Le même article note que le vaccin contre la rubéole qui en a résulté « a été testé sur des orphelins à Philadelphie ». Ce lien eugénique décomplexé se poursuit tout au long de la recherche sur les vaccins du XXe siècle.

Plotkin, connu comme le « parrain des vaccins » pour ses travaux sur le vaccin contre la rubéole, exposait sa philosophie dans une lettre adressée au New England Journal of Medicine en 1973 :

La question est de savoir si nous devons faire réaliser des expériences sur des adultes en pleine possession de leurs moyens et sur des enfants susceptibles d’apporter une quelconque contribution à la société, ou si nous devons réaliser des études initiales sur des enfants et des adultes, qui sont humains dans leur forme mais pas dans leur potentiel social.

Conformément à cette philosophie, sa demande de brevet pour le vaccin intranasal contre la rubéole révèle qu’il l’a d’abord testé sur des enfants handicapés mentaux, des « handicapés orthopédiques », des orphelins et des sourds avant de le tester sur des écoliers.

Au moins 99 avortements volontaires ont été signalés dans le cadre de la recherche et de la production du vaccin antirubéoleux de Plotkin : 32 concernant des lignées de cellules fœtales qui ont échoué, et 67 pour des tentatives d’isolement du virus de la rubéole. La souche virale résultante a été nommée par son numéro dans la série de tentatives : « RA 27/3 » indique « Rubella Abortus, vingt-septième fœtus, troisième extrait de tissu ».

Alors que Plotkin détaillait méthodiquement les avortements impliqués dans ses travaux, les sources postérieures furent moins directes, « remplies d’obscurités », dit Acker. Après l’arrêt Roe v. Wade en 1973, il n’y eut plus aucune raison de supposer que le milieu scientifique allait soudainement développer un respect pour la vie humaine qui en était absent avant le jugement. Cependant, après des décennies de recherche sur le fœtus financée par le gouvernement fédéral, au début des années 1970, d’atroces comptes-rendus furent portés à l’attention du public : recherche sur des bébés avortés vivants en Suède, bébés encore en train de bouger emballés dans la glace à Pittsburgh pour être expédiés au laboratoire, dissection d’un bébé vivant pour mener des expériences médicales à Yale.

Le tollé conduisit à un moratoire pour la recherche sur les tissus fœtaux destinés à la transplantation, moratoire qui subsista pendant plus de quinze ans ; toutefois, d’autres domaines de recherche sur les tissus fœtaux ne furent pas impactés.

Dans le trou du Lapin Blanc

J’avais encore beaucoup de questions, alors j’ai suivi encore une fois le Lapin Blanc dans le trou d’Internet. En effet je me retrouvais dans un véritable terrier, un monde d’ombres qui me laissait épuisée après chaque voyage révélateur. Un rapport menait à un autre. J’ai compris à quel point j’en savais peu sur l’industrie de l’avortement. Je me suis retrouvée face à bien des choses que je ne voulais tout simplement pas savoir, que je ne voulais pas voir et que je voulais oublier. Certains couloirs bifurquaient vers le triste catalogue des méthodes et protocoles d’avortement, et d’obtention de tissus ; d’autres s’ouvraient sur le monde du don et de la transplantation d’organes. Souvent, au détour d’un couloir, je découvrais que quelqu’un était passé par là avant moi ; en fait, il était clair que d’autres personnes avaient consciencieusement fait des recherches et écrit sur ce sujet des recherches sur tissus fœtaux et sur l’industrie des vaccins depuis de nombreuses années. Ce qui m’intriguait, c’était de savoir pourquoi leurs recherches – bien documentées, s’appuyant sur les rapports industriels, et non sur des conjectures ou de vagues rumeurs – n’étaient pas plus connues, même parmi les personnes qui étaient résolument pro-vie et bien informées par ailleurs.

La franchise de certains rapports concernant la recherche sur tissus fœtaux, alors même que l’establishment scientifique devenait plus réticent au début des années 1970, était souvent surréaliste. Les rapports que j’ai trouvés ne concernaient pas que les recherches pour les vaccins, mais tous avaient un point commun : il s’agissait de recherches qui causaient des souffrances inouïes à des bébés vivants ayant survécu à l’avortement.

Dans cet univers parallèle, les journaux rapportaient des faits concrets sur la vivisection fœtale, comme dans cet article du San Francisco Chronicle datant du 19 avril 1973, intitulé : « Opérations sur des fœtus vivants ».

Lors de ses voyages réguliers en Finlande, le Dr Jerald Gaull injecte un produit chimique radioactif dans le fragile cordon ombilical de fœtus fraîchement retirés de l’utérus de leur mère lors d’un avortement. À chaque fois, le fœtus est beaucoup trop jeune pour survivre, mais pendant la brève période où son cœur bat encore, Gaull, chef de la recherche pédiatrique à l’Institut de Recherche Fondamentale sur le Retard Mental de l’État de New York, à Staten Island, l’opère ensuite pour lui retirer le cerveau, les poumons, le foie et les reins afin de les étudier.

L’article poursuivait :

Le Dr Robert Schwartz, chef du service de pédiatrie de l’Hôpital général métropolitain de Cleveland, se rend en Finlande dans un but similaire. Après l’accouchement d’un fœtus, alors qu’il est encore relié à sa mère par le cordon ombilical, il prélève un échantillon de sang. Puis, après avoir coupé le cordon, il opère « aussi rapidement que possible » cet être avorté pour lui prélever d’autres tissus et organes.

Gaull argumentait : « Ce que nous essayons de faire n’est pas immoral ; ce qui est immoral, ce qui est une terrible perversion de l’éthique, c’est de jeter ces fœtus dans l’incinérateur comme on le fait habituellement, plutôt que d’en tirer des informations utiles. »

L’article, qui abordait le sujet d’éventuelles restrictions au financement de ces recherches, était honnête dans ce qu’il décrivait et quant à son absence de cautionnement moral.

Les restrictions potentielles en matière de financement conduisirent à un autre voyage dans un autre long couloir, bordé d’articles, de documents scientifiques et de témoignages au Congrès sur la recherche sur les tissus fœtaux et les questions éthiques qui en découlent. J’ai trouvé que les discussions sur les restrictions proposées au niveau fédéral étaient particulièrement révélatrices.

Un article paru en 1988 dans le Hastings Journal partait du principe que le prélèvement de tissus sur des fœtus vivants mais non viables était déjà pratiqué :

La restriction fédérale la plus pertinente est peut-être l’interdiction de toute forme de recherche sur un fœtus vivant non viable ex utero qui mettrait prématurément fin à la vie du fœtus. Cette interdiction peut être pertinente, car la procédure requise pour la transplantation de tissu cérébral fœtal accélérerait la mort d’un fœtus vivant. Ainsi, si une restriction similaire était imposée aux transplantations de tissus fœtaux, elle interdirait le prélèvement de tissus cérébraux fœtaux et, potentiellement, d’autres types de tissus, sur des fœtus vivants non viables.

En 1976, un rapport du fabricant de médicaments Batelle-Columbus Laboratories reconnaissait le rôle de la recherche sur des fœtus vivants dans quatre avancées médicales : l’amniocentèse, le syndrome de détresse respiratoire et, ce qui est important pour cet article, les vaccins contre la rubéole et le facteur rhésus : « Il ressort de l’étude du développement des quatre cas sélectionnés… que la recherche sur les fœtus humains vivants a joué un rôle important dans chacun d’entre eux. » Le rapport préconisait de ne pas restreindre ce type de recherche.

À ce stade de mes pérégrinations dans le terrier du Lapin Blanc, je me débattais toujours avec un sentiment d’irréalité. Peut-être comprenais-je mal quelque chose ! Des recherches sur des fœtus humains vivants ? Il n’y a pas de lois sur ce genre de choses ? On parle beaucoup des restrictions sur l’utilisation et la recherche sur les fœtus aux États-Unis. Pourtant, alors que les restrictions fédérales aux États-Unis vont et viennent en fonction de qui occupe la Maison Blanche, il est clair que la recherche sur les fœtus vivants non viables se poursuit, dans le but d’obtenir des échantillons de tissus les plus frais possible, pour la transplantation ou la recherche.

Elle peut avoir lieu sans financement fédéral, en opérant à l’étranger, ou simplement en occultant ces quelques minutes critiques entre l’accouchement du bébé et le moment où les tissus sont envoyés au laboratoire. Comme le dit la journaliste Suzanne Rini dans son livre Beyond Abortion : A Chronicle of Fetal Experimentation :

Les chercheurs […] qui reçoivent des tissus issus d’hystéroctomie et d’avortements au deuxième trimestre par des méthodes connues pour produire des bébés vivants, déclarent un peu trop vite que leurs tissus proviennent de « fœtus morts ». Il existe un stade intermédiaire dont peu de gens parlent.

La sociologue britannique Julie Kent, parlant de la recherche sur les tissus fœtaux au Royaume-Uni, déclare qu’une « non-conformité encadrée » caractérise les pratiques actuelles… ». Il semblerait que ce soit également le cas aux États-Unis.

Cette « non-conformité encadrée » peut aller jusqu’aux plus hauts niveaux, comme le montre une enquête sur le trafic de fœtus humains impliquant la Food and Drug Administration. Entre 2012 et 2018, la FDA a dépensé des milliers de dollars pour obtenir des tissus de foie et de thymus pour des recherches sur des souris humanisées. Des centaines de pages de courriels, obtenues par le groupe de responsabilité juridique Judicial Watch, documentent les arrangements pour que des tissus de fœtus humains, entre 16 et 24 semaines de gestation, soient livrés « frais, expédiés sur glace humide ».

D’autre part, il existe certainement des normes industrielles : les normes de « bonnes pratiques cliniques », les « bonnes pratiques de fabrication » (GMP), etc. J’ai vite compris que ces normes sont destinées à protéger le consommateur et à garantir la pureté du produit final ; elles n’ont rien à voir avec la protection du fœtus. Les mots « immédiatement disséqué » et « frais » apparaissaient fréquemment, généralement sous la rubrique « matériaux et méthodes ». Là encore, l’intention est de rassurer le consommateur sur le fait que le produit n’est pas contaminé.

Le langage du Chapelier Fou

Je ne comprends pas ce que vous voulez dire, répondit Alice. – Naturellement ! s’exclama-t-il en rejetant la tête en arrière d’un air méprisant.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le vocabulaire de la recherche scientifique et médicale abonde en euphémismes. Comme Alice essayant de comprendre le Chapelier Fou, il est possible, pour le profane, de lire des comptes rendus de recherche sans comprendre pleinement ce qui est décrit. Par exemple, « isoler » signifie « couper », tout comme « dissocier ». Même lorsqu’il s’agit de non-humains, la littérature hésite à utiliser certains termes. Ainsi, une souris gestante, après avoir subi une ablation de l’utérus sous anesthésie, est « sacrifiée »  – et non tuée.

C’est ainsi que je me suis trouvée à m’interroger sur un rapport de la revue Liver Transplantation décrivant une technique permettant d’obtenir des cellules hépatiques fœtales. L’étude en question « a été réalisée avec des tissus donnés provenant de 15 avortements sur prescription médicale ». L’article décrivait « la canulation de la veine porte fœtale à l’aide de techniques de microchirurgie et la perfusion vasculaire in situ de foies fœtaux humains à partir de 18 semaines de gestation ». Il décrivait ensuite en détail la procédure de dissociation des tissus et de prélèvement du foie.

Mes soupçons ont été confirmés par une section dans un manuel, qui décrivait plus précisément la procédure comme une « méthode de perfusion in vivo en cinq étapes par canulation de la veine ombilicale pour isoler les cellules hépatiques des fœtus à la fin du deuxième trimestre ».

Traduction : après un avortement, des tissus hépatiques ont été prélevés sur 15 bébés vivants. L’expression in vivo (« chez le vivant ») permet de confirmer que la microchirurgie et le prélèvement de tissu hépatique ont été effectués sur des bébés vivants.

Bien que la procédure ait été effectuée pour obtenir des cellules pour la transplantation de cellules hépatiques, et non pour la culture cellulaire, le but était exactement le même : obtenir le tissu le plus frais possible.

À ce stade de mes recherches, l’incrédulité prit le dessus. Je ne pouvais tout simplement pas croire ce que je lisais en ligne. Quelques clics plus tard et je possédais mon propre exemplaire de Hepatocyte Transplantation, où, à la page 283, je trouvai la procédure in vivo décrite, avec des photos en couleur à la page 288.

Pour le non-scientifique, la lecture de travaux de recherche sur des non-humains peut apporter des éclaircissements. Ainsi, en lisant un rapport sur la recherche sur les cellules souches cardiaques dans lequel il était écrit que des cœurs de fœtus humains étaient reliés à un assemblage de Lagendorff (dispositif qui peut entretenir un cœur battant artificiellement en dehors du corps), je n’ai pas tout de suite réalisé que ces cœurs devaient provenir de sujets vivants. Après avoir lu que des cœurs étaient extraits de rats vivants et anesthésiés pour une procédure similaire, il m’est devenu évident que les rats devaient être euthanasiés après et non avant la procédure.

Généralement, les rapports de prélèvements de tissus sur des animaux de laboratoire mentionnent la mort de l’animal et précisent si celle-ci est survenue avant ou après le prélèvement des organes. Parfois, ils détaillent la manière dont l’animal a été tué. Les rapports sur les bébés ne mentionnent pas les signes de vie du fœtus avorté, ni sa mort.

On peut se demander pourquoi la mort du fœtus n’est pas notée, en particulier lorsqu’un avortement a été organisé pour délivrer un fœtus intact.

Pourtant, des études sur des prématurés à leur deuxième trimestre indiquent que la durée médiane de survie hors de l’utérus, sans intervention, est d’environ une heure. Une étude britannique portant sur 1306 naissances prématurées entre 20 et 23 semaines de gestation remarquait que si « beaucoup sont morts dans les minutes qui ont suivi l’accouchement », à 20 semaines la durée médiane de survie était de 80 minutes ; à 23 semaines, elle était de 6 heures. (Cette étude excluait 437 bébés ayant survécu à un avortement).

Pour résumer : l’industrie des vaccins entretient depuis longtemps un lien troublant avec celle de l’avortement, et ce lien demeure fort aujourd’hui. Le public est souvent nourri de demi-vérités réconfortantes, voire même de décervelage, de gaslighting5, qui lui font croire que les avortements qui nous ont donné les vaccins actuels étaient une aberration ou une façon d’apporter quelque espoir après une tragédie inévitable.

Pourtant, quelques voix persistantes continuent d’affirmer que la réalité est bien plus sombre. Mais ces affirmations sont-elles exagérées ? Le fait que des bébés soient délibérément avortés afin de produire un fœtus intact et vivant est indiscutable et étayé par la littérature médicale des années 1930 à nos jours. Le fait que des scientifiques n’aient eu aucun scrupule à disséquer des bébés vivants à des fins de recherche est également documenté. Est-il probable, voire indiscutable, que cette action brutale eût conduit à la création des lignées cellulaires utilisées pour les vaccins d’aujourd’hui ? Acker et d’autres experts affirment que oui, en se basant sur le principe simple que les cellules vivantes destinées aux lignées cellulaires ne peuvent pas être dérivées d’un corps mort.

Puis-je le prouver ? Pas sans l’ombre d’un doute. Pourtant, il est clair que la recherche sur des bébés vivants non désirés – des « non-personnes humaines » – s’est poursuivie pendant de nombreuses années et continue aujourd’hui. Les preuves sont là pour ceux qui veulent les trouver.

Liste des images présentes dans l’article.

  • image1: Monica Seeley
  • image2: Bébé immergé dans la technologie

1 https://www.catholicworldreport.com/2021/05/17/exploring-the-dark-world-of-vaccines-and-fetal-tissue-research-part-1/

2 Ce qui suit est la première partie d’un essai sur les relations complexes et souvent inquiétantes – scientifiquement, historiquement, etc. – qui existent entre l’élaboration des vaccins, le courant eugéniste et l’industrie de l’avortement.

3 https://www.lifesitenews.com/blogs/the-unborn-babies-used-for-vaccine-development-were-alive-at-tissue-extraction (traduite sur le blog de Jeanne Smits)

4 Crédit image : Mufid Majnun/Unsplash; Wikipedia; Julia Koblitz /Unslash.com

5 Manipulation émotionnelle visant à faire douter le sujet visé.

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