De quand datent les traces de pieds humains découvertes près de Mexico ?

Par: Marie-Claire van Oosterwyck-Gastuche

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De quand datent les traces de pieds humains découvertes près de Mexico ?[1]

Marie-Claire van Oosterwyck-Gastuche[2]

Résumé : À Cerro Toluquilla, à 130 km de Mexico, une jeune mexicaine, chercheur à l’Université de Liverpool, a découvert des empreintes de pied humain dans un tuf recouvert de cendrées volcaniques anciennes.  Un débat animé par le journaliste Martin Redfern s’en est suivi sur la chaîne de télévision BBC, avec le Pr Renne, du centre de Géochronologie de Berkeley. Ce débat montre les contradictions manifestes entre les différentes méthodes de datations (Carbone 14, Potassium-Argon, luminescence, etc.), ce qui ne devrait pas être le cas si les datations par analyse des éléments radioactifs étaient « absolues » comme on continue toutefois de le dire.

Martin Redfern, du service scientifique de la BBC, rapporte dans « One minute world news » (2006) que des empreintes de pieds humains veilles de 40.000 ans ont été découvertes par Silvia Gonzalez dans une carrière abandonnée à Cerro Toluquilla, à quelque 130 km au Sud-Est de Mexico- City, sous une couche de cendrée volcanique meuble recouvrant une sorte d’asphalte grossier, le « xalnene tuf ». On remarque tout autour de nombreux petits volcans et, à l’horizon, le pic fumant du Popocatépetl. L’environnement est sec.

Silvia, une jeune mexicaine travaillant à l’université John Moores de Liverpool (Grande Bretagne) et spécialiste de ce type d’empreintes, interviewée à la BBC sur sa découverte, déclara :  « Brusquement, j’aperçus des marques à la surface supérieure de la cendrée… c’était  des empreintes de pieds humains. Je fus très surprise car je savais que ces cendrées étaient très anciennes ».

Fig. 1 : La photo montre le pied d’un homme actuel qui s’emboîte exactement dans l’une des empreintes de pied humain trouvées en 2005 à Cerro Toluquilla (Mexique) par Silvia Gonzalez.

Ses compagnons commencèrent par se moquer d’elle, puis se mirent à la recherche de traces semblables. Ils déblayèrent le terrain et découvrirent, outre les traces récentes laissées par les outils des ouvriers de la carrière abandonnée, d’autres traces plus anciennes : celles de pattes d’animaux (cerfs et  buffles) et  de pieds humains d’adultes et d’enfants.

Silvia indique pour ces traces des dates d’environ 38.000 ans mesurées par C14 sur des coquilles trouvées dans les sédiments surmontant ces traces[3]. Des mesures à l’OSL (optically stimulated luminescence) auraient confirmé la date. Il s’agit d’une méthode récente qui enregistre la durée d’exposition des roches  au soleil ou à la chaleur et qui aurait donné quelque 40.000 ans. Silvia fait remarquer que ces dates ont été mesurées sur des briques trouvées dans la cendrée et qui sont peut-être simplement des argiles calcinées. Mais les dates sont-elles fiables ? L’environnement témoigne d’abondantes éruptions volcaniques dont l’âge radiométrique pourrait être très variable.

De plus, la texture du « xalnene tuf » révèle que celui-ci s’est formé dans des conditions anaérobies. La datation par stimulation optique de la luminescence (OSL) est-elle applicable dans ces conditions ? Silvia ne le dit pas.

Mais sa découverte est âprement contestée par un éminent spécialiste, le Pr Renne, du centre de géochronologie de Berkeley qui trouve ces traces trop irrégulières et refuse d’y reconnaître des empreintes de pieds humains. La preuve principale qu’il avance est un nouvel âge radiométrique qu’il a mesuré pour ces mêmes cendrées et indiscutable selon lui. Il a en effet fait dater ces sédiments en décembre 2005 par (je cite) : la « puissante méthode Ar/Ar »[4] et a obtenu un âge de 1,3 M.A. «  beaucoup trop vieux et incompatible avec des traces humaines », a-t-il affirmé avec autorité, également à la BBC. Par conséquent, ces traces n’existent pas !

C’est exactement la réaction du Dr Habte Churney, chef du département de Géologie à l’Université de Chattanooga (Tennessee) devant le moulinet daté de cent ans à peine trouvé dans une roche de la rivière Tellico[5] datée 300 millions d’années. C’est alors qu’il prononça la phrase célèbre « Je suis le chef du département et je dis que ceci n’existe pas. C’est une création de notre imagination. » Bref, il avait, à la surprise générale, refusé de reconnaître l’existence du moulinet, pourtant vu par de nombreux témoins, puisqu’il était incompatible avec la science officielle.

On note que le Dr Renne a fait de même. Il va lui aussi refuser de reconnaître l’existence des traces humaines observées à Cerro Toluquilla par de nombreux témoins, en fonction de ce qu’il estime être un argument scientifique indiscutable : la date radiométrique Ar/Ar, supérieure aux autres selon lui.

Or, il devrait savoir qu’elle n’est pas plus fiable que les autres dates radiométriques. On a démontré qu’elle était influencée par les solutions et la température et qu’elle datait surtout des contaminations, comme c’est d’ailleurs le cas de toutes les dates radiométriques dont celles délivrées par la méthode par K/Ar que la méthode Ar/Ar réputée supérieure avait remplacée. Rappelons qu’au temps de sa gloire, en 1959, ce fut la méthode K/Ar, réputée excellente, qui avait daté à 1,75 M.A. l’apparition du premier singe tailleur de pierres promu « ancêtre de l’Homme », l’Australopithèque d’Olduvai. On sait que son aura déclina lors de la découverte à 3 M.A. de la célèbre « Lucy » qualifiée de « grand mère de l’humanité », une découverte bientôt remisée aux oubliettes à son tour lors de la découverte d’autres « ancêtres » plus séduisants.

Le Pr Renne ignorerait-il que l’identité de tous ces « ancêtres » est aujourd’hui discutée? Et que les dates produites par K/Ar et Ar/Ar sont toujours plus anciennes que les dates C 14, ce fait étant relié à la différence du temps de demi-vie de ces isotopes ? [6]               

Quelle aurait été sa réaction devant les dates de quelque 23.000 et 31.000 ans B.P. mesurés par C 14 par Holzschuh et al (2009) [7]  sur des ossements de dinosaures de 110 M.A. d’âge officiel ? Il aurait sans doute réagi comme le Dr Habte Churney et dit que « ces données étaient fausses puisque tout le monde savait que ces dinosaures avaient vécu au Crétacé, entre 70 et 135 millions d’années ».

Mais le Dr Renne avait émis encore d’autres critiques à propos des travaux de Silvia. Il avait fait remarquer que ses âges radiométriques étaient faussés par l’effet des explosions  volcaniques dont elle n’avait pas tenu compte. C’est bien exact. L’environnement décrit par Silvia était volcanique. On constate donc que le Pr Renne sait que les dates radiométriques, y compris celles par C 14, varient dans ces conditions ; mais il ne donne aucune précision.

Plus surprenant encore, il ajoute que ces explosions se sont  produites sous eau, dans un lac, alors que Silvia a dit que l’environnement était sec. Ces différences considérables d’environnement devraient pourtant sérieusement influer sur l’interprétation de ces événements? Le Professeur n’en dira rien. Il présente le résultat d’une autre détermination qu’il a opérée sur ces sédiments: la mesure de leurs polarités magnétiques. Le dépôt de cendrées correspond à une période d’inversion magnétique. Il en a résulté de nouvelles discussions entre lui et Silvia quant à la date de cette inversion.

Une remarque à propos de l’émission. Redfern est journaliste. Sa spécialité est de renseigner les auditeurs de la B.B.C. sur des événements scientifiques. C’est fort bien. Mais, à mon avis, il serait souhaitable qu’il se documente un peu mieux. Il aurait dû savoir que les âges K/Ar et Ar/Ar sont toujours plus élevés que ceux mesurés par C 14, que ceux déterminés par C 14 sur coquilles ne sont pas fiables et que des bibliothèques entières ne suffiraient pas à énumérer les problèmes suscités par les inversions de polarité magnétique. Or, non content de présenter  ces méthodes comme délivrant indistinctement des âges absolus, Redfern se sert des déterminations plutôt discutables du Pr Renne  et de Silvia pour instruire ses auditeurs.

Redfern change d’ailleurs de sujet. Il nous apprend alors que l’arrivée de l’homme en Amérique est beaucoup plus ancienne qu’on ne l’avait cru jusqu’ici et qu’elle ne se serait pas faite par le Détroit de Béring. Ce qu’il démontre par les températures extrêmement basses qui régnaient à l’époque dans ce qui était alors l’isthme de Béring, ce qui interdisait aux premiers Américains d’emprunter ce passage. La découverte récente d’ossements humains qu’il dit très anciens[8] dans des endroits très éloignés de l’Alaska prouverait que les premiers peuplements venaient d’ailleurs.

Finalement, on s’aperçoit que les âges produits par Redfern (qui n’en indique pas la provenance), sont des âges C 14, qu’ils ne sont pas très anciens et qu’ils ne proviennent pas toujours d’ossements. Les plus anciens qu’il cite sont ceux de Monteverde, au Chili, qui datent de 12.500 ans à peine ; puis vient l’âge des célèbres pointes de flèches « Clovis » de 12.000 ans d’âge officiel, qu’il date à 11.500 ans (voir dans mon livre comment elles ont été datées). Redfern produit encore d’autres dates qui lui font suggérer d’autres itinéraires pour les premiers Américains. Ils sont plutôt imprécis, c’est le moins qu’on puisse dire: ceux-ci auraient suivi la côte du Pacifique du Nord au Sud, ou accosté en Amérique du Sud après avoir traversé le Pacifique. À moins qu’ils ne fussent venus du Nord de l’Europe en traversant l’Atlantique? Redfern n’a pas vraiment résolu le problème, on le voit.… En attendant, il n’hésite pas à présenter ces dates comme absolues, sauf pour celle de Cerro Toluquilla pour laquelle « les recherches continuent ».

Quant à Silvia, elle dit qu’elle espère fermement obtenir la permission de faire d’autres recherches sur le site. Elles lui permettront d’identifier de nouvelles empreintes et d’opérer de nouvelles datations sur des roches, lesquelles seront cette fois indiscutables .Car tout repose, une fois encore, sur le caractère indiscutable des datations.

 « Voicidéclare-t-elle courageusement – ce qui convaincrait les critiques les plus sévères …Nous devons faire le modèle des migrations humaines à travers les Amériques…Cela risque de durer une vie entière mais nous ne craignons pas de le faire».

Il est certain que ce travail l’absorbera jusqu’à la fin de ses jours, acquis précieux à une époque où le chômage sévit. Les discussions pourront continuer et Redfern pourra faire de nouveaux reportages. Il est bien conscient que le débat n’est pas clos, il l’indique par le titre de son article « Footprint debate to run and run » (Le débat sur les empreintes court toujours).

Le but de cette Recherche était, on l’a vu, d’apporter la preuve de l’ancienneté de ces traces en se référant aux âges radiométriques qui sont toujours présentés comme absolus et  toujours appliqués à des fossiles soigneusement sélectionnés.

 Alors qu’il saute aux yeux que ces âges ne sont pas fiables du tout, que les fossiles ont été choisis en fonction de la théorie de l’évolution et que le véritable but de la Recherche devrait être différent: il faudrait commencer par étudier sérieusement les causes du manque de fiabilité des méthodes de datation.

On a bien compris qu’on ne le fera jamais. On serait obligé de mettre en doute la théorie  de l’évolution du vivant qui, quoique qualifiée très justement de « conte de fées pour grandes personnes » par feu Jean Rostand, un agnostique et libre-penseur, est toujours enseignée avec le plus profond respect. Notons aussi que les tenants de la science officielle « oublient » systématiquement les preuves qui dérangent, comme par exemple le moulinet de la rivière Tellico (cf. Le Cep n°36) ou les empreintes humaines de Cerro Toluquilla. Ce n’est pas ainsi qu’on fera avancer la vraie science.

 Concluons cet article en disant que les données recueillies jusqu’à présent n’ont apporté aucune certitude sur l’âge de ces empreintes. Et beaucoup d’incertitudes sur leurs âges radiométriques. Oui, le débat là-dessus court toujours et il faut bien que tout le monde vive: les géologues, les géochronologistes et les journalistes scientifiques. Autre question intéressante: qui donc finance ces émissions?


[1] Note inspirée de l’article de Martin Redfern dans l’émission BBC News “Science and Nature” du 17 Janvier 2006, archivé à présent sur  le site « Unearthing mysteries ».

[2] Dr. Sc., Professeur des Universités.

[3] Mais d’où proviennent ces coquilles, alors que l’environnement est sec? On sait par ailleurs que les dates sur coquilles ne sont pas fiables (références dans mon livre  Le radiocarbone face au Linceul de Turin, aux éditions F.-X. de Guibert).

[4] La méthode utilise des rayons laser sur monocristal. Elle permet de transformer les minimes quantités de K 40 provenant de la désintégration de l’Ar 40 en Ar 39, de telle sorte que les deux isotopes s’obtiennent par une même analyse spectrométrique. Cf. Derek York: « In search of lost time », 1999, IOP Ltd Publ. Cy et ma conférence à la Gustav Siewerth Akademie (septembre 2009): « The emergence of Man from animal descent. An assessment », en cours de publication..

[5] Cf. Le Cep n° 36, pp. 21 squ.

[6]   Voir la conférence de l’auteur à la G. Siewerth Akademie. en septembre 2009: The emergence of Man from animal descent. An assessment.

[7] Holzschuh J., de Pontcharra J. and Miller H. (2009): Recent C 14 dating of fossils including dinosaur bone collagen. Rome symposium, 2009.

[8] Ces ossements  ont  été datés par C 14. Pourquoi Redfern ne le dit-il pas? Pourquoi leurs âges seraient-ils plus fiables que ceux du Cerro Toluquilla?

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