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Par Seiler Thomas2

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La doctrine de la Création et l’Astronomie (Ière partie)1

Résumé : Le présent essai commence par exposer – à l’encontre de bien des théologiens contemporains, influencés par le scientisme ambiant – le point de vue de l’auteur sur ce que l’Église catholique enseigne : l’origine de l’univers se fit par une Création purement surnaturelle et instantanée, avant que les processus naturels eussent commencé d’agir. L’auteur montre ensuite la contestation qui s’éleva contre cet enseignement constant avec le philosophe René Descartes, au XVIIe siècle, puis d’autres jusqu’au XXIe siècle. Suit une évaluation scientifique du modèle le plus connu d’une origine naturaliste, évolutionniste, du cosmos : la théorie du Big Bang.

Introduction

Le 22 novembre 1951, le pape Pie XII adressa un discours à l’Académie Pontificale des Sciences intitulé « Les preuves de l’existence de Dieu à la lumière de la science naturelle moderne3». Dans cette allocution, il commente la « théorie du Big Bang » et conclut que ce scénario signifierait une origine de l’univers dans lequel la matière était initialement dans un état très extraordinaire : « …les hommes de science s’accordent à retenir que, outre la masse, la densité, la pression et la température doivent aussi avoir atteint des proportions absolument énormes4 »

Et il souligna que cela nous mettait en présence du surnaturel :

« D’autre part, l’esprit avide de vérité insiste avec raison pour demander comment la matière a jamais pu arriver à un semblable état, si inconcevable pour notre commune expérience d’aujourd’hui, et pour rechercher ce qui l’a précédé. En vain attendrait-on une réponse des sciences de la nature qui déclarent, au contraire, se trouver devant une énigme insoluble. Il est bien vrai que ce serait trop exiger de la science comme telle5. »

Selon Simon Singh, journaliste scientifique de la BBC, aux yeux de l’abbé Georges Lemaître qui avait inventé cette nouvelle façon d’expliquer l’origine de l’univers, la conclusion du Pape parut inacceptable :

« Lemaître prit contact avec Daniel O’Connell, directeur de l’Observatoire du Vatican et conseiller scientifique du Pape, lui suggérant qu’ensemble ils essaient de persuader le Pape de garder le silence sur la cosmologie. Le Pape se montra étonnamment docile et accepta cette demande : le Big Bang ne serait plus un sujet approprié pour les discours pontificaux6. »

À la différence de Pie XII, l’abbé Lemaître rejeta toute implication de sa théorie qui désignerait un Créateur. Non seulement le déploiement supposé de l’univers, mais son commencement même, le Big Bang, se seraient produits sans Dieu. Comme l’explique l’abbé Lemaître :

« Pour autant que je sache, une telle théorie [de l’atome primitif] est entièrement étrangère à toute question métaphysique ou religieuse. Elle laisse le matérialiste libre de nier tout Être transcendant… Pour le croyant, elle ôte tout essai de familiarité avec Dieu… Elle est en accord avec la parole d’Isaïe parlant du « Dieu caché », caché même au commencement de l’univers… La science n’a pas à capituler devant l’univers, et lorsque Pascal essaie de prouver l’existence de Dieu par l’infinité supposée de la Nature, nous pouvons penser qu’il fait fausse route7. »

Par ces mots, Georges Lemaître révèle sa proximité conceptuelle avec l’astrophysicien Stephen Hawking. Celui-ci en effet, dans son dernier livre, avant sa mort en 2018 et son enterrement à Westminster Abbey à côté de Charles Darwin, raisonnait ainsi :

« Les lois de la nature elles-mêmes nous disent que non seulement l’univers pouvait surgir dans l’existence sans aucune assistance, tel un proton, et n’avoir besoin de rien en termes d’énergie, mais aussi comment il est possible que rien n’ait été la cause du Big Bang. Rien8. »

Nous verrons, plus loin, qu’un tel commencement d’un supposé Big Bang ne peut pas être concilié avec la science. Également, et ceci n’est pas souvent discuté, le scénario d’une évolution cosmique à partir d’une « singularité » au moyen d’un rayonnement chaud se transformant en atomes, poussières, étoiles et galaxies est en contradiction avec les observations astronomiques.

La révélation divine

En tant que catholiques, nous croyons que le Créateur de l’univers nous a révélé ce qu’il s’est vraiment passé au début de l’histoire du monde. Nous ont été donnés les deux piliers de la révélation divine : l’Écriture Sainte et la Tradition sacrée. Le pape Pie XII a rappelé aux fidèles de respecter leur autorité, même en matière de science, lorsqu’il écrivit dans son encyclique Humani Generis : « Plusieurs, en effet, réclament avec insistance que la religion catholique tienne le plus grand compte de ces sciences. Ce qui, sans aucun doute, est chose louable lorsqu’il s’agit de faits véritablement établis, mais lorsqu’il s’agit plutôt d’hypothèses qui touchent à l’enseignement de l’Écriture ou de la Tradition, même si elles ont quelque fondement scientifique, il faut les accueillir avec prudence. Si de telles hypothèses s’opposaient directement ou indirectement à la doctrine révélée par Dieu, elles seraient un postulat tout à fait inacceptable. »

La doctrine catholique concernant la création de l’univers est fondée sur la Révélation divine donnée au prophète Moïse et inscrite dans le premier Livre de la Sainte Écriture. Nous lisons au début ce qu‘il advint au Jour Un de la création :

Au commencement Dieu créa le ciel et la terre (Gn 1:1)

Le troisième Jour, Dieu dit que la terre produise les plantes :

Et Dieu dit : que la terre fasse pousser du gazon des herbes portant semences, des arbres à fruits produisant, selon leur espèce, du fruit ayant en soi sa semence. Et il en fut ainsi […]. Et Dieu vit que cela était bon (Gn 1, 11 & 12).

Ainsi, le Seigneur a révélé que la terre et aussi les plantes ont existé avantle soleil, la lune et les étoiles, car ces derniers ne furent faits et placés dans les cieux qu’au quatrième Jour. Puisque la théorie du Big Bang, d’autre part, demande que la terre soit apparue 8,8 milliards d’années après que les premières étoiles eurent existé, cette idée est en contradiction avec la séquence temporelle de la création selon la doctrine catholique révélée. Même une lecture de la Genèse au sens figuré, où les Jours représentent de très longues périodes, bute finalement sur cette difficulté.

Les versets 14-19 de la Genèse nous renseignent sur la création des corps célestes : « Et Dieu dit : qu’il y ait des luminaires dans le firmament du ciel pour séparer le jour et la nuit ; qu’ils soient des signes pour marquer les époques, les jours et les années, et qu’ils servent de luminaires dans le firmament du ciel pour éclairer la terre. Et cela fut ainsi. Dieu fit les deux grands luminaires, le plus grand luminaire pour présider au jour, le plus petit luminaire pour présider à la nuit ; il fit aussi les étoiles. Dieu les plaça dans le firmament du ciel pour éclairer la terre, pour présider au jour et à la nuit, et pour séparer la lumière et les ténèbres. Et Dieu vit que cela était bon. Et il y eut un soir, et il y eut un matin, ce fut le quatrième Jour.  » (Gn 1, 14-19).

Le sens clair et obvie de ces versets est que Dieu créa les corps célestes sans médiation et instantanément, uniquement par Son pouvoir omnipotent et sans le support de processus naturels sur de longues périodes comme le suggère l’idée d’une évolution cosmisque.

En tant que catholiques, il nous a été donné un guide pour interpréter la Sainte Écriture comme Dieu veut qu’elle soit comprise. C’est l’autorité enseignante du Magistère de son Église à travers tous les siècles. Le Saint-Esprit parle aux fils de l’Église, par exemple par les Pères de l’Église. Or, les conciles de Trente et Vatican I soulignèrent cette importante règle de lecture de la Bible :

« …dans les matières de foi et de mœurs… il n’est permis à personne d’interpréter cette Sainte Écriture…contrairement au consentement unanime des Pères9. »

Considérons alors l’accord unanime des Pères sur l’origine de l’univers, par exemple ces mots de saint Éphrem le Syrien, qui écrivit dans son Commentaire sur Genèse 1 :

« Bien qu’à la fois la lumière et les nuages furent créés en un clin d’œil, pourtant tant le jour que la nuit du premier Jour continuèrent pendant douze heures chacun. »

Voilà un clair rejet d’une évolution cosmique durant des milliards d’années. Saint Éphrem explique aussi que les corps célestes pourraient, bien qu’ils aient été créés immédiatement, nous donner l’illusion d’un âge plus ancien si nous les jugeons selon les processus naturels d’aujourd’hui. Ce qu’il écrit de la création de la lune le quatrième Jjour s’applique certainement aux étoiles et galaxies :

« De la même manière, la lune était à la fois vieille et jeune. Elle était jeune car elle n’était vieille que d’un instant, mais elle était vieille aussi car elle était aussi pleine qu’elle l’est le quinzième jour10. »

Dans le même sens, saint Ambroise nous confirme qu’une interprétation du récit de la Genèse en termes d’une lente évolution cosmique par des forces physiques ne correspond pas à l’intention de l’auteur inspiré :

« Il [Moïse] n’attendait pas une lente et tranquille création du monde par une affluence d’atomes11. »

Saint Ambroise soutient la doctrine d’une création directe et instantanée du cosmos dans un autre de ses écrits selon ces mots :

« Et à bon escient [Moïse] ajouta : Il créa, de peur qu’on pensât qu’il y avait un délai dans la création. En outre, les hommes verraient aussi combien incomparable était le Créateur, qui termina une si grande œuvre dans le plus bref moment de son acte créateur, à tel point que l’effet de sa volonté anticipa la perception du temps12. »

Le texte suivant de saint Athanase applique le sens clair et évident de Genèse 1 non seulement à la création de l’univers, mais aussi à celle de toutes les espèces sur terre. À chaque jour de création, tout fut créé en même temps :

« Quant aux étoiles distinctes ou aux grands luminaires, l’un [le soleil] n’apparut pas en premier et l’autre [la lune] en second, mais en un Jour et par le même commandement ils furent tous appelés à l’existence. Et telle fut la formation originelle des quadrupèdes, des oiseaux, des poissons, du bétail et des plantes… Aucune créature ne fut faite avant une autre, mais toutes choses existèrent d’un coup sur un seul et même commandement13. »

Ces quelques exemples montrent que la doctrine catholique de la création est à l’opposé d’une évolution cosmique ou biologique séquentielle dans laquelle chaque créature serait apparue longtemps après la précédente. Et l’enseignement catholique fait une nette distinction entre l’ordre de la création, dans lequel les choses furent créées surnaturellement sans l’aide des processus naturels, et, ensuite, l’ordre de la Providence, celui dans lequel nous vivons maintenant et où les lois naturelles et les causes secondes gouvernent la nature.

Un éminent docteur de l’Église, saint Thomas d’Aquin, résuma ce principe central par ces quelques mots : « Dans les œuvres de la nature, la création ne s’immisce pas, mais elle est présupposée à l’opération de la nature14. »

Par là, il nous dit que la création se produisit avant que les processus naturels eussent commencé d’agir. Dieu n’a pas utilisé la nature ou des développements cosmiques pour créer l’univers et l’homme. Il a agi surnaturellement. En opposition avec toutes les théories cosmologiques, saint Thomas réaffirme que la matière ou un Big Bang quelconque n’étaient pas même capables d’aider Dieu dans Son travail créatif : « Ainsi donc, il est impossible qu’à aucune créature il appartienne de créer, soit par sa vertu propre, soit à titre d’instrument ou par ministère15. »

Il explique aussi que tout ce que Dieu fit pour donner l’existence aux créatures fut de prononcer sa parole, ce qui signifie donner son ordre. Cela se produisit de la même façon que lorsque Jésus-Christ, Dieu incarné, prononçait simplement sa parole et l’aveugle voyait, le sourd entendait et Lazare mort revenait à la vie, tout cela en un instant. Ce que Jésus fit sur terre, Lui « par qui toutes les choses furent créées » (Jn 1, 3) le fit lorsqu’Il créa au commencement du temps :

« …[ce] que les anges ne peuvent faire d’aucune façon, comme de ressusciter les morts ou de donner la vue aux aveugles. Or, c’est selon cette vertu-là qu’il a formé du limon le corps du premier homme16. »

Par conséquent, puisque Dieu n’a pas utilisé une évolution cosmique pour créer l’univers, il n’y avait pas besoin de longues périodes de temps pour l’accomplir. Le docteur angélique écrit: « Il est dit : “Au commencement Dieu créa le ciel et la terre”, mots par lesquels il faut entendre la créature corporelle. Celle-ci est donc immédiatement produite par Dieu17. »

Par conséquent, l’univers fut immédiatement complet et parfait : « …la première perfection qui réside dans l’intégrité de l’univers eut lieu dans la première institution des choses. Et elle est départie au septième Jour18. »

Un autre docteur de l’Église, le franciscain saint Bonaventure, confirme qu’il n’y a nul besoin d’étaler les Jours de la Genèse sur des ères pour faire participer les processus naturels à la création : « Nous devons tout spécialement maintenir que la nature physique vint à l’existence en six Jours19 »

Cette doctrine de la création a été enseignée et crue pendant tous les siècles et c’est une partie essentielle de la foi catholique. D’un autre côté, toute philosophie qui attribue les œuvres de la création à des processus naturels, même si l’existence de Dieu n’est pas niée, relève essentiellement du panthéisme parce qu’elle suppose que la matière possède un pouvoir divin et qu’elle est capable de maîtriser les lois naturelles. Comme nous le verrons, ces lois interdisent la formation d’un univers ordonné à partir d’un rayonnement primitif chaotique.

Une prophétie biblique

L’apôtre Pierre, le premier Pape, prédit que dans le futur la doctrine de la création serait attaquée. Il serait proposé que les processus naturels agissaient aussi pendant la semaine de la création, c’est-à-dire que la façon par laquelle les choses se produisent dans le monde aurait été toujours la même « depuis le début de la création ». Alors, l’univers et la vie sous toutes ses formes non seulement fonctionneraient suivant les processus physiques, mais seraient venus à l’existence par des processus physiques. Cependant, il rappelle que la création ne s’est pas produite ainsi, mais par la Parole de Dieu, ç.-à-d. surnaturellement. Voici les paroles prophétiques de saint Pierre dans le Nouveau Testament : « Sachez avant tout que dans les derniers temps, il viendra des moqueurs pleins de railleries, vivant au gré de leurs convoitises et disant :  »Où est la promesse de son avènement ? Car depuis que nos pères sont morts, tout continue à subsister comme depuis le commencement de la création. » Ils veulent ignorer que, dès l’origine, des cieux existaient, ainsi qu’une terre que la Parole de Dieu avait fait surgir du sein de l’eau, au moyen de l’eau, et que par là même le monde d’alors périt submergé » (2 P 3, 3-6) [souligné par nous].

Que cette prédiction se rapporte bien au naturalisme évolutionniste de notre temps, à la violation de la distinction entre l’ordre de la création et l’ordre de la providence, cela est confirmé grâce à l’interprétation donnée par le célèbre exégète du XVIIe siècle, Cornelius a Lapide, sur ce verset de la Sainte Écriture : « Je vous le dis, il leur fera bientôt justice ; seulement, quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? » (Lc 18, 8).

Cornelius a Lapide commente : « C’est-à-dire que les chrétiens nieront qu’Il vient pour le jugement, même si cette venue est imminente en disant :  »Où est la promesse de son avènement ? Car depuis que nos pères sont morts, tout continue à subsister comme depuis le commencement de la création » (2 P 3, 4). C’est comme s’ils disaient :  »La Nature a fait le monde ; la même Nature poursuit sa course selon la même marche et continuera toujours de le faire. Il n’y a pas de Dieu pour le détruire ; pas de divinité pour nous juger, nous et nos œuvres et les punir »20. »

L’hypothèse cosmologique

L’homme qui fut le premier à correspondre exactement à la prédiction de saint Pierre fut le philosophe du XVIIe siècle René Descartes. Il introduisit ce changement de paradigme révolutionnaire qui déclare – sans nier l’existence de Dieu – que c’est la nature qui a créé le monde et non pas un acte surnaturel. Il expose la doctrine fondamentale d’une évolution théiste, à la fois cosmique et biologique: « Mais il est certain, et c’est une opinion communément reçue entre les théologiens, que l’action par laquelle maintenant Il [Dieu] conserve [le monde] est toute la même que celle par laquelle Il l’a créé21. »

Blaise Pascal, autre célèbre écrivain du XVIIe siècle compatriote de Descartes, commenta ainsi cette idée : « Je ne puis pardonner à Descartes ; il voudrait bien, dans toute sa philosophie, se pouvoir passer de Dieu, mais il n’a pu s’empêcher de lui faire donner une chiquenaude pour mettre le monde en mouvement ; après cela, il n’a plus que faire de Dieu22. »

Trois siècles plus tard, ce fut le prêtre belge et astrophysicien Georges Lemaître qui suivit le chemin ouvert par Descartes. Il examina une réalité naturelle, le décalage vers le rouge de la lumière des étoiles et il l’interpréta comme un effet Doppler qui serait dû à un mouvement d’éloignement des étoiles, comme pour une ambulance dont le son passe à des fréquences plus basses lorsqu’elle s’éloigne de nous. Alors, il extrapola ce mouvement supposé au passé le plus éloigné, à l’origine du monde. Cela signifie qu’il suivit précisément l’idée que « tout continue à subsister comme depuis le commencement de la création », comme saint Pierre l’avait prédit. Ainsi, en 1931, l’abbé Lemaître publia un article dans le célèbre journal Nature, qu’il intitula «Le commencement dumonde du point de vue de la théorie quantique ».

Son extrapolation le conduisit à cette conclusion : « Si nous remontons le cours du temps, nous devons trouver de moins en moins de quanta, jusqu’à ce que nous trouvions toute l’énergie de l’univers tassée dans quelques quanta ou même dans un seul quantum23. »

Cette annonce d’un « atome primitif », qui finalement explosera puis évoluera graduellement jusqu’à notre univers actuel, marqua la naissance de l’idée appelée aujourd’hui « théorie du Big Bang ». Dans le cadre de cette hypothèse, l’âge du monde est calculé d’une manière étonnamment simple en appliquant la loi de base du mouvement linéaire, c’est-à-dire avec la même formule mathématique que celle du mouvement des bicyclettes ou des voitures :

Distance = vitesse multipliée par temps de déplacement.

Donc, en supposant un mouvement linéaire et une vitesse constante, l’âge de toute étoile depuis son origine serait simplement donné par le quotient distance / vitesse (beaucoup d’auteurs ajoutent « un facteur de correction de gravité » de 2/3). Les étoiles auraient commencé leur mouvement plus ou moins du même point et au même moment, relativement proche du Big Bang. Et ce temps est assimilé à l’âge du monde. Selon la soi-disant « loi de Hubble », toutes les étoiles et galaxies montrent le même quotient de vitesse / distance. Ainsi, elles devraient toutes donner le même âge pour l’univers et cet âge est déclaré équivaloir à 13,7 milliards d’années.

Cependant, déjà à ce stade, on peut soulever de sérieuses objections contre la validité de ce simple calcul :

  1. La vitesse d’une étoile ne peut pas être dérivée avec certitude de son décalage vers le rouge. Nous ne pouvons prouver qu’aucune autre cause ne pourrait produire le décalage observé.
  1. La distance d’une étoile ou galaxie ne peut pas être déduite avec certitude de sa luminosité. Nous ne pouvons prouver qu’aucune autre cause ne pourrait modifier la luminosité observée.
  2. Même si les étoiles s’éloignent réellement de nous, il n’est pas prouvé que la vitesse de ce mouvement soit toujours restée la même, c.-à-d. « que toutes choses continuent comme depuis le début de la création. » Nous ne pouvons pas prouver que le mouvement n’a pas été différent ou absent dans le passé.

Malgré ces objections fondamentales, sur lesquelles nous reviendrons, la proposition de Georges Lemaître fut largement acceptée comme un fait bien établi.

[suite au prochain numéro]


1 Aimablement traduit par Claude EON.

2 Docteur en physique, Thomas Seiler est ingénieur en développement.

3 NdT. Dans les Documents Pontificaux ce discours ne comporte pas de titre.

4 PIE XII, Discours à l’Académie des Sciences, jeudi 22 novembre 1951.

5 Id.

6 Simon SINGH (2010) Big Bang. Harper Collins UK., p. 362.

7 Georges LEMAÎTRE, The Primeval Atom Hypothesis and the Problem of Clusters of Galaxies, La Structure et l’Évolution de l’Univers, Rapports et discussions,Bruxelles, R. Stoops,1958, p. 1-32.

8 S. HAWKING, Brief Answers to the Big Questions, New York, Bantam Books, 2018, p. 35.

9 Vatican I, session III, ch.2 ; La Révélation.

10 ODEN, T. C., Ancient Christian Commentary on Sacred Scripture, Old Testament, t. I, Genesis 1-11, p. 47.

11 Ibid., p. 15.

12 AMBROISE de Milan, Hexaemeron, Homélie 1, chapitre 3.

13 ATHANASE d’Alexandrie, Quatre Discours contre les ariens, Discours 2, chap. 48, 60.

14 THOMAS d’Aquin, Somme théologique, Ia , q. 45, a. 8.

15 Ibid., q. 45, a. 5.

16 THOMAS d’Aquin, ST, Ia, q. 91, a. 2.

17 Ibid., q. 65, a 3.

18 Ibid., q. 73, a. 1.

19 BONAVENTURE, Breviloquium, Part II.

20 CORNELIUS a LAPIDE, Commentaire de l’Évangile de St Luc, c. 18, 8

21 R. DESCARTES, Discours de la Méthode, 5e partie.

22 B. PASCAL, Propos attribué à Pascal, Paris, Laffont, 1001.

23 G. LEMAÎTRE, art. en Nature (127) 1931, p. 706.

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