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Par:R.P. Jouvenroux
Du sens de l’Apocalypse :littéral, mystique, prophétique[1]
Résumé: Dans Le Cep n°51, un article de Madame Françoise Hardy avait critiqué le commentaire historique des chapitres 12 à 18 de l’Apocalypse que l’auteur avait donné dans Le Cep n°49. Comme suite à cette réaction, R.P. Jouvenroux a tenu à répondre en exposant plus complètement sa vision du texte inspiré et notamment la question de savoir s’il faut opposer un sens ‘littéral’ et un sens ‘spirituel’ chez saint Jean. Il en profite pour exposer les principales façons de considérer l’Apocalypse, avec les différentes écoles respectives, ce qui lui permet de resituer son travail, en particulier la découverte qu’il a faite concernant l’identification des sept rois désignés comme la « Bête ». Souhaitant mettre un point final à la polémique, nous lui laisserons ici l’entière responsabilité de ses positions sur tous ces sujets.
Introduction:
On ne peut être qu’étonné par les critiques apparues dans le numéro 51 du Cep à propos de notre article sur l’Apocalypse paru dans le numéro 49 de cette même revue. On ne peut non plus cacher le désappointement que cela nous a procuré. Il faut dire que le sujet de l’Apocalypse est nouveau dans cette revue et que face au désarroi de l’ensemble de la chrétienté et des chercheurs devant le texte de saint Jean, on peut comprendre certaines réticences à admettre des résultats vraiment nouveaux donnant un sens aux paroles de Saint Jean.
Cela est d’autant plus difficile que des générations ont pu et dû s’habituer à comprendre l’Apocalypse à partir d’idées préconçues, confortées par des siècles d’incompréhension devant un texte difficile dont on ne percevait que confusément l’importance, sauf de comprendre qu’il annonçait un retour de Jésus et probablement un millénaire de paix et de progrès.
Il faut d’abord savoir que les chrétiens ont longtemps hésité à intégrer l’Apocalypse parmi les textes canoniques de la Bible, quoique les tout premiers en connaissent l’importance comme Irénée de Lyon (130-208), Clément d’Alexandrie (150-215), Victorin de Poetovio (250?- 304), Eusèbe de Césarée (265-340), Athanase (295-373), etc., mais le vrai sens en fut très vite perdu. Cyril de Jérusalem (368) et Grégoire de Naziance (407) ont tous deux exclu l’Apocalypse de leurs listes des livres du Nouveau Testament. Le Concile de Laodicée (364) l’avait aussi omis de la liste des Canons. Mais Athanase l’inclut dans son énumération en 367 (39ème lettre pascale); le pape Damase l’accepta (382) et les Conciles d’Hippone (393) et de Carthage (397) l’ont déclaré canonique.
Dans l’Église d’Orient, son admission dans le canon sera discutée jusqu’au Xème siècle. Toutes ces hésitations sont probablement dues à la perte du véritable sens crypté de l’Apocalypse.
Depuis ces temps, on en est arrivé à imposer des visions purement subjectives dénuées de tout fondement sûr. Il est alors bien facile de contourner les difficultés en s’abritant derrière des mots faisant illusion comme ceux de sens ‘littéral’, ou de sens ‘spirituel‘. Sans nier l’importance de l’imagination dans la recherche de la vérité, il faut prendre garde à ce que celle-ci ne déborde pas sur le faux, le fantaisiste, le fantastique, ou le fantasmagorique, pour ne pas dire le fumeux. Et en matière de ‘spirituel’ on peut s’attendre à tout, surtout quand les textes font allusion à des entités diaboliques ou angéliques.
Jusqu’à présent personne n’a vu en effet un ange sonner de la trompette (Ap.9.1-12) ni faire tomber une étoile (un avion gros porteur ?) sur la terre puis libérer des sauterelles (des hélicoptères ?) du grand Abîme, sauterelles piquant comme des scorpions (des seringues ? des obus? des lasers?), ces sauterelles ressemblant à des chevaux équipés pour le combat… et puis ces entités ayant pour roi l’ange de l’Abîme dénommé Abaddon en hébreu et Apollyon en grec… (bien sûr, on devine qu’il doit s’agir du diable), mais à part de nous dire que les méchants seront punis, on ne voit pas vraiment de quoi il peut s’agir. Et dans un texte de ce genre il ne viendrait à personne l’idée de tout prendre au sens littéral avec des scorpions envahissant la terre… Quand au sens spirituel, l’image serait parfaitement inutile s’il s’agissait de nous dire que des malheurs viendront sur la terre mais sans toucher la nature sauf les hommes (Ap 9.4, bombe à neutron?). Il est clair que ces spéculations ne peuvent intéresser que les curieux cherchant à savoir à quels types d’événements il est fait allusion, si c’est du passé ou du futur et de quoi il s’agit.
Ceci nous conduira à consacrer une part de cet article aux différentes écoles d’ interprétation au cours des âges, en insistant sur certaines tendances qui se font jour en ces temps de crise pouvant conduire au pire : 2012, comètes, alignements de planètes, guerres, contrôle à distance, mondialisme, réchauffement, grippe H1N1, Internet, famines, pesticides, gouvernements occultes, etc…
Nous conclurons par une invitation à reconsidérer l’Apocalypse de saint Jean dans sa véritable dimension, qui est prophétique.
2. Différents sens de l’Apocalypse? :
Dans la critique de notre précédent article, il est proclamé, sans le moindre argument, que notre travail d »historien’ ne ‘répond’ en rien à l’esprit du « sublime apôtre de la lumière ». Grands mots auxquels nous opposerons que nous n’avons pas eu pour objectif de révéler les profondeurs de l’esprit de saint Jean : des milliers de chercheurs, de théologiens, d’historiens, clercs et laïcs, se sont épuisés à comprendre ce texte considéré comme le plus hermétique des livres saints.
Nous sommes mathématicien et pas ‘historien’ ni ‘théologien’; nous nous sommes limité à offrir une explication aux chapitres 12,13, 17,18.
Tout d’abord rappelons que saint Jean nous avertit:
« Heureux celui qui lit et ceux qui entendent (akouonteV , akouontès ), les paroles de cette prophétie et qui retiennent ce qui y est écrit, car le moment est proche. »
Ici, le verbe akouw (akouô) signifie, comme en français, entendre et surtout comprendre. Saint Jean veut donc dire qu’il faut faire effort pour comprendre ce qu’il écrit. La moindre des choses est donc de bien comprendre ce que veulent dire les mots « spirituel » et « littéral ».
2.1. Le terme ‘littéral’:
Le mot ‘littéral’ conduit souvent à ne garder du texte que ce qu’il dit ‘à la lettre’ et l’on ne voit pas quel résultat pourrait découler d’un texte étudié à la lettre, sinon le sens obvie que chacun peut déjà en tirer. Il y a très peu de sens ‘littéral’ dans l’Apocalypse, car de nombreux mots ou événements ont un sens allégorique:
-en Ap. 5.5, l’un des vieillards dit à Jean « Ne pleure pas! Voici que le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David, a été vainqueur; il ouvrira le livre et ses sept sceaux. » Ce lion est selon toute vraisemblance Jésus. Mais un lion n’ouvre pas de livre. Un tel sens littéral serait absurde. Dans de nombreux passages, saint Jean lui-même nous invite à comprendre les choses sous des sens allégoriques. C’est ce que nous avons fait. La bête d’Ap. 17 n’est pas un monstre à 7 têtes qui aurait existé; personne n’a vu cette bête remonter d’un quelconque Abîme; de plus nous n’avons pas dit que la courtisane montée sur la bête était une prostituée; enfin nous n’avons pas dit que la bête avait des collines en guise de têtes, et nous n’avons pas dit non plus que ces collines avaient des noms de rois ou matérialisaient des rois. De même nous n’avons pas démontré que cinq de ces collines étaient tombées (dans quoi d’ailleurs?) et qu’une colline devait venir sur la bête. Nous n’avons pas pris non plus l’Agneau pour un mouton luttant contre des cornes sur des collines.
Dans un sens spirituel, le lion que tue Samson, a bien sûr un sens réel mais c’est aussi une image pour dire qu’il était ‘spirituellement’ très fort et protégé de Dieu (tant que Dalila ne lui avait pas coupé les cheveux, i.e, ne l’avait pas dominé dans le péché, comme cela est montré dans le superbe film (1949) de Cecil B. De Mille. C’est comme pour les paraboles : on peut les prendre dans un sens littéral puis dans un sens moral et spirituel. Mais avant de dégager un sens spirituel il faut d’abord comprendre le sens littéral, et si le sens littéral implique un sens allégorique, cela impose une connaissance souvent approfondie dans de nombreux domaines et non des sentiments vagues.
Serait alors ‘sens littéral‘ le fait de prendre la prostituée assise sur le dos de la Bête’ pour une vraie prostituée tenant une coupe à la main et chevauchant une vraie bête à 7 têtes; et de même il faudrait admettre que le diable aurait la forme d’un dragon… Nous nous refusons à faire l’injure à saint Jean de laisser entendre qu’il ait voulu qu’on adopte cette façon ‘littérale‘ de voir ce qu’il écrit.
2.2. Le terme « spirituel ».:
Le paléontologiste Yves Coppens, dans sa série sur l’Homo sapiens et l’Homo neanderthalensis, distingue l’Homo sapiens par la conscience de l’au-delà, caractérisée par l’enterrement des morts. Mais comme Coppens ne croit guère en l’au-delà (interview sur VIP donnée à KTO !), il n’est pas impossible qu’il se situe dans la lignée des Néanderthaliens!
Plus sérieusement, est ‘spirituelle’, toute activité intellectuelle tendant à se rapprocher d’un Être que l’on ne peut rejoindre que par l’esprit et, réciproquement, cet Être suprême se ferait connaître par son Esprit, le Saint Esprit chez les chrétiens. Par extension on a pris l’habitude de parler de spirituel au sujet de comportements moraux ou d’attitudes ou de signes divers pour lesquels des liens existeraient avec des puissances spirituelles.
Quand saint Jean nous dit que la bête possède 7 têtes, on n’est plus dans un sens littéral pour la bonne raison qu’une bête à 7 têtes n’existe pas. D’ailleurs saint Jean nous le dit lui-même : ces 7 têtes sont bien des rois et même des collines!
Autrement dit nous sommes dans le domaine de la signification allégorique et non pas dans le sens littéral. Et ce n’est absolument pas choisir un sens littéral que d’identifier une tête de roi à un empereur romain. Si saint Jean nous parle de têtes de rois ou de collines, c’est qu’il veut que l’on comprenne qu’il s’agit de rois ou de collines. Dans un sens spirituel, on pourrait aussi confondre ces rois avec des ‘évêques’ siégeant sur des collines du fait qu’il faudrait prendre les choses dans un sens spirituel. La difficulté de l’approche ‘spirituelle’ conduit alors souvent les partisans de cette dernière à s’intégrer dans les écoles de la fin des temps ou du Jugement Dernier dont nous parlerons plus loin.
D’autres encore ont utilisé le terme spirituel au sujet de l’Apocalypse, mais pour des considérations sur le bien et le mal, sans chercher à identifier explicitement des événements catastrophiques qui seraient sous-jacents. Aujourd’hui on pourra s’en faire une idée en consultant le P. de Monléon (1984) qui préfère d’ailleurs parler de ‘mystique‘ que de ‘spirituel‘. Nous reviendrons sur cet auteur à la fin de notre article. Auparavant nous décrirons les approches les plus fréquentes du livre de saint Jean. Puis nous verrons ce qu’on a pu en dire selon les écoles d’interprétation.
3. Vue d’ensemble sur l’Apocalypse:
Il est vrai que l’Apocalypse est un livre très difficile et cela a été reconnu par tous les exégètes. On peut en résumer l’essentiel en distinguant deux grandes parties.
3.1. Des chapitres 1 à 11:
–Ch. 1-3: où l’on trouve retranscrites les 7 lettres aux églises d’Asie pour soutenir les chrétiens dans leur foi (ch. 1-3): « Je fus saisi par l’Esprit au jour du Seigneur, et j’entendis derrière moi une voix forte, comme le son d’une trompette, qui disait : Ce que tu vois, écris-le dans un livre, et envoie-le aux sept Églises, Éphèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie, et Laodicée » (Ap. 1:10-11).
Certains ont voulu transposer ces lettres à divers âges ou époques de l’humanité. Cela peut s’admettre, mais nous préférons penser que saint Jean écrit d’abord à ses frères d’Asie. Il est clair que ses recommandations morales ou spirituelles ont valeur pour tous les temps, mais peuvent aussi s’adapter selon les circonstances.
Fig. 1. Les « sept églises » (carte tirée du site : http://www.bleublancturc.com/Turqueries/sept-eglises.htm )
–Ch. 4-11: Suivent diverses images sur la grandeur des cieux et la place centrale de l’Agneau (qui est évidemment Jésus) ainsi que la narration de divers événements mettant en scène des chevaux et annonçant des malédictions par l’ouverture de sceaux au son des trompettes, mais aussi des délivrances pour ceux qui auront souffert pour Jésus. Ces visions sont à proprement parler extraordinaires. Certains ont voulu y voir des narrations liées à l’histoire de l’Église ou de l’humanité (Holzhauser, Monléon) où le temps, à l’instar des prophéties de Daniel, pouvait être décomposé en 7 périodes, liées aux 7 lettres, aux 7 sceaux, ou aux 7 trompettes (Dom Calmet (1950), p.644 et circ.).
3.2. Des chapitres 12 à 22:
Nous proposons de diviser cette deuxième partie en 2 sous-ensembles mettant à part :
–les ch.12, 13, 17, 18 qui font manifestement référence à la destruction de Jérusalem, dont nous avons déjà dévoilé l’essentiel. Nous y avons démontré, pour la première fois depuis 2000 ans, ce que l’on pouvait comprendre de la bête, tout au moins de celle aux 7/8 têtes.
-puis les ch. 20, 21, 22, qui ont trait en principe à la fin des temps et au retour de Jésus (ou de ses fidèles) pour mille ans (ch.20).
Pour les autres chapitres 14, 15, 16,19, reconnaissons qu’ils posent bien des questions. Ils peuvent aussi bien concerner la fin de Jérusalem vue de façon élargie, ou encore un combat final ‘apocalyptique’, ou un avertissement surnaturel lié au Jugement dernier.
-Au Ch. 14 ce sont les 144 000 rachetés qui ont été trouvés sans tache et puis c’est la grande moisson.
-Au Ch.15 ce sont les 7 fléaux et les 7 coupes de la fureur de Dieu.
-Au Ch. 16 c’est le versement des coupes de la fureur, la bataille d‘Armageddon, la grande cité divisée en 3 morceaux et les cités païennes qui s’abattent.
-Le Ch.19 semble concerner tant la fin de la grande Courtisane et probablement l’avènement du Verbe de Dieu (Ap.19.13) et les noces avec l’Épouse (l’Église ?) ce qui peut être pris au propre ou au figuré.
Il y est dit que :
— « le Fidèle et le Véritable« , appelé plus loin le ‘Verbe de Dieu‘ portant plusieurs diadèmes et monté sur le cheval blanc, combat contre les rois de la terre ligués contre lui (Ap. 19.19).
. –puis c’est la Bête et le faux prophète qui sont pris et jetés dans l‘étang de feu (Ap.19.20).
Ces chapitres sont très difficiles à situer dans le temps, sauf qu’ils précédent en principe un règne ‘avec‘ le Christ pour 1000 ans après l’enchaînement du ‘Diable’ jusque vers la fin.
Nous avons mis en lumière par les chapitres 12,13, 17, 18 qu’il ne pouvait s’agir que de la destruction de Jérusalem et non de Rome, et que la prostituée était une image des mauvais grands prêtres, de mauvais gouvernants (Asmonéens) soumis à Rome ou de révolutionnaires (cf. Tresmontant (1994), p.297).
Le sens spirituel est évident: Saint Jean ne fait qu’expliciter de façon prudente l’accomplissement de la prophétie de Jésus sur le Temple, mais aussi le fait que c’est Lui le nouveau Temple. Ce qui n’empêche pas d’en reconstruire un… Il ne s’agit nullement de Rome, contrairement à ce qu’une majorité des interprètes ont voulu nous le faire croire. Jésus n’a pas pleuré sur Rome, bien que les chrétiens dussent y souffrir un jour. Nous avons surtout prouvé que saint Jean prophétise bien la fin de Jérusalem annoncée par Jésus. Nous ne voyons pas en quoi cela n’aurait pas un sens spirituel. Cela renforce même le sens spirituel des Evangiles et de l’Apocalypse.
De plus nous avons situé de façon incontournable cette prophétie avant la chute de Jérusalem ;, or, cela contredit l’idée admise que saint Jean aurait décrit la chute de Jérusalem après coup, ce qui n’est certainement pas le cas pour les chapitres 12, 13, 17, 18. Nous rejoignons ici l’opinion de Tresmontant (1994) pour lequel Jean aurait écrit avant la chute de Jérusalem. Cela modifie complètement l’idée partagée par de nombreux théologiens selon laquelle saint Jean n’avait pas prophétisé la chute de Jérusalem.
C’est aussi pour sauver les meubles, que nombreux ont voulu reporter les dires de saint Jean vers d’hypothétiques fins des temps (ce que certains peuvent appeler un ‘sens spirituel’…). Mais ce serait alors admettre que Jean était une sorte de visionnaire indifférent aux souffrances des Juifs et des chrétiens de son temps. Ce qui n’amènerait qu’à diminuer le sens spirituel profond de la prophétie de Jésus sur Jérusalem. Or, c’est le contraire que nous avons démontré[2].
4. Méthodes d’interprétation:
On a pris l’habitude de considérer que le livre de l’Apocalypse peut être vu selon différentes ‘écoles’ (cf. par exemple http://www.spcm.org/com_apoc.php). Mais devant la diversité des choses, nous nous reporterons au bénédictin Dom Calmet (1720), T. III, p. 152, Article II au titre « Méthodes des Commentateurs de l’Apocalypse« . Pour Dom Calmet, on peut partager les commentateurs de l’Apocalypse en 4 classes :
(1) « La 1ère classe: où l’on expliquerait toutes les visions de l’Apocalypse autour du Jugement dernier. Selon eux, la bête à 7 têtes est l’Antéchrist, les deux témoins sont Hénoch et Elie; le règne de 1000 ans est le règne des Justes sur la terre après le Jugement Dernier. Les sept trompettes, et les sept coupes de la colère de Dieu versées sur le terre, désignent les malheurs qui précéderont la fin du monde. » [école futuriste]
(2) « La 2ème classe est de ceux qui l’entendent de ce qui est arrivé à l’Église au temps des persécutions » [école prétériste]
(3) « La 3ème classe est celle de plusieurs Commentateurs protestants, qui voulant justifier leur séparation de l’Église Romaine…ont fait tous leurs efforts pour la rendre odieuse » [école antéchristique]
(4) « Enfin la 4ème classe est celle de ceux qui ont donné à tout ce Livre des explications morales et édifiantes. Il semble que ç’ait été la méthode de Tychonius, donatiste habile, dont Gennade dit qu’il expliquait l’Apocalypse d’une manière spirituelle.
Ambroyse Autper, Abbé de Saint Vincent de Voltorne en Italie, a gardé la même méthode, de même que le P. Viegas, & quelques autres… ». [école moralo-spirituelle]
Nous ajouterons 3 classes à celles de Dom Calmet:
(5) La 5ème classe [l’école biblico millénariste] qui est celle de Victorin de Pettau (ca 300) où les allégories se retrouvent dans la Bible (les 4 animaux sont les 4 évangélistes, les 24 vieillards sont les 12 patriarches avec les 12 apôtres, les 24 trônes sont les 24 livres de la loi, des prophètes et du jugement… et les mille ans sont reportés au retour de Jésus; voir les traductions de Dulaey).
(6) La 6ème classe [l’école symboliste ou ésotériste] pour laquelle l’apocalypse aurait un sens caché réservé à certains. C’est là qu’on trouve la plupart de ceux qui s’intéressent au 666 ou aux antéchrists, Ben Laden, etc. Mais pratiquement tous les commentateurs s’y sont intéressés (parmi eux, citons saint Irénée, le premier (vers 150), qui cite LateinoV (lateinos) = 666 mais aussi Dom Calmet (1750), p. 636, qui à la suite de Bossuet propose DIOCLES AUGUSTUS comme Antéchrist car DCLXVI= 666, point qu’on ne trouve plus évoqué nulle part, ce qui prouve que l’on ne lit plus depuis longtemps Bossuet, encore moins Dom Calmet.
(7) La 7ème classe [l’école nihiliste] qui nie tout sens explicite à l’Apocalypse. C’est le point de vue officiel en France [cf. l’ouvrage collectif référencé X (1994)]. A la page 374, on y lit que l’Apocalypse serait un livre de courage et d’espérance (ce qui est vrai) en précisant: « qui ne décrit pas d’avance les événements de l’histoire, mais elle veut donner une lumière sur la vie aux croyants d’une époque donnée, et, à travers eux, à ceux de tous les temps. » Autant dire que l’Apocalypse est un faux texte prophétique !
C’est ainsi que dans un bulletin paroissial corse récent on peut lire sous le titre « Qu’est-ce qu’un prophète? » : « Le prophète n’est pas celui qui dit ce qui arrivera demain ou après demain, comme s’il le lisait sur un écran. Car l’histoire n’est pour personne un scénario écrit d’avance.
Et ce n’est pas ainsi que Dieu nous révèle son dessein en intervenant dans notre histoire humaine. »
Cela est totalement faux et nie tous les prophètes de l’A.T. dont Daniel, et du N.T. dont saint Jean, et surtout nie les prophéties mêmes de Jésus, en niant les évangiles des apôtres. On ne peut en vouloir à notre brave Corse, qui ne fait que suivre ce qui est écrit dans le livre pour la liturgie cité précédemment.
Mais revenons à Dom Calmet qui dit (p.153) :
« Les commentaires Moraux n’entrent point dans notre dessein, et les explications des Protestants sont pour la plupart si extraordinaires, qu’elles ne méritent pas d’être relevées. ».
Il est donc clair que Dom Calmet ne se place pas du côté de l’école ‘moralo-spirituelle‘ ni du côté des spéculations sans fondements. Ces dernières sont venues, croyons-nous, à force d’errer dans la compréhension des sens possibles de l’Apocalypse.
Don Calmet enchaîne (p.152) en écrivant: « La plupart des anciens Pères, & des premiers chrétiens Commentateurs de l’Apocalypse ont suivi le système qui explique tout ce Livre du Jugement dernier. C’est ainsi que saint Justin, saint Irénée, saint Victorin de Petaw, ville de l’ancienne Pannonie, située sur la Drave en Styrie, qui vivait sur la fin du troisième siècle de l’Église; que saint Hippolyte Évêque de Porto, au commencement du troisième siècle, dans son Livre de la fin du monde, que les Millénaires, … J’en excepte les trois premiers Chapitres, que les interprètes expliquent d’ordinaire à la lettre des sept Églises d’Asie. »
De toutes ces classes, ce que dit Dom Calmet, c’est que la classe qui a prévalu est la première, celle du Jugement Dernier et non l’école ‘moralo-spirituelle‘ probablement trop spéculative. Il en est de même, pour une assez grande part, concernant aujourd’hui. Il ajoute à l’appui de cela qu’une trop grande dispersion vers ces domaines ne produit d’ordinaire que la confusion dans les idées du lecteur, et l’incertitude dans son esprit. Raison pour laquelle les commentaires « moraux » n’entrent pas dans son dessein (p.153).
Il évoque tout de même deux auteurs (p.153) :
« Aussi GROTIUS & HAMMOND, plus judicieux & de meilleure foi que la plupart de leurs confrères, ont pris le parti d’expliquer l’Apocalypse d’une manière historique.
Ils entendent presque tout ce qui est depuis le Ch.3, des maux que souffrit l’Église de Judée sous l’Empire de Néron, & sous celui de Vespasien. » Dom Calmet conteste d’ailleurs la désignation de ces empereurs en disant: « Ce qui les a engagés dans ce système, est une erreur de chronologie où ils sont tombés en suivant saint Épiphane… (a) qui place l’exil de saint Jean dans l’île de Patmos, sous le règne de Claude; au lieu que saint Irénée (b) Eusèbe, (c) & une infinité d’autres le mettent unanimement, sous l’Empire de Domitien vers l’an 94 de Jésus-Christ. »
La référence à Domitien est reprise d’Irénée (130-177), p.659. Quant à nous, nous avons remis en cause non pas l’exil de saint Jean à Patmos, mais le fait que l’on dise que l’Apocalypse a été écrite après la chute de Jérusalem, au moins pour les Ch.12, 13, 17, 18. Nous avons en effet démontré que Jean écrivit les chapitres en question sous Vitellius et cela est capital.
Précisons qu’Irénée (p. 226), a comme bien d’autres des imperfections en matière historique (il faisait mourir Jésus vers 50 ans). Comme Eusèbe de Césarée (260-340) dont on a critiqué les chronologies. …comme bien d’autres encore qui avaient ‘perdu’ la clef, puisqu’ils considéraient Rome comme la grande cité de Babylone….
Puis, parmi les écoles, Dom Calmet parle de « M. Bossuet, Évêque de Meaux, dans son fameux ouvrage sur l’Apocalypse, a reformé le plan de Grotius puis a étendu les persécutions jusqu’à la paix sous Constantin. » Bien que Dom Calmet penche vers cette interprétation, il avoue ne pas en partager tous les sentiments « en particulier ».
Il fait état alors de M. de la Chetardye, curé de Saint-Sulpice, qui a composé une explication de l’Apocalypse, et qu’il considère comme appartenant à une école proche de Bossuet. Il en dit (p.154) : « Le dragon à 7 têtes & à 10 cornes… est le démon, qui assisté de 7 Empereurs Romains, marqués par les sept têtes & de 10 persécutions, désignées par les 10 cornes… »
Tout le reste est sans justification, avec la chute de l’empire Romain, qui inaugurerait les 1000 ans… Dom Calmet nous dit : «Je crains que cette distribution des temps de l’Église en 6 âges, ne paraisse un peu trop arbitraire. »
Puis Dom Calmet se réfère à une autre ‘école’, celle de l’Abbé du Pin qui dit que : «les 3 premiers chapitres de l’Apocalypse regardent les Églises d’Asie et les 3 derniers la fin du monde. »(p.155)
Nous sommes enclin à suivre cet abbé… d’autant plus qu’il croit que les 7 têtes de la Bête marquent les 7 Empereurs idolâtres [là nous sommes d’accord] qui ont été les auteurs de la dernière persécution contre l’Église, à savoir : « 1. Dioclétien, 2. Maximien, 3.Galère, 4.Sévère, 5. Maxime, 6. Maximin, & 7. Licinius » [et le 8ème (?)], « encore ne donne-t-il cette explication que comme une conjecture, tant il craint d’avancer des choses douteuses.»
Puis, à propos de l‘abbé du Pin, voici ce que dit Dom Calmet: « Cette méthode… tranche tout d’un coup une foule de difficultés. Elle n’engage pas à de grandes recherches historiques, ni à des détails embarrassants; elle n’est point sujette à l’inconvénient de proposer des conjectures douteuses quoiqu’elle n’entre pas assez avant dans l’examen des faits, pour vérifier toutes les particularités de la prophétie. »
Dom Calmet continue en laissant entendre qu’il faudrait approfondir les choses, évoquant l’idée que l’Apocalypse aurait un intérêt général (par exemple sur le type d’événement en jeu: il donne alors l’exemple d’Antiochos Epiphane agissant contre les Juifs dans Daniel) et un autre particulier (par exemple la date de l’avènement d’Antiochos, la durée, les circonstances, les auteurs…). On peut y mettre en parallèle la chute de Jérusalem et aussi sous quels empereurs et dans quelles circonstances cela s’est passé. Puis Dom Calmet dit au sujet de l’Apocalypse (p.156): « Nous savons très certainement que la plus grande partie de ce qu’elle a prédit est arrivée; & nous connaissons l’histoire du temps dont elle a voulu parler. Pourquoi donc ne pas appliquer les faits particuliers de cette histoire, aux figures de cette prophétie ? Pourquoi ne pas travailler à développer les figures, à relever les circonstances, à vérifier les événements marqués dans la prophétie, par l’Histoire Romaine, & par celle de l’Église ? »
C’est exactement ce que nous avons fait, en suivant les recommandations de Dom Calmet, un des derniers esprits scientifiques universels comme le furent Kirchner, Newton ou Mersenne. Nous n’avons fait que ce que Dom Calmet espérait et l’on ne voit pas en quoi cela irait contre l’esprit sublime de saint Jean, ni contre une compréhension spirituelle de l’événement considérable que fut la chute de Jérusalem. Il est d’ailleurs très regrettable que tant d’auteurs sur l’Apocalypse prétendent apporter du neuf alors qu’ils ne font que recopier d’autres auteurs sans les citer. Actuellement, c’est d’autant plus le cas sur les innombrables sites internet qui citent rarement leurs sources et s’attribuent les résultats des autres, de même que pour les datations sur Jésus.
5. Interprétation des Visions de saint Jean:
Derrière toute assertion on peut toujours trouver des explications ou des significations secondes. Par exemple on a souvent voulu associer
-la Babylone de l’Apocalypse
-à la Rome des empereurs où l’on situe assez facilement les mauvais empereurs ennemis des premiers chrétiens.
D’innombrables auteurs s’en sont faits l’écho, et parmi les plus récents citons Martin, Maldamé et al. , ainsi que la plupart des évangélistes américains qui voient dans Rome la grande cité de l’Apocalypse. Il en va tout autrement si cette Babylone n’est qu’une image de la Jérusalem pervertie sur laquelle Jésus a pleuré et que les apôtres ont prophétisée. Là, tout change et permet de mieux comprendre le message de Jésus s’opposant à ceux qui, ayant la clef, l’ont cachée aux petits. La dimension spirituelle du message chrétien devient alors infiniment plus forte, plus crédible, et plus explicite. Jésus n’a pas accusé Rome d’avoir caché la clef. En revanche, il est fondamental de se reporter à ce qu’il a dit sur le Temple pour comprendre à quoi se rapporte la prophétie de saint Jean, tout simplement à celle du Christ Jésus qui s’est laissé sacrifier en remplacement de tous les rites anciens où il était plus facile de sacrifier quelqu’un d’autre ou un animal plutôt que soi-même.
À ce sujet nous donnerons en annexe une précision qui a sauté dans notre article précédent au sujet de la prostituée assise sur la bête et aussi sur 7 collines (Ap. 17.9). Car cette prostituée n’a rien à voir avec Rome. Le message devient ainsi explicite lorsqu’on finit par comprendre de quoi il s’agit. Les premiers chrétiens devaient certainement le comprendre, mais la perte de connaissance des temps qu’ils vivaient a fait oublier l’importance du message du don personnel du Christ. La Science ne consiste pas à copier.
6. Apocalypse et Bible:
La majorité des Bibles offrent des commentaires sur l’Apocalypse, généralement par des notes en bas de page. Nous allons en dire quelques mots car on pourrait s’attendre à ce qu’elles insistent sur les significations, littérales, allégoriques ou spirituelles de ce que dit saint Jean.
Commençons par la Bible de Jérusalem (1953) universellement connue selon laquelle:
-l’Apocalypse aurait été écrite sous Domitien (p. 1619), (donc ne serait pas un texte prophétique sur la ruine de Jérusalem telle que prophétisée par Jésus dans Mt 24.2, Luc 21.6, Marc 13.2) [cf. S. Irénée].
–Néron serait la première Bête [cela vient aussi de saint Irénée] et serait une parodie du Christ ressuscité (en fait nous avons vu qu’il s’agissait de Vespasien qui fut blessé par un coup de lance au pied, ainsi que cela est dit dans Flavius Josèphe. A ce compte Achille serait lui aussi une parodie du Christ…)
-la deuxième Bête parodierait le saint Esprit (… Titus ?).[cette interprétation bizarre n’est certainement pas dans Dom Calmet… d’où vient-elle ?]
-Quant au Dragon, ce serait une caricature de la Trinité, cela à cause des 3 grenouilles… [ encore plus invraisemblable et purement spéculatif ; et en quoi est-ce spirituel ?…] On se demande d’où viennent de telles affirmations. Cela donne-t-il un sens spirituel au récit de saint Jean ?
À peu près dans toutes les Bibles, on trouve des spéculations du même type.
Par exemple Crampon écrit en note de Ap 13.11: « La seconde bête est le symbole de la religion officielle instrument du pouvoir impérial ». Pourquoi ? Tandis que pour Ap 17.10 la note dit que les 7 têtes représentent 7 empereurs ; 5 ne sont plus : Auguste, Tibère, Caligula, Claude, Néron ; le 6ème règne: Vespasien ; le 7ème disparaîtra rapidement: Titus. Le 8ème est Domitien. Or tout cela est faux comme nous l’avons vu. D’abord ni Auguste, ni Tibère ne sont ‘tombés’.
7. L’Apocalypse mystique du P. de Monléon:
Le bénédictin Dom de Monléon (1984) est l’auteur d’un livre qui se considère d’orientation mystique mais dit de lui-même au début qu’ «il ne faut pas tenter d’y trouver quelque lumière nouvelle ». Le problème est qu’avec honnêteté, l’auteur avoue ne pas avoir cherché de confrontation historique, sauf pour ce qui concerne les âges du monde dont ne parle d’ailleurs pas saint Jean (et en plus qui contredit de nombreux auteurs dont Foreman (1952) et Holzhauser (1650). Puis il termine ainsi son livre :
« C’est le souhait (d’avoir la bénédiction de Jésus) que nous demandons à nos lecteurs la permission de leur adresser, au terme de cet ouvrage, en les priant de mettre au compte de l’ignorance, et de nous pardonner, tout ce qu’ils y trouveront d’obscur et de mal venu… » Nous lui pardonnons volontiers car il a eu ce grand mérite d’avouer la difficulté du sujet.
8. Conclusion:
Finalement, nous préférons n’adhérer à aucune école et comprendre les visions de Jean sans a priori sur les époques. C’est ce qu’a essayé de faire Newton qui a passé des années à comprendre Daniel et l’Apocalypse. Nous lui rendons hommage comme à un frère en mathématiques!
Notre réponse est qu’il n’y a, pour une grande part de l’Apocalypse, ni sens ‘littéral’ ni sens ‘spirituel‘ à opposer. Il n’y a qu’un seul texte dont il convient de comprendre le sens avec prudence. Évidemment, la place nous manque pour répondre à toutes les questions et nous renvoyons à un futur livre.
Nous ne pouvons que citer le prophète Daniel qui disait: « A la fin, la connaissance augmentera« (Dan 12,4). Mais pour qu’elle augmente, il faut que chacun, loin des dogmatismes et des idées préconçues, comme dans bien d’autres matières, puisse produire des résultats et les faire connaître. Ce que tente de faire Le Cep, d’une façon peut être quelquefois imparfaite mais cependant très nécessaire.
Par contre, l‘anathème ou la censure sont insupportables dans les sciences, dans toutes les sciences. Le travail qui reste à accomplir est immense. En attendant, nous espérons que la première pierre de nos résultats donnés dans le numéro 49 contribuera à conforter le sens spirituel du message exprimé par Matthieu, Marc, Luc, et bien sûr par Jean.
9. Références:
Dom CALMET (1720) Dissertations qui peuvent servir de prolégomènes de l’Ecriture Sainte. Emery, T.III, Paris.
Dom CALMET (1750) [avec commentaires de Dom CALMET et de M. l’Abbé de VENCE] La Sainte Bible en Latin et en Français avec notes, T.13è. Préface sur l’Apocalypse (p.615) [Il y parle (p.730) des sept âges de l’Église.]
HOLZHAUSER(1650) (1784) Interprétation de l’Apocalypse (s’arrête avant le ch.17 [publié en Bavière vers 1784, à Paris en 1876] [propose des ‘époques’ du monde différentes de Dom de Montléon] A propos de Holzhauser, on peut se reporter aussi à Monnot (1978), Wuilleret (1857) dont nous reparlerons.
IRENEE de LYON (circ.177) Contre les Hérésies: dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur. [A.R.= moine de l’Abbaye d’Orval. (ROUSSEAU, Adelin, trad. (1984) .Cerf, Paris).
JOSEPHE, Flavius (circ.80) La Guerre des Juifs et Les Antiquités Judaïques.
JOUVENROUX, R.P. (2009) Le mystère de l’Apocalypse dévoilé. Le Cep n°49, novembre 2009.
MAZZUCCO, C. ; LIVINGSTONE, E. A. (Éditeur scientifique) (1982) Eusèbe de Césarée et l’Apocalypse de Jean. In Studia Patristica. V,. XVII in Three Parts.
MARTIN, J. J., op, MALDAME, J.M., op, VAN AERDE, op , L’Apocalypse.
MONTLEON, (De), Jean (Dom.) (1984) Le sens mystique de l’Apocalypse. NEL.
PIETRI, Gaston (2010) « Qu’est-ce qu’un prophète? Egl. de Corse n°1, et Eglise de Digne, n°2.
POETOVIO (ou PETTAU), Victorin de (ca 300) (révisé par saint Jérôme] [texte sur :
http://www.newadvent.org/fathers/0712.htm, à lire absolument]
SWEDENBORG, Emmanuel (1688-1772) L’Apocalypse expliquée selon le sens spirituel, où sont révélés les arcanes qui y sont prédits…. Ouvrage posthume traduit du latin par Le Boys des Guays.
TRESMONTANT, Claude (1994) Enquête sur l’Apocalypse : l’auteur, la date, le sens. F.X. de Guibert. Paris. D’après lui : « il n’y aurait pas d’eschatologie dans l’Apocalypse ».]
X.(1994) Le Nouveau Testament: Traduction officielle pour la liturgie. Ed. du Rameau. [Concordat cum originali, Père J.C. Hugues]
ANNEXE : Les 7 COLLINES de JÉRUSALEM:
Nous donnons ici une annexe qui a sauté dans notre article précédent au sujet des 7 têtes de la Bête qui sont aussi 7 collines (Ap.17.9). Ceci a fait dire que la ville de l’Apocalypse serait Rome. Car elle possède 7 collines célèbres: Aventin, Caelius, Capitole, Esquilin, Palatin, Quirinal, Viminal. On dit que ce 7 est douteux car les Romains auraient confondu saepti montes (collines encloses) et septem montes (sept collines). De plus il y a plus de 7 collines comme on peut le voir sur la carte produite dans
http://lamenorah.over-blog.com/article-24189972.html .
Il existe bien d’autres villes à 7 collines (http://www.nimausensis.com/Nimes/SeptCollines.ht ) http://prophetie-biblique.com/forum-religion/propheties-fin-des-temps/babylone-grande-prostituee-est-dans-desert-t18.html; pour les similitudes de couleurs voir
http://www.forum-religion.org/oecumenisme/quelle-est-la-ville-nommee-allegoriquement-babylone-t20888.html
Mais au temps de saint Jean ,Jérusalem était considérée aussi comme une ville à 7 collines (ce que dit Rabbi-ben-Eliezer, vers le 8ème siècle dans le Midrach) (BIALIK, RADNITZKY (1908)). Et c’était aussi le cas d’autres villes comme Éphèse, Babylone, Lisbonne, Nîmes, Paris…)
On peut aussi se référer à :
http://www.askelm.com/prophecy/p000201.htm
« Aussi étrange qu’il puisse paraître, la Ville de Jérusalem au temps de Jésus-Christ était aussi connue sous le nom de “Ville aux septs collines« . Le fait est bien attesté dans les milieux juifs. Dans la Pirké de-Rabbi Eliézer, récit midrachique du 8ème siècle (section 10), l’auteur mentionne sans le moindre commentaire :
« Jérusalem est sise sur sept collines » (signalé dans The Book of Legends, édité par Bialik et Ravnitzky, p. 371, paragraphe 111). Il en allait donc ainsi. Ces sept collines sont facilement identifiables:
1. Le sommet au Nord est nommé Mont Scope (Scopus) [première colline] ;
2. Le sommet médian est le Mont Nob [deuxième colline] ;
3. Le point culminant du Mont Olivet et le sommet Sud était nommé dans les Écritures « Mont de la Corruption » ou « Mont de l’Offence » [troisième colline] (cf. II Rois 23, 13) ;
4. Au Sud de la crête médiane séparant le ravin du Cédron et la vallée du Tyropœon se trouvait la colline alors appelée Mont Sion [quatrième colline] (à distinguer de la colline au Sud-ouest qui prit ce nom par la suite) ;
5. Le Mont Ophel [cinquième colline] ;
6. Au Nord du Mont Ophel se trouve le « Roc » autour duquel fut bâtie la forteresse Antonia [sixième colline] ;
7. Enfin la colline sise au Sud-ouest, qui prit au temps de Simon l’Hasmonéen le nom de Mont Sion [septième colline]. »
On aura remarqué sur la carte ci-dessus que l’énumération de ces sept collines peut varier selon qu’on se limite à la troisième enceinte ou bien, comme nous l’avons fait, en considérant aussi la ville hors-les-murs. De façon allégorique, le mur d’enceinte du Temple possédait 6 tours, si bien que le Saint des Saints donnait à l’ensemble une configuration à 7 tours.
Plusieurs indices conduisent à identifier la grande cité de Babylone à Jérusalem
( voir p. ex. http://v.i.v.free.fr/pvkto/babylone.html, présentant la théorie de HUNT). Mais il suffit de se reporter à Ezéchiel 23, 4 pour découvrir que Jérusalem était aussi appelée Oholiba dont il est dit : “ses prostitutions ont surpassé celles de sa sœur” (Oholiba= Jérusalem). Plus loin, Ezéchiel parle des fils de Babylone qui viennent se prostituer avec elle. La ville de Babylone avec la tour de Babel était d’ailleurs considérée comme la ville de l’orgueil de l’homme se faisant dieu et se pervertissant avec les faux dieux. … »
Il existe bien d’autres villes à 7 collines (http://www.nimausensis.com/Nimes/SeptCollines.ht )
http://prophetie-biblique.com/forum-religion/propheties-fin-des-temps/babylone-grande-prostituee-est-dans-desert-t18.html
On peut rappeler ici que saint Pierre dit à un moment qu’il écrit depuis Babylone : « L’Église des élus qui est à Babylone vous salue, ainsi que Marc, mon fils. » (1P 5, 13)
D’après Pettau, Babylone est Rome; quant aux rois de la Bête, citons son calcul : « Le temps doit être compris par rapport à la période où fut écrite l’Apocalypse, depuis le règne de Domitien; mais avant lui régnèrent Titus son frère, et Vespasien, Otho, Vitellius, et Galba. Ce sont les 5 qui sont tombés. Un reste, c’est Domitien sous lequel l’Apocalypse fut écrite. » Victorin de Pettau, qui est le plus ancien exégète latin de l’Apocalypse, était à deux doigts de résoudre l’énigme à ceci près que Titus n’est pas ‘tombé’ [on trouvera son texte en anglais sur http://www.newadvent.org/fathers/0712.htm]. Pettau a pris Babylone à la lettre sauf que, signalant qu’il peut s’agir de Sodome, il n’a pas vu que Sodome n’est ici rien d’autre que Jérusalem.
Selon notre premier article sur l’Apocalypse, il ne fait aucun doute qu’il s’agit de Jérusalem. Mais rien n’empêche d’y voir de façon allégorique d’autres possibilités.
Réf.
-BIALIK, Haim, Nahman, RAWNITZKY, Yehoshua H, ed. (1908-1911) The Book of Legends Sefer Ha-Aggadah: Legends from the Talmud and Midrash, p.371, §111.
-PIRKE de-RABBI ELIEZER (8th century midrashic narrative) sect. 10 (7 hills)
[1] © R.P. Jouvenroux, version2. ECLIPSE 26 juin10. Revue Le Cep (Toute reproduction, partielle ou totale, interdite sans l’autorisation de l’auteur via les revues précédentes.) Merci de citer la référence Le Cep, n°.49, nov. 2009 ou les autres publications quand il s’agit de parler de nos résultats sur l’Apocalypse. Toute dérogation à cette condition sera considérée comme vol intellectuel et les auteurs dénoncés dans de prochaines publications et sites internet. Nous ferons connaître et répondrons à toutes les objections en citant leurs auteurs s’ils le souhaitent. Des brochures en diverses langues et notre livre peuvent être obtenus auprès du dragonsclubinternational@gmail.com
[2] Sur les vicissitudes des premiers chrétiens, voir :
http://www.historel.net/christ/16apotre.htm.