Partager la publication "Un communiqué roboratif"
Par Bacquart Michel
Résumé : L’Ordre des médecins a pour vocation la défense collective de la profession, ce qui passe aussi par des sanctions contre les brebis galeuses. Malheureusement, ce sont souvent des médecins soucieux de procurer la guérison à leurs patients qui sont sanctionnés : la liberté de prescription est un principe régulièrement bafoué, car la définition de la médecine est subrepticement passée de « l’art de guérir » (définition classique) à l’obligation d’appliquer exclusivement et servilement les protocoles promus par l’industrie pharmaceutique. Dans ce contexte dégradant, il est des réactions saines comme ce communiqué envoyé par le président du Conseil départemental de l’Ordre des médecins de Charente à l’occasion de la nouvelle année. De tels textes, si rares fussent-ils, font l’honneur de la profession.
De : CDOM CHARENTE <charente@16.medecin.fr>
Envoyé : mercredi 13 janvier 2021 14:16
Objet : COMMUNIQUE ORDRE DES MEDECINS
ORDRE NATIONAL DES MÉDECINS
CONSEIL DÉPARTEMENTAL DE LA CHARENTE
Communiqué du Conseil départemental de l’Ordre des Médecins du 13 janvier 2021
Confinement : bis repetita (philosophie…)
La médecine est la rencontre entre une confiance et une conscience
La confiance du patient, à ce jour, est inexistante pour la médecine de nos grands professeurs médiatiques auto-spécialisés (dans des branches inconnues des spécialités ordinales) mais elle reste entière envers le docteur traitant (confirmant la fracture ouverte dans la profession, et visible par tous). Cette confiance ne peut être trahie par les seules personnes qui en sont jugées dignes.
Cela nous amène à la conscience : c’est-à-dire à la nécessité d’apporter à son patient des soins dévoués et conformes aux données acquises de la science. La médecine est un art, c’est-à-dire une alchimie complexe s’appuyant sur la formation initiale, l’expérience clinique vécue et la connaissance des faits scientifiques avérés et prouvés. Elle est appliquée de façon différenciée à chaque patient selon son état, ses choix personnels, et en respectant l’éthique du médecin.
Dans la situation actuelle le médecin traitant est devant une situation délicate mais qui ne diffère en rien du quotidien. Il existe une maladie qui peut avoir, dans quelques pourcentages de cas, des conséquences graves et qu’il faut traiter. Il y a plusieurs sortes de traitement à sa disposition. Ces traitements sont différents selon leur conception : ils découlent soit de techniques nouvelles (sans aucun recul), soit de techniques récentes (avec un faible recul), soit encore de techniques anciennes (avec un plus long recul). Le choix du traitement appartient totalement au médecin, puisqu’il engage sa responsabilité (et sa crédibilité). Personne ne peut l’imposer.
Chacun de nous est donc quotidiennement devant ce dilemme grave : quel traitement choisir (si on doit choisir) et avec quel bénéfice pour le patient qui est devant moi.
Par exemple, il n’appartient pas au médecin de participer à on ne sait quels « jeux olympiques de la vaccination ». Sa décision doit être raisonnable, fondée, et dans l’intérêt du patient1.
Le discours médical ne peut être fait d’injonctions, voire d’anathèmes, mais de raisons, de faits, d’éléments montrant de la maîtrise, du recul, en fait de la crédibilité. Instiller la peur ne peut être partie prenante dans la médecine.
Pour revenir au quotidien charentais : il existe de fait une situation épidémique de faible activité, et stable depuis maintenant plus d’un an. Cela permet donc, à chacun d’entre nous, le temps de la réflexion, et donc de se confronter à sa conscience pour agir en médecin de terrain. Car vous restez les seules personnes pouvant contribuer à sauver l’honneur du corps médical, tellement mis à mal par tous ces grands docteurs médiatiques. Cela vous donne une responsabilité immense tant sur le plan décisionnel (pour votre attitude thérapeutique) que pour l’avenir de notre profession.
Il est raisonnable de se demander si, suite à cette crise, nous serons jugés par nos concitoyens comme médecins dignes de confiance ou pas…
Malgré ce climat difficile, permettez-moi au nom du Conseil départemental de vous présenter tous nos meilleurs vœux de santé et de bonheur pour 2021 pour vous et vos proches.
Le Président,
Docteur Michel BACQUART
1 Ndlr. Comment un ministre, depuis son bureau parisien, pourrait-il mieux savoir que le médecin de famille si un vaccin convient, et selon quel calendrier, pour l’enfant qui est venu en consultation dans son cabinet ? La science du système immunitaire, si imparfaite fût-elle, a du moins établi l’unicité de chaque bilan immunologique et la nécessité de soins individualisés. L’obligation vaccinale indifférenciée, outre qu’elle contredit la liberté de prescription, trahit une méconnaissance vraiment confondante du subtil fonctionnement de notre immunité.