Le mythe de Mowgli ou l’enfant animalisé qui devient un homme

Par Isabelle Doré

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Résumé : L’idée évolutionniste qu’un animal aurait su un jour se dresser et parler, trouve une réfutation directe dans les enfants sauvages réellement observés. Le mieux étudié fut Victor de l’Aveyron, recueilli en 1799 par le Dr Itard ? Aux Indes Amala, et Kamala en 1921, donnent la réplique au mythe de Mowgli. Certes il est possible à un enfant-loup de s’animaliser, et c’est en perdant ses caractères propres. Mais l’inverse n’est pas vrai : .. Malgré les efforts patients de déployés, il n’a jamais été possible d’humaniser et de socialiser ces enfants sauvages bénéficiant pourtant d’une hérédité humaine parfaite.

Ceux qui ont lu le livre de la jungle de Rudyard Kipling croient peut-être qu’un enfant-loup est un jeune garçon bipède, heureux, libre, décidé, capricieux, volontaire, doué de la parole, de la pensée, capable de sagesse, de dévouement. En réalité, l’histoire de Mowgli est complètement farfelue et repose probablement sur un préjugé évolutionniste. L’histoire de Tarzan est tout aussi fantaisiste . Ces enfants sauvages imaginaires sont comme des spécimens de primitifs, d’hommes préhistoriques ou d’anthropopithèques, inventés par nos évolutionnistes. En réalité, des enfants sauvages ont existé, bien après Romulus et Remus. Ils se trouvent seuls, hors de la civilisation, obligés de survivre dans la nature. Ces enfants sont-ils capables d’accéder à la parole, au langage, ont-il le désir d’évoluer, de se transformer ? La lecture du livre de Lucien Malson « Les enfants sauvages »1 permet d’infirmer cette théorie selon laquelle un adulte élevé hors de la civilisation, pourrait devenir par lui-même un être intelligent, sage, civilisé. Les nombreux rapports et observations sur les enfants sauvages pourraient nous faire réfléchir a contrario sur cette hypothétique humanisation par leurs seules forces d’hommes supposés sauvages au départ.

Lorsque le docteur Jean Itard se chargea de l’éducation du fameux Victor de l’Aveyron, en l’an VIII2, il répondit tout d’abord à l’objection « que l’on pouvait faire, que le prétendu sauvage n’était qu’un pauvre imbécile que ses parents, dégoûtés de lui, avaient tout récemment abandonnés à l’entrée d’un bois. Ceux qui se sont livrés à une pareille supposition n’ont point observé cet enfant peu de temps après son arrivée à Paris. Ils auraient vu que toutes ses habitudes portaient l’empreinte d’une vie errante et solitaire. »

Le docteur Itard s’était fixé cinq vues pour éduquer le sauvage de l’Aveyron :

« Première vue : l’attacher à la vie sociale en la lui rendant plus douce que celle qu’il menait alors.

Deuxième vue : réveiller la sensibilité nerveuse par les stimulants les plus énergétiques et quelquefois par les vives affections de l’âme.

Troisième vue : Etendre la sphère de ses idées en lui donnant des besoins nouveaux, et en multipliant ses rapports avec les êtres environnants.

Quatrième vue : Le conduire à l’usage de la parole en déterminant l’exercice de l’imitation par la loi impérieuse de la nécessité.

Cinquième vue : Exercer pendant quelque temps sur les objets de ses besoins physiques les plus simples opérations de l’esprit en déterminant ensuite l’application sur des objets d’instruction »3.

Victor n’a jamais appris à parler, ni même à reconnaître les sons. Il n’a pu développer que très partiellement et sommairement ses facultés intellectuelles : « Les moyens les plus puissants s’usent à obtenir les plus petits effets. »

« Les facultés affectives, sortant de leur long engourdissement, se trouvent subordonnées  dans leur application à un profond sentiment d’égoïsme ». (Ibid.)

La vue, le toucher et le goût se sont mieux développés. Victor a pu effectuer de petits travaux simples, comme l’épluchage des légumes, il a pu mettre le couvert.

Les autres cas d’enfants élevés avec des animaux nous apprennent que « la locomotion quadrupédique et l’absence de langage doivent être retenus comme très typiques ».

« Tous ces enfants, homines feri, n’ont jamais vraiment disposé de la parole en dépit des grands efforts pédagogiques déployés. En revanche, nombreux furent ceux qui parvinrent progressivement à devenir ou redevenir bipèdes, mais tout acquis que l’expérience renouvelée ne renforce pas s’estompe et s’évanouit. »

Le cas de ces enfants « solitaires, reclus, animalisés » nous donne à réfléchir sur les origines de l’homme selon la science.

Des êtres humains animalisés n’ont pu apprendre à parler, à se comporter de manière civilisée. Malgré d’immenses efforts, malgré un environnement favorable, ces enfants ne parviennent que difficilement à se mettre debout ou à s’exprimer de manière intentionnelle : la démarche bipédique est à peine naturelle, la parole n’est jamais vraiment acquise. On s’épuise à développer leurs sens, surtout la vue et le toucher.

Ce que nous observons, c’est que ces enfants, ces adolescents livrés à la nature, adoptent un comportement animal.

En Inde, en 1921 : « Amala et Kamala4 ont d’épaisses callosités à la paume des mains, aux coudes, aux genoux, à la plante des pieds. Elles laissent pendre leur langue à travers des lèvres vermillon, épaisses et ourlées, imitent le halètement et ouvrent, parfois, démesurément, les mâchoires. Toutes deux manifestent une photophobie et une nyctalopie accusées, passant tout le jour à se tapir dans l’ombre ou à rester immobiles face à un mur, sortant de leur prostration la nuit, hurlant à de nombreuses reprises, gémissant toujours dans le désir de s’évader. Amala – un an et demi – Kamala – huit ans et demi – dorment très peu : quatre heures sur vingt-quatre, et ont deux modes de locomotion : sur les coudes et les rotules pour les petits déplacements lents, sur les mains et les pieds pour aller loin et pour courir – du reste avec rapidité. Les liquides sont lapés et la nourriture est prise, le visage penché, en position accroupie.

Le goût exclusif pour les aliments carnés conduisent les fillettes aux seules activités dont elles sont capables : donner la chasse aux poulets et déterrer les charognes ou les entrailles. Insociables, grondeuses, attentives un peu aux chiots et aux chatons, indifférentes à l’égard des enfants, agressives surtout envers Mrs Singli, arc-boutées dans une attitude de qui-vive quand on les approche, elles expriment leur hostilité, et leur vigilance par un mouvement rapide de la tête, d’avant en arrière.5 »

Il est difficile de croire que nos prétendus ancêtres primitifs décrits par la science ont un beau jour décidé sans aucune aide extérieure, par un effort de la volonté et de l’intelligence, de se mettre debout, d’émettre des sons, de parler, de réfléchir, d’abstraire, de persévérer dans leurs efforts d’acquisition du langage, d’habileté manuelle. Nous voyons bien qu’un être animalisé, un enfant-loup, ne peut pas s’élever au-dessus de sa misérable condition.

Nous pouvons conclure que l’homme a bien été créé parfait, avec un corps, une âme, un esprit. Quelqu’un lui a appris le langage.

Les cinq premiers livres de la Bible nous montrent des êtres  abîmés par le péché originel mais  habiles, intelligents, doués de la parole.

Ce sont nos supérieurs qui nous éduquent, nous élèvent, nous instruisent, nous forment, ceux qui tiennent la place de Dieu (nos parents, nos maîtres).

Comment concevoir qu’un prétendu couple bestial primitif ait pu par lui-même sortir de sa pitoyable animalité ?

N’est-ce pas plutôt Dieu lui-même qui, en créant l’homme, lui a donné le langage, l’intelligence, la sagesse, l’amour ?


1 Lucien Malson, « Les Enfants sauvages : mythe et réalité », UGE, Paris, 1964, (Collection 10-18 n°157).

2 1799-1800 de notre calendrier grégorien.

3 Op. Cit. p.138

4 Amala et Kamala furent découvertes près de Godamuri  (Bengale) le 9 octobre 1920, puis capturées. Elles vivaient parmi 3 loups adultes et 2 louveteaux et furent confiées à l’orphelinat de Midnapore. Amala mourra au bout d’un an, mais Kamala survivra 8 années. A ce terme seulement, elle saura refuser de sortir du dortoir sans sa robe, rendre quelques menus services (ramassage des œufs au poulailler), marcher debout et utiliser une cinquantaine de mots.

5 Op. cit., pp.85-86.

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