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Par:Dr Louis Murat
REGARD SUR LA CRÉATION
« Car, depuis la création du monde, les perfections invisibles de Dieu ,sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’œil nu quand on Le considère dans ses ouvrages. » (Romains 1, 20)
Le cœur et ses valvules[1]
Dr Louis Murat[2]
Résumé : Chef-d’œuvre de la Création, le corps humain est trop complexe pour que nous puissions l’admirer comme il se doit. Mais chacun de ses organes, pris un à un, nous donne une occasion plus à la mesure de notre intelligence de comprendre les merveilles de notre survie. Ainsi le cœur : “simple pompe” est-on tenté de dire, avec ses soupapes et ses clapets ! Mais le rythme cardiaque, commandé par des nerfs accélérateurs et des nerfs frénateurs, ne fait pas que s’ajuster à nos efforts physiques. Il palpite avec nos émotions et semble mû par l’âme autant et plus que par le cerveau.
En même temps le travail du cœur est considérable : 3 tonnes de sang sont soulevées de 1 mètre chaque jour, ce qui donne des milliards de pulsations tout au long d’une vie. Les trois valvules sigmoïdes implantées au départ de l’aorte sont conçues pour ne laisser passer le flux que dans un sens. Comme le conduit est cylindrique, elles sont munies sur leur bord libre d’un nodule fibro-cartilagineux de forme triangulaire, si bien qu’aucun reflux de sang ne se produit en position d’occlusion. Sur les veines, des valvules régulièrement espacées suivant la loi de Bardeleben, font progresser le sang d’une manière si bien réglée que ce mécanisme constitue à lui seul une preuve de l’Intelligence créatrice.
Le cœur est un corps de pompe, aspirante[3] et foulante, « à quatre cylindres fonctionnant deux à deux » (Pr Brisssaud), cylindres à mouvements synchrones, avec soupapes et clapets parfaits (valvules), retenus et tendus par de fins piliers, des cordelettes fibreuses, comme des ficelles qui sous-tendent un parachute déployé. Ces piliers du cœur, avec leurs nombreux cordages tendineux sous-tendant les membranes obturatrices délicatement découpées en demi-cercles ou en triangles flottants, sont, à eux seuls d’une formation inexplicable sans Dieu.
La valvule tricuspide est une soupape à trois clapets entre les compartiments numéros 1 et 9 du cœur. La valvule mitrale est une porte à deux battants entre les compartiments numéros 3 et 4. Ces membranes s’ouvrent dans un sens, précisément le sens utile. Leurs cordages tendineux ont apparu et les retiennent d’un seul côté également, le côté utile.
Le cœur présente, dans le tissu conjonctif du péricarde extérieur aux oreillettes et aux ventricules, trois ganglions nerveux d’où partent des filaments se distribuant aux fibres musculaires cardiaques et constituant un admirable appareil régulateur des battements. Deux sont excitateurs, le troisième est modérateur.
Ce « cerveau cardiaque », comme on l’a appelé, montre l’indépendance relative de cet organe à l’égard des autres centres nerveux, car le courant arrivé par les fils des nerfs pneumogastrique et grand sympathique qui mettent par deux voies différentes le bulbe et par suite le cerveau en communication avec le cœur, n’est pas en effet un courant direct mais un courant qui a subi des transformations nouvelles en vue de ses fonctions de régulation en traversant ces appareils électriques mystérieux que sont les ganglions du cerveau cardiaque.
On voit toute la noblesse de cet organe, à bon droit considéré, en dehors de son rôle organique, comme organe affectif par excellence. Il vibre avec l’âme, palpite d’espoir ou d’angoisse, est étreint de bonheur, manifeste une douleur aiguë dans les épreuves morales soudaines, et seul, avec le visage, traduit toutes les nuances de l’émotivité et des passions.
Le cœur est commandé, nous venons de le voir, par des nerfs accélérateurs et des nerfs frénateurs, issus des trois ganglions où aboutissent les nerfs cérébraux. Si on coupe les fils du sympathique (nerf accélérateur), on observe aussitôt le ralentissement des mouvements cardiaques.
S’il s’agit des filaments du pneumogastrique (nerfs frénateurs ou modérateurs), le cœur au contraire se met à battre avec une extrême rapidité. On peut, en coupant tels ou tels filaments de ces nerfs, arrêter ou multiplier les battements dans telle partie du cœur : ventricule et oreillette, droits ou gauches, croisés, etc.
L’action simultanée des deux ordres de fils électriques est comme un balancier qui règle la systole et la diastole et produit les 75 pulsations en moyenne par seconde que nous observons. Le rythme est toutefois beaucoup plus lent chez quelques individus, aux environs de 5o à 6o pulsations par minute. On cite parmi ces exceptions l’exemple de Napoléon.
Le cœur est encore soumis à l’action de nerfs qui modifient non plus le nombre des battements, mais la pression du sang, en particulier le nerf de Cyon ou nerf dépresseur de la circulation. Suivant l’utilité de la machine animale ou des effets thérapeutiques par exemple, l’action de l’un des nerfs devient prédominante, et la rapidité ou la force des battements s’élève (réaction de défense, de fièvre, etc.) ou bien les pulsations de l’organe se ralentissent, se renforcent, et se régularisent (action de la spartéine, du strophantus).
Le rythme normal du cœur, la révolution cardiaque, est représenté par la notation musicale suivante :
Le cœur observe toujours ce rythme harmonieux, sauf les cas de maladie par usure, induration ou déchirure des clapets qui présentent alors des fuites et laissent percevoir à l’auscultation des dédoublements, bruits de galop, de caille, de rappel, roulements pré-systoliques, souffles doux ou râpeux, piaulements même, quand flotte dans l’intérieur, du cœur une des cordelettes rompue, ce qui permet parfois de redouter ou même de prévoir une mort subite.
Le cœur qui bat de la sorte, projetant en 30 secondes les 25 trillions de perles rouges que sont les globules, est monté pour donner environ 100.000 pulsations par jour, 36 millions par an. Il doit battre ainsi, un, deux, trois milliards de pulsations, puis la machine s’arrêtera.
La paroi des ventricules, du ventricule gauche surtout, dont le travail incessant est considérable, puisque le sang est projeté par lui assez fortement jusqu’aux extrémités des membres pour qu’il puisse faire le tour du corps en une demi-minute, cette paroi vigoureuse est constituée par des fibres musculaires à forme spirale en huit de chiffre, etc., dites fibres en tourbillons, structure très compliquée que possède le cœur seul dans l’organisme humain et probablement dans la nature entière.
C’est cette disposition fibrillaire en tourbillon qui a permis récemment de reconnaitre dans une petite masse de substance informe et desséchée, trouvée dans un vase précieux d’un des tombeaux des Pyramides, un tissu organique et cardiaque, le cœur même de Ramsès II ou Sésostris-le-Grand, le père du persécuteur des Hébreux.
On a calculé que la pompe cardio-vasculaire soulevait en moyenne 3.000 kilogrammes par jour à la hauteur d’un mètre. Outre les soupapes, dites valvules, qui séparent les cavités cardiaques, nous devons signaler les valvules placées à la sortie même du cœur, qui sont particulièrement remarquables.
A l’entrée de l’artère aorte existent les valvules, dites sigmoïdes, en nid de pigeon qui, à trois, juxtaposées, laissent bien, en s’affaissant, passer le sang projeté par la pompe cardiaque, mais s’opposent absolument à son reflux.
Comment et pourquoi, en dehors d’un constructeur intelligent, ces soupapes, précisément indispensables, ont-elles apparu en cet endroit sur le tuyau aortique, partout ailleurs lisse et régulier? Ces productions membraneuses, à forme si spéciale, sont tout à fait inexplicables en dehors de l’hypothèse de finalité qui s’impose.
Mais il y a mieux. Les trois nids de pigeon juxtaposés, accrochés à la même hauteur sur la paroi intérieure du tube, se regardent et se touchent par leur bord libre. Comme ces bords sont arrondis, ils laisseraient, malgré tout, entre eux trois, un petit trou central par où le sang refluerait en partie. Mais une précaution admirable est prise pour obturer d’une façon parfaite le petit espace central qui échappe à l’action des valvules. Il existe au milieu du bord courbe de chacun des trois nids de pigeon une petite pièce fibro-cartilagineuse et calcaire, de forme triangulaire, à arête vive, géométrique, comme on n’en trouve pas ailleurs dans l’organisme (nodule d’Arantius[4].).
Ces trois fibro-cartilages, par leur juxtaposition absolument exacte, ferment hermétiquement et ne laissent pas la plus petite fuite par laquelle puisse refluer le sang dans le cœur gauche.
Figure A: Coupe horizontale
1.Ventricule gauche; 2. Ventricule droit; 3. Oreillette droite;
4.Oesophage; 5. Aorte descendante; 6. Colonne vertébrale
Figure B:Coupe verticale
7. Crosse de l’aorte; 8. Nodule d’Arantius sur le bord de la valvule sigmoïde (flèche); 9. Artère pulmonaire; 10. Artère coronaire;
11. Ventricule gauche; 12. Valve cardiaque avec cordages tendineux; 13. Trachée; 14. Veine cave supérieure; 15. Oreillette droite; 16. Veine cave inférieure
Les valvules des veines, régulièrement espacées suivant des lois fixes, et qui font progresser le sang contrairement aux lois de la pesanteur pour son retour au cœur, indiquent assez la main d’un créateur ingénieux, car leur présence, indispensable et si opportunément intervenue, est impossible à expliquer par le jeu des forces naturelles, comme l’est, du reste, l’ordre savant dans lequel elles sont disposées, ordre reconnu seulement depuis un petit nombre d’années (loi de Bardeleben).
Ces valvules des veines ont lumineusement prouvé Dieu à nos ancêtres. Elles leur ont paru une des plus grandes merveilles propres à réconforter les croyants, une des plus profondes raisons de louer le Créateur quand commencèrent les études anatomiques.
[1] Repris de L’idée de Dieu dans les sciences contemporaines. Les Merveilles du Corps humain, Paris, Téqui, 1912, pp. 62-69. Illustrations par des coupes anatomiques aimablement fournies par le Pr Pierre Rabischong.
[2] Auteur, en collaboration avec son frère le Dr Paul Murat, de publications scientifiques récompensées par l’Académie de médecine et l’Académie des Sciences. A collaboré avec Albert de Lapparent, fondateur de la chaire de géologie à l’Institut catholique.
[3] Morat et Doyon, Traité de physiologie, 1904.
[4] Ndlr. Voir sur la figure B (flèche n° 8) la forme nettement triangulaire du nodule d’Arantius. Tout défaut d’étanchéité des valvules provoque un « souffle » cardiaque, pénalisant l’activité physique du sujet. A noter, comme le signale le Dr Murat, que cette forme très particulière est unique dans le corps humain. Comment peut-on imaginer qu’un hasard soit à l’origine d’une telle imbrication de formes fonctionnelles ? En effet, à la différence des ingénieurs qui juxtaposent les différentes machines dont se compose une usine, le Créateur les joint les unes aux autres, sans le moindre intervalle, ce qui minimise la longueur des connexions en tous genres et assure de plus l’asepsie interne de l’organisme. Selon le mot de Fénelon : « le corps de l’homme paraît le chef-d’œuvre de la nature ».