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Par Mgr Elias Zoghby
« Si l’homme est libre de choisir ses idées, il n’est pas libre d’échapper aux conséquences des idées qu’il a choisies. » (Marcel François)
Interventions surnaturelles lors de la guerre du Liban1
Par Mgr Elias Zoghby2
Résumé : Pour nous qui ne voyons les gens et les événements que de loin, le Liban ressemble à un véritable panier de crabes. Tellement d’intérêts, de factions, de clans s’opposent et se tuent, que l’on se demande comment un État libanais pourrait subsister. Cette lettre rédigée en pleine guerre et adressée par Mgr Zoghby à l’un de ses amis, aujourd’hui cardinal, présente un éclairage et des faits partiellement inédits qui attirent aussi notre attention sur la difficile coexistence entre chrétiens et musulmans. Seule l’intervention de secours surnaturels explique comment des minorités chrétiennes ont pu survivre au long des siècles dans les pays du Proche-Orient.
Au Liban, certaines inf1uences étrangères ont joué : les unes politiques, comme Israël et les États‑Unis d’Amérique ; les autres religieuses musulmanes, comme la Lybie de Khadafi qui a envoyé beaucoup d’argent pour fomenter cette révolution. Le conflit est religieux. Les Palestiniens, la gauche et les musulmans libanais, ainsi que des musulmans venus de tout le monde arabe, se sont coalisés contre les chrétiens représentés par les milices chrétiennes : les phalangistes de Pierre Gémayel, les libéraux de Camille Chamoun et la ligue maronite. Bien que les musulmans qui combattent soient plus nombreux, et bien qu’ils reçoivent gratuitement de certains pays arabes les armes légères et lourdes, il n’ont pas pu avoir raison des milices chrétiennes qui sont mieux organisées techniquement, et qui semblent avoir une protection spéciale et visible du ciel, comme je vous le raconterai dans la page qui suit.
Les chrétiens, en général, n’attaquent pas, mais se défendent héroïquement ou défendent plutôt leur pays. Ils perdent, mais à un contre dix.
Cette coexistence entre chrétiens et musulmans est si fragile que les autorités n’osent pas faire appel à l’armée pour empêcher l’effusion de sang, la destruction quasi totale de l’économie et l’agression contre les institutions de l’État, contre le Parlement lui‑même. Pourquoi? Parce que l’armée libanaise est composée de chrétiens et de musulmans, et on a peur de diviser l’armée sur elle‑même. Avec cela, on parle de coexistence. C’est un pur mensonge.
Et que dire des églises bombardées, des couvents attaqués et des religieux torturés et brûlés. Par contre, les chrétiens n’ont attaqué ni mosquées ni cheikhs (chefs religieux musulman). Le secrétariat pour les relations entre chrétiens et musulmans, à Rome, fait de la mystique et de la spéculation. Ils n’ont qu’à vivre notre expérience. Ils changeront d’avis. Il faut continuer à aimer nos frères musulmans, à collaborer avec eux dans les domaines social, culturel…Mais il faut voir aussi qu’il est très difficile au peuple chrétien de pratiquer son évangile dans ce milieu. Nos chrétiens d’ici, pourtant si bons, si religieux, doivent tout le temps se défendre contre l’agressivité et souvent la barbarie. Ils sont devenus farouches, tout en essayant de demeurer humains et de s’astreindre à défendre leur vie et leur terre. Dans mon diocèse où la population est vraiment pauvre (des agriculteurs), les gens sont obligés de sacrifier le pain de leurs enfants, ou de vendre un lot de terres, pour acheter un fusil. Ils sont toujours sur le qui‑vive, non seulement en cette période de «guerre», mais même en temps de paix, toujours relative d’ailleurs. Les enfants doivent s’entraîner à tirer, à utiliser les armes pour défendre leur maison et leur terre, contre le voisinage. C’est merveilleux, mais ce n’est pas l’idéal pour vivre notre évangile.
Jusqu’ici, j’ai vécu en très bons termes avec les musulmans de mon diocèse. C’est à moi, non à leurs chefs religieux, qu’ils s’adressent pour demander des services de tous genres. Ils m’appellent l’évêque des musulmans.
Mais les événements qui se déroulent aujourd’hui au Liban et qui n’ont pas ménagé mes diocésains, m’ont ouvert les yeux sur beaucoup de choses. Je vous citerai seulement un événement capital qui a été la grande déception de ma vie.
Le voici : le village le plus gros de mon diocèse, et qui compte près de six mille personnes, s’appelle Kaa. Il est situé à cinq mille mètres de la frontière syrienne et est entouré de villages, musulmans. Ses habitants sont des cultivateurs, c’est‑à‑dire des paysans, pauvres, mais braves, courageux et gentils. Ce sont de bons chrétiens par ailleurs. Ils sont pacifiques et entretiennent des relations amicales avec le voisinage musulman. Or, un après‑midi, des hommes armés venus de 15 ou 20 villages musulmans de la région et munis de mitrailleuses, ont attaqué ensemble ce village entièrement grec-catholique. Les nôtres n’avaient qu’environ 300 ou 400 fusils. Les assaillants étaient au nombre de 15 à 20 000 hommes, tous armés. La route de Syrie passe par ce village de Kaa. Le village est à l’ouest de la route. A l’est, la nouvelle église Saint‑Élie et une trentaine de maisons éparpillées. Les villageois ont quitté ces maisons de l’est pour se grouper dans le village, à l’ouest de la route, et se défendre plus facilement. Ils n’ont rien pu emporter de leurs maisons; ils n’en ont pas eu le temps. Un jeune homme et son père, qui s’étaient attardés, pour récupérer les quelques sous qu’ils avaient, ont été surpris par les musulmans qui les ont coupés en morceaux. J’ai vu leur cerveau collé au mur de la chambre et au plafond. Puis 13 heures de tirs et de bombardements : de 2 h 30 de l’après‑midi à 3 h 30 du matin. L’armée, elle‑même composée de chrétiens et de musulmans, n’a pas reçu l’ordre d’intervenir, malgré mon insistance. Debout chez moi, toute la nuit, inquiet et affolé, je pensais que mes chers diocésains, les plus gentils et les plus religieux de mon diocèse, allaient être égorgés ; car que peuvent faire 400 fusils ordinaires contre 15 000 hommes lourdement armés et sauvages ? Des coups de téléphone au palais, au ministre de l’intérieur, au commandant de l’armée, n’ont pu aboutir, car le premier ministre musulman n’a pas voulu donner à l’armée les ordres requis en pareil cas (lui‑même est ministre de la Défense).
J’ai alors confié ces braves gens à Dieu, à la Sainte Vierge et à leurs saints patrons préférés : saint Georges et saint Elie.
Ces deux saints, après la Vierge, sont les amis et les protecteurs traditionnels du diocèse et surtout du village de Kaa. Ces cultivateurs pauvres offraient toujours à ces deux saints les prémices de leur récolte.
Devinerez‑vous le résultat de cette bataille ? Sept morts au village (y compris les deux égorgés), contre plus de cent morts parmi les assaillants. Les bombes ne « tombaient » pas sur le village, elles étaient comme déposées par terre et n’éclataient pas. L’armée, venue après la fin de la bataille, à 5 h 30 du matin, a retiré du village 40 bombes intactes. Le miracle était évident. Ce ne sont pas nos chrétiens qui le racontent. Ce sont les assaillants musulmans eux-mêmes. Ils étaient désespérés. Ils comptaient prendre le village brûlé en deux heures. Treize heures n’ont pas suffi. Voilà ce que les musulmans racontent à tous et partout : « Un cavalier et un vieillard portant une épée, étaient dressés comme des colosses au‑dessus de l’église Saint-Georges. Ils éparpillaient par leurs gestes, les balles et les bombes que nous (les assaillants) lancions contre le village. Ce sont saint Georges (El‑Khodr, comme les musulmans l’appellent) et saint Élie (Nabi‑Aïla). Nous n’avons pas pu faire grand‑chose pendant 13 heures », disent‑ils. Encore une fois, ce ne sont pas nos chrétiens qui racontent cela, car eux combattaient de nuit et ne voyaient pas ce qui se passait au‑dessus de leurs têtes. Ce sont les musulmans qui le racontent. En prévision de ce genre d’attaque, auquel les braves gens de Kaa étaient habitués de la part des Syriens qui sont à cinq kilomètres du village, et des tribus libanaises musulmanes voisines, les habitants, quand je leur ai bâti cette église Saint‑Georges, m’avaient demandé de leur construire autour de la terrasse de l’église des barricades : un mur crénelé, en béton armé, pour tirer sans être vu. C’était la seule fortification du village. Les hommes de 80 ans comme des jeunes de 16 ans se sont ainsi barricadés sur la terrasse de l’église, et de là tiraient sur les assaillants. Ce fut la principale, non la seule concentration. Aussi, c’est sur l’église surtout que les musulmans orientaient leurs balles et leurs bombes, de 500 mètres de distance.
Or pas un trou dans le mur, pas une vitre cassée, après 13 heures de tirs et de bombardements. Premier miracle. D’autres suivent. Je les mentionnerai plus loin.
Entre-temps, les maisons qui sont de l’autre côté de la route et que les gens de Kaa avaient abandonnées (une trentaine à peu près) ont été saccagées, pillées et brûlées.
Leurs propriétaires n’avaient plus le lendemain une chemise de rechange, un mouchoir, un verre ou une cuillère. Pas une chaise, pas une natte par terre. Rien. Les assaillants étaient venus avec des camionnettes pour emporter le butin. De plus, les eaux qui viennent du sud et passent par plusieurs villages musulmans pour aboutir aux jardins et aux terres de Kaa et les arroser, ces eaux ont été détournées. Le peu d’eau qui arrive aujourd’hui suffit à peine pour boire. Les arbres (surtout des abricotiers) et toutes les plantations sont en train de mourir. Or, l’agriculture est la seule ressource de vie à Kaa. Elle est presque tarie.
Mais passons aux autres miracles. Car il y en a. Quarante huit heures après l’attaque de Kaa, plus de cent jeunes gens musulmans, venus des villages qui ont participé à cette attaque, s’entraînaient près de Baalbeck à poser les mines. Ces mines, par une fausse manœuvre, éclatent soudain. Plus de 50 morts, et les autres sont entièrement défigurés. Les musulmans de Baalbeck dirent : « Dieu a voulu venger les gens de Kaa. »
Le troisième événement extraordinaire est le suivant : si le vil1age de Kaa a reçu le plus gros coup, d’autres villages chrétiens, surtout maronites, dans les limites de mon diocèse, ont eu eux aussi des ennuis et ont souffert des hostilités de leurs voisins musulmans : tels les villages de Deir-el‑Ahmar et de (illisible), qui sont aussi courageux et résistants que ceux de Kaa. Un soir, vers 8h 30, les chrétiens de Deir-el‑Ahmar ont entendu des coups de feu venant de deux villages maronites voisins, l’un au nord (Safra) et l’autre au sud (Btédéi). Il y a plusieurs kilomètres entre ces deux petits villages. Or, les coups de feu émanaient des deux villages à la fois et au même instant. Les habitants de Deir-el‑Ahmar, le plus gros villagemaronite de la région, crurent à une attaque musulmane contre leurs frères de Safra et de Btédéi.
Ils se sont précipités sur leurs armes, les ont prises et ont couru au‑dehors.
Et quelle ne fut pas leur surprise de voir dans le ciel, au‑dessus de la région, un grand arc brillant, sous lequel la Sainte Vierge lumineuse tendait les bras. Cette apparition a duré dix minutes. C’est pour saluer cette apparition que les gens des deux villages tiraient des coups de feu.
Evidemment, les chrétiens de Deir-el‑Ahmar ont, eux aussi, commencé à tirer des coups de feu. C’est la manière au Liban d’accueillir un hôte de marque, d’exprimer sa joie ou son deuil. Les gens de Kaa, à plus de 30 kilomètres de Deir‑el‑Ahmar, ont vula Sainte Vierge, au même instant, au‑dessus de leur village. Des villages musulmans ont également constaté ce fait, et certains villages sont venus raconter aux chrétiens, le lendemain, ce qu’ils avaient vu eux aussi. D’autres villages et villes du Liban, très éloignés de la région, mais de haute altitude, ont été témoins de cette apparition : je cite en passant Zahlé et Bikiaïa. Mgr Nicolas Bauman, évêque du Hauran, en Syrie, m’a dit que les habitants de Khabab, où il réside, ont vu, à la même heure, au ciel de notre région, une lumière extraordinaire.
Il n’y a pas longtemps, les militaires ont vu au‑dessus de leur village d’Ablan, où siège l’état‑major de la région, la même apparition.
Vous voyez donc, cher frère, que le Ciel n’abandonne pas nos chrétiens dans leur détresse. La Sainte Vierge, patronne du Liban, a voulu consoler les siens dans cette épreuve que nous avons tous méritée.
Je ne vous parle pas de Beyrouth dont certains quartiers sont devenus méconnaissables. Ils ont été ravagés par le feu. Je me contente de vous raconter ce qui s’est passé dans mon diocèse, car j’en ai subi les conséquences avec mes diocésains. Les trente maisons de Kaa ravagées et brûlées : d’où des centaines de fidèles sans toit, ni vêtements, ni pierre où poser leur tête. Toute la récolte, tous les jardins du village à peu près desséchés parce que les eaux ont été détournées.
Je me suis fait mendiant. J’ai été visiter les grands magasins de Beyrouth, appartenant à des chrétiens ‑ la situation à Beyrouth n’étant pas encore grave ‑ j’ai reçu des habits en grande quantité, pour les sinistrés de Kaa.
Je suis en train de lutter pour trouver les fonds nécessaires et creuser dans ce village des puits artésiens capables d’arroser les terres et de libérer les villageois de la tutelle des villages musulmans qui leur coupent les eaux à temps et à contre‑temps.
Très cher Monseigneur et ami, ne croyez pas que j’en veuille à nos frères musulmans ou que j’aie cessé de les aimer. A Dieu ne plaise! Je continue à les aimer et à les servir comme auparavant, mais j’ai été déçu, et ma déception est à la mesure de l’amour que je leur porte.
Si je vous écris, c’est à cause des liens étroits et intimes qui me lient à vous. J’ai éprouvé le besoin de vous raconter mes soucis rien que pour les raconter à l’un des êtres les plus chers à mon cœur. Je ne voudrais pas que vous pensiez un instant que les frères musulmans dont j’ai raconté l’aventure sont mauvais, Non, ils sont braves. Mais voici un fait significatif qui vous expliquera tout. De jeunes musulmans ont attaqué une maison, au cours des derniers événements. La maîtresse de maison a reconnu l’un d’eux : « Tiens, dit‑elle, n’es‑tu pas Ali, l’ami de mes enfants ? N’est‑ce pas toi qui nous visites et que mes enfants visitent ? » Et ce jeune de répondre : « Oui, Madame, c’est moi. Mais l’amitié est une chose et la religion une autre. »
Les apparitions de la Vierge sous forme de lumière, s’étendant comme un arc‑en‑ciel sur plusieurs villages de mon diocèse, avec une silhouette lumineuse de la Mère de Dieu au centre de cet arc, ces apparitions se sont répétées plusieurs fois au cours des années de cette guerre, surtout à l’époque des attaques massives sur ces villages. J’ai recueilli des dizaines de témoignages de chrétiens et de musulmans qui ont été les témoins oculaires de ces apparitions. Tous ceux qui étaient sur place ont vu, mais on ne peut pas s’adresser à tout le monde.
Autre événement extraordinaire : la population musulmane armée s’étant emparée des deux casernes militaires de Baalbeck, en janvier 1976, a emporté avec l’aide des militants palestiniens les armes légères et lourdes.
Le lendemain, ils placèrent un canon sur une hauteur dominant le gros village maronite de Deir-el‑Ahmar. J’étais présent dans ce village et j’y ai passé la nuit.
Plus de 150 obus, pesant chacun près de 40 kilos, ont été systématiquement lancés sur le village, certainement par des experts. Ils ont pilonné le village avec méthode. Or pas un citoyen n’a subi la moindre blessure, la population s’élevant à plus de 8 000 fidèles. Nous avons passé une nuit lugubre, dans la prière.
Le lendemain matin, le bombardement a repris, mais sans plus de résultat. Les chrétiens des villages voisins pensaient que Deir-el‑Ahmar était entièrement détruit, alors qu’en réalité quelques murs seulement furent abattus. Ces chrétiens du voisinage priaient. Un saint religieux maronite, connu dans la région pour sa sainte vie et son esprit prophétique ‑ il s’agit du Père Boutros Mounsef ‑ avait passé la nuit dans un village proche de Deir-el‑Ahmar. Il avait vu les obus tomber sur ce dernier. Le lendemain matin, il célébra sa messe de bonne heure et descendit à pied vers Deir-el‑Ahmar. Voici ce qui se passa. Je ne me suis pas contenté de ouï‑dire, mais je l’ai interrogé moi‑même, étant son ami. Il me raconta ce qui suit . Pendant qu’il se dirigeait à pied vers le village bombardé, il rencontra en route une femme tout habillée de noir. Il la salua et lui demanda où elle allait de si bonne heure. « Je vais à Deir-el‑Ahmar, lui répondit‑elle. Et vous, Père, où allez‑vous ? – A Deir‑el‑Ahmar également», reprit le Père. Comme il connaissait tous les habitants maronites de cette région, il se demanda qui pouvait bien être cette femme. « Qui êtes‑ vous ? » lui dit‑il. Elle reprit : « Ne me demandez pas trop mon nom ; je suis la ViergeMarie. » Le Père se prosterna à ses pieds et, la regardant, vit ses mains et ses manches toutes noircies. « Pourquoi, lui demanda‑t‑il, avez‑vous les mains et les manches si noires ? » Elle répondit : « Mais j’ai tant repoussé le feu qui tombait sur Deir-el‑Ahmar cette nuit, et je vais maintenant protéger le village contre les obus qui vont y tomber encore ce matin.
Va leur dire, c’est‑à‑dire aux fidèles du village, que personne d’entre eux ne sera atteint et que dans trois jours ils auront la paix. »
Et de fait, absolument personne ne fut touché, pas même blessé, et trois jours après, il y eut une trêve qui dura quelque temps au Liban et au cours de laquelle la région resta calme. Et la Vierge disparut d’un coup.
Ce saint moine est en train de faire des conversions étonnantes parmi les jeunes gens chrétiens de la région.
Dans tout le Liban, il y a eu des événements extraordinaires durant cette guerre de cinq ans. Je cite ceux que je connais de façon certaine.
Zhalé est une petite ville entièrement chrétienne, située au sud de Baalbeck, à une vingtaine de kilomètres environ. Elle est dominée par une statue de la Vierge tenant l’Enfant Jésus et placée sur les hauteurs de manière à être vue de loin. Elle est en bronze et mesure près de neuf mètres de hauteur. Elle est placée sur une colonne colossale haute de près de 30 mètres (je ne connais pas la mesure exacte). Durant la guerre, la ville de Zahlé a subi des bombardements pendant de longues semaines de la part des villages musulmans situés à une dizaine de kilomètres de distance. Les dégâts ne furent pas en proportion de ces bombardements. La Vierge, je veux dire sa statue, qui est à portée de vue, était spécialement visée. N’importe quel tireur aurait pu l’atteindre. Mais aucune balle, aucun obus n’ont pu l’atteindre. La colonne elle‑même, sur laquelle elle est placée, n’a presque pas été touchée, malgré la fréquence de ces bombardements. Mais ce n’est pas sur ceci que je voulais m’arrêter. Il y a eu autre chose. Un jour, je ne me souviens pas de la date, la statue de bronze qui mesure près de neuf mètres, à tourné autour d’elle‑même. On l’a vue, pendant quelque temps, le visage et tout le corps dirigés successivement vers les quatre points cardinaux. Ceci a duré pendant près d’un quart d’heure. Tout le monde en ville l’a vu tourner. Le lendemain, l’archevêque de Zahlé, feu Mgr Jean Bassoul a réuni une cinquantaine de personnes, des plus cultivées de la ville, qui ont rendu témoignage et déclaré avoir vu cet événement.
Beyrouth : à Beyrouth, dans le quartier chrétien d’Achrafié, se trouve l’église grecque‑orthodoxe de l’Annonciation, contiguë au couvent des religieuses grecques-orthodoxes qui desservent cette église.
Les religieuses m’ont raconté qu’au cours du bombardement de cette région chrétienne de la capitale, elles ont reçu des coups de téléphone de la part de chrétiens du quartier, leur disant que la Sainte Vierge apparaissait au‑dessus de leur église.
De fait, les religieuses sont sorties de leur couvent et ont vu la Vierge au‑dessus de l’église.
Ces apparitions de la Vierge ont eu lieu dans d’autres quartiers de Beyrouth et d’ailleurs, au cours des événements et pendant que les chrétiens vivaient dans la terreur des bombardements.
Ces apparitions n’étaient pas individuelles. Tous ceux qui étaient présents les voyaient et en témoignaient. Dans les régions où il y avait des musulmans, ceux-ci les voyaient autant que les chrétiens. L’un d’eux, Hussein Ahma El Chal, berger, ayant vu les apparitions au‑dessus de Deir‑El‑Ahmar, disait à ses coreligionnaires : « Ne vous fatiguez pas à combattre les chrétiens ; ne voyez‑vous pas que Dieu est avec eux ? »
NB ‑ La villages de Majdaloum, Chlifa, etc., sont parmi les villages qui ont été les témoins les plus proches des apparitions. Ce sont tous les villages de la Békaa qui ont été témoins de ces manifestations miraculeuses.
Ceux qui ne les ont pas vues chez eux les ont vues chez les autres. Toutefois, l’Eglise au Liban n’a pas fait de communiqué officiel.
Quant aux apparitions individuelles, il y en a eu, semble‑t‑il, à Kaa, à Beyrouth, à Aïn‑el‑Delb mais l’Église préfère ne pas se prononcer sur leur authenticité.
1 Repris de Notre Dame des Temps Nouveaux, n°suppl. 41, s.d.
2 Archevêque grec-melkite-catholique de Baalbeck.