Partager la publication "Des idées toutes «bêtes»"
Par Roland Van Boextaele
Des idées toutes «bêtes»1
Résumé : Interrogé par le magazine d’une société gazière belge, l’auteur , Directeur du Zoo d’Anvers, montre l’ingéniosité du monde animal pour produire et utiliser l’énergie. Ainsi l’onomacris, un scarabée du désert, capte l’eau de condensation nocturne avec sa carapace. Le cormoran, calorifugé sous un épais duvet, accélère sa respiration pour se refroidir lorsqu’il est à terre… Mais d’où vient le comportement si intelligent des « bêtes » ?.. Telle est la question que le zoologiste devait bien se poser un jour !
La source d’énergie la plus importante pour l’homme et l’animal est l’eau. Sans eau, nous ne pourrions pas survivre. Elle nous fournit la matière pour l’énergie dont nous avons besoin pour consolider et rajeunir nos cellules. Les animaux qui vivent dans des circonstances exceptionnelles avec très peu d’eau ont développé des techniques spéciales pour disposer malgré tout de l’énergie nécessaire. Le chameau en est peut-être l’exemple le plus célèbre. Il stocke de la graisse, dont l’eau est une des composantes principales, dans ses bosses pour la brûler plus tard et la transformer en énergie.
Gagner de l’eau :
L’eau salée ne suffit pas à la plupart des animaux. De hautes concentrations en sel sont même mortelles pour nombre d’entre eux. Heureusement, certaines espèces d’animaux ont une sorte de système de filtre pour ôter le sel de l’eau, par exemple les autruches et les chamois. Chez un certain nombre d’oiseaux, comme les albatros, on peut clairement voir ce filtre. Il se trouve dans un petit tuyau situé au-dessus du bec. Il existe encore d’autres systèmes pour obtenir sa ration d’eau. L’onomacris est un petit scarabée du désert de Namibie. Chaque nuit un brouillard qui résulte des courants froids de la côte et du vent de l’océan se lève dans le désert. L’onomacris sait se servir de ce brouillard.
La nuit, il se met avec le ventre contre les dunes de sable du désert, il lève son arrière-train et baisse la tête. Ainsi le brouillard se condense sur sa carapace. Les trous de la carapace fonctionnement comme des canaux d’irrigation et transportent l’eau condensée. Comme le scarabée se trouve la tête en bas, l’eau coule directement vers sa bouche.
L’électricité et le gaz pour survivre :
D’autres animaux encore savent comment profiter intelligemment de l’eau. Dans la petite salle tropicale de l’aquarium du zoo, nous rencontrons le gymnote. Ce poisson de la famille des anguilles, venu d’Amérique du Sud, utilise l’eau comme conducteur du courant électrique. Dans sa queue, il a des structures musculaires qui travaillent comme des piles. Grâce à cela, le gymnote est capable de générer une décharge de 500 volts. Avec le courant qui est lancé dans l’eau, il se protège et enflamme (?) ses proies. Sur la terre, cela ne fonctionnerait pas, mais les animaux y ont développé bien d’autres méthodes. Les cyrtodiopsisdalmanni par exemple, secrètent un liquide malodorant qui, sous la pression d’un gaz qu’ils fabriquent, les protège de leurs agresseurs.
Des systèmes de ventilation dans la nature :
Lorsque les animaux vivent aussi bien dans l’eau que sur la terre, il doivent s’adapter à deux environnements totalement différents. Les cormorans sont très bien isolés pour résister à l’eau froide. Mais sur terre, ils ont rapidement chaud. Pour prévenir la surchauffe, il doivent se ventiler. Ce qu’ils font en adoptant une respiration courte et rapide. Comme les chats et les chiens, ils halètent, une méthode qui a fait ses preuves pour évacuer la chaleur due au rayonnement du soleil. Certains animaux s’y prennent tout à fait différemment. Ils règlent collectivement leur ventilation. Les ruches et les termitières en sont des exemples. Dans une termitière, la température peut grimper très haut mais les œufs et les larves ne doivent pas subir de surchauffe. C’est pourquoi la chaleur excédentaire est évacuée par un tuyau central.
Leur système ressemble à un chauffage central avec une cheminée. Chez les abeilles, un groupe à part se consacre à la ventilation. Il s’agit de battre constamment des ailes à l’entrée de la ruche.
1 Repris d’Energie, magazine de la Sibelgaz