Les transes du « scientifiquement correct »

Par Dominique Tassot

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Résumé : La montée en puissance des opposants au darwinisme est flagrante aux Etats-Unis. En Europe, deux ministres de l’Éducation ont tenté, mais en vain, de briser le faux consensus : en Serbie et en Hollande. En France, la récente projection par la chaîne de télévision Arte du film Homo Sapiens, une nouvelle histoire de l’homme a déclenché une contre-offensive : peu d’arguments scientifiques, mais une grande violence verbale contre les personnes et les groupes qui nient l’existence d’un hasard organisateur. Le Monde puis le Nouvel Observateur ont publié chacun un numéro spécial afin de discréditer l’opposition, mais principalement par des arguments ad hominem : ce ne sont pas de « vrais » scientifiques mais des « créationnistes » ; ils sont croyants donc leur démarche n’est pas objective, car religieuse, etc.
Cette surréaction devant un si petit nombre d’opposants méritait d’être examinée de plus près, on le verra. 

Rien n’est plus fort qu’une idée qui vient à son heure. À en juger par les protestations qui surgissent de divers côtés, la prise de position du cardinal Schönborn contre l’évolutionnisme a touché l’adversaire au point sensible et le débat, à l’évidence, est loin de se terminer. Mais qu’a-t-il pu dire de si désagréable aux oreilles, puisqu’il n’a pas (encore ?) nié le « fait » de l’Évolution ?

Comme on l’a vu dans Le Cep n° 33, l’article de mille mots qu’il avait donné dans le New York Times du 7 juillet dernier sortait des sentiers battus non par une manière originale d’opposer ou de composer la science et la foi, mais par son point de vue critique sur la science. Or l’autorité intellectuelle de la science avait traversé à peu près indemne le vingtième siècle. Aux yeux de nos contemporains, la science demeure le domaine exclusif des certitudes rationnelles, tandis que la religion et la philosophie seraient le domaine des convictions subjectives.

Les théologiens eux-mêmes semblent donner raison à cette approche, puisque l’apologétique1 a disparu de leur enseignement. Pourtant, lorsque les penseurs de la Grèce antique opposaient « science » et « opinion », lorsqu’Hippocrate énonçait l’adage : « savoir, c’est la science ; croire savoir, c’est l’ignorance », la science dont il était question ne faisait que prolonger une  réflexion issue des vérités générales de la métaphysique afin de mieux appréhender les faits sensibles. L’idée d’opposer science et philosophie aurait paru si absurde que Newton intitulait son grand traité de physique : « Les Principes mathématiques de la philosophie naturelle » (Philosophiæ naturalis principia mathematica), et que les docteurs ès sciences dans les pays anglo-saxons se signalent encore aujourd’hui par les prestigieuses initiales PhD (docteur en « philosophie »).

En contestant l’autorité propre que s’est arrogée la communauté scientifique, en affirmant sans ambages que  « l’évolution darwinienne est (objectivement et nécessairement) fausse », le cardinal Schönborn a suscité d’autant plus de réactions que la société américaine voit la montée en force des créationnistes dans les écoles (avec quelques procès retentissants comme à Dover, en Pennsylvannie), découvre le développement de l’Intelligent Design2 à l’université, et entend cette déclaration du Président George W. Bush le 1er août 2005 devant des journalistes texans : « Avant tout, les décisions doivent être prises au niveau local, celui de districts scolaires, mais je pense que les deux positions doivent être enseignées correctement afin que les gens saisissent la nature du débat (…) Une partie de la mission de l’éducation est de présenter aux écoliers les différentes écoles de pensée ».

À l’idée que l’Évolution pourrait ne plus être enseignée comme une certitude, les milieux rationalistes solidement campés dans les universités européennes ont pris peur et engagé une guerre préventive. Ainsi en Serbie, lorsque le ministre de l’Éducation a demandé que l’évolution soit enseignée comme une hypothèse contestable, il fut forcé de démissionner.

En Hollande, Madame Maria van der Hoeven, ministre des Sciences et de l’Enseignement, est restée en poste mais son parti (démocrate chrétien) ne l’a pas soutenue. En  France, l’affaire du film documentaire  Homo Sapiens, une nouvelle histoire de l’homme, diffusé sur Arte le 29 octobre, s’avère fort instructive. Le réalisateur, Thomas Johnson, avait rencontré en 1998 un paléontologue du CNRS, Anne Dambricourt-Malassé, à l’occasion d’un documentaire pour  France 2 sur les grands singes. Il avait retenu une phrase de son interview : « Nous sommes les grands singes de ceux qui nous succéderons. » « Une phrase courte, écrit-il, mais suffisamment forte et énigmatique, pour me pousser à retourner la voir afin de tenter de comprendre ses découvertes »3. Le moins qu’on puisse dire, est que cette phrase remarquable n’a rien d’antiévolutionniste ! Anne Dambricourt est d’ailleurs secrétaire générale de la Fondation Teilhard de Chardin, ce qui devrait suffire à garantir son « orthodoxie » évolutionniste…Mais tel n’est pas le cas : elle croit à une évolution dirigée convergeant vers le mythique point Oméga de  l’univers teilhardien, qu’elle qualifie lyriquement de « grand attracteur harmonique de l’évolution » (sic)4.        

Agir intelligemment, c’est agir en vue d’une fin. Reconnaître que les phénomènes de la vie sont orientés, que l’univers a un sens, c’est donc –même sans le dire- y apercevoir une intelligence à l’œuvre et frayer un chemin vers l’existence de Dieu.

Or toute allusion à une finalité, si ténue soit-elle, suffit à déclencher une réaction. Les juifs ne voulaient pas prononcer (en vain) le Nom de Dieu ; les athées militants qui occupent l’Université ne supportent même plus qu’on y pense ! Lorsque les rationalistes de l’état-major darwinien eurent vent de la projection du film de Thomas Jonhson, ils tentèrent aussitôt de l’arrêter : des messages de protestation orchestrés par Guillaume Lecointre, professeur au Muséum, parvinrent à la direction de la chaîne, mais trop tard pour le faire déprogrammer.

On assista ainsi à une première dans l’histoire de cette émission : le film fut suivi d’ un « débat » entièrement à charge, visant à détruire tant la personne d’Anne Dambricourt que sa thèse, sans un  seul intervenant pour la défendre alors qu’il eut été facile d’en trouver : entre René Thom, le mathématicien, Henry de Lumley, ancien directeur de l’Institut de Paléontologie humaine, l’incontournable Yves Coppens, longtemps membre du comité d’administration de la Fondation Teilhard de Chardin, voire l’un ou l’autre scientifique de renom gravitant autour de l’Université Interdisciplinaire de Paris (dont Anne Dambricourt est un membre influent). Dès le lundi suivant (31 octobre) Le Figaro titrait sa page scientifique : « Un film soupçonné de néocréationnisme fait débat ». Des articles de cette page nous extrairons quelques phrases significatives.

 Anne Dambricourt, paléanthropologue, avait constaté que l’os sphénoïde, à la base du crâne, donc lié au cerveau, différait entre singe, australopithèque, et Homo Sapiens. Il y a donc, pour elle, une « évolution », et comme le sphénoïde n’est pas un organe à proprement parler, il faut que l’information génétique qui préside au développement de l’embryon ait changé d’elle-même, sans interaction avec l’environnement. « Cela peut provenir d’une mémoire contenue dans le patrimoine héréditaire, écrit-elle (…) C’est donc l’information génétique qui évolue et on constate, dans le cas de notre lignée, qu’elle évolue sur plusieurs millions d’années entre deux transformations anatomiques. Je ne suis pas en mesure de dire comment cela est possible, puisque c’est en dehors du champ des compétences des paléontologues. Quant aux biologistes, ils étudient des périodes de temps trop courtes pour constater ce type de processus ».

On aura reconnu au passage les ingrédients habituels des thèses évolutionnistes : les millions d’années supposés, la charge de la preuve transférée aux spécialistes des autres disciplines, et enfin l’a priori de l’Évolution.

Pour se défendre de tout « créationnisme », elle a soin de préciser : « Je ne suis pas croyante à cause de cette découverte ou avant cette découverte. C’est historiquement profondément faux, puisque j’étais distante de toute religion ».   

Or ces dénégations ne suffiront jamais à désarmer une opposition qui n’est pas de nature scientifique, mais idéologique. On va lui opposer les arguments classiques des rationalistes : un croyant ne peut être un « vrai » scientifique, puisqu’il a des « préjugés ». Affectons-lui donc une étiquette en «-iste » pour l’exclure du débat !..

Ainsi Jean-Jacques Jaeger, professeur de paléontologie des vertébrés à Montpellier : « C’est la description d’un phénomène évolutif, formulée par quelqu’un qui n’a jamais entendu parler de science ». Guillaume Lecointre : « Ce documentaire est de la théologie déguisée en science, et le public est trompé ». André Langaney, directeur du laboratoire d’anthropologie biologique du Musée de l’Homme et professeur à l’Université de Genève : « Madame Dambricourt fait du finalisme pour faire plaisir aux intégristes. Ce qu’elle écrit relève de la falsification ».

Quant au réalisateur du film, Thomas Johnson, il se dit « opposé aux idées créationnistes » qu’il juge « ridicules », estimant qu’il peut y avoir « une direction donnée dans l’évolution qui ne soit pas finaliste » [sic !].

Nous laisserons le lecteur qualifier cette dernière formule ; l’important est ici de bien comprendre que cette dérive langagière des arguments démontre la nature foncièrement non-scientifique du débat. En réalité, c’est la question de Dieu, et elle seule, qui est en cause. Depuis plus de deux siècles, l’évolution a été conçue et propagée pour exclure  la Création divine ; l’idée d’évolution a pour mission de se substituer dans les esprits à l’idée de Dieu. L’évolution n’est pas simplement une philosophie mais une contre-église, avec son catéchisme, ses lieux sacrés,  ses fidèles, ses prêtres et ses donateurs. Nous laisserons aujourd’hui de côté la question de savoir si ses grands-prêtres y croient vraiment5 .

Nous voulons simplement dire à ceux qui, au prix de quelques menus sophismes, croient pouvoir concilier évolution et création : vous êtes hors-sujet, vous vous trompez de porte et tous vos efforts resteront vains ! Les diplômes ou les travaux sont comptés pour rien, dès lors que  l’impétrant refuse de croire au hasard organisateur. Et sur ce point la réaction du cardinal Schönborn mérite d’être méditée. Bien qu’il ne veuille pas (ou pas encore) contester la réalité historique de l’évolution, son récent article sur « La Finalité dans la Science »6 dénonce avec à-propos la dérive idéologique de la science contemporaine. Il donne en exemple cette citation caractéristique de l’américain Will Provine6bis : « La science moderne suppose sans exception que le monde est organisé strictement en accord avec les principe déterministes ou le hasard. Il n’existe absolument aucun principe prémédité dans la nature. Il n’y a pas de dieux ni de forces intentionnelles rationnellement détectables ».

 Face à cette prétention insensée, face à cette arrogance injustifiée, Christoph Schönborn a le courage intellectuel de réaffirmer : « Rien n’est intelligible, rien ne peut être saisi dans son essence par notre intelligence, sans avoir été d’abord ordonné par une intelligence créatrice. (…) Le monde naturel n’est rien d’autre qu’un intermédiaire entre des esprits : l’esprit sans limite du Créateur et notre esprit humain limité ». Et de conclure : « En réalité, mon argument était supérieur à un argument « scientifique » puisqu’il était basé sur des vérités et des principes plus certains et plus permanents. (…) Ce qui passe souvent pour de la science moderne, avec sa lourde accumulation de matérialisme et de positivisme, est simplement une vue erronée de la nature sur des points essentiels.

 (…) Mon article était destiné à sortir les catholiques de leur sommeil dogmatique à propos du positivisme en général et de l’évolutionnisme en particulier. Il semble y être parvenu. »

Il semble que les évolutionnistes français sentent aussi le besoin de sortir de leur confortable tour d’ivoire. Le supplément au Monde du samedi 8 octobre s’intitulait « La nouvelle guerre civile américaine ; Dieu contre Darwin », avec deux thèses défendues : les partisans de l’Intelligent Design ne sont que des créationnistes déguisés, des « néocréationnistes » ; leur opposition à Darwin est donc en réalité de nature religieuse.

Puis en décembre 2005, le numéro hors-série du Nouvel Observateur, intitulé : « La Bible contre Darwin », admettait les « dérives créationnistes en France », allusion au film de Thomas Johnson et à l’UIP (Université Internationale de Paris). Ce qui frappe, dans ce numéro de 80 pages rédigées par des universitaires, c’est le ton méprisant et la violence des épithètes visant à déconsidérer sans aucune objectivité les antidarwiniens. En page 6 on peut lire un « appel à la vigilance » signé par une centaine de scientifiques, « face au retour insidieux du divin dans le travail des sciences ». Pour ces esprits attentifs, le « néocréationnisme » serait une « ineptie ». Pour Stéphane Hergueta, zoologiste, la « propagande antiévolutionniste » est une « falsification » : « Falsifier, travestir, mentir, semblent bien être les maîtres-mots de ces nouveaux mouvements créationnistes pour discréditer une science qu’ils refusent. » Pour le Nouvel Observateur, l’action des universitaires américains groupés autour du Discovery Institute n’est qu’un « débat pseudo-scientifique » dans « le combat politique qui vise à la cléricalisation de la sphère publique », ou encore une « idéologie parascientifique » (Patrick Tort)7.

Pour Guillaume Lecointre, le créationnisme est « une véritable régression de la pensée rationnelle. »  Pour le philosophe athée Yvon Quinion, « la science réfute définitivement le Dieu des religions révélées ainsi que l’image du monde et de l’homme qu’il contribuait à fonder ». Le jésuite François Euvé tente même de dédouaner Teilhard de l’accusation de finalisme : « Pour Teilhard, le rôle du hasard n’est pas niable. Il ne parle pas de « bricolage » mais de « tâtonnement ». Tout se passe comme si la nature ne savait pas à l’avance où se diriger. En apparence, aucun plan préconçu. Dieu le sait-il ? Sans doute, mais que sait-il ? (…) Teilhard a conscience que le Dieu « évoluteur » ne peut pas entrer dans les catégories des métaphysiques anciennes, sous la figure d’un « Être suprême », « surplombant » le cosmos et l’histoire, « maître et propriétaire8» (…) Nous sommes ainsi aux antipodes d’un Intelligent Designer, programmeur du cosmos et de l’histoire, ne laissant en quelque sorte à l’humanité qu’à mettre en application un plan conçu dès le commencement ». Nous laisserons ici le P.Euvé, sa « nouvelle face de Dieu » et son « néochristianisme », tout comme le Pr Roger Pouivet qui ne voit dans les créationnistes américains que « des littéralistes qui pratiquent une lecture superficielle et même stupide de la Genèse, ignorant la distinction entre ce qui est à prendre à la lettre, et ce qui ne l’est pas », ou encore Olivier Tinland qui conclut ainsi ce numéro hors-série : « Qu’un tel mélange de crédulité et d’ignorance prétende être la trace visible de la sagesse divine, tel n’est pas  le moindre paradoxe du créationnisme contemporain ».

Je ne sais ce qui restera dans la tête d’un lecteur découvrant l’existence d’une opposition à Darwin à travers ces pages du Nouvel Observateur ? Probablement peu de choses, car l’idée que le darwinisme est scientifique lui a déjà été inculquée depuis l’école. Peut-être même sera-t-il intrigué par ces opposants mystérieux dont on dit tant de mal sans même les laisser parler. On pense à ces soviétiques qui en étaient réduit à collationner les citations bibliques dans les écrits de propagande marxiste, pour reconstituer, souvent avec pertinence, quelques filets d’eau vive où s’abreuver.

Ainsi les évolutionnistes ont pris peur et surréagissent, ce qui prouve leur désarroi et leur difficulté à comprendre la situation. Car l’affirmation répétée de leurs fausses certitudes n’aura aucune prise sur un adversaire qui connaît le prix du combat intellectuel et qui, lui, jouit d’une vérité acquise par la confrontation des thèses et des arguments. Que dans l’Église catholique on puisse dénoncer le faux consensus et descendre dans l’arène à la suite  d’évangéliques, de baptistes, de juifs9 ou de musulmans10, est un signe encourageant, même s’il est beaucoup trop tôt pour discerner la suite des opérations. Mais nous croyons, nous, que Dieu n’est pas le pseudonyme d’un hasard organisateur et qu’Il sait, lui, par prescience, où son plan nous conduit.


1 Apologétique : discipline relative aux preuves rationnelles de l’existence de Dieu et des vérités de la foi.

2 Lire à ce sujet l’article de C. Éon, dans ce même numéro.

3 Thomas Johnson, Lettre ouverte. Réponse à la mise en accusation du film documentaire « Homo Sapiens, une nouvelle histoire de l’homme », Université interdisciplinaire de Paris, www.uip.edu/fr/lettre_ouverte.html

4 Nouvelles Clés. Entretien avec Anne Dambricourt. 22/12/05 (www.nouvellescles.com)

5 On connaît la célèbre formule du Pr Paul Lemoine, ancien directeur du Muséum d’Histoire Naturelle, dans l’Encyclopédie Française (1933) : « La théorie de l’Évolution est impossible. Au fond, malgré les apparences, personne n’y croit plus, et l’on dit sans y attacher d’importance « évolution » pour signifier « enchaînement » ou « plus évolué », « moins évolué » au sens de « plus perfectionné,  « moins perfectionné » parce que c’est un langage conventionnel admis et presque obligatoire dans le monde scientifique. L’évolution est une espèce de dogme auquel ses prêtres ne croient plus, mais qu’ils maintiennent pour le peuple. Cela, il faut avoir le courage de le dire, pour que les hommes de la génération future orientent leurs recherches d’une autre façon ». (Cité par le Dr A.Labbé. Le conflit transformiste, Alcan, Paris, 1937, p.32)

6 Lire plus loin la traduction dans ce même numéro.

6bis Un des chantres de l’évolutionnisme, historien de la biologie à l’Université Cornell (New York)

7 Concernant l’activité de « commissaires de la pensée » que déploie le couple formé par Patrick Tort (Professeur détaché au Muséum d’Histoire naturelle et directeur de la publication intégrale -35 volumes- des œuvres de Darwin) et Guillaume Lecointre, on lira avec intérêt ces lignes signées par le rédacteur en chef du journal scientifique Fusion (n° 87 – septembre-octobre 2001) : «Crime de lèse-darwinisme – Ceux de nos lecteurs qui ont lu l’édition du Charlie-Hebdo du 26 juin ont dû être surpris. Ils pouvaient en effet y lire que Fusion était un magazine « nauséabond », réservé « aux chiens écrasés de la science ». Par ailleurs, « la plupart des articles sont d’une incohérence inouïe ». Fermez le ban !

(Suite de la note 7). Mais qu’est-ce qui provoqua ce déluge d’insultes ? Tout simplement le fait que Fusion avait voulu organiser à l’université des sciences et technologies de Lille, en collaboration avec l’Institut Schiller, une réunion sur le thème « Ce que les scientifiques peuvent apprendre des poètes ».

Un des enseignants vit dans cette réunion une « tentative d’infiltration créationniste », comme l’écrit Charlie, et alerta le président de cette université, Jacques Duveau, qui décida d’interdire la conférence le jour même où devait se tenir la réunion. Selon lui, le tract annonçant la conférence était « de nature à contrevenir au principe de l’objectivité du savoir, tel qu’il ressort de l’article L-141,6 du code de l’éducation ». Décision qualifiée de « remarquable » par Guillaume Lecointre, le « responsable scientifique » de Charlie et auteur des propos cités plus haut.

Pourquoi nous diaboliser ? Parce que Guillaume Lecointre, qui travaille à l’Institut de Systématique, est un darwinien viscéral. Pour lui, comme pour Patrick Tort, grand prêtre du darwinisme en France, s’opposer à Darwin, c’est s’opposer à l’évolution et donc se rendre coupable de « créationnisme ». Lecointre et Tort collaborent à une nébuleuse d’associations – Libre-Pensée, Union rationaliste, Association française pour l’information scientifique, Union internationale  humaniste laïque – qui prétendent défendre pêle-mêle laïcité, tolérance, justice sociale, raison, science et humanisme.

En ce qui concerne leur tolérance, nous la jugeons –pour l’avoir expérimentée– plutôt sectaire. Pour faire taire leurs contradicteurs, Lecointre, Tort et leurs amis ont organisé une véritable inquisition au sein de la communauté scientifique. Peu nombreux, mais bien organisés et influents, les humanistes à la sauce darwinienne prétendent décider de ce qui est scientifique et de ce qui ne l’est pas, s’auto-érigeant en gardiens du temple scientifique et en serviteurs de la déesse Raison.

Pour ce qui est du reste, cela fait partie du discours séducteur (et trompeur) adopté par les héritiers de Darwin pour faire passer sous un meilleur jour leurs desseins beaucoup moins recommandables, dont le malthusianisme et l’eugénisme sont les principaux traits communs. Déjà, les darwiniens comme Russell, Wells ou Huxley, dont nous parlons dans ce numéro de Fusion, revendiquaient des « méthodes humaines » pour diminuer la population sur Terre tout en accroissant sa « qualité biologique ». Le savoir « objectif » darwinien dont se réclament nos matérialistes, c’est celui qui prétendait  hier prouver que les pauvres ou les Noirs étaient génétiquement inférieurs, celui qui, comme Lecointre, déclare aujourd’hui que l’idée d’une « spécificité humaine qualitativement supérieure à celle des autres organismes, (…) n’a pas de valeur scientifique. »

Enfin, ces humanistes » ne viennent-ils pas de lancer une pétition internationale pour défendre le clonage humain (qui ressort sans doute de l’ « objectivité du savoir ») et demandent à ce que les autorités religieuses juives, musulmanes et chrétiennes soient exclues du débat  Pour eux, le clonage ne soulève pas de question morale particulière. Parmi les signataires, tous lauréats de l’Académie internationale de l’humanisme, on retrouve les fameux sociobiologistes Richard Dawkins et Edward Wilson, chantres de la dictature du gène (Emmanuel Grenier).

8 On se demande ce qui reste à ce dieu « compagnon de l’humanité » qu’il accompagne sans la guider ni même la précéder !..

9  La revue Kountrass

10 Le site harunyaya.com

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