Le temps des « présents » corrupteurs

Par Yves Germain

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Résumé : Il n’est ni interdit ni inutile de lire les temps que nous traversons à la lumière de l’Apocalypse,  car bien des versets semblent s’y appliquer. Savoir que Babylone tombera, cette « Babylone la grande qui a abreuvé toutes les nations du vin de son iniquité », nous incite en effet à résister aux suggestions toutes païennes d’une société qui uniformise les nations en une cité de l’Homme oublieuse de la cité de Dieu.
La multiplication des « présents », sous diverses formes et à tous propos, en est un signe remarquable : nombreux sont les versets bibliques à nous mettre en garde contre ces présents corrupteurs dont les colonnes des journaux, comme nos boîtes-à-lettres, sont quotidiennement remplies. Mais la croissance de l’iniquité connaîtra un terme et « toute chair verra le salut de Dieu ».

Ne soyons pas trop surpris, quand nous apprenons qu’une religieuse a eu la vision d’un « krach financier » mondial …Même des incroyants ayant des postes importants s’inquiètent… La Télévision nous avait montré, en octobre 1994 (Arte), combien Monsieur Ergas, alors numéro 2 de la société Péchiney, craignait pour l’avenir de l’Europe face au chômage. L’Ecriture va plus loin, dans un langage symbolique, il est vrai. Nous pouvons cependant y lire qu’il y aura un jour : « sur la terre, une angoisse des nations, inquiètes du fracas de la mer et de son agitation, les hommes expirant de frayeur dans l’attente de ce qui doit arriver à l’univers » (Lc 21, 25-26).

Le « fracas de la mer » se comprend dès que l’on sait que les « eaux » représentent, comme le dit saint Jean, « des peuples, des foules, des nations et des langues » (Ap 17,15) qui seront alors « agités ».

L’Apocalypse de saint Jean nous montre qu’un jour cette agitation touchera « toutes les nations », « le monde entier » (Ap 3,10), la « terre entière ». Elle ne peut donc concerner que notre époque ou un temps à venir…

C’est pourquoi « Babylone égare toutes les nations »  (Ap 18,23). Puis disparaît :

« Elle est tombée Babylone la grande qui a abreuvé toutes les nations du vin de son impudicité » (Ap 14,8).

L’impudicité, car « la prostitution » indique un temps où les hommes, abandonnant Dieu, se donnent aux idoles et aux idéologies, après avoir refusé « le vin doux » de l’Evangile, suivant l’expression des Pères de l’Eglise.

Mais tout d’abord qu’est-ce-que Babylone ?

La Bible Crampon nous dit :

« La grande prostituée (Babylone) c’est la société antichrétienne, la cité des hommes, opposée à la cité de Dieu, à la société chrétienne » (p.322).

Le Concile Vatican II rappellera que par la prédication « l’Eglise triomphe de la dispersion de Babel » (Ad Gentes 4).

Dans le catéchisme romain on peut lire que Babel est le signe « d’une humanité déchue qui, unanime dans sa perversité, voudrait faire par elle-même son unité, à la manière de Babel », et que c’est une « perversion païenne » (p.27).

Désormais tout est clair : Babel ou Babylone représente un monde qui veut régler ses problèmes devenus mondiaux sans faire appel à la loi de Dieu, uniquement avec des principes païens.

La première Babel fut construite avec des briques (Gn 11) et non avec des pierres, ce qui indiquait déjà la volonté de ces hommes de ne construire qu’avec des matériaux strictement humains.

L’Eglise, elle, ne sera pas construite sur une brique mais sur le Roc, en référence au fameux rocher de Moïse qui donna de l’eau aux Hébreux assoiffés (Deut 8.15 – Ps 77,20). Et la nouvelle eau qui jaillira de l’Eglise, c’est la Parole du Christ. Celui qui en boit n’a « plus jamais soif » (Jn 4, 14).

L’Apocalypse annonce un temps où « les habitants de la terre se réjouissent » (Ap 11, 10) à la vue des deux témoins spirituellement « morts » (les juifs et les chrétiens), ce qui indique un temps où le paganisme régnera sur le monde.

Et alors, nous dit saint Jean : (Ap 11, 10), « les habitants de la terre se livreront à l’allégresse et s’enverront des présents ».

Mais quel est le sens des « présents » dans l’Ecriture ?

-Ex 23,8 : « Tu n’accepteras pas de présent, car le présent aveugle les clairvoyants et ruine les causes des justes »

-Prov 17, 23 : « Le méchant accepte un présent (tiré) de sous le manteau »

-Eccl.7, 7 : « Car l’oppression rend le sage dément, et le présent perd le cœur »

-Sir 20, 20 : « Présents et dons aveuglent les yeux des sages »

-Is 33, 15 : « Le juste secoue les mains pour ne pas recevoir de présent »

Saint Jean annonce donc un temps mondial où le cadeau,  « le présent », régnera. En clair, il prévoit un temps de corruption. Puis il nous en décrit le dénouement,  la chute de Babylone :

 « Et les marchands de la terre pleurent et sont dans le deuil à son sujet, parce que personne n’achète plus leur cargaison : cargaison d’or, d’argent…de lin fin….et de toutes sortes d’objets….d’airain, de fer….et des corps et des âmes d’hommes… » (Ap 18,11)

A travers cette symbolique, nous devons comprendre que le commerce international est touché, y compris « les corps et les âmes » qui s’achètent aussi, dans un monde devenu profondément matérialiste. Quelle vision ! Saint Jean ajoute que « les marchands pleureront et se désoleront » (Ap 18,15) ainsi que tous ceux qui « exploitent la mer » (les peuples).

Alors curieusement saint Jean écrit :

Ap 18,20 : «Réjouis-toi sur elle, ô ciel, et vous aussi, les saints, les apôtres et les prophètes, car en la jugeant, Dieu a fait justice. »

Et encore :

Ap 18,21 : « Babylone la grande cité, on ne la trouvera plus ! »

Le monde païen des idoles et des idéologies s’est effondré… Un monde nouveau apparaît alors  (Ap 19,6) : « Alléluia ! (Vive Dieu) car il règne le Seigneur notre Dieu ».

C’est ce temps qu’annonce également Jean-Paul II, qui, après avoir cité le prophète : « Toute chair verra le salut de Dieu » (Is 40,5) écrit :

« Voilà une possibilité et une espérance que l’Eglise confie aux hommes d’aujourd’hui » (Dominum et vivificantem –§ 55).

L’Evangile sera donc annoncé à « toutes les nations » (Mt 24,14) après un temps sombre « d’iniquité croissante » (Mt 24,12), le temps des païens…

Le Pape nous explique plus loin que cela se fera par le « seul Esprit Saint » dans « le but de rétablir le bien dans l’homme et dans le monde humain, pour « renouveler la face de la terre ». (G 7)

Cette dernière phrase tirée d’Isaïe 65,17 – voir aussi Ps 103,30 – Is 66,22 – 2 Pi 3,13 – Ap 21,1 – nous croyons trop souvent qu’elle se réalisera dans « l’Autre monde ». Mais il est bien dit : « la terre ».

Par la « corruption » nous entrons dans un monde qui va confondre le Bien et le Mal. Nous entrons progressivement dans « Babylone » qui veut dire « confusion ». Notre monde subira le même sort et Jérusalem (l’Eglise), progressivement, renaîtra !

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