Courrier des lecteurs : la suggestion régressive, curiosité envers les « vies antérieures » dans le prolongement de l’article « Au sujet de la réincarnation » dans Le Cep n° 21

Par Monsieur D.A. (Essonne)

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Ce n’est pas la perspective chrétienne, mais votre contribution pertinente à la critique de l’idéologie dominante, du mythe du Progrès, qui me fait apprécier votre revue.

L’abbé Olakingal fait bien de relever la nouveauté des conceptions modernes de la réincarnation tant par rapport aux traditions chrétiennes qu’elles trahissent qu’aux conceptions hindoues ou boudhistes qu’elles ignorent.

Il me semble pourtant s’arrêter en chemin. En effet cette appréhension moderne de la réincarnation est le plus souvent motivée par une curiosité envers ce que l’on nomme les « vies antérieures », et divers expédients psychologiques sont aimablement fournis et monnayés aux fins de « visualiser » ou de « revivre » ces prétendues existences passées.

Le point de vue hindou, comme le soulignait votre article, considère pourtant les incarnations successives dans la perspective d’une rétribution morale expliquant les faiblesses ou les forces de l’individu présent par ses manquements ou réussites passées. Qu’on soit satisfait ou non de son état présent, tout retour vers le passé ne peut apparaître que comme une régression inutile au mieux, mais plus probablement dangereuse.

Et c’est bien ce que sont les techniques de régression vers des incarnations précédentes, sur le mode des suggestions freudiennes du type de « l’homme aux loups » de sinistre mémoire. Ce domaine de la suggestion régressive (ou de la régression suggestive !) a conquis aux Etats-Unis une certaine légitimité et des procès ont pu  être intentés sur la base de telles « expertises », avant d’être invalidés pour certains.

Ces modes participent donc d’une tendance générale à la suggestion répressive et au décervelage en règle. Voici quelques références à ce sujet : La couverture de l’hebdomadaire « Times international » n°48 du 29 novembre 1993 portait en titre « Freud Dead ? » (Freud est-il mort ?). Ce numéro contenait un article aux pages 44 à 49 intitulé Lies of mind (Mensonges au mental) où cette question est abondamment illustrée et commentée : «Des juges ont accordé des indemnités et, parfois, des parents ont été condamnés à la prison, sur la seule base de souvenirs reconstruits par leurs enfants une fois adultes» Il cite aussi une association de Philadelphie : « False Memory Syndrome Foundation. » Les souvenirs peuvent également porter sur des rituels sataniques perpétrés par des proches, ou même des enlèvements par des extra-terrestres ! Le courrier des lecteurs du numéro du 20 décembre revient sur ce sujet. L’International Herald Tribune du lundi 23 janvier 1995, p.7, critique deux livres : «The Myth of Repressed Memory » de E. Loftus et K. Ketcham (traduit en français : Le Syndrome des faux souvenirs et le mythe des souvenirs refoulés, éditions Exergue, 1997) et « Making Monsters » (Fabriquer des Monstres) de R. Ofshe et E. Watters : « Toutefois, le développement récent de ce qui s’est nommé « thérapie de la mémoire retrouvée » est un bien sinistre développement, conduisant à la rupture des familles, à la mise en accusation injustifiée de parents et, dans un cas bien connu, à une sentence de mort erronée pour meurtre. »

Le Monde du vendredi 10 octobre 1997 consacre toute la page 27 aux « Vraies victimes et faux souvenirs des abus sexuels » : « A. Berkeley, Frederick Crews, professeur à l’Université de Californie, évoque le chiffre d’un million au moins de Nord-Américains qui, en dix ans, auraient, au cours d’une thérapie, retrouvé des souvenirs de cet ordre. »

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