Le teilhardisme : une « religion de l’Evolution »

Par Dominique Tassot

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Résumé : Le 7 avril, l’ONU (à New York) et l’UNESCO (à Paris) célébrèrent le cinquantenaire de la mort de Teilhard de Chardin, le célèbre paléontologue jésuite. Comment donc se fait-il que ces institutions mondialistes, généralement hostiles au christianisme, fassent l’éloge d’un religieux ? Le paradoxe n’est qu’apparent. De son propre aveu, Teilhard esquisse et annonce une « religion de l’Evolution » qui n’est plus chrétienne, qui n’utilise les mots de la théologie que dans un sens transposé pour l’adapter au seul « dogme » subsistant : celui de l’Evolution. Les athées (Huxley), les marxistes et les francs-maçons ont pu accueillir cette religion qui loin de chercher leur conversion, magnifiait leur contribution au seul grand œuvre : l’adaptation de l’humanité à une « cosmogénèse » qui ne réclame de nous ni morale ni dogme, mais une adhésion aveugle. Malgré les aspects séduisants de la personne de Teilhard (jésuite, explorateur, savant et poète) il n’est que plus tragique de mesurer sur son cas les dommages de tous ordres qui résultent comme mécaniquement de la croyance au mythe évolutionniste

Le 7 avril dernier, l’Unesco célébrait le cinquantième anniversaire de la mort de Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955), avec retransmission vidéo des messages prononcés le même jour au siège de l’ONU par MM. Kofi Anan, Secrétaire Général de l’ONU, Jacques Chirac et Michel Camdessus (ancien Directeur du Fonds Monétaire International). A cette occasion fut présenté l’ouvrage Pierre Teilhard de Chardin, visionnaire du monde nouveau , écrit par André Dangin (ancien vice-PDG de Thomson-CSF et Président du Comité Européen de Recherche et Développement auprès de la Commission de Bruxelles) et Jacques Masurel (PDG de sociétés textiles en Europe et en Asie et Vice-Président de l’Association des Amis de Pierre Teilhard de Chardin).

Cet ouvrage se présente comme une « source d’inspiration pour nos contemporains en quête de sens et d’espérance ,(…) il est enrichi par soixante commentaires de hauts responsables de la science, des Enseignements, de l’Economie et de la Politique, de philosophes et de théologiens ».

Parmi ces commentateurs nous relevons quelques noms significatifs : Michel Barnier (ancien Commissaire européen, aujourd’hui aux Affaires étrangères), Jean Boissonnat (journaliste et économiste, longtemps rédacteur en chef de l’Expansion), Marcel Boîteux1 (ancien directeur puis président d’EDF), Bertrand Collomb (PDG de la multinationale du ciment Lafarge et membre de la Trilatérale), Yves Coppens (ancien directeur du Musée de l’Homme, membre notamment de l’Académie des sciences et de l’Académie de médecine, et scientifique français sans doute le plus décoré et médaillé : 19 distinctions figurant au Who’s who !), Jean-Pierre Dupuy (professeur à Stanford et à Polytechnique, expert en nouvelles technologies auprès de la Commission de Bruxelles2), Federico Mayor (ancien directeur du l’Unesco), Thierry de Montbrial (professeur à l’Ecole Polytechnique et membre de la Trilatérale), etc…

Ces grandes cérémonies à la mémoire de Teilhard furent quelque peu éclipsées par les funérailles de Jean-Paul II, le lendemain même.

On peut toutefois s’interroger sur ce qui attire de tels hommes d’action et d’influence mondiale dans la personne de l’écrivain et savant jésuite. En effet l’ONU et l’UNESCO sont souvent opposés au christianisme ; leur humanisme conduit à une organisation de la terre fondée sur une fraternité universelle tournant le dos au culte dû au Père commun. Le premier directeur général de l’UNESCO, Sir Julian Sorell Huxley (1887-1975), zoologiste, fut un athée et un matérialiste militant dont le grand-père, Thomas Henry Huxley (1825-1895), est connu comme le vulgarisateur de Darwin en Angleterre. Mais justement, Julian Huxley peut être considéré comme un proche et un ami de Teilhard. Il préfaça Le Phénomène humain lors de sa parution en anglais. Jugeant le livre « émouvant », il en écrivit aussi une critique, publiée alors dans The Tablet.

« Cette appréciation dans un journal catholique est incroyablement ingénue, écrit le P. Agostinho Veloso  S.J., vu que Huxley avait consacré toute sa vie à lutter contre l’idée de Dieu et à combattre le christianisme.»3 

Huxley préfaça encore la biographie écrite par George Barbour (qui avait travaillé et vécu avec le jésuite en Chine) : Teilhard de Chardin sur le terrain. Dans cette préface, p.9, Huxley définit judicieusement le néo-concordisme auquel se rattache Teilhard : « L’éventuelle réconciliation de la Science et de la Foi viendra quand les esprits religieux comprendront que la théologie a besoin d’un fondement scientifique et saisiront le fait que la vie religieuse elle-même connaît l’évolution, et quand les esprits scientifiques accepteront le fait tout aussi important que la religion fait partie du processus évolutif et que dans la phase psycho-sociale de celui-ci, elle est un élément important de l’histoire humaine ».

En octobre 1954, un symposium de 70 participants sélectionnés (dont Niels Bohr et von Neuman) se réunit à l’Université de  Columbia, pour plancher sur l’unité du savoir humain. « A la question : « L’Homme se meut-il encore biologiquement sur lui-même ? » Teilhard répond affirmativement, soutenu par Huxley, contre les immobilistes menés par Gilson et même von Düsen4 (les plus christianisés du groupe, précise Teilhard). Il est convaincu de la nécessité d’élaborer un « néo-humanisme », pour accompagner « l’ultra-évolution » de l’humanité.»5

Ainsi, à six mois de sa mort, restant convaincu que l’évolution biologique de l’homme se poursuit, Teilhard cherche à fonder une religion adaptée à « l’ultra-humain » qui doit surgir. Il voit le christianisme comme un chaînon intermédiaire dans le phylum évolutif qui conduit du chamanisme supposé6 pratiqué au néolithique, vers la religion du futur. Mais quelle religion alors ?

 C’est, pour Teilhard une « religion de l’Evolution » dont, « pour survivre et pour super-vivre, l’Homme a de plus en plus explicitement besoin, dès lors qu’il accède à la conscience de son pouvoir et de son devoir de self-ultra-hominisation (sic)7

A ce stade la prose du jésuite-écrivain quitte le registre d’une certaine poésie du Cosmos, qui avait rendu sa plume célèbre, pour sombrer dans le tragi-comique.

Comique dû à la situation : si nous sommes à l’ultra-humain ce que le singe est à l’homme, est-il sérieux d’imaginer que nos unités de recherche (que le jeune jésuite se désolait de ne pas trouver dans l’Eglise, alors que toutes les universités et les entreprises en possèdent !…) sauront appréhender les besoins de l’âme « ultra-humaine » ? Un singe, même très doué, pourrait-il mesurer nos angoisses et pressentir nos croyances ?…

Mais tragique, surtout : cet enfant intelligent et racé, né dans une famille pieuse et cultivée8, simplement pour avoir cru au mythe évolutionniste, aura consacré sa vie entière à esquisser une nouvelle forme de religiosité qui, en réalité, constitue une régression pure et simple.

Certes ses grandes tirades de longs mots abstraits ont un fort pouvoir évocateur !… Mais une fois dégonflée la baudruche, une fois posée dans toute sa rigueur la question du sens exact des mots et de la vérité des concepts, le teilhardisme se réduit à un mélange confus d’idéologie naïve et de mystique dévoyée, une « gnose chrétienne de plus, une theology-fiction » dira Gilson9. Huxley avait d’ailleurs perçu cette incohérence fatale. Il écrit de son ami : « Sa synthèse entre le christianisme et l’évolutionnisme n’est cohérente que jusqu’à un certain point. Je ne crois pas qu’elle ait un long avenir, mais elle a été une date capitale.» 10

Pour le premier Directeur Général de l’UNESCO en effet, « l’esprit scientifique moderne ne peut admettre le surnaturel. Il ne peut admettre deux royaumes …. La religion, par sa révélation immuable, par ses dogmes, entravait les progrès de la connaissance »11.

Mais la « religion » de Teilhard échappe largement à cette critique, tant il accorde au matérialisme. Son évolution n’est pas dirigée par Dieu ; elle demeure darwinienne, livrée au hasard des atomes crochus et à la survie du plus apte. Chez lui, l’idée d’une création belle et fonctionnelle dès le départ, l’idée d’un Cosmos qui régissait pourtant la pensée grecque, a disparu, remplacée par une « Cosmogénèse » : le Cosmos est encore en train de se faire ; il ne s’achèvera, délivré de ses scories, qu’au terme : ce « point Oméga » où Teilhard veut apercevoir le Christ. Chez lui, l’Alpha divin a disparu, et avec lui le surnaturel et le préternaturel. Déjà en 1922, il évoquait « cette grande cause qui (lui) tient seule à cœur, au fond, de la fusion explicite de la vie chrétienne avec la sève naturelle de l’univers ». Dans une telle perspective, toutes les religions pourront, à la fin, converger vers le même ultime terme de leur parcours évolutif. On n’y trouve plus, comme dans la révélation chrétienne « un seul Nom par lequel tous puissent être sauvés » et une seule personne devant laquelle « tout genou fléchisse : au ciel, sur terre et dans les enfers » !… Teilhard écrit à l’inverse, en 1955 : « En régime de cosmo-noo-génèse (sic), la valeur comparée des Credo religieux devient mesurable par leur pouvoir respectif d’activisation évolutive ».

A ce point se dessine la proximité intellectuelle de Teilhard avec les marxistes : indifférence à l’égard de la vérité en soi d’une part (seules comptent l’efficience et la force) ; adhésion au sens de l’histoire d’autre part, mais avec ce paradoxe qu’il faudrait lutter de toutes ses forces pour qu’advienne un avenir pourtant inévitable puisque porté par un déterminisme historique !… « C’est de plus en plus le communisme, écrit Teilhard au P. Henri de Lubac, le 9 décembre 1933, qui à l’heure actuelle, représente et monopolise la vraie croissance humaine…Je rêverais d’une christianisation de la terre par le baptême du communisme. »

 Non plus convertir, donc, mais vivre dans l’attente d’une convergence toute matérielle où l’action propre de la grâce n’a plus de part. Teilhard fut très ami du couple Vaillant-Couturier12. Ces attaches communistes, lui furent reprochées par ses confrères lorsqu’il regagna la Chine en août 193913. C’est que Teilhard est hypnotisé par le succès, par le triomphe de l’organisation humaine. « Le fascisme représente possiblement une maquette réussie du monde de demain » écrit-il en 193714 ; et au P. Auguste Valensin, le 25 mai 1938 : « Je ne sais où fixer mes sympathies à l’heure présente : où y a-t-il le plus d’Espoir et d’idéal présentement ?.. En Russie ou à Berlin ? »

Proximité reconnue avec la Franc-maçonnerie également. La « religion de l’Evolution », à laquelle Teilhard médite sans trêve et sans repos doit accompagner une humanité en transformation permanente. Elle ne peut avoir de stable que cette évolution elle-même, et tous les aspects de la religion doivent donc être périodiquement revus, repensés et réformés. Il écrit au P. Maxime Gorce le 4 octobre 1950 : « Essentiellement, je considère comme vous que l’Eglise (comme toute réalité vivante au bout d’un certain temps) arrive à une période de « mue » ou de « réforme  nécessaire ». Au bout de 2000 ans, c’est inévitable… Plus précisément, je crois que la réforme en question (beaucoup plus profonde que celle du 16ème siècle) n’est plus une simple affaire d’institutions et de mœurs, (sic !) mais de Foi […] A mon avis, il s’agit pour l’homme de re-penser Dieu en terme non plus de Cosmos mais de Cosmogénèse15 ».

Ainsi se trouve récusé le concept même d’un dogme, d’un enseignement immuable ; et lorsque Jean XXIII, le 27 juin 1962, signa un  monitum  pour mettre en garde contre les « ambiguïtés » et les « erreurs graves » de cette œuvre, le Grand Orient de France monta au créneau. Le Grand Maître Jacques Mitterrand, dans son discours lors de l’Assemblée Générale tenue du 3 au 7 septembre 1962, rue Cadet, à Paris, déclara : « Au nom de l’œcuménisme, les catholiques ne restent pas fidèles, comme nous les francs-maçons, à leur passé pour en tirer leçon, ils s’efforcent de rénover leurs religions… Ecoutez-bien : un jour, un savant s’est levé de leurs rangs, un authentique savant16, Teilhard de Chardin. Il a commis, sans s’en douter peut-être, le crime de Lucifer qu’à Rome on a tant reproché aux francs-maçons : dans le phénomène de « l’hominisation », et, pour reprendre la formule de Teilhard, dans la « Noosphère », c’est-à-dire dans cette masse de consciences  qui entourent le globe, c’est l’homme qui est au premier plan. Quand la conscience atteint son apogée, au point « Oméga », dit Teilhard, alors c’est sûrement l’homme tel que nous le désirons, libre dans sa chair et dans son esprit. Ainsi Teilhard a mis l’homme sur l’autel et, adorant l’homme, il n’a pu adorer Dieu.

« Rome l’a senti, qui, par toutes les puissances rétrogrades groupées dans son sein, a condamné Teilhard. »

« Mais, me dit-on, à quoi a servi cette condamnation ? Ecoutez : de son vivant, Teilhard n’a pu publier aucun de ses textes. Ce n’est qu’après sa mort, qu’aux éditions du Seuil et chez Grasset, ses livres sont sortis. Imaginez que nous soyons dans un pays comme l’Espagne où l’Eglise soit toute maîtresse, ni les éditons du Seuil, ni Grasset n’auraient pu sortir les ouvrages de Teilhard de Chardin… »

« …Ah ! Ils sont là, groupés les uns et les autres, dans leurs reniements successifs, tentant de sauvegarder par la violence toutes les forces du passé pour écraser l’ avenir… »

« …Notre mission à nous est de servir l’avenir… Non contents d’être, chez nous, dans nos Temples, la République à couvert, nous sommes en même temps la Contre-Eglise parce que nous sommes les hommes de la vie, les hommes de l’espoir, de la lumière, du progrès, de l’intelligence et de la raison »17.

Certes, on ne peut pas demander à un franc-maçon de bien juger les fruits, même simplement humains, de la religion chrétienne – la connaissance profonde suppose un minimum de sympathie ! – mais ce qui est troublant chez Teilhard, c’est la facilité avec laquelle les ennemis du christianisme voient en lui non un adversaire mais un proche. Le Frère Marius Lepage écrit dans le Spiritualisme de mai 1962 : « Je ne vois pas que les théologiens reconnaissent le P. Teilhard pour un des leurs ; mais il est certain que tous les maçons connaissant bien leur art le salueront comme leur frère en esprit et en vérité. »

Comme le Grand Maître Jacques Mitterrand nous faisons, nous aussi, confiance, mais une confiance relative, à la raison humaine : cette faculté divine attribuée par le Créateur à  celui qu’Il a fait à son image. Et la raison nous amène à une conclusion et une seule : si les puissances obscures de ce monde, puissances de l’économie, de la politique ou de la culture, ne trouvent plus rien à reprendre dans la « religion de l’Evolution » de Teilhard, ni à reprocher à son « Christ-Evoluteur » (sic), à sa « nouvelle orientation mystique : l’amour de l’Evolution », c’est bien que, fût-ce inconsciemment, son œuvre les sert, qu’elle est utile à leurs projets, même si cet outil (comme le voyait Huxley) n’aura qu’un temps. Au demeurant, dans le règne de l’Evolution, rien n’existe qui ne soit éphémère. Le mieux auquel il nous serait donné d’atteindre alors, reste encore la fusion dans « les forces modernes de l’Evolution », l’abandon à « la nouvelle pulsation d’énergie religieuse qui monte d’en bas pour être sublimée » et donc la « révolte devant une doctrine18 qui ne justifie plus à nos yeux l’énormité ni les labeurs de l’Evolution en laquelle nous nous voyons aujourd’hui engagés. »19

Ainsi, simplement pour avoir cru au mythe évolutionniste, Teilhard est tombé dans les rets de l’Adversaire, avec cette prétention orgueilleuse et absurde que « le Christ est sauvé par l’Evolution »,  au lieu d’accepter en confiance d’être sauvé par Lui.

Regardée de près, la pensée de Teilhard s’avère, certes, inconsistante. Mais il faut reconnaître à sa personne, le mérite d’une attitude cohérente : si comme il l’a cru, l’Evolution est non seulement vraie, mais La vérité par excellence20, si « l’homme a émergé d’un tâtonnement général de la terre », si nous n’avons pas pour ancêtre un Adam supérieurement intelligent mais une vague « foule » issue de l’animalité simiesque, alors notre religion doit se transformer à mesure que progressent notre conscience et nos savoirs. Cette conclusion inévitable résume le drame de tant d’énergie spirituelle dévoyée par une croyance erronée.

Elle nous invite surtout à aider nos contemporains à sortir du mythe de l’Evolution, à renouer avec la réalité de l’être humain, son mystère et son origine divine. Le CEP a du pain sur la planche.


1 Les courriers destinés aux membres européens de la Trilatérale étaient alors timbrés aux frais des consommateurs d’électricité (qui en ont vu d’autres !..)

2 Sur Jean-Pierre Dupuy, cf. Le Cep n° 26 pp. 3 à 5

3 Agostinho Veloso S.J., Le Mythe Teilhard de Chardin, in Sulco 1968, traduction française inédite par Madame Claude de Cointet, p. 12

4 L’un des ténors du mouvement dit néo-protestant.

5 Jacques Arnould, Teilhard de Chardin, Perrin, Paris, 2005, p. 359

6 Par Yves Coppens, conseiller scientifique du film de paléo-fiction Homo Sapiens, passé sur France 3 le 11 janvier 2005.

7 Ecrit en 1955. Cité par le P. André Boulet, Création et Rédemption, C.L.D.1999, p.265

8 Il était interdit de prononcer le nom de l’arrière-grand-oncle maternel : Voltaire !….Le père, sorti de l’Ecole des Chartes, fut longtemps secrétaire perpétuel de l’Académie de Clermont-Ferrand.

9 Etienne Gilson, Les tribulations de Sophie, Vrin, Paris, 1967, p. 68

10 Huxley faisait partie des intellectuels rassemblés par l’Association Humaniste Britannique et cités à ce titre dans Planète n° 12, 1963 (cf. Permanence n° 24 , nov. 1965, p.47)

11 Ibid.

12 Paul Vaillant, au Comité directeur du jeune P.C. en 1920 , rédacteur en chef de l’Humanité de 1928 à 1937, avait épousé la fille d’un richissime américain, Ida Treat, amie de Teilhard. Lorsque Henry de Montfreid, l’aventurier installé en Abyssinie, voulut pénétrer au Turkestan pour approvisionner son trafic de hachisch, c’est Teilhard qui, par l’intermédiaire de Vaillant-Couturier, lui procura un visa pour l’URSS (Arnould, op. cit. p.153)

13 Arnould, op. cit. p. 224

14 « Sauvons l’humanité », Cahier 3, Seuil, p. 84

15 Lettre publiée par le P. d’Ouince, le supérieur de Teilhard, en 1964, et reprise  in Alain Tilloy, Teilhard de Chardin, Ed. Saint –Michel, 1968, p.117

16 L’œuvre scientifique de Teilhard représente 2000 pages de publications diverses, principalement la description de fossiles et de faciès géologiques. Il a donc du scientifique la formation et les travaux, et il serait injuste de lui récuser ce titre. Mais Jean Rostand fait cette remarque intéressante : « Quand on me demande ce que je pense de la « théorie teilhardienne de l’évolution » je surprends invariablement mon interlocuteur. Je le surprends et je le déçois en lui répondant que strictement parlant, la théorie teilhardienne de l’évolution est une chose qui n’existe pas ».

Rostand dit ensuite que Teilhard n’est pas un biologiste. « Du biologiste, il n’a ni la formation, ni le savoir, ni l’esprit. Schématiquement, on peut dire qu’il passe directement du caillou à l’homme, sans passer par le protoplasme ni par les complexités de la vie cellulaire ». Celui qui lit le Phénomène Humain arrive à la fin du livre sans en savoir davantage ou même parfois moins qu’avant de l’avoir lu. Chardin dit beaucoup de choses, mais ne prouve absolument rien. C’est pour cela que Rostand nous dit que son transformisme, affligeant par son superficiel et son conformisme, est très loin de découler des organisations et des structures germinales où devrait résider le secret des variations des espèces. « Teilhard – dit-il – ignore délibérément l’Embryologie et la Génétique. Il se désintéresse des chromosomes, des gènes, des acides nucléiques, laissant par conséquent, de côté, toutes les questions précises qui se posent à tout biologiste désireux d’éclaircir, avec les moyens dont nous disposons à notre époque, le mécanisme des phénomènes évolutifs. Bon gré, mal gré, le problème de l’Evolution est avant tout, un problème de biologie cellulaire, ou plus précisément un problème de biochimie cellulaire » (Figaro Littéraire du 23-29 septembre 1965).

17 Discours publié par les Nouvelles de Chrétienté du 13 décembre 1962 (cité par Alain Tilloy, op.cit., p.5)

18  Aux yeux de Teilhard, cette doctrine est, bien sûr, le christianisme figé, dont la charité doit être dynamisée, universalisée et même « panthéisée » (sic)

19 Christianisme et Evolution, suggestions pour servir à une théologie nouvelle, Péking, 11 novembre 1945. Signé P.T.C. (feuillet ronéoté).

20 The all-important fact, le fait le plus important de tous, selon le mot de Wolfgang Smith pour caractériser l’Evolution dans la pensée de Teilhard

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