Eugenio

Par Alain Didier

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            Dans les années 1960, instrumentalisée par les services secrets roumains et représentée sur ordre du KGB, la pièce de théâtre Le Vicaire, écrite par Rolf Hochhuth, fut partout jouée et surtout commentée : la thèse était qu’une parole du Pape aurait suffit à empêcher l’Holocauste, mais que Pie XII n’avait pas voulu la prononcer. Pour réfuter cet échafaudage de mensonges superposés, Alain Didier, dramaturge accompli dont les pièces Eden, Ponce-Pilate et Henri ont agrémenté trois colloques du CEP, a retracé en neuf tableaux échelonnés de 1940 à 1944 la réalité des faits, des idées et des sentiments des principaux acteurs de cette tragédie : Pie XII, bien sûr, avec sa secrétaire sœur Pascalina Lehnert, également les dirigeants de la communauté juive de Rome (qui s’opposent au grand rabbin Zolli), les ambassadeurs américain et allemand près le Saint-Siège, mais aussi Ribbentrop, Hitler, Ciano et Ion Pacepa, le colonel Kappler de la SS, etc.

            Grâce à ses 109 notes, ce petit livre nous fait profiter des amples recherches historiques auxquelles Alain Didier s’est astreint avant d’écrire sur un thème aussi délicat. Il nous donne aussi en annexe le texte complet de l’encyclique Mit brennender Sorge (1937), écrite, on le sait, par le cardinal Pacelli, alors nonce à Berlin. Loin d’un simple texte de circonstance, cette encyclique démontre une profondeur de vues qui en rend la lecture très actuelle.

            Un travail érudit de ré-information qui, loin de nuire au suspens théâtral, le renforce en le renouvelant.

(Éd. Via Romana, 2012, 152 pages, 14€)

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