Partager la publication "Un ancien message à un esprit postmoderne"
Par Ravi Zacharias
« Il a plu à Dieu qu’on ne pût faire aucun bien aux hommes qu’en les aimant. »
(P. Le Prévost)
Résumé : Une philosophie subjective a fini par fausser, chez les étudiants, une saine représentation des choses. Cette pensée, que l’auteur qualifie de post-moderne, fait éclater la culture traditionnelle ; elle exclut tout repère objectif et toute autorité. Est-ce un mal ? Peut-être que non, si cet éclatement permet au message de l’Evangile de frayer son chemin vers le cœur de nos contemporains.
En avril 1981 Daniel Yankélovich, un analyste social, écrivit un article plein de pénétration dans Psychology Today. Il définissait le rôle et l’impératif de la culture : « La culture est l’effort pour fournir un ensemble cohérent de réponses aux situations existentielles auxquelles sont confrontés tous les êtres humains au cours de leur vie. »
Définir la culture même en ces termes peut être périmé aujourd’hui. Il y a quelques mois je me rappelle avoir fait une conférence dans une université de ce pays quand une étudiante prit de force un microphone et hurla : « Qui vous a dit que la culture est une recherche de la cohérence ? Où avez-vous pris cette idée ? Cette idée de cohérence est une idée occidentale, » dit-elle… »Laissez-moi vous demander alors ceci, » plaidai-je, « Voulez-vous que ma réponse soit cohérente ? Les mots ne doivent-ils pas indiquer un référent ?
Walter Truett Anderson nous donne humoristiquement une vue sur ceci dans son livre Reality Isn’t What it Used to Be (La Réalité n’est pas ce qu’elle avait l’habitude d’être). Il compare notre situation à une partie de baseball. Un arbitre de baseball prémoderne aurait dit quelque chose comme ceci : « Il y a des ballons, et il y a des coups, et je les nomme tels qu’ils sont. » Le moderne aurait dit : « Il y a des ballons et il y a des coups, et je les nomme comme je les vois. » Et l’arbitre postmoderne dirait : « Ils ne sont rien jusqu’à ce que je les nomme… »
En résumé, toute réalité est dépendante du sujet et le postmoderne encadre la réalité en nommant des aspects à sa fantaisie.
Comment sommes-nous arrivés à ce point ? Très simplement il n’y a plus de centre pour rassembler les choses.
Ou pour parler différemment, il n’y a pas d’histoire faisant une voûte à la vie, par laquelle tous les situations particulières peuvent être interprétées. Si telle est la réalité de notre culture, où celà nous laisse-t-il ? Comment communiquerez-vous avec une génération qui entend avec ses yeux et pense avec ses sentiments ?
Pourtant le postmodernisme peut être un des schémas de pensée les plus opportuns qui nous soit présentés pour la propagation de l’Evangile parce qu’en un sens il a dégagé le terrain . Toutes les disciplines ont perdu leur « autorité finale. » Les espoirs que la modernité aurait apporté le triomphe de la « Raison » et de la « science »que beaucoup pensent apporter l’utopie, ont échoué à presque tous les égards. Malgré tous nos gains matériels, demeure une grande faim pour le spirituel. Toute l’éducation reçue ne diminue pas cette recherche d’une cohésion interne et d’une ligne directrice pour la vie personnelle.
De plus, il reste juste assez de la vision du monde moderne pour que la raison ait encore un point d’entrée. Mais nous devons utiliser cette connaissance avec sagesse. Nous ne pouvons pas donner une overdose d’argumentation.
Il y a aussi une recherche fébrile dans l’état d’esprit postmoderne pour la communauté. Or dans le message de l’Evangile, qui culmine dans l’adoration, on trouve une cohérence qui à son tour, apporte cohérence à l’intérieur de la communauté des croyants, où simultanément l’individualité et la communauté sont affirmées. L’adoration de Dieu vivant est ce qui en fin de compte lie les différentes inclinations du coeur et leur donne un foyer. Un des plus puissants évangiles pour l’esprit postmoderne est une communauté éprise d’adoration.
Enfin nous devons observer l’intervention souveraine de Dieu dans l’histoire. Quand la Princesse Diana est morte, le monde entier l’observait de ses yeux. Quelques jours plus tard Mère Teresa mourut aussi . De nouveau le monde observa avec ses yeux. L’une était une femme qui en dépit de tout avoir, vivait avec un rejet dans son être intérieur.
L’autre n’ayant rien, avait dépensé sa vie pour prendre soin des rejetés de ce monde. Je pense que ce sont des moments souverains de l’histoire.
Nous nous sommes épuisés dans cette culture indulgente. Nous avons vu la description par Yankélovich des changements titanesques qui sont en cours. Il fit aussi des études de cas pour nombreux couples.
Il appela un de ceux-ci Abby et Mark. Il écrivit : « Pour Abby et Mark l’accomplissement signifie d’avoir une carrière , un mariage, des enfants, la liberté sexuelle , l’autonomie , d’avoir de l’argent, de profiter de la vie en ville et à la campagne, la simplicité, de bons amis et ainsi de suite. Or l’individu ne s’accomplit pas vraiment en devenant toujours plus autonome. L’injonction que pour se trouver soi-même , on doit se perdre soi-même, contient la vérité que chaque chercheur d’accomplissement personnel a besoin de saisir. »
Quelle ouverture qui peut conduire à la Croix de Jésus-Christ ! En dehors de la Croix de Jésus-Christ, je ne connais pas d’autre espérance.