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Par Jonathan F. Henry
Que savons-nous de l’âge de l’univers ?*
Résumé : La croyance dans un univers vieux de milliards d’années est aujourd’hui si répandue qu’il paraît difficile d’en douter. Or la manière dont cet âge a été progressivement élaboré montre que toutes les estimations, y compris par les radio-éléments, reposent directement ou indirectement sur l’âge estimé pour les roches terrestres en fonction de l’idée d’une lente évolution des espèces fossiles. Si l’univers est donné comme plus vieux que la terre, c’est uniquement parce que le contraire serait absurde ; mais l’astrophysique pourrait très bien, moyennant de laborieuses révisions, accepter pour la terre un âge en milliers d’années plutôt qu’en millions ou en milliard d’années.
Le Temps est la condition essentielle de l’Évolution :
Partisan d’un vieil univers, Hugh Ross écrit que, s’agissant des origines, « l’âge n’est même pas un problème »1 et que « l’âge de l’univers et de la terre est une question marginale. »2 Au contraire, il y a quelques décennies l’astrophysicien Arthur S. Eddington reconnut la primauté absolue du temps, sans lequel l’évolution serait impossible et inconcevable: « Regardant en arrière vers le long passé, nous imaginons le commencement du monde – un chaos primitif que le temps a façonné en l’univers que nous connaissons. »3 Une telle formulation paraît suggérer que le temps a supplanté le Créateur. Puisque ceci demeure la perspective habituelle de la fonction du temps dans l’évolution cosmique, il s’en suit que la question de l’âge entre implicitement dans toute théorie évolutionniste.
Eddington n’était pas seulement un savant éminent, mais aussi un célèbre vulgarisateur scientifique, surtout en astronomie.
Il redit souvent sa croyance en la position centrale du temps pour le progrès naturel.
Dans l’évolution – ou le « devenir » de l’univers – « le temps occupe la position clé« , écrit-il4. Comme Eddington, Carl Sagan ne fut pas un créateur de chronologie, mais un avocat de la primauté du temps dans l’évolution. Sagan aussi décrivit l’évolution de l’univers avec le « temps » remplaçant Dieu comme Cause Première:
« Pendant des âges impénétrables…il n’y avait pas de galaxies, pas de planètes, pas de vie…Une première génération d’étoiles naquit…Dans les sombres et luxuriants nuages entre les étoiles, de petites gouttes de pluie se développèrent, des corps beaucoup trop petits pour allumer le feu nucléaire…Parmi eux se trouvait un petit monde de pierre et de fer, la Terre primitive…Un jour une molécule jaillit…capable de faire de grossières copies d’elle-même…la vie avait commencé. Des plantes uni-cellulaires se développèrent…plantes et animaux découvrirent que la terre pouvait entretenir la vie…[Quelques animaux] se tinrent droit…émergeant à la conscience. A un rythme sans cesse accru, [la conscience] inventa l’écriture, les villes, l’art et la science, et envoya des vaisseaux spatiaux vers les planètes et les étoiles. Voilà certaines choses que font les atomes d’hydrogène avec 15 milliards d’années d’évolution cosmique« 5.
Ainsi pour Sagan le temps fut-il le « créateur » qui donna l’existence à l’univers. L’astronome spécialiste des planètes William K. Hartmann a exprimé la même idée : que le temps est vraiment la seule chose nécessaire pour l’évolution, un temps « long »:
« D’après tout ce que nous venons de dire, nous concluons que si des surfaces planétaires comportant les conditions nécessaires – de l’eau liquide et les éléments chimiques CHON (carbone, hydrogène, oxygène, azote)- pendant assez longtemps, n’importe où, la vie se développera sans doute. « 6
Avec le temps comme agent de l’évolution, il n’est pas surprenant que l’espoir évolutionniste d’une vie extra-terrestre soit passé, au cours des décennies, du discrédit à la croyance populaire.
Par contre, sans un temps suffisant, l’évolution, « l’auto-réalisation » de la nature, ne se produirait pas du tout.7
La chronologie évolutionniste est liée à l’âge de la Terre :
Tous les âges de l’évolution du cosmos sont en dernière analyse fondés sur l’âge ancien de la terre; si donc cette chronologie de la terre est détruite, celle du cosmos l’est également. On pense que le soleil est vieux parce que la terre est vieille; les autres étoiles sont supposées suivre un mode d’opération et une chronologie basés sur ceux du soleil8; et la constante de Hubble ainsi que l’âge de l’univers sont ajustés pour essayer de rendre le cosmos plus âgé que les étoiles.9
Pour en revenir au système solaire, la lune est présumée légèrement plus âgée que les plus anciennes roches terrestres et le système solaire est daté d’après les météorites en supposant qu’il est plus vieux que la terre et la lune10. Les planètes avec des cratères, telles que Mercure, sont datées par comparaison avec la lune11. Effectivement, il est généralement vrai que « la relation entre la densité des cratères et l’âge, déterminée pour la lune, a été utilisée pour estimer l’âge des autres planètes et satellites. »12 Cette chaîne chronologique serait logique s’il était vrai que quelques météorites s’étaient formées d’abord, à partir de la nébuleuse solaire supposée, puis les lunes et les planètes13.
De plus, il n’est pas vrai que la datation des météorites indique sans ambiguïté un âge de 4,5 milliards d’années pour le système solaire14.
La chaîne chronologique ci-dessus ne repose pas sur des observations réelles, mais sur des inférences, ce qui est parfois avoué:
« Beaucoup de choses qualifiées avec légèreté de « faits » scientifiques, ne sont en réalité pas du tout des faits. Par exemple, vous pourriez avoir l’impression que ce livre a affirmé le « fait » que l’univers a entre 10 et 20 milliards d’années. Mais un tel emploi du mot « fait » n’est réellement qu’une habitude de langage qui s’avère imprécis à un examen attentif. En réalité, l’âge que les astronomes donnent à l’univers est une inférence à partir de la grande quantité d’observations que nous possédons. 15
En d’autres termes, il n’existe pas de données contraignant à accepter les âges de l’évolution, mais les chercheurs ont tiré les conclusions qu’ils voulaient croire.
Au cours du dernier siècle et demi, les physiciens et les astronomes ont fini par s’accommoder des dates de la géologie concernant l’âge de la terre, en réajustant leurs dates cosmiques et stellaires afin de ne pas entrer en conflit avec celles de la terre. Physiciens aussi bien qu’astronomes firent cadrer leur chronologie avec le cadre temporel de l’évolution de la terre:
« Le conflit entre la physique et l’astronomie sur l’âge de la terre fut résolu dans les années 1950…Le conflit entre la physique et la géologie…s’était terminé 50 ans auparavant par un retournement complet des physiciens [en faveur des dates géologiques pour la terre]; cette fois ce furent les astronomes qui révisèrent leurs estimations, basculant soudain en faveur d’une échelle de temps beaucoup plus longue [afin d’éviter un conflit avec les géologues].
Ils décidèrent que Hubble avait sous-estimé la luminosité intrinsèque des étoiles éloignées et qu’il fallait recalibrer la variable céphéide des distances. Ensemble, ces deux corrections [lisez: ajustements] allongèrent l’échelle du temps d’ un facteur 4, avec de nouvelles augmentations à venir dans les décennies suivantes. Au milieu des années 1980, les estimations de l’âge de l’univers allaient généralement de 10 à 20 milliards d’années, largement au-delà des estimations de l’âge de la terre, stabilisé à 4,5 – 4,6 milliards d’années…Selon David Raup, un résultat de cet épisode est que « la géologie a une curieuse autorité morale sur l’astrophysique… »16
La première argumentation largement acceptée en faveur de la datation radiométrique de la terre fut avancée par T.C. Chamberlain. Il basa ses estimations sur le temps supposé pour l’évolution biologique, disant que sa conception « tenait bien compte des exigences biologiques« 17, voulant dire que l’âge présumé de la terre permettant l’évolution biologique devait être consulté avant que les datations radiométriques puissent être choisies pour « confirmer » cet âge ancien. Richard Milton, qui n’est pas partisan d’une terre jeune, souligne néanmoins que l’empressement à rejeter les dates radiométriques ne donnant pas les « valeurs attendues », est la raison pour laquelle les différentes méthodes radiométriques peuvent prétendre converger vers les « âges » qu’elles « mesurent »18 :
« Ainsi les datations publiées sont toujours conformes aux dates prédéterminées, sans jamais les contredire. Si toutes les datations rejetées étaient retirées des corbeilles à papier et ajoutées aux dates publiées, le résultat montrerait que les dates produites offrent la dispersion que l’on devrait attendre du seul hasard. « 19 Woodmorappe fait la même observation20.
On date le soleil d’après l’âge évolutionniste de la Terre :
La théorie de l’évolution affirme que la terre a des milliards d’années. Plusieurs générations d’astronomes ont déclaré que c’était la seule vraie raison pour attribuer au soleil un âge de milliards d’années. Vers 1920, Eddington écrivit:
« Autrefois régnait la théorie de la contraction de Helmholtz et Kelvin. Celle-ci suppose que l’approvisionnement [de l’énergie du soleil] est entretenu par la conversion de l’énergie gravitationnelle en chaleur due à la contraction graduelle de l’étoile. Or l’énergie rendue disponible par la contraction est tout à fait inadéquate, en raison du grand âge attribué maintenant au soleil. « 21
Pourquoi Eddington pensait-il que la contraction était insuffisante pour assurer l’énergie du soleil pendant toute sa vie ? Parce qu’ »il ne sert pas à grand-chose d’allonger l’âge de la terre sans allonger l’âge du soleil. »22 En d’autres termes, comme l’âge de la terre s’allongeait au début du 20ème siècle, l’âge supposé du soleil devait s’allonger pour suivre le rythme.
Quoi qu’il se produise réellement dans le soleil – soit fusion seule, soit fusion avec une dose de contraction – l’âge présumé du soleil est finalement basé sur l’âge prétendu de la terre. Eddington enfonça ce clou à maintes reprises: « Les preuves géologiques, physiques et biologiques semblent rendre certain que le soleil a chauffé la terre pendant plus de mille millions d’années [maintenant quelque 5 milliards d’années]. »23 Dans le contexte, la preuve « physique » à laquelle Eddington se réfère n’était rien de plus que la « preuve » géologique et biologique que la terre est vieille. Eddington fut très explicite à ce sujet:
« Pour une question aussi importante nous ne devrions pas mettre toute notre confiance implicite dans [des arguments astronomiques] seuls, mais nous tourner vers les sciences sœurs pour d’autres preuves, peut-être plus concluantes…
L’âge des roches les plus anciennes [de la terre] est estimé à environ 1 200 millions d’années…Le soleil, évidemment, doit être beaucoup plus âgé que la terre et ses roches. « 24
Depuis l’époque d’Eddington, l’âge évolutionniste des roches est passé de 1,2 à quelque 3,8 milliards d’années25.
Il y a deux générations, le physicien et vulgarisateur scientifique George Gamow décrivit la même dépendance de la datation du soleil par rapport à l’âge évolutionniste de la terre: « Notre soleil n’a maintenant que 3 ou 4 milliards d’années… » [et pourquoi cet âge ?] » puisque l’âge estimé de notre terre est de cet ordre de grandeur. »26 La même logique pour dater le soleil de milliards d’années se poursuit jusqu’à ce jour:
« A la fin du 19ème siècle, les preuves géologiques avaient porté l’âge estimé de la terre à plusieurs centaines de millions d’années, et la découverte de la radioactivité, à la fin du siècle, permit de mesurer l’âge de la terre avec une plus grande certitude encore à environ 4,5 milliards d’années…Il est difficile d’imaginer comment la terre pourrait être beaucoup plus vieille que le soleil. « 27
Un tel raisonnement pour dater le soleil a été généralement admis: « L’âge du soleil a été mesuré à 4,6 milliards d’années par datation de matière planétaire. »28 Hartmann a formulé cette affirmation de façon à suggérer que les preuves extra-terrestres confirment l’âge ancien du soleil, mais cette affirmation est trompeuse, car la matière « planétaire » à laquelle il fait allusion, n’est rien d’autre que les roches terrestres. Dans un propos plus franc, l’astronome John Fix déclare :
« Les géologues ont trouvé des roches de 3,5 milliards d’années contenant des fossiles d’organismes marins. Ces découvertes démontrent clairement que le soleil a chauffé la terre pendant au moins 3,5 milliards d’années, et probablement pendant aussi longtemps que la terre a existé. « 29
Les scientifiques sont parfois objectifs à propos des faux raisonnements illustrés dans les paragraphes précédents. L’expert ès soleil, John Eddy, admet :
« Je suppose que le soleil a 4,5 milliards d’années. Cependant, avec quelques données nouvelles et inattendues montrant le contraire, et avec un peu de temps pour permettre un nouveau calcul désespéré et un réajustement théorique, j’imagine que nous pourrions vivre avec l’évaluation de l’âge de la terre et du soleil donnée par l’évêque Ussher30. Je ne pense pas que nous ayons beaucoup d’observations probantes en astronomie pour le contredire. La physique solaire regarde maintenant du côté de la paléontologie pour des données sur la chronologie du soleil. « 31
Voici une déclaration stupéfiante : non seulement Eddy reconnaît qu’il n’existe pas de preuve solide d’un âge très ancien du soleil, mais il va jusqu’à proposer de revenir à la chronologie d’Ussher, plaçant la création en 4004 avant J.C. En notant que la chronologie évolutionniste du soleil dépend de la « paléontologie », Eddy réaffirme que l’âge conventionnel du soleil ne repose finalement sur rien d’autre que sur l’âge de la terre présumé par l’évolutionnisme.
* Traduit du Creation Research Society Quarterly, vol 40 (3), déc. 2003, par
Claude Eon.
1 Ross, Hugh : Creation and time, 1994; p. 10
2 ibid. p. 8
3 Eddington, A.S., Science and the unseen world, 1930; p. 11
4 Eddington, A.S., The nature of the physical world, 1933; p. 91
5 Sagan, Carl, Cosmos, 1980; pp.337-338
6 Hartmann, William K., Astronomy, 1991, p. 621
7 Easterbrook, Gregg, A moment on the earth : the coming age of environmental optimism ; 1996 ; p.48
8 Bahcall, John, « The solar neutrino problem », Scientific American,262(5) ; 1990 ; p. 56 ; et aussi Fix, John, Astronomy, 1999, p.385
9 Goldsmith, Donald, The evolving universe, 1985 ; p.115
10 ibid. p.366
11 Hubbard, William B., Planetary interiors, 1984; p.197
12 Fix, John, op.cit. p.188
13 Whipple, Fred & Green, Daniel ; The mystery of comets ; 1985 ; p.222 Hubbard, William B. op.cit. p.9 Norton, O. Richard ; Rocks from space, 1998, p.349-350
14 Gariepy, Clement & Dupré, Bernard: « Pb isotopes and crust-mantle evolution ». In : Short course handbook on applications of radiogenic isotope systems to problems in geology, vol.19 ; 1991; p.216-217 Williams, A.R. « Long –age isotope dating short on credibility »: Creation Ex Nihilo Technical Journal, 6 (1) 1992 ; p.2
15 Robbins, R.Robert,: Discovering astronomy ; 1988, p.445
16 Brush, Stephen : « The age of the earth in the twentieth century »: Earth Science History : 8 (2), 1989 ; p.173
17 ibid. p.172
18 Milton, Richard: Shattering the myths of Darwinism. 1997 ; p. 49
19 ibid. p.51
20 Woodmorappe, John : The mythology of modern dating methods, 1999 ; pp.1, 6
21 Eddington, A.S. The internal constitution of the stars, 1926, p.289.
22 Ibid. p.295
23 Eddington, A.S.New pathways in science, 1959, p.162.
24 Eddington, A.S. Stars and atoms ; 1929, p.96
25 Milton, Richard: op.cit. p.17
26 Gamow, George : One, two, three…infinity, 1953 ; p.301
27 Robbins, R.Robert : op.cit. p.295
28 Hartmann, William K : op.cit. p.381
29 Fix, John : op.cit. p.386
30 n.d.t. James Ussher (1581- 1656) fut archevêque d’Armagh, poste le plus élevé de la hiérarchie de l’église anglicane d’Irlande. Dans son magnum opus « The annals of the world », il calcula la date de la Création qu’il fixa au 23 Octobre 4004 av.J.C. Dans son Discours sur l’Histoire universelle , Bossuet reprit la chronologie d’Ussher, qui reste largement utilisée.
31 Kazmann, Raphael : « It’s about time 4.5 billion years »: Geotimes 23 (9) 1978 ; p.18