Partager la publication "« Le skull 1470. Rectification »"
Par M.-C. van Oosterwyck-Gastuche
J’avais écrit dans Le Cep n°1 que le « skull 1470 » était un crâne d’enfant. J’avais même précisé « une petite fille ». Jean Staune, dans une lettre du 20 janvier dernier me fait remarquer que ce crâne n’appartenait pas à un enfant (et encore moins à une petite fille, note-t-il avec ironie) mais bien à un adulte qui n’est pas un sapiens non plus : « aucun de ses os n’entre dans la variabilité de ceux de l’homo-sapiens (ni le pariétal, ni le temporal ne peuvent appartenir au sapiens) », écrit J. Staune qui l’identifie à l’homo-habilis en ajoutant que certains l’avaient attribué à l’érectus et d’autres (dont il n’est pas) à une femelle d’australopithèque. Il conclut : « En tout cas ce crâne est plus proche de l’australopithèque que du sapiens et il est absurde d’en faire un sapiens« .
- Staune a raison quand il dit que ce crâne est celui d’un adulte. Mais pour le reste, les observations de Leakey (1973) et de Johanson (1976) sont en contradiction avec ses affirmations et en faveur d’une identification au sapiens.
En effet, Leakey a trouvé, en même temps que son « skull 1470 » (qu’il dit appartenir au genre Homo) des ossements de sapiens « qui auraient pu appartenir à l’hominidé du type 1470« . La reconstitution qu’il en fait ressemble à une jeune Africaine. Il écrit : « notre remarquable homme 1470 semble bien être une femme« . Ce qui le retient d’assimiler cet être au sapiens, c’est l’âge du fossile, trop ancien. Il y a bien sûr sa capacité crânienne très faible (800 cc au lieu des classiques 1300-1400 cc). Mais, chose curieuse, Johanson (1976) note que les mâchoires inférieures de ses Sapiens adultes (qui sont en U comme celles des humains et non en V comme celles de l’australopithèque) s’emboîtent exactement dans la supérieure du skull 1470 (il n’était donc pas si petit ?).
Leakey a encore trouvé en 1973 un autre crâne du type 1470, celui d’un enfant de 6 ans, dont il n’indique pas la capacité crânienne. On ne sait plus très bien qui est qui…
En tous cas, Leakey et Johanson refusent avec force d’identifier l’espèce d’hominidé qu’ils viennent de découvrir (et qui ressemble à la nôtre) à l’australopithèque. Celui-ci n’est pas non plus l’auteur de l’industrie lithique, affirment-ils encore.
Ce qui les empêche d’identifier cet être au sapiens, c’est que sa trop grande ancienneté (par K/Ar) ne permet pas de l’intégrer dans la théorie de l’Evolution. On parlera donc à son propos d' »espèce énigmatique » et on occultera la présence des autres restes de sapiens, tant ceux de Koobi-Fora que ceux du paléo-lac Hadar et d’ailleurs.
Jean Staune me reproche encore d’avoir puisé ma documentation dans le National Geographic Magazine: « autant dire « Science et Vie », voir « Paris Match » !…, ironise-t-il. Il semble ignorer que cette revue est l’organe officiel de la National Geographic Society qui finance ces recherches sur l’origine de l’homme. Les premiers résultats paraissant dans cette revue, c’est pourquoi ils sont si importants.
Je me suis documentée de façon approfondie sur le sujet et ai consulté un nombre impressionnant de journaux scientifiques qu’il n’est pas possible de citer ici : on voit le brouillard s’épaissir autour des découvertes concernant les sapiens africains, qui finissent par disparaître.
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Afin de permettre aux lecteurs d’apprécier à leur juste valeur les travaux de M.-C. Van Oosterwyck, on trouvera ci-après un résumé de sa carrière.
Qui êtes-vous Marie-Claire van Oosterwyck ?
Marie-Claire van Oosterwyck-Gastuche est Belge, Docteur ès-Sciences de l’Université de Louvain, physico-chimiste et spécialiste des cristallisations. Sa carrière a été consacrée à l’enseignement et à la recherche, essentiellement sur des matériaux africains, d’abord à l’université de Louvain, ensuite dans le département de Géologie et de Minéralogie du Musée royal de l’Afrique Centrale (Tervuren, Belgique).
Séjours en Afrique et en Amérique. Elle fut une des trois premières femmes à faire partie du corps académique de l’Université de Louvain, avec la charge de créer un nouveau cours intitulé « Minéralogie colloïdale », où elle enseignait les nouvelles techniques d’identifications des minéraux, et les nouvelles conceptions concernant leur genèse et leur synthèse. Elle est également « agrégée de l’Enseignement supérieur ».
Cet examen est réservé à un chercheur déjà connu qui veut faire approuver des thèses nouvelles. Il confère au récipiendaire le titre de « professeur des universités ».
Nombreuses publications sur l’identification des argiles et de leurs oxydes associés, les phénomènes de surface, les échanges isotopiques, la cinétique en phase hétérogène.
Mais pour l’essentiel, les travaux de M.-C. Van Oosterwyck ont permis de découvrir les véritables facteurs qui régissent les processus de genèse et d’altération des minéraux argileux, de leurs oxydes associés, l’apparition des silifications et celle des silicates en général. Ils démontrent que ces structures peuvent apparaître très rapidement dans des conditions favorables à leur cristallisation. Elle a mis en évidence le rôle essentiel de l’eau qui sert de « canevas directeur » dans l’élaboration de ces structures.
Ces travaux ont encore montré que dans une certaine mesure, on peut introduire des ions étrangers dans ces structures sans les altérer visiblement, sans même qu’ils soient perçus par les techniques habituelles d’identification. Seules des analyses chimiques très fines peuvent les déceler.
Sollicitée de donner un avis sur la cause des âges aberrants délivrés par les techniques de radio-datation, M.-C. van Oosterwyck les relia aux phénomènes de cristallisation ou d’altération des minéraux.
Doit paraître prochainement un ouvrage, intitulé « Débat sur l’Evolution du vivant. Examen critique des repères« .
Par ailleurs, M.-C. van Oosterwyck a donné divers articles sur la datation radiocarbone du Linceul de Turin, débouchant sur un prochain livre.