Appliquer le transformisme à l’homme ?

Par Abbé Joseph Grumel

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Les dessous de la préhistoire :


Résumé : Vus de loin, les décors de cinéma sont splendides; vus de près, ils sentent le carton-pâte et la gouache fraîche. Il en va de même pour le transformisme. Il s’agit d’une œuvre de l’imagination, qui trahit son invraisemblance dès qu’on veut détailler un point précis. Il y a ces ancêtres dont les noms sont dans toutes les mémoires, alors qu’ils se résument à un très petit nombre d’os souvent brisés et difficiles à identifier : le seul reste de l’Homme d’Orce (Espagne) s’est révélé n’être qu’un palais d’âne ! Pourquoi tant de fraudes accumulées sur une seule discipline scientifique ? Concernant l’homme, il y a l’apparition de la conscience et du langage, points sur lesquels les évolutionnistes  restent vraiment trop discrets.
Combien de légendes fabriquées pour nous persuader que le Pentateuque n’est qu’une légende! Signe de décadence intellectuelle et morale, ou signe de la fin des temps ?

Appliquer le transformisme à l’homme ? Audace insensée… Mais, pourquoi pas ? On le fit. On voulut le faire. À vrai dire la préhistoire est née de l’imagination débridée de  Rousseau. En se hissant sur leurs pattes de derrière, nos lointains ancêtres, tout frustes, illettrés, badauds et souriants qu’ils étaient, avaient tout de l’homme sauf le mal… Le paradis s’identifiait à une vie végétative et campagnarde, dont la principale occupation était de dormir sur le ventre, le dos au soleil.

Peu avant Darwin, un certain Boucher de Perthes, en ramassant des silex éparpillés un peu partout, plus abondants ici que là, imagina les longues errances d’hommes velus qui, malgré leurs poils, dès ces âges lointains, allumaient du feu pour se chauffer. Pourquoi pas ?

Il ignorait, ce contrôleur des douanes, que tous les grognards de la Grande Armée avaient des silex plein leurs poches, au cours de leurs interminables campagnes militaires, pour allumer la poudre de leurs fusils ! Des pointes de lance, plus ou moins triangulaires, cassées par le gel ? Non pas mais la Pierre Taillée, parfois accumulée en arsenaux de munitions au pied des falaises jurassiques ! Par les Celtes ? Les Gallo-romains ? Les Barbares ?.. Des restes de foyers, encerclés de blocs noircis. Vestiges des bergers du siècle dernier ? Du Moyen Âge ? Des Gaulois contemporains de Vercingétorix ? Non pas ! Mais des Acheuléens, des Moustériens, des Aurignaciens, des Solutréens… dont les squelettes ont disparu, bien sûr puisqu’ils remonteraient à des dizaines et même des centaines de milliers d’années ! L’homme de la pierre brute, plus ancien encore, arc-bouté sur ses membres antérieurs, méritait-il déjà le nom  d’homo erectus ? Savait-il encore grimper aux arbres, comme ses grands-parents à queue prenante ? En lançant des projectiles, des cailloux rugueux qu’il saisissait à pleines mains (pattes), il acquérait une habilité transcendante qui peu à peu lui donnait l’intelligence de la chute des corps, comme l’ont encore nos modernes artilleurs!

L’Australopithèque, au crâne aplati, encore plus que celui d’un chimpanzé, fut l’intermédiaire entre le singe et l’homme. Il fallut que ce soit dit pour le croire. À moins que ce ne fût le Pithécanthrope ? Ou mieux encore l’homme de Piltdown, fabriqué tout exprès avec des restes contigus de fossiles d’homme et de singe. L’Homo d’Orce, dont un reste fut découvert par hasard sur un plateau désolé de Castille, eut un moment de célébrité mondiale. On crut voir le fragment d’un crâne trop allongé pour être d’homme, trop courbé pour être de singe. Hélas ! il s’agissait d’un palais d’âne: l’Asinus communis. Que d’hypothèses accumulées sur le crâne de « l’homme » de Néanderthal !

Soyons loyaux : un bout d’os ne dira jamais s’il fut singe ou homme ! Bête ou intelligent ! Des espèces de primates ont pu disparaître sans que ces primates fussent les ancêtres des hommes. Certains de nos concitoyens, très intelligents, présentent un front fuyant, des pommettes saillantes, un occipital aplati. Caractères moins évolués que Néanderthal ?

Le « Transformisme appliqué à l’homme » (Teilhard) permit à tous les rêves de devenir des suppositions, puis des certitudes. La science le voulait, le décidait, l’imposait. Une nouvelle Genèse balayait celle de Moïse. Il faut repenser la foi en fonction des Espèces et des Temps. Les pères jésuites, qui cherchent la première place en tout pour la plus grande gloire de Dieu, sentirent le vent. Ils déléguèrent l’un des leurs et le poussèrent dans les profondeurs géologiques. Teilhard, supérieurement perspicace, excella par la hardiesse de ses vues, jointes à la séduction de son style. Ses essais circulaient sous le manteau. Le Milieu Divin avait la saveur du fruit défendu. Par une chance inouïe, au cours d’une expédition en Extrême-Orient, d’où il ramena de lourdes caisses de pierres taillées – par qui ? par le gel ? le sec ? les contemporains de Confucius… ? – il tomba sur le Sinanthrope. Au bord d’un fleuve. Sous une falaise protectrice. Une caverne jonchée de restes épars, charbons de bois, pierres noircies, ossements d’animaux, fragments humains. Une dizaine, une vingtaine peut-être ou plus, d’individus, mi-nus, mi-intelligents, avaient laissé ces vestiges disparates. Leur datation ? difficile ! Elle pouvait remonter aux profondeurs d’un passé indécis, largement antérieur à l’Histoire, à partir duquel on pourrait imaginer que l’avenir de l’Évolution s’étirerait encore pendant des millions d’années, voire des milliards, pour atteindre, enfin, le point Oméga de la super-conscience ! L’Évolution humaine avait été très très très lente. Cent ans pour construire les chemins de fer, mais combien de millénaires pour apprendre à marcher sur deux pieds et fabriquer la première hache de guerre ?

L’abbé Breuil ? copain de Teilhard, plus audacieux encore, se spécialisait dans l’analyse et la restauration des fresques préhistoriques, sur les parois des grottes. 30 000 ans, peut-être, pour Lascaux, par exemple. Elles étaient en parfait état de conservation au moment de leur découverte.

En moins de quarante ans elles se sont déjà très abîmées du fait de l’humidité, des dépôts calcaires, des champignons et moisissures en tout genre. Le noir de ces peintures merveilleuses n’est pas du charbon de bois, mais du bioxyde de manganèse, que l’industrie moderne a su refabriquer. Les torches utilisées par les artistes d’alors n’ont laissé aucune trace de fumée au plafond.

Avec quoi s’éclairaient-ils dans cette caverne opaque ? Avaient-ils inventé la pile et l’ampoule électriques ? Par son art rupestre, l’abbé Breuil a médusé tous les paléontologues de la planète.

La Bible nouvelle ne s’appuiera plus sur les vivants Prophètes, mais sur les fossiles muets que le carbone 14 exclut de l’Histoire. Il ne peut rien préciser au-delà de 35 000 ans, et s’il ne précise rien, on peut s’enfoncer aussi profondément que l’on veut dans le passé. Telles sont les nouvelles légendes par lesquelles on veut nous faire croire que le Pentateuque était légendaire !

Toutefois, il est utile, avec l’hypothèse des mutations génétiques, d’approfondir un peu la genèse de l’Homme à partir du Primate. On doit imaginer en effet, selon le Transformisme bien compris, qu’un heureux couple de mangeurs de bananes eut l’honneur de mettre au monde le premier rejeton humain, dépourvu de queue, de poil, bipède à deux  mains seulement, sur ses pattes de derrière. Les 46 chromosomes issus des 48 expliquent ces déficiences. Les géniteurs de l’homo habilis durent redoubler de soins pour lui procurer la nourriture qu’il ne pouvait atteindre : vu son incapacité de grimper aux arbres. Ils durent surmonter leur étonnement, voire leur terreur, quand il disait « Merci papa ! », « merci maman ! » à la présentation d’un fruit ou d’un rat ! Il traçait des signes sur des écorces, sur la boue fraîche, sur le sable. Il apprenait à écrire avec des tâtonnements d’une lenteur décourageante. Il n’y avait pas d’école, même laïque, en ce temps-là, sinon l’Évolution eut été combien plus rapide !           

L’heureuse mutation a produit un mâle (supposons). Il faut attendre des millions d’années pour qu’une semblable improbabilité génétique suscite la femelle correspondante. Divisons par 10 000. Il le faut.

L’heureux mari a 100 ans à la naissance de sa fiancée. Ainsi commença le genre humain. Il n’est pas étonnant que nous ayons le vieillissement dans la peau !

Arrêtons ces divagations illusoires, mais inéluctables si le Transformisme était vrai. Faut-il rire ou pleurer ? Pleurer amèrement, car rien n’est plus désespérant qu’une destinée humaine régentée, comme ils le disent, par les seules lois physico-chimiques.

Si nos malheurs sont liés à notre nature, ils sont sans remède. L’Évangile n’est rien. La Rédemption, du vent. L’Espérance, sans aucun fondement. L’athéisme  – la privation de Dieu -, aboutit à l’enfer scientifique.

Je pose encore quelques questions. J’en ai le droit, au nom de la probité intellectuelle. Si l’homme dérivait des primates, les Anciens en auraient eu quelque notion, peut-être quelque souvenir. Or les plus vieilles traditions historiques écrites, gravées, en Égypte, en Chaldée, nous parlent d’une origine divine de l’homme, puis d’une chute et d’un rachat nécessaire. Au point que Champollion croyait voir dans le sacerdoce égyptien  les racines du christianisme. Comment se fait-il que les langues les plus anciennes soient les plus parfaites, tant pour la grammaire que pour le vocabulaire ? Pourquoi d’un seul coup surgissent l’architecture, le travail des métaux, l’orfèvrerie la plus fine au quatrième millénaire? Pourquoi le regard anxieux de toutes les religions vers les Ancêtres et leurs secrets qui risquent de se perdre à chaque génération ? –et qui se sont perdus chez les peuples orphelins et déracinés que l’on dit sous-évolués ? Notre progrès technique n’a pas coïncidé avec un progrès moral ! Pourrons-nous échapper à la menace qu’une science impie suspend sur le monde ? L’incendie et la ruine nucléaire ? Privée de la Révélation, la conscience sombre dans la folie suicidaire. Signe de la fin des temps ?

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