Le radiocarbone devant la Tunique d’Argenteuil

Par Marie-Claire van Oosterwyck-Gastuche

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Marie-Claire van Oosterwyck-Gastuche1

«Si l’homme est libre de choisir ses idées, il n’est pas libre d’échapper aux conséquences des idées qu’il a choisies. » (Marcel François)

Résumé : En 2004, une datation de la Tunique d’Argenteuil par le radiocarbone fut réalisée à Saclay et à Zurich, avec des résultats contradictoires donnant comme date à la relique respectivement 590 AD et 775 AD. En 2005, un généticien le Pr Gérard Lucotte analysa les globules sanguins et affirma l’authenticité de la relique… tout en niant la divinité de Jésus-Christ. Un physicien, Yves Saillard, lui répondit dans un article du journal Présent largement reproduit (21 et 26 juin 2008). Malheureusement, il y méconnaît les objections de fond qui s’élèvent à l’encontre d’une datation au C14 sur tissus. L’auteur, Mme van Oosterwyck-Gastuche, avait collaboré avec le Pr Lucotte en 2005 ; elle lui répond ici, à son tour, mais cette fois en montrant les tares de la méthode radiocarbone, tares qui rendent cette méthode aussi inopérante pour dater la Tunique qu’elle l’avait été en 1988 lors des analyses effectuées sur le Linceul de Turin.

Comme la Sainte Tunique d’Argenteuil, le Sudarium d’Oviedo et d’autres reliques insignes voient aujourd’hui leur authenticité contestée pour des raisons scientifiques, sur la base de datations au carbone 14 présentées comme absolues et à partir desquelles on prétend à une forgerie, pieuse certes, mais certainement maligne au départ.

Les assertions récentes du Pr Lucotte sur la Sainte Tunique2 n’ont pas tant contribué à éclaircir le débat qu’à le relancer !

« Heureux qui croit sans avoir vu! » nous a enseigné le Christ… Il parlait pour nous puisque, à tous ses disciples – et ils avaient peut-être l’intelligence aussi lente que nous –, il prit soin d’apparaître in corpore. Or c’est sur leur témoignage que nous vivons, espérons et croyons. Malheureusement notre nombre nous semble plus restreint encore que du temps des Apôtres, du moins en proportion. Plus encore qu’eux, nous sommes confrontés à une opposition apostate3, situation également prédite par le Christ puisqu’Il nous a prévenus qu’au jour où la vraie science serait bafouée, « les pierres parleraient ! »

Et voici que la Providence prend ces hommes au piège de leur Science, lorsque cette dernière atteste la véracité du Saint Suaire de Turin ou que toutes les fouilles en Terre Sainte, sur les lieux indiqués par la Tradition orale, confirment le déroulement des faits que celle-ci rapporte. Alors pourquoi la Sainte Tunique d’Argenteuil, le Sudarium d’Oviedo parmi d’autres, ne pourraient-ils « parler » eux aussi et témoigner de la réalité des faits auxquels ils ont participé afin qu’à l’exemple de saint Thomas, à défaut de voir, nous puissions au moins « toucher » ?

La controverse a rebondi dernièrement grâce au livre du Pr Lucotte Sanguis Christi, dans lequel celui-ci affirme que la Sainte Tunique est authentique, que les dates C14 sont fausses, tout en proférant des assertions à propos du Christ qui ont fait scandale.

Une voix s’est élevée contre les affirmations du Pr Lucotte, en la personne d’Yves Saillard, docteur en Physique théorique, physicien au Commissariat à l’Énergie Atomique.

Malheureusement, M. Saillard, faute de compétences dans tout le détail du domaine en cause, se permet des affirmations peu fondées qui, quoique opposées, ne valent pas toujours mieux que celles du Pr Lucotte. Curieusement, elles rejoignent les opinions de Monsieur le Maire d’Argenteuil qui semble se réjouir de la date mesurée à Gif, entre 530 et 650 A.D. Cette communion dans la « pensée correcte » entre M. Saillard et le Maire d’Argenteuil, dans une discipline qui leur est étrangère, a quelque chose de troublant. Et, dans le cas d’une Relique du Christ, l’« incorrection » devient une vertu indispensable pour un chrétien, témoignage de la liberté d’un esprit ouvert à la vérité !

Je connais bien le professeur Lucotte  et, quoiqu’il ne le dise pas, ai activement collaboré à la datation de l’échantillon S2a de la Tunique d’Argenteuil par la firme Archéolabs à l’E.T.H de Zurich. Mais je suis loin de partager toutes ses vues.

D’après mes constatations :

OUI, le Pr Lucotte est un scientifique compétent dans son domaine, l’hématologie (étude du sang).

OUI, il est équipé d’un matériel à la pointe de la technologie actuelle et il le maîtrise.

OUI, les observations qu’il recueille sont fiables.

NON, les conclusions qu’il en tire, même celles qui nous seraient « sympathiques », ne le sont pas toujours !

Quand à Y. Saillard, je ne comprends pas qu’il persiste à défendre le système de datation inventé par Libby, alors que les radiocarbonistes eux-mêmes n’y croient plus, et qu’il affirme avec une admirable inconscience que les défauts de datation sont corrigibles en toutes circonstances.

Voyons cela de plus près.

Du livre en question, Saillard retient deux problèmes principaux : celui des caractéristiques que l’auteur dit avoir découvertes chez le porteur de la Sainte Tunique – j’y reviendrai – et celui de la datation proprement dite par le carbone 14.

La datation de la Sainte Tunique par le carbone 14 :

Ou plutôt : les datations !

En effet, en 2004, sous l’impulsion de M. Jean-Pierre Maurice, à l’époque Sous-préfet d’Argenteuil, est lancée une campagne de datation de la Sainte Tunique confiée au laboratoire de mesures du carbone 14 de Saclay à Gif-sur-Yvette (nous parlerons de « Gif »). Parallèlement, le Pr Lucotte, ayant obtenu un morceau de l’échantillon, le confie au laboratoire Archéolabs qui le fait dater par l’E.T.H. de Zurich (nous parlerons de « Zurich). Ces deux laboratoires, de grande notoriété, sont équipés des tout derniers instruments de mesure A.M.S.4 garantissant 95,4% de fiabilité.

Lors des résultats, Gif indique: « la date moyenne des échantillons S1a et S2a est comprise entre 530 et 650 A.D. (probabilité 95.4%) ». La date moyenne est 590. Mais la date de S2a est de 530  comme on le lit en filigrane dans le rapport de Gif.

Et Zurich indique les dates suivantes pour l’échantillon S2a : 670-880 A.D., également déterminées à 95,4% de probabilité. La date moyenne est 775 A.D.

Soit une différence de plus de 200 ans : on est loin des 5% revendiqués par Saillard !

Pour sortir de cette contradiction, chaque protagoniste a sa méthode.

Le Pr Lucotte incrimine avec raison les contaminants retenus dans les échantillons, mais les accuse de « rajeunir » ceux-ci, ce qui ne se peut pas. Saillard, après avoir ergoté sur la nature des contaminants, décrète fausse la date donnée par Zurich et s’en tient mordicus à celle de Gif, laissant ainsi sous-entendre une fabrication « à la demande » de la relique. Il eût pu tenir à la proposition contraire sans rien changer au résultat.

Nous voyons que ces datations, réalisées par les mêmes appareils, de même précision, par des équipes compétentes, ne convergent pas, comme elles le devraient, dans l’intervalle de précision revendiqué. Pour les spécialistes qui les estiment correctes, il s’agirait « d’une simple question d’étalonnage ». En fait, si elles ont réellement été déterminées à 95,4% de probabilité, elles s’excluent l’une l’autre, et donc SONT FAUSSES toutes deux !

Le constat est là : elles ne peuvent être vraies ensemble et nulle n’a plus que l’autre5 motif à s’affirmer. Qui plus est, les équipes de mesure, à la différence de bien des interprètes6, ne cherchent pas à imposer « leur » résultat mais au contraire recommandent de les corréler avec ceux d’autres disciplines scientifiques appliquées au même objet. Tout comme le Saint Suaire, la Sainte Tunique est bien pourvue de ce côté-là. Nous pouvons donc, en toute bonne conscience, tenir ces dates pour non avenues et continuer à vénérer ces reliques comme parfaitement authentiques. Non que la foi y gagne nécessairement, mais, comme la photo de mes parents pour mon amour filial, elles sont la confirmation tangible d’événements qui sont à sa source !

Comment en est-on arrivé là ?

Les problèmes de la méthode radiocarbone : contaminants, pérennité, etc. :

Afin de ne pas lasser le lecteur, je me bornerai à un court exposé sur la méthode, ses points faibles et les utilisations malencontreuses qu’on en a fait à cette occasion, laissant de côté le lourd appareillage bibliographique qui le justifie. Pour les compléments, on pourra se reporter à mon ouvrage4.

La méthode de datation par le radiocarbone a été mise au point par le Pr Libby dans les années 40.

Elle repose sur la mesure du pourcentage de désintégration du C14, l’un des isotopes du carbone, contenu dans l’objet à dater. Elle requiert, pour fonctionner utilement, la constance et l’homogénéité de la source universelle en C14 (le rayonnement solaire7 de la haute atmosphère), et l’inertie de l’objet lui-même face aux agressions extérieures qui seraient susceptibles de l’enrichir ou de l’appauvrir au cours de son histoire.

Par synthèse chlorophyllienne, les végétaux absorbent directement le C14 présent dans le gaz carbonique de l’air; les coquilles ou les récifs coralliens s’en servent également pour fabriquer leurs tests calcaires. Les animaux qui les ingèrent se constituent de la même façon un stock de carbone originel. Leur mort arrête ces échanges. La mesure du C14 présent dans leurs restes permet de calculer le temps écoulé, une fois la constante de désintégration connue. La date que Libby dit avoir fixée, serait celle de l’époque de la vie des organismes. C’est cette méthode qui a servi à dater les principaux événements de la préhistoire et de la paléoclimatologie au cours des 30 à 40.000 dernières années, période où le « chronomètre » est réputé fiable.

Les difficultés d’emploi sautent aux yeux : la constance de la source n’est  pas garantie ; elle varie, de fait, en fonction de très nombreux facteurs. De plus, les teneurs en C 14 sont infinitésimales, de l’ordre du millionième ; les constantes de désintégration fluctuent de laboratoire en laboratoire et les données peuvent se trouver modifiées par des facteurs étrangers au temps, comme l’intervention de pollutions où l’eau, qu’elle soit liquide ou sous forme de vapeur, tient souvent un rôle essentiel.

Notons que lorsque Libby inventa son « chronomètre », le rôle de l’eau et  celui des pollutions n’était pas encore connu. Ce ne fut que plus tard, quand on comprit qu’elles faussaient les âges, que les laboratoires introduisirent des méthodes de décontamination garantissant, dit-on de toute part, l’élimination des pollutions et la restauration de l’âge réel de l’échantillon.

Remarquons enfin que les mesures de C14 demandent la mise en œuvre d’appareils à la pointe des possibilités technologiques du moment et qu’une avancée de quelques millièmes dans la précision qu’ils garantissent a rapidement des conséquences dans la datation des événements historiques que l’on veut étudier.

Le problème capital du radiocarbone mis en évidence : la valeur de la décontamination des échantillons. Enjeux et conséquences :

Dans ma communication au colloque sur la Sainte Tunique organisé à Argenteuil par le COSTA, le 12 novembre 2005, j’ai expliqué ce que j’avais voulu obtenir lorsque je demandai au Pr Lucotte de suivre, avec son microscope électronique à balayage couplé d’une sonde, l’efficacité du processus de décontamination de l’échantillon S2a de la Tunique. Cette étude est très importante, car c’est la première fois qu’un processus de décontamination se trouve contrôlé de la sorte. L’appareil permet en effet d’observer les fibres à fort grossissement et d’analyser chimiquement leur contenu; il a fait constater que la décontamination des échantillons confiés à l’A.M.S pour l’analyse C14 était imparfaite.

La remarque valait tant pour les échantillons de Gif que pour ceux de Zurich.

Ceux que le Pr Lucotte m’avait confiés pour étude, et dont j’ai parlé à sa requête lors du colloque,étaient contaminés par des cristaux de calcite relativement grands.

Je les ai montrés et on peut vérifier qu’il s’agit bien de calcite en consultant, dans ma communication8 ou dans le livre9 de Marion et Lucotte, les spectres des éléments constitutifs de ces mêmes échantillons, ce que Saillard ne cite pas. Ces cristaux s’étaient conservés malgré le traitement de décontamination subi, lequel avait aussi dissout une partie de l’échantillon à dater, la laine de la Tunique. Le diamètre de ses fils avait diminué d’environ 30%.

Cette analyse, que je juge « la plus intéressante du point de vue scientifique », a permis d’évaluer quantitativement l’effet d’un traitement de décontamination classique, appliqué universellement, destiné à enlever les contaminations superficielles contenant du carbone plus récent. Les poids avant et après nettoyage étant enfin indiqués10, ils révélaient une perte énorme de matière (environ 60% de l’échantillon avait disparu !), due pour moitié, d’après mon évaluation, à la perte de poids de la calcite et pour moitié à celle de la laine. Rappelons que lors de ce traitement appelé AAA – abréviation de l’anglais Acid-Alkali-Acid –, l’échantillon est soumis à deux attaques acides (destinées à dissoudre les dépôts calcaires) entrecoupées d’une attaque par les bases ou alcalis (servant à dissoudre les matières organiques).

Or la laine est une matière organique très soluble dans les bases. Cette propriété élémentaire ne semble prise en compte par personne11 !

Tout démontre que le processus de nettoyage échoue à supprimer les contaminations de façon sélective et s’avère  incapable de faire la distinction entre un C14 moderne et le C14 originel de la fibre de laine. La teneur en radiocarbone d’un échantillon décontaminé de cette façon ne peut donc pas fonder une mesure absolue du temps, ni même une simple mesure de celui-ci, contrairement à ce qui est affirmé partout.

Les radiocarbonistes, tant ceux de Gif que de Zurich, n’ont présenté aucune objection vis-à-vis de cette conclusion gênante. Ils se sont contentés de l’ignorer.

Qui peut alors certifier que la date établie par le C14 correspond à l’âge historique de la laine de la Tunique? Les constats dont on dispose laissent rêveur: les radiocarbonistes évitent de dater les tissus teints, or la Tunique est teinte à la garance. Ils s’efforcent d’éliminer les contaminations mais ils n’y parviennent pas, comme on le constate dans l’étude de la Tunique. Et les listes d’âges aberrants s’allongent de jour en jour !

Mais des échantillons que l’on aurait réussi à nettoyer intégralement, délivreraient-ils – au moins eux – une date exacte ? Rien n’est moins sûr car, encore une fois, les données manquent; personne à ma connaissance, sauf lors des tests menés avec l’appareil du Pr Lucotte, n’ayant contrôlé les effets des processus de décontamination.

Par ailleurs, la collaboration avec des chercheurs russes m’a appris que chaque organisme vivant possède une distribution isotopique spécifique, le «fractionnement isotopique», sorte de « carte d’identité » inaliénable. Ainsi, parmi les tissus d’époque actuelle, ceux de laine et de lin sont plus riches en C14 que ceux de soie et de coton ! Ces différences, pas trop importantes pour les tissus, le deviennent pour les coquilles : on a mesuré des âges de milliers ou de dizaines de milliers d’années B.P. pour des coquilles contemporaines !

En résumé, la méthode de Libby mesure les distributions isotopiques inhérentes à l’espèce végétale ou animale en cause (dont personne ne veut trop tenir compte) et en même temps celles des contaminations apportées par des solutions, que les processus de décontamination sont bien incapables d’enlever comme l’a bien montré l’étude de l’échantillon S2a.

Ce dernier point est donc bien le « talon d’Achille » de la méthode radiocarbone. Le professeur Gove, qui avait bruyamment affirmé le contraire pendant des années, l’a reconnu récemment sans ambiguïté.

Comme en témoigne ma contribution au Colloque d’Argenteuil, les interprétations du Pr Lucotte diffèrent en partie des miennes. Pour lui comme pour moi, la Tunique est  authentique et date du Ier siècle mais, pour lui, la présence des cristaux de calcite est cause de rajeunissement. Mon expérience me fait dire au contraire que la calcite vieillit les échantillons. Le lecteur intéressé pourra se référer à mes publications.

Saillard n’a donc plus motif de refuser cette date, ce qui lui aurait évité d’écarter dédaigneusement les preuves de possibilités d’enrichissement en C14 sans prise de poids, qu’avaient présentées Kouznetsov, preuves confirmées par Jackson mais aussi Moroni, Barbesino et Bettinelli au symposium de Richmond et que je rapporte dans mon livre12.

Les affirmations du Pr Lucotte sur Jésus de Nazareth :

Revenons aux observations de Lucotte qui auraient, selon certains, blessé la Foi et la Science et contre lesquelles d’aucuns ont voulu mettre en garde leurs lecteurs en publiant l’article de Saillard… Il affirme d’abord :

1. La Sainte Tunique a bien appartenu à Jésus de Nazareth et date donc bien du Ier siècle de notre ère. (Les témoignages à ce propos abondent…)

2. Le sang dont elle est imprégnée est le vrai sang du Christ. (La présence de sang sur la Sainte Tunique est connue depuis bien longtemps. Il n’est pas décelable à l’œil nu mais les très belles photographies-radiographies de Gérard Cordonnier dans l’infra-rouge l’ont fait clairement apparaître; elles datent de 1934 !)

3. Son tissu est contaminé par de la calcite, ce qui fausse son âge radiocarbone. (Comme je l’ai déjà dit, je pense comme lui mais j’ai d’autres arguments13.)

Gérard Lucotte est généticien et professeur d’hématologie à l’Institut d’Anthropologie moléculaire de Paris. Sa compétence dans ces domaines est indubitable. Il dispose de l’appareil très sophistiqué dont j’ai parlé plus haut, qui lui permet d’examiner ses échantillons à de forts grossissements et de déterminer qualitativement leur composition chimique. Je ne suis vraiment pas sûre que Saillard le connaisse. Cet appareil lui a permis de faire des découvertes très importantes sur le sang de la Tunique comme de certifier que ce sang appartient bien à un humain de sexe masculin de groupe sanguin AB (un groupe rare qu’on retrouve sur le Linceul de Turin et sur le Sudarium d’Oviedo) dont il identifie le génome à partir de traces d’ADN retrouvés dans ses globules blancs14. L’homme est de race sémite. C’est plus précisément « un juif ancien oriental », comme l’était certainement le Christ.

Toutefois la position du Pr Lucotte est complexe. Pour celui qui a confié au Dr Jean-Maurice Clercq : « Je vois toute la Passion à travers le microscope », le propriétaire de la Sainte Tunique est bien Jésus de Nazareth, mais celui-ci n’est nullement «Dieu, fils de Dieu, né de la Vierge immaculée » comme le disent les Écritures. Il n’est qu’un pauvre humain comme les autres et « fils biologique de Joseph ».

La preuve ? Le professeur a retrouvé dans son ADN le couple XY; or le chromosome Y est toujours transmis par le père ! Le vrai problème est que Lucotte, qui se dit « nestorien », n’a apparemment pas (encore) reçu la grâce de croire aux dogmes de l’Église. Il n’est ni le premier, ni le dernier dans ce cas. Malheureusement, il va se servir du prestige dont sont auréolées ses déterminations qu’il présente sans scrupule excessif comme « rigoureusement scientifiques », pour ridiculiser la Religion catholique. Il dose habilement ses discours selon le public auquel il s’adresse, se fait pieux avec les chrétiens et moqueur avec les agnostiques. Je vais citer Jean-Maurice Clercq, docteur en chirurgie dentaire qui, dans un livre remarquable15, a analysé les découvertes du Pr Lucotte et prouvé scientifiquement que ses observations ne l’autorisent nullement à extrapoler à partir de ses travaux de cette façon et, notamment, que rien ne lui permet d’écarter la transmission miraculeuse de ce chromosome « par l’opération du Saint Esprit16 ».

Les observations de Lucotte au microscope électronique à balayage ont montré que « les globules rouges sont extrêmement nombreux et dans un état de conservation remarquable ». Leur état d’altération  « prouve, et cela de manière formelle, que ce sang provient d’un individu qui a subi une situation traumatique extrêmement importante ».

Lucotte a encore retrouvé « des hématies déchirées ayant perdu leur hémoglobine. Cela semble signer… la sueur de sang de l’agonie de Gethsémani décrite dans Saint Luc ».   L’étude par Lucotte des résidus du sac d’aspirateur d’Isabelle Bédat (qui a dépoussiéré la Tunique en 2004) et qu’il a réussi à se procurer, lui aurait révélé que celui qu’il traite de haut et appelle familièrement « Jésus »: « se rasait une fois par semaine, était opiomane, avait des morpions et son sang trahirait une dégénérescence génétique particulière aux juifs d’Afrique du Nord, la « fièvre méditerranéenne familiale » ». Souvenons-nous cependant que le Porteur de la Tunique a été soumis, au cours de trop longues heures, à une promiscuité où l’hygiène personnelle devait laisser à désirer! Enfin, le Pr Lucotte a-t-il raison d’attribuer à une imperfection de la nature humaine du Christ la tare qu’il dit avoir détectée dans le sang trouvé sur la Tunique, alors qu’il y a décelé la trace de traumatismes gravissimes, très significatifs  du déroulement de la mission du Fils incarné?

Rappelons encore que Lucotte est le seul à posséder ces échantillons tirés d’un sac d’aspirateur qu’il garde jalousement, ne montre à personne et qu’il refuse toute tentative de discussion ou d’éclaircissement à leur sujet. Une telle attitude ne peut que décourager les vrais scientifiques.

Maintenant je me pose une question : est-il possible qu’au bout de vingt ans, alors que tout un chacun a compris que l’âge médiéval radiocarbone du Linceul a précisément été « fabriqué » par les ennemis de la Religion, qu’il est même l’argument décisif – ET LE SEUL – contre l’authenticité de la Relique, un scientifique qualifié comme Saillard défende encore le caractère infaillible de la datation radiocarbone, cette même date qui sert à ruiner l’authenticité de la relique ? C’est pour moi une énigme !

Or vingt ans après, j’assiste au spectacle rare des propres auteurs de la datation médiévale la mettant en doute aujourd’hui ! C’est pour moi une autre énigme.

Notre époque serait donc bien celle, annoncée dans les prophéties, de l’apostasie générale et de la confusion des esprits, de la fausse science, des « faux docteurs pleins d’hypocrisie, marqués au fer rouge dans leur propre conscience »  (1 Tm 4, 2). On ne peut nier que ce sont là les caractéristiques de bien des radiocarbonistes, comme j’ai pu le constater et comme je le relate dans mon ouvrage. Que Saillard soit toujours de leur côté malgré les preuves accumulées de leur imposture, me navre.

À propos des causes susceptibles d’avoir rajeuni le tissu de la Tunique, j’apporterais une dernière remarque : cet antique tissu de laine est resté au contact d’un support de satin blanc depuis le début du XIXème siècle jusqu’en 2004, époque où la restauratrice, Isabelle Bédat, l’en a débarrassé, ayant remarqué avec surprise que ce tissu relativement récent était beaucoup plus altéré que la Tunique. Faudrait-il expliquer le rajeunissement de celle-ci par le contact prolongé avec ce satin? Si tel était le cas, ce support ayant perdu du C14, son âge aurait vieilli. Cette hypothèse séduisante n’a pas été contrôlée, personne n’ayant jamais songé à dater ce satin. On croit pouvoir deviner pourquoi…

Pour terminer, remarquons que si l’authenticité de ces différentes reliques n’a pas d’importance aux yeux de la Foi, l’Église ne peut que se réjouir d’une étude scientifique qui serait enfin menée conformément aux règles de chaque discipline, dans le respect des données observées, sans que le résultat soit occulté ou biaisé par préjugé. Répétons-le : la Providence a doté notre époque des moyens pour faire « parler les pierres » et il paraît certain que « les pierres parlent  »! Quand, parmi ces témoins, les plus fragiles s’expriment, ne laissons pas fausser leurs discours. Remarquons encore que si  les méthodes d’investigation modernes appliquées aux trois grandes Reliques du Christ, ont confirmé point par point les caractéristiques minutieusement décrites dans les récits historiques, et cela jusqu’à l’échelle sub-microscopique, aucune de leurs dates radiocarbone n’a délivré l’âge du Ier siècle et toutes se sont révélées différentes.

Outre le célèbre 1260-1390! A.D. présenté en 1988 comme « verdict de la science » pour le Linceul de Turin et que l’un de ses propres auteurs, le Pr Ramsey, vient de mettre en doute au début de 2008, nous avons vu que les dates différentes mesurées sur le même échantillon de la Tunique d’Argenteuil à Gif (530-650 A.D.) et à Zurich (670-880 A.D.) prouvaient leur absence de signification chronologique.

Il en va de même des différentes dates qui ont circulé à propos du Sudarium d’Oviedo. Surgirent d’abord des déterminations venues de nulle part (de 500 à 1000 A.D). On finit par découvrir qu’elles provenaient de l’université d’Arizona. Vinrent ensuite celles presque identiques et « officielles » provenant de Toronto (679 A.D.) et d’Arizona (811 A.D.).

Toutes furent rejetées avec mépris par les Espagnols qui avaient accumulé  preuves sur preuves de l’authenticité du Sudarium. Que dire d’indices troublants, laissant penser que ces âges ont été trafiqués par les laboratoires C14 pour faire croire à une fabrication frauduleuse: la date C 14 du Saint Suaire est celle de son arrivée à Lirey, celle du Sudarium proche de celle de son arrivée en Espagne et celle de Gif légèrement antérieure à  la date de l’arrivée de la Tunique à Argenteuil. Rappelons que les radiocarbonistes ne font jamais allusion aux très nombreux examens réalisés par des équipes pluridisciplinaires, bénéficiant des techniques les plus pointues, examens qui ont surabondamment confirmé l’authenticité de ces reliques et donc la date du Ier siècle. La seule conclusion qu’on puisse  déduire de ces études est que la méthode C 14 date faux. Oui, « les pierres parlent » et les tissus aussi. Et il est grand temps d’entendre ce qu’ils disent.

ANNEXE. Quelques réflexions à propos de la contribution de M. Saillard :

I- Contenu de cette contribution :

Il écrit avec autorité, sans donner l’ombre d’une précision : « La vieille explication (pourquoi vieille ?) de la datation très anormale du Saint Suaire par des dépôts divers (quels dépôts divers?), notamment lors de l’incendie de 1532… est insoutenable. » Et en effet, Saillard reprend dans son annexe III la démonstration faite par le Pr Hall en 1989, souvent copiée, qui montre que, pour passer du Ier au XIVème siècle, le poids du contaminant ajouté doit être très élevé. Or ces calculs, fondés sur des estimations hypothétiques, ne tiennent pas compte des accidents subis par le tissu.

Saillard ne dit rien des résultats des tests thermiques réalisés à Moscou sur mes instructions et dont le premier, présenté à Rome en 1993 par le Dr Kouznetsov, avait révélé l’enrichissement important en C14 d’un lin originaire de Boukhara. Or, Saillard est muet sur cette expérience ainsi que sur celles réalisées plus tard à Moscou par Kouznetsov et al. qui ont révélé des possibilités d’enrichissements plus importantsencore.

Il ne dit rien non plus des expériences semblables réalisées avec succès par le Dr John Jackson après le symposium de Nice en 1997. On se souvient qu’il y avait démontré – en se fondant sur l’équation d’Arrhénius, le B A, BA de la thermochimie – que l’équipe russe n’avait pas inventé ses résultats (ce que prétendait Salet qui ignorait cette équation). Jackson démontra encore brillamment à la conférence de Richmond en 1999 que, si l’on tenait compte du processus d’enrichissement par des contaminations proposé par Hall, Salet et d’autres, le poids nécessaire pour passer du Ier au XIVème siècle atteindrait une valeur proche de l’infini17, ce qui est évidement absurde.

 Cependant, si l’on suivait les conditions décrites par Kouznetsov et al. notamment celles de sa publication de 199618, les taux de radiocarbone d’un tissu de lin s’enrichissaient dans des proportions considérables sans qu’on détecte de changement de poids. J’ai attribué ce phénomène à une redistribution d’isotopes. Non seulement Jackson19 mais aussi Moroni, Barbesino et Bettinelli reproduiront au symposium de Richmond ce même type d’expériences avec des résultats positifs.

J’ai parlé de ces expériences dans mon ouvrage et les ai exposées aux symposia de l’AMSTAR à Dallas en 2001  et en 2005. Ces communications s’intitulent respectivement : « Proof of the unreliability of the C14 mediaeval age obtained on the Turin  Shroud » (2001) et « Attack of the Turin Shroud during the 1532 fire » et sont publiées dans les Actes de ces congrès. L’AMSTAR et le groupe ASSIST sont les associations qui ont remplacé le STURP. Or, Saillard ne les cite pas.

Les chercheuses de Saclay qui ont effectué la datation de la Sainte Tunique, ont d’ailleurs reconnu que les dates radiocarbone qu’elles avaient mesurées n’étaient qu’indicatives. J.M. Devals20 écrit, sans jamais citer leurs noms, –  curieusement, elles sont les seules à n’avoir pas voulu signer leur expertise:

« Je constate d’ailleurs que les experts qui nous ont entourés n’ont jamais indiqué que la méthode était infaillible. Ils ont au contraire insisté, à différentes occasions, sur la nécessité d’une corrélation avec les déductions découlant des autres approches. »

Parmi ces autres approches, il ne faut pas oublier celles, historique et scripturaire, complètement négligées des spécialistes à l’origine de cette nouvelle datation.

II – La déclaration du Dr Fontugne présentée par M. Saillard comme prouvant l’infaillibilité du test au C 14 :

Dans le paragraphe intitulé « Le sérieux du radiocarbone », où Saillard garantit l’infaillibilité de la méthode, celui-ci relève que le Pr Lucotte aurait faussement cité M. Fontugne, lequel n’aurait pas écrit : « le radiocarbone date faux, on le sait depuis quarante ans ». Saillard, qui a interrogé  Fontugne à ce sujet rapporte que celui-ci aurait dit : « le radiocarbone date faux, on le sait depuis quarante ans, mais on sait le corriger ». Il est amusant de constater que Lucotte a repris cette première citation de mon ouvrage, mais sans le dire21. Il est d’ailleurs coutumier du fait. On découvre, dans son ouvrage avec Marion, des  « emprunts » qui portent sur des pages entières. J’ajoute que Saillard a certainement lu mon livre, car il l’interprète faussement avec une rare persévérance, toujours sans le citer ouvertement. Et, quand il affirme que « Lucotte n’est sans doute pas responsable de cette troncature calomnieuse », il me désigne à mots couverts.

Quelle importance après tout ? Car si Fontugne a réellement prononcé la seconde partie de la phrase, c’est bien une erreur majeure : il est certain que le radiocarbone date faux, la datation de la Sainte Tunique vient d’en apporter une nouvelle preuve et nous ne sommes pas au bout de nos surprises dans ce domaine. Toutes ces «corrections» surajoutées au fil des ans prouvent que la méthode est mauvaise.

Ainsi (contrairement à ce qu’avance Saillard), les spécialistes ont établi qu’il était impossible de déduire l’âge exact d’un échantillon à partir de la « correction dendrochronologique ». On sait aujourd’hui que ces « âges calibrés » dépendent de facteurs étrangers au temps, qui sont mal connus et qui varient considérablement.

Et l’intérêt soudain manifesté par les chercheurs du monde entier pour les récentes découvertes du Pr Ramsey, d’Oxford, sur les réactions aboutissant à la production de quantités insoupçonnées de C14 dans la haute atmosphère, soulèvent de nouvelles questions au sujet de la fiabilité de la méthode.

Certes, les dates C14 ne sont pas toutes erronées. On cite volontiers l’âge C14 des manuscrits de la mer Morte, qui est bien celui qu’on escomptait, ce qui reste un succès indiscutable de la méthode de Libby. Mais n’oublions pas que ces manuscrits ont été conservés dans des grottes à l’abri de l’humidité et à température constante, contrairement au Linceul, à la Sainte Tunique et au Sudarium lesquels, bien que datant tout trois du Ier siècle de notre ère selon les témoignages historiques, présentent des âges radiocarbone différents. Les manuscrits qumrâniens n’ont pas connu d’accidents majeurs ni d’infestation par les microorganismes, comme ce fut le cas pour ces tissus et de bien d’autres échantillons présentant des âges aberrants. J’ajoute que, contrairement à ce qu’affirme Saillard, les datations sur tissus sont en général très mauvaises et que, si les âges des tissus utilisés comme témoins dans l’expertise du Linceul se sont révélés excellents, c’est qu’ils avaient été communiqués  d’avance aux trois laboratoires.

III – Que penser de  l’avis officiel à propos de l’identité de la Sainte Tunique ?

On trouve cet avis sur le site Internet : « La Sainte Tunique d’Argenteuil ». Les  sous-titres de l’article sont significatifs : « Légende, Histoire, Culte des reliques, Études scientifiques ». Ce dernier paragraphe semble apporter la preuve de la fausseté de la Tunique :

« Des études réalisées par Sophie Derosiers, spécialiste des textiles anciens, et des analyses menées en 2004 au laboratoire de mesures du carbone 14 à Saclay, ont daté le tissage de la Tunique des VI-VIIe siècles de notre ère (entre les années 530 et 650 ap. J.C.) avec une probabilité de 95,4%.

Ces résultats ont été rendus publics par l’évêché de Pontoise en décembre 2004. »

Et, en conclusion :

« S’il est désormais exclu que la tunique d’Argenteuil soit du Ier siècle, elle n’en conserve pas moins une valeur historique certaine, en dehors même de sa dimension symbolique, comme le souligne Serge Pitiot, conservateur des Monuments Historiques. »

 On sait que les examens opérés sur la Sainte Tunique, en 2004 ont été réalisés à l’initiative du Sous-préfet d’Argenteuil, à l’époque M. Jean-Pierre Maurice, avec la collaboration du C.E.A de Saclay pour la datation radiocarbone et celle du Laboratoire des Monuments Historiques dirigé par M. Serge Pitiot pour les autres analyses. Le tissage a été étudié par Sophie Derosiers et la laine par Brigitte Oger qui, toutes deux, ont identifié une laine de mouton très ancienne. La teinture a été examinée par Witold Nowick, lequel a identifié la garance et, contrairement à Lucotte qui avait désigné l’alun comme mordant, y a identifié le fer. Leurs  rapports sont fort bien faits et, bien qu’aucun n’exclue une date du  Ier siècle et une origine proche orientale, aucun ne l’affirme.

Serge Pitiot,  qui a eu l’amabilité de me communiquer ces rapports, m’a embarrassée en me recommandant la confidentialité. Mais, les ayant retrouvés pratiquement  in extenso  dans l’ouvrage de Marion et Lucotte, je n’ai aucun scrupule à les citer à mon tour. On sait aussi que Pitiot et les radiocarbonistes n’ont pas assisté au colloque organisé par M. Wuermeling et auquel ils avaient pourtant été invités. J’ajoute que Pitiot, qui a lu mon livre selon des témoins, n’a jamais souhaité me rencontrer et ne m’a pas informé que ces résultats avaient été publiés en 2008 dans la revue Monumental.

À ma surprise, c’est le Maire d’Argenteuil, M. Philippe Doucet, qui m’en informa dans une lettre du 15 mai 2008, répondant à la mienne du 19 mars où je lui signalais les défaillances de l’expertise de 2004, notamment dans le domaine de la datation radiocarbone. J’avais notamment écrit:

« Les affirmations de la notice à propos de la fausseté de la relique (fondées en ordre principal sur les datations C14) sont loin d’être prouvées et les études récentes ont, tout au contraire, apporté  la preuve de l’authenticité de ce vêtement. »

Le Maire d’Argenteuil me répondait :

 « La datation effectuée en 2004 sur la Tunique d’Argenteuil a été réalisée avec une grande rigueur scientifique et en mobilisant les moyens les plus performants, disponibles à cette époque. Le ‘principe de réfutabilité’ défini par Karl Popper, gage de la rigueur scientifique, nous incite à regarder ces résultats avec sérieux et à les tenir pour justes, et ce jusqu’à preuve du contraire. »

 Il résolvait le problème des dates différentes, déterminées à 95,4% de probabilité sur le même échantillon, en confirmant la date de Gif (entre 530 et 650 A.D.) et ajoutait cette phrase surprenante : « d’ores et déjà, les parties non utilisées par le CEA, remises à Gérard Lucotte, spécialiste en anthropologie moléculaire, lui ont permis de confirmer la datation obtenue entre 670 et 785 » ( ?).

On avait cru que ce dernier avait dit tout autre chose ! Notamment, que les caractéristiques qu’il avait découvertes sur le sang lui avaient permis de l’identifier comme appartenant au Christ! Et que la date qu’il avait fait mesurer à Zurich, située entre 670 et 880 A.D., loin de confirmer la date de Gif, l’avait invalidée!

C’est donc le Maire d’Argenteuil et non Pitiot qui m’a tenue informée des résultats de l’expertise de 2004 sur la  Sainte Tunique et qui les a interprétés de façon plutôt inattendue du point de vue scientifique. C’est étrange…

Il faut remarquer que la présence de sang sur la Tunique, quoique identifiée depuis 1934 par G. Cordonnier, n’est pas signalée dans les rapports des Monuments Historiques, rapports ne mentionnant pas non plus les récentes découvertes du Pr Lucotte sur ce sang si particulier.

Il est vrai que, les spécialistes des Monuments Historiques s’étant abstenus de faire les tests destinés à détecter la présence de sang, ils ne pouvaient guère le retrouver.

On s’interroge sur les raisons qui ont poussé la direction des Monuments Historiques à négliger cette identification pourtant capitale. On peut aussi s’étonner que l’évêque du lieu, custode de la Relique, ait accepté d’emblée ces résultats, sans relever que le sang avait été mis en évidence lors d’expertises antérieures, sans tenir compte de ses caractéristiques extraordinaires découvertes  par le Pr Lucotte, sans s’inquiéter de ce que les contaminations mises en évidence lors du colloque auraient pu en fausser l’âge et sans se soucier non plus qu’un même échantillon ait produit deux dates C14 différentes, toutes deux en contradiction avec les autres caractéristiques du vêtement qui, elles, certifiaient sa fabrication au Ier siècle.

IV – Mais l’Académie des Sciences  ne croit pas non plus à la date médiévale :

Monsieur le Maire sait-il que son avis était d’avance démenti par l’Académie des Sciences (Paris),à l’appréciation de laquelle j’avais soumis mon ouvrage sur le radiocarbone ?

J’y avais  notamment contesté la valeur de l’âge médiéval du Linceul – 1260-1390 AD – obtenu par un calcul statistique « exemplaire », selon ce qu’avaient proclamé à l’époque les radiocarbonistes.

La réponse de l’Académie signée par Pierre Perrier, délégué  général du CADAS (Comité des Applications de l’Académie des Sciences, devenu Académie des Technologies)22, a confirmé mon intuition: oui, l’âge médiéval du Linceul est faux. Il a été déduit « à partir de valeurs trop dispersées, en trop petit nombre » et sur de « fausses bases d’étalonnage ». Voici quelques formules significatives de cette lettre :

« On peut espérer que le pénible épisode de la fausse datation du Linceul puisse servir à ce que les médias… acceptent la notion d’incertain, que les experts acceptent de dire : « je ne sais pas parce que je n’ai pas de méthode de mesure adéquate .»

En conclusion : Perrier conclut que l’âge médiéval est faux et que la méthode de datation par le C 14 utilisée est inadéquate. Rappelons que, seule, une semblable datation s’opposait à l’authentification du Linceul.

Cette réponse date de l’an 2000. Elle a été présentée la première fois au symposium d’Orvieto, en 2000, puis à Dallas, en 2001, à Rio de Janeiro, en 2002, et je l’ai citée au colloque d’Argenteuil en 2005. Malheureusement elle fut ignorée. Pourquoi ?

V – Et le Pr Ramsey d’Oxford n’y croit pas non plus :

Cette position est d’autant plus inconfortable que le nouveau directeur du laboratoire de mesure du C14 d’Oxford, le Pr Christopher Bronk Ramsey, a émis dernièrement des doutes sur la fiabilité de la date médiévale déterminée en 1988.

« Nous nous sommes peut-être trompés. » a-t-il déclaré au micro de la BBC, au début de 2008, avis aussitôt répercuté par les médias. Au cours de la correspondance très intéressante que j’ai échangée avec le Pr Ramsey, j’ai constaté qu’il ne croyait pas non plus au « Verdict de la science » asséné en 1988, mais qu’il refusait toute vérification des calculs statistiques, tant ceux de Nature qui avaient servi à fonder l’âge médiéval,que ceux des statisticiens qui avaient prouvé qu’il était faux. Ce sophiste répondait le 8/12/08 à ma lettre du 7/12 où je demandais qu’il veuille bien contrôler ces calculs : « …I anyway do not wish to devote a lot of time to arguments over the quoted precision of the 1988 measurement » (…Je ne désire en aucune façon consacrer beaucoup de temps à contrôler les arguments sur la valeur des mesures de 1988), lesquelles seraient selon lui périmées depuis l’avènement des nouveaux A.M.S. permettant de dater à 95,4% de probabilité.

Que devient le « Verdict de la Science » dans tout cela ? Gageons qu’il survivra, car il n’est pas question de ternir l’aura des radiocarbonistes. Tant de choses en dépendent… Mais, au moins, qu’on ne nous dise plus que ces déterminations ont été faites au nom de la vraie Science…


1 Chimiste, agrégée de l’Enseignement Supérieur, professeur des Universités, M.-C. van Oosterwyck s’est fait connaître lors de la datation radiocarbone de 1988 par son ouvrage fondamental Le Radiocarbone face au Linceul de Turin. Journal d’une recherche, Paris, Éd. F.-X. de Guibert, 1999, 349 p. On relira avec profit la série d’articles donnée dans Le Cep n° 1, 2 et 3: « La Datation des ères géologiques remise en question ».

2 Gérard Lucotte et Philippe Bornet, Sanguis Christi, Paris, Trédaniel, 2007. 

3 Prophétisée depuis longtemps, elle est signe du second avènement du Christ qui doit être précédé du règne de l’Antéchrist. Cette apostasie aura un caractère particulier : elle se fera au nom de la Science. Saint Pierre (2 Pi 2, 1) annonçait déjà qu’il y aura alors de « faux docteurs ». Et saint Paul ajoute que ceux-ci, ayant connu et renié Dieu, « se sont écartés de la foi pour s’attacher à des esprits trompeurs et à des doctrines diaboliques » (1 Tm 4, 1) et aussi pour « s’attacher à des fables et à des généalogies interminables » (1 Tm 1, 4). Et, parce qu’ils n’ont pas « accueilli la vérité en vue d’être sauvés », Dieu les châtie en leur envoyant « une puissance active d’égarement qui les fait croire au mensonge » (2 Th 2, 11).

4 A.M.S.= Accelerator Mass Spectrometer (S.M.A. ou Tandetron en français). Mis au point en 1981-82, il permet de dater, sur de très petites prises, les minimes quantités de C14 présentes dans l’échantillon, tandis que les anciens appareils (scintillateurs) comptaient les rayonnements émis par la désintégration.

5 D’autant qu’elles ont été mesurées sur un tissu présentant toutes les caractéristiques du Ier siècle !

6 Dont Saillard…

4 Le Radiocarbone face au Linceul de Turin. Journal d’une recherche, Paris, Éd. F.-X. de Guibert, 1999.

7 À l’origine – avec les rayons cosmiques – de la formation des minimes concentrations de C 14 présentes dans l’atome de carbone (10 -12%), ce dernier étant composé surtout de deux isotopes non radioactifs, le C 12 (98,89% et le C13 (1,11%).

8 La datation radiocarbone la plus intéressante du point de vue scientifique : celle de la Sainte Tunique d’Argenteuil, Actes du colloque du 12 novembre 2005 sur la Sainte Tunique d’Argenteuil, publiés par Didier Huguet et Winfried Wuermeling, Paris, Éd. F.-X. de Guibert, 2006.

9 Marion et Lucotte (in Le Linceul de Turin et la Tunique d’Argenteuil: le point sur l’enquête, 2006) identifient comme moi des cristaux de calcite et non de plâtre, contrairement à ce que prétend Saillard. Si tel eût été le cas,  le pic du Soufre aurait été beaucoup plus important alors que celui qui domine nettement est celui du Carbone.

10 Ces poids ne sont généralement pas indiqués. La célèbre publication de Nature (1989) sur la datation du Linceul les omet. Cela n’est pas innocent !

11 Ni par les radiocarbonistes, ni par Saillard et Lucotte…

12 M.-C. van Oosterwyck-Gastuche, Le radiocarbone face au Linceul de Turin, Paris, Éd. F.X. de Guibert, 1999. Cf. le chapitre « Bonnes données de Russie » et suivants.

13 Les scientifiques ont observé que les âges C 14 des eaux de nappe et de la calcite sont toujours  très anciens. Il en va de même de ceux des stalactites et stalagmites actuelles, datées de milliers d’années B.P. ( Cave effect ), ce que les radiocarbonistes expliquent par leur genèse à partir de solutions ayant traversé ces strates calcaires très âgées.

14 Et non dans le sang comme le dit Saillard.

15 Dr Jean-Maurice Clercq, Les grandes reliques du Christ. Synthèse et concordance des dernières études scientifiques, Paris, Éd. F.-X. de Guibert, 2007, 160 p.

16 Il semblerait incongru, dans les desseins de la Providence, que parmi les témoignages donnés à notre époque par la Sainte Relique, apparaisse autre chose que la paire de chromosomes XY. La paire XX ne manquerait pas d’être supposée marquer la signature d’une parthénogenèse, courante dans certaines espèces animales. Son apparition, pour fortuite qu’elle serait, reléguerait le miracle au rang d’un mystère que la science ne manquerait pas d’élucider un jour… et justifierait même les tentatives de clonage parthénogénétique menées à l’heure actuelle ! D’autre part, le Christ ayant choisi de s’incarner dans « un juif ancien oriental », il était normal qu’il en présentât les caractéristiques complètes. Or Lucotte refuse de communiquer les éléments de réponse qu’il détient.

17 John P. Jackson et al. (1999) : Of the scientific validity of the Shroud’s radiocarbon date. Proc. of the 1999 Shroud of Turin int.research conference, Richmond, VA, U.S.A., pp. 283-301.

18 Dmitri Kouznetsov et al. (1996) : Effect of fires and biofractionation of carbon isotopes on results of radiocarbon dating of old textiles : the Shroud of Turin; J. Archæological sc.,n° 23, pp. 157-160.

19 John P. Jackson (2006) Datation scientifique du linceul de Turin. RILT n° 28, 29-38. Jackson obtint ici un enrichissement de 700 ans.

20 J.M. Devals (2005) : Une si humble et si sainte tunique. Éd. F.X. de Guibert, p. 72. (J.M. Devals est le pseudonyme de Jean-Pierre Maurice, Sous- préfet d’Argenteuil à l’époque).

21 Elle s’y trouve p. 349.

22 Lettre de Pierre Perrier à Mme van Oosterwyck du 29.02.2000. Publiée notamment par Arnaud de Lassus avec le concours de M.-C. van Oosterwyck dans « L’imposture d’une datation. À propos du Linceul de Turin », Action Familiale et Scolaire n° 174 (2004), 31 rue Rennequin, 75017 Paris.

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