Partager la publication "Le moulinet de la rivière Tellico et le Déluge"
Par Marie-Claire van Oosterwyck-Gastuche
Marie-Claire van Oosterwyck-Gastuche[1]
Résumé : Le moulinet de la Tellico est un bel exemple de fait dérangeant écarté par la théorie dominante. Mais il appelle une explication, apportée ici par l’auteur en référence à ses travaux universitaires : dans certaines conditions physico-chimiques extrêmes, les cendrées volcaniques peuvent se transformer en roches feuilletées en un temps très court (de l’ordre de quelques semaines). Ce phénomène a d’ailleurs été constaté lors de l’explosion du mont Saint Helens en 1980. Or la géologie « classique » s’en tenait à la « théorie tranquille » de Lyell, dans laquelle d’immenses durées sont indispensables, tant pour expliquer d’amples mouvements de la croûte terrestre (comme la dérive des continents ou le plissement alpin), que pour justifier la théorie de l’évolution. Depuis quelques dizaines d’années, on voit cependant paraître nombre d’articles évoquant des mouvements tectoniques rapides et des conditions cataclysmiques, notamment le great anoxic event (A.O.E.), lié à des épanchements de lave profonde gigantesques en plusieurs points du globe : les great traps.
Même si ces « nouveaux géologues » continuent de faire confiance aux datations radio-isotopiques, il va leur devenir de plus en plus difficile d’écarter a priori, par pur préjugé, cet événement majeur décrit dans la Genèse et qui cadre, point par point, avec ce que les géologues reconstituent à partir de leur observations et avec ce que la minéralogie (ignorée de Lyell) nous apprend aujourd’hui : le Déluge.
Introduction
Revenons sur les datations radiométriques mesurées sur le moulinet de Tellico[2] et sur les empreintes de Cerro Toluquilla[3] et remarquons que ces dates anormales – anomalous en anglais – délivrées par radio-isotopes sont légion. C’est non seulement le cas de celles déterminées par C14 (qui, quoiqu’on en dise, sont souvent aberrantes), mais de toutes les autres, ce qui ne manque pas de poser un sérieux problème, puisque ces datations sont considérées comme des mesures absolues du temps.
Or elles sont aussi présentées comme la « preuve » de l’Évolution progressive des espèces.
Spécialiste en minéralogie, je me suis intéressée à ces dates pour en arriver à la conclusion qu’elles avaient été mal interprétées dans la plupart des cas. De telles données ne constituent pas une mesure du temps mais reflètent des phénomènes de cristallisation. Ajoutons que la théorie de l’Évolution est fondée sur un ensemble de données scientifiques périmées, obligeant ainsi à remettre en question la signification de l’ensemble des sciences de la Terre.
Or nombre d’études récentes interprètent l’Évolution du Vivant de façon diamétralement opposée aux thèses de Lyell et de Darwin. Au lieu d’être l’aboutissement de processus lents et uniformes, l’Évolution serait le fruit d’une suite de catastrophes survenues à des millions d’années d’intervalle, ayant provoqué l’extinction en masse des espèces, ou du moins de la plupart d’entre elles. Ces catastrophes, suivies de longues périodes de rémission consacrées au repeuplement des « niches écologiques » laissées désertes, constitueraient les véritables étapes de l’Évolution du vivant, que seuls les progrès spectaculaires de la science récente auraient permis de mettre en évidence.
Citons parmi ces nouveaux scientifiques Eric Buffetaut, directeur de recherches au CNRS à Paris qui, dans «Les extinctions d’espèces dans l’Histoire de la Terre»[4], énumère cinq catastrophes majeures dont la première se serait produite à la fin de l’Ordovicien il y a 435 M.A. (millions d’années), une autre importante pendant le Dévonien, il y a 365 M.A., suivie d’une extinction en masse considérable (la crise Permien-Trias) qui aurait éliminé 90% des espèces vivantes il y a 250 M.A. Elle aurait été suivie d’une autre à la fin du Trias (il y a 205 M.A.) et d’une autre encore il y à 65 M.A., à Chicxulub (Yukatan).
Cette dernière marque la fin du Crétacé et le début du Tertiaire, avec la disparition de nombreuses espèces qui avaient survécu aux autres catastrophes, notamment les Ammonites et les Dinosaures.
Ce phénomène est marqué par la présence d’une zone sombre extrêmement riche en Iridium – la limite KT – qui serait, selon la plupart des spécialistes, signe de la chute d’un astéroïde. L’événement, qui aurait causé une véritable hécatombe des espèces, marque la fin de l’ère des Reptiles et le début de l’ère des Mammifères. Ceux-ci, quoique déjà présents à la fin de l’ère des Reptiles, mais de très petite taille, vont se développer pour atteindre des dimensions considérables. Et, au même moment, les Dinosaures disparaissaient. Mais pourquoi ? Vaste question laissée sans réponse…
Claude Babin, professeur honoraire à l’Institut Claude Bernard (Lyon) et Mireille Gayet, directrice de Recherche au même Institut[5] s’interrogent sans trouver de réponse. Les âges produits sont différents, les causes attribuées aux phénomènes sont différentes et mal identifiées, sauf pour l’extinction de Chicxulub qui résulterait bien de l’impact d’un objet extra-terrestre à 65 M.A., tout le monde semblant d’accord sur ce point.
Mais ce mécanisme de l’évolution par extinctions massives les déconcerte. N’est-il pas diamétralement opposé aux phénomènes longs et tranquilles qui prévalent toujours dans nos manuels ? Devrions-nous alors revenir au catastrophisme ? Certainement pas, dit Babin : cette opposition n’est qu’apparente, car ces extinctions ne mettent pas en cause le néodarwinisme. En effet, la transformation des espèces obéit bien aux mutations génétiques triées par la sélection naturelle découverte par Darwin et les longues durées suivent exactement les phases de l’Échelle phanérozoïque découverte par Arthur Holmes. Toutefois, Babin ne sait pas comment expliquer le caractère sélectif de ces extinctions, et tout particulièrement la plus célèbre : celle des Dinosaures qui clôt l’ère des Reptiles et inaugure celle des Mammifères.
Le Dossier sur Les Dinosaures (cf. note 4) nous apprend que ces grands sauriens se sont répandus dans le monde entier et ont résisté à toutes les extinctions, sauf à la dernière, celle de Chicxulub.
Si celle-ci a été soigneusement datée par K/Ar (Potassium-Argon), les méthodes utilisées pour déterminer les âges des autres catastrophes ne sont généralement pas indiquées ; leurs dates varient d’un auteur à l’autre et font l’objet de discussions sans fin. On n’explique pas pourquoi ces extinctions sont toujours très rapides, de l’ordre de 1 M.A., toujours associées à des phénomènes volcaniques intenses, à des incendies, à des inondations, à des dépôts laminaires où l’on découvre les restes de fossiles démembrés, roulés par les eaux. Ces catastrophes sont suivies d’un long « hiver obscur » et d’une atmosphère appauvrie en Oxygène entraînant la mort par asphyxie des espèces qui avaient résisté aux cataclysmes précédents.
Le Pr Buffetaut, l’un des rares à évoquer à propos de ces événements le récit biblique du Déluge, estime que ces extinctions en masse nous obligent à « dépasser les conceptions bibliques » qui, rappelle-t-il, «envisagent une courte durée entre la création du monde et le présent (environ 6.000 ans) ». Le fait que les êtres apparus après chaque extinction obéissent à la trame fixée par l’échelle phanérozoïque de Holmes, tant pour leur succession que pour leurs durées en millions d’années, prouverait une fois de plus la fausseté du récit biblique. Le Dieu tout-puissant, qui a tout fait avec perfection, aurait donc raté sa création !
Les extinctions mises en évidence par la science moderne sont en effet comprises comme prouvant que les êtres ne sont pas apparus très rapidement dans toute leur perfection, comme le dit la Bible, mais résultent d’une Évolution faite de disparitions en masse très rapides suivies d’un très lent repeuplement sélectif des « niches écologiques » laissées vides. Celles-ci seront bientôt occupées par des êtres plus aptes.
La science moderne serait donc venue démentir le récit biblique.
En effet, contrairement à ce que dit ce récit, l’Évolution a d’abord fait surgir des êtres très simples que la lutte pour la vie a perfectionnés ; ce qui, nécessairement et à l’encontre de la Genèse, exige de très longues durées, les fameux millions d’années.
Buffetaut écrit : « Si le scepticisme prévaut aujourd’hui en ce qui concerne le caractère cyclique des grandes extinctions [il fait allusion à la thèse de Courtillot dont il sera question plus loin], la notion d’extinction en masse s’est imposée[6]. Des crises biologiques sévères ont conduit à la disparition de proportions élevées d’espèces vivantes. »
Je me suis tout particulièrement intéressée à un ouvrage du Pr Vincent Courtillot[7] qui explique ces extinctions par le brusque surgissement de laves brûlantes accompagnées de vapeur d’eau surchauffée et de gaz délétères en provenance des «chambres profondes» de l’Asthénosphère (à 40 km sous terre, cf. note p.34). Celles-ci se seraient échappées par de soudaines déchirures de l’écorce et seraient survenues à plusieurs reprises, à des millions d’années d’intervalle, donnant naissance à de gigantesques champs de lave appelés Traps, Great Traps (ou grands Traps) ; trap signifiant «marche d’escalier» en néerlandais, le nom ayant été donné à ces marches géantes découvertes pour la première fois aux Indes, sur le plateau du Deccan que Courtillot est venu revisiter. Ces cataclysmes ayant détruit à chaque fois la faune et la flore des «niches écologiques» de l’époque, l’Évolution se serait produite, comme on l’a déjà dit, avec le lent repeuplement par de nouvelles espèces.
Il faut bien comprendre qu’une telle interprétation est diamétralement opposée aux thèses qui fondent toute la géologie moderne : la « théorie tranquille » de Charles Lyell et son échelle stratigraphique complétée par les datations radiométriques de « l’échelle phanérozoïque » de Holmes auxquelles les « nouveaux géologues » ne croient plus et qu’ils appellent ironiquement «la géologie de Papa».
Semblable constatation est très importante car, s’ils disent vrai, ce sont les bases même de la géologie qui s’effondrent. Il importe donc d’en examiner sérieusement les fondements.
Mais quelles preuves avons-nous qu’ils disent vrai ?
À ce stade, on constate que les âges donnés pour ces extinctions varient d’un auteur à l’autre. Il semble donc futile de s’inquiéter des âges bizarres donnés pour le moulinet de Tellico, pour les empreintes de Cerro Toluquilla et pour combien d’autres encore. Même les âges des Great Traps et ceux de la dérive des continents changent d’un auteur à l’autre. On se rendrait mieux compte de l’ampleur du désastre si ces âges étaient publiés, mais ils ne paraissant que dans des revues réservées aux spécialistes[8]. Pourquoi ? Il est clair que l’Évolution ne peut résister à une discussion scientifique franche et loyale et qu’il suffit de consulter les ouvrages scientifiques, même ceux de haut niveau, pour s’apercevoir que, lorsqu’ils abordent l’Évolution, les spécialistes n’hésitent pas à truffer leurs écrits de fausses déclarations et d’omissions.
L’omission la plus intéressante, dans le cas qui nous occupe, est celle du rôle joué par l’eau, élément pourtant indispensable à la formation des «marches d’escalier» et que rappellent les traces d’inondation omniprésentes. Certes, la plupart des « nouveaux géologues » les mentionnent, mais comme sans leur attacher d’importance. Ainsi Buffetaut cite l’œuvre des Six Jours, mais en omettant la mention par la Bible (2 Pierre 3, 5-6) de l’ancienne Terre (la Pangée), avec sa destruction par le Déluge.
Revenons aux strates et fossiles observés de par le monde lesquels, selon les nouveaux scientifiques, résulteraient de nombreux cataclysmes quasi-instantanés, produits à des millions d’années d’intervalle. Notons encore une fois que les âges et les descriptions de ces cataclysmes varient d’un auteur à l’autre. Comment les distinguer de façon indiscutable ?
Il faut donc s’interroger. Pourquoi retrouve-t-on dans ces formations aux âges mal définis une multitude de caractères communs inattendus, notamment ces extinctions massives, ces traces d’inondations associées à des phénomènes volcaniques impressionnants ? Qui nous dit qu’ils ne sont pas tous contemporains ? Pourquoi ne résulteraient-t-ils pas d’un unique cataclysme majeur ? Pourquoi ne pas évoquer alors ce cataclysme qu’on retrouve dans toutes les traditions et en particulier dans le livre de la Genèse aux chapitres 6-11 où il est décrit sous le nom de «Déluge universel» ou «Déluge de Noé». Or, nul n’avait mis en doute ce récit considéré d’inspiration divine avant l’avènement des thèses évolutionnistes, voici quelque deux siècles.
Spécialiste en minéralogie, je me suis aperçue que les thèses des géologues reposaient sur des données obsolètes. J’eus l’idée d’analyser attentivement le Texte biblique à partir de ses racines hébraïques, en tenant compte des découvertes scientifiques récentes inconnues des fondateurs de l’évolutionnisme. Il en résulte que l’antique récit a bien un sens rigoureusement scientifique.
Pourquoi donc le Dr Churnet a-t-il dit que le moulinet n’existait pas ?
La présente étude n’est qu’un bref résumé de travaux récents, notamment les entretiens que le comte von Brandestein-Zeppelin, recteur de la Gustav Siewerth Akademie, m’a accordés en 2009 : le premier consacré au Déluge intitulé The Flood dont il existe une version française (Le Déluge), et le second sur les processus de cristallisation. Ma conférence de 2009 à cette même Académie : The emergence of man from animal descent, a critical assessment vient d’être publiée[9] et une version française plus complète intitulée : L’émergence de l’Homme à partir d’une origine animale : évaluation critique,paraîtra prochainement.
Revenons au moulinet de la rivière Tellico.
Le fait indiscutable est qu’il date de cent ans tout au plus et qu’il est solidement imbriqué dans une roche que la géologie officielle a datée de 300 millions d’années. Rappelons que le Dr Habte Churnet n’est pas n’importe qui : c’est un scientifique de haut niveau, chef du Département de Géologie de l’Université de Chattanooga (UTC, Tennessee). Rappelons encore ce qu’il avait osé déclarer devant un auditoire médusé : « Je suis le chef de ce Département et je dis que ceci n’existe pas. C’est une création de notre imagination. »
Comment a-t-il osé énoncer une telle contre-vérité ? Tout simplement parce que la présence du moulinet est incompatible avec la géologie officielle et que le Dr Churnet en est parfaitement conscient.
Rappelons les principes qui fondent la géologie officielle dite «uniformitariste» ou «actualiste» ou encore «théorie tranquille». Elle fut essentiellement fondée par sir Charles Lyell au début du XIXe siècle, en se référant à ce qu’il disait être des faits réels (le nom d’actualisme venant de l’anglais actual qui signifie réel) et en rejetant ceux relatés dans la Bible auxquels tous avaient cru jusqu’alors, mais qui étaient évidemment imaginaires pour Lyell, anticlérical.
Il est très important de souligner l’inspiration athée de sa théorie dont le but était de délivrer l’humanité du fardeau de la Bible et de tirer un trait définitif sur le récit biblique («end with Moses», répétait-il sans cesse). Par conséquent, la géologie moderne est d’inspiration athée et le débat autour du moulinet, bien qu’il fasse apparemment appel à la Science, est un débat entre Science et Religion ou plus exactement entre Irréligion et Religion.
Car Lyell a atteint son but. Sa thèse, universellement acceptée de nos jours[10], a jeté le discrédit sur le récit de la Genèse. Plus personne ne croit que le monde a été créé en six jours de vingt-quatre heures par Dieu, puisque celui-ci n’existe pas !
Le texte biblique selon lequel le premier Homme, Adam, a été créé à partir d’argile « à l’image et à la ressemblance de Dieu», fait sourire : la science moderne aurait démontré qu’il est l’aboutissement d’une longue évolution[11] qui a duré des millions d’années. D’autre part, les nombreuses missions envoyées en Afrique pour étudier le «processus d’émergence» de l’Homme auraient confirmé qu’il est issu de l’animalité et un lointain cousin des Singes, comme Charles Darwin, un protégé de Lyell, l’avait d’ailleurs pressenti.
On doit donc logiquement admettre que les premiers chapitres de la Bible sont des fables. Semblable conclusion est non seulement valable pour les événements relatés dans «l’œuvre des Six Jours» (la Création), mais l’est aussi pour les listes généalogiques indiquées dans la Bible, qui prouvent l’ascendance divine de l’Homme, annoncent la venue du second Adam, le Messie, Fils de Dieu et qui font remonter l’Histoire à quelque 6000 ans. Une durée aussi courte est, comme l’a fait remarquer Buffetaut, manifestement invraisemblable (pour les adeptes de l’Évolution) ! Mais le plus curieux est que l’Église catholique, qui condamnait naguère les thèses évolutionnistes, croit, semble-t-il, depuis Jean-Paul II[12], à l’Évolution et aux chronologies longues[13].
Autre point important. Nous savons déjà que Lyell ne croyait pas en Dieu. Mais il a surtout fondé sa théorie «actualiste» en posant a priori que le Déluge n’a pas existé.
En effet, pour Lyell, le cataclysme impressionnant qui a détruit l’ancien monde, le Déluge universel qui est présenté comme un châtiment divin, est une fable, toujours pour la même raison : ce Dieu qui s’exprime tout au long du récit n’existe pas.
On sait aussi que l’Église d’aujourd’hui, tout en se réclamant de sa foi en Dieu, suit Lyell sur cette négation d’un Déluge historique.
Mais comment sait-on que les faits décrits par Lyell sont réels et ne sont pas des fables ? Quelles preuves avons-nous que le Dieu de la Création et du Déluge n’a jamais existé ? Il faut bien reconnaître que de telles preuves ne se rencontrent pas. Et que les affirmations de Lyell ne sont que des hypothèses fondées sur la science du XIXe siècle, une science aujourd’hui largement dépassée.
Pour résumer, disons que, vue par la Bible, la Création est le surgissement très rapide, en quelques étapes, d’êtres bien caractérisés, créés «à partir de rien», chacun «selon son espèce», donc suivant un plan préconçu par un Être spirituel éternel, infiniment bon, tout-puissant, «créateur des choses visibles et invisibles» – Dieu – dans le but de former des êtres spirituels (les Anges), des êtres matériels et un être à la fois matériel et spirituel créé «à son image et à sa ressemblance» : l’Homme, le Roi de la Création.
En revanche pour l’Évolution, l’homme est un être purement matériel ; son apparition s’est faite en vertu de lois inscrites de toute éternité dans la Nature, car c’est la matière qui est éternelle. Les transformations qui ont abouti aux êtres les plus complexes eurent lieu par touches quasi-insensibles, car on n’en observe jamais les phases intermédiaires. Contrairement à ce que dit la Bible, les espèces ne sont pas stables et leurs transformations ont dû nécessairement se produire au cours de durées très longues.
Les détails sur ces transformations abondent dans la littérature savante, mais comment sait-on qu’il s’agit bien là de faits réels, puisqu’ils changent d’un auteur à l’autre ou d’une année à l’autre ? Sur quels critères – autres que la non-existence de Dieu qu’il postule – Lyell peut-il affirmer que les modifications progressives qui ont donné in fine naissance à l’Homme ont été très lentes et qu’un cataclysme de type «Déluge universel» n’a jamais eu lieu ?
Quoique Lyell soit resté incapable de produire les preuves de la non-existence de Dieu et du Déluge universel, nos manuels nous ont persuadés que les faits lui donnent raison.
D’ailleurs, ces faits réels qui ont provoqué l’Évolution ont été décrits en détails par Charles Darwin dans son livre[14] «rigoureusement scientifique» que nous connaissons tous. Vue par Darwin, l’Évolution serait l’aboutissement d’événements qui n’ont rien de commun avec les «fables» de la Bible. Elle se serait produite pour ainsi dire spontanément, par «sélection naturelle», «les plus aptes» ayant survécu aux féroces «luttes pour la vie».
Mais les longues durées indispensables à l’Évolution restèrent longtemps du domaine de l’hypothèse, «l’échelle stratigraphique» de Lyell étant sérieusement contestée. Enfin, en 1957, les chronologies longues furent brillamment confirmées par la célèbre «échelle phanérozoïque»[15] du grand géologue anglais Arthur Holmes qui évalua la succession des strates et des fossiles à des dizaines de milliers, des millions et même des milliards d’années. Et ses âges, fondés sur la mesure de la vitesse de désintégration des radio-isotopes, étaient non seulement venu confirmer la trame de l’échelle stratigraphique de Lyell, ils avaient de surcroît un caractère absolu !
Dans ce contexte d’uniformitarisme triomphant, le processus de l’Évolution trouva une explication simple : on assura qu’à une époque très reculée – celle des «Ères précambriennes» – des animalcules très simples virent spontanément le jour dans un liquide baptisé prophétiquement «soupe pré-biotique» (puisqu’il allait donner naissance aux futurs êtres vivants). On admit qu’ils s’y complexifièrent de façon quasi-insensible au cours de durées très longues. Cependant, Arthur Holmes place le véritable début de l’Évolution du Vivant au Cambrien, voici quelque 600 millions d’années. Apparurent alors les grands types d’êtres vivants dans une «explosion de vie» puis, successivement, les êtres indiqués dans l’échelle stratigraphique de Lyell : Poissons, Reptiles, Mammifères , pré-hominiens et enfin Hommes, au cours des Ères que nous connaissons tous, à savoir : Paléozoïque ou Primaire, Mésozoïque ou Secondaire, Cénozoïque ou Tertiaire, Pléistocène ou Quaternaire, Holocène enfin, ère de l’homme moderne, dont les âges furent définitivement fixés par les mesures radio-isotopiques de «l’échelle phanérozoïque» de Holmes.
Le Dr Churnet s’est contenté de suivre la théorie évolutionniste considérée comme «rigoureusement scientifique» par tous et universellement adoptée de nos jours, même par l’Église catholique.
L’importance du moulinet de Tellico.
Or, l’existence de ce moulinet venait ébranler la théorie de l’Évolution. S’il existait vraiment (et ce moulinet existe bel et bien, nul ne peut le nier), c’était la théorie qu’il fallait reconsidérer, et le Dr Churnet en était bien conscient. C’est pourquoi il avait affirmé avec la plus grande énergie que l’engin était «une création de notre imagination» sachant très bien qu’il abusait son auditoire. Ce moulinet va nous mener très loin. Le Dr Churnet avait pris soin de faire confirmer l’ancienneté de la roche par un autre géologue du même département, Ann Holmes, qui avait déclaré : « On appelle cette roche de la phyllite. C’est une roche métamorphique des Appalaches, de la zone Brevard, qui fut probablement formée lorsque l’Afrique et l’Amérique se séparèrent il y a environ 300 millions d’années. »
Examinons les indications d’Ann Holmes, mais d’un œil critique. Le mot phyllite désigne des silicates feuilletés[16] formés par des couches dites «tétraédriques» (de silicium en coordinence quatre) liées à d’autres couches dites «octaédriques» d’Aluminium ou de Fer-Magnésium en coordinence six. J’en parlerai brièvement plus loin (voir Fig. 5).
Ann Holmes précise qu’il s’agit d’une roche métamorphique, ce qui veut dire qu’elle a été transformée sous l’influence de hautes températures et de hautes pressions (de vapeur d’eau accompagnée d’autres éléments délétères).
On pense alors immédiatement que la roche s’est constituée à très haute température dans une des «chambres chaudes» de l’Asthénosphère.
Ann Holmes ajoute que la roche s’est formée lorsque l’Afrique et l’Amérique se séparèrent voici 300 millions d’années. Nous verrons plus loin ce qu’il faut penser de cette explication.
L’éruption du mont Saint Helens.
L’insertion du moulinet dans la roche de Tellico pourrait fort bien s’expliquer par des phénomènes volcaniques récents, et il est surprenant que les scientifiques de Chattanooga n’y aient pas pensé. Revenons sur l’éruption du mont Saint Helens de 1980 et rappelons aussi que cette éruption fut de très faible amplitude.
Fig. 1 Explosion du mont Saint Helens

L’explosion proprement dite du volcan commença le 18 mai 1980 à 8 h 32 du matin, mais dès le 22 mars, des signes avant-coureurs s’étaient manifestés.
La montagne était secouée de tremblements de magnitude 4,5 à 5 sur l’échelle de Richter et le Sheriff en avait interdit l’approche, sauf à des spécialistes, tels que géologues et reporters dont bon nombre y laisseront leur vie.
Harry Truman, un vieux monsieur de 84 ans qui, depuis la mort de sa femme deux ans auparavant, vivait seul dans une maisonnette située à cinq miles à peine du sommet du volcan, refusa fermement de quitter les lieux, sa femme et lui ayant décidé d’y terminer leurs jours. Le lien d’Harry avec la montagne était en quelque sorte mystique. « Je parle à la montagne et la montagne me parle. Je fais partie de la montagne et la montagne fait partie de moi », expliquait-t-il à ceux qui voulaient le forcer à partir. Il disait : « Si je quitte, je sais que je ne vivrai pas un jour de plus ». Il vit sa montagne éclater et resta sur place[17]. On le retrouva mort, enseveli sous une couche de cendrées et de débris épaisse d’une centaine de pieds.
L’explosion du mont Saint Helens équivaut à 500 fois celle d’Hiroshima ; elle est pourtant considérée par les spécialistes comme étant de faible amplitude. Ses laves, de nature « acide » (riches en Silice) provoquent des éruptions explosives. Contrairement à d’autres éruptions plus importantes dont celle du Krakatoa (1883) ou du Tambora (1815) ou même celle du volcan Laki en Islande (en 1783 lors de la visite à Paris de Thomas Jefferson), elle ne causa pas d’obscurcissement prolongé, ni donc d’abaissement de la température.
Voici quelques faits marquants de cette éruption, repris de l’article de Rowe Finlay : «St Helens. Mountain with a death whish» (Geografic Magazine, 159,1, Janvier 1981).
Le sommet de la montagne éclata brusquement, projetant dans l’atmosphère des gaz, des cendrées, des blocs de rochers, des verres volcaniques, du magma et de la vapeur d’eau surchauffée en provenance de l’Asthénosphère[18], le tout à la vitesse de 320 km à l’heure, détruisant crêtes et forêts jusqu’à 27 km de distance, transformant en quelques instants cette vallée paisible en un chaudron brûlant. Survint ensuite une tempête monstrueuse où de la cendrée chargée d’électricité statique sillonna de ciel d’éclairs, provoquant des incendies.
Mais le phénomène le plus intéressant, dans le cas qui nous occupe, fut l’arrivée d’une boue gluante, nauséabonde qui envahit la calme rivière Tootle. Elle progressait à la vitesse de 48 kmà l’heure et rien ne pouvait l’arrêter. La rivière s’élargit rapidement, passant de 60 m à 530 m de largeur.
Or, cette boue se solidifia presque instantanément, transformant en quelques heures les maisons qu’elle avait investies en véritables blocs de béton. Pensons au moulinet de Tellico : son imbrication dans la roche pourrait s’expliquer par un phénomène analogue.
Il faut savoir que ces formations caractéristiques des magmas dits «acides» (riches en silice) ne sont pas exceptionnelles. Elles ont été observées lors d’éruptions récentes, telles celles d’El Chichon (1982), du Pinatubo (1985) et du Nevado del Ruiz (1985)[19]. Pourquoi la roche de Tellico ne proviendrait-t-elle pas d’une boue semblable qui aurait entouré le moulinet lors d’une éruption récente ?
Quoique cette explication très simple n’ait même pas été envisagée par les experts de l’Université de Chattanooga, leur interprétation a toutefois un côté positif car elle révèle que la science officielle est incapable d’expliquer le phénomène.
Que penser des 300 M.A. indiqués par Ann Hoover pour la séparation de l’Afrique et de l’Amérique ?
J’en suis surprise ! Se pourrait-il qu’Hoover ignore que la date «officielle» de la séparation de l’Afrique de l’Amérique a été fixée à quelque 65-70 M.A ? La date de 70 M.A. correspond à l’épisode KT (Crétacé /Tertiaire, K venant de l’allemand Kreide pour « craie »).
L’événement est parfaitement reconnaissable à la présence d’une couche riche en Iridium (signe d’un impact avec un bolide extra-terrestre) et de couleur sombre (signe de conditions anoxiques), marquant la fin du Crétacé (135-70 M.A.) et le début du Tertiaire (70 M.A.).
Cette formation fut observée pour la première fois à Chicxulub (Yukatan) par Alvarez et Asaro en 1990[20]. Ils y observèrent un cratère géant, des quartzs «choqués» et des quantités importantes d’Iridium (métal présent principalement dans les météorites, ce qui a induit l’idée que la collision constatée à Chicxulub était en relation avec des transformations dans la faune et la flore du globe entier. Ce phénomène aurait provoqué des incendies géants, un long hiver obscur et donc la mort d’un grand nombre d’animaux, notamment celle des Dinosaures.
D’autres scientifiques (dont Courtillot que nous citons ici le plus souvent, mais il en existe bien d’autres), remarquent qu’on retrouve cette même couche KT et les mêmes conditions anoxiques dans de nombreuses autres formations d’origine volcanique appelées Great Traps (Grands Traps) qui se seraient formées lors de brusques déchirures de l’écorce, provoquant l’épanchement subit de quantités énormes de laves provenant des couches profondes de l’Asthénosphère. Courtillot indique dans son ouvrage la date de leur apparition (voir Fig. 6) et écrit à leur propos (p. 147) un long texte dont voici un extrait :
« Une dizaine d’épisodes volcaniques d’une ampleur exceptionnelle se sont donc produits au cours des derniers 300 millions d’années d’histoire de la Terre. Leur volume se compte toujours en millions de kilomètres cubes et peut atteindre… la dizaine de millions de kilomètres cubes…
Ramenée à la simple forme d’une sphère, la tête de matériel anormalement chaud provenant du manteau, [ce sont les «points chauds»] dont la fusion partielle a engendré les laves, peut donc avoir atteint un diamètre de 700 kilomètres, ce qui mettrait en cause la partie inférieure du manteau. Dans de nombreux cas, la propagation d’une déchirure et l’apparition d’un nouveau bassin océanique semble en avoir résulté. »
Je cite ici quelques dates indiquées par Courtillot pour ces événements qui ont considérablement modifié la morphologie du continent primordial – la «Pangée» de Wegener – et initié la dérive des continents : l’ouverture récente du golfe d’Aden et de la mer Rouge à 30 M.A. serait contemporaine des Traps de l’Afar, celle de l’Atlantique Nord coïnciderait avec l’apparition de la province Brito-Arctique comprenant les volcans d’Islande à 57 M.A. ; l’ouverture de la mer d’Arabie serait contemporaine des Traps du Deccan vers 30-70 M.A. Courtillot indique pour l’ouverture de l’Atlantique Sud 135M.A, date coïncidant avec l’érection des Traps géants du Parana, eux-mêmes reliés au «point chaud» de l’île de Tristan da Cunha.
Notons que les âges indiqués par Courtillot pour l’ouverture de l’Atlantique Nord (57 M.A) et de l’Atlantique Sud (135 M.A., voir Fig. 6) sont bien différents des 300 M.A. qu’Ann Hoover attribue à cet événement ; mais c’est au fond sans importance : si l’on consulte d’autres auteurs, on s’aperçoit qu’ils donnent tous des âges différents, ce qui prouve encore une fois (par l’absurde !) que ce sont les dates radiométriques qui font problème. Il est très important de le noter puisque ce sont elles qui servent de « preuve » à la théorie de l’Évolution.
Autre fait troublant : toutes ces formations présentent des caractéristiques communes et inattendues : toutes se sont formées lors d’une déchirure brusque, quasi-instantanée, de l’écorce terrestre dans des conditions anoxiques, toutes ont provoqué des incendies géants suivis de longs hivers obscurs et toutes ont anéanti la flore et la faune de l’époque. Leur forme en «marche d’escalier» suggère fortement qu’elles se sont formées lors de tempêtes géantes, mais, comme nous l’avons déjà fait remarquer, les géologues ne font presque pas allusion à l’action de l’eau, ou le font de façon vague.
Or, ce scénario est diamétralement à l’opposé de celui d’une Évolution très lente définie par la théorie tranquille de Lyell et confirmée par les millions d’années de l’échelle phanérozoïque de Holmes. Notons que tous ces événements se sont produits dans des conditions anoxiques – nous y reviendrons – et variaient, selon les auteurs, du Précambrien au Cénozoïque.
Encore une fois, il y aurait de quoi remplir des bibliothèques avec les âges et les processus de dérive indiqués, aussi me contenterai-je de citer l’avis de quelques personnalités marquantes.
Pour Alfred Wegener, le climatologue allemand auquel nous devons la théorie de la dérive des Continents, aujourd’hui universellement adoptée sous le nom de tectonique des plaques[21], la séparation de l’Afrique et de l’Amérique serait très récente, daterait du pléistocène et serait donc contemporaine de l’Homme moderne. Goodwin (1978)[22] n’indique pas la date de la dérive des continents mais celle du continent primordial (la «Pangée» de Wegener) qui aurait fait surgir le Sial à partir de l’eau[23], le phénomène ayant été provoqué par la chute d’un astéroïde, il y a quelque 4.200 à 3.600 M.A.. La Pangée se serait conservée très longtemps puis se serait séparée en deux blocs, la Laurasie et le Gondwana, qui auraient dérivé dans l’Océan primordial, avec les restes «précambriens» de l’ancien continent.
Courtillot, qui ignore l’importante étude de Goodwin et qui n’est pas d’accord avec Wegener au sujet de la formation de la Pangée et de la dérive des continents, écrit (cf. sa note p.150) :
« La Pangée est le continent unique, rassemblant la plupart des continents actuels, qui semble avoir existé comme une entité distincte entre moins 300 et moins 200 M.A.
C’est Wegener qui en a introduit le concept et le nom, bien qu’il ait ignoré les phases plus anciennes qui ont conduit à l’agglomération du super-continent. Vers moins 200 M.A. (peut-être beaucoup plus tôt), la Pangée se fragmente en Gondwana au Sud et Laurasie au Nord, tandis que le Gondwana lui-même éclate en deux morceaux… le Gondwana oriental constitué de l’Inde, l’Australie et l’Antarctique et le Gondwana occidental (Afrique et Amérique du Sud), avant l’éruption des Traps du Karoo et des coulées de Farrar dans l’Antarctique. » (cf. Fig. 6).
Je pourrais continuer, citer d’autres chercheurs. J’arrête. Tous les avis sont différents. Il est vrai que depuis Lyell, Darwin et même Arthur Holmes, de nouvelles méthodes sont apparues leur permettant d’écrire une toute nouvelle Histoire de la Terre. Remarquons toutefois qu’aucun ne met en doute la fiabilité des dates radiométriques, réputées «absolues».
On a beau être habitué aux âges fantaisistes, ces 300 derniers M.A. donnés par Courtillot pour la formation des Grands Traps sont plutôt inattendus. Cela voudrait dire que ces Traps sont de formation récente (du carbonifère à l’époque actuelle) !
N’oublions pas que l’Évolution du vivant telle qu’on l’enseigne s’est produite en milieu calme selon la «théorie tranquille» et qu’elle a été officiellement datée de 600 M.A. par l’ «échelle phanérozoïque». Or, si l’on en croit Courtillot, cette Évolution lente aurait connu les événements cataclysmiques ayant donné naissance aux Great Traps ! Par conséquent, les processus imaginés par Lyell et Darwin pour expliquer l’Évolution sont faux et les âges radiométriques d’Arthur Holmes qui les fondent, sont faux également.
Le grand « A.O.E. »
La formation des Great Traps eut lieu dans des conditions anoxiques. Ces conditions furent observées par tous les scientifiques et, comme il est impossible de les citer tous, je me contenterai de suivre Jenkyns (1980)[24] qui travaillait pour la recherche pétrolière.
Ce qui est intéressant dans sa carte déjà ancienne, c’est qu’il date le début de la dérive des continents du Crétacé (dont il va reprendre l’âge radiométrique officiel de 135-70 M.A.), mais il la suit plutôt par stratigraphie que par radio-isotopes, car il est déjà convaincu que ces données sont fausses.
Il remarque que la dérive se produisit lors d’un grand événement anoxique (a great anoxic event ou A.O.E.) durant lequel le taux d’oxygène décrut considérablement, entraînant la mort par asphyxie de quantité d’êtres vivants, animaux et plantes. Leurs restes furent alors charriés par les flots (ceux du Déluge ? Jenkyns n’y fait pas allusion, alors qu’on ne peut s’empêcher d’y penser). On les retrouve au fond des océans, sur les plateaux continentaux au large des côtes et sur les continents eux-mêmes. Cet événement peut être suivi grâce à trois couches sombres et goudronneuses qui peuvent à l’occasion fournir du pétrole et qui proviennent de la décomposition du plancton en conditions anoxiques.
Les «schistes noirs» de tous âges[25], trouvés sur différents continents, relèvent aussi de cet épisode qui explique encore l’existence des nombreuses mines de charbon trouvées de par le monde. Nous nous contenterons de citer les plus connues : les importants gisements de Sydney au Canada, ceux de Bernissart en Belgique (où furent découverts les célèbres Iguanodons), les lignites de Giesenthal en Allemagne et les Coal measures, d’Afrique Sud-Orientale. Toutes sont des forêts carbonisées : cette carbonisation survient très rapidement, en moins d’une année, et il en va de même pour la formation du pétrole à partir de résidus organiques, pour autant que soient réunies les « conditions favorables » qui, selon Gentry, sont les suivantes : la réaction doit se produire dans des conditions hydrothermales (en présence d’eau à très haute température et très haute pression de vapeur d’eau)[26] et en milieu anoxique. La vapeur d’eau surchauffée provient des «chambres chaudes» situées à grande profondeur dans l’Asthénosphère.
Dans ces conditions Gentry estime qu’on obtient en moins d’un an du charbon et du pétrole absolument identiques à ceux des mines et des forages. Il explique par le Déluge la présence des abondants gisements de charbon et de pétrole qu’on trouve dans le monde entier.
Il écrit[27] : « Depending on burial conditions, the organic matter would be transformed to either oil or coal[28] .»
La carte de Jenkyns (Fig. 2) représente un « instantané » de la dérive des continents à partir du continent primordial telle qu’elle se produisit au Crétacé, vers 100 M.A., montrant les sédiments goudronneux découverts lors de forages dans le Pacifique. On remarquera que l’Inde et l’Australie sont encore reliées à l’Antarctique et que la chaîne himalayenne n’a pas encore surgi.
Fig. 2 Carte de Jenkyns (1980) : La dérive des continents, etc.

Selon Jenkyns, la dérive des continents serait contemporaine d’un cataclysme accompagné du grand A.O.E.
La Pangée, maintenant entièrement submergée, est secouée et bascule. D’énormes vagues balaient son sol, entraînant des fragments de la croûte océanique – appelés ophiolites [29]– jusque sur les plus hauts sommets des Alpes et de l’Himalaya, dont les chaînes commencent seulement à surgir.
Nous savons aujourd’hui que les plissements alpins résultent de la collision entre la plaque africaine et la plaque européenne et que ceux de l’Himalaya proviennent de celle du sous-continent indien avec l’Asie.
Fig. 3 Le curieux emplacement du monastère de Trimyer dans le Dolpo (Photo dans GANSSER & al., Hommes, divinités et montagnes des Himalayas, Grenoble, Éd. Glénat, 1994, p. 26)

L’emplacement du petit monastère de Trimyer, dans le Dolpo, au Nord-Ouest du Népal a été choisi pour des raisons mystiques, car on y a retrouvé les traces de pieds de divinités.
Ces extraordinaires plissements de sédiments marins, qui dateraient de 30 M.A selon les géologues, se seraient déposés en milieu calme dans l’ancienne mer «Téthys». On reconnaît une fois de plus des «laminæ» caractéristiques de dépôts rapides en eau peu profonde, plissés encore humides lors de la surélévation du Continent. Ces auteurs datent les Ammonites trouvées dans des ardoises noires (magnifiques coquillages dont les Tibétaines aiment à se parer), de 135 M.A. (limite Jurassique/Crétacé) mais la plupart des géologues datent leur disparition à 70 M.A. (limite K/T – Crétacé/Tertiaire.). Pour Courtillot, ces formations dateraient de 270 M.A. (Limite P/T – Permien/Trias). Partout, les mêmes incertitudes vont se retrouver.
Les mines de sel et les nombreux poissons trouvés dans les Alpes sont des vestiges de l’Océan primitif qui entourait la terre primitive : la «Pangée». De même, les lacs tibétains particulièrement riches en sel, sont eux aussi des vestiges de cet Océan primordial.
Fig. 4. Ammonite provenant d’une concrétion d’ardoise noire

On trouve ces Ammonites dans les ardoises noires de la vallée de la Gandaki, au Népal. Ces ardoises sont riches en gaz qui sert notamment à alimenter la flamme sacrée éternelle du petit temple de Muktinath. Nous avons vu que Gansser (in GANSSER & al., op. cit.) datait ces formations de 135 M.A. (limite Jurassique/Crétacé), mais les géologues hésitent. Une date très récente n’est pas à exclure. (Photo reprise de GANSSER & al., op. cit., p.17).
Il est très important de noter l’omniprésence des couches laminaires (laminæ, tel est leur nom technique), formées par l’eau circulant à grande vitesse et à faible profondeur. On va les retrouver s’étageant sur des milliers de mètres dans tous les «Grands Traps», ceci dans le monde entier.
Les laminæ de la Fig. 3, observées dans le Dolpo (Népal), sont particulièrement intéressantes car elles montrent que ces laminæ se sont non seulement formées très rapidement par de l’eau circulant à grande vitesse et à faible profondeur, mais qu’elles étaient encore humides lorsqu’elles se plissèrent, lors de la surélévation du continent, ce qui prouve que la surélévation fut très rapide. Les Ammonites sombres renfermant des gaz combustibles confirment leur enfouissement dans des conditions anoxiques.
Notons une fois de plus l’incertitude des dates radiométriques attribuées à ces événements : si tous les scientifiques sont d’accord sur la survenue d’un (ou plusieurs) épisodes anoxiques, leur âge (en millions d’années, bien sûr…) est âprement discuté, comme on peut s’en rendre compte en lisant les commentaires des Fig. 3 et 4. Le problème s’avère encore plus ardu au Tibet, car certains Tibétains disent avoir été témoins de ces événements et leur attribuent des âges (en millions d’années également) extrêmement variables, en relation avec leurs nombreuses réincarnations… Quoi qu’il en soit, de nombreux récits locaux rapportent la survenue d’une inondation cataclysmique, la dérive des continents, l’érection de l’Himalaya (événements que la géologie officielle reconnaît aujourd’hui, mais date de millions d’années) ; ce seraient donc des phénomènes assez récents pour être mentionnés dans les traditions humaines.
La question qui se pose à présent est la suivante : il semble prouvé que ces millions d’années obtenus par les radio-datations ne sont pas fiables et que les événements auxquels ils se réfèrent sont récents. Alors pourquoi ne pas les interpréter dans ce contexte ?
Revenons d’abord aux 300 M.A. attribués par Ann Hoover pour la séparation de l’Afrique et de l’Amérique, qui ne correspondent absolument pas aux données de Courtillot (cf. Fig. 6) ni à d’autres données pour le même événement, et citons à ce propos les observations d’Hacquebart et al.[30], qui découvrent du charbon pulvérisé mélangé à des sédiments holocènes au large des Bermudes. Ce charbon provient des importantes mines de charbon de Sydney (à l’intérieur du Canada), logiquement datées du carbonifère (350-270 M.A.). Hacquebart fait remarquer que, si l’on en croit la géologie, il se serait déposé avant que l’Océan Atlantique ne se fût ouvert, ce qui est paradoxal. Le mot «paradoxal» va d’ailleurs revenir tout au long de son rapport.
Il note la coexistence «paradoxale», au bas de strates «jurassiques» (180-135 M.A.), de spores d’âge «carbonifère» (350-270 M.A.) et de pollens d’âge actuel («quaternaire») !
Si l’on ajoute que tous ces sédiments, aujourd’hui au fond de l’Océan, sont reconnus «paradoxalement juvéniles et terrigènes», que pour un autre exemple produit par le même chercheur et relatif aux forages effectués à l‘Orphan Knoll, une île au large de l’Islande, aujourd’hui submergée, le charbon prélevé s’apparente paradoxalement à celui des mines de la Ruhr, on est fortement tenté de conclure que même Lyell et Darwin auraient interprété cette suite de phénomènes comme résultant d’une inondation catastrophique accompagnée de phénomènes volcaniques intenses et contemporains de la rupture du continent primordial.
Bien sûr, la présence du moulinet à Tellico a remis en question les millions d’années de la géologie classique. Oserions-nous les abandonner et, avec eux, «la théorie tranquille» de Lyell et l’ «Échelle phanérozoïque» de Holmes ? Essayons !
Revenons aux chronologies courtes de la Genèse et admettons que les phénomènes cataclysmiques décrits en Gn 6-11 sous le nom de «Déluge universel» ont bien existé. On note également qu’Ann Holmes a voulu nous impressionner avec sa «phyllithe» métamorphique de 300 M.A., mais il faut bien reconnaître qu’elle ignore tout simplement la minéralogie, ce qui, dans le cas présent, est plutôt embarrassant.
Pourquoi Ann Holmes ignore-t-elle la Minéralogie? Que s’est-il réellement passé ?
Il faut d’abord rappeler que les phyllites sont des minéraux feuilletés (des micas ou des argiles lorsqu’ils sont de petites dimensions : la fraction argileuse est par définition la fraction inférieure à 2 microns). Les boues charriées au mont Saint Helens sont vraisemblablement des argiles d’origine métamorphique en provenance de l’Asthénosphère, qu’il serait intéressant de faire dater car, bien que déposées récemment (1980), leurs âges radiométriques pourraient être très anciens.

Fig. 5 Biotite
La Fig. 5, reproduite par l’auteur à partir d’un manuel, représente la Biotite, un des silicates les plus appréciés pour les datations géochronologiques, ceci parce qu’à côté du Potassium ordinaire (le K 39) dominant, il contient de petites quantités de K 40 radioactif. Ce dernier se désintègre en deux séries, l’une donnant naissance à l’Argon 40 (Ar 40) dont le temps de demi-vie est de 11.850 M.A. et qui a été utilisé pour les datations dites par K/Ar. C’est cette méthode, toute nouvelle à l’époque et donc réputée « rigoureusement scientifique », qui a servi à dater en 1959 l’Australopithèque d’Olduvaï à 1,75 M.A., mais qui, par la suite, s’est révélée erronée. Bien sûr, on n’en dira rien.
La biotite appartient au groupe des silicates en feuillets ou phyllosilicates. C’est une phyllite 2 : 1 trioctaédrique, parce qu’elle a deux couches tétraédriques pour une couche octaédrique. Les phyllites 1 : 1 n’ont qu’une couche tétraédrique pour une octaédrique.
Comme toutes les phyllites, la Biotite est composée essentiellement d’ions Oxygène (O-2) et Hydroxyle (OH-1) en assemblage compact (close packing). Elle est appelée trioctaédrique parce que tous les emplacements de la couche octaédrique sont occupés par des ions divalents (Fer ferreux et Magnésium) hexacoordonnés à des ions Oxygène et/ou Hydroxyle. Dans les phyllites dioctaédriques, où la couche octaédrique est composée d’ions trivalents hexacoordonnés – d’Aluminium (Al+3) –, un emplacement sur trois reste vide.
Les couches tétraédriques sont formées d’ions Silicium (Si+4) tétracoordonnés à des ions Oxygène et remplacés localement par un ion Al+3, conférant ainsi une charge négative à la couche tétraédrique, compensée par des ions Potassium (K39 dont la coordinence est 12), les charges électriques devant nécessairement rester équilibrées. L’isotope radioactif K 40 occupe la même place que le K 39.
Linus Pauling fut le premier à identifier les facteurs commandant ces structures dans son maître-livre The nature of the chemical bond, facteurs qui sont à la fois d’ordre géométrique et électrique.
Ses concepts fondamentaux de «coordinence» (coordinance) et d’«electronegativity» (électronégativité) qui en dérivent, règlent l’organisation de ces structures extrêmement complexes.
Et si les dates radiométriques de l’échelle phanérozoïque de Holmes étaient fausses ?
Arthur Holmes n’a pas compris le rôle primordial de l’eau, ni ses propriétés très particulières qu’on ne commence à entrevoir que de nos jours. L’eau est un matériau extrêmement compact, dont les molécules sont liées par des ponts Hydrogène. Les minéraux silicatés (tel la Biotite) sont des minéraux déshydratés. Pour les faire cristalliser en solution, il faut trouver les «conditions favorables». J’en dirai quelques mots car j’ai beaucoup travaillé sur ce sujet. Je suis parvenue à synthétiser de nombreux minéraux silicatés réputés ne se former qu’à très haute température (tel le quartz, le microcline et la kaolinite) et encore bien d’autres minéraux.
J’ai compris qu’il fallait travailler dans des conditions extrêmement diluées ou en faisant vieillir les précipités en milieu dialysé. Mais dans ces conditions, les hydroxydes cristallisent aisément en un mois. J’obtins de la sorte la gibbsite, l’hématite, la goethite, les oxydes de cuivre et de cobalt. La synthèse de silicates s’obtint de façon analogue, le problème principal étant de rendre la silice soluble à la température ordinaire. Une fois ce processus découvert, la kaolinite cristallisa en trois mois.
Mon séjour à Penn State College (U.S.A) me fit découvrir les synthèses du Pr Rustum Roy opérées en milieu hydrothermal (un milieu où règnent de très hautes températures et de très hautes pressions de vapeur d’eau). Dans ces conditions, la silice devient soluble et les silicates apparaissent en quelques minutes.
Arthur Holmes a établi son «échelle phanérozoïque» en ignorant ces propriétés, de telle sorte qu’il a pris pour une mesure du temps ce qui est un phénomène de cristallisation.
De plus, il a mal interprété les données de la méthode K/Ar.
Il supposait que l’Argon, un gaz noble, était insensible aux attaques par les solutions, sans considérer qu’il pouvait être retenu par la pression de l’eau (comme on s’en est aperçu lors de l’éruption du volcan Kilauea à Hawaï et lors de bien d’autres éruptions encore), ou par la pression exercée par les sédiments.
Holmes n’a pas compris que les compositions isotopiques des laves sur lesquelles fut mesuré l’âge de l’australopithèque d’Olduvaï (par Everdern et Curtis en 1961) n’étaient pas une mesure du temps, mais que leur teneur en isotope était tout simplement celle des laves des «chambres chaudes» de l’Asthénosphère épandues en surface lors de phénomènes cataclysmiques du genre «Déluge universel». Sa plus grande faute fut d’interpréter faussement des faits réels en fonction des thèses évolutionnistes. Il mentionne en effet, dans son ouvrage où il célèbre l’apparition du premier «homme» véritable à 1.75 M.A.[31], que l’australopithèque était un Singe, mais qu’on devait le considérer comme un homme parce qu’il était le premier tailleur de pierres. Maintenant, des recherches ultérieures sont venues jeter le discrédit sur la «découverte du siècle» en confirmant que l’animal était bien un Singe, en établissant qu’il n’avait jamais taillé de pierres et que la date K/Ar n’avait aucune signification chronologique, ayant été mesurée sur des laves issues brutalement des profondeurs du globe.
Il faut reconnaître que l’échelle phanérozoïque de Holmes est aujourd’hui contestée par bien des spécialistes. Les âges «aberrants» fourmillent, tant ceux déterminés par C14, que par K/Ar ou par Ar/Ar[32] tant ceux des fossiles que ceux des forages sous-marins. En réalité, chaque site, chaque forage est différent.
Or, si l’on met en question la fiabilité des dates radiométriques, ne faut-il pas faire de même pour la théorie de l’Évolution ? C’est exactement ce qui se passe aujourd’hui, mais les scientifiques n’osent pas le reconnaître ouvertement.
Rappelons que Courtillot faisait remarquer que les déchirures de l’écorce par où s’échappèrent les laves en fusion et les gaz délétères, furent très rapides, quasi instantanées et que les différents âges des Traps coïncidaient avec les divisions de l’échelle de Holmes, ce que Courtillot expliquait de façon plutôt désinvolte (p.168) : « La vieille et poussiéreuse échelle héritée du XIXe siècle reflète donc en fait l’un des grands rythmes internes de la Terre. »
Curieux ! De quels grands rythmes internes s’agit-il ? Courtillot nous apprend fièrement dans son livre qu’il est athée et qu’il croit en l’éternité de la matière. Mais Lyell et Darwin, les fondateurs de la «théorie tranquille» y croyaient aussi ! Or, les phénomènes quasi-instantanés et les durées en simples millions d’années de Courtillot (donc très courtes comparées à ceux de l’échelle de Holmes) démentent ce type d’Évolution. Encore une fois, les âges radiométriques font problème. Lyell, Darwin et Holmes doivent se retourner dans leurs tombes.
Mais ce fut le célèbre Stephen Jay Gould (1941-2002) qui fut le premier à sonner le glas de l’Évolution[33]. Ce talentueux professeur à Harvard, qui avait d’abord consacré sa vie à prouver l’Évolution darwinienne, l’abandonna brusquement lorsqu’il découvrit sur un sommet des Rocheuses «Marella et ses sœurs» : des animalcules dont les textures fragiles s’étaient admirablement conservées et qui appartenaient à vingt grands groupes anatomiques alors qu’il n’en existe plus que quatre aujourd’hui. Ce fut pour lui un choc. Il reconnut alors que l’Évolution n’avait pu résulter de processus lents et uniformes, mais s’était produite par le biais de cinq à six extinctions en masse, dont la première, remontant à quelque 530 M.A.[34], aurait détruit 90% des espèces vivantes.
Son schéma se rapproche de celui de Courtillot, sauf pour le nombre et la date des extinctions, ce qui, au stade où nous en sommes, n’a finalement plus aucune importance.
Il faut aussi rappeler que Gould n’est ni géologue ni géochronologiste, qu’il manifeste une foi naïve en la signification chronologique des 530 millions d’années mesurés par K/Ar (la méthode n’est pas fiable, rappelons-le !) et qu’il ne semble pas surpris de voir ses espèces aquatiques disparues sur un sommet des «Rockies», ce qui impliquerait qu’à l’époque, ces montagnes étaient tout simplement sous l’eau ![35]
La géologie moderne apporte-t-elle des preuves de l’existence du Déluge ?
Il est impossible de faire une recension de tous les phénomènes catastrophiques que la géologie moderne décrit pourtant comme produits de façon lente et uniforme et obéissant à la théorie tranquille de Lyell. Comment expliquer la présence des grits, ces minuscules débris de l’écorce du continent primordial déposés sur des épaisseurs de milliers de mètres dans les grands Rifts et dans les Grands Lacs africains ? Comment rendre compte des dépôts de laminæ superposées sur des épaisseurs similaires, de la présence des mystérieuses « tectites », granules riches en matière organique présents dans la haute atmosphère, celle des grosses pierres appelées «tillites» trouvées en Afrique du Sud, que Holmes ne parvient pas à expliquer mais que Whitcomb et Morris[36] disent avoir été charriées par les eaux du Déluge ?
Se dégage de ces observations, rapportées de façon très succincte, le fait que l’évolution du vivant telle que décrite par Lyell, Darwin et Holmes doit être abandonnée. Dès lors pourquoi ne pas revenir au texte biblique ? Lisons-le attentivement.
Commençons par rappeler que Dieu déchaîna le Déluge en raison de la méchanceté des hommes. Le Seigneur, «blessé dans son cœur»… décida de détruire l’humanité, les animaux et tout ce qui volait dans les airs (Gn 6, 5-7)… YHWH dit : « Je les exterminerai avec la terre » (Gn 6, 8-12). L’expression «avec la terre» (héb. את־הארץ èth-haarèts ; latin de Vg : cum terra) est particulièrement significative : il ne s’agit pas d’une inondation locale mésopotamienne, comme on le croit si souvent, mais de la destruction complète de l’ «ancien monde» comme le dit saint Pierre dans sa seconde Épître (2 P 3, 6). Le cataclysme n’épargna que Noé et sa famille. La Bible en donne la raison : « Noé était un homme juste dans sa génération ». Le seul… (Gn 6, 9).
Le Seigneur lui ordonna de construire un vaisseau en forme de coffre : l’Arche, (le mot latin Arca veut dire »coffre »; en héb. תבה thèvah ; en grec κιβωτός kibôtos) et d’y placer un couple de chaque espèce d’animaux. Tous ces détails, et bien d’autres encore qu’on comprend mieux aujourd’hui, sont textuellement écrits dans la Bible. Ce récit n’est pas une fable, mais un véritable rapport scientifique.
Le passage qui indique le début du cataclysme est particulièrement frappant, car il indique très exactement la date du début du cataclysme et explique comment Dieu détruisit la terre :
« Dans l’an six cent de la vie de Noé [en l’an 1656 après la création d’Adam, selon le comput de Ussher], le deuxième mois, le dix-septième jour du mois, LE MÊME JOUR les fontaines du grand abîme – תהום רבה tehom rabah – s’ouvrirent ainsi que les fenêtres – ארבת arouboth – du ciel, et la pluie tomba sur terre pendant quarante jours et quarante nuits. » (Gn 7, 11-12)
Ainsi, alors que les «fenêtres du ciel» s’ouvraient en déversant les «eaux d’en haut», la croûte terrestre se déchirait au même moment aux différents emplacements des grands Traps indiqués sur la carte du livre de Courtillot, pages 144 et 145 (Fig. 6, en oubliant les millions d’années…). Les laves, les gaz, les roches et les eaux brûlantes issues des chambres profondes de l’Asthénosphère jaillirent alors. Le meilleur exemple proche de nous sera l’explosion du mont Saint Helens, que nous avons déjà analysée.
Fig. 6 : Répartition des Grands Traps à la surface du globe, selon Vincent Courtillot (1995)

Selon Vincent Courtillot (1995), les âges des Grands
Les âges des Traps (en noir) sont les suivants :
Rivières Yellowstone et Columbia… | 16 | M.A. |
Ethiopie……………………………. | 30 | M.A « |
Islande, Groenland, Norvège……… | 57 | M.A « |
Deccan……………………………… | 30-70 | M.A « |
Parana……………………………… | 135 | M.A « |
Karoo……………………………… | 170-190 | M.A « |
Ontong-Java……………………… | 110 | M.A « |
Sibérie……………………………… | 248 | M.A « |
Rajmahal (Inde) …………………… | 116 | M.A « |
Farrar……………………………… | 180 | M.A « |
Siwaliks (s’ajouterait à la liste de Courtillot) |
L’explosion du mont Saint Helens, en 1980, ne fut, on l’a déjà dit, qu’une petite éruption ne durant que quelques heures. Dans le cas du Déluge, elle se prolongea pendant cinq mois !
Les Écritures le disent explicitement : « Et les eaux restèrent sur la terre pendant cent cinquante jours…» (Gn 7, 24)
Après ce temps seulement, « … Dieu envoya un vent sur la terre [pour chasser les gaz empoisonnés, cf. Gn 7, 22] et les eaux décrurent. En même temps, les fontaines de l’abîme et les fenêtres du ciel furent fermées et la pluie du ciel s’arrêta. » (Gn 8, 1b-2)
Entre-temps, le récit insiste sur la continuelle montée des eaux qui «crurent énormément» et « envahirent la terre et toutes les montagnes qui étaient sous le ciel furent recouvertes[37]. »
L’Écrit inspiré conclut : « Toute chair mourut qui vivait sur terre », et en donne la raison, faisant allusion aux conditions anoxiques qui régnèrent alors : « Tous ceux qui respiraient le souffle de vie et ceux qui étaient sur la terre sèche expirèrent. » (Gn 7, 21-22)
Devrions-nous admettre que les conditions sur terre, au moment du Déluge, furent celles d’un cataclysme généralisé ?
C’est clair. Les conditions anoxiques ont été mises en évidence par un grand nombre de scientifiques, notamment par Jenkyns et Gentry que j’ai cités plus haut[38].
Il est intéressant de constater que les géologues sont d’accord sur l’occurrence de cet épisode mais discutent toujours de son âge en millions d’années. Ajoutons que bien des récits prouvent que les événements décrits dans les rapports scientifiques et auxquels les scientifiques ont attribué des millions d’années, eurent lieu au cours de notre ère et que de nombreux peuples en furent les témoins.
L’altération des basaltes du Kivu. Je n’ai pas eu l’occasion de dater par isotope les basaltes et les cendrées des éruptions actuelles du Kivu, que j’ai étudiées au laboratoire du point de vue minéralogique et chimique, mais d’autres l’ont fait et ont obtenu des valeurs s’étendant sur des millions d’années.
Les boulders de basalte que j’ai étudiés, se sont altérés rapidement [39],[40] en phyllites 2 : 1 (du type montmorillonite et nontronite), dans des conditions de mauvais drainage, rappelant ainsi la texture de la popcorn clay trouvée à Hell Creek dans le Montana par Holzschuh et al.)[41].
En revanche, dans des conditions de bon drainage, ils se sont transformés en phyllites 1 : 1 (kaolinite et halloysite). Encore une fois, ces transformations sont rapides (de l’ordre de quelques mois), l’eau et la température – les conditions ici ne sont pas hydrothermales – y jouant un rôle essentiel. Il sera impossible d’entrer dans plus de détail dans le cadre de cet article.
J’ai eu l’occasion d’étudier le degré d’altération des cendrées du volcan Nyamuragira, alors en activité. L’altération dépend surtout de la distance au cratère du volcan. Les cendrées les plus grossières se déposent près du cratère ; elles sont brûlantes et ne peuvent être étudiées. À 20 km, elles sont composées de verres volcaniques et de minéraux pauvrement cristallisés à très haute C.E.C (capacité d’échange cationique) connus sous le nom d’allophanes. Les cendrées du Nyamuragira sont très riches en Carbonate de Calcium. La teneur en ce composé diminue à mesure qu’on s’éloigne du cratère, devient négligeable à 50 km et disparaît à 75 km.
L’allophane se transforme en une phyllite 1:1 (halloysite) à mesure qu’on s’éloigne du cratère, puis apparaît une autre phyllite 1:1 très proche, la kaolinite, le vent opérant un granulo-classement naturel. Les cendrées les plus éloignées, plus fines, sont aussi celles où le spectre X de la kaolinite apparaît le plus nettement.
Leur C.E.C. a diminué, est devenue caractéristique de la kaolinite et donne naissance aux sols rouges riches en argile propres à la région. Beaucoup d’autres gisements ont été étudiés, qui témoignent de dépôts apparus dans des conditions catastrophiques de type «Déluge universel» et qu’on découvre seulement aujourd’hui. Il serait temps que les scientifiques se documentent à leur sujet, notamment ceux du Département de géologie de l’Université de Chatanooga, et aussi les journalistes et producteurs de télévision, pourquoi pas ?
Quand ces événements eurent-ils lieu ?
Honnêtement, je crois qu’on doit abandonner définitivement la géologie officielle, avec ses millions d’années, et interpréter les événements dans le cadre du récit biblique avec ses chronologies courtes. Contrairement à ce que Lyell, Darwin et Holmes ont cru, ce récit n’a rien d’une fable : c’est un sobre compte-rendu factuel qu’on comprend d’autant mieux qu’on fait appel aux connaissances scientifiques actuelles.
[1] Dr ès Sc., Professeur des Universités.
[2] Cf. Th. TARPLEY, »Le moulinet de la rivière Tellico », Le Cep n° 36, juillet 2009, pp. 21-25.
[3] Cf. M.-C. van OOSTERWYCK, »De quand datent les pieds humains découverts près de Mexico ? », Le Cep n° 57, novembre 2011, pp. 63-69.
[4] Éric BUFFETAUT, Les extinctions d’espèces dans l’Histoire de la Vie, in «La valse des espèces ».Dossier hors série de Pour la Science, juillet 2000, M 1930, pp.4-13, et L’histoire scientifique des dinosaures , dans le dossier hors-série septembre-novembre 1993 « Les Dinosaures »,M1930, pp. 4-29.
[5] Claude BABIN & Mireille GAILLET, »Terre et vie, même histoire », dans le même dossier hors-série M. 1930 de juillet 2000.
[6] Je me suis contentée de citer sur le sujet quelques auteurs parmi les plus connus, mais il y en aurait bien d’autres.
[7] Vincent COURTILLOT, La vie en catastrophes, coll. Les chemins de la Science, Paris, Fayard, 1995, 278 p.
[8] Telles « Radiocarbon » ou « Archeometry », pour le C14. Les données sur les autres isotopes se trouvent dans d’autres ouvrages spécialisés inaccessibles au public, sans qu’on y souligne jamais le caractère anormal de ces âges.
[9] Cf. la présentation des Actes de ce congrès dans le présent numéro, p. 88. (Ces Actes sont disponibles auprès du Secrétariat : 25 € franco).
[10] Avec quelques sérieux bémols pourtant… Voir mon ouvrage en prépara- tion : L’Émergence de l’Homme à partir d’une origine animale : évaluation critique.
[11] Du simple au complexe, « de la Bactérie à l’Homme ».
[12] Ndlr. Un « courrier des lecteurs », p. 92 dans ce numéro, apporte d’utiles précisions sur la « petite phrase » attribuée à tort à Jean-Paul II en 1996, selon laquelle l’évolution serait « plus qu’une hypothèse ».
[13] Comme on a pu le constater lors de la conférence organisée à l’Université Grégorienne de Rome, en mars 2009, pour célébrer avec tout le faste qu’il méritait le cent-cinquantième anniversaire de la parution du célèbre livre de Darwin On the Origin of species by means of natural selection (De l’Origine des espèces par voie de sélection naturelle), paru en 1859.
[14] Voir note 7.
[15] Du grec ancien φανερός phanéros : »visible », et ζωον zôon : »être vivant,animal ».
[16] Du grec φύλλον phullon : »feuille ».
[17] Les cinéphiles feront aisément le lien avec un des personnages du film « 2012 ». Ajoutons ici que le parc de Yellowstone, où réside ce personnage, correspond à l’un great traps (cf. Fig. 6).
[18] La Terre se compose de trois zones : l’écorce ou lithosphère (SiAl) de quelque 40 km d’épaisseur, composée d’alumino-silicates. C’est cette écorce qui forme les continents qui « flottent » avec l’eau des Océans sur l’Asthénosphère (de 700 km d’épaisseur). L’Asthénosphère est la partie supérieure du « Manteau » ou Sima, composé de silicates ferro-magnésiens. Sa partie inférieure s’étend jusqu’à la limite Manteau-Noyau (à 2.900 km de profondeur). Le Noyau ou Nife, essentiellement composé de Fer et de Nickel, s’étend de 2.900 à 6.371 km (distance du centre de la Terre). Les températures augmentent en profondeur atteignant quelque 5100° C au centre de la Terre (valeurs reprises du livre de COURTILLOT).
[19] L’auteur n’a pas trouvé leurs dates radiométriques.
[20] ALVAREZ A. et ASARO F., An extraterrestrial impact, Sci. Am. 263(4), 1990, pp. 78-84. Nombreuses autres publications.
[21] Après que les géologues officiels l’eurent traité de fou, révulsés à l’idée qu’un non-géologue eût osé contredire la théorie de Lyell (qui n’était pas géologue non plus d’ailleurs, mais juriste…).
[22] GOODWIN, A. M., »Grant impacting and the Development of theContinental Crust », in The early story of the Earth, 1976, pp. 77-93.
[23] Comme le dit d’ailleurs l’Écriture. Notons que, si l’on fait disparaître le fragment d’Océan appelé Tèthys (en grec Τηθύς), la Pangée a bien son centre à Jérusalem, comme le laisse entendre la Bible (cf. Ez 38, 12).
[24] JENKYNS, H. C., Cretaceous anoxic events. From continents to oceans, J. Geol. Soc., 1980, pp.171-183.
[25] Car, une fois de plus, leurs âges radiométriques sont fantaisistes.
[26] Avec d’autres éléments ; souvent du soufre, dit Courtillot.
[27] GENTRY, R. V.: Geological evidence for a young age for the Earth, Rome, Kolbe Center symposium, 2003. NB : les Actes de ce symposium (en anglais) sont disponibles auprès du CEP, 20€, 25€ franco.
[28] « Suivant les conditions d’ensevelissement, la matière organique serait transformée soit en pétrole, soit en charbon. »
[29] Une fois de plus, les géochronologistes se lamentent, disant qu’on ne parvient pas à dater les ophiolites de façon certaine par radio-isotopes.
[30] P. A. HACQUEBART, D. E. BUCLEY & G. VILKS, The importance of detrital particles of coal in tracing the provenance of sedimentary rocks, Bull. Centre Rech. Explor. Prod. Elf-Aquitaine 5, 2, 1981, pp.555-572.
[31] Les guillemets autour du mot « homme » sont de Holmes.
[32] À propos des empreintes de Cerro Toluquilla (cf. Le Cep n° 57), le Pr Renne devrait comprendre que « la puissante méthode Ar-Ar » est, elle aussi, dépourvue de signification chronologique…
[33] Sa théorie d’une évolution par sauts a le mérite d’expliquer l’absence des formes transitoires »prédites » par la théorie classique. Mais toute la crédibilité de l’évolutionnisme repose sur le gradualisme ! La contradiction demeure donc, sous une autre forme, avec toujours l’absence de faits probants.
[34] Cette extinction massive survient à peu près à la date du début de l’Évolution selon Holmes (600 M.A.). Curieux !
[35] »Origines de l’homme. L’animal qui change tout. Entretien avec Stephen Jay Gould » de Dominique SIMONNET dans L’Express, n° 2087 du 4-10 juillet 1991.
[36] John C. WHITCOMB & Henry M. MORRIS, The Genesis Flood. The biblical record and its scientific implications, The Presbyterian and reformed publishing Company, 1961, 518 p.
[37] En se fondant sur la profondeur des mers à l’extrémité du plateau continental, Fernand CROMBETTE estimait que les eaux du Déluge durent élever le niveau des océans d’environ 2.000 mètres.
[38] Mais qui sont loin d’être les seuls.
[39] A. PÉCROT, M.-C. GASTUCHE, J. DELVIGNE et al. : L’altération des roches et la formation des sols au Kivu. Publication INEAC, série scientifique n° 97, 90, 1962, p. 38, photos au microscope électronique, 2 cartes, nombreux tableaux, diagrammes ( R.X, D.T.A., D.T.G., etc.) et analyses chimiques.
[40] M.-C. GASTUCHE & C. DE KIMPE, La genèse des minéraux de la kaolinite. II. Aspect cristallin. Genèse et Synthèse des argiles ; colloque international C.N.R.S, Paris 3-6 juillet 1961, Éd. C.N.R.S., 1962, pp. 67-81.
[41] HOLZSCHUH, J., PONTCHARRA J. de & MILLER, H., Recent C14 dating of fossils including bone collagen, Rome Symposium, 2009. Ils vont eux aussi retrouver les laminæ et les conditions anoxiques.