Les dinosaures dans les chroniques anglo-saxonnes (1ère partie)

Par Bill Cooper

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Les dinosaures dans les chroniques anglo-saxonnes (1ère partie)1

Bill Cooper2

Si l’homme est libre de choisir ses idées, il n’est pas libre d’échapper aux conséquences des idées qu’il a choisies.” (Marcel François)

Résumé : Les évolutionnistes nous présentent les dinosaures comme ayant disparu bien avant l’apparition de l’homme. C’est faire peu de cas des antiques récits qui, de la Chine à l’Irlande , en passant par Babylone et l’Afrique, nous décrivent des « dragons » courts sur pattes avec petite tête, long cou et queue massive. Leurs écailles les rendaient invulnérables et le livre de Job décrit le « béhémoth » comme « le roi des animaux », herbivore mais balayant de sa queue les cèdres du Liban. Les découvertes paléontologiques, depuis deux siècles, complètent nos connaissances sur l’anatomie de ces créatures. On peut ainsi relire d’un tout autre œil les récits de combats entre l’homme et les monstres antiques, en particulier celui du roi saxon Béowulf tuant le monstre Grendel en l’an 515, ou celui de sainte Marthe domptant la Tarasque (qui terrifiait les riverains du Rhône à la hauteur de Tarascon).

Introduction :

Selon le modèle évolutionniste, les dinosaures ont vécu des millions d’années avant l’apparition de l’homme et, par conséquent, nul n’a jamais pu voir un dinosaure vivant. Dans la présente étude, nous traiterons plutôt le problème en examinant les preuves écrites dans les chroniques de différents anciens peuples qui décrivent, parfois avec le détail le plus pittoresque, des rencontres d’humains avec de gigantesques reptiles vivants que nous appellerions des dinosaures.

Il y a, bien sûr, les fameuses descriptions de deux de ces monstres dans l’Ancien Testament, Béhémoth et Léviathan (Job 40:15; 41:34).

Béhémoth était un géant végétarien vivant dans les marais, et Léviathan un amphibien avec une carapace, quelque peu plus effrayant, dont seuls des enfants ou des téméraires voudraient faire un animal familier. Les Egyptiens connaissaient Béhémoth sous le nom de p’ih.mw, qui est le même nom, évidemment. Léviathan était également connu comme le Lotan par les habitants d’Ougarit. Les littératures babylonienne et sumérienne ont conservé les marques de créatures semblables, tout comme le folklore écrit et non-écrit de peuples du monde entier.

Mais sans doute les descriptions les plus remarquables de dinosaures vivants sont celles que les Anglo-saxons et les Celtes d’Europe nous ont transmises.

Brève revue :

Les premiers Bretons, desquels descendent les Gallois actuels, nous fournissent les premiers récits européens de monstres reptiles. L’un d’entre eux tua et dévora le roi Morvidus (Morydd) vers 336 avant Jésus-Christ. On nous dit dans le récit originel gallois traduit en latin par Geoffrey d ésigna le monstre par son nom latin de Belua.

Peredur, non pas l’ancien roi de ce nom(306 – 296 av. J.C.) mais un fils bien plus récent du Comte Efrawg, eut plus de chance que Morvidus, réussissant ) à tuer son monstre, un addanc (prononcez « athanc ; variante « afanc ») en un lieu appelé Lyn (Lion au Pays de Galles. Dans d’autre endroits de Galles on parle également de cet addanc ainsi que d’un autre reptile dénommé carrog. L’addanc a survécu jusqu’à une époque relativement récente en des endroits tels que Bedd-yr-Afanc près de Brynberian, Llyn-yr-Afanc au dessus de Bettws-y-Coed sur la roivière Conwy (la mise à mort de ce monstre fut décrite en 1693) et Llyn Barfog (cf. Appendice). Un carrog est commémoré à Carrog près de Corwen et à Dol-y-Carrog dans le Val de Conwy.

En Angleterre et en Ecosse, là aussi jusqu’à une époque relativement récente, d’autres reptiles monstrueux ont été aperçus et décrits dans de nombreux endroits (près de 200).

Mais sans doute l’aspect le plus intéressant, pour la présente étude, est le fait que certaines de ces visions de dinosaures vivants (et des rencontres qui s’ensuivirent), puissent être datées dans un passé très récent. Par exemple le reptile géant de Bures dans le Suffolk nous est connu par une chronique de 1405 :

« Près de la ville de Bures, proche de Sudbury, est apparu récemment, pour le grand malheur de la campagne, un dragon ayant un énorme corps, une crête sur la tête, des dents comme une scie et une queue d’une énorme longueur. Ayant massacré le berger d’un troupeau, il dévora de nombreux moutons… »

Après une tentative infructueuse des archers locaux pour tuer la bête, à cause de sa peau impénétrable…

« afin de le détruire, tous les habitants des environs furent convoqués. Mais lorsque le dragon vit qu’il allait de nouveau être attaqué avec des flèches, il s’enfuit dans un marais ou un étang où il se cacha dans les grands roseaux et on ne le revit plus. »

Plus tard, au 15ème siècle, selon une chronique contemporaine qui existe toujours dans la bibliothèque de la cathédrale de Canterbury, l’incident suivant fut rapporté. Dans l’après-midi du vendredi 26 septembre 1449, on aperçut deux reptiles géants se combattant sur les rives de la rivière Stour (près du village de Little Cornard) qui marque la frontière des comtés de Suffolk et d’Essex. L’un d’eux était noir et l’autre “rougeâtre et tacheté”. Après une heure d’une lutte qui fit “l’admiration des nombreux [habitants] qui les regardaient“, le monstre noir céda et retourna à sa tanière. La scène de ce conflit est depuis ce jour connue sous le nom de « Pré du Combat Acharné » (Sharpfight Meadow).

Aussi tardivement qu’en août 1614, le sobre récit suivant décrit un étrange reptile rencontré dans la forêt de Saint-Léonard dans le Sussex (la scène se situait près d’un village connu sous le nom de “Pelouse du Dragon” longtemps avant la publication de ce récit): “Ce serpent (ou dragon, comme certains l’appellent) passe pour avoir 2,75 m au moins de long et avoir presque la forme d’un essieu de charrette: un renflement au milieu et deux extrémités plus fines.

La partie antérieure, qu’il lance en avant comme un cou, semble long d’une aune (114 cm) avec un anneau blanc, pour ainsi dire, recouvert d’écailles. Les écailles le long de son dos semblent noirâtres et ce que l’on peut apercevoir sous son ventre semble rouge…

On dit aussi qu’il a de grands pieds, mais c’est peut-être une illusion d’optique, car certains pensent que les serpents n’ont pas de pieds…Il se déplace aussi vite qu’un homme peut courir. Sa nourriture se trouve pour l’essentiel, pense-t-on, dans les terriers à lapins qu’il visite assidûment…

Il y a aussi, sur chacun de ses côtés, deux grandes protubérances aussi grosses qu’un gros ballon et qui (certains le croient) deviendront des ailes ; mais Dieu, je l’espère, voudra (pour protéger les pauvres gens de son voisinage) qu’il soit tué avant d’être entièrement emplumé.

Ce dragon fut aperçu en divers endroits dans un rayon de cinq kilomètres et la brochure donne le nom de quelques témoins encore vivants qui l’avaient vu. Parmi eux : John Steele, Christopher Holder et une certaine “veuve habitant près de Faygate“. Autre témoin : “le transporteur de Horsham, qui habite à l’auberge du Cheval Blanc à Southwark.” Un des habitants lança ses deux dogues contre le monstre et, outre la perte de ses chiens, il eut la chance de sortir vivant de la rencontre, car le dragon était déjà responsable de la mort d’un homme et d’une femme sur lesquels il avait craché et qui avaient été tués par son venin. Lorsqu’on s’en approchait par mégarde, nous dit l’auteur de la brochure, le monstre était : “d’allure très fière et la vue ou l’ouïe d’hommes ou d’animaux lui faisait lever son cou et il paraissait regarder et écouter alentour avec une grande arrogance“.

Rapport de témoin oculaire signalant un comportement typiquement reptilien.

De nouveau, aussi tardivement que les 27 et 28 mai 1669, qui tombaient un jeudi et un vendredi, un énorme reptile fut aperçu de nombreuses fois, comme cela est rapporté dans la brochure “Vrai récit d’un serpent monstrueux vu à Henham (Essex) sur la colline de Saffron Waldon“.

En 1867 on vit pour la dernière fois le monstre qui vivait dans les bois autour de Fittleworth, dans le Sussex.

Il courait sus aux gens en sifflant et en crachant s’ils tombaient sur lui par hasard, mais il ne blessa jamais personne.

On pourrait citer plusieurs cas semblables, mais qu’il suffise de dire que trop d’incidents de ce genre sont mentionnés au long des siècles et dans toutes sortes d’endroits pour que nous puissions dire que ce sont autant de contes de fées.

Par exemple, en Ecosse, le fameux monstre du Loch Ness est trop souvent pris pour un récent produit des efforts du Syndicat d’Initiative pour attirer les touristes, alors que le Loch Ness est bien loin d’être le seul loch écossais où des monstres ont été repérés. Les Loch Lomond, Loch Awe, Loch Rannoch et la propriété privée du Loch Morar (plus de 305 mètres de profondeur) ont, eux aussi, des témoignages d’activité de dinosaures au cours des années récentes. Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, au seul Loch Morar on compte plus de 40 apparitions, et plus de 1000 au Loch Ness.

En ce qui concerne le Loch Ness, de monstrueux reptiles, sans aucun doute de la même espèce, ont été aperçus dans et autour du loch depuis le haut Moyen-Âge, et l’événement le plus notable est celui qui est raconté par Adamnan dans sa célèbre Vie de saint Colomban au 6ème siècle. On y lit qu’en l’an 565 Colomban, en déplacement missionnaire dans le nord, devait franchir la rivière Ness. A ce moment, il aperçut le cortège d’un enterrement. Sur sa demande, il fut informé que le défunt venait d’être mordu sauvagement par un monstre qui l’avait saisi alors qu’il nageait. Entendant cela, le brave Colomban, sa curiosité excitée et sans songer à sa propre sécurité, ordonna immédiatement à l’un de ses disciples de sauter dans l’eau glaciale. Adamnan raconte comment le malheureux et inquiet nageur (du nom de Lugne Mocumin) en train de se débattre attira l’attention du monstre. Soudain, on vit le monstre faire surface et se précipiter vers le malheureux, avec la bouche grande ouverte et en hurlant comme une sorcière. Colomban, cependant, ne céda pas à la panique et, depuis la terre ferme, sermonna la bête. L’histoire ne dit pas si le nageur la sermonna lui aussi, mais on vit le monstre faire demi-tour après s’être approché du nageur à moins d’une perche de distance. Naturellement Colomban réclama le mérite de la survie du nageur, bien que la répugnance du monstre à blesser réellement l’homme soit le fait le plus notable de cet incident.

Le premier baigneur avait été sauvagement attaqué et tué, mais non dévoré, et le second fut également l’objet d’une manifestation de la colère du monstre, mais sans issue fatale. Très vraisemblablement, les deux hommes étaient, sans le savoir, entrés dans l’eau à proximité de l’endroit où le monstre gardait ses petits, et il réagit d’une manière typique de la plupart des espèces.

Les gorilles, les éléphants, les autruches, et toutes sortes d’animaux chargeront un homme en sifflant, hurlant et barrissant d’une façon alarmante, mais le tueront rarement pour autant que l’homme comprenne le message et s’en aille. Notre second baigneur, totalement dépourvu du courage de son saint maître, commença sans doute à saisir le message, laissant au monstre tout le temps de réaliser qu’il n’était pas nécessaire de le tuer.

Pourtant l’aventure de Lugne Mocumin n’est pas si rare. Aussi récemment qu’au 18ème siècle, dans un lac appelé Llyn-y-Gader, à Snowdon (Galles), un homme alla se baigner. Il atteignit le milieu du lac et revenait vers le bord lorsque ses amis qui l’observaient remarquèrent qu’il était suivi par…

…un long objet serpentant lentement dans son sillage. Ils ne voulurent pas sonner l’alarme, mais avancèrent pour aller à sa rencontre dès qu’il atteindrait la rive où ils se tenaient. Juste comme le nageur approchait, l’objet  releva la tête et avant que quiconque puisse le secourir l’homme fut enserré dans les anneaux du monstre…

Il semble que le corps de l’homme ne fut jamais retrouvé.

A peu près au tournant du 20ème siècle, l’incident suivant se produisit. Il est rapporté par une Lady Gregory, d’Irlande, en 1920: “…les anciens me dirent qu’ils se baignaient à cet endroit (dans le lac irlandais de Lough Graney), et un homme s’était éloigné jusqu’au milieu du lac lorsqu’ils virent quelque chose comme une énorme anguille se dirigeant vers lui…

Heureusement, en cette circonstance, l’homme put revenir jusqu’à la rive. Mais ce qu’il est important pour nous de noter, c’est que ces exemples ne sont que quelques cas d’un grand nombre de récits de visions récentes de monstres ou de dinosaures hantant les lacs. En vérité, il est à peine besoin de souligner que des gens parfaitement rationnels rapportent encore aujourd’hui de telles scènes. D’ailleurs les Iles Britanniques ne sont pas le seul endroit propice.

On les trouve, littéralement, dans le monde entier, mais nous concentrerons notre attention sur les preuves enregistrées les plus instructives qui nous ont été léguées par les premiers Saxons et Celtes.

Descriptions artistiques :

Pour notre enquête, la représentation dans l’art celtique et saxon de monstres et d’animaux étranges est particulièrement intéressante.

La plupart de ces images, étalées sur plusieurs siècles, possèdent une inexplicable constance dans les parties et proportions pour des oeuvres censées correspondre à une fiction artistique. Le Livre de Kells du 8ème siècle irlandais, par exemple, contient de nombreuses représentations d’animaux familiers. Il y a des poissons, des chats, des chiens et des oiseaux dont les images, bien que quelque peu stylisées, restent anatomiquement correctes. Mais à côté, il y a d’autres créatures dont les traits ne sont pas si facilement reconnus pour la simple raison qu’elles n’existent plus.

Fig.1 : Un homme examine le cadavre d’une créature marine inconnue (Manuscrit MS 18 à la Bibliothèque municipale d’Amiens).


Il y a d’étranges reptiles dont les traits étaient bien familiers à l’artiste celte qui les a peints avec un détail si méticuleux, mais pas à nous. Dans la figure 1, tirée des pages d’un autre ancien manuscrit, nous voyons un étrange animal aquatique supposé mort, qu’examine un homme.

Dans la figure 2, nous trouvons une scène encore plus remarquable. La pierre dans laquelle ces étranges animaux ont été sculptés est conservée dans l’église de Sainte-Marie-et-Saint-Hardulph à Breedon-on-the-hill dans le Leicestershire. Cette église faisait partie du royaume saxon de Mercia. La pierre elle-même appartient à une grande frise où sont représentés divers oiseaux et humains, tous parfaitement reconnaissables.

Fig.2 : Attaque d’un troupeau de dinosaures (type Brontosaurus) par un prédateur bipède. En haut des flancs de ce dernier, on distingue les bords d’une carapace (un tel détail figure dans le récit de Beowulf, cf. Le Cep n° 21 à paraître).


Mais quels sont les étranges animaux représentés ici ? Ils ne ressemblent à rien qui vive aujourd’hui en Angleterre, et pourtant ils sont sculptés avec autant de précision que les autres créatures. Ce sont des quadrupèdes à long cou dont l’un, sur la droite, paraît en mordre (ou câliner) un autre. Au milieu de la scène apparaît un animal bipède attaquant l’un des quadrupèdes.

Il se tient debout sur deux grandes pattes de derrière et a deux membres supérieurs plus petits. Sa victime semble se retourner pour se défendre mais ses pattes de derrière sont flageolantes de peur. Ne connaît-on pas un animal prédateur fossile ayant deux massives pattes de derrière et deux membres supérieurs plus petits ?

Nous allons bientôt en rencontrer un tout semblable dans un autre récit. Mais comment l’artiste saxon aurait-il pu sculpter de telles créatures, s’il n’en avait jamais vues ? En outre, les fossiles n’ont-ils jamais révélé d’autres quadrupèdes grégaires, gros et dotés d’un long cou ? On ne saurait prétendre qu’il s’agit de caricatures d’animaux ordinaires autochtones des Iles Britanniques, car aucune de nos espèces actuelles n’a ce long cou ni n’est bipède. Alors comment allons-nous les expliquer de façon satisfaisante, sinon comme des espèces facilement reconnaissables de dinosaures ayant survécu jusqu’à l’époque des Saxons ?


Fig. 3 : Ce motif, ferré sur un bouclier saxon, représente un reptile volant, les ailes repliées. La forme de la tête et les dents des mâchoires évoquent un Ptérodactyle.

La figure 3 nous fournit une preuve supplémentaire. Il s’agit encore d’une origine saxonne primitive, une pièce ornant un bouclier circulaire.

Ici est représenté un reptile volant, connu des Saxons sous le nom de widfloga. Remarquez les longues mâchoires fortement dentées et les ailes repliées le long des côtés. La forme de la tête est également intéressante. Ne connaissons-nous pas un reptile volant fossile ayant cette forme et ces traits ? Nous rencontrerons bientôt son semblable dans un récit écrit.

Fig. 4 : Tête de monstre aquatique sculpté à la proue du navire funéraire d’Oseburg. Les explorateurs vikings le nommaient « nicor » ou « ythgewinnes ».


Les figures 4 et 5 représentent aussi de grands reptiles aujourd’hui disparus. Ils se ressemblent de façon surprenante. Ce sont deux figures de proue de bateaux danois de l’époque viking; ils représentent le même genre de monstre marin que celui qui sera décrit et nommé plus loin dans un récit.

On croit maintenant que le fameux Cheval Blanc d’Uffington dans l’Oxfordshire ne représente pas du tout un cheval mais un dragon celte primitif (la Colline du Dragon se trouve à proximité).

Fig. 5 : Tête de monstre aquatique reptilien fréquent sur les voies maritimes proches du Danemark et de la Suède durant le Haut Moyen-Âge.


A quelques siècles plus tard remontent les sculptures des figures 6 et 7. On peut voir de telles créatures dans les vieilles églises de tout le pays, et la plupart évoquent des animaux rappelant fortement ces espèces de dinosaures que nous ne connaissons (heureusement) que par les témoignages fossiles.

Documents écrits :

Nous en arrivons aux témoignages les plus frappants de tous. Il s’agit d’œuvres écrites remarquables par la description détaillée de ces reptiles géants que les premiers Danois, Saxons et autres rencontrèrent dans l’Europe du Nord et en Scandinavie. Dans diverses sagas nordiques, la mise à mort de dragons est décrite avec assez de précisions pour pouvoir reconstituer l’apparence physique de certaines de ces créatures. Dans la saga Volsungas, par exemple, la mise à mort du monstre Fafnir  fut accomplie par Sigurd qui avait creusé une fosse dans laquelle il attendit que le monstre passe au-dessus de sa tête en allant vers l’eau.

Fig. 6 : Deux dragons gravés sur le tympan de l’église paroissiale d’Everton dans le Nottinghamshire.


Fig. 7a : Tympan de l’église paroissiale de Dinton dans le Buckinghamshire. Ces créatures bipèdes avec leur longue queue induisent un rapprochement avec l’illustration 7b.


Fig. 7b : Illustration extraite de « l’Histoire des Serpents » d’Edward Topsell (publiée en 1608). Mis à part les ailes, on note une étonnante ressemblance avec les reconstitutions du Tyrannosaurus.


Ceci permit à Sigurd d’attaquer le ventre mou du dinosaure. Manifestement Fafnir marchait sur ses quatre pattes avec son ventre au ras du sol.

De même, le Voluspa nous parle d’un certain monstre que les premiers Vikings appelaient Nithhoggr, ce nom (“déchiqueteur de cadavres”) signifiant qu’il vivait de charognes. Saxo Grammaticus dans sa Gesta Danorum nous parle du combat du roi danois Frotho avec un reptile géant et, dans le conseil donné par un habitant au roi, rapporté par Saxo, le monstre est décrit en grand détail. C’était, dit-il, un serpent…

…enroulé dans ses anneaux, lové en de nombreux replis, avec une queue étirée et ondulante, secouant ses nombreux anneaux et répandant son venin…Sa salive brûle ce qu’elle atteint…(pourtant, ces paroles étaient sûrement destinées à encourager plutôt qu’à effrayer le roi) …Souviens- toi de conserver ton intrépidité, ne te laisse pas troubler par la pointe de sa dent acérée, non plus que par la raideur de la bête, ni par son venin…Il y a un endroit sous son bas-ventre où tu peux plonger la lame…

La description de ce monstre reptile ressemble fortement à celle du monstre vu à Henham en 1669 (cf. ci-dessus), et les deux animaux pourraient bien être d’une espèce identique ou similaire. Particulièrement remarquable est leur mécanisme de défense (cracher un venin corrosif vers leur victime), mécanisme répliquant exactement celui du scarabée bombardier3.

Mais le poème épique Beowulf nous fournira maintes descriptions vraiment inestimables de ces énormes reptiles qui, il y a seulement 1400 ans, infestaient le Danemark.

(Suite au prochain numéro)


1 Traduit par Claude Eon à partir de CEN Tech. J., vol. 6 (1), 1992, pp. 49-54.

2 Spécialiste des généalogies royales britanniques, anglo-saxonnes, irlandaises et danoises, l’auteur a reçu pour ces travaux un diplôme d’honneur de l’Université de Kingston.

3 cf. Le Cep n° 13

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