Les vrais rationalistes sont les chrétiens,

Par Marie-Christine Ceruti-Cendrier

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Avec Les Évangiles sont des reportages, n’en déplaise à certains (Téqui, 1997), Marie-Christine Ceruti-Cendrier nous avait montré son goût pour les titres qui parlent et qui, à eux seuls, suggèrent une démonstration. Il en va de même avec ce nouveau livre qui constitue un pavé dans la mare du scientisme ambiant.

Car le scientisme n’est pas mort : il a simplement mué, s’est adapté au caractère provisoire de certaines théories pour affirmer avec le même aplomb l’infaillibilité de sa vérité. C’est le fameux « Einstein a avalé Newton vivant » par lequel le mythe scientiste a survécu aux paradoxes de la physique. Mais, et l’auteur le montre avec force citations, le même préjugé athée imprègne toujours, consciemment ou non, le discours scientifique : comme si le cantonnement de la méthode scientifique aux seules causes secondes excluait le surcroît d’intelligibilité qu’apporte la cause première, à commencer par l’idée que le monde est rationnel, compréhensible par notre raison, et fonctionne selon des lois pérennes qui existent bien en dehors de notre esprit. Si donc les vrais rationalistes (au sens étymologique du mot) sont les chrétiens, c’est d’abord parce que les scientistes athées sont de faux rationalistes, qui débitent des paralogismes et des présupposés contradictoires à longueur de pages.

Sur ce point, Marie-Christine Ceruti-Cendrier a fait un travail considérable, colligeant d’innombrables citations pour débusquer les contradictions du discours réductionniste, celui qui nie la finalité en biologie malgré toutes les évidences et se permet d’affirmer sans preuves son refus de toute autre vérité que scientifique. Ainsi Dawkins, du haut de sa chaire à Oxford, se permet de lancer : « Les découvertes de Darwin sont, de même que celles d’Einstein, universelles et éternelles, tandis que les conclusions auxquelles sont arrivées Marx et Jésus sont limitées et caduques. » (p. 120) Pourtant, comment affirmer la présence d’un « code » génétique et nier une intelligence préexistante ? Un mathématicien, Andrew Mc Intosh précise : « En réalité pour former le code avec lequel commencer, il est d’une importance vitale que les mécanismes de transmission et de réception de la cellule se soient accordés d’avance sur la signification du code, sinon il ne peut y avoir de communication. » (p. 136)

On retrouvera avec plaisir les grandes idées sur l’athéisme de Claude Tresmontant (que l’auteur a connu à la Sorbonne), notamment cette bonne formule : « Si seulement le monde n’existait pas, en effet, l’athéisme serait plus facile à penser. » (p. 158) Nous ne pourrons qu’être d’accord avec l’auteur – qui d’ailleurs cite Le Cep (p. 122) – pour affirmer : « Est-il scientifique de dire que tout ce qui n’est pas scientifique est irrationnel ou faux ou sans valeur ? Autrement dit, la science peut-elle juger non seulement de sa valeur propre mais aussi de la valeur de ce qui n’est pas elle ? » (p. 158) Comment donc procède l’irrationalité scientiste pour durer malgré ses contradictions ? Par un « grand veto » sur tout ce qui rappelle la finalité :

« D’un côté placer le hasard pour empêcher Dieu d’entrer, de l’autre interdire de poser la question du pourquoi, parce qu’Il entrerait tout de même par la fenêtre… » (p ; 165)

Alors, on n’est plus sur le terrain du débat intellectuel et c’est pourquoi la rationalité est du côté des finalistes, qui admettent la portée réelle des affirmations métaphysiques. Marie-Christine Ceruti-Cendrier note aussi que ce ne sont pas tous les « croyants » en général qui ont façonné la science européenne, mais spécifiquement les chrétiens (Ch. 15). Un index des noms propres aurait facilité la pêche aux citations mais, si l’on note la présence d’une bibliographie thématique en sus d’une bibliographie par chapitre, on comprendra que ce livre riche et dense est déjà, tel quel, un outil de travail autant qu’une belle démonstration de la nécessaire cohérence des vérités scientifiques avec les grandes vérités sur l’univers et sur l’homme que nous apporte la Révélation. (Poitiers, DMM, 2012, 320 p., 25€

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