L’Homo Sapiens vieillit de 35 000 ans

Par The New York Times

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Les dessous de la préhistoire :


L’Homo Sapiens vieillit de 35 000 ans (selon le New York Times1)

Résumé : Comme on ne sait pas dater directement les ossements fossiles, il est inévitable que des contradictions apparaissent entre deux mesures successives et indépendantes. C’est alors le résultat le plus « vraisemblable » qui est retenu, c’est-à-dire le résultat attendu pour faire « coller » avec ce qu’on sait par ailleurs. Quelle que soit la précision de la méthode physicochimique retenue, la transformation du résultat d’analyse en une date de calendrier demeure donc une opération largement arbitraire, ce qui explique la valse des dates admises pour l’apparition de l’homme.
Le cas des crânes trouvés près de la rivière Omo, en Ethiopie, est significatif  d’un fréquent emploi du mode « conditionnel », comme dans l’article du NYT ici reproduit. Il suffit à démontrer que la datation des fossiles est peut-être un art mais certainement pas une science…

Des paléontologues australiens et américains ont revu la datation de fossiles humains découverts le long de la rivière Omo au sud de l’Éthiopie. Deux crânes, baptisés Omo I et II, avaient été mis au jour en 1967. Ils furent datés selon une première évaluation d’environ 130 000 ans par analyse du taux de thorium et d’uranium des huîtres2 retrouvées dans les sédiments.

A l’époque, cette datation fut controversée car on pensait que l’homme moderne ne pouvait avoir plus de 100 000 ans. Mais les nouvelles méthodes disponibles ont conduit Francis Brown, de l’Université de l’Utah, John Fleagle, de la Stony Brook University (New York), et Ian MacDougall, de l’Australian National University, à une autre conclusion.

Les deux fossiles, contemporains malgré des différences morphologiques, remonteraient à quelques 195 000 ans (à 5 000 ans près3). Les chercheurs se sont notamment focalisés sur le taux de désintégration de l’argon des cristaux de feldspath prélevés sur des sédiments situés juste au-dessous des fossiles, et de cendres prélevées nettement au-dessus (à environ 50 mètres) ; les premiers ont indiqué un âge de  196 000 ans et les secondes une limite inférieure de 104 000 ans. La vitesse de sédimentation de la rivière Omo étant à l’époque très importante, l’âge des restes serait donc plus proche de 196 000 ans. Jusque- là, les plus vieux fossiles humains étaient considérés comme étant ceux découverts à Herto, également en Ethiopie, et évalués entre 154 000 ans et 160 000 ans. Ces travaux confirment les analyses de paléogénétique  récentes situant l’origine de l’Homo sapiens moderne entre 150 000 et 200 000 ans avant Jésus-Christ.


1 NYT du 17 février 2005

2 A moins de prouver que l’être fossile avait bien mangé ces huîtres, on voit mal comment la datation d’un coquillage parfois trouvé à des centaines de mètres, peut donner l’âge de l’os fossile sans faire nombre d’hypothèses qui ne sont jamais vraiment justifiées si ce n’est par la nécessité où l’on est de les faire si on veut dater « scientifiquement »…Dans ce contexte, la « technique » du Pr Protsch à l’Université de Francfort (cf. Le Cep n° 31), qui consistait à inventer ses dates sans se contraindre à faire fonctionner les appareils, paraît presque défendable.

3  Ndlr. Devant cette valse de datations par dizaines de millers d’années, on pourrait s’étonner de cette précision annoncée à 5000 ans près pour être aussitôt dénoncée par les mesures suivantes. Il faut bien comprendre qu’il s’agit ici d’une précision théorique liée à l’instrument utilisé, comme de peser un objet au milligramme près sur une balance de précision. Mais encore faut-il que l’objet à peser soit débarrassé de sa gangue ou de tout autre élément parasite polluant l’échantillon !..En l’occurrence, il faut bien comprendre que la mesure ne porte pas sur le fossile lui-même, mais sur des sédiments ( seuls analysables, car seuls à contenir le précieux argon) situés parfois très loin des ossements visés. Pour reprendre la comparaison d’une pesée, c’est un peu comme si on pesait le pot de fleur pour connaître le poids de la fleur : on comprend tout de suite que la précision de la balance n’a rien à voir dans la véritable discussion !

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