Partager la publication "In memoriam Jean Boucher (1915-2009)"
Un pionnier vient de nous quitter. Connu pour sa contribution décisive à l’agriculture biologique en France, Jean Boucher s’en est allé le 11 septembre dernier, dans sa quatre-vingt-quinzième année. Ses obsèques ont été célébrées en l’église Saint-Bernard de sa chère ville de Nantes, le mardi 15. Jean Boucher avait commencé sa carrière d’agronome au Service de la Protection des Végétaux de Nantes. Attentif aux échos du terrain, il comprit vite que la fertilisation chimique affaiblissait les plantes et démissionna pour chercher une alternative. C’est avec le sélectionneur de blé Raoul Lemaire qu’ils mirent au point la méthode « Lemaire-Boucher », plus connue en ville par son produit : le « pain Lemaire ». Dans la ligne des travaux du Pr Delbet sur le magnésium, il s’intéressa au rôle des « éléments biotiques », cette fraction de la table de Mendeleïev qui figure dans la composition des êtres vivants. Il nous en fit un saisissant exposé au colloque de Nantes en 2001 (L’harmonie des éléments biotiques), étude qui devrait figurer prochainement sur le site du CEP. En 2002, il était invité en Iran pour un congrès de lancement de l’agriculture biologique dans le Sud du pays, mais la simultanéité avec les élections et certaines pressions firent annuler ce projet. Les dernières années furent assombries par la maladie de sénescence qui frappa son épouse, limitant ses déplacements. Lui-même en fut atteint il y a deux ans et dut quitter son domicile.
Mais l’activité de conférencier et de consultant qu’il a poursuivie à un âge avancé prêche indiscutablement pour le mode de vie qui était le sien, avec derrière sa maison, un jardin, un pied de vigne et un verger dont il aimait commenter la conduite avec ses visiteurs. Nul doute que l’intuition qui le guidait, l’importance des phénomènes physiques en agronomie, et leur revanche sur la chimie, finira par s’imposer : bien d’autres chercheurs l’ont rejointe et les fruits apparaissent. En dédicaçant son livre Une véritable agriculture biologique, il avait écrit que le CEP lui avait « donné de mieux connaître la splendeur de la Création, donc du Dieu d’amour. »
Nul doute qu’après avoir étudié cette Création avec modestie et patience, il avait hâte de rencontrer son Créateur.