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Par Tassot Dominique
Résumé : Les Barbares sanguinaires de nos manuels d’Histoire semblent avoir disparu. Mais il est une autre forme de barbarie qui a pris naissance au sein de notre civilisation et la menace bien plus qu’un envahisseur extérieur : c’est ce que Vico nommait la « barbarie de la réflexion », cette manière rationnelle et scientifique de traiter les hommes en écartant ce qui fait l’essence de leur humanité. Un tel danger a pris forme avec l’irruption de la Mécanique dans le gouvernement des sociétés. Les volontés particulières sont alors remplacées par une abstraite « volonté générale », comme le centre de gravité d’un corps vient le remplacer dans les équations de son mouvement. La société devient un « système ». Il faut, disait Sieyès, « l’analyser comme une machine ordinaire ». Dès lors les tueries deviennent de simples soustractions nécessaires pour atteindre l’optimum calculé pour une population donnée. Surtout, l’opposition au système devient un crime injustifiable contre la Raison. Heureusement, les carences explicatives de la Physique, aujourd’hui bien visibles, ont fait vaciller l’autorité de la science. Mais comment renouer avec une véritable civilisation ?
Le mot de « barbarie » évoque à nos esprits le surgissement soudain d’une violence destructrice dans un État civilisé. Ce furent le pillage de Rome par les Vandales de Genséric en 455, les incursions normandes sur les rivages de l’Europe du Nord au IXe siècle ou encore les dévastations tatares en Russie. La littérature et le cinéma ont amplifié et fait revivre ces fortes images d’un passé que l’on croit révolu. Car il est vrai, dans ces trois cas, que la civilisation a survécu et même prévalu : les Barbares qui désagrégeaient l’Empire ont fini par protéger ses institutions et ses populations en les gouvernant ; les Normands ont mis en valeur la riche province dans laquelle ils acceptèrent, en 911, de se fixer ; les Tatares se sédentarisèrent, acceptant de ce fait la loi du pays d’accueil, du moins dans leurs rapports avec les autres habitants.
On serait tentés d’en déduire que la civilisation est plus forte que la barbarie, pensée rassurante qui ne doit pas nous endormir.
D’une part de nouveaux barbares menacent : toutes ces générations qui n’ont pas appris que les droits sont autant de devoirs, qui donc ne connaissent de civilisation que « la civilisation du cocotier » celle où le seul effort requis est de secouer l’arbre pour en ramasser les fruits. C’est bien là une barbarie, puisque son arme est la violence prédatrice, mais une barbarie sans avenir puisqu’elle délite les vertus guerrières du barbare : force et sobriété.
D’autre part une nouvelle forme de barbarie menace, celle que Giambattista Vico (1668-1744), dans Scienza nueva,nomme la « barbarie de la réflexion », une barbarie froide qui sort de la civilisation et la disloque en prétendant l’accomplir : « La barbarie de la réflexion est le développement de la raison quand elle est détachée de son principe transcendant et de sa fin morale, comme il arrive dans le monde de la technique1. »
L’ancienne « barbarie des sens » (Vico) tue l’homme mais sans détruire son humanité. Elle détruit l’œuvre ou s’en empare, mais c’est encore une manière de respecter l’ouvrier : on croit se grandir à ses propres yeux par la valeur qu’on sait être celle du butin, qu’on l’emporte ou qu’on le casse. Tandis que la barbarie de la réflexion, en baptisant « progrès » la régression qu’elle apporte, ferme la porte au retour de la civilisation. Le bolchévisme en a donné un bon exemple. Le fondateur de la Tcheka, Dzerjinski, se serait évanoui en tuant une poule : il avait horreur du sang ! Mais il signa sans états d’âme l’arrêt de mort de dizaines de milliers de personnes. Le simple outil prolonge la main et le sanguinaire, épée au poignet, finit par se lasser. Tandis que la machine exécute sa mission sans jamais s’arrêter, sinon devant une force mécanique supérieure.
On comprend dès lors que la mécanisation de nos sociétés, la multiplication des règlements, des normes, des procédures, des diktats sur le comportement, etc., si elle n’est pas contrebalancée par des mesures symétriques de personnalisation, constitue une régression de la civilisation plus grave peut-être qu’une invasion car, si elle ne tue pas les corps, elle asservit les cerveaux et les âmes.
Cette idée de faire fonctionner la société comme une machine fut bien le rêve fou des hommes des Lumières, et les gigantesques tueries de XXe siècle n’en sont qu’autant d’applications directes, au même titre que l’actuel écrasement de la personnalité par la pensée « correcte »2. Vus de loin, homme et pantin se ressemblent, mais l’un est mu par ses affects et ses idées propres, tandis que l’autre s’agite sous une impulsion venue d’ailleurs. On ne peut donc apprécier en profondeur les sociétés contemporaines sans analyser sur ce point la Révolution française, qui fut le prototype de la Révolution mondiale toujours en voie d’achèvement.
« La Révolution, écrivait Pierre Gaxotte, s’est développée comme un théorème3. » Ce cours mécanique suivi par les événements n’a pu manquer de surprendre les historiens. L’histoire traite des actions des hommes ; elle les éclaire en découvrant leurs intentions ou leurs passions ; elle baigne tout entière dans l’humain. Le processus machinal qui conduisit sur 1’échafaud les propres chefs du parti révolutionnaire, la démesure des massacres, des ruines, de la contrainte, cette marque inhumaine qui signale la Révolution requièrent donc une explication étrangère au raisonnement historique usuel.
Or, comment les révolutionnaires justifièrent-ils les procédés exorbitants auxquels ils recouraient ? Comme le feront par la suite Lénine, Ceausescu ou Pol Pot : par la soumission à une idée générale. L’abstrait, reflet de l’absolu, ignore l’individu concret qu’il écrase. Et comment justifier cette subordination du réel à l’idée ? Par l’autorité de la science. Le fameux article 6 de la Constitution soviétique pose que « le Parti communiste […] confère un caractère organisé et scientifiquement fondé à sa lutte pour la victoire du communisme ».
Car tel est bien le double trait distinctif de l’action révolutionnaire: 1/ son côté systématique, faisant oublier tout sentiment d’humanité ; 2/ son autorité scientifique, l’opposant aux autorités naturelles qu’exercent traditionnellement la famille et 1’Église.
Ainsi est créé un climat propice à l’écrasement des libertés particulières au nom de la Liberté (générale !), ou à la suppression des liens sociaux concrets au nom de la Fraternité (pour tous !). L’humain, mû par la finalité, se trouve broyé dans un engrenage mécanique, régi par la causalité. Devant une telle « machinerie » montée de toutes pièces, que peut-on faire ? Inutile d’attendre la mort du tyran : le système en suscitera un autre ; inutile d’invoquer la morale : la nouvelle « vérité » s’imposera en norme du bien.
La science n’est pas le contraire de la folie : elle la renforcerait plutôt ! En effet, la vision mécanique du monde fut le terreau où a pu germer la terreur révolutionnaire. Curieusement, la machine promue par Joseph-Ignace Guillotin (1738-1814) symbolise bien cette irruption de la physique dans la politique. Si l’on compare la guillotine au billot et à la hache du bourreau royal, on voit que toute l’efficacité provient de la masse du couperet. L’outil artisanal a laissé la place à la machine. On n’est pas encore à l’homme presse-bouton de nos automates (ordinateurs compris), mais le déterminisme règne déjà avec toute l’autorité de la physique moderne dont la guillotine résume à merveille les deux grands acquis : la loi mathématique de la chute des corps et le principe d’inertie.
On sait que le conventionnel Marat, médecin passionné de physique, traduisit en français L’Optique de Newton. Le bon docteur Guillotin, lui, enseignait l’anatomie à la Faculté de médecine de Paris. Ce haut franc-maçon, membre de la Constituante, mû par la philanthropie, voulait amoindrir la souffrance du condamné : de là cette machine précise, rapide et productive, prototype du progrès industriel.
Ne nous étonnons donc plus de voir la France « découpée » en circonscriptions artificielles : « le Comité de Constitution commença de faire table rase du tout le passé et de découper la France en figures géométriques.
Le Royaume serait divisé en 80 carrés égaux de 324 lieues carrées (18×18), à partir de Paris pris comme centre. Chacun de ces carrés ou départements serait partagé en neuf carrés égaux ou districts ; et ceux-ci en neuf carrés ou cantons4. » Finalement, il y aura 83 départements.
La République est déclarée « une et indivisible » (langage mathématique) ; dans l’armée, les compagnies sont désormais numérotées ; l’égalité entre les hommes est encore conçue comme l’identité entre des unités arithmétique. Napoléon (fort en maths et artilleur de formation) aura de ces formules très significatives : « La force de l’armée, comme en mécanique, est exprimée par le produit de la masse par la vitesse » ; « les hommes sont comme des chiffres ; ils n’acquièrent de valeur que par leur position5. »
Diderot rédige une Arithmétique politique. D’Alembert achève de dégager la notion de centre de gravité, comme point unique substituable à l’ensemble d’un corps. Il écrit : « L’univers, pour qui saurait l’embrasser tout entier, serait un fait unique, une grande vérité 6. »
Vu de si haut, quelques noyades ne seront plus, on le conçoit, qu’un détail… Le concept géométrique de « centre de gravité » avait donné celui de « volonté générale » chez Rousseau. De là cette formule du Contrat social : « Il y a souvent bien de la différence entre la volonté de tous et la volonté générale ; celle-ci ne regarde qu’à l’intérêt commun, l’autre regarde à l’intérêt privé et n’est qu’une somme de volontés particulières : mais ôtez de ces mêmes volontés les plus et les moins qui s’entre-détruisent, reste, pour somme des différences, la volonté générale7. »
L’organisation de la République va s’inspirer de cette pensée géométrique et mécanique. Sieyès en avait parfaitement conscience. Il écrit dans Qu’est-ce que le Tiers État ? : « Jamais on ne comprendra le mécanisme social si l’on ne prend pas le parti d’analyser une société comme une machine ordinaire. »
Napoléon, encore lui, dira : « Le gouvernement est au centre des sociétés comme le soleil8. » Le conventionnel Billaud-Varenne justifie la centralisation en la comparant analogiquement à un mécanisme : « Tout bon gouvernement doit avoir un centre de volonté, des leviers qui s’y rattachent immédiatement, et des corps secondaires sur qui agissent ces leviers afin d’étendre les mouvements jusqu’aux extrémités9. »
L’idée d’une « levée en masse », chez Carnot, est encore une réminiscence de la Mécanique. La nouveauté politique dans tout cela est l’effacement du particulier devant le général. Arnaud Upinsky remarque : « Grâce au centre de gravité appliqué aux sciences sociales, la pensée du Pouvoir n’est plus gênée par l’obstacle que constituent les cas particuliers, les « minorités » ; elle peut raisonner sur le tout sans tenir compte de chaque partie; elle n’a plus à s’embarrasser du singulier10.»
L’action politique s’est ainsi engagée dans la voie de l’abstraction et aucun particularisme ne pourra plus l’arrêter. Le dossier constitué par Gracchus Babeuf sur les guerres de Vendée est significatif à cet égard.
Babeuf est un révolutionnaire forcené ; il aime voir tomber les têtes des ennemis du peuple ; il s’étonne donc des ordres suicidaires parfois donnés aux Bleus ; il s’indigne de voir promus des généraux calamiteux dont les manœuvres ont provoqué les désastres de 1’Armée républicaine. Enfin, employé au Service des Subsistances de la Ville de Paris, il tombe sur les pièces du dossier, s’indigne de voir Carrier traité en bouc émissaire, et publie contre Robespierre La guerre de la Vendée et le système de la dépopulation.
Malthusien avant le mot (l’Essai sur la Population de Malthus ne paraîtra qu’en 1798), le gouvernement de la Convention avait décidé de dépeupler la France : « Un dépeuplement était indispensable, parce que, calcul fait, la population française était en mesure excédante des ressources du sol et des besoins de l’industrie utile […].
Enfin [et c’est là l’horrible conclusion] que la population surabondante pouvait aller à tant, qu’il y aurait une portion de sans-culottes à sacrifier, qu’on pourrait « déblayer ces décombres » [expression de Barrère] jusqu’à « telle quantité », et qu’il fallait en trouver les moyens11. » Ainsi s’explique – s’indigne Babeuf ! – « la satisfaction égale que (les comités du gouvernement) éprouvaient, soit que des milliers de Vendéens tombassent sous le fer des soldats de la République, soit que des milliers de soldats de la République fussent massacrés par les Vendéens. Cette apparente contradiction cesse d’en être une, quand on considère le système de dépeuplement, dans lequel, rebelles et fidèles, tout est bon à détruire12. »
D’après Villemain : « Carrier ébauche tout un système. Il dit que le gouvernement avait reconnu l’impossibilité d’alimenter toute cette population et qu’il était décidé qu’on en diminuerait la masse et qu’on la réduirait à 700 habitants par lieue carrée au lieu de 1 000 qu’on y comptait13.
Le système ! Le mot est lâché, et il est entré en politique par le biais de la Mécanique… En grec, , systêma, c’est – étymologiquement – la réunion en un corps soit de plusieurs objets, soit de parties diverses d’un même objet ; l’ensemble, la masse, le total en tant qu’il se dégage des parties, en tant donc qu’il se met hors de portée de l’individu.
Dans le « système du monde » newtonien mû par l’inertie, une planète ne peut que poursuivre sa course. Devant une décision politique fondée en géométrie, déterminée par le calcul, érigée en système, la volonté particulière n’a plus qu’à s’effacer face à cette nouvelle expression de la Raison universelle. L’opposition ne peut être que déraisonnable, elle en prend une allure de culpabilité. Inversement : « tout est permis pour ceux qui agissent dans le sens de la Révolution : il n’y a d’autre danger pour le républicain que de rester en arrière des lois de la République.
Quiconque les prévient, les devance, quiconque même outrepasse en apparence le but, souvent n’y est pas encore arrivé [Instruction aux autorités constituées, en date du 26 brumaire de l’an II]14 ».
Dans cette formule, l’action politique se définit elle-même par la cinématique. Il y a là une sorte d’hypnose que les marxistes sauront exploiter mieux encore, afin de décourager à l’avance l’adversaire : si 1’Histoire a un sens, qui oserait se dresser à 1’encontre ? Le fondement conceptuel d’un pareil « sens de 1’Histoire » se trouve dans le principe d’inertie et nous ramène à Galilée : un corps qu’aucune force ne dévie poursuit sa course rectiligne. Et l’effort d’un homme seul ne pourra rien contre une grande masse en mouvement.
La mécanique révolutionnaire existe bien, mais dans les esprits. Les révolutionnaires emploient les concepts de la physique, mais ils les appliquent à un ordre de choses pour lequel ces concepts n’ont aucune validité. Ici se dévoile l’idéologie, le glissement de sens qui permet de s’approprier l’autorité de la science pour mener une action sans fondement scientifique. Ici se manifeste le point faible de la Révolution : elle présuppose la confusion mentale chez les élites, et ne survit qu’en imposant une instruction lacunaire.
En voulant soumettre l’homme à la Raison, les philosophes avaient oublié qu’on peut raisonner juste à partir de principes faux. Or les prémisses de leur pensée étaient fausses : la terre n’est pas un lieu quelconque, homogène au reste de l’univers ; l’homme n’est pas un animal quelconque dans la continuité de l’orang-outang ; le vivant n’est pas une simple combinaison d’éléments physico-chimiques. Dans un univers indifférencié réduit à l’étendue, tout devait se comprendre par le mouvement des corps et des corpuscules, et la pensée géométrique pouvait prétendre régir jusqu’aux divertissements de l’âme et aux lois de la société.
Après avoir évoqué la pesanteur, Newton écrivait en 1687 dans la Préface de ses Principia : « Je voudrais réussir à dériver de principes mécaniques tous les autres phénomènes de la nature par le même genre de raisonnement15. »
Nous vivons encore sur cette lancée d’une physique prise comme modèle et prototype unique de toute science, d’un univers conçu comme un vaste ballet de corps inertes (où la vie fait figure d’anomalie), d’un homme régi par un faisceau de déterminismes strictement matériels et dont le psychisme et la conscience semblent dès lors inexplicables.
Mais la physique, cette approche si sommaire et parcellaire de l’univers, après avoir donné ses fruits, s’est égarée d’elle-même dans les paradoxes auxquels la réduit sa pauvreté explicative. Une nouvelle science prend la relève, la biologie, pour laquelle la vie et la finalité ne paraissent plus une bizarrerie mais une donnée acquise, dût-elle rester mystérieuse. Il en découle que la « barbarie de la réflexion » perd l’assurance théorique qui faisait sa force.
Est-ce à dire qu’une civilisation humaine va renaître ? Peut-être, mais rien n’est sûr : une autre barbarie se profile, porteuse de toutes les formes de manipulation du vivant et du psychisme, avec cependant cette différence majeure qu’elle se présente désormais comme une transgression des lois de la nature et non plus comme leur application. Elle ne pourra donc revendiquer avec la même superbe l’autorité de la science.
Quoi qu’il en advienne, comment ne pas appliquer aux « philosophes » des Lumières et à leurs émules présents et futurs ce verset du prophète Jérémie : « Les sages sont confondus, consternés et pris ; voici qu’ils ont rejeté la parole de Dieu, et quelle sagesse ont-ils ? » (8, 9).
1 Romano AMERIO, Iota Unum, N.E.L. 1987, p. 616.
2 Sur ce point précis, au « politiquement correct » bien connu, il convient d’ajouter un « scientifiquement correct » qui en est le digne pendant au sein de ce qu’Annie Kriegel avait nommé la « pensée unique ». Cette manière de défigurer par l’idéologie ce qui, en l’homme, est proprement à l’image de Dieu – l’intellect – est une vengeance satanique infiniment plus tragique que celle qui s’exerçait jadis sur les seuls corps.
3Pierre GAXOTTE, Histoire des Français, Paris, Flammarion, 1951, t. II, p. 276.
4 Ernest LAVISSE, Histoire de France, t. I, p. 171.
5 Cité par Arnaud-Aaron UPINSKY, La Perversion mathématique, Paris-Monaco, Le Rocher, 1985, p. 145.
6 Ibid., p. 138.
7 Jean-Jacques ROUSSEAU, Du Contrat social, Paris, Garnier-Flammarion, 1966, p. 66.
8 UPINSKY, op. cit., p. 139.
9 Ibid., p. 139.
10 Ibid., p. 147.
11 Gracchus BABEUF, La Guerre de Vendée et le système de la dépopulation, annoté par R. SECHER et J.-J. BREGON, Paris, Tallandier, 1987, p. 91.
12 Ibid., p. 92
13 Ibid., p. 196.
14 Ibid., p. 143.
15 Isaac NEWTON, Principia mathematica, trad. M. F. BIARNAIS, Paris, Éd. Christian Bourgois, 1985, p. 21.