Accueil » Le mythe de l’origine naturaliste de la vie

Par Spetner Lee M.

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SCIENCE ET TECHNIQUE

« Les rationalistes fuient le mystèrepour se précipiter dans l’incohérence. »

(Bossuet)

Le mythe de l’origine naturaliste de la vie1

Lee M. Spetner2

Résumé : La philosophie naturaliste affirme que la Nature [qui est-ce ?] comporte en elle-même de quoi expliquer l’origine des êtres vivants. Ce n’est pas assez pour démontrer qu’il n’y a pas de Créateur, mais c’est un argument pour penser qu’il pourrait ne pas y en avoir eu un. La démonstration se fait en deux parties successives : 1) Origine d’une forme simple de vie à partir de matériaux inertes. 2) Développement des multiples formes vivantes actuelles à partir de cette souche rudimentaire. Or ce qui distingue le vivant du non-vivant est la molécule d’ADN, support d’une information. La première partie du programme naturaliste fut mise en œuvre à partir de 1924 par le soviétique Oparine, puis par l’américain Stanley Miller depuis 1953. Mais l’échec est patent, après 90 ans, pour passer des éléments biochimiques synthétisés à l’information caractéristique d’un être vivant capable de se reproduire. La seconde partie du programme, lancée par Charles Darwin, a consisté à imaginer que de petits changements aléatoires (mutations) seraient sélectionnés naturellement dans le sens d’un progrès graduel. Les calculs statistiques faits par l’auteur montrent qu’un tel événement est si improbable qu’il serait déraisonnable de le prendre en considération. Mais comme les évolutionnistes ne se préoccupent pas des calculs qui les contredisent, Lee Spetner examine ici leur argument classique : l’apparition d’une résistance aux antibiotiques. En réalité, il n’y a là aucune information nouvellement créée, car les organismes qui produisent les antibiotiques possèdent déjà les gènes permettant cette résistance. La seconde partie du programme naturaliste, tout comme la première, a donc échoué.

Les arguments donnés en faveur de l’évolution sont à la fois théologiques et scientifiques. Toutefois, ceux que je vais présenter contre l’évolution ne sont que scientifiques. Les arguments théologiques en faveur de l’évolution sont du genre de ceux qui contestent la Création en espérant légitimer l’évolution. Ces arguments consistent généralement à sélectionner quelque fait naturel et à dire qu’un Créateur ne l’aurait pas fait ainsi, par exemple, le pouce du panda, les organes vestigiaux, les connexions nerveuses de la rétine, etc.3 Les arguments théologiques sont puérils et prouvent un manque de compétence en théologie. Je ne vais discuter aucun argument théologique, mais je veux seulement souligner l’usage très répandu des arguments théologiques et constater que l’évolution est souvent étayée en attaquant la Création. Je fais remarquer cela pour montrer la différence avec mes arguments contre l’évolution. Je ne prétends pas que l’échec de la théorie de l’évolution justifie automatiquement la Création, mais je souhaite offrir mon aide aux gens de foi qui sont troublés par la solidité prétendue de la théorie de l’évolution. Ainsi que je vais le montrer, la théorie de l’évolution échoue dans son but de confirmer l’origine naturaliste de la vie.

Le point de vue naturaliste sur l’univers présume qu’il n’y a pas de Créateur et, par conséquent, « qu’il n’y a pas de loi morale ni de Juge »4. Si l’univers pouvait être vraiment expliqué comme ayant une origine purement naturaliste, alors il y aurait un argument pour le « pas de Créateur ». Cela ne veut pas dire que ce serait la preuve de l’inexistence d’un Créateur et d’un Juge, mais cela aiderait ceux qui sont portés à cette croyance.

Il s’avère, cependant, qu’il n’existe pas de théorie proprement scientifique d’une origine et d’un développement naturalistes de la vie. Constamment depuis Darwin les scientifiques ont essayé de trouver une telle théorie, mais il n’en existe aucune à ce jour.

Sans une telle théorie, on ne peut pas, pour emprunter la phrase de Richard Dawkins, être un athée comblé. On ne peut être un athée comblé qu’avec une forte dose d’espoir et de foi qu’une telle théorie, ou de telles théories, seront trouvées un jour.

Le Projet de trouver une origine naturaliste de la vie comprend, essentiellement, deux parties. La première partie (Partie 1) est de trouver une théorie expliquant l’origine naturelle d’une forme simple de vie à partir d’une matière non vivante. La vie engendrée selon cette théorie peut être d’une simplicité extrême, mais elle doit, au minimum, être capable de se reproduire elle-même pour rendre possible la deuxième partie du Projet. La seconde partie (Partie 2) est le développement depuis ce commencement simple, primitif, jusqu’à toutes les formes diversifiées de vie que nous voyons aujourd’hui.

Dans la seconde moitié du XXe siècle il est devenu patent que ce qui distingue la matière vivante de la non vivante est l’information contenue dans l’organisme vivant et la manière dont cet organisme l’utilise pour exercer ses fonctions et se reproduire. Une distinction majeure entre la matière vivante et la non vivante, comme nous le comprenons aujourd’hui, se trouve dans l’information vitale que l’on croit actuellement résider dans les molécules d’acide désoxyribonucléique (ADN), lesquelles constituent le génome (l’ensemble des gènes) dans chaque cellule vivante et que l’on appelle donc l’information génétique.

La molécule d’ADN est une chaîne de petites molécules, appelées nucléotides, dont il existe quatre types. La molécule d’ADN joue le rôle d’un message composé d’une séquence de ces nucléotides, lesquelles jouent le rôle des lettres dans le message. Celui-ci est ainsi écrit avec un alphabet de quatre lettres. Comme nous le comprenons aujourd’hui, l’information génétique d’un organisme détermine, dans une large mesure, le développement de sa forme et son fonctionnement. La manière selon laquelle l’information génétique contrôle l’activité de l’organisme ressemble beaucoup à la manière selon laquelle un programme d’ordinateur contrôle le fonctionnement de ce dernier. Lorsqu’un organisme se reproduit, il copie l’information génétique et la passe à sa progéniture. Dans la reproduction sexuelle, l’information génétique des deux parents est copiée et partagée par la progéniture.

Charles Darwin mit en branle la partie 2 du programme en 1859 avec la publication de son Origine des espèces, mais il vit également le besoin de la partie 1.

Il imagina une cellule initiale se formant spontanément à partir d’éléments chimiques existant dans une « petite mare chaude ».5 La partie 1 du programme reçut son impulsion initiale en 1924 avec le biochimiste russe Alexandre I. Oparine qui étudia comment une membrane pouvait se former et entourer une cellule primitive en isolant son contenu du monde extérieur tout en lui permettant d’absorber des nutriments de l’extérieur et ainsi de grandir et de se reproduire.6 Savoir exactement comment cette croissance et cette reproduction se réalisaient était remis à une étude ultérieure. L’étude prit de la vitesse avec les travaux de Stanley Miller,7 qui montra la production spontanée de quelques acides aminés à partir de produits chimiques inertes.

La question de savoir comment la vie aurait pu surgir de la matière inerte est étudiée depuis presque 90 ans par de nombreux savants brillants, mais les résultats sont décevants. Bien qu’un progrès eût été obtenu dans les théories montrant comment des éléments biochimiques de base pouvaient se former spontanément, aucun progrès significatif n’a permis de découvrir comment la nécessaire information aurait pu apparaitre. Il n’existe pas de théorie naturaliste pouvant expliquer l’apparition de l’information vitale qui se trouve même dans la cellule vivante la plus simple et primitive. Leslie Orgel était un biochimiste et, jusqu’à sa mort récente en 2007, il fut un des principaux savants travaillant sur la partie 1. Il écrit: « Il n’y a pas d’accord sur la question de savoir dans quelle mesure le métabolisme pourrait se développer indépendamment d’un matériel génétique.À mon avis, il n’y a aucun élément dans la chimie connue pour croire que de longues séquences de réactions peuvent s’organiser spontanément – et il y a toutes les raisons de croire qu’elles ne le peuvent pas.

Le problème d’obtenir une spécificité suffisante, que ce soit dans une solution aqueuse ou à la surface d’un minéral, est si sérieux que la possibilité d’achever une chaîne de réactions aussi complexe que celle de la chaîne inverse de l’acide citrique, par exemple, est négligeable. La même chose, je pense, est vraie pour des chaînes plus simples mettant en œuvre de petites molécules pouvant être pertinentes pour les origines de la vie et aussi pour les chaines peptidiques8. »

Tant pis pour la partie 1 du projet ! Sans une théorie sur la façon dont la vie aurait commencé, il n’y a pas d’assise scientifique pour une apparition naturaliste de la vie. Néanmoins, les partisans du naturalisme dépensent l’argent des autres (des contribuables surtout) en poursuivant, depuis plus d’un siècle, ce qui n’a rien été d’autre qu’un feu follet. Ils n’en continuent pas moins à déclarer avec optimisme que le succès de la partie 1 est juste pour demain.

D’un autre côté, la partie 2 est déclarée achevée et résolue. Les naturalistes prétendent avoir réussi à expliquer le développement naturel de la vie à partir d’un commencement élémentaire. Pour la partie 2, leur mission demande qu’ils présentent une théorie expliquant comment toute l’information contenue dans les nombreuses formes complexes de vie actuelles s’est développée à partir de ce qui, dans la cellule primitive, était si simple qu’il aurait pu apparaitre spontanément. La cellule primitive doit vraiment avoir été très simple, surtout quand on voit le manque de succès de la partie 1 du programme. Maintenant je vais examiner leur prétention d’avoir mené à bien la phase 2, ce qui est sous-entendu lorsqu’ils soutiennent que « l’évolution est vraie9 ».

De même que le grand problème de la partie 1 est de montrer d’où vient l’information se trouvant dans la prétendue cellule simple primitive, le grand problème de la phase 2 est de montrer comment l’information de la cellule primitive supposée s’est développée pour produire la complexité et l’information contenues dans les organismes actuellement vivants. Lorsque les évolutionnistes invoquent les fossiles ou établissent une liste d’organes vestigiaux, ils ne répondent pas à ce problème critique.

Puisque l’on ne peut pas observer la prétendue accumulation de l’information dans le passé, pour résoudre la phase 2 on doit présenter un mécanisme (une théorie) expliquant comment une telle accumulation aurait pu se produire. En outre, on devrait aussi montrer, autant qu’il est possible, des observations de semblables accumulations se produisant de nos jours conformément à ce mécanisme.

Selon nos connaissances actuelles en biologie, l’information de la vie est principalement l’information génétique se trouvant dans l’ADN. Le mécanisme évolutionniste doit donc expliquer l’augmentation de l’information génétique. Le mécanisme qui a été proposé est un perfectionnement moderne de la suggestion de Charles Darwin et consiste en deux étapes: des changements génétiques aléatoires suivis par la sélection naturelle. Pourquoi la théorie exige-t-elle que les changements génétiques soient aléatoires ? Le caractère aléatoire a été choisi parce qu’il n’existe pas de processus déterministe connu par lequel l’information requise pourrait se développer. Un processus déterministe, par exemple, serait un processus où la chimie des nucléotides serait la cause de leur agencement préférentiel en séries porteuses de l’information ADN des organismes vivants plutôt qu’en des séries absurdes. Puisqu’une telle possibilité n’a pas été observée, ni même estimée théoriquement possible, pour que les nucléotides s’assemblent de cette façon intelligente, il faut recourir au hasard.

L’idée ici est que les changements aléatoires, appelés mutations se produisent dans les lettres du message ADN des cellules germinales de l’organisme. Ces mutations provoquent des changements dans la descendance.

Ces changements affectent les fonctions de la progéniture et, s’ils améliorent son activité et sa capacité de reproduction, alors cette progéniture aura elle-même, en moyenne, une descendance plus nombreuse que ses cousins qui n’ont pas eu de changement. Nous disons que ce type d’organismes ayant ce nouveau message ADN a été « sélectionné ».

La progéniture hérite de la mutation, si bien qu’il y aura au cours des générations une augmentation exponentielle du nombre des mutants par rapport au nombre des non-mutants. Si, d’un autre côté, la mutation aboutit à un affaiblissement de ses fonctions, la progéniture aura moins ou pas du tout de descendance.

On appelle ce processus la sélection naturelle, en ce sens que c’est un moyen naturel d’accomplir ce que les éleveurs d’animaux ou de plantes font lorsqu’ils sélectionnent les formes qu’ils désirent.

On doit s’attendre à ce que la plupart des mutations dans l’information génétique soient, évidemment, délétères pour le bon fonctionnement de l’organisme, de même que la plupart des changements aléatoires d’un programme informatique vont vraisemblablement détruire une partie de ses fonctions sinon leur totalité. En outre, il faut s’attendre à ce que de grands changements aléatoires soient toujours désastreux. Pour cette raison, la théorie évolutionniste compte sur des changements aléatoires minimes pour fournir la matière première sur laquelle la sélection naturelle est censée opérer. Le plus petit changement qui puisse être fait dans le message ADN est le changement d’un nucléotide par rapport à l’un des trois autres. Ce changement s’appelle une mutation ponctuelle.

Ainsi, l’explication naturaliste de l’accumulation de l’information vitale est que des mutations aléatoires se produisent, dont la plupart peuvent être délétères. Par un grand hasard, une mutation bénéfique améliorant l’organisme peut se produire ; alors la sélection naturelle interviendra et en augmentera le nombre sur plusieurs générations jusqu’à ce que le type mutant ait envahi la population. Après beaucoup d’autres générations, une autre mutation bénéfique peut se produire par hasard, que la sélection naturelle multipliera et qui envahira la population.

Comme ce processus s’étend sur des périodes de temps extrêmement longues, l’énorme quantité d’information que nous voyons aujourd’hui dans les organismes vivants pourrait s’être accumulée. Si cette théorie était valide en ce sens qu’elle pourrait vraiment expliquer, dans les détails, l’accumulation de l’information vitale, elle assurerait le succès de la partie 2 du programme.

Si, en plus, nous pouvions remplir avec succès la partie 1 du programme, il y aurait un support pour ceux qui choisissent d’accepter une origine naturelle de la vie et qui choisissent de nier la nécessité d’un Créateur.

Oui vraiment, la réalisation couronnée de succès du programme entier rendrait superflu un Créateur pour expliquer l’apparition de la vie sur terre.10

Voyons maintenant ce qui a été réalisé avec succès dans la partie 2. Comme je l’ai expliqué, le mécanisme darwinien, qui est le fondement de la partie 2, s’appuie sur les mutations aléatoires pour fournir le matériau sur lequel la sélection naturelle peut opérer. Les partisans du naturalisme supposent presque toujours qu’à chaque fois qu’existe un besoin d’adaptation dans une population d’organismes, par exemple lorsque l’environnement change, une mutation appropriée est disponible sur laquelle la sélection naturelle peut agir. Il n’y a cependant, aucune validation – ni théorique ni d’observation – pour une telle affirmation.

Puisque les naturalistes doivent supposer que les mutations favorables sont très petites (en fait les plus petites possibles), pour qu’une évolution significative se soit produite il doit y avoir eu de longues séries d’occurrences d’évolution, dans chacune desquelles une mutation d’adaptation s’est produite, suivie d’une sélection naturelle.

Cette hypothèse n’est pas justifiée à moins d’être étayée par une analyse de la probabilité pour que de telles mutations se produisent et qu’elles montrent une succession d’adaptations favorables pour que la sélection naturelle puisse agir à chaque étape. Les naturalistes ne font jamais ce calcul. Un tel calcul est difficile à cause des nombreux paramètres inconnus à prendre en compte.

J’ai effectué ces calculs en prenant des valeurs raisonnables pour ces paramètres et, accordant en fait le bénéfice du doute dans la plupart des cas à la position naturaliste.11 J’ai trouvé que pour une longue série d’occurrences comme le veut l’évolution, la probabilité des bonnes mutations est si petite qu’elle est négligeable: la probabilité n’est pas humainement distinguable de zéro.

Le principal problème qui doit être résolu pour réaliser l’objectif de la partie 2 est de montrer que de l’information peut être ajoutée à des organismes vivants au moyen du processus darwinien des mutations aléatoires et de la sélection naturelle. La tâche de montrer que l’information peut être accrue par l’évolution a été négligée par les partisans du naturalisme. La position de ceux-ci, que la vie est le résultat de lois purement naturelles aidées par un peu de hasard, repose sur l’hypothèse que de longues séries d’occurrences d’évolution se sont produites dans lesquelles, en moyenne, un peu d’information a été ajouté à la population lors de chaque occurrence. Leur position demande des séquences d’évolutions excessivement longues afin de justifier l’évolution depuis une cellule initiale jusqu’à l’homme, ou, si nous incluons la première partie du programme, elles doivent expliquer l’évolution « depuis les molécules jusqu’à l’homme » pour citer le sous-titre d’un manuel scolaire largement utilisé aux États-Unis dans les années 1970.

Les organismes vivants sont extrêmement complexes et contiennent une énorme quantité d’information. La position naturaliste est que toute cette information s’est accumulée au cours des longues séries de mutations aléatoires et de sélection naturelle.

S’il était vrai que d’innombrables adaptations par mutations aléatoires se sont produites dans le passé, alors le même processus devrait se poursuivre maintenant et on devrait pouvoir observer au moins quelques adaptations par mutations aléatoires. Bien que nous ne puissions pas observer le processus de l’évolution sur plusieurs millions d’années, nous devrions au moins être capables d’observer quelques petites miettes de ce processus. Dans quelle mesure aucune de ces miettes n’a-t-elle été observée ?

Les naturalistes sont prêts à répondre avec leurs exemples d’évolution en acte. Ils comprennent de fameux exemples tels que l’évolution du mélanisme chez la phalène du bouleau12 et l’évolution de la résistance aux antibiotiques dans les micro-organismes pathogènes. On peut écarter l’évolution du mélanisme comme non représentatif des exemples d’évolution qui pourraient participer à l’évolution des molécules à l’homme (M à H). En effet, dans cet exemple, il n’y avait pas de nouvelle mutation : les formes nécessaires de variation étaient déjà dans la population.13

L’évolution de la résistance aux antibiotiques est, peut-être, le meilleur exemple d’évolution utilisé par les évolutionnistes pour promouvoir leur programme en faveur de l’origine naturelle de la vie. Superficiellement, leur dossier semble solide. Les antibiotiques ne datent que de 1928 avec la découverte de la pénicilline.14 Ils furent lancés dans le public en 1942 pour guérir les infections15 et au milieu des années 40 les premiers signes de résistance à la pénicilline apparurent chez le staphylocoque.16 Quelques années seulement après l’introduction des antibiotiques, les signes de résistance des pathogènes avaient déjà évolué. Avec tout nouvel antibiotique découvert et mis en application, les signes de résistance des bactéries suivirent rapidement.

Alors, d’un claquement de main, on avance l’argument que si un petit, mais significatif, changement évolutionniste tel que la résistance aux antibiotiques peut évoluer en seulement quelques années, alors il ne fait pas de doute que d’énormes changements peuvent se produire en un million d’années. Cet argument est censé faire avancer le programme naturaliste.

Cependant, si nous examinons le phénomène de la résistance aux antibiotiques, nous trouvons qu’il ne conforte pas l’évolution M à H.17 Les antibiotiques sont des molécules naturelles produites par certains micro-organismes dans le but de tuer d’autres micro-organismes. Un micro-organisme qui fabrique un antibiotique doit être lui-même résistant à l’antibiotique qu’il fabrique. Dans ce but, il peut avoir une batterie de gènes qui codent un mécanisme procurant cette résistance. Les bactéries sont connues pour être capables de transférer du matériel génétique à d’autres bactéries – un procédé appelé transfert horizontal. En de rares occasions, des copies des gènes donnant la résistance peuvent passer d’une bactérie résistante à une autre qui ne l’est pas. Quand ceci se produit, la bactérie receveuse devient résistante. Appelez cela évolution si cela vous chante, mais ce n’est pas un exemple du genre de changement génétique pouvant mener à l’évolution M à H. Les gènes de résistance existaient déjà dans la biosphère. Rien de nouveau n’est apparu. L’évolution M à H ne pourrait pas être obtenue par cette procédure, même si elle était répétée un nombre infini de fois à la suite: aucune information nouvelle ne s’accumulerait. Ainsi, cette méthode de résistance aux antibiotiques qui évolue, n’apporte aucun appui à la thèse de l’évolution de la molécule à l’homme.

Parfois, cependant, la résistance aux antibiotiques peut apparaitre dans une bactérie par mutation aléatoire, apportant quelque chose de nouveau dans la biosphère. Puisque ce genre de changement semble pouvoir satisfaire les exigences de l’évolution M à H, examinons le phénomène en détail. Par exemple, regardons comment une bactérie acquiert de la résistance à la streptomycine. Toutes les cellules, qu’elles soient de bactéries ou de plantes ou d’animaux, contiennent des organites appelées ribosomes, dont la fonction est de fabriquer une protéine selon les instructions reçues de l’ADN. Les protéines sont de grosses molécules consistant en longues chaines de petites molécules appelées acides aminés. Les protéines peuvent servir d’enzymes qui catalysent toutes les réactions chimiques de la cellule, ou elles peuvent servir d’éléments structurels.

Pour qu’une enzyme puisse exercer sa fonction elle doit avoir une séquence spécifique d’acides aminés. La streptomycine agit sur la cellule de la bactérie en s’attachant à un ribosome en un site auquel elle correspond comme la clef dans la serrure. La molécule de streptomycine, après s’être attachée à son site adapté, interfère dans le fonctionnement du ribosome et lui fait fabriquer une protéine erronée. Les erreurs qu’elle provoque empêchent la cellule de croître, de se reproduire et, finalement de vivre. La caractéristique importante de la streptomycine, comme de tous les antibiotiques, est de tuer les bactéries sans nuire au mammifère hôte. La streptomycine fait la discrimination entre les cellules, de la bactérie et celles de l’hôte, par son union au site approprié du ribosome de la bactérie, un site ne se trouvant pas sur les ribosomes de l’hôte.

La résistance à la streptomycine peut apparaitre dans une bactérie si une mutation ponctuelle se produit dans le gène qui code pour le ribosome, détruisant le site d’accueil et empêchant la molécule de streptomycine de s’attacher. Si la streptomycine ne peut plus s’attacher au site d’accueil, la bactérie devient résistante. Remarquez que, bien que ce genre de résistance soit dû à une unique mutation aléatoire ponctuelle, il ne peut pas servir d’exemple pour des mutations conduisant à l’évolution de M à H. Une telle mutation, en détruisant la spécificité, détruit l’information. On ne peut pas espérer qu’une séquence de telles mutations, peu importe sa durée, ajoute de l’information. On ne peut pas ajouter de l’information en la détruisant, quel que soit le nombre d’essais. S’attendre à créer de l’information de cette façon est semblable à l’espoir de ce marchand qui perdait un peu à chaque vente, mais pensait qu’il se rattraperait sur la quantité. Vous pouvez bien appeler l’acquisition de la résistance aux antibiotiques “évolution” si vous le voulez, mais elle ne conforte pas l’évolution de M à H.

De même, tous les exemples de résistance des bactéries aux antibiotiques et de résistance des insectes aux pesticides n’ajoutent pas de l’information et, dans la plupart des cas, ils en perdent.

Ils ne peuvent donc pas être des exemples d’évolution confirmant une évolution de M à H, parce qu’ils n’ajoutent pas d’information et qu’au contraire ils en perdent.

Comme je l’ai dit, l’évolution de M à H, selon la théorie, doit provenir de longues séquences de mutations aléatoires, chacune d’elles ajoutant une petite quantité d’information à la biosphère. Il a dû falloir un énorme nombre de ces mutations pour obtenir l’information qui se trouve dans les formes de vie actuelles. Pourquoi ne voyons-nous pas des exemples de telles mutations aujourd’hui ? La littérature scientifique n’a enregistré aucun exemple de mutation aléatoire ajoutant de l’information au génome.

En écartant et en brouillant les détails, l’évolution de la résistance aux antibiotiques est souvent invoquée pour montrer l’évolution en acte. Pour défendre la thèse naturaliste, on doit brouiller les détails du mécanisme de la résistance et, d’un claquement de doigts, suggérer que si des millions de ces mutations se produisaient chaque année pendant des millions d’années, toutes sortes de merveilleuses évolutions se réaliseraient. Les exemples d’évolution proposés par les évolutionnistes doivent être examinés avec soin pour voir si vraiment ils peuvent ratifier l’évolution de la molécule à l’homme. Ce n’est jamais le cas.

L’évolution de la molécule à l’homme est un mantra utilisé par les évolutionnistes pour promouvoir une philosophie naturaliste. Il lui manque la rigueur d’une théorie scientifique. La théorie de l’évolution est fondée sur de longues séquences de mutations aléatoires filtrées par la sélection naturelle. Personne n’a démontré qu’il est possible, même en principe, qu’une séquence de mutations aléatoires se produise où chacune apporterait un avantage sélectif sur la précédente. En outre, pas une seule mutation aléatoire n’a été observée qui ajoute de l’information au génome. Cet échec de la théorie de l’évolution joint à l’échec d’une théorie de l’origine de la vie, démontre que la proposition de l’origine naturelle de la vie, que ses sectateurs considèrent comme inattaquable, n’est en vérité qu’un mythe soutenu par rien de plus que l’espoir et la crédulité.

(Traduction Claude Eon)

1 Conférence donnée à la Gustav Siewerth Akademie (RFA) dans le cadre du Colloque « La théorie de l’évolution et les sciences : un examen critique », du 7 au 10 septembre 2009 (Actes (en anglais) disponibles : 25 €).

2 Lee M. Spetner, après un doctorat en physique au MIT en 1950, fut chercheur au Laboratoire de Physique appliquée de l’Université Johns-Hopkins, dont une année passée au département de biophysique où il s’intéressa à la transmission de l’information au cours de l’évolution. En 1970, il gagna Israël comme directeur technique, puis directeur de la compagnie Eljim. A publié en 1996 un livre contre l’évolution : Not by chance (Certainement pas par hasard !).

3 Sur ce genre d’arguments, se reporter à l’article donné par le Pr Pierre RABISCHONG : “À propos des soi-disant ratés de construction chez l’homme”, in Le Cep n° 61, octobre 2012.

4 RACHI (Rabbi Chlomo ben Yitzhak): Commentaire sur le Talmud, Traité Bava Bathra 78b.

5 Ch. DWIN: “Lettre à Joseph Hooker” (1871) ; citée par S. Margulis, dans son Introduction à: A. I. OPARIN, The origin of life, Dover-New York, 1953.

6 A.I. OPARIN, The origin of life, op. cit.

7 S.L.MILLER, “A production of amino acids under possible primitive earth conditions”, in Science 117 (1953) 528-529.

8 L. ORGEL, “The origin of life – a review of facts and speculations”, in Trends in biochemistrical sciences 23 (1998) 491- 495.

9 J.A. COYNE, Why Evolution is True, 2009

10 Même si le programme entier pouvait être réalisé avec succès, il ne constituerait évidemment pas la preuve qu’il n’existe pas de Créateur, parce que les étapes supposées du processus ne pourraient pas être observées puisqu’elles sont censées s’être produites dans le passé. Ces étapes ne peuvent être que postulées. Il y a des croyants, chrétiens ou juifs, qui tiennent cette position en postulant que le Créateur a institué le processus de l’évolution et que les mutations qui paraissent aléatoires ne le sont pas du tout, mais sont sous Son contrôle. Néanmoins, si les parties 1 et 2 avaient été réalisées, il y aurait quelque plausibilité à l’absence de rôle d’un Créateur pour l’apparition de la vie.

11 L.M. SPETNER, Not by chance. Shattering the modern theory of evolution. Brooklyn 1997, pp. 85-124.

12 H.B.D. KETTLEWELL, “Selection experiments on industrial melanism in the Lepidoptera”, in Heredity 9 (1955) 323-342.

13 J. A. BISHOP & L. M. COOK, “Moths, melanism and clean air”, in Scientific American 232 (International edition) (1975) 90-99.

14 A. Fleming, “On the antibacterial action of a penicillium, with special reference to their use in the isolation of B. influenzae”, in British Journal of Experimental Pathology 10 (1929)226-236.

15 S.B. LEVY, The antibiotic paradox, New York 1992, p. 4

16 J.A. FISHER, The plague makers, New York 1994, p.15

17 L.M. SPETNER, Not by chance, op. cit., pp.138-143.

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