Accueil » Les Blasphèmes de Vienne-Hetzendorf

Par Baum Hans

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Au Colloque de novembre 2016, à Orsay, David Penot nous avait donné une conférence sur les trois tapisseries blasphématoires qu’expose l’église du Très-Saint-Rosaire à Hetzendorf (AU, Vienne)1. Il s’agit d’une « œuvre » réalisée de 1958 à 1960 par Ernst Fuchs (peintre manifestement « haut-initié »), et qui est donnée par la documentation touristique de la paroisse comme représentant les mystères du rosaire. Figuratives, chargées de symboles maçonniques, les trois tapisseries représentent en réalité la victoire de Satan sur le Crucifié. Dès ses 18 ans, les dessins d’Ernst Fuchs (juif viennois présenté comme converti au christianisme mais en réalité un mage de l’église « catholique-gnostique ») manifestent « une science et une initiation gnostique qu’un jeune de cet âge est incapable d’acquérir par des moyens conventionnels » (p. 45).

Seul le style surréaliste de ces tableaux réalisés sur peaux de chèvre permet à la paroisse de les présenter comme chrétiens, malgré l’invraisemblance de cette lecture plus que partielle vu l’omniprésence des symboles gnostiques ou maçonniques. Il revint au philosophe allemand Hans Baum (1905-1980), profond connaisseur des infiltrations maçonniques dans l’Église d’Allemagne – et dont David Penot cherche à faire connaître la pensée2 et les œuvres3 –, de dénoncer en 1976 ce triptyque blasphématoire dans un fascicule si convaincant que, peu après, un jeune exalté (ou convaincu) entra dans l’église pour lacérer « l’œuvre » suspendue derrière l’autel, œuvre qui avait reçu en 1970 un prix à la Xe Biennale d’Art contemporain de São Paulo. On jugera de l’importance attachée par le diocèse de Vienne à ces tapisseries, par le fait qu’elles furent restaurées à grands frais (62 000 €) par un couple d’artistes américains – l’opération dura vingt ans ! – puis réinstallées en 1999.

Traduit en français par David Penot, annoté et muni d’une introduction historique, l’opuscule écrit par Hans Baum est désormais disponible en une petite plaquette (76 p.) décrivant et décryptant, bien sûr, « l’œuvre », mais donnant aussi une biographie des trois personnages impliqués dans le blasphème ainsi que des considérations plus générales sur ce qu’impliquent de tels faits quant à la gouvernance de l’Église (et pas seulement outre-Rhin).

À commander chez le traducteur : 2 rue Fabre d’Églantine, Bât. 8B, 78 460 Chevreuse, 10€ franco


1 Le sacrilège dévastateur (Mt 24, 15) est-t-il à Vienne ? Ce que recèle une œuvre d’art moderne.

2 Se reporter à la conférence donnée en 2013 au Colloque de Nevers : L’Apocalypse, clé de l’Histoire.

3 Lire sur ce point son article « “Lumières ” sur la théologie allemande », in Le Cep n° 76, septembre 2016, p. 43.

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