Partager la publication "Pour une vision chrétienne de la musique"
Par Neiss Benoît
Résumé : La place de la « musique », omniprésente dans le monde contemporain, appelle une réflexion en profondeur sur cette « nourriture sonore » rarement choisie qui cherche à s’imposer à nous comme si le silence, le calme intérieur, n’étaient pas le vrai trésor à rechercher. Que vaut en effet le répertoire musical qui arrive à nos oreilles, alors qu’il nous faudrait plutôt les stages de « méditation musicale » promus par Georges Balan. Surtout, il convient de distinguer ce qui procède d’une révolte contre l’harmonie naturelle, révolte qui semble bien être une entreprise délibérée pour écarter le magnifique répertoire produit jadis – et parfois même aujourd’hui – par la civilisation chrétienne. À cet « eritis sicut damnati » lancinant qui vient blesser nos oreilles, il convient d’opposer la Beauté impérissable dont le poète nous affirme qu’elle sauvera le monde.
Surprenante formule, penserez-vous en lisant pareil titre, rapprochement inhabituel, mais dans le programme de reconquête du monde présent en direction de la vérité chrétienne, tel que lancé dans le dernier éditorial de la revue, il nous paraît nécessaire d’aborder tous les domaines concernés par le problème, surtout les plus oubliés dans la réflexion contemporaine. C’est à l’évidence le cas de la musique, et plus généralement de toute la réalité sonore dans laquelle nous vivons actuellement. S’il est question de nous pencher sur l’état présent de l’art musical proprement dit, notre réflexion doit également se porter sur tout l’environnement qui entoure et conditionne sa naissance, et surtout dépasser le niveau des simples considérations sociologiques, extérieures et à la mode, afin d’approfondir notre analyse au niveau qui convient à cette importante question. On voudra bien excuser la véhémence de certains passages, car cet article est la suite d’un demi-siècle de pratique de la musique et de bien des colères subies au long de ces années…
Sommaire tableau de l’univers sonore actuel
« Misère de l’homme sans silence », eût sans doute jugé Pascal en qualifiant notre époque sous ce rapport. Il n’existe plus de vraies campagnes, c’est-à-dire des espaces où l’on n’entend que des bruits naturels, vent dans les arbres, clapotis de ruisseaux, chants d’oiseaux, ou alors coups de marteaux d’ouvriers, roulements de charrettes, sonnerie de cloches au loin… Il est vrai qu’on ne sait plus se représenter ce qu’était le climat sonore d’un village d’autrefois, d’un champ sous le ciel bleu, d’un chemin où ne s’entend que le claquement sec des souliers sur les cailloux. Que dire alors des concentrations citadines, de nos rues et places, des quartiers périphériques de nos villes, des cours d’eaux, des côtes et des plages, des espaces aériens près des cités et ailleurs ? Partout c’est l’impérialisme absolu du fracas, des machines, des moteurs et haut-parleurs, des camions, des trains et des pétarades insolentes des motos. Jamais encore dans l’Histoire on n’avait assisté à pareille situation, c’est que l’invention des moteurs, de l’automobile, de l’aviation, la multiplication à l’infini des réseaux routiers et les déplacements incessants de toutes les populations du globe par les voyages et le tourisme universel ont précipité toute l’humanité dans une autre ère historique.
À cet égard déjà il est clair que la condition humaine ne bénéficie plus d’une situation saine, normale, donc conforme aux volontés du Créateur pour le bien de Ses créatures ; il n’est nullement possible de porter un regard chrétien sur un pareil état de civilisation, d’imaginer un véritable salut pour une humanité immergée dans un tel océan de mal sonore.
La prétendue « musique » à la mode aujourd’hui
Ainsi qu’au simple étage de l’existence quotidienne en général parcouru à l’instant, l’état de ce qui se définit comme la réalité musicale de notre temps nous apparaît tout bonnement comme aussi consternant que ce que nous venons d’évoquer ci-dessus. N’hésitons pas à imaginer d’écrire le chapitre d’un livre qui pourrait s’intituler Discours sur l’universalité de la cacophonie moderne en parodiant le titre d’un ouvrage célèbre du XVIIIe siècle.
Comment pourrait-il en être autrement quand nulle boutique commerciale, nul lieu fréquenté, nulle fête publique ne manque de haut-parleur inondant l’espace de constante nourriture sonore, quand aucun jeune ne se promène dans la rue ou ne se tient à sa table sans appareil vissé sur l’oreille et écoutant en permanence des rythmes et des mélodies à la mode ? Quelle circonstance familiale ou politique, laïque ou religieuse n’est plus un prétexte à diffuser des tonnes de productions sonores qui agressent sans relâche l’oreille, les sens et étourdissent l’âme ?
Mais le plus grave est la nature de tous ces messages mélodiques : y entendons-nous encore des binious bretons, des cornemuses d’Auvergne, des cors des Alpes, des accordéons de village, des orphéons de quartier, des chœurs d’écoliers, des retransmissions philharmoniques ? Que nenni ! Invariablement du breuvage bruyant, des beuglements hurlés ou des fracas lancés par des cuivres (jamais des sons d’instruments à cordes, du piano, de l’orgue, en somme des sons classiques ! ). Et puis, constatation qui devrait nous alarmer : hormis les abonnés aux concerts symphoniques ou quelques habitués de la chaîne télé « Mezzo », les gens n’entendent plus aucune musique de leur tradition nationale, du passé de leur terroir à eux. Surtout les jeunes, qui ne sont jamais plus reliés au monde sonore de leur tradition, auxquels on a arraché la sève nourricière de leurs racines à eux ; que sont-ils sinon des orphelins culturels, totalement coupés de leur patrimoine propre, du legs précieux de leurs ancêtres ? Dans cet héritage dont on les prive méthodiquement figure évidemment la culture chrétienne, le trésor irremplaçable des cantiques et des chants populaires issus du répertoire religieux, lequel a inspiré plus que de très nombreuses mélodies profanes, il a encore modelé en profondeur la sensibilité générale, la conception du temps vécu, des saisons et en général de la vie en société telle qu’elle s’est déroulée durant des générations et des siècles jusqu’à eux.
Quelle est au fait l’origine de cette immanquable nourriture sonore dont on abreuve nos jeunes partout et toujours ? Eh bien ! c’est en grande partie sinon exclusivement du matériau d’origine américaine, qui se répand et s’impose dans le monde entier, piétinant et réduisant au silence toute la variété des folklores et des richesses locales qui ont depuis toujours germé dans tous les continents.
Ce rouleau compresseur ne cessant d’écraser les particularismes à la surface du globe tout entier n’est du reste qu’une des formes que prend la volonté impérialiste que déploie cette grande puissance pour dominer le monde. Pareille entreprise d’uniformisation culturelle est en soi déjà un appauvrissement inacceptable, une atteinte aux droits élémentaires des sociétés humaines, une malversation qu’on ne peut que condamner, non seulement au simple plan humain, mais également du point de vue religieux et surtout chrétien, car la Vérité ne peut s’édifier que sur un socle humain déjà sain et conforme aux règles édictées par le Créateur. Celles-ci sont très clairement indiquées – et même répétées plusieurs fois – dans le récit de la Genèse pour ne laisser aucun doute là-dessus: Dieu créa les êtres, les végétaux et les animaux, « chacun selon son espèce ».
Il est donc nettement affirmé dans l’Écriture Sainte que mélange et confusion ne sont aucunement conformes à la volonté divine, et que l’ipséité de chaque être créé est une réalité sacrée. Or que ne cesse de faire dans tous les domaines le Monde moderne : niveler toutes les différences naturelles, mélanger sans cesse absolument tout, donc s’opposer frontalement à l’ordre voulu au commencement en toutes choses ? Concluons de cet état de fait qu’une musique (disons plutôt « une pseudo-musique ») réduite partout en une même pâte uniforme ne saurait être une réalité respectant la loi divine ni une possible base de départ d’une civilisation chrétienne !
Les véritables enjeux en question
Ici il nous faut approfondir notre réflexion concernant l’empreinte laissée en réalité sur les mentalités d’une génération et en général sur le psychisme d’une population humaine donnée, question qui à notre connaissance n’a jamais été analysée ni publiquement résolue. Notre devoir à chacun de nous est d’abord de prendre conscience de la gravité de la situation présente, de ne jamais passer avec insouciance à côté des victimes ou des responsables de ces importants dégâts, mais aussi de consacrer toutes nos forces à combattre par tous les moyens le mal insidieux – et jamais mis en cause nommément – qui actuellement ronge la jeunesse et toute la société contemporaine.
Nous devons avoir présent à l’esprit le fait que l’ensauvagement des jeunes, la multiplication quotidienne des violences et méchancetés de toute sorte dans les écoles et la rue, comme celle des bandes d’adultes dans nos quartiers, sont dus en grande partie à l’action sur les âmes de ce breuvage sonore absorbé à longueur de temps par les oreilles des gens et surtout des plus jeunes, qui depuis l’enfance n’ont pas entendu autre chose. Comprenons-nous que par-là se forment pour les âges futurs des générations d’êtres sauvages, de délinquants impénitents parce que leur âme aura été déformée à jamais par le poison ingéré durant des années sans protection valable ? Perspective insoutenable pour toute personne « bonæ voluntatis », on en conviendra.
La Science contemporaine multiplie à l’infini les recherches et les livres sur tous les maux et phénomènes affectant l’organisme humain, les espèces animales, les plantes, le climat du monde, mais où trouvez-vous des études sur l’influence néfaste exercée sur le psychisme humain par des poisons sonores ingurgités à longueur de temps par toutes les couches de la population ? Où se constituent des groupes de résistance s’opposant à l’empoisonnement général opéré par la pollution sonore que nous accusons ici, alors que fleurissent de tous côtés des mouvements de révolte contre des maux bien moins graves que celui-ci ? Etrange inaction, due sans doute au fait que l’opinion n’est pas informée du péril que représente le mal que nous dénonçons ici, mais surtout à un motif bien plus pernicieux et naturellement passé sous silence avec le plus grand soin par les autorités qui sont en l’occurrence secrètement à la manœuvre.
Redisons-le, au risque de passer pour un esprit marqué par le « complotisme », selon un refrain souvent entendu ces derniers temps, l’idéologie moderne se fixe comme un de ses principaux buts l’éradication de tout reste de traditions antérieures, donc en premier lieu du christianisme, gardien par excellence des racines morales d’autrefois, parmi lesquelles figure naturellement la musique classique, cette évidente forteresse de santé personnelle et collective héritée des époques antérieures à la modernité. Notre devoir à nous, impérieux et urgent devant pareille menace, est de combattre sans relâche dans cette guerre et cela dans les premiers rangs de ce front.
À cet effet, il est nécessaire de bien comprendre la nature des forces en présence et les principaux ressorts qui sont à l’œuvre dans ce combat. Faisons donc « un pas de plus dans ces choses profondes », comme disait le poète.
Bref aperçu critique du répertoire musical
La présente analyse se doit naturellement de mentionner en premier lieu, comme objet des attaques des forces anti-chrétiennes, la musique officiellement religieuse, c’est-à-dire celle qui se donne comme destination de louer Dieu, de confesser ouvertement la Foi. Le tableau complet à en brosser serait infini, depuis les compositions du Moyen Âge, premières messes et motets, psaumes et cantiques polyphoniques, œuvres de l’âge baroque et classique, vastes compositions de l’ère romantique et post-romantique, Messes, Vêpres, Requiem, Passions, Te Deum, etc., dont l’inépuisable richesse n’en finit pas de nous émerveiller, surtout quand il nous arrive d’en découvrir, en concert ou retransmission, que nous ne connaissions pas : ainsi pour notre part ces jours-ci une messe de Haydn d’une somptueuse majesté, la Missa Cellensis, ou le Requiem de Bruno Maderna, d’une profondeur inattendue chez un auteur contemporain. Le répertoire élaboré durant des siècles dans le monde occidental par la culture chrétienne est d’ailleurs – faut-il le rappeler – le fondement et la base de tout ce qui aura constitué la production musicale officielle du monde entier, l’art même de noter les sons et la conception même de ce qu’est en soi l’art musical. Quand les démolisseurs de notre temps cherchent à couper tout lien avec le passé de notre histoire musicale, ils se rendent coupables d’une faute grave, d’un péché d’oubli difficilement pardonnable.
Mais l’erreur de jugement et de comportement que nous mettons ici en cause ne s’applique pas seulement aux cas d’offenses commises à l’endroit de la musique d’inspiration nommément religieuse, laquelle répugne évidemment à tout être foncièrement hostile à la religion ; nous tenons à l’appliquer également à toute forme de vraie musique, à tout ce qui pratique l’art des sons émis dans le souci de la beauté et le respect des valeurs fondamentales de l’esthétique. Il s’agit donc de rien de moins que d’élargir notre réflexion au domaine entier de la réalité musicale, en établissant qu’il est possible et même nécessaire de concevoir une vision chrétienne de cette réalité.
Vers un regard de nature théologique porté sur la musique
N’hésitons pas, pour commencer, à affirmer que la musique se situe en tête de la série des arts, qu’elle est première dans l’ordre des différentes expressions humaines ; car quel est le premier acte d’un nouveau-né à sa naissance ? Crier, ce qui est manifester son existence en produisant un son, en chantant à sa façon pour manifester son existence avant même d’esquisser le premier geste. Quelle fut la première action du ciel à la naissance de Jésus sur terre ? Les anges chantèrent au-dessus de Bethléhem ; d’ailleurs l’Histoire Sainte ne nous apprend nulle part qu’au Paradis on peint, sculpte, danse ou édifie des monuments à la gloire du Très-Haut, mais seulement que le chœur des anges entonne de perpétuelles louanges à Son endroit.
Le chant est la forme mélodique de la parole, laquelle est présente tout au début de la Création quand « Dieu dit », fonction solennellement confirmée par la formule : « In principio erat Verbum », qui établit définitivement la parole (dite ou chantée, car qu’est-ce qui nous interdit de penser que le Créateur a chanté Son Verbe fondateur ?) comme réalité initiale, donc dotée d’une éminente dignité antérieure et supérieure à celle des autres arts. Cela implique de notre part une vénération spéciale envers ce qui se présente comme un don divin particulier, donc une réalité dont on ne peut user à la légère, qu’on ne peut plier à son gré pour les plus bas amusements. Ce devoir s’applique à toute la vraie musique, pas seulement à celle qui traite officiellement un sujet religieux, comme déjà dit, et entraîne de notre part un autre comportement que celui qui a cours partout actuellement; nous devons véritablement changer et renouveler notre relation à la musique.
Il s’agit premièrement de refuser toute complicité, toute compromission avec ce que nous qualifions d’anti-musique, en cessant d’en écouter désormais, que nous soyons seuls ou en compagnie d’autrui, en expliquant publiquement la raison de notre refus et en mettant surtout en garde les parents contre les dangers qui guettent leurs enfants dans ce domaine. Soyons donc des combattants résolus de cette haute cause, en quelque sorte des « martyrs » de la vérité musicale.
Devenons ensuite des auditeurs assidus de musique, non de celle qui braille de tous côtés ou qui sert simplement de fond sonore pour passer le temps, mais de la sérieuse et profonde à laquelle on accorde toute son attention, qui représente de la nourriture saine pour l’âme, pour notre faim intérieure rarement comblée autant qu’elle devrait l’être. Ce n’est rien de moins qu’un acte de contemplation auditive qui est conseillé là, un acte de fréquente « retraite spirituelle » comme on en fait dans le domaine de la bonne dévotion chrétienne. Nous songeons ici à la pratique de la « méditation musicale » qu’avait mise au point il y a quelques années le musicologue roumain Georges Balan et pratiquée en Allemagne et en France avec grand succès ; ceux qui ont eu la chance de suivre de telles sessions n’ont pas oublié l’intense bienfait procuré par des stages passés à se pénétrer de la profondeur des symphonies d’un Beethoven ou d’un Bruckner, de la musique de chambre de Schubert, Haydn ou Mozart, à se sentir l’âme élargie par le bonheur mélodique versé par les Sibélius, Dvorak et autres Saint-Saëns.
La beauté souveraine des grandes compositions du répertoire classique nous élève et transporte à des hauteurs qu’il faut appeler mystiques, tant elle nous inonde d’une joie qui n’est plus seulement d’ordre sensible, esthétique et donc terrestre, mais nous fait toucher directement au niveau des réalités spirituelles les plus élevées. Pour arriver à composer des moments d’une si grande élévation, ces musiciens ont manifestement non pas fabriqué avec leurs propres forces ces chefs-d’œuvre, mais ont été inspirés d’En Haut, ont simplement su transcrire dans leurs partitions la richesse du don reçu des forces célestes. C’est bien pourquoi nous pouvons réellement nous trouver en état de prière en nous laissant submerger par la vague de beauté qui jaillit de leur œuvre.
Destruction des traditions et révolte contre l’œuvre divine
Pourquoi pareille attitude de dévotion admirative n’est-elle plus possible devant la plupart des compositions musicales d’à présent ? C’est que l’esprit qui anime l’univers de la « grande » musique a totalement changé depuis un siècle et que la ligne qui s’est imposée de force consiste à s’émanciper de toute la tradition, donc surtout de toute dépendance par rapport à tout ce qui dépasse la dimension simplement humaine.
Les maîtres de la nouvelle religion esthétique, les Arnold Schoenberg, Alban Berg, Samuel Barber et autres Dutilleux ou Xenakis ont fait du dodécaphonisme, de la polytonalité, musique concrète et électronique les nouveaux dogmes auxquels il était désormais interdit de désobéir. En dépit de quoi certains d’entre eux, un Stravinski par exemple, nous ont surpris en fournissant par moments, entre leurs œuvres bruyantes et vides, de splendides beautés, harmonieuses à souhait, dignes de ses plus brillants prédécesseurs russes ; c’est que comme dans le domaine de la foi on a vu bien des grands pécheurs se convertir et devenir des saints exemplaires… Voilà pour les inspirateurs et grands maîtres de cette révolution artistique ; au niveau des couches populaires le bouleversement musical a été aussi radical et irrésistible, consistant à déverser sur la masse des auditeurs à l’échelle du monde une abondante nourriture sonore, incessante et facile à consommer, de surcroît fort lucrative pour les nombreux fournisseurs intéressés en la matière. Mais le plus grave à noter est que, loin de n’être qu’une juteuse opération commerciale comme il en fleurit d’innombrables en notre temps, cette entreprise apparemment culturelle et limitée au domaine des loisirs, est une opération en sous-main mûrement réfléchie, menée par une organisation secrète et toute-puissante qui s’efforce de façonner l’homme moderne pour en faire un être libéré de toute tradition religieuse, et du devoir de chanter par la pratique de l’art le plus simple la beauté de la Création, la gloire de Dieu. Autant nous ressentions dans les plus augustes musiques de notre patrimoine la présence évidente de qualités authentiquement célestes, autant ce qui inspire le rock, la pop-music et toutes les gueulantes à la mode ne peut être que la voix démoniaque du Très-Bas acharné à détruire toute beauté qui élève l’homme et le rapproche du Très-Haut.
Bien des points resteraient à développer, des causes à préciser, des exemples d’œuvres et de compositeurs à analyser de plus près, mais l’important nous paraissait d’alerter sur la sournoise nocivité, dont se rend coupable la société actuelle dans le domaine sonore, et sur les incalculables conséquences infligées par-là aux générations futures.
Méfions-nous, comme dans le cas de presque tous les progrès techniques exaltés devant l’opinion, des fausses promesses de la Modernité qui sonnent comme l’« eritis sicut dei » des origines de l’Histoire, mais se révèlent n’être en réalité qu’un terrifiant « eritis sicut damnati », (non pas un « vous serez comme des dieux », mais un « vous ne serez que des damnés »). Prenons donc chacun, dans son aire personnelle, des résolutions salutaires afin de nous préserver de la pandémie qui ravage le monde, non pas celle dont les médias parlent exclusivement, mais l’autre qui passe inaperçue de presque tout le monde, et faisons savoir autour de nous, chaque fois que nous le pourrons, que le véritable virus qui afflige notre temps n’est autre que le Covid sonore, contre lequel il n’existe pas encore, à notre connaissance, de vaccinefficace.