Science et «communication»

Par Dominique Tassot

, , , , ,

On raille volontiers les généraux et les rois qui, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, n’osèrent rien entreprendre sans consulter d’abord leur astrologue. Quelle naïveté !.. Quelle crédulité !.. Quelle superstition !..

Mais que dira-t-on dans un siècle de nos ministres et de nos PDG qui ne sauraient agir sans l’aval de leur conseil en communication ? Dans l’ère industrielle, on était passé d’une société de production à une société de consommation. Nous voici maintenant rendus à la société de communication. Le contenu n’importe guère — il peut même rester virtuel — l’important est de communiquer : faire savoir, faire valoir, investir les esprits. Sans vouloir minimiser ni dénigrer l’importance de la forme pour un message (et les évangiles constituent un modèle de formulation pédagogique, les travaux du P. Marcel Jousse l’ont bien montré), la disproportion actuelle — l’informatique aidant — entre la perfection de l’apparence et la pauvreté — souvent — de la substance, signale à coup sûr une maladie sociale. Ce qu’on nomme si avantageusement «communication» est-il bien différent du « bruit» de jadis ?

Mais au fond, est-ce si important de «faire du bruit» ?

Selon le mot de saint François de Sales: «Le bruit ne fait pas de bien; le bien ne fait pas de bruit. » Cet adage reste vrai dans les sciences; plus encore peut-être, l’exemple de Pasteur le rappelle éloquemment. Dans son article sur la vaccination contre la rage, le Dr Decourt nous montre comment Pasteur, spéculant sur l’ignorance de ses confrères, fit croire à l’Académie que son vaccin immunisait contre la maladie alors qu’il semble bien l’avoir provoquée, notamment dans le cas de l’enfant Rouyer, en 1886, qui donna lieu à une enquête judiciaire. Suite aux campagnes de presse, affluèrent chez lui tous les mordus de France et même de l’étranger, sans savoir si le chien était bien enragé. Or, même en cas de morsure rabique avérée, la rage ne se transmet à l’homme que dans un cas sur cinq.

Les deux «guérisons» si célèbres attribuées à Pasteur n’ont donc aucune valeur scientifique; mais leur retentissement médiatique eut des effets qui durent encore : une croyance aveugle, souvent partagée par les médecins, en l’utilité et en l’innocuité des vaccinations. II est heureux que le Tribunal administratif de Marseille, en novembre dernier, soit venu enfin condamner l’Etat français à indemniser une employée de maison de retraite vaccinée contre l’hépatite B dans le cadre de sa fonction. Deux experts avaient attesté le lien entre le vaccin et une sclérose en plaques.1

Mais face à cette décision de Justice, combien de drames issus de la vaccination restent enfouis dans le secret des familles ! Quelle disproportion entre la gloire indue de Pasteur et le silence médiatique sur les échecs de la vaccination: échecs statistiques si l’on compare populations vaccinées et non vaccinées; échecs individuels comme en témoignent les deux cent procédures judiciaires, civiles et pénales, lancées suite à la campagne officielle d’incitation à la vaccination contre l’hépatite B en 1994.2
Pasteur est le modèle du savant qui réussit par la politique et sa lettre à l’Empereur du Brésil, reproduite par Jean-Pierre Berlan dans son article sur les O.G.M., est caractéristique. Il propose que les condamnés à mort servent de cobayes pour ses inoculations (car il a conscience de leur toxicité) ; mais il accepte sans sourciller que des milliers d’innocents en reçoivent sans nul « bénéfice direct» puisqu’ils sont en bonne santé.3. Selon le mot de Jean-Pierre Berlan, avec la science contemporaine, «c‘est le monde lui-même qui devient laboratoire». Ainsi « nous sommes tous des cobayes », pour reprendre la formule du Dr Chavanon4, et les généticiens introduisent des plantes OGM sans études préalables sur les effets d’une pollinisation croisée, alors que les vents entraînent les pollens sur des dizaines de kilomètres!
Quel contraste, quelle incohérence entre cette légèreté de comportement et les hécatombes de bétail Soupçonné d’encéphalite spongiforme (ESB) alors que les liens entre le prion bovin et les maladies humaines sont encore mal établis5 !  Le «principe de précaution», manifestement s’applique selon deux poids et deux mesures.

Ici encore l’enflure médiatique et la saine démarche scientifique font bien mauvais ménage. Un autre paradoxe concerne la science et la politique. D’une part les hommes politiques ont démissionné devant l’autorité des «experts » (qu’ils ont pourtant nommés): qui oserait désormais s’opposer à la science ? D’autre part le savant n’est pas neutre: lui aussi défend un intérêt individuel et collectif Et Jean-Pierre Berlan a cette phrase qu’il faut méditer: « La neutralité et l’objectivité proclamées de la science sont le moyen de la soustraire à nos regards. La longue domestication marchande de la Science et des scientifiques a produit ce renversement historique par lequel le scientifique se sent libre lorsqu’il travaille pour Monsanto tandis qu‘il ressent le regard citoyen comme une insupportable atteinte populiste et irrationnelle ».

Face à cette science orgueilleuse et servile à la fois, l’article de Jean Boucher sur la table des nuclides de Karlsruhe apporte une bouffée d’air frais. Loin de prétendre comprendre avant que de connaître vraiment, l’auteur – avouant son ignorance – s’émerveille devant les harmonies numériques dans le noyau des éléments «biotiques» (ces éléments de masse croissante entre l’hydrogène et le calcium qui sont à l’œuvre dans la constitution des êtres vivants et leur processus physiologiques), Dieu a tout créé, dit le livre de la Sagesse, avec «nombre, poids et mesure». En insistant ici sur les nombres et les poids, leurs symétries et leurs équilibres, Jean Boucher nous laisse deviner qu’une intelligence combinatrice est à l’œuvre derrière les atomes et leurs transmutations.

Face à cette intelligence supérieure, la démarche aboutissant aux OGM relève d’une erreur prétentieuse. Certes l’homme peut faire autre chose que ce qu’il trouve dans la nature. Mais il ne peut faire mieux, d’autant plus qu’il ignore l’ensemble des missions que Dieu a confiées aux êtres vivants et à leurs organes.
Les gènes identifiés représentent environ 10% du génome. Donc 90 % restent sans fonction apparente. Ces segments de l’ADN ont été désignés comme «l’ADN poubelle» !.. On mesure ainsi la suffisance d’esprit avec laquelle opèrent les généticiens. Or la connaissance, disait Platon, commence par l’émerveillement. Ici c’est l’inverse.

Le code génétique combine des moyens en apparence très simples : 64 lettres ou codons étonnante d’espèces.

Au lieu d’admirer une bâtisse dont les lois d’harmonie6 nous échappent encore même si les matériaux nous en sont connus, l’homme croit pouvoir y jouer au mécano. Le «génie» génétique ressemble aux gesticulations d’un enfant qui aurait compris comment faire tourner le moteur d’une voiture, mais n’aurait pas encore aperçu le volant. L’accident n’est pas simplement probable; il est certain. L’humanité rejoue aujourd’hui à grande échelle le conte de l’apprenti sorcier, avec cette différence que les pouvoirs industriels et politiques s’y sont lancés malgré la réticence des foules. Le bon sens semble diminuer à mesure qu’on s’élève dans la hiérarchie sociale, remplacé par une idéologie démiurgique estompant le reste d’humilité qui demeurait dans la conscience de l’apprenti. On lira donc avec intérêt les pages où Jean-Pierre Berlan expose comment la « demande sociale» pour les OGM est suscitée artificiellement par les chercheurs. Là encore, les manœuvres médiatiques et la science véritable font bien mauvais ménage et la découverte de Lucy par Donald Johanson en 1974, n’échappe pas à la règle.

Le docteur Hautvilliers s’est appuyé sur le récit de Maurice Taieb, le géologue qui accompagnait l’expédition dans 1’Afar, en Ethiopie. En effet, vitale allait être la datation du squelette fossile : plus jeune que l’Homo sapiens, il perdait tout intérêt.
Plus vieux, devenu «ancêtre», il apporterait à son découvreur la gloire et la richesse. Or les fossiles ne contiennent ni potassium ni argon7, Il fallait dater la lave la plus «proche»… à 5 kilomètres de là !

Vu la distance, la couche fossilifère pouvait aussi bien être considérée comme au-dessus ou au-dessous de la couche de lave.., On était donc dans une situation où l’arbitrage du géologue devenait crucial: «J ‘avais une angoisse profonde, écrit-il, devais- je me prononcer à la légère sur la date pour satisfaire la soif de gloire des américains ? »

Cet épisode laisse deviner le peu de rigueur scientifique de telles «découvertes» et la difficulté pour les savants, qui aujourd’hui sont tous des salariés, de résister aux sirènes de la célébrité
Là encore, il faudrait le contrepoids de la conscience morale, le respect de la vérité conçue comme un absolu, la reconnaissance par l’homme d’un destin surnaturel; mais la théorie de l’évolution est venue balayer tous ces freins et surtout le sens de sa mission sur terre. Le vieil adage demeure vrai : «Science sans conscience n‘est que ruine de l’âme.»

En revanche on admirera un étonnant parallélisme: les étapes suivies par l’embryon, puis le fœtus, s’accordent rigoureusement avec la célébration des fêtes commandées par Dieu à Moïse.

Cet article du Dr Church montre une autre démarche de la science et livre un autre message, une tout autre glorification de l’homme: cette fois en tant que créature divine voulue dès le commencement pour célébrer la louange de son Auteur. La coïncidence des périodes est si étroite, la signification des fêtes concorde si bien, qu’une seule conclusion s’impose: Celui qui n programmé le génome humain est aussi Celui qui a dicté le Pentateuque à Moïse, et donc les Dix Commandements (dont «l’éthique» contemporaine croit pouvoir s’affranchir avec l’aval de la science).

Tel est le grand message sur lequel il serait urgent de faire travailler nos «communicateurs», pour de bon, et cette fois pour le bien.


1 Se reporter à l’article du Cep n° 20 sur la vaccination ROR et l’autisme.

2 Le rapport d’expertise judiciaire commandée par le juge Marie-Odile Bertella-Geffroy au Dr Marc Girard (450 pages) a été rendu public le 14 novembre 2002.

3 Il est significatif que l’Allemagne et les Etats-Unis aient renoncé à la vaccination BCG en faveur d’une politique de soins aux quelques tuberculeux déclarés (cf. Le Cep n° 17 p.12).

4 Cf. conférence de Michel Chavanon : « Un génocide à visage humain : les vaccinations collectives et obligatoires » (audio-cassette C0207).

5 Cf. Le Cep n° 18 (mai 2001)

6 C’est ici le lieu de mentionner les travaux fondamentaux de Jean-Claude Pérez sur l’existence d’un supra-code génétique gouverné par les nombres de Fibonnacci (ou de Luca). Il en résulte que tout déplacement d’une base atteint l’harmonie du gène : ici aussi « pas un iota » ne peut être ôté sans affaiblir le message. Cf. « L’ADN décrypté » (Marco Pietteur, Embourg, 1997) et « Planète transgénique » (L’espace bleu, Paris, 1997).

7 Sur les limites et incohérences de la datation K/Ar, se reporter aux trois articles parus dans Le Cep N° 20.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Retour en haut