Partager la publication "L’analyse génétique de l’Homme de Néandertal ou la cure de jouvence"
Par le Dr Pierre Florent Hautvilliers
Les dessous de la préhistoire
Dr Pierre Florent Hautvilliers1
Résumé : En juillet 1997, une analyse génétique a pu être faite sur un fragment d’os prélevé sur l’Homme de Néandertal. Elle a montré qu’il ne peut être l’ancêtre de l’homme moderne. Ce résultat réactualise l’évolution de la lignée humaine sous un angle nouveau et soulève bien plus de questions qu’il n’apporte de réponses.
L’idée d’une analyse génétique flottait dans l’air depuis longtemps : comparer le patrimoine génétique de nos ancêtres préhistoriques avec le nôtre devait être assurément une source d’informations intéressantes.
Une équipe allemande dirigée par Svante Pääbo et Matthias Kring a réussi à extraire de l’ADN de l’Homme de Neandertal, à le séquencer et à comparer les paires de base ayant résisté au temps avec quelques 1500 échantillons contemporains d’ADN provenant d’individus du monde entier.2
D’une comparaison entre les 360 paires de bases3 identifiées sur l’Homme de Néandertal et les autres échantillons modernes, il ressort que les hommes actuels différent entre eux sur 8 paires tandis qu’avec le Néandertalien la différence monte à 25,6 paires.
Les résultats ont été contrôlés par un laboratoire américain indépendant. L’équipe allemande qui a effectué cette recherche s’est donc permise de conclure « que l’ADN de Néandertal est vraiment très différent du nôtre. On ne peut même plus s’imaginer descendre de lui. »
Cette remarque a d’autant plus de poids que l’échantillon analysé n’est pas n’importe lequel: il s’agit d’un fragment d’os prélevé dans le bras droit du plus emblématique des néandertaliens, celui-ci de Néandertal, qui a donné son nom aux autres fossiles de ce type et qui se trouve au musée de Berlin. Le Musée n’était pas très enthousiaste à l’idée de devoir sacrifier un petit morceau de cette précieuse relique préhistorique mais il finit par donner son autorisation, après cinq ans d’attente.
D’abord déconcerté, puisque depuis 140 ans l’Homme de Néandertal était présenté comme notre ancêtre archaïque, mais non surpris (car la parenté directe entre ces deux groupes humains n’avait jamais pu être prouvée et la tendance consistait à penser qu’il y avait deux espèces humaines différentes) le monde des préhistoriens évolutionnistes s’est mis à jubiler: il détenait enfin, à défaut d’un ancêtre, une branche collatérale propre à justifier l’évolution humaine et de là l’évolution générale des espèces dont on cherche toujours les preuves. Dès l’annonce du résultat, et sans aucun fait scientifique nouveau, il fut déclaré que les néandertaliens s’étaient séparés il y a 600.000 ans4 du rameau qui donna naissance au Cro-Magnon, ancêtre de l’Homme moderne. L’affaire n’était pas plus compliquée que cela. Il suffisait de corriger les livres de préhistoire en ce sens.
Il nous a paru intéressant de pousser plus loin l’examen de cet événement.
1- L’analyse génétique
L’ADN ou acide désoxyribonucléique, présent dans les noyaux de toutes les cellules, est le matériel génétique fragile utilisé pour l’analyse, sachant que sa dégradation est soumise au facteur temps et aux conditions de conservation.
En présence d’une faible quantité de matériel à étudier, on utilise aujourd’hui la technique de la PCR (ou Polymerase Chain Reaction), qui permet d’amplifier un fragment précis d’ADN, et ce jusqu’à plusieurs milliards de fois, en sorte d’obtenir un échantillon en quantité suffisante pour l’analyse directe. Cette technique se base sur la propriété qu’on les brins d’ADN de s’apparier l’un à l’autre lorsqu’ils comportent des séquences complémentaires. Ainsi, pour amplifier un fragment de gène d’ADN, on commence par des amorces qui se fixent par complémentarité sur les séquences terminales des brins qui constituent ses deux extrémités. Puis on copie la portion libre d’ADN comprise entre les deux amorces, c’est-à-dire celle du prélèvement étudié avec une enzyme spécialisée et on répète l’opération un grand nombre de fois.
En criminologie, l’analyse génétique est devenue un procédé d’identification courant. La qualité de l’analyse dépend bien sûr de la fraîcheur de l’échantillon. Après quelques années, l’ADN se dégradant rapidement, l’analyse devient impossible. Cependant, l’ADN présent dans les os se conserve d’une manière remarquable, puisque des analyse ont été réussies sur des momies et même sur des os préhistoriques assez jeunes (quelques milliers d’années).
2- L’Homme de Néandertal et l’Homme de Cro-Magnon.
L’échantillon utilisé pour l’analyse génétique provient de l’Homme découvert en 1856 près de Düsseldorf dans la vallée de Neandertal par le Dr Philipp Charles Schwerling. Cet être humain présentait un front bas et fuyant, des arcades sourcilières épaisses et un menton absent qui lui conféraient un aspect archaïque et rustique (guère différent de certaines peuplades sauvages). Une centaine d’individus de type néandertalien (ou Homo sapiens neanderthalensis, appellation montrant bien qu’il est considéré comme un être humain) ont été retrouvés dans toute l’Europe et jusqu’en Ouzbékistan. Cette race humaine archaïque serait apparue il y a environ 250.000 ans et aurait commencé à disparaître il y a environ 100.000 ans pour s’éteindre totalement il y a 40.000 ans. Il aurait été remplacé par l’Homme de Cro-Magnon dont le premier spécimen fut retrouvé en 1868 aux Eyzies-de-Tayac en Dordogne. L’Homme de Cro-Magnon, qui est Homo sapiens sapiens, serait apparu il y a quelques 35.000 ans.
On le considère comme notre ancêtre direct. L’Homme de Cro-Magnon était censé descendre de l’Homme de Néandertal, à défaut d’un autre scénario, puisque le néandertalien était la seule branche humaine disponible pour le précéder dans la phylogenèse.
3- Les problèmes posés par l’analyse génétique.
Cette analyse génétique pose un certain nombre de problèmes de fond qu’il convient de scruter attentivement.
Sur l’analyse elle-même :
Il est évident que la première objection qui aurait dû être soulevée par la presse et les spécialistes, malgré le contrôle effectué, réside dans le fait qu’une deuxième analyse sur le même fragment n’a pas été menée, une contre-analyse en quelque sorte, et que la confirmation d’une différence génétique ne pourra être totalement accréditée que lorsque la même recherche aura été réalisée sur d’autres ossements provenant de néandertaliens différents et donnant bien sûr le même résultat.
Sur les résultats :
1- La grosse surprise réside dans le fait que cette analyse a pu être réalisable. En effet, le problème majeur posé par les analyses génétiques est la mauvaise conservation de l’ADN dans le temps. Même si la stabilité des os est de loin la meilleure, il n’en demeure pas moins, dans le cas présent et d’après les expérimentations qui ont été faites sur os anciens conservés dans des conditions optimales, qu’une analyse génétique n’est plus réalisable après plusieurs milliers d’années. On aurait, quand même réussi à retrouver de l’ADN sur un échantillon vieux de 12.000 ans, mais à l’heure actuelle, il n’est pas concevable d’y parvenir au-delà. Donc si notre analyse a été possible, et si cet os provient bien d’un individu néandertalien, et il n’y a pas à en douter dans le cas présent, c’est que l’Homme de Néandertal est bien plus jeune qu’on ne l’affirme, d’autant plus que les conditions de sa fossilisation étaient loin d’être parfaites.
Il s’en conclut que l’Homme de Néandertal ne serait âgé que de quelques milliers d’années, c’est inéluctable !
2- La deuxième surprise est le fait que l’analyse génétique ait pu être faite sur un os fossile. En effet la fossilisation est une substitution des composants organiques de l’être vivant par des minéraux. Cela entraîne donc une destruction de l’ADN. Dans le cas présent, l’ADN n’ayant pas été détruit totalement, cela implique que la fossilisation n’a pas été complète et que l’enfouissement s’est effectué d’une manière rapide et non couche par couche, sur des dizaines de millénaires, comme il est admis. Cela évoque un scénario de catastrophe qui n’est pas sans rappeler le déluge biblique.
3- La troisième surprise provient de la manipulation des datations qui a été proposée immédiatement après les résultats de l’analyse. En raison de la « dérive génétique » mise en évidence5, l’apparition du néandertalien s’est vue reculée de 150.000-350.000 ans jusqu’à 600.000 ans avant notre ère, date à laquelle il aurait quitté le tronc commun de l’évolution. Cela n’est pas rien!…Cela, en outre, crée l’impossibilité absolue d’une analyse génétique sur un os de néandertalien.
Cette première pirouette s’avère nécessaire pour élaborer le scénario selon lequel le Néandertalien ne serait plus qu’un rameau détaché de la lignée qui donna naissance au Cro-Magnon puis à l’Homme moderne.
Cependant cette nouvelle proposition entraîne une contradiction importante: admettre la non évolution de la lignée néandertalienne pendant 550.000 ans alors que la lignée primitive préhumaine (non encore retrouvée) qui donna naissance aux Cro-Magnons aurait,elle, évolué pendant le même temps.
Une deuxième pirouette a dû compléter cette jonglerie des datations : rajeunir l’âge de l’échantillon analysé, pour que l’analyse ait été réalisable. Ainsi l’Homme de Néandertal s’est vu d’un coup subir une cure de jouvence : d’un âge estimé auparavant à 150.000 ans, il s’est vu rajeunir à 30.0006 ans.
C’est encore bien trop vieux pour réussir une analyse génétique !… Mais on ne pouvait décemment rajeunir plus, au risque de perdre toute crédibilité.
4- Une Proposition d’explication
La disparition totale de l’Homme de Néandertal suivie de l’apparition de l’Homme de Cro-Magnon sur les mêmes lieux a bien sûr intrigué les préhistoriens. Les Néandertaliens ont été retrouvés dans les abis sous roche à même le sol et recouvert de plusieurs mètres de dépôts sédimentaires et lorsque le Cro-Magnon lui a succédé sur le même site, ses traces se situèrent alors au-dessus des sédiments. Il y a, entre le Néandertal et le Cro-Magnon, une rupture évidente matérialisée par ces alluvions. D’où proviennent ces dépôts ? Lorsque le site néandertalien se situe près d’un sommet de colline7 on ne peut plus invoquer une inondation, surtout s’il n’y a pas de rivière à proximité. L’origine énigmatique de ces dépôts fait penser au Déluge ou à un déluge, ce qui a bien sûr été évoqué par certains spécialistes, et ce qui n’a fait qu’irriter les préhistoriens anticléricaux ou évolutionnistes.
De là une manipulation opérée par ces derniers de manière à éviter tout rappel biblique.
Il était admis que le Cro-Magnon serait apparu vers – 30.000 ans et que la disparition de Néandertal se situerait vers – 40.000, et cette chronologie matérialisait une rupture. Par simple glissement des âges on allait pouvoir l’effacer : Néandertal disparaissait vers – 35.000, voire – 30.000 ans et Cro-magnon apparaissait vers -35.000 à – 40.000 ans ; cela bien sûr était affirmé sans éléments scientifiques de datations propres à justifier ce changement : l’important consistait à supprimer les hiatus diluvien.
Mais cette nouvelle version n’est pas sans soulever de nouveaux problèmes insolubles.
1- Comment se fait-il, dans ce cas, que le Néandertal se soit éteint alors que Cro-Magnon qui vivait au même endroit et au même moment voyait sa pleine expansion sous les mêmes conditions8 ?
2- Comment se fait-il que ces deux populations se soient alors côtoyées plusieurs milliers d’années sans qu’il y ait eu trace de métissage ?
3- Comment se fait-il qu’on cherche en vain les ancêtres des Cro-Magnons alors qu’on a retrouvé du Néandertalien plus ancien ?
Si nous reprenons les données de la situation, nous avons d’une part une analyse génétique positive sur l’Homme de Néandertal, et d’autre part des explications données, avant comme après les résultats de l’analyse, qui n’apportent aucune réponse satisfaisante malgré des changements de scénario.
La disparition des Néandertaliens peut s’expliquer par l’action d’une submersion rapide (un déluge). Quant à l’Homme de Cro-Magnon, il représente alors la civilisation post-diluvienne dont nous sommes issus. Cependant, dans une optique biblique, il reste une objection à lever : les descendants de Noé, c’est-à-dire les Cro-Magnons descendraient d’une partie de la population anté-diluvienne, c’est-à-dire des Néandertaliens, alors que l’analyse génétique affirme que cela ne peut être, vu la différence de 25,6 paires de bases entre eux.
Mais l’interprétation de ce résultat repose sur bien des hypothèses, notamment :
– que l’Homme de Néandertal analysé soit représentatif de tous les néandertaliens;
– que les 1.500 échantillons génétiques d’humains modernes servant à l’intercomparaison soient eux aussi représentatifs.
Or la diversité humaine dans chaque groupe ethnique est si large que ce point est loin d’être démontré9,
– que donc l’écart de 8 paires de bases donné par les intercomparaisons entre les 1.500 humains soit bien la limite supérieure de la diversité réelle entre les humains,
– que la différence de 17,6 (25,6 – 8) soit bien une différence biologique significative qui permette d’affirmer que l’on se trouve en présence d’une race génétiquement différente du sapiens sapiens.
Aucun de ces éléments n’est actuellement acquis, aussi nous considérons l’affirmation : Cro-Magnon ne peut pas descendre de Néandertal, comme une affirmation présomptueuse et infondée.
Dans l’optique biblique l’humanité actuelle descend, en se diversifiant, de la famille de Noé et de ses serviteurs (survivants au Déluge) tandis que le reste de l’humanité primitive, ayant sombré dans la dépravation et dans tous les vices, avec toutes les altérations héréditaires qui s’en suivirent aurait vu sa descendance très vitre dégénérer. Elle fut annéantie par le Déluge. Son patrimoine génétique différait de celui des survivants de l’Arche, préservés d’une telle dégérescence. Ainsi la séparation des patrimoines génétiques avait commencé avant le Déluge, c’est-à-dire dès que l’humanité se fut adonnée au péché, à partir de Caïn. Cette déduction semble confirmée par le fait que l’on a trouvé fossilisés à Qafzeh, en Israël des « Protocromagnons », sorte de pré-Cro-Magnons ou de Cro-Magnon archaïques qui auraient précédé les derniers Néandertaliens10.
On peut donc penser que l’Homme Néandertal n’était pas un Homo sapiens néandertalensis évoluant vers l’Homo sapiens sapiens, dont l’évolution aurait été stoppée et qui aurait mystérieusement disparu. C’était un Sapiens sapiens dégénéré qui fut anéanti par le Déluge.
De plus, l’existence d’un déluge explique :
– Pourquoi les Néandertaliens sont toujours retrouvés sous 5 à 10 mètres de dépôts géologiques,
– Pourquoi l’enfouissement a été rapide et la fossilisation assez lente pour qu’il puisse encore rester de l’ADN dans les os,
– Pourquoi l’analyse génétique a été réalisable ; l’événement aurait été bien plus proche que l’âge supposé des Néandertaliens.
Cette analyse génétique, loin de donner satisfaction aux préhistoriens et aux partisans de la théorie de l’évolution, apporte encore plus de contradictions à la vision transformiste de la préhistoire humaine. Elle conforte plutôt la vision biblique d’une humanité primitive scindée en deux branches : l’une dévoyée, qui périt dans les flots du Déluge ; l’autre représentée par Noé le juste, dont nous descendons.
1 Ndlr: L’auteur de l’article a participé à des recherches d’échantillons humains anciens dans le but d’essayer de déterminer les conditions de conservation et de vieillissement favorables à une analyse génétique.
2 Le Monde (12 juillet 1997) ; Libération (13 juillet 1997)
3 Pour donner une idée de la petitesse du fragment identifié, on peut le comparer avec celle de l’Haemophilus influenzae, bactérie présente dans bien des otites infantiles. Cet organisme unicellulaire affiche 1.830.121 paires de bases et 1800 gènes. On ne sait pas, bien sûr, à quoi correspond chez le néandertalien la séquence révélée par l’analyse.
4 Pour cela on doit admettre, l’existence d’une horloge biologique des mutations génétiques provoquant une dérive évolutive. De plus, il a dû aussi être posé le postulat que le taux de mutations accumulées était constant au cours du temps.
5 Le rôle du laboratoire d’analyse génétique était de réaliser, dans le mesure ou cela était possible, une mesure et d’en donner les résultats. Sa mission s’arrête ici, il ne lui appartient pas de commenter l’âge présumé de l’échantillon et la contradiction qui découle du fait que l’analyse génétique a été possible. C’est aux préhistoriens de le faire; nul doute qu’ils éviteront de s’engager sur cette voie.
6 On ne pouvait pas rajeunir plus puisqu’il est admis que les néandertaliens ont disparu vers 35.000 ans avant J.-C.
7 Comme à la Ferrassie en Dordogne.
8 On a même été jusqu’à envisager que l’extinction des néandertalien aurait té dû qu fait que les femmes auraient eu un rétrécissement du bassin les empêchant d’accoucher normalement, entraînant une grande mortalité mère-enfant et provocant la disparition de la race.
9 c.f. « La Recherche », n°277, 1995, Débat : l’origine de l’homme contemporain, pp. 624-633 : Comment expliquer la diversité humaine. Mythes et réalités de l’approche génétique.
10 « Les Néandertaliens ne montrent aucune tendance à l’acquisition de caractères strictement modernes, bien au contraire… Enfin, les premiers hommes de type modernes sont manifestement plus anciens que les derniers Néandertaliens. Au Proche-Orient, des hommes déjà assez proches des Cro-Magnons semblent bien précéder les Néandertaliens locaux » (Jean-Jacques Hublin, « Les populations », De Néandertal à Cro-magnon, Musée de préhistoire de l’Ile de France, 1988).