Partager la publication "Dents de sagesse : Encore un coup dur pour les évolutionnistes"
Par le Dr Jean-Maurice Clercq
Résumé : Depuis plusieurs décennies, les évolutionnistes pensent détenir la preuve de l’évolution de l’espèce humaine, avec l’évolution régressive de la taille des dents et des mâchoires : la dent de sagesse devient alors « une dent de trop ». Voyons donc si leur cheval de bataille n’est pas un cheval de Troie.
Il y a des nouvelles qui passent inaperçues et qui auront cependant des répercussions, tôt ou tard, parce qu’elles sont porteuses de vérités que l’on ne pourra pas toujours occulter. Tel est le cas de la position que le NICE (National Institute for Clinical Excellence) vient de prendre sur les dents de sagesse : que les dentistes cessent de les arracher.
1- La dent de sagesse, symbole de l’évolution de l’espèce humaine :
La mauvaise réputation de la dent de sagesse n’est plus à faire. Les dentistes connaissent bien ses “excentricités” : variabilité de taille, de forme des racines, de position sur l’arcade dentaire, de ses “absences” répétées dans la mâchoire, soit parce qu’elle n’a pas pu faire son éruption faute de place, soit parce que tout simplement elle n’existe plus !
Les patients la connaissent bien lorsqu’elle cherche à sortir, provoquant très souvent des inflammations douloureuses et des infections qui nécessitent son extraction.
Les évolutionnistes la connaissent bien, eux aussi, puisque la variabilité de ses caractères (tille, forme, manque de place) préfigurent à leurs yeux sa future disparition et leur donne, en quelque sorte, la preuve recherchée de l’évolution des espèces.
Ce ne sont pas les dentistes qui affirmeront le contraire, puisqu’on leur a enseigné tout cela à l’université, dans l’optique évolutionniste, par des cours d’anatomie comparée montrant l’évolution des mâchoires chez les mammifères.
Les paléontologistes et les préhistoriens évolutionnistes ne diront pas le contraire non plus puisque les dentistes affirment cette évolution… En fait tout ce monde se ‘tient par la barbichette”.
Les conséquences :
Il y en a sur le plan thérapeutique, en particulier dans le domaine de la correction des malpositions dentaires : les corrections orthodontiques. En fait cela concerne surtout les enfants des pays développés. Les corrections orthodontiques, en dehors parfois des problèmes dus à la succion d’un doigt, concernent ce qui s’appelle en jargon dentaire “une dysharmonie”, c’est-à-dire une mâchoire trop petite pour la taille des dents. Son traitement s’effectue par l’extraction des 4 premières prémolaires qui laissent alors un espace suffisant pour remettre en place les autres dents.
Une fois le traitement terminé après plusieurs années de correction, le spécialiste impose l’extraction des quatre dents de sagesse qui “de toute façon sont inutiles et n’auront pas la place” : en poussant elles vont déclencher une récidive des corrections en bousculant toutes les autres dents (les récidives touchent plus de 30 % des traitements).
Ainsi, chez les enfants traités, la formule dentaire passe presque systématiquement de 32 à 24 dents, selon la place actuellement disponible sur l’arcade des enfants “modernes”.
Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes de l’évolution.
2- La dent de sagesse, signe de contradiction pour les évolutionnistes.
Cette présentation sommaire des traitements orthodontiques, pour simplifiée qu’elle soit, n’est pas pour autant caricaturale2. Elle est le lot habituel de presque tous les enfants ayant reçu un traitement orthodontique.
Les méthodes d’analyses ne sont pas récentes, même si les moyens et techniques utilisées sont des plus sophistiqués elles remontent pour la plupart aux années 1930 et 1950… c’est-à-dire à la fin de la période où les évolutionnistes espéraient encore trouver les derniers intermédiaires entre l’homme et le singe.
Même résignés devant les inévitables extractions de certaines dents permanentes, parce que le praticien les impose, beaucoup de parents interrogent le dentiste sur le bien fondé de cette décision. Le bon sens n’est pas mort.
Les réponses existent.
Reprenons tous les arguments des évolutionnistes.
• Diminution de la taille des dents humaines.
Cette affirmation commence à être reprise dans des ouvrages traitant de la préhistoire des dents au cours de “l’évolution de l’humanité”, depuis le Néandertalien. Elle n’est pourtant basée que sur une seule communication réalisée en Belgique, en 1987, sous la direction du Laboratoire d’Anthropologie et de Génétique humaine de l’Université Libre de Bruxelles3. Elle n’a pas été confirmée par une étude sur le terrain effectuée par des dentistes.
Dans le n°5 du Cep, nous avons donné notre analyse sur la valeur de ce travail. Comme “professionnel” nous avons montré pourquoi cette affirmation était erronée et ne pouvait en aucun cas servir de base de travail4.
Nous en avons en fait constaté une certaine stabilité dimensionnelle des dents, du Néandertalien à l’homme moderne alors que la taille pour une même dent varie de 20 à 43 % selon la dent et au sein d’une même famille de 13 à 27 % !
• Inexistence fréquente des dents de sagesse et des autres dents de “fin de série
Bien qu’aucune statistique ne semble avoir été publiée sur le point mineur des agénésies (absences du germe dentaire dans la mâchoire), leur peu de fréquence et leur caractère “génétique” font que la profession dentaire n’en tire aucune conclusion générale (on trouve d’ailleurs, mais plus rarement, des dents surnuméraires).
Pourtant les évolutionnistes pensent détenir par ce fait la preuve d’une future, et peut-être proche, réduction de la formule dentaire…
• Diminution de la taille des mâchoires humaines.
Cet argument repose sur l’augmentation constante du nombre des enfants qui ont recours aux traitements orthodontiques pour remettre en place leurs dents depuis plusieurs décennies, selon les statistiques des caisses d’assurances maladies. Il doit être nuancé par les remarques suivantes :
– Cette augmentation provient essentiellement d’une demande plus importante induite par l’augmentation du niveau de vie et un souci esthétique plus marqué.
– Il existe cependant une augmentation constante des enfants porteurs de malpositions dentaires, augmentation qui reste difficile à chiffrer du fait de l’absence de statistiques remontant à plusieurs dizaines d’années. La confirme notre pratique quotidienne dans un cabinet dentaire ayant des dossiers depuis 70 ans.
Cette augmentation du nombre des traitements ne signifie nullement une diminution de la taille des mâchoires au sens
“évolutionniste”. . –
En effet, des spécialistes en traitements orthopédiques dentaires5 se sont rendu compte que cette tendance résultait du développement insuffisant des muscles, en particulier ceux de la mastication et de la déglutition, en raison du mode de vie en vigueur dans les sociétés et les classes aisées. A plusieurs reprises nous avons traité ce sujet dans le Cep et naguère dans Science et Foi. Je résumerai en disant qu’à partir de cette observation, des traitements d’orthopédie dentofaciale simples et efficaces6 ont été mis au point et sont pratiqués avec succès dans la plupart des cas. Ils n’amènent pas de récidives ultérieures et permettent aux dents de sagesse d’évoluer normalement. Ce fait est désormais bien documenté.
• Extraction presque systématique des dents de sagesse
La raison essentielle avancée est le manque de place dans la mâchoire pour ces dents. En résultent deux grandes conséquences :
1- Les récidives des traitements orthodontiques, parce que les dents de sagesse poussent les autres dents pour se faire de la place, ce qui défait en partie les corrections effectuées.
2- Ces dents ont beaucoup de mal à sortir en entier, ce qui entraîne douleurs et infections.
Aux USA, en 1983, une étude portant sur 5000 enfants a été effectuée sur les récidives aux traitements orthodontiques
Il y avait deux groupes : le premier ayant eu un traitement orthodontique, le deuxième n’en ayant pas eu.
Chaque groupe comprenait deux sous-groupes à peu près égaux : l’un avait subi l’extraction des dents de sagesse (pendant ou après le traitement), l’autre les avait conservées. La surprise fut que le pourcentage des malpositions dentaires tardives (attribuées à la poussée des dents de sagesse, qui s’effectue à partir de 18 ans) était quasiment le même dans chaque groupe (28 à 32 %). Cela démontrait que les récidives et les malpositions tardives résultaient d’un autre phénomène, sans lien avec les dents de sagesse7. Ce phénomène est maintenant bien connu des orthopédistes : il est dû au fait que notre mode d’alimentation use très inégalement les dents. Quant au manque de place, nous avons écrit précédemment qu’il résultait d’un développement insuffisant des mâchoires, provoqué par un manque de mastication.
3 – Le mauvais coup touchant les dents de sagesse :
Malgré la mauvaise réputation des dents de sagesse et le fait que cette étude américaine ne soit pratiquement pas connue en Europe, les dentistes, par la force des choses, sont bien obligés de constater l’indépendance des malpositions dentaires tardives par rapport à l’évolution des dents de sagesse, même si le consensus n’est pas encore réalisé au niveau des spécialistes et universitaires… II y a des modes de pensée qui ne changent pas facilement.
La sécurité sociale qui impose maintenant aux médecins des RMO (Références Médicales Obligatoires) n’a pas encore commencé à imposer aux dentistes les RDO (Références Dentaires Obligatoires) dont les textes sont prêts depuis plusieurs années.
Sans discuter ici le bien-fondé de ces mesures dentaires, il est quand même intéressant de constater que pour les futures RDO, l’extraction presque systématique des dents de sagesse après traitement orthodontique n’est plus une indication, ni thérapeutique, ni technique Mais comme les RDO ne sont pas encore appliquées, les orthodontistes ne changent pas encore de comportement, tant il est difficile de modifier une attitude thérapeutique reçue dès l’enseignement universitaire et fondée sur une habitude et un réflexe plus que sur une démarche réfléchie… c’est le prix du confort intellectuel du praticien.
Pourtant un coup de tonnerre survient de Grande-Bretagne, et cela pour des motifs économiques !
L’agence de presse APM-Reuters, du 29 mars 2000, livre le communiqué suivant :
“Le National Institute for Clinical Excellence (NJCE) a fait savoir.., aux dentistes britanniques qu’ils doivent cesser d’arracher les dents de sagesse quand elles sont saines. L‘opération est très fréquemment pratiquée mais, après avoir passé en revue les données le nouvel organisme gouvernemental chargé de contrôler le caractère approprié et le rapport coût — efficacité des soins, a déclaré qu’il n ‘existait pas d’étude sérieuse suggérant le bénéfice de ces pratiques pour les patients.
Le NICE u ajouté que les patients sont à cette occasion exposés aux risques de toute chirurgie, parmi lesquels des dommages neurologiques, des dégâts sur les autres dents, l’infection, les saignements et parfois même le décès
Le NJCE demande que seules les dents de sagesse malades soient supprimées. Et pour mettre les points sur les i aux dentistes, il détaille les indications : c’est le cas, quand la dent est détruite, en cas d’abcès, de kyste et de tumeur, de maladie de la gencive contiguë ou quand la dent constitue un obstacle pour une autre opération chirurgicale.
Les économies résultant de ces nouvelles consignes sont estimées au minimum à 5 millions de Livres (8 millions d’euros) par an.”
On ne peut être plus explicite !
Pour les dentistes du NICE, la dent de sagesse est considérée comme une dent normale, et ses indications d’extraction sont celles des autres dents. Ainsi, dans la patrie de Darwin, pour une question financière, la dent de sagesse perd-elle son aura de dent maléfique liée à l’hypothétique évolution des dents et des mâchoires de l’homo sapiens.
Conclusion :
Après la Grande-Bretagne, la France, les autres pays d’Europe et les USA, s’apprêtent à reconnaître en la dent de sagesse une dent enfin comme les autres. Cette dent, qui a porté le poids du péché de l’évolution humaine, perd son statut privilégié de victime.
Une conception erronée liée à la théorie de l’évolution aura été la cause des très nombreuses extractions inutiles sur les enfants elle a aussi retardé la reconnaissance des causes des malpositions dentaires et le développement des techniques orthopédiques appropriées. Nous le trouvons ici l’effet pervers des idées évolutionnistes dans le domaine médical au sujet des organes réputés “désuets” (amygdales, appendice, etc.)
En fait, c’est une des “preuves” de l’évolution qui est en train de s’écrouler… et cela principalement pour des motifs budgétaires !
Une révision idéologique déchirante… mais elle se fera par la force des choses, car les faits sont têtus. Tant pis pour ceux qui confondent idéologie scientifique et science véritable.
Bibliographie :
• Le Cep n°5 : “Diminution de la taille des dents au cours de l’évolution de l’homo sapiens ?“ Octobre 1998.
• Références Dentaires Obligatoires (non encore officialisées).
• Agence de presse APM — Reuters: “Royaume-Uni Le NICE a la dent dure avec les dentistes”, 29 mars 2000
• Le Figaro : “En favorisant le développement des mâchoires, remettre les dents en place dès l’âge de 4 ans”, 19 février 1998.
• Libération : “Forum Santé : la fin des appareils (orthodontiques) dentaires”, 11juin 1998.