Partager la publication "Clonage du « mulet » américain Idaho Gem : nouvelle évidence de désinformation scientifique"
Par Claude Timmerman
Résumé : La presse ayant annoncé le clonage d’un mulet par des généticiens américains, l’auteur s’interroge sur cet « exploit » scientifique. Que veut dire « clonage » pour un animal stérile ? Comment a-t-on réellement opéré ? Quelles sont les motivations de cette recherche ? En l’occurrence, loin d’une recherche fondamentale désintéressée, il s’agit d’un lourd programme de recherches visant à produire des champions de course ou d’obstacle. Pour cet unique résultat, il a fallu plus de 300 fécondations artificielles avec réimplantations sur des juments porteuses !.. Mais ces grandes manœuvres à visées financières et stratégiques (comme les OGM) auront aussi eu le mérite imprévu de montrer que nos connaissances des mécanismes de l’hérédité étaient insuffisantes : ainsi les tâches du pelage ne se reproduisent pas à l’identique sur les bovins clonés.
Depuis quelques jours la presse résonne des exploits de généticiens américains qui viennent de « cloner un mulet ». On peut s’étonner à juste titre de ce choix…
Le mulet, être hybride (fruit d’un âne et d’une jument), est toujours stérile : on connaît ainsi le tigron (fruit d’un tigre et d’une lionne) le ligron (fruit d’un lion et d’une tigresse) ou le bardot (fruit d’un cheval et d’une ânesse) et quelques autres. Les manipulations reproductrices sur de tels animaux sont donc a priori vouées à l’échec.
Mais ce choix n’était pas dicté par le hasard, mais bien par un souci mercantile : ce fameux « mulet cloné » est en effet le « descendant » d’un mulet très célèbre, grand vainqueur de courses!
Ceci explique cela : c’est le propriétaire du mulet, homme d’affaire richissime de l’Idaho, qui a financé sur cinq ans le programme des recherches, effectuées par l’Université de cet Etat…La philanthropie a tout de même ses limites!
Le mulet étant stérile par nature, de petits malins ont ainsi cherché par le biais du clonage à voir s’il pouvait se « constituer des lignées de sang » comme chez les chevaux de course.
On notera au passage que les débouchés financiers de ce type de recherche chez les équidés sont colossaux : combien de chevaux hongres se révèlent des champions de course ou d’obstacle…et là, aujourd’hui, les retombées financières de la reproduction sont évidemment perdues!
C’est donc un marché énorme, bien plus important que celui, déjà très florissant, des prélèvement d’ovules, des fécondations artificielles et des mères porteuses, techniques largement pratiquées chez ces animaux!
On constate déjà que, loin d’être le fruit d’une recherche idéale et désintéressée, ce « clone de mulet » n’a donc été élaboré que dans un but lucratif…ce qui devrait faire réfléchir tout un chacun sur les motivations réelles des laboratoires sur le clonage et d’une manière générale sur les manipulations génétiques, si à la mode de nos jours!
Les OGM nous avaient déjà laissé entrevoir qu’au-delà des sublimes perspectives envisagées (médicaments produits par les plantes et autres organismes résistants aux maladies permettant de se passer de pesticides – pesticides auparavant rendus inévitables par le productivisme qui a favorisé les hauts rendements d’organismes sur-sélectionnés et fragilisés ), le but réel, aujourd’hui atteint, qui a mobilisé 95% des laboratoires et des essais, ne visait qu’à la réalisation de plantes stériles obligeant les producteurs de céréales à se réapprovisionner en semences après chaque récolte. Les fameux gènes « Killer » ou « Terminator ».
Autrement dit, sous couvert de recherche scientifique aux perspectives mirobolantes, on a créé l’arme potentiellement la plus redoutable, brevetée, déposée entre les mains d’une poignée de multinationales à prédominance américaine : c’est l’arme alimentaire par le chantage à la famine!
Qui dispose des semences et du libre choix de leur livraison tient l’avenir des peuples : c’est bien entendu le Tiers Monde qui est le premier visé!
Les manipulations génétiques animales procèdent de la même philosophie : utiliser la biologie à des fins lucratives et de manière stratégique.
On avait déjà réussi des choses invraisemblables :
– Des clones de vaches laitières ultra-performantes,
– Un gène d’araignée incorporé aux fonctions de lactation de la chèvre, pour obtenir par traite des protéines séricigènes capables d’élaborer de nouvelle fibres textiles.
– Un gène d’épinard introduit dans le métabolisme porcin pour rendre la viande industrielle « plus digeste » (et bien sûr de plus en plus insipide).
(Ce dernier cas pose d’ailleurs des problèmes philosophiques particuliers dans la mesure où, l’homme, devenu créateur en lieu et place de Dieu, transgresse la Loi Naturelle de la Création et entame une fusion des Règnes animaux et végétaux ; mais cela, c’est une toute autre histoire…)
Le problème du clonage, qui n’a pas été présenté de façon différente, est largement porteur des mêmes arrière-pensées financières…
Il faut avoir bien présent à l’esprit ce qu’est le clonage vrai : la reproduction à l’identique d’un individu à partir d’un seul et même représentant de l’espèce.
C’est la règle chez des végétaux: bouturage ou marcottage, séparation de cayeux, éclatage des souches, etc…
Qui aujourd’hui ferait pousser les pommes de terre autrement que par bouturage ?
Ceci s’observe également chez les animaux « inférieurs », Protozoaires et Acoelomates.
En revanche, cela semblait impossible, en tout cas jamais observé à l’état naturel, chez les animaux supérieurs, en particulier chez les Mammifères.
Le premier essai de clonage, Dolly, « la brebis martyre écossaise », s’est soldé par un échec cuisant, l’animal, malgré tous les soins dont il fut entouré s’est avéré chétif, maladif, et doué de vieillissement précoce. Dolly a fini par être euthanasiée… au bout de cinq ans !
Dolly était un vrai clone : un animal d’une espèce reproduit à l’identique par « fécondation artificielle » d’un ovule énucléé d’une brebis par un noyau somatique de la même brebis.
Le cas du « mulet » Idaho Gem est différent: comme le mulet est un animal stérile, il ne dispose pas, par définition, d’organes reproducteurs primaires, surtout pas d’ovules fécondables.
Le professeur Wood et ses collègues Ken White et Dick Vanderwall ont donc eu recours à des juments porteuses. Ils ont prétendu avoir « fécondé artificiellement » un de leurs ovules énucléés par un noyau somatique du mulet « père », avant de réimplanter le pseudozygote dans l’utérus des juments… Telle est du moins la théorie.
En fait, d’après les déclarations des expérimentateurs, le tissu somatique « paternel » proviendrait d’une culture fœtale entamée en 1998 !
Ainsi, pour réaliser cette opération, on est complètement « sorti » de « l’espèce mulet » ; le mulet Idaho Gem n’est donc pas un « clone vrai » du « mulet père » ! Personne parmi les autorités scientifiques concernées n’a bien sûr osé ou voulu soulever le problème !
Le produit, d’après les photos, est un ravissant « poulain » nommé Idaho Gem, la gemme de l’Idaho.
Vu le coût de l’affaire, on aurait même pu l’appeler Diamant Noir… Jugez-en!
Entre 1998 et 2000, les chercheurs ont réalisé 134 fécondations artificielles et réimplantations infructueuses (seules deux grossesses se sont développées…durant quatre semaines seulement!)
En 2001, 84 tentatives ont abouti à 5 débuts de grossesse après un meilleur contrôle du taux de calcium du milieu de « fécondation ».
En 2002, 113 tentatives ont abouti à 14 grossesses, dont 8 ont atteint 40 jours !
Mais ces résultats biologiques posent encore d’autres interrogations.
Si le mulet est le résultat du croisement d’une jument (dite mulassière) et d’un baudet, quel nom donner à ce nouvel animal ?
– La théorie chromosomique de l’hérédité prévoit que l’ensemble des caractères spécifiques est contenu dans les chromosomes, donc dans l’ADN du noyau cellulaire.
Alors on peut se demander ce qui amène un ovule, et seulement lui, à se diviser suivant le déterminisme de l’embryologie, s’il ne conserve pas certains caractères propres à l’espèce mais extérieurs à son noyau, puisque cet ovule, bien qu’énucléé et doté d’une garniture chromosomique somatique étrangère, continue de le faire !
– Ne doit-on pas être amené à en conclure que cette information, effectivement génétique, du déterminisme du développement embryonnaire n’est pas contenue dans le noyau, mais bien dans le cytoplasme de l’ovocyte ou dans les organites cellulaires présents? Réalisons une implantation nucléaire dans une cellule somatique énucléée, celle-ci n’entamera pas un processus de division embryonnaire…sauf en cas de cancer!
On a aussitôt avancé l’hypothèse de l’existence de l’ADN mitochondrial (contenu dans les mitochondries, ces organites cytoplasmiques).
Cela permettait de ne pas revenir sur la théorie chromosomique de l’hérédité en restant dans le domaine de l’ADN.
Hypothèse plausible, mais alors notre fameux « mulet fils » aurait reçu par l’intermédiaire de l’ovule de sa « jument mère » une dose d’ADN mitochondrial ovulaire, extérieur à sa garniture chromosomique d’origine « paternelle »!
– Quel rapport génétique vrai existe-t-il entre le mulet sensé être cloné et cette « culture fœtale », souche « paternelle » du produit. Cela n’est nullement explicitement indiqué dans les informations dont on dispose sur le protocoles expérimentaux: on suppose donc qu’il s’agit d’une embryogenèse conduite in vitro…
Ceci laisse imaginer que l’ovule d’origine de cette culture, n’est pas nécessairement de la même provenance que celui de la jument d’origine du poulain : on a bien alors deux ajouts successifs distincts d’ADN mitochondrial au « patrimoine génétique parent » du mulet !
Ce poulain fils n’est donc sûrement pas un clone vrai, même si la jument porteuse est bien la jument mulassière du « mulet père », ce qui n’est, en outre, nullement confirmé !
En effet, les possibilités de recombinaisons génétiques sont telles qu’il n’y a aucune raison, et une probabilité statistique infime, pour que deux ovules d’un même animal, fruits d’une différenciation cellulaire complexe, soient des copies exactement conformes à tous les niveaux!
Rappelons en outre qu’une jument « fabrique » largement moins de trois cents ovules dans sa vie !
L’homme a donc construit un nouvel animal en récupérant du matériel génétique qu’il a su, après de nombreux essais infructueux, assembler pour en faire un ovule fécondé à devenir embryonnaire viable : une sorte de chimère.
Mais cette expérimentation n’a pas été inutile, loin de là !
L’immense mérite de l’expérimentation du clonage, à ce jour, aura été de mettre en évidence les limites d’une conception trop simpliste de l’hérédité et de la nature des caractères transmis propres aux espèces comme aux individus.
La meilleure preuve des entorses aux lois classiques de la génétique, mise en évidence par le clonage, est observable chez les bovins où les quelques cas de clones viables (une quinzaine environ à ce jour), ont montré que la reproduction à l’identique des taches d’un pelage n’était pas réalisé dans un clonage !!!
Certains caractères n’apparaissent donc pas acquis alors qu’ils étaient réputés l’être !
On voit ainsi que des chercheurs se piègent eux-mêmes et se contredisent dans l’application de leurs propres théories.
Ce qui apparemment ne les gêne nullement dans l’exposé de leurs résultats !