Mammographies et cancers

Par Sylvie Simon

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Mammographies et cancers1

« Il a plu à Dieu qu’on ne pût faire aucun bien aux hommes qu’en les aimant » (P. Le Prévost)

Résumé : Le cancer est une maladie terrible, souvent fatale, mais de nombreuses rémissions sont observées lorsque le diagnostic est porté assez tôt. Il peut s’écouler de 8 à 10 ans entre le départ de la prolifération et le moment où elle est observée. De là l’idée d’une détection précoce du cancer du sein, l’un des plus fréquents.
Il semble toutefois que le protocole utilisé pour ce diagnostic puisse devenir lui-même la cause de cette maladie. Le stress émotionnel, les biopsies associées, les radiations émises pour la mammographie, la compression du sein associée à l’imagerie, sont autant de facteurs nocifs.
Si l’on ajoute à ces faits que le diagnostic est imparfait (un quart de cancers non détectés, un quart de cancers diagnostiqués à tort) et que les effets sont aggravés sur les femmes jeunes, on se demande si les campagnes médiatiques en faveur des mammographies ont bien pour objectif la santé publique.

À travers les médias2, toutes les instances de santé incitent les femmes à faire, chaque année, une mammographie pour dépister précocement un cancer du sein. Mais personne ne signale à toutes celles qui vont leur obéir que ces examens ne sont pas sans risques.

Le 18 octobre 1995, le Dr Samuel Epstein, référence internationale et auteur de plus de 270 publications scientifiques, président de la Coalition pour la prévention du cancer, Médaille d’or de l’Académie de médecine Albert-Schweitzer, profitait d’une Journée nationale de mammographie organisée aux États-Unis pour dénoncer les dangers de cette pratique qui, pour lui, n’a pas fait la preuve de son utilité.

Il a insisté sur le fait que, lorsque le cancer du sein est ainsi détecté, il existe depuis au moins huit ans et a donc déjà touché les ganglions lymphatiques ou d’autres organes, particulièrement chez les femmes jeunes.

Dans son remarquable ouvrage The Politics of Cancer Revisited, paru en 1998 mais non encore traduit en français, il critique très largement le lobby du cancer et soutient que, chez les femmes en pré ménopause, un cancer détecté sur quatre n’est pas un vrai cancer, mais qu’en revanche un cancer sur quatre n’est pas détecté.

Des cancers qui ne sont pas détectés :

Il est loin d’être le seul dans son analyse et le NCI (National Cancer Institute) va plus loin en affirmant que ce chiffre s’élève à 40 % chez les femmes de 40 à 49 ans. L’Institut a publié des statistiques qui montrent que, chez les femmes de moins de 35 ans, les mammographies peuvent provoquer 75 cancers pour 15 cancers correctement diagnostiqués.

Dans une étude publiée en 2005 par le New England Journal of Medicine, c’est 30 % des cancers chez les femmes de 40 ans qui ne sont pas détectés par les mammographies.

Le NIH (National Institute of Health) estime que ces examens occultent 10 % des tumeurs malignes chez les femmes de plus de 50 ans. À son tour, une étude suédoise, menée sur 60 000 femmes, a démontré que 70 % des tumeurs détectées par mammographie n’étaient pas des tumeurs. Or, outre le stress émotionnel causé par ces diagnostics erronés, ces femmes ont aussi subi des biopsies toujours dangereuses.

Des résultats qui génèrent une anxiété durable :

Quant au Dr James Howenstine, médecin américain qui a trente-quatre ans de pratique privée et hospitalière, il signale que 10 % des femmes qui ont déjà un cancer du sein montreront une mammographie normale, ce qui leur fera perdre un temps précieux pour avoir un véritable diagnostic, alors que l’épidémie du cancer du sein gagne chaque jour du terrain. « Des campagnes massives encouragent les femmes à avoir une mammographie chaque année.

Ce rituel annuel génère des résultats faux positifs et faux négatifs qui mènent à des opérations inutiles, et une considérable anxiété chez les femmes incorrectement diagnostiquées. »

Enfin, le 8 janvier 2000, The Lancet publiait une étude danoise qui réduisait à néant l’espoir des cancérologues qui croyaient alors qu’en dépistant plus précocement les cancers du sein par mammographie on réussirait à faire baisser leur incidence et leur mortalité. Le journal concluait qu’en termes de mortalité une politique de dépistage du cancer du sein “ne serait pas justifiée”.

La mortalité par cancer du sein a très peu diminué depuis vingt ans :

Et en mars 2006, le mensuel La Recherche signalait à son tour, dans son numéro 395, que « la mortalité par cancer du sein a très peu diminué depuis vingt ans », alors que « les cas diagnostiqués, eux, explosent.» Le journal ajoutait que certains experts dénonçaient les effets pervers du dépistage qui « conduirait à détecter et à traiter des tumeurs mammaires qui n’auraient pas mis la vie de la patiente en danger.»

Les mammographies augmenteraient les risques de cancer :

Ajoutées à une angoisse inutile, les mammographies répétées en période de pré ménopause augmentent les risques de cancer, dit le Dr Epstein.

« Des études récentes basées sur les dix dernières années indiquent une augmentation très nette des cancers quelques années après le début de ces examens fréquents, ce qui confirme la grande sensibilité des seins en pré ménopause et l’effet carcinogène des radiations. » Le Dr Ken Walker, gynécologue à Toronto, mais aussi le plus célèbre des journalistes médicaux canadiens sous le pseudonyme du Dr Gifford-Jones, partage son avis : «Les femmes de 40 à 49 ans qui subissent régulièrement des mammographies sont deux fois plus susceptibles de mourir d’un cancer trois ans plus tard que celles qui gardent leurs seins sous leurs chemisiers

Les diagnostics précoces sont des mensonges :

Ce médecin diplômé d’Harvard estime lui aussi que les diagnostics précoces constituent un mensonge car « il faut huit ans pour qu’une tumeur soit assez importante pour être décelée, ce qui laisse le temps aux cellules cancéreuses de se propager dans l’organisme. Cela n’est pas vraiment un diagnostic précoce.»

À ses yeux, des milliers de femmes servent de cobayes depuis de nombreuses années, pendant que la médecine cherche de tous côtés les causes du cancer, des bactéries aux gènes, sans penser une seule seconde que l’un des principaux responsables est l’industrie du cancer elle-même.

Les radiations sont dangereuses :

Ces mammographies exposent les tissus sensibles du sein à des radiations dangereuses, alors que les spécialistes estiment qu’il n’existe pas de “dose acceptable” de radiation. Pour le Pr Anthony Miller, de l’Institut national du cancer de Toronto, l’ADN du sein est plus vulnérable aux doses réduites de radiation que les tissus thyroïdiens ou la moelle des os.

D’après Diana Hunt, diplômée du centre médical d’UCLA, spécialiste des rayons X, « les radiations reçues par le sein au cours d’une seule mammographie correspondent à 11,9 fois la dose absorbée annuellement par le corps entier. »

Les erreurs sont courantes dans le dosage des radiations :

La dose moyenne de rads reçus en mammographie pour deux images par sein est de 1 à 4 unités mais, d’après le Dr Epstein, la dose peut parfois être dix fois supérieure. Et Rosalie Bertell, l’une des autorités les plus respectées en ce qui concerne les dangers des radiations, affirme que chaque rad augmente de 1 % les risques de cancer du sein et correspond à une année de vieillissement.

Les mammographies sont pratiquées de plus en plus tôt :

En conséquence, si une femme commence à subir des mammographies annuelles dès l’âge de 55 ans, à 75 ans elle aura reçu 20 rads. Évidemment, ce pourcentage est proportionnel à l’âge du début des mammographies, ce qui est effarant à l’heure actuelle où elles sont pratiquées de plus en plus tôt. En comparaison, les femmes qui ont survécu aux bombardements de Hiroshima ou Nagasaki ont absorbé 35 rads. Bien qu’une radiation massive soit plus dangereuse que de petites doses, il est important de savoir que les effets de ces petites doses sont cumulatifs.

Et plus les cellules du sein sont jeunes, plus leur ADN est endommagé par les radiations. En outre, ce risque est accru chez les femmes porteuses du gène A-T, soit environ 1,5 % des sujets. Le pourcentage peut sembler minime, mais on estime qu’aux États-Unis environ 10 000 cancers par an sont dus aux mammographies chez les femmes porteuses de ce gène. Une seule mammographie augmente de 4 à 6 fois leur risque de cancer.

On constate une augmentation très nette des cancers du sein après les traitements par rayons de certaines maladies bénignes :

Une étude, publiée le 20 octobre 1993 dans le journal du National Cancer Institute américain, montre une augmentation très nette du cancer du sein après les traitements par rayons de certaines maladies bénignes du sein chez les femmes âgées de plus de 40 ans au moment des premiers traitements.

Depuis l’introduction des mammographies, l’incidence d’un certain carcinome du sein aurait augmenté de 328 %, et une étude du Canadian National Breast Cancer, qui date de 1992, a démontré une augmentation de 52 % de la mortalité par cancer du sein chez les jeunes femmes qui subissent des mammographies. En outre, les femmes enceintes exposées aux radiations mettent leur fœtus en danger avec des risques de leucémies ou de malformations, et les enfants exposés aux radiations peuvent à leur tour développer un cancer du sein à l’âge adulte.

Le Dr William John Gofirian, professeur émérite de biologie moléculaire et cellulaire à Berkeley et chargé de cours à l’école de médecine de l’université de Californie à San Francisco, spécialiste des effets biologiques des rayons X et des dangers nucléaires, lauréat du prix Nobel, estimait que 75 % des nouveaux cas de cancer étaient provoqués par les irradiations médicales comme les rayons X, scanners, mammographies, tomographies et fluoroscopies. Il leur imputait également la responsabilité de nombreux cas de maladies coronariennes.

Quelques mois avant sa mort en 2007 à 88 ans, le Dr Gofirian a publié une étude de 699 pages sous l’égide du Committee for Nuclear Responsibility qui conclut que les effets de ces appareils de détection, combinés avec une mauvaise nourriture, le tabac et l’usage de la pilule, vont causer, aux États-Unis, 100 millions de décès prématurés durant la prochaine décennie.

Il considérait que les techniques de détection sont parfois nécessaires, mais uniquement dans certains cas où il est impossible de s’en passer. « Il n’existe pas de dose saine. Un seul atome radioactif peut déclencher une mutation permanente dans des cellules génétiques », et ces accumulations peuvent provoquer un cancer entre cinq et cinquante ans plus tard.

La propagation des cellules par compression du sein :

D’autre part, nombre de cancérologues insistent sur le fait que la compression du sein durant l’examen, surtout chez les femmes jeunes, peut permettre à un petit cancer non détectable de se propager. À son tour, le Pr Anthony Miller, qui met en garde les patientes contre le danger des radiations, précise également que des cellules cancéreuses risquent d’être écrasées et répandues dans le sang sous la pression des appareils de détection. Par ailleurs, il dénonce le danger des biopsies.

Le “marché” du cancer génère des profits financiers considérables :

Deux cancérologues, le Dr John Diamond, membre du Royal Australian and New Zealand College of Psychiatry et ancien président de l’Académie internationale de médecine préventive, et le Dr Lee Cowden, de l’Université Saint-Louis du Missouri, résument identiquement le problème du cancer : « Le champ du cancer aux États-Unis est délimité par un monopole médical qui assure un flot constant de bénéfices pour les compagnies pharmaceutiques, les firmes de technologie médicale, les instituts de recherches et les agences gouvernementales telles que la FDA, le National CancerInstitute et l’American Cancer Society

Nombre de cancérologues français partagent ces opinions, mais ne peuvent en parler à haute voix car, en France, il n’est pas permis de critiquer le système sans perdre sa situation.

Cependant, dans l’ouvrage collectif Qui décide de notre santé ?, paru en 1998 sous la direction de Bernard Cassou et Michel Schiff, le Dr Jean-Claude Salomon, cancérologue, ancien directeur de recherche au CNRS, à présent membre du Conseil scientifique d’Attac-France, faisait remarquer que, si elle n’est pas accompagnée d’une baisse de la mortalité, l’augmentation du pourcentage de survie à cinq ans n’est pas un indice de progrès.

Le Dr Salomon notait aussi que, si l’on comptabilise sans distinction les vrais cancers et des tumeurs qui n’auraient sans doute jamais provoqué de maladie cancéreuse, cela contribue à augmenter artificiellement le pourcentage des cancers “guéris”. « Le diagnostic précoce n’a souvent pour effet que d’allonger la durée de la maladie avec son cortège d’angoisse. Cela contredit bien des affirmations concernant les prétendues avancées thérapeutiques.»

Le cancer fait vivre davantage de gens qu’il n’en tue :

Mais il ne faut pas perdre de vue que « le cancer fait vivre davantage de gens qu’il n’en tue », comme l’ont écrit les internes de Villejuif sur le mur de leur salle de garde, il y a quelque trente ans.

Le cancer représente un marché mondial inépuisable et en continuelle expansion. Dans ce domaine, le chômage n’est pas à craindre et tous les lobbies concernés se démènent pour accaparer ce marché, affolant les populations et les gouvernements, faisant fi de toute morale, de toute considération éthique, allant même jusqu’à acculer à la mort des malades qui pourraient être soignés et guéris par des méthodes qui ne font pas partie de leurs “produits”, donc de leurs bénéfices.

Il est vrai que les laboratoires récoltent, chaque année, des centaines de milliards de dollars grâce au cancer — et la Commission du cancer a souligné que le prix des médicaments anticancéreux avait augmenté de 500 % en dix ans —, ce qui permet de se demander s’ils ont tellement envie de tuer la poule aux œufs d’or que représente pour eux cette maladie.

Repassage des seins pour ne pas attirer les hommes :

Car, si le cancer était vaincu demain, de quoi vivraient ces gigantesques entreprises dont le seul profit est la maladie ?

La pratique de la mammographie nous rappelle le “repassage des seins” des adolescentes au Cameroun, pratique largement répandue dans ce pays d’Afrique centrale3, qui consiste à écraser les seins des adolescentes dans le but d’éviter aux jeunes filles d’attirer trop tôt les hommes.

« Au-delà de la douleur et du traumatisme dus au “repassage des seins”, certaines filles se sont retrouvées avec les seins totalement détruits », explique à l’IPS (Agence Inter Press Service) Marie-Claire Eteki, médecin au ministère de la Santé publique.

« Le repassage des seins occasionne de nombreuses souffrances et peut favoriser l’apparition de certaines maladies, comme le cancer des seins, les kystes, la dépression. »

Bessem Ebanga, secrétaire exécutive du Renata, une association de filles-mères, veut faire interdire ce rituel abominable. « Les seins, c’est un don de Dieu », dit-elle.

Puisqu’il est largement prouvé que les mammographies, qui écrasent les seins comme ces pratiques barbares, sont non seulement inutiles mais dangereuses, allons-nous persister à imiter les habitudes arriérées du Cameroun alors que nous traitons ceux qui les emploient de “sauvages” ? Quels sont les plus condamnables, ceux qui pèchent par ignorance ou ceux qui savent mais agissent par goût du profit ?

Et que dire de nos instances qualifiées, bien à tort, “de santé”, lorsqu’elles persistent à croire ce que leur raconte leur seul “informateur”, le lobby pharmaceutique (Big Pharma), qui a pourtant largement prouvé qu’il n’hésite pas à mentir pour préserver ses cotations en Bourse et a souvent été condamné pour de telles pratiques ? À croire qu’ils sont incapables de lire les milliers de publications qui contredisent leurs “informations”.


1 Repris de Votre Santé n° 111, janvier 2009.

2 Ndlr. Et même par les Caisses d’Assurance Maladie, qui pourtant devront financer le dépistage !

3 Ndlr. Et pas seulement au Cameroun!

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