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Par:Dominique Tassot
Résumé : La valeur intrinsèque du travail est souvent méconnue par une société utilitariste qui se focalise sur l’argent gagné et sur la consommation. Or, si la Chute a condamné l’homme à peiner, le labeur aide au rachat de la faute et contribue ainsi à la rédemption personnelle. Le progrès technique, tel qu’il a été développé par la société chrétienne issue du Moyen Âge, avait pour but non de supprimer toute pénibilité mais d’offrir aux hommes de toutes conditions le temps libre nécessaire à la prière, à la pensée, aux arts libéraux, bref à tout ce qui nous élève vers la vie en Dieu. Puis l’Occident postchrétien s’est laissé écarteler entre deux perversions : l’asservissement au travail par le désir d’un haut « niveau de vie » ; l’oisiveté rendue vaine par le repli sur soi. Dans un cas comme dans l’autre, il n’est d’issue que vers le haut.
Ce n’est sans doute pas pur hasard si les assemblées et les gouvernements sous influence qui nous dirigent s’attachent à valoriser l’homme dans ses activités les plus diverses, à garantir ses libertés, à le doter de multiples droits inessentiels, mais avec une singulière restriction : cet homme est toujours considéré comme un être adonné aux loisirs, vivant d’argent sans véritable souci de sa provenance, n’attachant aucune importance directe à un acte souvent prédominant dans son existence et dans ses préoccupations, à savoir le travail. Ceci est vrai de l’individu mais aussi du collectif : l’entreprise, qu’elle soit individuelle, petite, moyenne ou grande, au sein de laquelle s’exerce souvent le travail, intéresse peu les sociologues ou les philosophes. Elle est très mal cernée par un Droit qui peine à s’y ajuster a posteriori ; elle n’en connaît le plus souvent qu’une réglementation accumulative, sans idée directrice si ce n’est de protéger l’employé contre son travail, de lui permettre de disposer de suffisamment de temps, d’argent et de liberté d’esprit pour se réaliser « vraiment », l’épanouissement personnel étant supposé se produire précisément en dehors du travail et à l’extérieur de l’entreprise.
Certes, le travail est présenté comme une punition par la Genèse : « Le sol sera maudit à cause de toi. C’est par un travail pénible que tu en tireras ta nourriture, tous les jours de ta vie ; il te produira des épines et des chardons, et tu mangeras l’herbe des champs. C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes à la terre… » (Gn 3, 17-19)
Il s’agit bien d’une condamnation, d’une peine à subir, d’un élément contingent, provoqué par les circonstances et, en ce sens, les dimensions essentielles de l’homme l’appellent à se réaliser pleinement ailleurs et plus tard, après qu’il sera retourné à la terre.
Mais il est un principe général du Droit, que la peine – une fois exécutée – rachète la faute, qu’elle éteint la dette contractée par le criminel à l’égard de la société. La malédiction divine porte non pas sur l’homme ni sur le travail, mais sur le sol qu’il nous faut désormais cultiver pour qu’il exprime sa fertilité en fruits comestibles. Le travail est une punition, mais sa pénibilité, précisément, le rend salvateur : salut temporel car il assure notre subsistance ; salut éternel car il contribue à notre rachat, nous permet d’exécuter la peine infligée et nous conforme ainsi à la volonté divine: Dieu veut si bien notre salut qu’Il a fait que les conséquences mêmes du premier péché nous permettent – suivant notre disposition – de revenir en grâce à ses yeux.
Ce fait dominant de l’histoire humaine a de multiples conséquences. L’une est qu’il n’est pas donné de déléguer cette pénibilité, de se voir racheté par la sueur des autres, qu’il s’agisse d’esclaves ou d’ouvriers chinois. Une autre se rapporte à la sueur du visage (comme le précise la Bible). Certes notre front est densément garni en glandes sudoripares ! Mais on peut aussi lire ici une allusion aux préoccupations du chef, de celui qui donne âme à l’œuvre collective, même s’il est peu engagé par le corps dans sa réalisation.
Le salut n’est pas réservé au seul effort musculaire ; il vaut aussi pour toute forme de pénibilité et, à ce titre, les soucis, les tracas et les déconvenues peuvent l’emporter haut la main sur de saines courbatures !
Le progrès technique, lorsqu’il décuple le geste du bras par un outil, lorsqu’il soulage nos fatigues grâce à quelque machine, n’est donc pas une malédiction.
Il déplace la pénibilité sans la supprimer, la transférant du physique au mental, élevant la condition humaine sans la dénaturer.
L’Antiquité païenne s’est peu attachée à cette forme de progrès, se reposant sur les esclaves pour exécuter le labeur « servile ». Ce furent les monastères qui, au Moyen Âge, lancèrent l’Occident dans la grande aventure des inventions pratiques, du moins celles destinées à soulager les humbles : les moines devaient dégager chaque jour du temps pour la prière ; ils virent immédiatement l’intérêt de gagner en productivité[1]. Intérêt double au demeurant : d’une part le temps gagné profite à l’office divin et à tous les travaux qui dépassent la simple subsistance, notamment ceux de l’art sacré ; d’autre part la fatigue épargnée se convertit en ardeur intellectuelle. L’homme épuisé par des heures à la hache ou à la bêche a peut-être fait avancer la cause de son salut personnel, mais on ne peut compter sur lui pour les travaux de l’esprit, la méditation des textes, l’étude et l’écriture, ces travaux par lesquels l’homme se conforme le mieux à l’image d’un Dieu qui a créé par la Parole.
Si la pénibilité du travail physique fut le premier effet de la Chute, il était normal que l’Incarnation du Sauveur vînt la soulager. Que vaudrait un rachat du Péché sans nulle action sur les effets du péché ?
À l’époque antique où les arts « libéraux » pratiqués par les uns sont achetés au prix de l’esclavage des autres, succéda peu à peu une civilisation chrétienne au sein de laquelle tous eurent accès aux bienfaits de la Rédemption et, comme toujours, comme dans la guérison du paralytique, les bienfaits matériels attestent la réalité des bienfaits spirituels.
La pénibilité salvatrice n’était pas supprimée, elle s’accommodait à un nouvel état de l’humanité, l’homme étant devenu plus proche d’un Dieu qui s’était de Lui-même rapproché.
Les loisirs, les très nombreuses fêtes chômées[2], les pèlerinages élevèrent même le bas peuple à la contemplation du Vrai, du Bien et du Beau[3]. Les chefs-d’œuvre de cette époque, répandus à profusion jusqu’aux villages les plus reculés et jusqu’aux objets les plus communs, témoignent assez en faveur de cette civilisation qui par ailleurs vit naître la « grande musique » et la science moderne.
Surtout, à l’image du prototype bénédictin, l’équilibre « ora et labora » était préservé : les privilèges constituaient autant de charges, impliquant toujours un service en vue du bien commun ; les loisirs imposaient de vaquer aux choses divines.
À ce bel équilibre personnel et social, tourné vers la Rédemption autant qu’il en était issu[4], l’Occident postchrétien – et donc antichrétien – a fait succéder le chassé-croisé permanent entre deux tendances désordonnées : l’envahissement de la sphère privée par le travail professionnel d’un côté (notamment par le salariat des mères de familles) ; l’extension d’une société d’assistés vivant à l’écart du travail (notamment par le chômage des jeunes). Ora aut labora ! Ou bien prie, ou bien travaille !
Ici, c’est l’Autre qui gagne à tous les coups : loisirs, temps libre, culture, … à condition d’esquiver notre rédemption, attachée à un pénible travail ; ou bien carrière rémunératrice… à condition de se mettre corps et âme à la disposition de Mammon.
Socialistes et libéraux se sont ligués pour assujettir les esprits à de prétendues « lois » économiques, comme si l’accumulation de biens matériels était un objectif à hauteur d’homme, comme si l’efficacité pratique pouvait être durablement dissociée des conditions spirituelles propices aux inventions et à la paix sociale.
On se souvient de l’impérissable formule de Trotski, tout heureux de mettre ses ennemis au service de la Révolution : « L’improductivité du travail forcé est un préjugé bourgeois ! »
Certes, le Goulag apportait aux bolcheviques une main d’œuvre esclave qu’ils surent plus ou moins bien utiliser, tout comme le régime chinois exporte aujourd’hui à bon marché les productions du Lao-Gaï ; mais les conditions sociales nécessaires au Goulag firent que l’URSS ne retrouva qu’en 1953 le niveau de production industrielle atteint par la Russie en 1914 ! Ainsi nous fut donnée la plus belle démonstration de l’erreur matérialiste.
La démonstration complémentaire, celle qui est en train d’annihiler l’Allemagne, n’est guère moins probante : le culte d’un « niveau de vie » exprimée en monnaie y fait se multiplier les célibataires ou les ménages sans enfants, ceux que les sociologues anglo-saxons appellent les DINKS (double income, no kids : deux revenus, pas d’enfant à charge, bref l’optimum économique !) Là encore, une vision tronquée de l’homme mène la société à l’impasse.
Alternativement, la blasphématoire civilisation de “l’État-Providence”[5], évoque une autre fin de règne, celle de l’Empire romain : panem et circenses (du pain et des jeux).
À “l’annone” (la distribution gratuite du blé aux 150 000 prolétaires de la Ville) et aux jeux du cirque, nous avons substitué les revenus sans contrepartie physique ou morale et une télévision qui émet ses balivernes du matin à la nuit.
Or, l’homme se détruit dans l’oisiveté plus sûrement encore que dans l’esclavage. Car l’esclavage, généralement involontaire, n’ôte pas sa noblesse native à un fils de Dieu ; tandis que l’oisiveté, même subie, en faisant de chacun sa propre finalité, attente aux sens de l’existence et prive l’homme des mérites dont il a besoin pour se racheter.
Au fond, sous les apparences, la vraie condition de l’homme est l’esclavage : « Tu es esclave, toi qui fus créé ; tu es esclave, toi qui fus racheté ! » s’exclame saint Ambroise, lui-même patricien et préfet avant d’être élu évêque de Milan. Et saint Jean Chrysostome se demande quel est le véritable esclave, entre le maître enivré gisant sur son lit et l’esclave sobre qui veille debout :
« L’un a l’esclavage au dehors, l’autre a sa chaîne au-dedans. À quoi bon posséder les biens extérieurs si on ne s’appartient pas à soi-même ? » (De Lazaro, ch. VI, n. 8)[6]
Une « civilisation des loisirs » qui a perdu de vue sa finalité supraterrestre, qui ne sait pas affecter à la prière et à la charité ce temps qui n’est plus mobilisé pour la survie, une telle « civilisation » referme devant les hommes la grande porte de leur rédemption, et dénonce par là l’Ange déchu qui l’inspire. Elle est peut-être plus inhumaine encore que le bolchévisme, car la pression policière suscite une réaction intime, tandis que l’insidieuse démobilisation mentale, en écartant du paysage intérieur l’œuvre utile à réaliser, entretient un égotisme à l’exact antipode de la vocation divine de l’homme.
Avec le recul du temps, il semble bien que la conception chrétienne du travail soit la seule qui donne au progrès technique toute son utilité individuelle et sociale, lui permettant de servir sans asservir et de soulager sans rendre assisté.
« L’Esprit souffle où Il veut. » Il est peu vraisemblable que les inventions salutaires dont a bénéficié l’Occident chrétien continuent de fleurir chez ceux qui, consciemment ou inconsciemment, ont changé de Maître.
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SCIENCE ET TECHNIQUE
« Les rationalistes fuient le mystère
pour se précipiter dans l’incohérence »
(Bossuet)
La raison d’être de l’Évolutionnisme[7]
Présentation : Les métamorphoses fantasmagoriques que suppose la théorie évolutionniste devraient faire reculer tout esprit attaché aux faits objectifs et à la rigueur de pensée.
Ellen Myers[8]
Aussi de grands scientifiques comme George Wald (prix Nobel) ou Richard Lewontin (Université de Harvard) ont reconnu que leur motivation n’était pas de nature scientifique mais religieuse (ou plutôt antireligieuse). Ce n’est pas un athéisme simplement « méthodologique » qui oblige ces savants à exclure toute intelligence créatrice : il s’agit d’une volonté de refuser Dieu coûte que coûte, de préférer l’irrationnel au surnaturel.
Inversement, c’est en réfléchissant à la perfection d’une oreille d’enfant qu’un Whittaker Chambers, communiste militant, a compris que le hasard ne pouvait être à l’origine des choses et s’est converti.
Whittaker Chambers était un communiste plein de zèle qui avait mis sur pied, dans les années 1930, un réseau d’espionnage parmi des fonctionnaires haut placés du gouvernement américain, à Washington D.C. Mais il est devenu chrétien; a quitté le parti communiste et travaillé en tant qu’écrivain puis, plus tard, en tant qu’éditeur du Time Magazine. Dans son autobiographie, intitulée Témoin (Witness), il décrit comment il s’est tourné vers Dieu et converti au Christ:
«Ma fille était assise dans sa chaise haute. Je la regardais manger. Elle représentait le miracle le plus incroyable qui s’était produit dans ma vie (…) Mon regard s’est posé sur les circonvolutions si délicates de son oreille – ces oreilles parfaites, si complexes.
L’idée m’est venue à l’esprit: « Il est impossible que ces oreilles aient été créées par une rencontre fortuite d’atomes dans la nature (selon les théories communistes).
Elles ne pouvaient avoir été créées que suivant un dessein créateur prodigieux. (…) Qui dit dessein présuppose déjà l’existence de Dieu. Je ne savais pas alors qu’à ce moment précis le doigt de Dieu avait effleuré mon front pour la première fois.»
Un tel témoignage donne le frisson aux évolutionnistes les plus irréductibles. Preuve en est leur lutte implacable contre l’affirmation que tout a été créé et qu’il existe un dessein intelligent. Comme l’avait fait jadis Whittaker Chambers, ils doivent à leur tour évacuer de leur pensée les faits scientifiques et historiques sur l’évolutionnisme et la réalité telle qu’elle existe vraiment. L’évolution, pour eux, est une religion.
Ils ne peuvent supporter l’idée que le Dieu de la Bible existe et qu’il soit leur Créateur, leur Juge, leur Sauveur et leur Seigneur.
Certains éminents évolutionnistes l’ont ouvertement admis. En 1972 déjà, à l’université de Harvard, le célèbre évolutionniste et prix Nobel de physiologie George Wald, écrivait :
«Il n’y a que deux explications possibles concernant l’apparition de la vie : une génération spontanée selon l’évolution, ou un acte créateur surnaturel de Dieu (…) La génération spontanée a été prouvée erronée par Louis Pasteur et d’autres, il y a cent vingt ans, ce qui ne nous laisse qu’avec une seule autre possibilité – que la vie soit apparue grâce à un acte créateur surnaturel de Dieu, mais je ne peux pas accepter cette philosophie parce que je ne veux pas croire en Dieu. Je choisis donc de croire à ce qui est impossible scientifiquement, une génération spontanée qui génère l’évolution.»[9]
Voici des affirmations analogues assénées par le philosophe Thomas Nagel et le biologiste Richard Lewontin, éminents évolutionnistes de notre génération.
Nagel écrit :
«Je désire que l’athéisme soit vrai et cela me met mal à l’aise de penser que des croyants religieux figurent parmi les personnes les plus intelligentes et les mieux informées que je connaisse. (…) Je ne veux pas qu’il y ait un Dieu : je ne veux pas que l’univers soit comme ils le présentent (…) À mon avis, le problème d’une source d’autorité cosmique (…) est à l’origine d’une grande partie du scientisme et du réductionnisme de notre époque.»[10]
Lewontin écrit:
«En raison de notre adhésion a priori à des causes matérielles, nous sommes contraints de créer un appareil d’investigation et un ensemble de concepts qui fournissent des explications matérielles, explications en flagrante opposition à l’intuition et complètement hermétiques pour le non-initié. En outre, ce matérialisme ne peut être remis en question, car nous ne pouvons en aucun cas laisser un Pied Divin passer la porte.»[11]
Dans son livre La science et la création, le P. Stanley Jaki, éminent historien et philosophe des sciences, fait remarquer que les origines de la science, telle que nous connaissons celle-ci de nos jours, remontent à un moment précis de l’histoire humaine, à savoir au haut Moyen Âge chrétien (entre 1250 et 1650). Selon lui, il est impossible que la science ait pu surgir dans aucune autre culture. Et il explique pourquoi il en est ainsi. Toutes les grandes civilisations de l’Antiquité croyaient en un univers éternel subsistant par lui-même et en constante évolution, à la fois moniste, panthéiste et animiste. Cet univers fluctuait interminablement entre de longues périodes d’expansion et de contraction, d’ascension et de chute, de naissance et de mort.
Or, même si les hommes ne semblaient constituer que des particules infimes d’un immense «animal cosmique», ils étaient pourtant capables de faire des observations hautement complexes sur la nature et le ciel étoilé, et ils excellaient dans l’art d’imaginer des inventions techniques vraiment utiles sur le plan pratique.
Ils étaient toutefois contraints de s’arrêter sur le seuil de la science moderne à proprement parler, car dans un monde moniste (« il n’existe rien d’autre que ce monde-ci »), l’homme n’est qu’un élément de ce monde, et une partie ne parvient pas à expliquer le tout dont il fait partie. Donc la seule vision du monde qui permette d’expliquer le monde dans son ensemble, c’est celle de la vision biblique du monde dans laquelle tout a été créé à partir du néant par un Dieu tri-personnel, transcendant et omnipotent, qui a créé l’homme à son image et à sa ressemblance, pour dominer sur ce monde, qui est l’œuvre de Ses mains. Voilà pourquoi la science moderne ne plonge ses racines et ne s’est développée nulle part ailleurs qu’au sein de la culture occidentale du Moyen Âge, culture imprégnée de la foi en la création propre à la Révélation hébraïco-chrétienne
L’évolutionnisme doit chercher à expliquer le monde depuis l’intérieur, en affirmant que rien d’autre n’existe; il ne peut donc pas, a priori, en donner une explication correcte. Le professeur William R. Thompson, dans son introduction de l’Everyman’s Library Edition of the Origin of Species, écrit :
«La conviction de Darwin que l’évolution est le résultat de la sélection naturelle, agissant sur de petites variations accidentelles (…) a retardé d’un demi-siècle les progrès effectués dans les recherches sur l’évolution. Les recherches sur l’hérédité vraiment fructueuses n’ont commencé qu’en 1900 avec la redécouverte de l’œuvre fondamentale de Gregor Mendel, publiée en 1865, et n’avaient absolument rien à voir avec l’œuvre de Darwin.»[12]
Mendel a obtenu des résultats scientifiques significatifs en fondant sa recherche sur le principe de la stabilité ou de norme permanente, qui se situe à l’exact opposé de l’évolution. Sans aucun doute, ce moine catholique autrichien croyait au Dieu Créateur, et c’est cette foi chrétienne qui lui a donné les bases pour entreprendre un travail scientifiquement fécond dont les fruits durent encore.
La science taxonomique a, elle aussi, été sérieusement entravée par le fait que bien des scientifiques ont adhéré au paradigme darwinien.
Thompson écrit encore que «par des arguments plausibles mais pas du tout convaincants, les zoologistes <ont démontré> que les vertébrés descendaient de presque chaque groupe d’invertébrés. Pendant trente ans, de 1870 à 1900, beaucoup d’énergie a été consacrée à l’embryologie, qui s’est inspirée de la < loi biogénétique>. »[13]
Cette « loi biogénétique » prétend que le développement de l’embryon récapitule l’évolution ancestrale d’un organisme. Cette théorie a été inventée par le promoteur allemand de Darwin, Ernst Haeckel. Non seulement elle était inexacte, mais on montra très vite que c’était même une supercherie : les dessins d’embryons de Haeckel étaient, de toute évidence, falsifiés; ils sont pourtant encore présentés, de nos jours, comme des “faits” dans certains manuels scolaires de biologie. Ils ont été utilisés pour justifier l’avortement parce qu’ils affirment qu’en début de grossesse le bébé à naître n’est pas encore humain. Les embryons de Haeckel ne sont qu’un exemple de moyens frauduleux utilisés pour défendre la cause de l’évolution. Un autre exemple est «l’Homme de Piltdown», une falsification qui a discrédité tant de manuels scolaires de 1912 à 1953 : grâce à elle, on cherchait à prouver que l’homme descendait du singe. Plus récemment, le Dr Bernard Kettlewell a présenté sa théorie darwinienne sur les phalènes du bouleau. Pour plus de renseignements concernant les supercheries évolutionnistes, on consultera l’ouvrage de Richard Milton, Shattering the Myths of Darwinism[14], et celui de Jonathan Wells, Icons of Evolution.[15]
Nous avons déjà constaté, grâce à l’exemple de Mendel cité plus haut, que l’évolutionnisme, selon lequel les changements évolutifs sont le produit de variations fortuites, ne nous permet pas de comprendre ce qui se passe vraiment dans la réalité.
L’évolutionnisme nie, en fait, la réalité telle qu’elle est, parce que l’univers porte en soi tous les signes d’une création intentionnelle, qui a été conçue par un Ordonnateur personnel et intelligent: le Dieu Créateur révélé dans la Bible.
La réalité elle-même prouve la véracité de Romains 1, 20 : «Les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité se voient fort bien [donc pas de manière confuse] depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages.»
Comme le confirment George Wald, Thomas Nagel et Richard Lewontin, cette réponse est odieuse pour des hommes qui ne veulent pas s’incliner devant Dieu.
Le combat actuel sur l’évolution n’est pas livré entre « la religion et la science ». Il s’agit d’une attaque en règle des athées rebelles contre le Dieu de la Bible, contre la foi en Lui et en Sa Parole; combat qui est attisé par les médias et l’intelligentsia. Voici la vraie raison pour laquelle tant d’intellectuels athées, comme l’ont fait avant eux ceux des civilisations de l’Antiquité, s’accrochent à l’évolution dans un monde moniste. Ils défendent de telles positions quoique la science moderne elle-même ait surgi dans une culture imprégnée de christianisme biblique, qui affirme que le monde a été créé par Dieu. Jamais ils ne reconnaîtront la contribution inestimable que cette vision du monde a apportée aux bienfaits matériels dus à la science moderne ; en effet, celle-ci en a bénéficié grandement.
Comme l’avait fait Whittaker Chambers, lorsqu’il fut confronté pour la première fois à Dieu, ils s’accrochent à cette croyance évolutionniste « que les atomes se sont rencontrés par hasard » pour expliquer scientifiquement l’origine de toutes choses, même si cela s’avère scientifiquement impossible. Ils agissent ainsi pour n’avoir surtout pas à rendre des comptes à leur Créateur.
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[1] Toutes ces inventions techniques (et gastronomiques) dues aux moines donnent une illustration collective la parole évangélique « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice et le reste vous sera donné par surcroît! » (Mt 6, 33).
[2] En ajoutant les dimanches, les fêtes religieuses universelles et locales, les fêtes de certains saints et de la Sainte Vierge, on pouvait compter 180 jours chômés par an vers l’An Mil. Encore la journée de travail était-elle courte en hiver !
[3] Les Constitutions apostoliques, rédigées vers l’an 380, ont soin de limiter la durée du travail servile : « Que les esclaves travaillent cinq jours : le samedi et le dimanche, qu’ils aient le loisir de venir à l’église pour y apprendre la religion. La Semaine sainte et la suivante, que les esclaves chôment. La première est celle de la passion, l’autre celle de la Résurrection. Et ils ont besoin d’apprendre qui est mort, qui est ressuscité, qui a permis cette mort, qui a ressuscité » (L. VIII, ch. XXXIII, trad. in D.T.C., article “esclavage”, col. 467.
[4] « Tu ne me chercherais pas, si Je ne t’avais déjà trouvé ! », faisait dire au Christ Marthe Robin, corrigeant ainsi génialement la célèbre formule pascalienne : « Tu ne me chercherais pas, si tu ne m’avais déjà trouvé ! ».
[5] « État du bien-être » (Welfare State) dirent plus prudemment, avec Beveridge, ses inventeurs de la Fabian Society.
[6] Sur l’esclavage et la manière dont l’Eglise, sans jamais le condamner, a su l’humaniser puis le faire disparaître, se reporter à « l’Église et l’Esclavage » in Le Cep n°5, pp. 1-11. Hommes libres et esclaves s’avançaient indistinctement vers la table de communion, et ils étaient inhumés dans les mêmes cimetières chrétiens, faits impensables dans la société antique ! On comprend ainsi pour quoi l’esclavage réapparaît, sous des formes déguisées, dès que recule la civilisation chrétienne.
[7] Repris de la Revue Réformée n° 252, novembre 2009, pp. 15-20.
[8] Correspondante américaine du Cep, E. Myers nous a déjà donné « Quelle vision du monde chez les démons ? » (Le Cep n°16, juillet 2001).
[9] G. Wald, Frontiers of Modern Biology and Theories of Life (New York : Houghton Mifflin, 1972), 187, cité in Rex Russell, What the Bible says about Healthy Living (Ventura, CA : Regal Books, 1996), 187; c’est nous qui soulignons.
[10] T. Nagel, The Last Word (New York, Oxford University Press, 1996), 130-131.
[11] Lewontin, « Bil1ions and Billions of Demons », The New York Review of Books (January 9, 1997), c’est nous qui soulignons.
[12] W.R. Thompson, Everyman’s Library Edition of the Origin of Species (London : J.M. Dent & Sons, Ltd., 1956, 16, c’est nous qui soulignons (on trouvera le texte intégral de cette Introduction dans Le Cep n°52, pp. 10-34).
[13] W.R. Thompson, ibid., 16.
[14] R. Milton, Shattering the Myths of Darwinism (Rochester, VT : Park street Press, 1997).
[15] J. Wells, Icons of Evolution (New York : Regnery Publishing, 2000).