Accueil » Le « serpent « de Bagrada

Par Pancrazi ,bruno

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Résumé : Parmi les monstres antiques les mieux attestés figure le “serpent” gigantesque (36 m de long !) que le général romain Regulus vainquit près de Carthage, près du fleuve Bagrada (aujourd’hui le Medjerda) en 256 A.C. Le consul dut faire usage de ses machines de guerre (ballistes et catapultes) pour en venir à bout, perdant 40 soldats et plusieurs chevaux dans l’opération, mais la peau du monstre fut envoyée à Rome et y demeura exposée plus d’un siècle. Ce trait de bravoure est mentionné par tant d’historiens par ailleurs dignes de foi, qu’il semble difficile d’en faire un conte de fées. Car la méthode sceptique inaugurée par Voltaire aboutit ici au résultat paradoxal qu’on ne peut plus tenir pour vrai que ce nous jugeons vraisemblable, si bien que la science historique, fondée sur les témoignages, perd sa méthode. La voie est alors ouverte pour réécrire l’histoire à l’aune de la « double pensée » pressentie par Orwell : les faits n’y ont plus d’importance !

Il y a dans le De Viris de l’abbé Lhomond1, un curieux passage traitant de la vie de Marcus Atilius Regulus, qui évoque le combat d’une armée romaine contre un “serpent” monstrueux :

Ce que l’on peut traduire par :

« Et Regulus ne combattit pas seulement des hommes mais aussi des monstres. En effet, alors qu’il tenait son camp retranché près du fleuve Bagrada, un serpent d’une taille extraordinaire attaqua l’armée romaine. De son énorme gueule il broya beaucoup de soldats. Il en fracassa plus encore en frappant des coups avec sa queue. Il en tua même quelques-uns par le simple souffle de son haleine pestilentielle. Et il ne pouvait être blessé avec des coups portés par les armes ; en effet sa très dure armure d’écailles les repoussait toutes facilement. On dut recourir aux machines de sièges et, quand les balistes eurent été amenées, l’ennemi fut enfin terrassé de la même manière qu’une citadelle fortifiée. Enfin il gît oppressé sous le poids des pierres mais son sang infecta le fleuve et la région alentour et contraignit les Romains à lever le camp. Regulus envoya à Rome sa peau de cent vingt pieds de long. »

On se demande d’où Lhomond avait pu tirer un pareil conte, sachant que le reste de son livre peut être considéré comme un résumé sérieux de l’histoire de Rome. En effet comment croire à l’existence de ce serpent de cent vingt pieds de long2 ? Serpent qui, de plus, aurait broyé plusieurs soldats dans sa gueule et dont la force était telle que de simples coups de queue auraient tué des soldats aguerris. Par ailleurs ces écailles comparables à une armure que les armes romaines (javelots, glaives…) n’ont pu transpercer et ce souffle qui tue évoquent les dragons3 cracheurs de feu des légendes les plus fantaisistes…

Pourtant, dans sa préface, Lhomond a déclaré :

« Il faut aux enfants des faits, et des faits qui les intéressent : l’histoire romaine est une source riche et féconde où l’on peut puiser à discrétion. Tite-Live, Valère Maxime, Florus, etc., fournissent abondamment à un compilateur, et le fond des choses et la propriété des expressions. Il n’était pas difficile de se décider sur le choix des faits : l’on sent aisément que je n’ai pas dû charger ce recueil de longues descriptions de batailles ; les principales circonstances suffisaient à mon but. Des traits de valeur, de clémence, de désintéressement, de grandeur d’âme, de bienveillance, sont plus propres à piquer la curiosité des enfants et à former leurs mœurs. »

Lhomond dont l’honnêteté n’a pas de raison d’être mise en doute, a donc bien prétendu rapporter des faits et non des contes.

Après enquête, il s’avère que de multiples écrivains latins avaient signalé ce combat ; outre ceux cités par Lhomond (Tite-Live4, Valère Maxime5, Florus6).

On le trouve chez Pline l’Ancien7, Silius Italicus8, Aulu-Gelle9. On y apprend même que la peau de ce serpent extraordinaire avait été exposée dans un temple sur le Capitole pendant plus d’un siècle, avant d’être détruite par un incendie. C’était donc un fait de notoriété publique comme la suite de cet article va le montrer.

Reprenons l’histoire de la première guerre punique : en 256 av. J.C., Regulus étant consul, remporte la victoire d’Ecnome, considérée comme le plus grand combat naval de l’antiquité.

Ce combat avait opposé une armée romaine de 360 navires embarquant environ 140 000 hommes à environ autant de Carthaginois.

Suite à cette victoire, pour la première fois dans l’histoire de Rome, une armée de plusieurs dizaines milliers d’hommes débarque en Afrique près de Clypéa.

Regulus et son armée l’emportent rapidement et s’avancent vers Carthage. C’est près du fleuve Bagrada (aujourd’hui le Medjerda) que se place l’épisode du serpent géant.

Cet épisode a été rapporté par Tite-Live, comme l’attestent les Periochae (résumé de l’œuvre de Tite-Live, la deuxième décade qui narre la première guerre punique étant aujourd’hui malheureusement perdue) et Valère-Maxime dans son livre Faits et Dits mémorables dans les passages suivants (Periochӕ, Lib. XVIII) :

« Atilius Regulus in Africa serpentem portentosæ magnitudinis cum magna clade militum occidit. »

[En Afrique, Atilius Regulus tua au prix d’une grande perte de soldats, un serpent d’une grandeur prodigieuse.]

Faits et Dits mémorables (I, 8) :

« 19. Quæ quia supra usitatam rationem excedentia attigimus, serpentis quoque a T. Livio curiose pariter ac facunde relata fiat mentio. Is enim ait, « in Africa apud Bagradam flumen, tantæ magnitudinis anguem fuisse, ut Atilii Reguli exercitum usu amnis prohiberet, multisque militibus ingentiore correptis, compluribus caudæ voluminibus elisis, quum telorum jactu perforari nequiret, ad ultimum balistarum tormentis undique petitam, silicum crebris et ponderosis verberibus procubuisse, omnibusque et cohortibus et legionibus ipsa Carthagine visam terribiliorem, atque etiam cruore suo gurgitibus imbutis, corporisque jacentis pestifero afflatu vicina regione polluta, Romana inde submovisse castra. Dicit etiam, belluæ corium CXX pedum longum, in Urbem missum. »

[19. À l’occasion de ces faits extraordinaires, citons aussi le serpent qui fait, dans Tite-Live, le sujet d’un récit tout à la fois intéressant et rempli d’éloquence. D’après cet historien, en Afrique, auprès du fleuve Bagrada, se trouva un serpent si énorme qu’il empêchait l’armée de Regulus d’en approcher pour puiser de l’eau ; on perdit beaucoup de soldats, les uns engloutis dans ses vastes flancs, un plus grand nombre étouffés par les replis de sa queue, sans pouvoir réussir à le percer à coups de traits ; enfin, à l’aide de machines de guerre braquées sur lui de tous côtés, on vint à bout d’accabler, sous une grêle de pierres très pesantes ce monstre effroyable, plus terrible aux yeux des cohortes et des légions que Carthage elle-même ; l’eau du fleuve, mêlée de son sang, et l’air du voisinage, infecté par les exhalaisons pestilentielles de son cadavre, forcèrent les Romains à éloigner leur camp. Tite-Live ajoute que la peau de ce prodigieux serpent, longue de cent vingt pieds, fut portée à Rome. An de Rome 498).]

D’autres historiens latins ont rapporté cet épisode, non comme une légende mais bien comme un fait historique. Même s’ils avaient à leur disposition le livre XVIII de Tite-Live, on est en droit, pour un fait de notoriété publique, de supposer qu’ils ont puisé leurs récits à d’autres sources. Ainsi Aulu-Gelle, lui, cite Tubéron10, l’ami de Cicéron, dans le texte suivant (Nuits Attiques, VI, 3) :

« Historia sumpta ex libris Tuberonis de serpente invisitatae longitudinis. Tubero in historiis scriptum reliquit bello primo Pœnico Atilium Regulum consulem in Africa castris apud Bagradam flumen positis prœlium grande atque acre fecisse adversus unum serpentem in illis locis stabulantem invisitatæ immanitatis eumque magna totius exercitus conflictione balistis atque catapultis diu oppugnatum, eiusque interfecti corium longum pedes centum et viginti Romam misisse. »

[Récit tiré des livres de Tubéron, au sujet d’un serpent d’une longueur extraordinaire. On trouve dans les histoires de Tubéron que, dans la première guerre punique, le consul Atilius Regulus, ayant établi son camp en Afrique sur les bords du fleuve Bagrada avait livré un combat vif et violent contre un serpent d’une extraordinaire grandeur habitant en ces lieux. Toute l’armée l’ayant longuement attaqué en utilisant balistes et catapultes, quand celui-ci fut enfin abattu, sa peau de cent vingt pieds de long fut envoyée à Rome.]

Citons encore Florus écrivant sous Trajan un Abrégé de l’histoire romaine depuis Romulus jusqu’à Auguste  (Liber II) :

« Déjà, sous le commandement de Marcus Atilius Regulus, la guerre, traversant les flots, passe dans l’Afrique. Il ne manquait pas de Romains pour trembler d’épouvante au seul nom de la mer Punique, et le tribun Mannius augmentait encore leur terreur ; au cas où ils n’obéiraient pas, il les menaça de la hache, et leur inspira, par la crainte de la mort, la hardiesse de s’embarquer. La flotte fit bientôt force de voiles et de rames ; grande fut l’alarme des Carthaginois à l’arrivée de leurs ennemis, et peu s’en fallut que l’on ne surprît Carthage les portes ouvertes. Le premier fruit de la guerre fut la ville de Clypéa ; car elle se présente la première sur le rivage de l’Afrique, dont elle est comme la citadelle et le poste d’observation. Cette place et plus de trois cents forteresses furent dévastées.

Outre les hommes, on eut des monstres à combattre. Né comme pour la vengeance de l’Afrique, un serpent, d’une prodigieuse grandeur, désola notre camp assez près de Bagrada. Mais Regulus triompha de tout ; après avoir répandu au loin la terreur de son nom, tué ou mis dans les fers une grande partie de la jeunesse, et même des généraux ; après avoir envoyé d’avance à Rome une flotte chargée d’un riche butin et de l’immense appareil d’un triomphe, il pressait déjà le siège de Carthage elle-même, le foyer de la guerre, et était campé à ses portes. »

Et il n’y a pas que les historiens proprement dits à rapporter cette aventure, Pline l’ancien le grand naturaliste, dans ses Histoires Naturelles, au livre VIII traitant du règne animal, parle des serpents dans le passage suivant :

XIV. « Mégasthène écrit que dans l’Inde des serpents deviennent assez grands pour avaler des cerfs et des bœufs entiers ; Métrodore, qu’auprès du fleuve Rhyndacus, dans le Pont, ils sont tels qu’ils aspirent et engloutissent les oiseaux passant au-dessus d’eux, quelles que soient la hauteur et la rapidité du vol.

On connaît l’histoire du serpent qui, dans les guerres puniques, auprès du fleuve Bagrada, fut assiégé comme une citadelle par Regulus, avec des balistes et des machines ; il avait cent vingt pieds de long : sa peau et ses mâchoires ont été conservées à Rome, dans un temple, jusqu’à la guerre de Numance11. On peut croire à ces faits quand on voit en Italie le serpent appelé boa arriver à une telle grandeur que, sous le règne du dieu Claude, on trouva un enfant entier dans le corps d’un de ces animaux, tué au Vatican. »

Dans un autre genre encore, l’épopée lyrique, Silius Italicus, imitateur de Virgile, dans Punica, sa grande épopée en vers racontant la deuxième guerre punique, a trouvé cette histoire suffisamment remarquable pour la traiter dans une incise (Livre VI 140-293). Si on peut supposer que le genre de l’ouvrage est moins exigeant à l’égard de la vérité des détails historiques, il n’en donne pas moins une description intéressante et imagée :

[Suite à la défaite de Trasimène (217 av. J.C.) Serranus, le fils de Regulus, gravement blessé s’enfuit à travers champs et trouve refuge chez Marus, ancien compagnon de son père, qui le recueille et lui raconte l’histoire de Bagrada qui avait donc eu lieu quarante ans auparavant.] 

« Il est en Libye un fleuve dont les eaux fangeuses coulent lentement à travers des sables arides ; c’est le Bagrada12. Aucune rivière, dans ces contrées, n’étend davantage ses ondes où se mêle un impur limon, et ne couvre un plus grand espace de marais stagnants. Nous campions joyeux sur ses rives terribles, afin de ne pas manquer d’eau dans un pays où la terre en est si avare. Près de là s’étendait un bois sombre, au feuillage immobile, dont le soleil ne perçait jamais la pâle obscurité.

Une noire vapeur, qui s’en échappait, répandait dans les airs une odeur infecte. Au fond, était une caverne béante, servant d’ouverture à un antre aux détours souterrains, affreuse demeure, dont la lumière du jour ne chassait jamais les ténèbres. J’en frémis encore. Un monstre effroyable, engendré par la terre en courroux, et tel qu’aucun âge d’homme n’en verra de pareil, un serpent, long de cent brasses13, avait choisi pour retraite cette rive mortelle, et cet autre bois de l’Averne. Les lions, qu’il saisissait lorsqu’ils venaient boire, servaient à nourrir le poison dans son ventre immense. D’autres fois, il dévorait les troupeaux qu’on ramenait le long du fleuve, pendant la chaleur du jour, ou bien les oiseaux que faisait tomber du haut des airs l’odeur qu’exhalait son souffle empesté. Des os demi rongés étaient épars sur le sol; et, quand il s’était largement rassasié par le carnage des troupeaux, il venait revomir la sanie dans les ténèbres de son antre. S’il cherchait un gouffre rapide et écumant pour éteindre l’incendie qu’avait allumé dans son corps la fermentation de sa pâture, il n’était pas encore tout entier dans l’eau que déjà sa tête repassait sur la rive opposée.

Dans l’ignorance d’un aussi grand péril, je marchais sans défiance sur les bords du fleuve, accompagné d’Aquinus, habitant de l’Apennin, et d’Avens, natif de l’Ombrie. Nous voulions reconnaître le bois et explorer sa douce solitude. À peine en approchions-nous, qu’un frémissement secret circula dans tous nos membres, et qu’ils se raidirent, glacés par un frisson intérieur. Nous entrons néanmoins, en adressant des prières aux nymphes et au Dieu de ces ondes inconnues, et, malgré la terreur qui nous agite, nous pénétrons jusqu’au fond du bois. Soudain, de l’ouverture de l’antre, s’échappe un souffle mortel plus violent que toute la fureur de l’Eurus. Une tempête s’élève et sort de la vaste gorge du monstre, et nous sommes assaillis par un orage accompagné de sifflements dignes de Cerbère :

Hors de nous-mêmes à la vue du danger, nous croyons entendre tour à tour le sol retentir, la terre trembler, l’antre crouler : il nous semble que les mânes passent devant nos yeux. Le monstre, pareil aux serpents dont les géants étaient armés quand ils escaladèrent le ciel14, à celui qui fatigua Hercule dans les marais de Lerne15, ou au dragon que Junon préposait à la garde des rameaux chargés d’or16, sortit du fond de la terre, et, dressant sa vaste tête, du seul souffle de sa gueule entr’ouverte, souilla les airs et le ciel. Nous fuyons : nous voulons jeter des cris, la crainte les étouffe : vains efforts; l’hydre remplit tout le bois de ses sifflements.

Aveuglé par sa frayeur, Avens, que les destins entraînaient à sa perte et condamnaient à périr victime de sa hardiesse, se blottit dans un vieux chêne fort élevé, espérant ainsi échapper à la voracité du monstre. Je peux encore à peine le croire! le serpent, roulant autour du tronc ses immenses replis, arrache cet arbre immense, l’abat et le renverse, malgré la profondeur de ses racines : puis il saisit l’infortuné dont le dernier cri appelait ses compagnons, et l’engloutit dans son ventre hideux. J’ai vu de mes yeux cette gueule infernale le dévorer tout entier. Aquinus, non moins malheureux, s’était jeté dans le fleuve, et fendait à la nage le courant rapide; mais le serpent l’atteint avant qu’il soit au milieu des eaux, et le ramène sur la rive. Ô mort affreuse! il en fait sa hideuse pâture. Je pus échapper ainsi à la rage du monstre.

J’accours au camp aussi promptement que me le permet la crainte, et je rends compte de tout à Regulus. Touché du triste sort de ces guerriers, le général en gémit. Rapide comme l’éclair, dans le danger, au milieu de la guerre et des batailles, il brûlait, en présence de l’ennemi, d’une ardeur démesurée pour la gloire.

Il ordonne que l’on prenne les armes, et qu’une troupe de cavaliers d’élite se mette en marche. Il part lui-même, pressant de l’éperon son coursier docile La troupe armée le suit à l’instant : on porte des balistes, machines terribles pour les murailles, et les catapultes, dont le trait colossal peut ébranler les plus fortes tours. Dès que le bruit des chevaux, battant la plaine, a fait retentir la demeure sinistre du monstre, furieux du hennissement des coursiers, il se déroule, sort de son antre, et, de sa gueule fumante, exhale en sifflant un souffle infernal. Des feux pareils à l’éclair jaillissent de ses yeux; la crête qu’il dresse sur sa tête domine les arbres les plus élevés de la forêt; sa triple langue, qu’il darde, brille dans l’air et le sillonne en s’agitant. Mais à peine a-t-il entendu le son de la trompette, que, plein de terreur, il dresse son vaste corps, et se tient sur sa croupe en ramassant le reste de ses replis sous sa poitrine. Alors il fond sur l’ennemi, déroule rapidement les nombreux cercles de sa queue, et se développant dans toute son étendue, se trouve tout près de la troupe, dont il paraissait si éloigné. Les chevaux, épouvantés à sa vue, retiennent leur haleine; puis, impatients du frein qui les assujettit, jettent le feu par les narines. Le monstre, tenant la tête haute sur son cou gonflé, la promène à droite et à gauche. Dans sa fureur, il enlève ceux-ci tout tremblants, écrase ceux-là sous son poids énorme, brise leurs os, aspire leur sang, et, tandis que sa gueule en dégoutte encore, il la rouvre pour saisir une autre victime, et en abandonne les membres demi dévorés. Déjà la troupe reculait, et le monstre vainqueur la poursuivait encore, même éloignée, de son souffle empesté.

Regulus rappelle aussitôt ses cavaliers au combat :« Fuirons-nous, Romains, devant un serpent? et l’Italie ne pourra-t-elle tenir contre un monstre de la Libye? Si son souffle vous a désarmés, si l’aspect de sa gueule vous a ôté tout courage, j’irai l’affronter seul, et ma main saura soutenir la lutte ». Il dit, et, sans hésiter, il lance d’un bras vigoureux une flèche rapide à travers les airs. Le trait siffle, va frapper le front du monstre, et s’y enfonce d’autant plus avant, que le reptile, s’élançant de nouveau, semblait être venu au-devant du fer. Un cri s’élève aussitôt jusqu’aux astres ; les demeures célestes retentissent en échos prolongés.

Le serpent furieux ne peut se résoudre à fuir, quoiqu’en proie à une douleur jusqu’alors inconnue, car il n’avait jamais senti le tranchant de l’acier. Il s’élance, exaspéré par sa blessure, et Regulus eût vainement tenté d’éviter sa poursuite, sans son habileté à manier un coursier. Le monstre, en effet, suit les détours du cheval, en multipliant ses flexibles replis, et le cavalier n’évite ses atteintes qu’en se jetant rapidement sur la gauche. Mais le bras de Marus, témoin de ce combat, ne resta pas oisif et sans vigueur. Ce fut sa lance qui porta le second coup au terrible monstre.

Déjà il effleurait de sa triple langue le coursier que le combat avait fatigué. Un trait que je lance attire aussitôt sur moi toute la rage du cruel serpent. La cohorte imite cet exemple, et chacun provoque à son tour sa colère en l’accablant de javelots. Mais un coup de baliste l’arrête, abattu, et lui ôte sa vigueur. Son épine brisée a perdu cette raideur qui lui permettait de dresser sa tête dans les airs ; il se ralentit dans son attaque. Déjà une falarique17 lui a percé le ventre; des flèches rapides lui ont crevé les yeux. Du fond de sa large blessure coule un sang corrompu, dont l’air est empesté. Sa queue immense, dernière ressource du reptile, reste sans mouvement, percée de javelots, écrasée de projectiles; néanmoins il nous menace encore de sa gueule abattue ; une poutre enfin, sifflant avec grand bruit, et lancée par des machines de guerre, lui fend la tête en éclats. Étendu alors dans toute sa longueur sur le rivage, il exhale de sa gueule une nuée de vapeurs empoisonnées.

Alors sortirent du fleuve de tristes mugissements; un murmure se fit entendre au fond des grottes ; et soudain le bocage, l’antre, les rives retentirent de plaintes amères. Que nous avons, hélas! payé cher cette funeste victoire! à quels supplices, à quelle rage n’avons-nous pas été livrés ? Les devins, révélant la vérité, nous avertirent trop tard, pour notre malheur, que nous avions tué le serviteur des naïades du fleuve Bagrada.

Ce fut alors, Serranus, que ton père me donna cette lance, récompense glorieuse du second coup porté au monstre, et qui, la première, avait été trempée dans son sang ».

Dans un autre registre enfin on peut citer Sénèque18 qui fait certainement allusion à Regulus à la fin de sa quatre-vingt-deuxième lettre à Lucilius :

« Il faut des armes puissantes pour frapper des monstres puissants. Ce serpent, qui désolait l’Afrique, et qui était plus redoutable aux légions romaines que la guerre même, en vain l’attaqua-t-on avec des flèches et des frondes; le javelot lui-même ne pouvait le blesser : dure en raison de la grosseur de son corps, sa vaste enveloppe repoussait également le fer et toute arme lancée par un bras humain ; il fallut pour l’écraser des rochers entiers. Et contre la mort vous employez des armes aussi faibles ? Vous attaquez un lion avec une alêne ? Ce que vous dites est subtil : mais la barbe d’un épi est subtile aussi. Il est des armes que leur subtilité même rend inutiles et inefficaces. »

N’ayant trouvé aucun auteur ancien mettant en doute ce récit, il semble donc établi que les Romains – qui ne sont pourtant pas connus pour leur crédulité mais qui ont souvent fait montre de scepticisme (voir Cicéron par exemple) – ont considéré cette histoire de Bagrada comme étant réelle : comment mettre en doute un récit accrédité par toute une armée et quand la peau du monstre a été, pendant un siècle, vue par tous les Romains ? 

D’ailleurs, sans aller jusqu’à une telle taille, Suétone19 rapporte que les Romains de l’époque d’Auguste avaient pu voir de leurs propres yeux un serpent géant exposé sur le forum (Vie des douze Césars, “Auguste”, 43-11) :

 » (…) anguem quinquaginta cubitorum pro Comitio. »

(C’est ainsi qu’il fit voir… un serpent de cinquante coudées20 sur le forum.)

Au XIXème siècle, cette histoire faisait encore partie de la culture commune, comme le montre cet extrait de La revue des deux mondes de 1864 dissertant sur les serpents :

« (En Inde) les habitants des pays voisins des forêts et des fleuves prétendent rencontrer quelquefois de ces animaux d’une longueur démesurée. Les naturalistes de leur côté, ne possédant que des individus de quelques mètres de long, ont fixé à quarante ou quarante-cinq pieds le maximum des plus grandes espèces, et je crois devoir cette fois me ranger du côté des Indiens. Les autorités ici ne manquent pas. En Afrique, on trouve d’abord deux serpents en quelque sorte historiques, l’un de soixante-quinze pieds de long, l’autre de cent vingt. Le premier, dont parle Suétone, parut dans le cirque sous le règne d’Auguste ; l’autre, connu de tout le monde, est ce monstrueux reptile que les soldats de Regulus attaquèrent comme une forteresse vivante sur les bords du fleuve Bagrada, dans le territoire de Carthage.

Sa peau, envoyée à Rome et déposée au Capitole, y resta jusqu’à l’incendie qui détruisit cet édifice lors de la guerre de Numance. »

Ce n’est que depuis le XVIIIème siècle, à la suite de Voltaire et d’autres, qu’on a pris l’habitude de ne plus se fier aux auteurs anciens, mais de soumettre leurs récits au tamis de son propre jugement critique. « Ne croyez que ce qui est vraisemblable », écrivait de la sorte Voltaire dans sa préface de l’Histoire de Charles XII. Et avec talent, il donnait plusieurs exemples de choses peu ordinaires, expliquant pourquoi il fallait croire celles-ci et non celles-là, et créant avec le lecteur séduit (voire sidéré) une complicité telle que celui-ci se sent plus intelligent que tous les compilateurs d’histoires anciennes, brusquement ravalés au rang d’enfants ayant recopiés des contes de fées sans intérêt.

Dans la lignée de Voltaire, avec les progrès de la science (cf. l’opinion des naturalistes rapporté dans La revue des deux mondes ci-dessus, opinion qui n’a fait que se renforcer depuis le XVIIIème siècle), on “sait” que de tels animaux n’existent pas. En effet, dans le cas contraire, il faudrait admettre que des animaux gigantesques qui n’existent plus aujourd’hui vivaient il y a seulement deux millénaires (et non des millions d’années…21), voire que l’hypothèse actualiste22 est fausse. On “sait” donc aujourd’hui que Regulus n’a pas rencontré un serpent de trente-six mètres de long.

Reste à expliquer l’origine de cette fable. De deux choses l’une : soit la taille du serpent a été honteusement exagérée, soit cette histoire fut inventée de toutes pièces. Dans la première hypothèse, la taille du serpent aurait été multipliée au moins par quatre (les serpents géants n’atteignent jamais dix mètres), et les circonstances du combat auraient été enjolivées, sur le modèle des contes mythologiques, pour glorifier Regulus et son armée. Dans les deux cas, il faut se demander pourquoi, par qui, et comment on aurait réussi à faire accroire aux Romains, qui n’étaient pourtant ni naïfs ni crédules, des faits si éloignés de la réalité. Certains hasardent des hypothèses à ce sujet. Un site internet en anglais23 reconnaît que cette histoire a été considérée comme vraie jusqu’à la fin du XIXème siècle, jusqu’à ce qu’il soit prouvé que les dragons n’ont jamais existé24, et conclut qu’il s’agit du plus grand mensonge jamais raconté.

Il imagine que Regulus, anticipant sa future défaite, aurait cherché une excuse auprès du Sénat et qu’il y aurait envoyé des peaux de crocodile découpées avec art pour faire accroire son histoire.

Ces hypothèses ne semblent pourtant pas très probantes, voire complètement invraisemblables. On sait en effet que Regulus obtint une victoire rapide. Les Carthaginois lui demandèrent la paix qu’il ne voulut concéder qu’à des conditions si dures qu’ils préférèrent continuer la guerre et durent engager Xanthippe, un Lacédémonien, à leur secours. On ne voit pas comment les Romains de l’époque de Cicéron et d’Auguste auraient pu croire à une telle fable sans preuves bien établies.

Il semblerait plus logique de faire un raisonnement par l’absurde : si une assertion entraîne une conclusion fausse, c’est que l’assertion initiale est fausse. En l’occurrence, il faut conclure que l’histoire de Regulus est vraie et que vivaient à l’époque des Romains des monstres qui n’ont laissé aucune postérité.

En effet, en supposant que cette histoire est fausse on arrive à des assertions absurdes (que les Romains étaient si naïfs et crédules, qu’ils ne s’étaient pas aperçus que les dépouilles du serpent avaient été falsifiées, que les écrivains Romains les plus renommés se sont amusés à insérer une fable au milieu d’arguments sérieux, etc.).

Mais ce raisonnement est inopérant sur des esprits qui se fient à une vérité « révélée »25 qu’un esprit sain ne saurait révoquer en doute et qui affirme implicitement : « il n’existe ni dragons, ni serpents de plus de dix mètres de long. » S’il semble y avoir une contradiction avec des faits c’est qu’il y a probablement une erreur quelque part, et peu importe de savoir où : pourquoi s’ennuyer avec des problèmes inutiles ? C’est le phénomène psychologique de la « double-pensée », décrit par Orwell dans 1984, qui permet de s’accommoder de contradictions en évitant de les formuler et d’en prendre conscience. Mais malgré une formation intensive à la pratique de la « double-pensée », certaines personnes « peu agiles » resteront gênées et mal à l’aise devant ce genre de choses.

Pour remédier à cela, après avoir insinué le doute sur la longueur du serpent, puis sur son existence, reléguée à un événement fabuleux, la meilleure solution est, sans aller jusqu’à réécrire l’histoire (cf. 1984), du moins à « l’effacer ». Ainsi, alors qu’on trouvait encore dans le Larousse Universel  de 1923 en deux volumes, à l’article “Bagrada” : « L’armée de Regulus tua sur ses bords un serpent énorme dont la peau fut envoyée à Rome. (255 av. J.C.) », cette mention a été supprimée dans le  Grand Larousse Encyclopédique de 1960 en dix volumes, et l’article “Bagrada” lui-même n’existe plus dans le Grand Larousse en 5 volumes  de 1987. Quand les faits ne s’accordent pas avec la « réalité », le mieux n’est-il pas de les ignorer ? De même, la vie de Regulus a d’abord été retirée des extraits du De Viris de Lhomond étudiés au lycée, puis l’histoire antique n’a plus été enseignée, et enfin l’enseignement des langues anciennes est en passe d’être définitivement supprimé.

Ainsi le passé devient-il une « tabula rasa » qui ne risque plus de gêner les futures générations dans la connaissance de la « réalité ».26

1 Charles François Lhomond (1724-1794) Son ouvrage le De Viris Illustribus Urbis Romæ a Romulo ad Augustum (1775) est le livre de pédagogie élémentaire, à l’usage des classes de sixième, avec lequel des générations de français ont appris le latin et l’histoire de Rome.

2Le pied romain valant 30 cm, ce serpent aurait donc mesuré environ 36 m.

3Dragon.Du latin draco (grec drakôn) : « espèce de serpent fabuleux ». Les Septante avaient traduit par “dragon” plusieurs passages de l’Ancien Testament, où il est question du serpent.

Les dictionnaires usuels (cf. TLFI : http://atilf.atilf.fr/) donnent des définitions du genre :

– « Des êtres très différents issus de l’imagination humaine ont été appelés dragons. Les traditions de tous les pays ont leurs dragons et leurs tarasques, leursgrand’bêtes” qui font peur aux petits enfants et aux peuples encore enfants (DÉVIGNE, Légendes de France). »

– « Monstres fabuleux qu’on représente généralement avec des griffes de lion, des ailes d’aigle et une queue de serpent. » (cf. le Sphynx d’Œdipe)

Leurs attributs varient suivant les récits, mais leurs caractéristiques physiques demeurent généralement les mêmes : des écailles, des griffes, une crête, parfois des ailes, ils tuent par leur souffle ou même par leur seul aspect (cf. les Gorgones).

– « Un dragon ailé lançant du feu par les yeux, la gueule et les narines (HUGO, Han d’Islande). »

Au plan moral, ils sont considérés comme des monstres infernaux symbolisant le démon. Mais ils représentent aussi le type du gardien et sont souvent affectés à la garde d’un trésor fabuleux (peut-être est-ce une réminiscence confuse des Chérubins gardant l’entrée de l’Eden avec une épée de feu pour empêcher les hommes d’atteindre l’arbre de vie ? Voy. Gn 3,24).

– « Aussi les voit-on souvent employés à garder des trésors. Un dragon gardait à Colchis la toison d’or que Jason conquit sur lui. Un dragon veillait sur les pommes d’or du jardin des Hespérides. Il fut tué par Hercule et transformé par Junon en une étoile du ciel. (…) Un dragon défendait aux hommes rudes et ignorants de boire à la fon­taine de Castalie. Il faut se rappeler aussi le dragon d’Andromède, qui fut tué par Persée.» (A.FRANCE, L’Île des pingouins)

Remarque : les auteurs latins dont il est question dans cet article, n’ont jamais employé le mot “draco” au sujet du serpent de Bagrada, mais le mot « serpens » (cf. serpo : ramper ; de même repo : ramper, d’où reptiles) ou “anguis” voire “monstrum”.

4Tite-Live (59 av. J.C – 17 ap. J.C). Considéré comme le plus grand historien romain, son œuvre monumentale intitulée  Ab Urbe Condita libri, écrite sous Tibère, rapportait toute l’histoire de Rome depuis sa fondation jusqu’au premier siècle ; elle ne nous est parvenue qu’en partie, mais nous en avons un résumé : les Periochæ. Tite-Live avait à sa disposition, outre ses prédécesseurs, nombre d’annales disparues depuis, ainsi que de nombreuses inscriptions publiques. Il avait un goût exigeant pour la vérité historique et Tacite, écrivant un siècle plus tard, l’a qualifié «d’illustre entre tous pour son style et sa véracité » (Annales IV 34).

5Valère-Maxime. Historien latin du temps de Tibère (premier siècle après  J.C.). Il a laissé un recueil de neuf livres de Dits et Faits mémorables, extrait d’ouvrages des historiens latins et grecs. Son livre contient un assez grand nombre d’épisodes que nous ne connaissons pas par ailleurs, ce qui fait pour nous toute sa valeur ; c’est un répertoire de faits se rapportant à la religion, à la vie civile et à la vie sociale, et d’anecdotes historiques.

6Florus (70 – 140). A vécu sous Trajan, ami d’Hadrien. Il a laissé un Épitomé ou Abrégé de l’histoire romaine depuis Romulus jusqu’à Auguste . Écrit avec élégance, dans un style concis mais recherché.

7Pline l’ancien (23 – 79). Ami de Vespasien. Il mourut victime de sa curiosité scientifique, à la tête de la flotte dont il était l’amiral, en voulant voir de près la fameuse éruption du Vésuve. Naturaliste Romain, auteur d’une Histoire Naturelle en 37 livres, compilation immense de plus de deux mille ouvrages, sorte d’encyclopédie précieuse pour l’histoire de la science dans l’antiquité.

8Silius Italicus (28 – 101). Riche Romain, admirateur de Cicéron et de Virgile, il écrivit une épopée, Punica, qui avait pour sujet la deuxième guerre punique. Cherchant à imiter Virgile, il a écrit une œuvre sans défaut mais son talent n’est en rien comparable au génie de Virgile.

9Aulu-Gelle (né vers 130). Son ouvrage Nuits Attiques  manifeste un esprit curieux et fin. Il est précieux par le nombre de renseignements qu’il a conservés sur les écrivains archaïques qu’il copiait.

10Tubéron (premier siècle av. J.C.) Connu pour son amitié avec Cicéron, Tubéron cultivait les lettres et la philosophie. Il écrivit douze livres d’Histoires aujourd’hui perdus. Le philosophe Ænésidème lui dédia ses travaux sur la philosophie sceptique de Pyrrhon.

11La guerre de Numance eut lieu vers 143 av. J.C. soit moins d’un siècle avant Tite-Live ; la dépouille du serpent est donc restée visible à Rome pendant plus d’un siècle.

12Le fleuve Bagrada (également orthographié Bagradas ou Bagrade, aujourd’hui Medjerda) charrie quantité d’alluvions qui ont créé des marécages. Ceux-ci, selon les anciens, offraient probablement un milieu propice à la vie de ce genre de monstres amphibies (cf. la Tarasque dans le delta du Rhône, l’Hydre de Lerne…).

13 « serpens centum porrectus in ulnas » : un serpent long de cent brasses. Ulna , avant-bras, bras, brasse a été utilisée comme mesure de longueur par Virgile, mais le terme est trop vague pour donner une indication précise (cent coudées ou cent brasses ?) ; Silius Italicus guidé par des considérations poétiques a probablement simplement voulu souligner la taille gigantesque de la bête.

14Allusion au combat des Titans contre les dieux ?

15Hydre de Lerne : serpent monstrueux habitant dans les marais insalubres de Lerne, en Argolide. Tué par Hercule sur ordre d’Euristhée (un des douze travaux d’Hercule).

16Allusion au jardin des Hespérides où un dragon veillait sur les pommes d’or d’un verger merveilleux. Ces pommes auraient été offertes à Junon par Gaïa (cf. Eden).

17 Falarique: arme de jet en forme de flèche ; javelot enduit de filasse et de poix utilisé pour les sièges.

18Sénèque (4 – 65). Précepteur de Néron qui l’appela au pouvoir avant de le condamner. Tragédien, il est surtout connu en tant que philosophe stoïcien.

19Suétone (75 – 160). Historien latin qui vécut à la cour d’Hadrien. Connu pour sa Vie des douze Césars, recueil d’anecdotes d’un intérêt documentaire considérable.

20 La coudée valant à peu près 45 cm, ce serpent faisait donc environ vingt-deux mètres de long.

21 Voyez le “Titanoboa”, serpent fossile de 14 m, découvert en Colombie en 2009 : http://www.maxisciences.com/titanoboa/le-titanoboa-le-plus-gros-serpent-ayant-jamais-existe-sur-terre_art33621.html © Gentside Découverte. On peut y lire : « Heureusement, le serpent arpentait notre planète il y a plus de 50 millions d’années et a disparu à la fin du Paléocène. »

22 Actualisme : Doctrine selon laquelle les phénomènes du passé s’expliquent par la longue activité des causes qui produisent les phénomènes actuels. Elle postule que les processus qui se sont exercés dans le passé s’exercent encore de nos jours. L’adage « le présent est la clé du passé » résume la méthode qui en découle.

23 https://sites.google.com/site/sciencemysteries/roman-dragon-lore

24“The story was considered real until the last century, when the existence of dragons was finally disproved.” L’auteur n’a pas jugé utile de donner une quelconque référence appuyant son affirmation, c’est en effet inutile pour quelque chose d’aussi évident…

25La question qui se pose est de savoir quel est le dieu qui « révèle » cette « Vérité » (qu’un serpent de 36 m n’a pas pu exister à l’époque des guerres puniques).

26Notez l’aspect progressif de la démarche, procédé qui a fait ses preuves en de multiples domaines pour établir un changement en douceur, alors que si ce changement était imposé brutalement, les esprits se révolteraient.

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