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Par François Marcel

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HISTOIRE
« Si l’homme est libre de choisir ses idées, il n’est pas libre d’échapper aux conséquences des idées qu’il a choisies»
(Marcel François).

Le « miracle de la Vistule »1

Résumé : Dans l’esprit des bolchéviques, tant de Lénine que de Trotski, la révolution dite « russe » ne devait être qu’un bref épisode dans la révolution mondiale et, une fois le tsar « liquidé », l’Armée Rouge avancerait vers l’Ouest, en particulier vers l’Allemagne et la Hongrie où les forces « progressistes » s’étaient solidement installées à la faveur de l’après-guerre. Il fallait cependant traverser la Pologne que le traité de Versailles avait rétablie mais dont l’État était à peine consolidé, ayant à régir trois populations distinctes qui, depuis plusieurs générations, avaient vécu sous des administrations bien différentes. À l’été 1920, l’Armée Rouge, forte de 2 millions d’hommes, avança donc vers la Vistule pour s’emparer de Varsovie et aucune chancellerie ne croyait possible de l’arrêter.

Seul le pape Benoît XV, conscient du danger pour l’Occident, alerta les évêques du monde entier et fit prier pour la Pologne. Sur place, le nonce Alexandre Ratti (le futur Pie XI) se mêla aux combattants pour les soutenir et l’on vit un prêtre, le P. Skorupka, retrouver ses réflexes d’officier et diriger sa compagnie en soutane, le crucifix à la main. Alors, à l’étonnement du monde entier, le 6 août, une audacieuse contre-attaque latérale surprit les soviétiques qui, ne sachant se replier en ordre, prirent la fuite en abandonnant 60 000 prisonniers. L’Histoire est divine !

Pour les historiens, c’est l’une des dix-huit batailles les plus importantes de l’histoire du monde. Pour l’Europe chrétienne, c’est celle dont l’importance n’est comparable qu’aux victoires contre les musulmans à Lépante (1571) et à Vienne (1583), qui sauvèrent le continent de l’invasion musulmane.

Il s’agit de la bataille de Varsovie, dans la guerre entre la Pologne et la Russie bolchévique, en 1920, dont le 73e anniversaire a été célébré le 15 août dernier.

En tenant compte de la supériorité numérique de l’armée russe, forte de son invincibilité, la victoire des Polonais sur l’Armée rouge semblait impossible, et c’est pourquoi elle est restée dans l’histoire comme « le miracle de la Vistule » (une expression très chère à Jean-Paul II).

Les Polonais ont réussi à stopper la tentative « d’exportation » par les armes de la révolution russe, qui aurait changé l’histoire de la civilisation européenne du XXe siècle. Et cela n’était nullement acquis d’avance, si l’on considère le fait que l’armée polonaise ne s’était formée qu’un an et demi avant la bataille décisive. La Pologne avait reconquis sa souveraineté nationale le 18 novembre 1918, après plus d’un siècle d’occupation. À la suite des trois partages effectués entre 1772 et 1795 par les trois puissants empires voisins – russe, prussien et austro-hongrois –, la Pologne avait longtemps disparu de la carte de l’Europe.

Mais l’indépendance du pays, reconquise après la Première Guerre mondiale, fut aussitôt mise en danger : la menace venait toujours de l’Est, mais cette fois de la Russie qui, après la Révolution d’Octobre, était devenue un pays bolchévique. Dès novembre 1918, le Conseil des commissaires du peuple (le gouvernement bolchévique) prit la décision de former, dans le cadre de l’Armée rouge, la fameuse Armée occidentale. Elle devait permettre d’atteindre l’objectif stratégique des communistes soviétiques, à savoir la « Révolution mondiale ». D’après Lénine et ses compagnons, l’Europe était rassasiée et riche, mais en proie au chaos, malade et démoralisée. Elle était donc « mûre » pour la révolution, mais il fallait pour cela « transpercer avec les baïonnettes de l’Armée rouge » le cœur du continent.

Les Soviétiques commencèrent à concentrer sur les frontières polonaises les meilleurs détachements parvenus de tout le pays. Le 10 mars 1920, à Smolensk, eut lieu la réunion des chefs de l’Armée rouge, du « Front occidental » et des commissaires communistes, dont Staline. C’est alors que fut prise la décision d’attaquer la Pologne et l’Europe selon un plan qui devait se dérouler le long de la trajectoire Varsovie, Poznan, Berlin et Paris.

Grâce au brillant travail de l’espionnage polonais, le maréchal Josef Pilsudski, le chef charismatique de l’armée polonaise, était au courant des plans soviétiques et il décida d’agir immédiatement. Le 25 avril, anticipant l’attaque bolchévique, Pilsudski lança l’armée polonaise contre les Russes pour disperser l’Armée rouge et pour créer sur le territoire conquis un État ukrainien indépendant. Malgré la conquête de Kiev, ces objectifs ne furent pas atteints et l’armée polonaise dut se retirer devant la contre-offensive de la cavalerie de Boudienny (12 juin).

Entre-temps, les chefs bolchéviques du Kremlin étaient de plus en plus convaincus de la possibilité de conquérir l’Europe. Lénine, pendant le IIe Congrès du Kominterm (l’organisation internationale des partis communistes, plus connue sous le nom d’Internationale communiste) qui s’était rassemblé au début du mois d’août 1920, affirma résolument : « Oui, les troupes soviétiques sont à Varsovie. Dans peu de temps, nous aurons aussi l’Allemagne. Nous reconquerrons la Hongrie et les Balkans se soulèveront contre le capitalisme. L’Italie tremblera. L’Europe bourgeoise craque de tous les côtés, au milieu de cette tempête. » Les militaires aussi affichaient leur assurance : le maréchal Michail Toukhatchevski dit aux chefs des brigades de la cavalerie cosaque : « D’ici la fin de l’été, on entendra le son des sabots de vos chevaux dans les rues de Paris2. »

Pendant l’été 1920, alors que l’Armée rouge avançait, menaçante, vers le fleuve de la Vistule jusqu’aux portes de Varsovie, les évêques polonais, pour réveiller les consciences, réagirent en envoyant des lettres à la nation et aux épiscopats du monde entier, ainsi qu’au Pape, demandant à Benoît XV des prières et des bénédictions pour la Pologne menacée par les bolchéviques.

Dans leur courageuse lettre aux Églises du monde, les évêques firent une analyse très précise de la situation en disant : « La Pologne n’avait pas l’intention de se battre ; elle y a été contrainte. En outre, nous ne combattons nullement contre la nation, mais plutôt contre ceux qui ont renversé la Russie, qui ont bu son sang et son âme, aspirant à occuper de nouvelles terres. Comme un essaim de sauterelles qui, après avoir détruit tout signe de vie dans un lieu, se déplacent ailleurs, contraintes par leur propre action destructrice à émigrer ; de même, maintenant, après avoir ‘empoisonné’ et saccagé la Russie, le bolchévisme, menaçant, se tourne vers la Pologne. »

Les évêques attirèrent l’attention du monde entier sur le fait que les Polonais n’étaient pas les seuls à être menacés : « Pour l’ennemi qui nous combat, la Pologne n’est pas la destination ultime de sa marche ; elle est plutôt une étape et une plate-forme d’envoi vers la conquête du monde », soulignant que l’expression « conquête du monde » n’était nullement exagérée parce que « le bolchévisme avait gagné par son réseau subversif, comme une araignée, des nations très éloignées de la Russie. […] Et aujourd’hui tout est prêt pour cette conquête du monde. Dans tous les pays, des troupes sont déjà organisées, attendant seulement le signal de la bataille ; les préparatifs de grèves continues battent leur plein, en vue de paralyser la vie normale des nations. La discorde entre les différentes classes sociales est en train de se transformer en une haine désespérée et les influences internationales bloquent complètement tout jugement et toute autodéfense des nations. »

Tous devaient donc être conscients que, dans cette situation, « la Pologne est la dernière barrière sur la route du bolchévisme vers la conquête du monde : si elle devait s’écrouler, le bolchévisme se répandrait dans le monde entier, avec toute sa puissance de destruction. Et la vague qui menace déjà d’envahir le monde, est vraiment terrible ».

Les évêques polonais soulignèrent le risque que courait l’Église : « En plus de sa doctrine et de son action, le bolchévisme porte en lui un cœur plein de haine. Et cette haine est surtout dirigée contre le christianisme, dont il est la négation absolue, il est dirigé contre la croix du Christ et contre son Église. (…) Le bolchévisme est vraiment l’incarnation et la manifestation sur terre de l’Antéchrist. » Des paroles claires qu’en Occident peu de gens voulurent entendre.

Le monde est malheureusement resté sourd aux appels à l’aide des Polonais. Il semblait que tous, y compris les chancelleries occidentales, s’étaient résignés à la victoire communiste et que, paralysés, ils restaient sans rien faire. En revanche, dans les différentes églises, sollicitées par le Pape lui-même, on commença à prier pour la Pologne.

Le 5 août, Benoît XV envoya à son Cardinal vicaire Basilio Pompili une lettre qui exprimait toute la proximité du Pape pour le peuple polonais : « Monsieur le Cardinal, nous avons appris à notre grande satisfaction que, suivant nos suggestions, vous aviez demandé que dimanche prochain, dans la vénérable église du Gesù, des prières solennelles et ferventes soient élevées vers le Très-Haut pour invoquer les miséricordes du Seigneur sur la malheureuse Pologne. De très graves raisons nous conduisent à souhaiter que l’exemple que vous avez donné soit suivi par tous les évêques du monde catholique.

Bien connue en effet est la sollicitude maternelle et angoissée avec laquelle le Saint-Siège a toujours suivi les diverses infortunes de la nation polonaise. Lorsque toutes les nations civiles se sont inclinées en silence devant la prédominance de la force sur le droit, le Saint-Siège fut le seul à protester contre le partage inique de la Pologne et contre l’oppression non moins inique du peuple polonais.

Mais maintenant, il y a encore bien plus : maintenant ce n’est pas seulement l’existence nationale de la Pologne qui est en danger, mais l’Europe tout entière est menacée par les horreurs de nouvelles guerres.

Ce n’est donc pas seulement l’amour de la Pologne, mais l’amour de toute l’Europe qui nous pousse à désirer que tous les fidèles s’unissent à Nous pour supplier le Très-haut afin que, par l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, protectrice de la Pologne, il veuille épargner au peuple polonais ce suprême malheur et qu’il veuille, en même temps, éloigner ce nouveau fléau de l’Europe exsangue. »

Pendant ces mois terribles où les bolchéviques étaient à quelques kilomètres de Varsovie, Achille Ratti, le premier nonce apostolique de la Pologne renaissante, joua un rôle très important. Le nonce du Vatican fut le seul diplomate à rester dans la capitale, en août 1920, tandis que tout le corps diplomatique fuyait, épouvanté. Mgr Ratti participait aux prières organisées pendant la bataille sur la Vistule. Il eut aussi un geste très courageux et symbolique qui remonta le moral des combattants : il se rendit à Radzymin, sur le front, au cours de la bataille, pour manifester sa proximité avec les soldats. Le futur Pie XI, qui savait bien quel était le véritable enjeu de la guerre, avait déclaré qu’ « un ange des ténèbres menait une gigantesque bataille contre l’ange de la lumière ». Pour le pape Ratti, la Pologne resterait toujours le « rempart de l’Europe et du christianisme ».

Les avertissements de l’Église furent décisifs et mobilisèrent la population pour défendre sa patrie. Nous ne devons pas oublier que, en ce début du XXe siècle, n’existaient encore ni la radio ni la télévision. Sur l’ordre du cardinal Kakowski, archevêque de Varsovie, les appels des autorités polonaises furent lus dans toutes les églises du pays. Et grâce à ces appels, la population s’enrôla massivement dans l’armée.

Ceux qui ne pouvaient pas se battre restaient à la maison pour prier parce que grande était la peur d’une occupation par les bolchéviques. La terreur était aussi alimentée par les nouvelles des cruautés commises dans les zones déjà occupées. Les prêtres se tenaient aux côtés des soldats polonais. L’un d’eux surtout est entré dans l’histoire : le père Ignacy Skorupka, chapelain du 236e régiment d’infanterie composé de volontaires.

Le père Skorupka participa à la bataille de Varsovie toujours vêtu de sa soutane de religieux. Son régiment combattait près de Wolomin et subit des pertes importantes.

À un moment, le chapelain se rendit compte qu’il était le seul officier resté en vie et qu’il devait prendre sur lui la responsabilité des 250 soldats : la croix en main pour unique arme, il guida les jeunes volontaires en exécutant une contre-attaque sur les lignes ennemies et mourut au combat.

Peinture de Jan Henryk Rosen (Castel Gandolfo)

Fig. 1 Peinture de Jan Henryk Rosen (Castel Gandolfo)

La campagne massive de prières dans toute l’Église faisait l’objet de railleries dans les milieux socialistes et communistes en Occident. Le journal socialiste Avanti se moquait de l’initiative du Pape : « Le Pape compte sur l’intercession de la Vierge Marie. […] Le Pontife romain n’est pas au bout de ses peines s’il croit en l’efficacité de la Vierge ! Trois millions de soldats revêtent l’uniforme russe. […] Ces soldats et leurs canons vaudront beaucoup plus que tous les chapelets du monde. Dans quelques jours, nous en aurons la preuve. » Mais la réalité démentit les paroles méprisantes des socialistes italiens.

On ne peut parler de la bataille de Varsovie sans mentionner l’héroïsme des combattants polonais et le principal artisan de la victoire, le maréchal Jozef Pilsudski. Ce grand homme d’État polonais, peut-être le plus grand de l’histoire de la Pologne au début du XXe siècle, connaissait bien l’Occident comme la Russie.

Il parlait français, anglais, allemand, latin et même russe et se rendait compte du danger mortel que représentait le communisme pour l’Europe. D’autre part, il était conscient que l’Europe ne bougerait pas pour se défendre contre ce danger et n’apporterait pas d’aide à la Pologne.

Le maréchal Pilsudski savait qu’en défendant la Pologne, il défendait la civilisation européenne qui courait un très grand risque. Le chef de la jeune armée polonaise se trouvait dans une situation extrêmement difficile : devant l’avancée des Russes, son armée ne pouvait pas soutenir le combat et se retirait sur un front de 500 kilomètres. Ses conseillers3 lui suggéraient d’organiser la ligne de défense le long de la Vistule, autour de Varsovie, pour sauver à tout prix la capitale. Mais le maréchal se rendit compte que pour stopper presque deux millions de soldats bolchéviques, il fallait un très grand nombre d’hommes qu’il n’avait pas à sa disposition. Dans la nuit du 5 au 6 août, il inventa un autre plan, aussi risqué que génial parce que non prévu par le commandement russes. Avec le reste de son armée, il réorganisa six divisions qui attaquèrent le côté découvert de l’Armée bolchévique, au sud de Varsovie. Pour faire cette manœuvre, il priva la capitale de défense, mais la tactique réussit pleinement : les soldats russes, pris au dépourvu par cette attaque audacieuse, commencèrent à perdre du terrain et furent vaincus avant d’avoir pu se réorganiser4.

Ayant appris que le danger communiste avait été écarté, Benoît XV s’adressa au cardinal Kakowski, archevêque de Varsovie, au cardinal Dalbor, primat de Pologne, et à d’autres évêques polonais, dans une nouvelle lettre intitulée Cum de Poloniæ.

Datée du 8 septembre 1920, elle affirmait le caractère providentiel de la victoire polonaise. Le Pape écrivait : « Alors que nous étions encore préoccupés et remplis d’appréhension pour la situation de la Pologne, nous avons appris avec une grande joie la nouvelle des brillantes actions qui y ont été menées, grâce auxquelles la situation de votre patrie a changé à l’improviste, avec bonheur. Nous nous en réjouissons d’autant plus que, en admirant là l’intervention manifeste et tangible de Dieu, nous considérons que cette aide est aussi à attribuer aux prières que nous avions demandé d’élever vers Lui dans tout le monde catholique pour la Pologne. »

Dans sa lettre, le Pape ne manquait pas de rappeler quel était l’enjeu : « Un tel avantage et un tel secours de notre Dieu sont pour le bien non seulement de votre peuple mais aussi de tous les autres. Personne, en effet, n’ignore que la fureur belliqueuse et aveugle des ennemis avait pour visée ultime de détruire la nation polonaise, rempart de l’Europe, et avec elle le nom et la civilisation chrétienne, à travers la propagande appuyée de ses doctrines scélérates. »

Quand Achille Ratti devint le pape Pie XI, il voulut construire dans le Palais apostolique de Castel Gandolfo une nouvelle chapelle privée où il fit installer la reproduction du tableau de Notre-Dame de Czestochowa : les murs latéraux furent recouverts de fresques du peintre polonais Jan Henryk Rosen, qui peignit deux faits de l’histoire de la Pologne : d’un côté la défense du monastère de Jasna Gora de Czestochowa contre les Suédois, en 1655, et de l’autre la bataille de Varsovie – précisément « le miracle de la Vistule » – représentant le valeureux père Skorupka qui, la croix à la main, entraîne les soldats à l’attaque (cf. Fig. 1 supra). Cet hommage du pape Ratti aux défenseurs de Varsovie rappelle que les Européens sont débiteurs et qu’ils ne doivent pas l’oublier.

Liste des images présentes dans l’article.

  • image1: Peinture de Jan Henryk Rosen (Castel Gandolfo)
  • image2: Dans les villages, des statues de Pavel Morozov glorifient celui qui est appelé « Pionnier-héros numéro 001 ».

1 Source : Zenit du 22 août 2013. Anonyme ; traduction Hélène Ginabat.

2 Ndlr. Dans un ordre du jour demeuré célèbre, le 2 juillet 1920, Toukhatchevski proclamait : « Le destin de la révolution mondiale se décidera à l’Ouest… La route de l’incendie mondial passe sur le cadavre de la Pologne. »

3 Ndlr. Se trouvait parmi eux une mission franco-anglaise dirigée par le Général Weygand. Notons que la manœuvre de Pilsudski ressemble à l’attaque imprévue déclenchée par Gallieni (à peine nommé Gouverneur de Paris par un gouvernement qui, lui, quittait la capitale) les 5 et 6 septembre 1914 sur le flanc Est de l’armée allemande et qui amena von Molkte à se replier sur l’Aisne alors que le plan de l’armée française, établi le 2 septembre, était de se retirer au Sud de la Seine ! Cette étonnante « bataille de la Marne » ne se comprend bien, elle aussi, que par une intervention surnaturelle.

4 Ndlr. De surcroît, ils abandonnèrent 60 000 prisonniers.

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