Accueil » Comment la guerre aurait pu s’arrêter en 1943

Par Curtis B. Dall

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HISTOIRE
« Si l’homme est libre de choisir ses idées,il n’est pas libre d’échapper aux conséquences des idées qu’il a choisies. »
(Marcel François)

Comment la guerre aurait pu s’arrêter en 19431

Résumé : L’histoire des pourparlers de paix séparée entre l’Autriche et les Alliés, en 1917, est bien connue. Cette offre aurait sauvé des millions de vie humaines, changé le destin de l’Europe et empêché la Révolution russe. Mais elle fut repoussée par des politiciens sous influence. En revanche, on ignore largement qu’une offre similaire fut faite par les milieux conservateurs allemands au printemps de 1943, donc bien avant le coup d’État avorté du baron Claus von Stauffenberg en juillet 1944. Ici encore, l’entourage de Roosevelt avait d’autres plans pour l’après-guerre, notamment concernant les soviétiques, et la guerre fut menée jusqu’à une capitulation sans conditions, ce qui est le meilleur moyen d’entretenir les ressentiments. Le propre gendre de Roosevelt rapporte ici le témoignage désenchanté du gouverneur Earle, pourtant ancien condisciple, ami et soutien politique de Roosevelt, qui avait été condamné au silence absolu.

En 1963, j’eus une conversation extraordinaire avec l’ancien gouverneur George Earle, et ce qu’il me raconta à cette occasion dépasse l’entendement !

Ce déjeuner fut organisé par un ami, Edward W. Shober, de Philadelphie, qui me présenta son oncle George H. Earle, et il se déroula dans un restaurant de Philadelphie, Rittenhouse Club, un haut lieu des rendez-vous de la bonne société.

J’avais parlé à plusieurs reprises avec Ed [Edward] des circonstances qui avaient amené notre pays dans la Seconde Guerre mondiale, et ce, contre l’avis et le désir de la majorité du peuple américain. Les pertes en vies humaines, les pertes matérielles et financières, semblaient avoir favorisé une victoire soviétique, prévue à l’avance.

Nous avions aussi abordé, dans tous ses détails, comment notre pays avait été entraîné à son insu et d’une manière sournoise dans la Première Guerre mondiale par Woodrow Wilson, aidé en cela par le juge Louis Brandeis et d’autres. Dans cette guerre, nous avons aussi subi des pertes en hommes et en matériel.

Ed me dit : « Curtis, connais-tu mon oncle, George Earle ? » Je répondis : « Non, mais par contre j’ai beaucoup de choses le concernant et j’ai entendu parler de lui. Pourquoi ? »

« Eh bien ! – me dit-il – il pourrait te raconter une incroyable histoire entre FDR2 et lui qui pourrait te faire dresser les cheveux sur la tête. Il faut qu’il te la raconte en tête à tête et le peuple américain doit savoir le fin fond de l’affaire ! »

Je lui dis : « De quoi s’agit-il, Ed ? »

« Eh bien, cela concerne une proposition allemande d’armistice visant à arrêter la Seconde Guerre mondiale et une information inestimable qu’il avait glanée à Istanbul en 1943 », dit-il, puis continua : « Les Soviétiques étaient nos prétendus alliés, mais faisaient tous les préparatifs pour devenir nos ennemis potentiels en Europe. Ceux-ci recevaient de notre part matériel et aide militaire. Rappelle-toi que le Président Roosevelt avait nommé mon oncle attaché naval auprès de lui, détaché à Istanbul, en Turquie, alors pays neutre, pour glaner des informations sur ce qui se passait réellement dans les Balkans et en Allemagne. Et je peux te dire que, dans cette fonction, il brilla particulièrement, trop bien semble-t-il pour les politiciens de New York et de Washington qui cherchaient à poursuivre la guerre. »

George Earle fut l’un des premiers « partisans » du New Deal, un admirateur de FDR et de sa philosophie politique initiale. À cette époque, il envoya un chèque à cinq zéros au bassinet du parti démocrate et, comme on peut s’y attendre, ce geste ne passa pas inaperçu du comité financier du parti.

Bien que ne partageant pas la plupart des opinions politiques de George Earle, je fus interpellé par ce qu’Edward m’avait dit et lui confirmai que je serais heureux de pouvoir rencontrer son oncle. Ed s’était aperçu que son oncle avait été évincé par FDR et son administration.

J’allais donc pouvoir profiter de cette occasion pour le rencontrer. Ceci dit, j’étais totalement inconscient de la portée des informations que George Earle allait me donner, deux semaines plus tard lors d’un déjeuner.

Examinant l’oncle d’Ed de l’autre côté de la table, je vis un homme de taille moyenne qui était passionné par l’avenir et le bien-être de son pays. Je ne sentis en lui aucun désir de revanche, mais un fort sentiment de frustration et de déception face aux bénéfices réellement retirés par le pays à l’issue de la Deuxième Guerre mondiale.

Le gouverneur Earle ne parla pas de politique nationale ou locale. Tout cela n’était que de la petite bière en regard de ce qui allait suivre. Ses conseils judicieux et opportuns avaient été brutalement balayés. Il fut mis sur une « voie de garage » par la « garde prétorienne » de la Maison Blanche et, peut-être même, par son vieil ami Franklin Roosevelt qui, à un moment, semblait complètement sous sa domination.

George Earle avait longtemps occupé de très importants postes de confiance dans ce pays. C’est pourquoi ses paroles étaient chargées d’une incontestable autorité.

Voici différentes fonctions qu’il occupa : pendant la Première Guerre mondiale, il fut officier de marine et commandant d’un sous-marin, ce qui lui valut la médaille du Courage ; en 1933-1934, il fut ambassadeur des États-Unis en Autriche ; de 1935 à 1939, gouverneur de Pennsylvanie, et de 1940 à 1942, ambassadeur en Bulgarie.

En 1942, il reprit du service dans la Marine comme capitaine de corvette et officier d’artillerie sur le vaisseau de transport de troupes « L’Hermitage » qui convoya le grand général américain George Patton et ses troupes en Afrique du Nord.

En 1943, juste avant la rencontre de FDR et de Churchill à Casablanca, rencontre au cours de laquelle fut annoncée la politique à courte vue visant à exiger de l’Allemagne une « reddition sans condition », FDR le nomma attaché naval du Président à Istanbul, Turquie, endroit très stratégique, raison pour laquelle FDR y avait envoyé son ami.

Au début du repas, j’expliquai, m’adressant à l’officier de marine, que j’avais aussi servi dans la Marine, l’armée de terre et l’armée de l’air, au cours des deux conflits mondiaux, puis mis en « réserve » de l’armée de l’air en 1956.

Je le qualifiai de « gouverneur » plutôt que d’« officier de Marine », ce qui semblait mieux lui convenir.

Le gouverneur, tel le canonnier qu’il fut, ouvrit le feu par une salve directe : « Dall, j’ai dit à votre ancien beau-père FDR, alors que j’étais attaché naval à Istanbul, que nous pouvions abréger la Deuxième Guerre mondiale de presque deux ans, ce qu’il n’a jamais voulu entendre ou ce que l’on ne lui a pas laissé entendre. Vous ne le croirez jamais ! »

Clignant des yeux, je répondis : « Qu’entendez-vous par là, Gouverneur ? »

« Eh bien – dit-il – avez-vous lu par hasard les propos que j’ai tenus à Fowler dans Human Events3 à Washington, et ce qu’il en a restitué ? »

Je répondis que non, mais que j’en avais vaguement entendu parler par un ami.

Le gouverneur commença alors à raconter cette incroyable histoire, au point que je ne faisais plus attention aux plats présentés sur la table.

Il arriva donc à Istanbul au printemps 1943.

Il paraît qu’en Bulgarie, le gouverneur s’était déjà retrouvé face à certains dignitaires nazis, dans un restaurant célèbre. Les nazis demandèrent à l’orchestre du restaurant de jouer Deutschland über Alles, ce qu’il fit. George Earle, décidé à renvoyer l’ascenseur, fit porter un petit mot à l’orchestre pour lui demander de jouer Tipperary, ce qu’il fit. Il s’ensuivit une mêlée au cours de laquelle le Commander Earle, d’une manière très diplomatique, asséna un coup de bouteille sur le crâne d’un des nazis. Cet incident fit le tour de la presse internationale et reçut des applaudissements des cercles politiques proches de la Maison Blanche. De surcroît, la conséquence en fut le développement important de « cercles antinazis ».

Il y aura aussi de l’action à Istanbul !

Le gouverneur continua en expliquant qu’un beau matin, on frappa à la porte de sa chambre d’hôtel. Il l’ouvrit et se retrouva face à face avec un homme de taille moyenne, aux épaules larges et habillé en civil, qui lui demanda un entretien. Il se présenta comme étant Wilhelm Canaris, amiral, chef des services secrets allemands.

Le fond de la discussion était le suivant : il y avait beaucoup d’Allemands qui aimaient leur pays, mais désapprouvaient Hitler dans son comportement suicidaire.

L’amiral Canaris continua en indiquant qu’une « reddition sans condition », telle que récemment annoncée par Roosevelt et Churchill à Casablanca, était quelque chose d’inacceptable par les généraux allemands. Il précisa cependant que, si le Président Roosevelt indiquait simplement qu’il accepterait une « reddition honorable » de l’armée allemande, offre faite aux forces américaines, la guerre pouvait cesser ; que l’ennemi réel de la civilisation occidentale, à savoir les Soviétiques, pourrait être bloqué. Ce faisant, l’armée allemande pourrait se tourner vers l’Est afin de protéger l’Occident de l’assaut des troupes soviétiques… armées par l’aide qui était accordée à Staline par Roosevelt, les Soviétiques ayant pour but ultime de conquérir toute l’Europe, aidés en cela par d’innombrables agents secrets placés dans des endroits stratégiques aux États-Unis et, ce, à la barbe et au nez du peuple américain.

Le gouverneur avoua d’abord qu’il s’était senti désarçonné, mais en même temps extrêmement méfiant face à cette étonnante proposition de l’amiral.

S’ensuivit un entretien avec l’ambassadeur allemand, Franz von Papen, fervent catholique et très antihitlérien.

Un rendez-vous secret fut organisé tard dans la nuit dans un lieu boisé à quelques kilomètres d’Istanbul. S’y retrouvèrent le gouverneur et l’ambassadeur allemand qui conversèrent plusieurs heures.

Le gouverneur me dit alors qu’il fut rapidement convaincu de la sincérité des Allemands antinazis qu’il avait rencontrés.

Ayant de plus appris les plans des Soviétiques concernant l’Europe, il envoya, sur ce, un message codé à Washington par la valise diplomatique expliquant toute l’affaire. Il attendit en vain une réponse…

Trente jours plus tard, comme convenu, l’amiral Canaris l’appela et demanda : « Avez-vous des nouvelles ? » Ce à quoi le gouverneur répondit : « Toujours pas ! »

L’amiral dit alors : « J’en suis navré, vraiment navré… »

Le gouverneur se fit aussi l’écho de certaines remarques hostiles à Hitler, lors de conversations privées à Istanbul, de la part de la baronne von Papen, épouse de l’ambassadeur d’Allemagne. Il rencontra ensuite le baron Kurt von Lersner qui était à la tête de la Société d’Orient, un organisme culturel allemand, et entendit le même son de cloche, ce qui lui confirmait les premières informations. Il rencontra von Lersner lors d’une réunion secrète qui dura plusieurs heures au même endroit.

Et, à chaque fois, la même question revint sur le tapis. Les forces antinazies en Allemagne remettraient l’armée allemande aux forces américaines pour s’allier contre les Soviétiques avant qu’ils n’envahissent l’Europe centrale, si Roosevelt donnait son accord à une «  reddition honorable ». Et von Lersner de poursuivre que, même si Hitler n’était pas abattu par ce groupe, il serait remis aux Américains. Ceci portant un coup d’arrêt net à l’offensive soviétique qui resterait limitée à l’Est.

Le gouverneur envoya un second message codé à la Maison Blanche, implorant le Président Franklin Roosevelt d’examiner cette proposition des Allemands antinazis. Aucune réponse ne lui parvint !

S’ensuivit un autre rendez-vous avec von Lersner qui précisa qu’il était envisagé d’encercler le quartier général d’Hitler en Prusse orientale et, simultanément, d’envoyer les troupes allemandes vers le front de l’Est, pendant l’organisation d’un cessez-le-feu.

Le gouverneur Earle rédigea et fit envoyer à nouveau un message en urgence au Président Roosevelt à Washington, non seulement par la voie diplomatique, mais encore par les canaux Armée-Marine, pour être sûr, cette fois-ci, que ce message de la plus haute importance parvienne bien à FDR.

Il ajouta qu’il avait senti que FDR et ses conseillers privés étaient tombés sous le charme de Staline et qu’a contrario FDR pensait à tort qu’il pourrait « charmer » Staline. Le gouverneur observa aussi que ce n’était certainement pas à la Maison Blanche qu’il fallait dévoiler la vérité sur la Russie soviétique.

J’en sourcillai d’étonnement et restai coi !

Il continua en précisant qu’il semblait évident que l’influence de son entourage était telle qu’elle susurrait à l’oreille présidentielle qu’il fallait tout bonnement éliminer le peuple allemand, quel que soit le prix à payer en hommes sur le champ de bataille, dans les airs et sur les mers, pour atteindre ce monstrueux objectif.4

Un avion avait été prévu à Istanbul pour, dès accord de FDR concernant une « reddition honorable », emmener le gouverneur Earle vers une destination secrète en Allemagne, où il recevrait plus d’informations de la part des opposants à Hitler, informations qui seraient retransmises à la Maison Blanche pour suite à donner. Un avion attendait près d’Istanbul, en vain…

Le gouverneur dit qu’il était de plus en plus découragé et frustré devant le silence de Washington et l’absence de réponse à ses messages urgents.

Une réponse parvint enfin, qui lui donnait l’ordre de prendre langue avec le commandant en chef en Europe pour toute proposition de paix négociée, procédure inefficace et ô combien tragique de conséquences !

Choqué, je lui dis qu’il avait dû être extrêmement déçu de voir ses efforts ainsi rejetés. J’étais sûr qu’il l’était à plus d’un titre.

Et puis m’est revenue à l’esprit la décision incroyable du général Eisenhower de ne prendre ni Berlin ni Prague, où les populations ne demandaient qu’à se rendre aux troupes américaines. Ce fut Eisenhower lui-même qui prit la décision de freiner l’avance de ses troupes et d’attendre l’arrivée des forces soviétiques pour leur permettre d’y « aller les premiers » et, par-là, de faire prendre au piège par une force ennemie tout un pan de la civilisation occidentale5.

Le général Eisenhower devait être dans une disposition d’esprit particulière dictée par d’autres considérations évidentes. Il ne fut donc pas surprenant de voir que Joe Staline ne tarissait pas d’éloges à son égard. Les objectifs à long terme du mondialisme financier ne se souciaient pas vraiment du nombre incalculable de morts américains qui faisaient le sacrifice de leur vie ! Le mondialisme est bien loin de cela !

La civilisation occidentale devra chèrement payer, et pour des décennies à venir, ces soi-disant « erreurs » méticuleusement planifiées, qui n’étaient que le reflet du plan à long terme du Baruchistan6, plan que connaissait bien le général Eisenhower. Dans de telles circonstances, comment le Commander Earle aurait-il pu communiquer avec FDR ?

J’étais assis là, comme tétanisé, et me rappelais aussi que le débarquement de Normandie avait eu lieu un an après les événements précédemment décrits.

Notre entrevue touchait à sa fin. Je dis alors au gouverneur : « Et que s’est-il passé après ? »

Il répondit : « J’étais choqué, complètement déprimé, et je sentais que je ne servais plus à rien. Je retournai aux États-Unis, je rentrai chez moi, et la Deuxième Guerre mondiale se déroula comme prévu jusqu’à l’occupation de la moitié de l’Europe par les Soviétiques. » Il ajouta : « Un peu plus tard, cependant, je décidai de dire toute la vérité sur nos soi-disant alliés, afin d’ouvrir les yeux du peuple américain sur ce qui se passait réellement. Je contactai le Président à ce sujet, mais sa réaction fut hostile et il m’interdit formellement de faire connaître mon analyse au grand public. Puis, désirant reprendre du service dans la Marine, on me donna un poste à Samoa, au fin fond du Pacifique. Ainsi se termina cette dérangeante aventure, face au double discours des Soviétiques, face à l’échec d’une occasion ratée de cesser un carnage inutile et devant la grande victoire soviétique en Europe, tout ceci étant le dernier des soucis des Samoans accueillants et sympathiques. »

Le gouverneur termina son histoire, à faire dresser les cheveux sur la tête, d’une voix calme, encore toute empreinte de souvenirs. Aucun mot approprié ne put sortir de ma bouche. Je savais que je ne voyais plus devant moi l’homme politique partisan du New Deal, ni l’ancien gouverneur de Pennsylvanie, mais un officier valeureux de la Marine américaine.

Six mois ont passé depuis cet inoubliable repas…

Plus récemment, j’ai parlé avec le gouverneur pour lui annoncer que j’étais en train d’écrire un livre et lui demandai l’autorisation de citer les détails de notre entretien. Très aimablement, il acquiesça et alla jusqu’à me suggérer, par l’intermédiaire de son neveu, de contacter son ami B. Norris Williams, directeur de la Société Historique de Pennsylvanie, afin que je puisse, avec son accord, avoir accès à la collection de lettres personnelles qui s’y trouvait entreposée. Commençant à bien cerner tout ce qui s’était tramé à la Maison Blanche, je saisis au bond cette proposition de lire et d’examiner les lettres personnelles de l’échange épistolaire entre FDR et Earle. Ces lettres éclairent un des épisodes les plus importants et les plus dramatiques de la Deuxième Guerre mondiale.

Il s’avère que les efforts constructifs d’Allemands de bon sens furent délibérément ignorés, ce qui a permis aux mondialistes socialistes, et à leurs amis banquiers, de mettre les Soviétiques sur un piédestal au détriment de l’humanité en général et de la civilisation occidentale en particulier.

C’est la raison pour laquelle les « lettres de George Earle » revêtent une importance capitale. Dieu seul sait combien de vies auraient été épargnées si FDR avait eu le désir et la possibilité matérielle de répondre : « George, dis-leur oui et envoie-moi plus de détails sur l’opération prévue – FDR. »

À la Société Historique de Pennsylvanie, je fus chaleureusement accueilli par M. Williams et j’obtins la permission d’examiner les lettres en question. Les ayant consultées, je repartis plusieurs heures après, le cœur chaviré.

Rappelez-vous que les efforts du Commander Earle se situent dix-huit mois avant que la Deuxième Guerre mondiale ne se termine dans les larmes et le sang. Il devient évident que le carnage qui s’ensuivrait devait, selon les conseillers de FDR, aller à son terme. Si la guerre avait été arrêtée en 1943, comme cela aurait pu être le cas, il y aurait eu des millions de morts en moins, pas d’arrogance soviétique, pas de Berlin-Ouest ni de Berlin-Est. Il n’y aurait pas eu ce déluge de « faux dollars de guerre » mis à la disposition des Soviétiques7, dollars qui furent recyclés par la suite vers les États-Unis pour enrichir les mondialistes américains à coup de milliards de dollars ! Pas de mur de Berlin ! Le seul mur réel, celui qui consiste à tromper le peuple américain, est cependant toujours là et, derrière lui, certains cercles d’influence à Washington bien retranchés dans leurs camps.

À qui pourrait-on faire croire qu’un simple capitaine de frégate, même nommé Earle, aurait pu être pris au sérieux par le commandant en chef en Europe, en lui suggérant confidentiellement qu’une « paix négociée » avec le peuple allemand était possible ? Cette réponse sibylline qui fut envoyée à Earle basé à Istanbul était à la fois cruelle, cynique et trop vague dans son libellé.

Le général Patton était au courant ; il mourut « prématurément ». Le secrétaire d’État James V. Forrestal le savait également ; il mourut, lui aussi, « prématurément ».

Le général MacArthur était certainement au courant. Harry Truman apparemment ne le savait pas ou faisait semblant de ne pas le savoir. Une copie de sa lettre datée du 28 février 1947 et adressée au gouverneur Earle aurait pu être signée « Alice au Pays des Merveilles » plutôt que par un Président des États-Unis (voir lettre 1). Considérant ces lettres, j’en garde deux particulièrement présentes à l’esprit. Ces deux lettres datées du 24 mars 1945 furent expédiées de la Maison Blanche au Commander George H. Earle à Philadelphie.

Le Commander Earle avait précédemment envoyé un cadeau personnel au Président Roosevelt par l’intermédiaire de sa fille Anna8. L’une des deux lettres porte d’ailleurs sa signature (lettre 2) ; l’enveloppe porte le timbre de la Poste à neuf heures du soir de Washington, DC. En l’examinant, on peut lire que George Earle (un antinazi féroce) avait été alerté par la duplicité de notre « allié », les Soviétiques. Il devenait donc extrêmement dangereux pour les partisans de la continuation de la guerre, et pour l’exécution qui s’en suivit des plans concoctés par le CFR.

Il me semble évident (hormis les deux dernières lignes de la lettre) que cette lettre avait été formatée par un fonctionnaire gauchisant bien au chaud à la Maison Blanche, pour signature de ladite lettre par Anna.

À noter le premier paragraphe indiquant en des termes juridiques, contraignants pour Earle, que toute critique ou divulgation concernant la duplicité soviétique pourrait entraîner des poursuites pour trahison (On définit la trahison comme étant toute aide ou support à un ennemi en temps de guerre). Il s’ensuit qu’un avocat ne pourrait définir juridiquement plus clairement le danger auquel s’exposait Earle.

Il est évident que peu de gens savaient en 1943 que George Earle, à la suite des informations de première main collectées à Istanbul, avait entrepris les premières démarches en faveur d’une paix négociée avec l’Allemagne. Il ne lui avait manqué que les mots « on avance dans ce sens » de FDR, qui était resté silencieux.

Le second paragraphe contient des mots étonnants comme « nous nous approchons de la phase critique de la guerre contre l’Allemagne qui, si elle continue, va coûter encore des milliers de vies ». Ces braves tentatives d’Earle dès 1943 furent totalement annihilées. J’étais écœuré à la lecture de tels mots.

Je suis sûr que FDR avait déjà reçu le cadeau, mais qu’il se gardait bien d’y répondre, sentant peut-être qu’il eût été fort de café de remercier un ami et, simultanément, de tout faire pour détruire sa carrière et sa crédibilité.

Dans la deuxième lettre datée du 24 mars 1945, celle adressée par FDR à George Earle (lettre 3), sur le même sujet, il s’avère clairement que le quidam ayant rédigé cette lettre pour signature par le Président avait soigneusement évité de mentionner les mots « soviétiques », voire même le mot inexact « russes ». Il semble bien que la position de G. Earle était un problème pour les conseillers du Président. Il était clair qu’ils ne souhaitaient en aucun cas que quiconque puisse voir ou lire une telle lettre à cette époque, faute de quoi la vérité éclaterait…

La lettre utilise le mot « trahison », ce qui est un comble pour un officier de la trempe de G. Earle qui avait risqué sa vie, ainsi que celle de plusieurs autres personnes, dans son effort pour transmettre au commandant en chef suprême des informations précises et vitales concernant un soi-disant allié, dont l’objectif était de nous vider de notre sang et de remplacer la spiritualité des nations européennes par un culte athée.

On peut se demander où se trouvait la véritable trahison…

Il est certes évident qu’en tant que commandant en chef suprême des armées, FDR pouvait interdire la publication de toute information par qui que ce soit sans son accord préalable. Mais de quoi FDR avait-il peur pour prendre une telle mesure dans ce cas particulier ? Pourquoi cette qualification dégradante pour le Commander Earle, alors que les dix-huit mois de conflits supplémentaires allaient causer un million de morts en plus ?

Trois semaines après avoir écrit cette lettre à Earle, FDR décéda à Warm Springs, Géorgie. George Earle était à ce moment-là en poste à Samoa, et l’Armée rouge, bien équipée par nos soins, avançait inexorablement vers l’Europe de l’Ouest.

Il ne fait aucun doute que le 24 mars 1945 la santé du Président se détériorait et qu’il était déjà à l’article de la mort. C’est à ce moment-là qu’intervinrent les conseillers. Il est fort probable que FDR ait été « captif » de ses conseillers, dont certains, sauf par pure ambition politique, n’avaient aucune raison de s’aligner allègrement sur les organisateurs de la mondialisation en marche.

Il se peut qu’au terme de sa vie, FDR eût longuement pesé les informations prégnantes que lui avait transmises son vieil ami politique et son vieux camarade de classe George Earle. Peut-être avait-il compris, au crépuscule de sa vie, qu’il avait été manipulé. Mais s’il ne l’avait pas compris, quel homme était-il donc et qu’étions-nous, nous-mêmes ?

L’amiral Canaris, à cause de ses efforts humanitaires, courageux et patriotiques, fut arrêté, puis pendu, sur ordre d’Hitler, avec un collier de fer autour du cou. Il lui fallut trente minutes pour mourir. Plusieurs dignitaires antinazis furent aussi pendus ou fusillés. Le complot contre Hitler, qui consistait à faire exploser une bombe à son quartier général, échoua ; le Führer ne fut que blessé, ce qui entraîna la mort de milliers de patriotes allemands, dont le colonel comte Claus von Stauffenberg, celui qui avait déposé la bombe dans une valise.

Franklin D. Roosevelt est mort et n’est plus, par conséquent, en mesure de donner les raisons pour lesquelles il ne voulut pas donner suite aux informations communiquées par son délégué personnel, le lieutenant de vaisseau Earle en 1943, concernant une possibilité de paix négociée avec l’Allemagne. Plus d’un Américain sincère se joint, aujourd’hui, en un émouvant éloge, même s’il est tardif, envers ces Allemands qui, avec George Earle, firent tout ce qui était possible pour éliminer Hitler et abréger la Seconde Guerre mondiale.

Un récent article publié dans leNew York Times daté du 21 juillet 1964, page 8, précise : « … les leaders politiques et religieux allemands s’unissent tous pour honorer la mémoire de ces hommes qui, le 20 juillet 1944, tentèrent d’assassiner le dictateur nazi, ces hommes devenus les martyrs et les sauveurs de cette autre Allemagne non nazie. » « Ils subirent le martyre pour que puisse vivre cette autre Allemagne ! », ajouta le cardinal Dopfner lors d’une messe de Requiem à Berlin Ouest. « L’évêque évangéliste de Hanovre, le Dr Hans Lilge, lors d’une cérémonie en mémoire de ces martyrs, dit que ceux-ci avaient agi et s’étaient sacrifiés pour rompre la chaîne d’inhumanité et de “culpabilité”. »

« À Bonn, le chancelier Ludwig Erhard, l’ancien chancelier Adenauer et le général Heinz Trettner, chef des Armées, ont déposé une gerbe à l’université. […]. De nombreuses autres cérémonies se déroulèrent pour commémorer la mémoire du comte Claus von Stauffenberg et sa tentative avortée de tuer Hitler. Mais le coup d’État antinazi échoua, ce qui entraîna l’exécution de cinq milles personnes, avant la fin de la guerre dix mois plus tard. […]. Eugen Gerstenmaier, président du Parlement, un des survivants de la résistance allemande, indiqua que c’était une erreur de croire que cette action contre Hitler n’avait eu lieu que lorsqu’il était évident que la guerre était perdue. »

Cela montre à quel point la soi-disant « erreur » de FDR, qui avait ignoré les appels à une paix rapide, eut des conséquences calamiteuses pour le pays et pour le monde, mais fut une victoire acquise par les conseillers de son entourage pour la poursuite de leur plan diabolique.

Qu’ajouter d’autre, sinon que la propagande des « faiseurs d’images » continue à s’afficher à la Maison Blanche et au Capitole ; une propagande permanente, faite à partir de nouvelles « formatées » pour vous et pour moi, y compris celles qui sont soigneusement occultées. À cet égard, le Commander Earle comprendrait exactement ce que j’entends par là. Il semble qu’aujourd’hui encore le nombre d’Américains morts au combat soit considéré comme d’importance secondaire.

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Lettre 1

La Maison Blanche, Washington 28 février 1947

Mon cher Gouverneur,

J’ai énormément apprécié votre note du 26 février et je suis heureux d’avoir été mis au courant de votre décision concernant l’Association Américaine anti-communiste.

Les gens sont tourmentés par tout ce « tohu-bohu » communiste, mais je suis d’avis que ce pays est parfaitement à l’abri d’un tel danger.

Nous disposons à ce sujet d’assez de têtes de talent, car notre gouvernement n’agit que pour le bien-être du peuple, et je pense qu’à aucun moment il ne pourrait se trouver quelqu’un qui souhaiterait le renverser.

Sincèrement à vous.

Harry Truman

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Lettre 29

La Maison Blanche, Washington 24 mars 1945, 19h.

Mon cher capitaine Earle,

Votre lettre du 21 mars m’a profondément troublée, car il m’est difficile de croire que vous voulez faire connaître une opinion, comme vous l’avez exprimé, alors que cette opinion ne fera que renforcer l’ennemi ; je pense qu’aucun citoyen américain ne souhaite faire une telle chose.

Au fur et à mesure que nous approchons du dénouement final dans notre guerre contre l’Allemagne, il va de soi que tout propos pouvant entacher nos relations amicales avec nos alliés ne ferait qu’aider l’ennemi et nous coûter encore plus de vies humaines. En considérant cela, je suis sûre, en conséquence, que mon père désapprouverait cette action.

Votre cadeau intéressant nous est bien parvenu et je le remettrai à mon père ce soir.

Bien sincèrement.

Anna Roosevelt-Boettiger

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Lettre 3

La Maison Blanche, Washington 24 mars 1945

Mon cher George,

J’ai lu votre lettre datée du 21 mars adressée à ma fille Anna, et j’ai lu avec inquiétude vos intentions de publier vos propos critiquant un de nos alliés à un moment où une telle publication, venant d’un émissaire que j’avais nommé personnellement, pourrait mettre en danger mortel tous nos efforts. Comme vous le dites, vous avez occupé d’importantes fonctions d’autorité sous notre gouvernement. Dévoiler des informations obtenues dans ce cadre serait d’autant plus considéré comme acte de trahison. Vous me dites que, sauf contrordre de ma part avant le 28 mars, vous publierez vos propos. Par la présente, non seulement je ne le désire pas, mais encore je vous interdis officiellement de publier tout propos ou toute information concernant un allié, que vous auriez pu obtenir dans une position officielle ou au service de la Marine des États-Unis.

Suite à votre souhait de continuer à servir le pays sous les drapeaux, je confirme vous retirer la qualité d’émissaire privé du Président et je donne des instructions au ministère de la Marine pour vous affecter là où il y a besoin.

Je suis navré de n’avoir pu vous rencontrer lundi, compte tenu de mon agenda chargé. Je garde en haute estime le souvenir de notre coopération et espère que le temps et de meilleures circonstances permettront de raviver nos relations anciennes.

Sentiments distingués.

Franklin D. Roosevelt

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Lettre 4

La Maison Blanche, Washington 2 avril 1945, 17h.

Mon cher George,

Je viens de recevoir votre lettre du 26 mars et vos ordres de mission pour le Pacifique viennent d’être émis. Ayant déjà donné d’autres instructions une première fois, je pense qu’il vaut mieux que vous partiez en les emmenant avec vous et que vous alliez par vous-même voir que penser, selon vous, de la guerre dans le Pacifique, qui est un de nos problèmes.

Sincèrement à vous.

Franklin D. Roosevelt

1 Repris de Curtis B. DALL, Franklin D. Roosevelt, ou Comment mon beau-père a été manipulé (Christian Crusade Publications, 1968), trad. fr., 94 Alfortville, Éd. Sigest, 2015. Présentation et notes par Claude TIMMERMAN, p. 196-211.

2 FDR : sigle acronyme pour Franklin Delano Roosevelt.

3 Journal politique conservateur, Human Events avait été fondé en 1944 par Félix MORLEY, éditorialiste au Washington Post durant la guerre.

4 Les lecteurs incrédules face à ces allégations pourront consulter avec profit Gruesome Harvest. The Costly Attempt to exterminate the people of Germany de l’auteur américain Ralph Franklin KEELING, publié en 1947, traduit en français par Philippe Sabatier sous le titre Cruelles Moissons. La guerre d’après-guerre des Alliés contre le peuple allemand et publié en 2000 aux Éd. Akribeia, à Saint-Genis-Laval. On y trouve la description précise des différents plans d’éradication totale du peuple allemand, notamment par la famine et la stérilisation, mis au point par les « conseillers » de la Maison Blanche, notamment par Morgenthau ou Baruch, souvent évoqués ici.

5 On songera ici à l’opposition farouche de Patton qui, contre les ordres d’Eisenhower, prit Vienne – qui avait déjà échappé au sac des Mongols, puis des Turcs – pour qu’elle ne fût pas offerte aux hordes soviétiques qui allaient ravager l’Allemagne avec une sauvagerie inégalée dans l’Histoire… Le général Patton, victime d’un « accident », le paiera de sa vie.

6 Ndlr. Mot créé par l’auteur pour désigner, dans l’entourage de FDR, les hommes placés par le financier Bernard Mannes Baruch (1875-1965). Baruch avait été président du War Industries Board en 1918. Il devint membre du Brain Trust mettant en œuvre le New Deal et, durant la guerre, conseilla FDR sur les affaires économiques. C. DALL lui consacre tout un chapitre de son livre.

7 Ndlr. Curtis DALL fait ici allusion aux planches à billets remises aux soviétiques au cours de la guerre, officiellement pour que leurs troupes disposent de dollars lors de l’occupation de l’Europe de l’Est mais qui, par la suite, permirent au KGB de financer ses opérations extérieures.

8 Ndlr. Anna avait été l’épouse de Curtis Dall, mais ne l’était plus en 1945.

9 Il est très étrange, à ce stade de son enquête, que le colonel Dall n’ait pas cherché à contacter son ex-femme pour avoir des éclaircissements sur cette lettre, puisque c’est elle qui l’avait signée ! Ceci ne peut s’expliquer que de deux façons :

– soit il était définitivement persuadé de la « complicité » de sa femme ;

– soit il avait conservé des relations tellement détestables avec le clan Roosevelt, qu’il ne lui était plus possible d’en contacter un des membres.

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