Partager la publication "Le National Geographic donne dans l’obscurantisme scientiste !"
Par Claude Eon
Résumé : Le National Geographic Magazine s’est acquis depuis longtemps une place réputée par la qualité de ses reportages et de ses photographies. La revue finance aussi certaines expéditions. C’est ainsi que les découvertes de Leakey ou de Johanson sur les fossiles humains du Rift africain (Lucy, etc..) furent publiées par priorité dans le National Geographic. Cet engagement de la revue sur le front de l’évolutionnisme ne s’est jamais démenti et le numéro de novembre 2004 en donne un exemple navrant avec l’article de David Quammen : « Darwin s’est-il trompé ? ». Cet article est un monument de désinformation. Il présente comme « preuves » du darwinisme un grand nombre de faits depuis longtemps récusés !
Plus grave encore, le rédacteur en chef y consacre son éditorial. Certes l’autorité de l’évolutionnisme est en train de se fissurer aux Etats-Unis ; mais si cette théorie est incapable de se passer d’arguments aussi éculés, on peut pronostiquer que ses jours sont véritablement comptés.
Le numéro de Novembre 2004 du National Geographic (France) a publié un article de David Quammen intitulé « Darwin s’est-il trompé? »1 Cet article est précédé d’un éditorial du rédacteur en chef, Bill Allen, consacré entièrement à la présentation de l’article sur Darwin, ce qui laisse supposer l’importance que la revue attache à cet article. D’ailleurs l’édition américaine souligne encore mieux cet intérêt en faisant apparaître en très grands caractères marrons « Was Darwin Wrong ? » sur la couverture du magazine.
L’éditorial et l’article de ce numéro de Novembre contiennent tellement de contrevérités qu’il est impossible de ne pas réagir et de ne pas déplorer la diffusion dans le grand public, dans une revue réputée sérieuse et fiable, des pires exemples d’obscurantisme scientiste.
Ce n’est malheureusement pas la première fois que la revue tente de voler au secours de l’évolutionnisme avec des arguments douteux.
En Novembre 1999, par exemple, elle publia un article présentant un certain Archaeoraptor liaoningensis, « preuve » de la transition reptile – oiseau, qui s’avéra être un faux grossier, ce dont la revue dut convenir en Mars 2000.
Dès l’éditorial, cela commence très mal : « Les humains ne descendent pas des singes. Mais il faut dire que Charles Darwin ne l’a jamais affirmé. » Faux! Complètement faux. Dans le chapitre 6 de » Descent of Man » (La Descendance de l’Homme), on peut lire: « …les simiens alors se divisèrent en deux grandes souches, les singes du Nouveau et de l’Ancien Monde; et de ces derniers, à une période lointaine, l’Homme, merveille et gloire de l’univers, est provenu… Il ne peut donc y avoir aucun doute que l’homme ne soit un rejeton de la branche des simiens de l’Ancien Monde, et, que du point de vue généalogique il doit être classé dans la division des catarhiniens…Nous avons vu que l’homme semble avoir divergé de la division des catarhiniens ou simiens de l’Ancien Monde, après que ceux-ci eussent divergé de la division du Nouveau Monde. »
Comment soutenir, après de telles déclarations, que Darwin n’a jamais affirmé que l’homme descende du singe ?
Avant d’aborder l’article de David Quammen, il n’est sans doute pas inutile de signaler que cet auteur n’est nullement un scientifique mais que sa spécialité est…la littérature. Dans un entretien qu’il eut en octobre 2003 avec un journaliste du Seattle Post-Intelligence Reporter, il déclara: « Ma formation est entièrement en littérature, non pas en biologie. Mais comme je ne pouvais pas être romancier, je me suis tourné vers cela [la biologie]. Et je l’aime davantage, je parle aux biologistes et je me promène sous la pluie dans les forêts et je regarde le monde. » On peut donc s’étonner du choix d’un tel auteur pour parler des aspects complexes de biologie, de paléontologie, d’embryologie, liés à la théorie de l’évolution.
Au début de son article Quammen affirme que l’évolution est acceptée comme un fait par les scientifiques. Il est exact que beaucoup de scientifiques, ne serait-ce que pour protéger leur carrière, disent ou écrivent croire en l’évolution, encore qu’ils ne s’accordent nullement sur le « comment », sur le mécanisme de cette évolution.
Mais nous pourrions emplir des pages et des pages de citations de savants, biologistes, paléontologues, astronomes et autres reconnaissant qu’il n’existe finalement aucune preuve indiscutable de l’évolution. Voici, par exemple, ce qu’écrit le biologiste australien Michael Denton:
« Depuis 1859, pas une seule découverte empirique ni un seul progrès scientifique n’ont apporté la moindre validation aux deux axiomes de base de la théorie macro-évolutionniste de Darwin: d’une part le concept de la continuité de la nature, c’est-à-dire l’idée d’un continuum fonctionnel de formes de vie enchaînant toutes les espèces et remontant jusqu’à la cellule primordiale; et d’autre part, l’idée que le projet adaptatif de la vie est entièrement le résultat d’un processus aléatoire aveugle. En dépit d’un siècle d’efforts intensifs de la part des biologistes évolutionnistes, les principales objections soulevées par les critiques de Darwin comme Agassiz, Pictet, Bronn et Richard Owen n’ont pas été réfutées. L’imagination doit encore combler les « grands vides » reconnus par Darwin dans sa lettre à Asa Gray. »2
Si, malgré cette absence de preuves, la théorie de l’évolution garde un tel prestige dans le public cultivé et même chez beaucoup de scientifiques, c’est simplement parce qu’on leur a enseigné et répété que le public cultivé et les scientifiques croient en l’évolution! Plus profondément, « comme l’a fait remarquer Thomas Kuhn, il est impossible de faire reconnaître la fausseté d’une théorie en la comparant directement aux faits, ni même en invoquant un quelconque argument empirique ou rationnel. L’histoire des sciences témoigne amplement de ce que Kuhn appelle <l’antériorité du paradigme> ; comme le montrent une multitude d’exemples fascinants, les membres de la communauté scientifique sont prêts à aller très loin pour défendre une théorie, tant que celle-ci conserve un attrait intrinsèque suffisant. »3 Et la raison de la préférence pour le paradigme évolutionniste a été exposée avec une rare franchise par le biologiste Richard Lewontin:
« Notre empressement à accepter des affirmations scientifiques contraires au bon sens est la clef pour comprendre la véritable lutte entre la science et le surnaturel.Nous prenons le parti de la science malgré l’absurdité évidente de certaines de ses constructions, malgré son échec à remplir nombre de ses extravagantes promesses de santé et de vie, malgré la tolérance de la communauté scientifique pour ce qui n’est qu’histoires sans preuve, parce que nous avons un engagement préalable, un engagement envers le naturalisme…En outre, ce matérialisme est un absolu, car nous ne pouvons pas permettre un Pied divin dans la porte. »4
Voilà le fin mot de l’histoire. L’Évolution doit être un fait, même si aucune preuve ne vient la confirmer, même si aucun mécanisme ne parvient à l’expliquer, parce que la seule alternative est la création par Dieu. L’évolutionnisme est une pure foi, une foi aveugle.
On voit par là en quel sens, très relatif, il convient de prendre l’affirmation de Quammen que l’évolution « est acceptée comme un fait par les scientifiques. » Par les scientifiques peut-être, mais pas par le public en général. L’auteur déplore en effet que, d’après les sondages, « près de la moitié de la population américaine préfère croire que Charles Darwin s’est trompé. » Résultat remarquable si l’on tient compte du matraquage évolutionniste en vigueur dans l’enseignement et dans les medias depuis plus d’un siècle. De 1979 à 2004 on peut citer au moins 25 ouvrages majeurs, parus aux États-Unis, consacrés à la défense de l’évolution et à la guerre contre les créationnistes. Mais, bien entendu, la cause du désaveu du darwinisme est « la confusion et l’ignorance, qui sont le lot de millions d’Américains de bonne foi. » Pour ces crétins ignorants, Quammen va maintenant détailler les preuves de ce magnifique concept qu’est l’Évolution.
Mais avant cela, l’auteur n’hésite pas à affirmer que ce magnifique concept est « plus que jamais important pour la paix entre les hommes. »
Cela ne manque pas de hardiesse lorsque l’on sait que le triomphe de l’évolution se réalise (d’après Darwin) par l’élimination impitoyable des plus faibles et des moins adaptés. Peut-être l’auteur pense-t-il à la paix des cimetières !..
La sélection naturelle :
« La théorie de l’évolution fait intervenir deux grandes idées, et non une seule: le phénomène historique de l’évolution de toutes les espèces, et sa cause principale, la sélection naturelle. »
Commençons avec l’auteur par le « comment » de l’évolution, la sélection naturelle. « Le point essentiel de cette théorie est que de petites différences héréditaires et aléatoires entre les individus entraînent des chances de survie et de reproduction différentes: certains prospéreront, d’autres mourront sans descendance. »
Depuis longtemps les scientifiques, évolutionnistes inclus, ont signalé que la formule de Darwin n’est qu’une tautologie. T.H.Morgan, éminent généticien du début du 20è siècle, fut un des premiers à le remarquer: « ce n’est guère plus qu’un truisme de déclarer que les individus les mieux adaptés pour survivre ont de meilleures chances de survie que ceux qui ne sont pas aussi bien adaptés pour survivre. » La formule de Darwin peut s’exprimer ainsi: les survivants survivent. La sélection naturelle est censée assurer la survie des mieux adaptés, mais la seule définition pratique du « mieux adapté » est… »celui qui survit. » Et le mieux adapté, celui qui survit est celui qui laisse la descendance la plus nombreuse. Bel exemple de raisonnement circulaire!
Personne ne conteste que la sélection naturelle ne joue un rôle négatif en éliminant les moins aptes. Mais la théorie de Darwin demande qu’elle crée le mieux adapté. Malheureusement, la sélection naturelle ne peut en aucun cas créer le mieux adapté. Selon la formule de Hugo de Vries, célèbre botaniste hollandais, « la sélection naturelle peut expliquer la survie du mieux adapté, mais elle ne peut pas expliquer l’apparition du mieux adapté. »5
Les créationnistes, loin de nier l’existence de la sélection naturelle, y voient un grand principe de conservation de l’espèce. Peu de gens savent que la sélection naturelle n’est pas une invention de Darwin. Edward Blyth (1810-1873), zoologiste et chimiste créationniste, avait écrit dès 1835 un papier décrivant la lutte pour l’existence, les variations, la sélection naturelle et la sélection sexuelle6.Certains n’hésitent pas à affirmer que Darwin a plagié Blyth.
Pour les créationnistes la sélection naturelle empêche les mutations nuisibles (et nous verrons qu’elles le sont presque toutes) de détruire une espèce entière; mais elle n’explique pas l’adaptation elle-même. Le fait qu’un organisme est adapté à son environnement ne nous dit absolument rien sur le moyen par lequel il y est parvenu. Tout organisme non adapté n’aurait pas survécu, mais ceci n’est pas la preuve que les organismes ayant survécu possédaient les adaptations produites par l’évolution. La sélection naturelle ne crée absolument rien de nouveau, elle ne fait que choisir parmi l’information génétique existante qui est à l’origine des variétés produites. Le résultat est soit la conservation d’une partie de cette information dans une variété bien adaptée à un environnement spécifique, soit la perte définitive d’une partie de cette information par l’extinction de la variété. Mais ce qui ne se produit jamais c’est l’augmentation ou la création d’une nouvelle information génétique.
Pour que l’évolution soit possible il faut un apport nouveau d’information dans l’ADN. Or, les mutations ne peuvent modifier le « pool » génétique que par appauvrissement, par élimination de certains gènes. Toutes les mutations ne sont possibles qu’à l’intérieur de la même espèce. Les becs des pinsons des îles Galapagos peuvent avoir différentes formes, adaptées aux conditions locales, mais tous restent des pinsons. Il est évident que la sélection naturelle (ou non, d’ailleurs) ne peut aucunement apporter ce supplément d’information génétique indispensable pour que l’on puisse passer d’une espèce à une autre.
La Biogéographie :
La Biogéographie est la science qui décrit et essaie de comprendre la biodiversité géographique des espèces vivantes végétales et animales.
Cette science est la première des quatre disciplines apportant, selon Quammen, les preuves de l’évolution: « Des espèces similaires se rencontrent à proximité les unes des autres parce qu’elles descendent d’ancêtres communs. » Il faut cependant remarquer que la biogéographie n’est pas une science expérimentale, mais essentiellement une science d’observation faisant une large place à la spéculation pour expliquer la présence de telle espèce à tel endroit. Comme la plupart des biogéographes considèrent que l’évolution est un fait par lequel ils « expliquent » la biodiversité, leurs conclusions ne peuvent pas être une preuve de l’évolution puisque celle-ci fait essentiellement partie de leurs prémisses.
La présence simultanée de plusieurs espèces « étroitement apparentées » sur un même continent n’explique nullement comment un genre d’organisme a été capable « d’évoluer » en un autre genre. Les faits sont une chose, leur interprétation une autre. Pour les créationnistes, la biodiversité constatée s’explique beaucoup plus simplement par la dispersion des hommes après le Déluge, emportant avec eux plantes et animaux. Les adaptations locales aux conditions climatiques et autres sont responsables de la diversité des types à l’intérieur d’une même espèce, sans qu’il soit besoin de faire appel à une prétendue évolution transgénique. Des études récentes ont en outre montré que beaucoup de ces adaptations sont, en fait, dues à une capacité innée de répondre à des changements cycliques de climat. Par exemple, si une période de sécheresse a entraîné une légère augmentation de la taille du bec chez un oiseau, le retour des pluies renverse ce changement et le bec revient à sa taille antérieure. Contrairement donc aux affirmations du National Geographic, la biogéographie est totalement incapable de justifier la prétendue évolution, tous les faits qu’elle invoque pouvant s’expliquer autrement.
La Paléontologie :
L’auteur commence en évoquant « les strates géologiques, formées à travers les âges par la sédimentation et renfermant çà et là des fossiles, offrent en coupe verticale des traces visibles des espèces qui se sont succédées au même endroit et renseignent sur l’époque à laquelle elles vivaient. »
Manifestement Quammen ignore tout des travaux récents de Guy Berthault qui ont montré que le dépôt des couches sédimentaires ne s’est pas fait progressivement au cours de millions d’années, mais « qu’en présence d’un courant, les strates des séquences ne sont pas successives.« 7 Comme elles se déposent toutes en même temps, les fossiles qu’elles contiennent sont tous contemporains et c’est seulement leur aptitude différente à se mouvoir qui explique leurs étagements dans les strates.
Pour les créationnistes, c’est le Déluge qui est le grand responsable de ces dépôts sédimentaires ayant englouti tous les êtres vivants de cette époque. Puisque les strates supérieures ne sont nullement des couches plus récentes que les couches inférieures, il est impossible d’en conclure à une évolution quelconque entre les fossiles qu’elles contiennent.
L’auteur prend ensuite comme exemple d’évolution l’histoire du cheval en Amérique du Nord. Là encore, il semble ignorer que depuis les années 1950 (!) les savants ont abandonné la fausse notion d’une évolution du cheval. Les manuels eux-mêmes –y compris ceux qui sont publiés par National Geographic! – ont complètement abandonné cette référence. Dès 1953, l’éminent paléontologue d’Harvard, George Gaylord Simpson, écrivait: « La transformation uniforme, continue, de Hyracotherium en Equus, si chère aux cœurs de générations d’auteurs de manuels, ne s’est jamais produite dans la nature. »8
Un peu plus loin, l’auteur évoque « l’oiseau-reptile disparu depuis longtemps, l’Archaeopteryx. » Depuis sa découverte (initialement limitée à une plume !) en 1861, des générations de paléontologues ont essayé d’en faire le chaînon manquant entre les reptiles et les oiseaux.
Tous ces efforts furent vains. En 1982, la Conférence Internationale Archaeopteryx, à Eichstatt, en Allemagne, conclut que l’Archaeopteryx est un oiseau, non pas mi-oiseau / mi-reptile et qu’il n’est pas nécessairement l’ancêtre des oiseaux modernes.
Nous pourrions citer ici de très nombreux savants qui ont réfuté le statut de chaînon intermédiaire entre les reptiles et les oiseaux attribué à l’Archaeopteryx. Seul, M.Quammen doit ignorer cet état de la question pour oser encore parler d’un »oiseau-reptile ».
L’auteur parle ensuite longuement de Philip Gingerich, paléontologue bien connu pour ses travaux sur l’évolution de la baleine. Il raconte notamment que le professeur lui mit « dans la main un petit morceau d’os pétrifié, pas plus grand qu’une noisette. C’est la fameuse astragale, appartenant à une espèce qu’il a finalement baptisée Artiocetus clavis. » Ce que Quammen oublie de dire c’est que cette astragale fut découverte sur une pente à plus de deux mètres des fossiles baptisés Artiocetus. Dans son rapport initial, Gingerich reconnut qu’« aucun autre spécimen de mammifères ne fut découvert à proximité. » Malgré cela, cet os fut prétendu appartenir à un fossile trouvé ailleurs, « prouvant » l’évolution de la baleine. L’origine des baleines, qui sont des mammifères, pose un sérieux problème aux évolutionnistes: pourquoi des créatures marines se feraient-elles pousser des pattes, pour marcher sur la terre ferme, et décideraient-elles ensuite de retourner vers l’eau…
Le Pakicetus dont parle l’article, fut découvert en 1983 par Gingerich. En fait, il n’avait trouvé qu’une mâchoire et un crâne. En 1994, Gingerich déclara que Pakicetus était l’intermédiaire parfait entre un animal terrestre et une baleine9. Un artiste dessina alors une reconstitution montrant un animal nageant dans l’océan avec des pattes antérieures comme celles d’un animal terrestre, mais une gueule et un arrière-train à la manière d’un animal marin.
Figure 1. Le Pakicetus et ses reconstitutions :
Mais en 2001, d’autres fossiles ayant été trouvés, il fut conclu que Pakicetus n’était après tout pas plus amphibien qu’un tapir.
L’Ambulocentus natans, « la baleine qui marche et qui nage », ne constitue pas une preuve plus solide d’une quelconque évolution. Après examen minutieux, rien ne permet de dire que cette créature ait vécu dans l’eau. Les pattes de l’Ambulocetus ne sont nullement des nageoires mais bel et bien des pattes faites pour marcher et soutenir le poids de l’animal. Les dessins peuvent facilement faire croire à la transition entre un environnement terrestre et un environnement marin, mais dans la réalité la chose est beaucoup plus compliquée, voire impossible. L’évolutionniste Anthony Martin l’a reconnu: « avant tout, cela signifie le développement d’un nouveau mode de locomotion (de la marche à la nage), une physiologie adaptée à un milieu dense (l’eau à la place de l’air), de nouvelles méthodes de détection et de capture des proies et le moyen de respirer efficacement à la surface de l’eau. »10
A cette analyse on pourrait ajouter les changements de métabolisme, de système nerveux, de reproduction, requis pour que ces animaux puissent vivre sous l’eau.
L’homologie :
A propos de l’astragale découverte par Gingerich, Quammen écrit: » il avait sous les yeux une astragale appartenant à une baleine quadrupède datant de 47 millions d’années et en tous points semblable à une astragale d’artiodactyle.Il fallait se rendre à l’évidence, les baleines sont les proches parentes des…antilopes! »
L’homologie est un des grands arguments invoqués par les évolutionnistes. Ils prétendent que si une similitude entre des organes peut être montrée par l’anatomie comparée, l’embryologie, les organes « résiduels », la cytologie, la chimie du sang, la biochimie de l’ADN et des protéines, une relation d’évolution peut être prouvée. Darwin lui-même pensait que l’homologie constituait l’une des principales preuves de sa théorie. Selon lui, la similitude dans le « plan général d’organisation » suggère puissamment une véritable relation, un héritage d’un ancêtre commun. Et plus grande est la similitude, plus convaincante la descente à partir d’un ancêtre commun. Ainsi chez les invertébrés, les membres antérieurs sont un bel exemple d’homologie car on trouve les mêmes types d’os chez le rat, le chien, le cheval, la chauve souris, la taupe et…l’homme. Certes ces os sont dans chaque cas adaptés aux différents modes de vie, mais tous ont gardéle même plan d’organisation hérité d’un ancêtre commun.
Personne, et surtout chez les créationnistes, ne conteste l’existence de similitudes. Mais si celles-ci peuvent être utilisées pour « prouver » l’évolution, les différences peuvent l’être pour « prouver » l’absence de relation. Pour être cohérente, l’Évolution devrait expliquer les différences aussi bien que les similitudes. Mais c’est seulement lorsque les évolutionnistes peuvent trier et choisir les similitudes confortant leur thèse que l’argument d’homologie paraît convaincant. Lorsque l’on tient compte de toutes les données, l’argument s’effondre.
D’autre part, à partir d’une similitude donnée, plusieurs phylogenèses sont possibles et non une seule. Celle qui est retenue est généralement celle qui s’accorde avec la phylogenèse évolutionniste traditionnelle, ce qui ne constitue guère une preuve indépendante de la relation évolutionniste.
Avec Michael Denton nous pouvons conclure que » comme tant d’autres <preuves> indirectes de l’évolution, celle tirée de l’homologie n’est pas convaincante: trop d’anomalies et trop de contre-exemples l’entachent, trop de phénomènes refusent de s’intégrer harmonieusement dans le tableau orthodoxe. »
Cette citation est tirée du chapitre 7 de L’Évolution, une théorie en crise, significativement intitulé : « La défaillance de l’homologie »11. Plutôt qu’à un ancêtre commun, les similitudes font penser à un ingénieur, ou Créateur commun. Alors, lorsqu’un Philip Gingerich trouve deux morceaux d’os, estime qu’ils proviennent d’un organisme du genre antilope et les attribue sans sourciller à une baleine quadrupède datant de 47 millions d’années, on peut demeurer sceptique sur la crédibilité d’une telle « science ». Une baleine quadrupède ? Vraiment ?!
L’embryologie :
« Pourquoi l’embryon d’un mammifère et celui d’un reptile passent-ils par des stades qui se ressemblent ?…Parce que, écrit Darwin, l’embryon est l’animal dans son état le moins modifié et cet état révèle la structure de ses ancêtres. » Pour Darwin la similitude entre les embryons des animaux et de l’homme était la meilleure preuve de l’Évolution. Alors vint Haeckel (1834-1919), biologiste allemand surnommé « l’apôtre du darwinisme en Allemagne. » Il devint célèbre par sa « loi » affirmant que « l’ontogenèse récapitule la phylogenèse », c’est-à-dire que l’embryon humain passe par tous les stades représentant ses ancêtres depuis la cellule initiale jusqu’à l’homme.
Or, dès 1932 l’anthropologue Sir Arthur Keith déclarait: « L’embryon du mammifère ne ressemble à aucun moment au ver, au poisson ou au reptile. L’embryologie n’apporte aucun soutien à l’hypothèse évolutionniste.« 12 D’ailleurs, dès la fin des années 1920, le monde scientifique savait que pour soutenir sa thèse, Haeckel n’avait pas hésité à falsifier ses dessins d’embryons13, montrant des formes similaires aux stades précoces et se différenciant progressivement en poisson, salamandre, tortue, poulet, porc, veau, lapin et homme! (Figure 1). Il affirmait aussi que l’embryon humain avait des branchies, ce qui est reconnu faux depuis fort longtemps.
Fig. 2. Les (faux) dessins publiés par Haeckel en 1874.
La 1ère ligne suggère que les 8 espèces de vertébrés sont presque identiques à un stade précoce.
a : poisson, b : salamandre, c : tortue, d : poulet, e : porc, f : veau, g : lapin, h : homme
Bien que tout cela soit fort connu, de très nombreux manuels, mêmes récents, continuent de présenter la « loi biogénétique » de Haeckel, accompagnée de ses dessins frauduleux ! Ce dont se plaignait en 2000 le célèbre évolutionniste Stephen Gould. Il semble que cette persistance volontaire dans l’erreur n’est là que pour justifier l’avortement. Dans un article du savant évolutionniste récemment décédé Carl Sagan et de Ann Druyan, sa troisième épouse, ces deux humanistes soutenaient la légitimité éthique de l’avortement par le motif que le fœtus, se développant pourtant dans le corps de la femme pendant plusieurs mois, n’était pas un être humain14.
Les rédacteurs du National Geographic ne peuvent ignorer le rejet par la communauté scientifique (mais pas par les manuels destinés aux jeunes écoliers qu’il faut bien endoctriner!) de l’embryologie comme preuve de l’Évolution. Il est donc assez désolant de voir une telle revue se prosterner malgré tout devant l’idole désuète.
La morphologie :
« Pourquoi les mammifères mâles (y compris les humains) ont-ils des tétons?…Pourquoi certaines espèces non volantes de coléoptères ont-elles des ailes dissimulées sous des élytres, qui ne s’ouvrent jamais?…Darwin… répond [que] les structures rudimentaires (« vestigial ») apparaissent comme des vestiges de l’histoire évolutive de la lignée. »
Le recours à la morphologie pour soutenir l’Évolution appelle deux commentaires.
D’abord la liste de ces prétendus organes désuets n’a cessé de se réduire depuis l’époque de Darwin. En 1931, un savant allemand, Alfred Wiederheim, donna une liste de 180 organes du corps humain prétendus résiduels ou rudimentaires. Depuis lors, grâce aux progrès de la science, la liste est réduite à presque zéro car le véritable rôle de ces organes « inutiles » a été progressivement découvert.
Mais surtout, la perte d’une fonction ne saurait constituer la preuve d’une évolution censée passer d’une forme inférieure à une forme plus complexe, mieux équipée. Si l’homme avait vraiment autrefois 180 organes alors fonctionnels et qu’il ne possède plus maintenant, il faudrait parler d’évolution régressive. L’Évolution postule l’apparition d’organes nouveaux, différents et en état de fonctionnement, pas la régression d’organes fonctionnels déjà constitués.
Si les mâles ont des tétons, c’est simplement parce que l’embryon dans son stade initial suit un plan de fabrication de traits communs au mâle et à la femelle. La diversification sexuelle ne se fait que plus tard. La présence de tétons chez les mâles ne prouve rien en faveur de l’évolution, ni contre la création.
C’est donc bien à tort, une fois encore, que le National Geographic allègue la morphologie, et surtout les organes « résiduels », pour défendre la (mauvaise) cause de l’Évolution.
La résistance des microbes aux médicaments :
D.Quammen écrit:« Par sélection naturelle, ils [les microbes] deviennent résistants aux médicaments censés les tuer. Il n’y a pas de confirmation plus immédiate de la théorie darwinienne que ce processus de transformation forcée des microbes que la science tente d’éliminer. » Quelques pages plus loin, l’auteur fait la même remarque à propos de la mutation des virus et de la résistance des plantes et des animaux aux herbicides et aux insecticides respectivement.
Les évolutionnistes utilisent fréquemment cette idée d’une « évolution rapide » de ces microorganismes comme « preuve » de l’évolution. Ils affirment que des souches résistant aux médicaments ont évolué à partir de souches autrefois sensibles à ces traitements. Ils voudraient nous faire croire que ces microorganismes s’adaptent sélectivement à nos traitements par un mécanisme de mutations génétiques. Sur les millions de reproductions qui se produisent dans la population bactérienne en quelques jours, tôt ou tard la « bonne » mutation apparaît et la bactérie qui en bénéficie prospère à nos dépens.
Mais de récentes études ont montré que les changements que nous observons dans ces populations de virus ne sont que des variations génétiques aléatoires et non pas une réponse sélective aux médicaments. Ces microorganismes changent qu’ils soient ou non soumis à des traitements15.
D’ailleurs cette résistance aux médicaments n’est pas si nouvelle qu’on le croit. Le généticien Ayala écrivait en 1978: « La résistance des insectes à un pesticide fut signalée en 1947 pour la mouche domestique (Musca domestica) à l’égard du DDT. Depuis lors la résistance à un ou plusieurs pesticides a été signalée pour au moins 225 espèces d’insectes et autres arthropodes.
Les variations génétiques requises pour résister aux espèces les plus diverses de pesticides étaient apparemment déjà présentes dans chacune des populations exposées à ces composés fabriqués par l’homme. »16
« Les microbiologistes savent bien que certains germes étaient déjà résistants aux antibiotiques synthétiques avant que ceux-ci ne fussent inventés. Des échantillons de sols provenant de villages où les antibiotiques modernes n’avaient jamais été utilisés, montrent que certains de ces germes sont déjà résistants à des produits tels que la méthicilline, qui n’ont jamais existé dans la nature.« 17
En 1988 on pratiqua une autopsie sur trois explorateurs qui avaient gelé dans l’Arctique en 1845. Les bactéries de leur colon furent cultivées et beaucoup d’entre elles se montrèrent résistantes aux antibiotiques modernes les plus puissants.
Il faut en outre mentionner que les mutations ne sont que l’un des trois mécanismes connus produisant la résistance aux traitements. Nous pouvons donc conclure que les mutations des microorganismes ne sont pas une réponse intelligente aux attaques des antibiotiques et autres herbicides ou pesticides.
Cette résistance existe déjà potentiellement dans la souche, elle ne fournit donc aucune preuve en faveur de l’évolutionnisme. Enfin, résistante ou non, la bactérie est presque exactement la même avant et après sa mutation: nous restons toujours dans l’ordre de la micro-évolution. Comme l’explique le Professeur Grassé, les bactéries étant très nombreuses, produisent le plus de mutants. Mais… »les bactéries, malgré leur grande production de variétés intraspécifiques, font preuve d’une grande fidélité à leur espèce. »18
Il convient d’ajouter que la plupart des mutations sont nocives et que certaines sont létales. Elles résultent en effet d’une perte d’information génétique pouvant affecter l’organisme par ailleurs. C’est ainsi que les bactéries ayant développé une résistance aux médicaments sont généralement moins virulentes et ont un métabolisme moins actif. Autrement dit, la résistance a un coût pour la bactérie qui en bénéficie.
Faisant allusion aux travaux de William R. Rice et de George W. Salt sur les mouches du vinaigre, D. Quammen écrit: « …ils ont fini par produire deux populations de mouches distinctes adaptées à différents habitats, que les chercheurs ont qualifié <d’espèces naissantes>. » Ils n’ont pas osé dire « espèces nouvelles. »
Ici encore nous pourrions emplir de nombreuses pages de citations de généticiens montrant l’incapacité des mutations d’engendrer de nouvelles espèces. Nous nous limiterons à ce témoignage récent de deux évolutionnistes: « L’accumulation de mutations ne conduit pas à de nouvelles espèces, ni même à de nouveaux organes ou nouveaux tissus. Si l’œuf et l’échantillon de sperme d’un mammifère sont soumis à mutation, oui, des changements héréditaires se produisent, mais comme l’observa très tôt le Prix Nobel Hermann J. Muller (1890-1967) qui montra que les rayons X provoquent des mutations dans la mouche du vinaigre, 99,9 % des mutations sont délétères. Mêmes les biologistes évolutionnistes professionnels ont bien du mal à trouver des mutations, spontanées ou expérimentalement provoquées, aboutissant à un changement évolutif positif…Mais cette prétention darwinienne d’expliquer l’évolution est une demi-vérité populaire dont le manque de pouvoir explicatif est compensé uniquement par la férocité religieuse de sa rhétorique. Bien que des mutations aléatoires aient influencé le cours de l’évolution, leur influence fut principalement par perte, altération ou épuration…Jamais, cependant, cette mutation n’a produit une aile, un fruit, une tige d’arbre ou une mâchoire. Les mutations, pour résumer, tendent à provoquer la maladie, la mort ou des déficiences.Aucune preuve dans la vaste littérature des changements héréditaires ne montre un exemple sans ambiguïté que la seule mutation aléatoire, même avec une isolation géographique des populations, conduit à la spéciation.« 19
Les mutations se traduisent par une perte d’information génétique de l’organisme. Et la perte d’information ne peut en aucune façon servir de preuve à la montée d’une créature « inférieure » vers une créature « supérieure », ce qui exige au contraire, par définition, une augmentation de l’information. Les savants tels que Rice et Salt n’ont rien produit de « nouveau ». Leurs drosophiles restent des drosophiles, même si certains individus appartiennent à des souches mutées. Pas plus que la sélection naturelle, les mutations ne peuvent pas être la cause de l’Évolution supposée.
Conclusion :
Erasmus Darwin, le frère de Charles, lui écrivit dans une lettre du 23 novembre 1859: « Au sujet des espèces, le raisonnement a priori est pour moi tellement satisfaisant que, si les faits ne confirmaient pas, eh bien tant pis pour les faits. » Plus près de nous, le physicien anglais évolutionniste H.S. Lipson écrivait en 1980: « En réalité, l’évolution est devenue en un sens une religion scientifique ; presque tous les savants l’ont adoptée et beaucoup sont prêts à « biaiser » leurs observations pour les faire concorder avec elle.« 20
Ce n’est certainement pas cet article du National Geographic qui convaincra quiconque de l’harmonie entre les faits et la théorie de Darwin. On nous promettait des preuves neuves de l’évolution, et on nous sert le frauduleux concept de la récapitulation, la sélection naturelle qui ne prouve rien, l’Archaeopterix comme chaînon manquant entre le reptile et l’oiseau, l’évolution si décriée du cheval, la prétendue vertu des mutations à engendrer des espèces nouvelles, la possibilité que des micro-évolutions se transforment en macro-évolution transgénique…et nous allions oublier la baleine quadrupède!
Tout cela est tristement dérisoire. Les éditeurs du National Geographic prennent leurs lecteurs pour des crétins analphabètes ignorant tout du débat relatif à l’évolution, pourtant commencé dès la parution de L’origine des Espèces par Darwin en 1859. En tout cas, ce n’est pas avec des articles de cette teneur qu’ils peuvent espérer convaincre les 45 % d’Américains qui résistent toujours au scientifiquement correct. Il est probable que nombre de savants évolutionnistes doivent s’affliger de voir paraître en 2004 des arguments aussi désuets, finalement destructeurs de la cause qu’ils sont censés servir.
1 National Geographic-France, Novembre 2004, pp. 30-63
2 Denton, Michael: Évolution, une théorie en crise, Londreys 1988, p. 356
3 Ibid. p. 359
4 Lewontin, Richard, « Billions and Billions of Demons »: The New Yorker, 9 Jan. 1997, p. 31
5 De Vries, Hugo, Species and Varieties: their origin and mutation, 1905, pp. 825-826
6 Magazine of Natural History: VIII:40-53, 1835
7 Berthault, Guy, « Les principes de datation géologique en question », Fusion N° 81, Mai-Juin 2000, pp.32-39.
8 Simpson, George Gaylord, Life in the Past, 1953, p.125.
9 Gingerich, Philip, »The Whales of Tethys », Natural History April 1994, p. 86
10 Martin, Anthony, « Whales and Dolphins » Londres, Bedford Ed., 1990, p.12
11 Denton, Michael, Op. cit. p. 159
12 Keith, Arthur, The Human Body, Londres, Butterworth Ed., p. 94
13 Cf. D.Tassot, Haeckel démasqué, Le Cep n°6, février 1999.
14 Sagan, Carl & Druyan, Ann, : The Question of Abortion, Parade Magazine, 22 April 1990, pp. 4-8.
15 Sala, Monica & Wain-Hobson, Simon: Are RNA viruses adapting or merely changing? Journal of Molecular Evolution 51: 12-20, Juil. 2000
16 Ayala, Francisco, The Mechanisms of Evolution, Scientific American 239 [3]: 56-69, Sept.1978, p. 65
17 Wieland, Carl, Superbugs not Super After All, Creation 20 [1]: 10-13, Dec 97/Fev.98, p. 11
18 Grassé, Pierre-Paul, The Evolution of Living Organisms, N.Y. Academic Press, 1977, p. 87
19 Margulis, Lynn & Sagan, Dorion, Acquiring Genomes: A Theory of the Origins of Species; N.Y. Basic Books, 2002, pp. 11-12
20 Lipson,H.S., A Physicist Looks at Evolution, Physics Bulletin 31: 138, Mai 1980