Partager la publication "Évolution : positions scientifiques inspirées par la foi"
Par Mgr Robert F. Vasa
Évolution : positions scientifiques inspirées par la foi1
Mgr Robert F. Vasa2
Résumé : Le principe fondamental de la géologie depuis 1830, l’uniformitarianisme (ou actualisme) revient à dire que les processus qui ont formé nos paysages sont les mêmes que ceux qui opèrent aujourd’hui : érosion, gel, surrection lente de certains fonds marins, dérive paisible des plaques continentales, etc. Mais en arpentant les massifs de l’Oregon avec une équipe de géologues, l’auteur a pu voir des blocs de granite et des paysages qui s’expliquent bien mieux par une hypothèse catastrophiste.
Il s’y ajoute un argument théologique : en quelques mois, les habitants d’Hermiston ont su agrandir et rénover leur église. N’est-ce pas sous-estimer le pouvoir créatif de Dieu que de lui croire nécessaires des millions d’années pour accomplir Son œuvre ?
Il y a de ma part et, je le soupçonne, de la part de beaucoup de gens de notre culture occidentale, une certaine répulsion à prendre au sérieux la possibilité que la terre soit beaucoup plus jeune que ce que la communauté scientifique voudrait nous faire croire.
Le rejet catégorique dans la plupart des milieux de tout ce qui ressemble, même de loin, à une mise en doute de la doctrine de l’évolution, est accueilli par rien moins que le ridicule et le mépris. On oublie presque que l’évolution devrait toujours être considérée comme une théorie et non comme une doctrine assurée. La semaine dernière j’ai passé une journée avec un groupe de scientifiques discutant de la possibilité que les choses ne soient pas aussi infrangibles que les évolutionnistes voudraient nous le faire croire. Et je dois dire que la preuve d’une terre beaucoup plus jeune est incontestable.
Il dépasserait de beaucoup le cadre de cet article d’exposer les différentes évaluations de données scientifiques donnant crédit à la théorie d’une jeune terre, mais il existe quelques faits que nous, habitants de l’est et du centre de l’Oregon, pourrions volontiers considérer.
Je suis allé avec les scientifiques au lac Billy Chinook, à Smith Rock et aux gorges de la rivière Crooked. Le savoir commun nous dit que les volumineuses masses de basalte ont été déposées là il y a des millions d’années et que l’eau des rivières n’a cessé de creuser graduellement les lits que nous voyons maintenant sous les noms de Crooked River Gorge, Deschutes River Canyon, Hells Canyon et les autres.
Cette théorie est basée sur une notion appelée l’uniformitarianisme (ou encore actualisme). C’est un des principes les plus fondamentaux de la géologie moderne: la théorie que les mêmes processus géologiques lents mais réguliers qui agissent aujourd’hui, agissaient aussi dans le passé lointain.
Avec cette hypothèse la terre doit être très vieille parce que cela prendrait beaucoup de centaines de millions d’années pour que les lents processus d’érosion, de dépôt, de mouvement de plaques et de surrection forment les structures géologiques que nous voyons maintenant.
Par contraste, on n’a qu’à considérer l’impact dévastateur et soudain sur les structures géologiques locales des déluges du lac Missoula. Ces inondations ont recouvert la plus grande partie de l’est de l’État de Washington, la Columbia River Gorge, remontant même jusqu’à l’actuelle Willamette River et elles sont responsables du sol profond et riche de la Willamette Valley. Avec le principe de l’uniformitarianisme, il faudrait trouver d’autres explications pour la présence d’énormes blocs de granite du Montana dans la Willamette Valley et au sud de Boardman.
Debout sur le bas-côté de la route au lac Billy Chinook, il est facile de voir de nombreuses et diverses couches de lave, de cendres, de sable fin, etc. indiquant clairement de multiples évènements successifs.
D’après la théorie de l’uniformitarianisme il faudrait, avec le débit actuel de la Crooked River, des dizaines de millions d’années pour éroder et transporter le volume massif de sédiments qui sont évidemment absents des gorges de la Crooked River.
Comme par hasard il semble que la raison majeure de s’appuyer sur l’uniformitarianisme est que l’évolution demande des dizaines de millions d’années ; et une fois la théorie de l’évolution acceptée, des éternités de relative tranquillité géologique sont également nécessaires pour fournir un environnement convenable aux processus longs et affreusement lents de l’évolution.
On peut facilement se demander, comme je suis enclin à le faire, si l’on a observé objectivement les données géologiques avant d’en tirer les conclusions, ou bien si la supposition des millions d’années d’érosion précède les observations géologiques et force les données à s’accorder avec la conclusion préétablie.
Pour étayer l’hypothèse d’une terre jeune, on m’a présenté un livre montrant d’anciennes pierres sculptées du Pérou. Sur ces pierres, qui ont vingt mille ans ou moins, on trouve des dessins remarquablement précis de plusieurs dinosaures que la science actuelle déclare être disparus il y a environ 65 millions d’années. La précision des dessins laisse supposer que les graveurs humains ont réellement vécu avec les dinosaures. Si les dinosaures existaient il y a seulement 20.000 ans alors la couche géologique contenant ces fossiles n’a pas 65 millions d’années mais plutôt environ 20.000 ans et, si cela est vrai, toute datation de couche antérieure ou postérieure à celle dans laquelle les dinosaures fossiles ont été trouvés devrait être remise en question.
Il est déconcertant de penser qu’à cause du préjugé de préserver les prétentions de moins en moins défendables de l’évolution, la recherche scientifique légitime et objective puisse être entravée. Ce fut une discussion intéressante et stimulante.
Le week-end me conduisit à Hermiston, où j’eus l’honneur de faire la dédicace de l’église catholique Notre- Dame-des-Anges, largement agrandie et remodelée.
Le parcours vers Hermiston me donna une autre occasion de voir la gorge de la rivière Columbia, les hautes plaines désertiques de l’Oregon, le terrain accidenté, et de réfléchir une fois encore à la beauté de ce qui est sorti de la main de Dieu.
Je n’ai aucune peine à croire que Dieu créa tout cela à partir de rien et qu’Il continue à en guider le changement et le développement. Je trouve cependant de plus en plus difficile de croire qu’il Lui fallut 50 ou 75 ou 114 millions d’années pour réaliser ce que nous voyons.
Quand je vois ce que le peuple de Dieu a pu faire à Hermiston en quelques brèves années, je soupçonne que nous sous-estimons sérieusement le pouvoir créatif de Dieu.
(Traduction Claude Eon)
****************************************
Un dossier « L’Evolution en question » dans la revue Tu es Petrus.
Le dernier numéro de Tu es Petrus, la revue des Amis de la Fraternité Saint-Pierre, comporte un dossier critique de 50 pages sur l’Evolution. Les lecteurs du Cep reconnaîtront aisément les 6 auteurs ici réunis :
Guy Berthault (Les principes de la datation géologique) expose comment il fut poussé à examiner les fondements de la stratigraphie, donne la traduction française de l’article publié en 2002 par la revue de géologie de l’Académie des Sciences de Russie, et signale les chantiers en cours (étude paléohydraulique des bords de la Kama, un affluent de la Volga, etc.). Le Pr Maciej Giertych (Pour une approche critique de la théorie de l’évolution) rappelle que la génétique ne fournit pas les preuves requises par l’Evolution et dénonce son utilisation sans critique dans l’enseignement. Le Pr Pierre Rabischong (Vers une biologie programmiste post-darwinienne) après une brève histoire de l’évolutionnisme, récuse à l’aide d’exemples la valeur causale du hasard lorsque sont réunies intentionnalité, complexité, réussite technique et reproductibilité, ce qui est le cas pour tous les êtres vivants.
Claude Eon (Création, évolution… Confusions et illusions) montre le présupposé athée constamment à l’œuvre derrière la démarche évolutionniste. La question des preuves est négligée car l’athéisme a besoin de cette explication des origines pour se justifier. Benoît Neiss (Pour que demeurent les choses inébranlables) dénonce l’application du mythe du progrès au domaine de la liturgie. Dominique Tassot (Une science déviée, une foi brisée) montre comment l’évolutionnisme rompt avec la saine démarche scientifique et oblige ceux qui l’acceptent à renoncer aux fondements même de la foi chrétienne.
Le reste du numéro (33 pages) comporte l’actualité pour les catholiques attachés à la messe en latin (le Motu proprio Summorum Pontificum), le récit d’un pèlerinage à pied jusqu’à Jérusalem, et diverses nouvelle internes à la Fraternité Saint-Pierre.
Une revue bien présentée, en couleurs, facile à lire et qui pourra ainsi dégriser bien des lecteurs encore assommés par la propagande incessante de l’évolutionnisme.
(Tu es Petrus n° 113, disponible auprès du Secrétariat du CEP au prix de 5 € franco, étranger 5,5 €)
***********************************
Tous à vos plumes !
Une question à poser à l’hôte de Castel Gandolfo :
Le 24 juillet, devant 400 prêtres italiens des diocèses de Belluno-Feltre et Trévise, Benoît XVI répondit à une question sur le sens de l’existence par une longue digression touchant la création divine de chacun d’entre nous.
« La vie n’est plus rien d’autre qu’un simple morceau d’évolution. Elle n’a plus de sens en soi. »
Et d’ajouter : « Cette opposition (entre créationnisme et évolutionnisme) est absurde, notamment parce qu’il existe de nombreuses preuves scientifiques en faveur d’une évolution qui apparaît comme une réalité que nous devons voir. » Puis de conclure : « Nous sommes pensés et voulus. Il y a donc une idée qui nous précède, un sens qui nous précède et que nous devons découvrir, suivre et donner en définitive à notre vie. »
Dès le lendemain la presse internationale s’est jetée sur la seule petite phrase soulignée ci-dessus, en jubilant que le Pape reconnaissait l’Evolution. Or les faits scientifiques présentés comme des preuves de l’évolution, les phénomènes de dérive génétique, d’adaptation au milieu ou de mutation (parfois regroupés sous le nom fallacieux de « microévolution »), ne font jamais apparaître l’apport d’information génétique requis pour le passage trans-spécifique qui constituerait l’évolution proprement dite. Dans « Foi, Vérité, Tolérance » (traduction française publiée en 2005), celui qui était alors le cardinal Ratzinger, citait deux biologistes de Harvard, Eors Szathmáry et John Maynard Smith, spécialistes mondialement connus de la macroévolution, avouant dans le revue Nature (n° 374) : « Il n’y a aucune base théorique pour croire que les lignées évolutives deviennent plus complexes avec le temps ; et il n’y a pas non plus de preuves empiriques que ceci se produise. »
Sur une telle question (qui au demeurant sort clairement du domaine de l’infaillibilité pontificale), les fidèles ont besoin de savoir s’il y a des preuves ou s’il n’y en a pas.
Afin de sortir de l’ambiguïté, nous suggérons à tous lecteurs du Cep d’écrire au Pape (00120 Cité du Vatican) une très brève lettre demandant simplement quelles sont ces « nombreuses preuves scientifiques en faveur de l’évolution » auxquelles le Saint Père a fait allusion le 24 juillet à Castel Gandolfo.
Il ne faut pas s’attendre à une réponse personnelle, mais on peut cependant penser que l’arrivée de quelques centaines de lettres sur ce point sera signalée à leur destinataire.
1 Traduction autorisée du Catholic Sentinel de Portland (USA)
2 Mgr Robert Francis Vasa est l’évêque catholique de Baker (Oregon).