Le fourmi-lion

Par Jean de Pontcharra

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Regard sur la création

Car, depuis la création du monde, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’œil quand on Le considère dans ses ouvrages.” (Romains, 1 : 20)

Résumé : Les premiers numéros du CEP nous ont charmés par la description, dans la rubrique “Regard sur la Création”, de merveilles rencontrées dans la nature. L’homme a besoin de retrouver la faculté de s’émerveiller en contemplant les créatures de Dieu. Nous nous pencherons sur un modeste insecte, le fourmi-lion, à qui nous donnons maintenant la parole pour nous exposer avec quelle technique il capture ses proies.

Bonjour ! Mon nom savant est “Myrmeleon formicarius1 ou plus simplement “Myrmecoleon“, en français “fourmi-lion”, non pas une fourmi forte comme un lion (je ne ressemble absolument pas à une fourmi !) mais plutôt parce que je dévore les fourmis avec un appétit de lion. Je suis la larve d’un névroptère ptérygote2 qui ressemble à une petite libellule, mais au vol saccadé et peu gracieux, de mœurs nocturnes.

Jetez un coup d’œil à notre portrait : je fais à peine un centimètre, et quelques centimètres sous la forme d’insecte.

Nous comptons 4500 espèces par le monde, disent les biologistes-éthologues. Je n’ai pas vérifié, Dieu seul le sait.


Fourmi-lion adulte :
Insecte à 4 ailes qui ressemble à une petite libellule.
Corps marron foncé, bleu foncé ou noir.
Vol saccadé


Larve :
Trapue, large couverte de poils ; véritable sous-marin des sables

Comme toute larve qui se respecte, je suis né d’un œuf pondu dans le sable ou la terre légère à l’abri des intempéries, ou dans des lieux séchant rapidement, vous verrez plus loin pourquoi. Avez-vous remarqué des entonnoirs de quelques centimètres de diamètre dans du sable, entre les dalles d’une terrasse ou sous un auvent de grange ?

Non ? Et bien, expliquons-nous !. Moi, petite larve réputée dévoreuse de fourmis, comment vais-je m’y prendre ? Car il y a un truc. Voyez ces fourmis véloces, armées de mandibules redoutables, pourvues d’acide formique et qui semblent une proie hors de portée d’une larve à pattes courtes comme moi.

Je vais dévoiler mon secret, mais posez-vous la question : qui donc est à l’origine d’autant d’astuce, si ce n’est le Créateur ?

Tel un ingénieur des mines, je choisis un terrain sableux de préférence, à l’abri des intempéries, et ensuite je creuse à reculons en tournant en spirale. Voilà un splendide entonnoir aux pentes idéalement instables : je m’enfouis tout au fond, à l’abri des regards et hors de portée de mes ennemis.

Voici qu’une fourmi en vadrouille tombe dans l’entonnoir : elle tente de remonter mais les grains de sable s’éboulent sous elle. Par dessus le marché, je projette sur ma victime, en propulsant mon corps en avant, des jets de sable qui la précipitent au fond du piège. Là, avec mes mâchoires en pince je la saisis et lui inocule un poison paralysant et liquéfiant.

Des proies plus importantes comme punaises, cloportes, sont capturées de la même manière. Paniquées, le sol se dérobant sous leurs pattes, elles ne songent pas à se défendre.

Mes pattes, courtes mais rejetées en avant, me permettent un solide ancrage qui ôte à ma proie toute chance de s’enfuir.

Le diamètre de l’entonnoir est proportionnel à notre taille, mais aussi au nombre de jours écoulés depuis notre dernier repas. Donc, nous sommes très forts en calcul de probabilités : plus on a faim, plus le piège est grand, plus la probabilité de prendre une proie augmente. Ingénieur des mines et fort en maths !

Bien repu, ayant atteint la taille fixée par le Créateur, je maçonne un cocon en grains de sable et me voilà nymphe en quelques jours, puis insecte volant à deux paires d’ailes. D’août à septembre, je cherche l’âme sœur puis ponds dans le sable des œufs qui attendront le printemps pour éclore et donner naissance à des fourmis-lions qui creuseront des entonnoirs jusqu’à la fin du monde.

Dans un scénario évolutionniste, il faudrait imaginer qu’un de mes lointains ancêtres, à l’aspect de protozoaire attardé, s’étant attaqué à une fourmi (en avance de quelques milliers de lustres sur sa propre évolution à partir d’un autre protozoaire moins attardé) aurait ramassé une telle raclée qu’il aurait tourné en spirale dans le sable. Le fameux entonnoir était inventé. Il ne lui restait plus qu’à se munir de pattes et de mandibules auprès de la généreuse fée Evolution et patienter ainsi à jeun pendant quelques milliers d’années avant de pouvoir déguster sa première fourmi. Il y est sans doute parvenu, puisque je suis là pour vous le raconter !…


1 En grec Murmex, fourmi, devenu Myrmex, en latin Formica (de fero micas, je porte des miettes) est le nom courant. En espagnol, hormiga-léon, en allemand, Ambisenjungler (libellule à fourmi), en anglais, ant-lion.

2 Nevroptère du grec neuron, nervure et pteron, aile : ordre d’insectes ailés.

Ptérygotes : groupe comprenant presque tous les insectes, adultes ailés.

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